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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND DES HAUTS DIGNITAIRES DE 25 PAYS DANS LE CADRE DE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme, poursuivant son débat de haut niveau, a entendu ce matin de hauts dignitaires représentant 25 gouvernements, notamment les Ministres des affaires étrangères du Honduras, de la Belgique, de Sri Lanka, de la Lettonie, de l'Algérie, de l'Arménie, de la République de Corée et de la Géorgie, les Ministres de la justice du Bénin, du Lesotho, du Zimbabwe et de la Libye, et les Ministres des droits de l'homme du Togo, du Brésil et de l'Ouzbékistan.

Le Conseil a également entendu les Vice-Ministres des affaires étrangères de la Sierra Leone, de l'Égypte, de l'Espagne, de la Mongolie et de la Zambie, le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Finlande, la Vice-Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo et la Sous-Secrétaire aux droits de l'homme du Mexique, ainsi que les commissaires chargés des droits de l'homme de la Mauritanie et de l'Allemagne.

Tous les dignitaires ont réaffirmé l'attachement de leurs gouvernements aux droits de l'homme et plusieurs ont présenté leurs réalisations au plan national. Il a également été souligné que la meilleure manière de défendre les droits de l'homme est la coopération et non l'ingérence, la politisation et la sélectivité, mais aussi une égalité parfaite entre tous les droits, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, ainsi que le droit au développement. Des pays ont en outre soulevé des questions dont ils souhaitent que le Conseil se saisissent, notamment s'agissant des atteintes récentes au respect de la vie privée; de la lutte contre la discrimination à l'égard des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres; de l'accès à la justice pour les victimes de violations des droits de l'homme et des garanties de non-répétition des violations massives.

Des dignitaires se sont également exprimés sur les crises actuelles, condamnant pour plusieurs le déploiement de forces armées russes sur le territoire ukrainien. D'autres situations ont aussi été évoquées, notamment en Syrie, en République populaire démocratique de Corée, en République centrafricaine, ou encore la persistance de l'occupation israélienne. Plusieurs délégations ont salué à cet égard les mesures prises par le Conseil pour contribuer à une résolution de ces crises.


Le Conseil tient cet après-midi, à partir de 15 heures, une réunion-débat de haut niveau sur l'abolition de la peine de mort.


Suite du débat de haut niveau

MME MIREYA AGÜERO DE CORRALES, Secrétaire d'État aux relations extérieures et à la coopération internationale du Honduras, qui a constaté que le Conseil se réunissait dans un contexte crucial lourd de menaces pour la paix mondiale, a assuré qu'en tant qu'État fondateur des Nations Unies, son pays préconisait le dialogue et la résolution pacifique des conflits. Elle a également souligné les progrès importants que son pays avait réalisés ces dernières années en matière législative et dans le renforcement de l'institutionnalisation des droits de l'homme. Elle a cité en ce sens la politique de protection sociale impulsée par l'État, en particulier en faveur de la petite enfance.

Par ailleurs, Mme Agüero de Corrales a mis en avant la coopération que son pays entretient avec les organes des Nations Unies chargés des droits de l'homme. Le Honduras, qui porte une attention particulière aux populations migrantes, a proposé la mise en place d'un mécanisme de retour digne pour les migrants rentrant au pays, a déclaré la Secrétaire d'État, qui a exprimé la reconnaissance de son pays pour l'assistance technique fournie ces dernières années. Le Honduras a demandé la création d'un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme à Tegucigalpa et espère une réponse favorable, a-t-elle conclu.

M. VALENTIN DJENONTIN-AGOSSOU, Garde des sceaux, Ministre de la justice, de la législation et des droits de l'homme du Bénin, a réitéré l'engagement de la République du Bénin et son soutien continu aux initiatives et efforts visant à renforcer les actions du Conseil, avant de faire état des progrès réalisés par son pays dans le domaine des droits de l'homme. Sur le plan des droits civils et politiques, M. Djenontin-Agossou a fait valoir que le Bénin s'emploie à réviser le fichier électoral qui a servi de base aux élections de 2011 afin de permettre à tous les citoyens en âge de voter de se faire enregistrer librement afin de jouir de leurs droits. En outre, le ministre a rappelé que son pays avait aboli la peine de mort le 5 octobre 2012, avant d'indiquer que le Bénin accueillera en juillet 2014 la première Conférence africaine sur un moratoire universel relatif à l'exécution de la peine de mort et son abolition. Sur le plan des droits économiques, sociaux et culturels, le Gouvernement poursuit les réformes économiques, notamment les réformes portuaires, des régies financières, des télécommunications, l'électrification des zones rurales, l'implantation de nouvelles usines dans les secteurs de l'agriculture afin de transformer certains produits vivriers et d'assurer la sécurité alimentaire ainsi que le montage de machines agricoles et le renforcement des programmes de microcrédits, a fait valoir le ministre.

Le Garde des sceaux béninois s'est réjoui de ce que les droits des migrants fassent l'objet d'un examen au cours de la présente session, car les migrants ont droit au respect et à la dignité. Enfin, il s'est dit préoccupé par l'évolution de la situation en Syrie, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. La recherche de solutions pacifiques doit être privilégiée pour permettre aux populations concernées de jouir de leurs droits fondamentaux, a-t-il plaidé.

M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et des affaires européennes de la Belgique, a condamné la violation des droits de l'homme en Ukraine, tout en appelant à la création d'une commission d'enquête sur la situation des droits de l'homme dans ce pays. Pour le dignitaire, la sortie de crise ne peut être que politique et pacifique. M. Reynders a ensuite observé que certains cherchent à relativiser les droits de l'homme en expliquant qu'ils ne s'ajustent pas à leurs traditions, ou qu'ils correspondent à un agenda occidental. Pourtant, a-t-il fait observer, il suffit d'écouter les jeunes et moins jeunes dans le monde arabe, en Ukraine, en Iran ou au Myanmar pour réaliser que leurs aspirations, comme la liberté d'expression ou l'émancipation socio-économique sont bien universels. M. Reynders a également estimé que certains cherchent à instrumentaliser les droits de l'homme ou les appliquer de façon sélective, tandis que d'autres les ignorent tout simplement. Dans tous les cas, ces approches sont inacceptables et doivent être rejetées, car le respect des droits de l'homme n'est pas une option, mais une obligation morale et politique qui s'impose à tous. Pour M. Reynders, le respect des droits de l'homme est un excellent baromètre de l'état de santé d'un État. Lorsque l'exercice des libertés régresse, la démocratie est en danger, a-t-il dit, appelant par ailleurs les démocraties, même matures, à faire un examen de conscience approfondi.

On ne peut évoquer les droits de l'homme sans évoquer leur rôle dans les situations de crise, a déclaré M. Reynders. Dans de telles circonstances, il faut adopter une approche axée sur les victimes et leur garantissant par exemple un accès à la justice et des garanties de non répétition. C'est dans cette perspective que la Belgique a proposé, avec les Pays-Bas et la Slovénie, proposé un nouvel instrument juridique qui permettra d'améliorer le cadre international de l'entraide judiciaire et de l'extradition, a annoncé M. Reynders. La Belgique a également, avec ses partenaires de l'Union européenne, de l'Union africaine et des Nations Unies, pris l'initiative d'organiser, les 31 mars et 1er avril prochains, une conférence internationale sur la prévention des génocides, au moment où l'on commémore le vingtième anniversaire du génocide rwandais. Enfin, la Belgique, qui est candidate à un siège au Conseil pour la période 2016-2018, espère le soutien de toutes les délégations présentes.

M. PHAAE PHOOFOLO, Ministre de la justice, des droits de l'homme et des affaires constitutionnelles du Lesotho, a souligné que les droits de l'enfant étaient au cœur de l'action de son pays. Ainsi, le Lesotho a promulgué en 2011 une loi de protection et du bien-être de l'enfance qui s'appuie sur la Convention des droits de l'enfant. Le Lesotho s'est en outre engagé en faveur de la mise en œuvre des principes de l'égalité de genre et de la non-discrimination qui figurent dans sa Constitution, a déclaré le ministre. Rappelant que son pays avait fait en 2011 l'objet d'un examen par le Comité de l'ONU pour l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes, le ministre a précisé que le Lesotho avait entrepris depuis lors de mettre en œuvre les recommandations formulées par celui-ci. Il a toutefois reconnu que la violence sexiste était en augmentation et qu'elle demeurait l'un des grands défis auxquels les femmes du Lesotho étaient confrontées et ce, en dépit des mesures prises par les autorités, notamment en direction des magistrats, des chefs traditionnels et des dignitaires religieux.

Par ailleurs, l'État a pris à bras-le-corps la lutte contre la corruption dans le cadre d'une stratégie nationale contre ce fléau, a déclaré le ministre. Enfin, il élabore actuellement une politique nationale des droits de l'homme qui fixera le cap pour parvenir à un respect cohérent et coordonné de ses obligations en la matière. Bien que le Lesotho soit confronté à des défis tels que la pauvreté, l'insécurité alimentaire, un fort taux de chômage, une forte prévalence du VIH-sida, sans parler des retombées de la crise mondiale, il demeure déterminé à collaborer avec le Conseil des droits de l'homme, a conclu M. Phoofolo.

M. GAMINI LAKSHMAN PEIRIS, Ministre des affaires extérieures de Sri Lanka, a déclaré que le Conseil doit rester un organe crédible et indépendant qui donne la même importance aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels. Il s'est dit profondément préoccupé par le manque d'indépendance financière du Haut-Commissariat, ce qui mène selon lui à l'érosion de son indépendance dans son fonctionnement général. Par ailleurs, Sri Lanka ne reconnaît pas les actions spécifiques à un pays prises contre lui par le Conseil sans son consentement. Au cours des douze derniers mois, des progrès significatifs ont été enregistrés s'agissant du processus de réconciliation, a affirmé le ministre. En particulier, la Commission sur la réconciliation et les enseignements tirés est maintenant opérationnelle. En outre, une Commission sur les disparitions a été nommée en août 2013 ; elle a reçu à ce jour plus de 16 000 plaintes et les auditions ont commencé le mois passé. À ce sujet, le Comité international de la Croix-Rouge continue son engagement avec Sri Lanka sur les questions liées aux disparitions. Concernant le déminage, le ministre a annoncé que 96% des zones minées avaient été nettoyées. La question de la terre est la plus complexe et sensible des questions résiduelles du conflit, a poursuivi M. Peiris. Conformément aux recommandations de la Commission de réconciliation, le Gouvernement garantit les droits de propriété sur la terre pour les personnes déplacées. Par ailleurs, les statistiques démontrent que la population de Sri Lanka est libre de s'installer où bon lui semble dans le pays. Le ministre a ajouté que la présence militaire dans le nord du pays a été réduite graduellement et les militaires n'ont aucun rôle dans l'administration civile, a-t-il affirmé.

Le ministre a rappelé que quatre grandes religions ont coexisté côte-à-côte à Sri Lanka depuis des siècles. Malheureusement, des efforts visant à provoquer des incidents sont constatés. Les autorités compétentes prennent les mesures appropriées. En outre, le Gouvernement est pleinement engagé en faveur de la protection des défenseurs des droits de l'homme, a déclaré M. Peiris, en relevant que son pays interagit avec le système des Nations Unies et la communauté internationale de bonne volonté et dans un esprit de coopération. Cependant, le Gouvernement rejette catégoriquement le rapport du Haut-Commissariat (A/HRC/25/23, à paraître en français) qui, a affirmé le ministre, a été rédigé en contradiction avec les textes fondateurs du Conseil. M. Peiris a en outre accusé la Haut-Commissaire d'avoir outrepassé son mandat en faisant des références et des recommandations sur des sujets extérieurs à celui-ci. Pour conclure, le ministre a réitéré que son Gouvernement rejette la résolution 22/1 du Conseil et le rapport du Haut-Commissariat qui en a découlé.

M. EDGARS RINKÇVIÈS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré que ces dernières semaines ont été marquées par des événements que son Gouvernement croyait appartenir au siècle passé, à savoir les violations massives des droits de l'homme par les anciennes autorités ukrainiennes. Il est important que la communauté internationale assiste les nouvelles autorités de ce pays, en créant un mécanisme d'enquête pour faire la lumière sur les événements qui s'y sont produits. La Lettonie condamne fermement l'action militaire entreprise par de la Fédération de Russie contre l'Ukraine sous le faux prétexte de défendre les droits de l'homme. Cette action est contraire à la Charte des Nations Unies et à toutes les autres obligations internationales de la Russie. L'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine doivent être respectées et la communauté internationale doit œuvrer à une sortie de crise pacifique, a ajouté le ministre, tout en saluant les initiatives en cours.

M. Rinkçviès s'est félicité de l'initiative de tenir une session spéciale sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, tout en appelant les parties impliquées à respecter la résolution adoptée lors de cette session. La Lettonie reste par ailleurs très préoccupée par la situation en Syrie et appelle de même toutes les parties à cesser la violence et permettre un accès humanitaire immédiat. M. Rinkçviès s'est aussi inquiété de la situation de la société civile, qui subit des restrictions dans certains pays, et il a appelé le Conseil à jouer un plus grand rôle pour en protéger les membres. Enfin, le ministre a rappelé que son pays, qui entend toujours défendre l'universalité des droits de l'homme, aspire à un siège au Conseil pendant la période 2015-2017 et il a sollicité le soutien des délégations.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, qui a rendu «un hommage bien mérité» à la Haut-Commissaire Navanethem Pillay, a rappelé que le peuple algérien élirait son Président de la République le 17 avril prochain. «Cette importante échéance sera l'occasion d'un engagement renouvelé pour l'approfondissement des acquis consacrés par la Constitution, du processus démocratique, de l'État de droit, de la justice sociale, du vivre ensemble dans une citoyenneté participative effective», a-t-il assuré. Le ministre a aussi souligné que la promotion des femmes avait connu des progrès significatifs, illustrés par leur présence dans les assemblées élues, garantie par la loi à hauteur de 30%. Rappelant par ailleurs que des dispositions ont été introduites dans le code pénal algérien pour durcir les peines d'auteurs d'enlèvement et de violences sexuelles contre les enfants, le ministre a demandé aux membres du Conseil leur appui au projet de résolution que présentera l'Algérie sur le sujet.

En tant que pôle de stabilité et de coopération et partisan résolu du multilatéralisme, l'Algérie apporte sa contribution à la lutte contre la pauvreté et pour la promotion du développement, a déclaré M. Lamamra, avant de citer plusieurs exemples. L'Algérie œuvre aussi en concertation avec ses voisins membres de l'Union du Maghreb arabe, vieille d'un quart de siècle. Elle se réjouit des progrès enregistrés dans la stabilisation du Mali, auquel elle apporte un «appui multiforme». Les consultations exploratoires avec les groupes du Nord, récemment tenus à Alger, illustrent la volonté partagée de favoriser un aboutissement heureux du dialogue national inter-malien, a déclaré le ministre. Par ailleurs, l'Algérie appelle la communauté internationale à apporter rapidement son aide à la République centrafricaine. Elle salue les efforts menés par l'envoyé spécial pour la Syrie, M. Lakhdar Brahimi, ainsi que les initiatives en faveur d'un règlement définitif de la question palestinienne. M. Lamamra a par ailleurs constaté que «le peuple du Sahara occidental n'avait pas été mis en mesure, depuis près de 40 ans, d'exercer son droit à l'autodétermination». L'Algérie encourage le Conseil à suivre de près la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général de l'ONU en matière de protection des droits de l'homme au Sahara occidental et la Haut-Commissaire à s'investir dans cette voie.

M. EDWARD NALBANDIAN, Ministre des affaires étrangères de l'Arménie, a déclaré que remettre en cause les droits de l'homme de certains revient à nier leur humanité. Une propagande haineuse et des rhétoriques belliqueuses ont mené à des massacres d'Arméniens en Azerbaïdjan lors d'un nettoyage ethnique il y a 25 ans et aujourd'hui encore, les autorités de l'Azerbaïdjan continuent de publier de la propagande haineuse à l'encontre de l'Arménie, a-t-il affirmé. M. Nalbandian a estimé que l'Examen périodique universel constitue un bon outil pour promouvoir et protéger les droits de l'homme. Au cours de son examen, l'Arménie a accepté les recommandations formulées par les États membres, a fait observer le ministre, qui a opposé cette attitude à celle de l'Azerbaïdjan, que M. Nalbandian a accusé d'avoir transformé son passage devant le Groupe de travail chargé de l'Examen périodique universel en show politique et d'avoir refusé l'ensemble des recommandations formulées par l'Arménie au seul prétexte qu'elles avaient été formulées par ce pays.

Concernant la Syrie, M. Nalbandian a relevé que la situation reste complexe et au centre de l'attention de la communauté internationale, avant de saluer l'adoption d'une résolution par le Conseil de Sécurité appelant à augmenter l'aide humanitaire. Il a également indiqué que l'Arménie a déjà accueilli plus de 10 000 réfugiés syriens. En conclusion, le ministre a estimé que la prévention du génocide et des crimes contre l'humanité devait être au cœur des priorités du Conseil.

M. EMMERSON D. MNANGAGWA Ministre de la justice, des affaires parlementaires et juridiques du Zimbabwe, a fait le bilan des derniers développements en matière de droits de l'homme intervenus dans le pays depuis le dernier segment de haut niveau du Conseil, en mars 2013. Une nouvelle constitution a été adoptée par referendum par une grande majorité de Zimbabwéens. À l'heure actuelle, tout est fait pour aligner les législations sur cette nouvelle constitution, a assuré le ministre. Des élections démocratiques ont par ailleurs été organisées en juillet 2013 dans un esprit total d'ouverture et où des observateurs internationaux, dont ceux des Nations Unies et de l'Union africaine, ont pu confirmer le climat de paix et d'impartialité totale. En conséquence, le Gouvernement zimbabwéen rejette avec force toute tentative de la part de détracteurs du pays qui veulent jeter un doute sur le processus démocratique Zimbabwe. De même, le Gouvernement condamne les sanctions illégales imposées par les pays occidentaux, qui doivent être levées. Le ministre a également indiqué que son pays a entamé des réformes économiques, dans le but de limiter les effets négatifs des sanctions, en particulier dans le cadre d'un programme dénommé «Zim Asset», qui est le point culminant d'un processus consultatif inclusif. Le Zimbabwe s'est en outre engagé dans un processus de ratification des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme, dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention sur les droits des personnes handicapées. Une commission nationale des droits de l'homme a été créée et sera prochainement opérationnelle, a assuré le ministre.

Sur le plan international, le Zimbabwe reste préoccupé par la situation en République centrafricaine, en Syrie et par la persistance de l'embargo illégal sur Cuba. Il continue en outre de rejeter les mandats spécifique de pays, car, a déclaré M. Mnangagwa, l'histoire montre qu'ils sont souvent politisés et manipulés à d'autres fins que les droits de l'homme. Le ministre s'est également félicité que la prévention du génocide soit inscrite à l'ordre du jour de cette session, estimant que le Conseil doit accroitre son rôle en la matière. Quant à la peine de mort, le ministre a expliqué que, bien que le Zimbabwe ne l'ait pas abolie, la dernière exécution a eu lieu il y a dix ans et un débat est en cours en faveur de son abolition totale.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a rappelé que son pays avait placé «le bonheur du village mondial» au cœur de ses objectifs de politique extérieure. «En tant que pays qui a connu le pillage de la colonisation, la dévastation de la guerre, les plaies de la pauvreté et de la répression, et qui, encore aujourd'hui, souffre en tant que nation divisée», la République de Corée estime «être dans une position unique pour avoir de l'empathie avec les fardeaux et peines d'autrui». S'agissant de la publication récente du rapport de la Commission d'enquête sur la République populaire démocratique de Corée, qui s'appuie sur des témoignages saisissant de victimes, il a estimé qu'il servirait de document de base aux débats sur la situation des droits de l'homme en Corée du Nord. Il a émis l'espoir que Pyongyang prendra des mesures sur le fond et suivra l'appel de la commission à améliorer la situation des droits de l'homme. Pour sa part, la communauté internationale doit maintenant débatte des moyens d'assurer le suivi des recommandations faites pour améliorer la situation.

Alors qu'à ce moment même, de nombreux Nord-Coréens fuient le pays en quête de liberté, M. Yun a appelé tous les pays concernés à respecter le principe de non-refoulement et de garantir la protection qu'ils méritent à ces réfugiés et demandeurs d'asile. Le ministre a appelé par ailleurs la République populaire démocratique de Corée à profiter de l'effet positif de la récente réunion de familles séparées pour résoudre cette question en permettant des échanges réguliers, et cela avant qu'il ne soit trop tard. Enfin, le ministre a longuement évoqué le problème des victimes de l'esclavage sexuel, dites «femmes de confort», asservies par le Japon pendant la Deuxième guerre mondiale. Il a dénoncé les tentatives négationnistes de certains responsables japonais. «Il s'agit d'une insulte à l'honneur et à la dignité des victimes», a-t-il dit.

MME MARIA DO ROSÁRIO NUNES, Ministre du Secrétariat pour les droits de l'homme de la Présidence du Brésil, a déclaré qu'il fallait mettre un terme aux pratiques violant la vie privée, en indiquant que le Brésil avait l'intention d'organiser prochainement une conférence mondiale sur les libertés fondamentales et Internet. La ministre a ensuite souligné le droit des parties les plus vulnérables de la population à être défendues. Il faut mettre au point une approche participative en matière de droits de l'homme, a-t-elle plaidé, en relevant qu'un vaste programme a été lancé au Brésil pour promouvoir l'éducation des enfants issus de familles à faible revenu. De même, un projet de système de santé universel et gratuit est à l'étude. Par ailleurs, elle a fait valoir que le Gouvernement s'est engagé à améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Le Brésil met l'accent sur la lutte contre toutes les formes de discrimination et protège les personnes handicapées en renforçant leur autonomie. Un travail novateur a été mené par les autorités dans le domaine du racisme et de la xénophobie, a-t-elle ajouté. Les peuples autochtones ont le droit à la terre, à leur autonomie et à leur identité culturelle. Plus de 70 communautés autochtones disposent de près de 13% du territoire national, a-t-elle souligné.

Un mécanisme de prévention de la torture conforme au Protocole facultatif à la Convention contre la torture est en cours d'élaboration, a aussi fait valoir la ministre brésilienne. Compte tenu de l'histoire du pays, les autorités sont fermement engagées à garantir le droit à ne pas subir de mauvais traitement et à faire la lumière sur les crimes commis par le passé. D'autre part, le Brésil est attaché à protéger la liberté d'expression et les journalistes, a-t-elle encore dit. La ministre a enfin rappelé que le Brésil accueillera la Coupe du Monde de football cet été. Le sport véhicule des valeurs qui renforcent les droits de l'homme, a-t-elle souligné. Elle a évoqué les mesures prises pour que cette Coupe du Monde soit celle de la lutte contre le racisme. Mme do Rosario Nunes a conclu son intervention en félicitant la Haut-Commissaire pour le travail accompli au cours de son mandat.

MME LÍA LIMÓN GARCÍA, Sous-Secrétaire aux droits de l'homme du Mexique, a indiqué que son pays entendait continuer de proposer des initiatives garantissant la protection des droits des migrants, des peuples autochtones et des personnes handicapées, ainsi que l'autonomisation des femmes. Elle a en outre assuré que les droits de l'homme et les libertés fondamentales continueront d'être garantis dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. L'année 2013 a été décisive avec la mise en place de réformes importantes a poursuivi la Sous-Secrétaire, citant la réforme de l'éducation garantissant une instruction de qualité; la réforme des télécommunications renforçant la liberté d'expression et les droits à l'information et à la communication, y compris le droit à l'internet haut-débit. Quant à la réforme électorale, elle établit la parité des candidatures aux pouvoirs législatifs. La réforme en matière de transparence renforce le droit d'accès à l'information publique gouvernementale, garantissant l'imputabilité des responsables des trois ordres de gouvernement. En outre, il est envisagé de créer un système de retraite universelle pour les plus de 65 ans. En dehors de ces réformes, le Mexique a établi de nouvelles normes et il a entrepris de changer les comportements.

Une loi générale a été promulguée afin de porter assistance, protection et réparation aux victimes de violations des droits de l'homme, a aussi fait valoir Mme Limón García, qui a précisé qu'il s'agissait d'un texte de portée nationale sans précédent. Par ailleurs, la politique de protection des droits de l'homme contribue à créer un climat propice au travail des journalistes et des militants des droits de l'homme. Tous les changements normatifs et institutionnels envisagés par le Mexique seront prochainement inclus dans un Programme national des droits de l'homme. Celui-ci s'appuie sur les recommandations internationales qui ont été adressées au pays. D'ici deux semaines, la délégation mexicaine présentera ses réponses aux recommandations reçues récemment dans le cadre de l'Examen périodique universel.

MME MAIA PANJIKIDZE, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a salué la mémoire des victimes des événements tragiques en Ukraine, en soulignant le soutien de son pays à l'intégrité territoriale, la souveraineté, l'indépendance politique de l'Ukraine. Les violences de la Russie, qui est membre du Conseil, bafoue la Charte des Nations Unies et met en danger la paix internationale, a-t-elle ajouté, avant d'appeler la Fédération de Russie à mettre fin à son agression et à engager un dialogue constructif avec les autorités ukrainiennes au travers d'une médiation internationale. La Géorgie condamne les violences contre les civils en Syrie et déplore la mort de plus de 100 000 personnes. La ministre a par ailleurs fait valoir que la Géorgie a décidé de participer aux missions menées par l'Union européenne en République centrafricaine et au Mali.

La ministre géorgienne a indiqué que son pays est engagé sur la voie de réformes en vue de garantir une meilleure protection des droits de l'homme de l'ensemble de ses citoyens. La réforme de la justice vise à renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire et à lutter contre la corruption. L'autonomisation des femmes, la promotion de l'égalité des sexes et les droits de l'enfant sont d'autres priorités du Gouvernement géorgien, a-t-elle poursuivi. Mme Panjikidze a ensuite exprimé son extrême préoccupation quant à la situation critique dans les deux régions géorgiennes sous occupation russe, l'Abkhazie et le Tskhinvali. Les habitants de ces deux régions occupées continuent d'être privés de leurs droits fondamentaux. En dépit des efforts constructifs du Gouvernement géorgien à l'égard de la Russie et des résultats positifs et concrets du dialogue direct avec les représentants du Gouvernement russe, la Fédération de Russie poursuit ses activités illégales dans les régions occupées comme l'installation illicite de 50 km en fils barbelés le long de la ligne d'occupation, a-t-elle déploré. Enfin, la ministre géorgienne a attiré l'attention du Conseil sur le «génocide culturel délibéré et continu de l'héritage géorgien dans les régions occupées». Les sites historiques et culturels sont vandalisés en toute impunité, a-t-elle déclaré, avant de conclure en estimant que le Conseil doit se saisir immédiatement de cette situation et prendre des mesures concrètes.

MME EBUN STRASSER-KING, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a rendu hommage à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, et s'est dite heureuse d'annoncer qu'à la clôture de l'actuelle session, le Bureau intégré des Nations Unies dans son pays aura accompli son mandat avec succès, sa tâche ayant étant transférée à l'équipe de pays de l'ONU. Celle-ci continuera de collaborer avec les autorités dans le cadre du Programme pour la prospérité. La vice-ministre a rappelé que son pays avait accepté 126 des 129 recommandations qui lui ont été faites dans le cadre de l'Examen périodique universel en 2011. En tant que membre du Conseil, la Sierra Leone est un participant actif du processus de l'EPU.

La vice-ministre s'est félicitée du constat fait en 2013 par le Rapporteur spécial sur la liberté de religion et de conviction qui a considéré que la Sierra Leone était une «nation bénie» en matière de diversité religieuse et de tolérance. Elle a tenu à souligner au passage l'importance de respecter les pratiques et les sensibilités culturelles. Tout en reconnaissant que certaines pratiques culturelles pouvaient être considérées comme néfastes, la Sierra Leone considère que l'imposition contrainte d'autres systèmes de croyance peut se révéler contre-productif. «Le consensus ne peut se faire que par l'éducation, et par des campagnes d'information intensives, ce qui exige du temps», a-t-elle averti. Enfin, Mme Strasser-King a souligné que son pays soutenait l'action de l'Union africaine et de l'ONU en Afrique, plus particulièrement en République centrafricaine et au Mali.

M. YACOUBOU KOUMADJO HAMADOU, Ministre des droits de l'homme et de la consolidation de la démocratie du Togo, a exprimé sa grave préoccupation face à la persistance des violations graves des droits de l'homme en Syrie, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Ukraine et a appelé les différents protagonistes à trouver une solution politique à ces différentes crises. Le Togo, a-t-il déclaré, continuera d'apporter sa modeste contribution aux efforts internationaux, comme en témoigne sa présence au sein de forces internationales notamment en Côte d'Ivoire, au Mali et au Soudan.

L'histoire récente du Togo a été marquée par une crise sociopolitique, a déclaré le ministre, qui a toutefois insisté sur le fait que l'Accord politique global de 2006 avait eu de nombreuses conséquences heureuses qu'il a ensuite énumérées. Il a estimé que la «réconciliation des fils et des filles du Togo» passait concrètement par la construction d'une société de liberté qui reconnaît à chacun de ses membres sa responsabilité et sa dignité. Il a rappelé que la Commission vérité, justice et réconciliation avait rendu en avril 2012 ses recommandations, que le Ministère des droits de l'homme est chargé de mettre en œuvre. Au plan international, le Togo a ratifié la plupart des instruments internationaux en matière de droits de l'homme. M. Koumadjo a mis en avant les efforts de son pays en matière d'éducation primaire gratuite et en faveur des filles, ainsi qu'en en matière de développement sanitaire et de droit à l'alimentation. Pour lutter contre la pauvreté, le Togo a adopté en août 2013 une stratégie de croissance accélérée de promotion de l'emploi. Il a également engagé divers programmes en faveur de l'emploi des jeunes. Le ministre a aussi mis l'accent sur les mesures prises pour la promotion des droits des femmes, avec en particulier un nouveau code de la famille qui supprime les dispositions discriminatoires à l'égard des femmes, l'institution du principe de la parité aux postes électifs et l'adoption d'une loi pour lutter contre les violences à l'égard des femmes qui a permis notamment une diminution considérable du taux de mutilations génitales féminines. Le ministre a également mis en avant la coopération de son pays avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, précisant que le pays s'était doté d'un plan d'action national pour mettre en œuvre les recommandations faites à l'issue de l'Examen périodique universel. Se disant conscient de l'importance de la promotion et la protection des droits de l'homme pour le développement mais aussi pour la stabilité et la paix sociale, il a conclu en sollicitant l'appui de la communauté internationale pour accompagner le Togo dans ce processus.

MME MAGUY SAKINA BINTI SELEMANI, Vice-Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, a fait valoir que son pays avait récemment retrouvé l'intégrité de son territoire national avec la libération de certaines des entités de sa riche province du Nord-Kivu occupées pendant plus de 18 mois par les forces négatives du M23, soutenues par certains pays voisins. La vice-ministre a ainsi remercié la communauté internationale pour son appui efficace manifesté à travers la Brigade d'intervention de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO), appelant à poursuivre cette nouvelle phase des opérations militaires visant à éradiquer les groupes armés étrangers.

Mme Binti Selemani a indiqué qu'une loi d'amnistie est récemment entrée en vigueur, soulignant que cette loi exclut de son champ les crimes internationaux et ses bénéficiaires doivent s'abstenir de toute récidive. La pacification de l'ensemble du territoire est essentielle pour mettre un terme aux violences inouïes faites à la femme et au drame humanitaire qui se joue dans le pays. Malgré le conflit meurtrier, la situation des droits de l'homme se caractérise par des avancées significatives, a poursuivi la vice-ministre, qui a évoqué diverses mesures législatives prises dans ce cadre. Elle a rappelé que les violences sexuelles ne sont pas une émanation de la culture congolaise, mais qu'il s'agit d'une arme de destruction de la cellule de base de la nation. Aussi, soucieux de rétablir la femme dans sa dignité bafouée, le Gouvernement, conjointement avec la communauté internationale, a déclenché une lutte de grande envergure, la Stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, qui met en œuvre la Stratégie globale de lutte contre les violences sexuelles lancée par les Nations Unies. Le Gouvernement, a-t-elle encore indiqué, soumettra au Parlement, en mars 2015, un projet de loi créant des chambres spécialisées mixtes au sein des juridictions congolaises, où les magistrats connaitront desdits crimes avec le concours de collègues étrangers. Pour conclure, Mme Binti Selemani a indiqué la volonté de son pays de poursuivre et intensifier sa coopération avec le Conseil, le Haut-Commissariat et tous les partenaires de la promotion et protection des droits de l'homme.

M AKMAL SAIDOV, Ministre-Président du centre national des droits de l'homme de l'Ouzbékistan, a rappelé que son pays a été le premier en Asie centrale à mettre en place une institution nationale des droits de l'homme. Il a également indiqué que son pays continue sa politique de mise en œuvre des droits de l'homme, notamment des objectifs du Millénaire pour le développement. Au cours des dernières années, la croissance économique a ainsi dépassé les 8%, et le Gouvernement a massivement investi dans les programmes sociaux, y consacrant 53% de son budget. Aujourd'hui, des succès majeurs ont été enregistrés, notamment une division par trois de la mortalité infantile et maternelle, ainsi qu'un accroissement de l'espérance de vie, a encore indiqué le dignitaire. Un accent particulier a par ailleurs été mis sur le renforcement des institutions, notamment de la société civile, qui se voit désormais consultée en permanence dès qu'il s'agit de la mise en œuvre des politiques relatives aux droits de l'homme.

M. Saidov a également indiqué que l'Ouzbékistan soutient toutes les initiatives des Nations Unies, y compris l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale ou le moratoire des Nations Unies sur la peine de mort. Pour lui, l'efficacité de la coopération internationale dépend avant tout du respect des principes de non-discrimination, d'impartialité et d'objectivité. Cependant, l'Ouzbékistan constate très souvent une sélectivité et une politisation en ce qui concerne les droits de l'homme. Le principe directeur en matière de droits de l'homme doit être celui de la coopération et non de la confrontation, a-t-il conclu.

M. SALEH ELMARGHANI, Ministre de la justice de la Libye, a remercié les Nations Unies et les organisations internationales des droits de l'homme pour leur soutien pendant la période de lutte contre la dictature de l'ancien régime et pour leur appui technique pour achever le processus de transition. Il a affirmé que la nouvelle Libye serait un État de droit fondé sur le multipartisme et le bien-être de sa population. Les autorités libyennes ont déjà pris des mesures importantes en matière de droits de l'homme, a poursuivi le ministre, qui a souhaité que se poursuivent ces activités de soutien technique et de renforcement des capacités, dont la Libye a grandement besoin. Le ministre a expliqué que des mesures avaient été prises pour intégrer les milices armées et pour le désarmement de la population. La situation s'améliore, et si beaucoup laisse encore à désirer, des progrès ont été réalisés en matière d'accès aux prisonniers et de traitement de ceux-ci, avec l'adoption d'une loi interdisant la torture. Les défis en matière de sécurité dépassent les capacités d'un seul pays et doivent être traités en coopération. Par ailleurs, des manifestations se tiennent régulièrement sans violences, a affirmé le ministre, qui a également mis en avant les progrès réalisés s'agissant des droits des femmes. En ce sens, il a déclaré que les femmes battues ou violées sous l'ancien régime étaient des victimes de guerre que le gouvernement actuel entend indemniser.

Les autorités libyennes s'efforcent de trouver des solutions adéquates aux migrations illégales afin de protéger les droits des migrants et en a appelé à la fois à la coopération régionale et à l'aide internationale. Le ministre s'est en outre dit inquiet de l'enlèvement de personnes, dont des journalistes. La Libye appuie toutes les initiatives favorisant le dialogue entre les religions et les civilisations, afin de lutter contre le fanatisme, qui choque le peuple libyen.

M. HISHAM BADR, Vice-Ministre des affaires étrangères pour les affaires multilatérales et la sécurité internationale de l'Égypte, a déclaré que l'Égypte faisait face à de nombreux défis dans la voie de la démocratisation. Les changements radicaux et rapides qui ont lieu doivent être analysés en tenant compte de ce que le peuple souhaite le respect des droits de l'homme et la démocratie sans intervention extérieure. Le peuple égyptien a adopté une nouvelle constitution qui répond à ses aspirations et correspond à l'évolution des temps modernes. La Constitution est fondée sur les principes d'égalité et de non-discrimination, en mettant en particulier l'accent sur les droits des enfants, femmes et personnes âgées. En outre, elle criminalise les actes de torture. Il s'agit également de créer un cadre pour apporter une réponse aux victimes de violations des droits de l'homme. L'Égypte, a dit M. Badr, est confrontée à des défis colossaux en cette période de transition démocratique, notamment en matière de garantie de la sécurité des citoyens. «Le chemin vers la démocratie est long», a-t-il rappelé, en soulignant que le terrorisme menace la vie des civils. En dépit de la violence, le Gouvernement égyptien insiste qu'il respectera les droits fondamentaux et l'Égypte entend poursuivre sa coopération avec le Haut-Commissariat, notamment par l'installation d'un bureau régional en Égypte.

Le vice-ministre a condamné la poursuite de l'occupation israélienne des territoires palestiniens, appelant le Conseil à se pencher sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. Il s'est également opposé aux violations des droits de l'homme commises contre des civils en Syrie, dont il est nécessaire de respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté. Le Conseil doit être objectif et neutre dans son travail et lutter contre toutes les formes de discrimination, conformément à la Déclaration et Programme d'action de Durban, a-t-il plaidé. M. Badr s'est dit préoccupé par la xénophobie, le racisme et l'islamophobie qui privent les populations musulmanes à travers le monde de leurs droits fondamentaux. Enfin, il a conclu son intervention en soulignant que le droit au développement est un droit inaliénable, à l'instar des autres droits, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

MME AICHETOU MINT M'HAIHAM, Commissaire aux droits de l'homme, à l'action humanitaire et à la société civile de la Mauritanie, a expliqué que depuis 2009, M. Mohamed El Abdelaziz, Président de la Mauritanie, s'est inscrit dans une dynamique axée sur les droits de l'homme. Toutes les pratiques n'appartenant pas au monde civilisé ont ainsi été abandonnées. À tel point, a-t-elle dit, qu'il est appelé le Président des pauvres. De nombreuses infrastructures ont également vu le jour, comme des routes ou des hôpitaux.

Le Gouvernement a également mis fin au monopole d'État sur les médias et aux poursuites contre les journalistes, a fait valoir la Commissaire mauritanienne aux droits de l'homme. Une lutte active a aussi été menée contre l'esclavage. La torture a pour sa part a été déclarée crime contre l'humanité. Le Gouvernement a par ailleurs entrepris de ratifier une série d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, a-t-elle ajouté, réitérant la volonté de son pays de progresser sur cette voie, avec le soutien de la communauté internationale.

M. GONZALO DE BENITO SECADES, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, a rappelé que son pays s'était lancé dans une politique budgétaire très stricte du fait de la crise économique qui l'a frappé ces dernières années, tout en cherchant à éviter de porter atteinte aux droits économiques et sociaux. Les mesures d'austérité qui ont été prises commencent à porter leurs fruits grâce aux efforts consentis par la population, a fait valoir le vice-ministre, ajoutant que des mesures sociales allaient être prises pour soulager la situation des plus vulnérables. Ceci montre que les droits de l'homme sont au cœur de toutes les décisions du Gouvernement, a ajouté M. de Benito Secades. Durant ces années d'austérité, l'Espagne a poursuivi son engagement très ferme en matière de droits de l'homme les principales priorités du pays en la matière étant la promotion de l'abolition de la peine de mort, les droits des personnes handicapées, la non-discrimination à l'encontre des femmes et la lutte contre les violences faite aux femmes et aux fillettes, l'accès à l'eau potable et l'assainissement, la promotion de principes directeurs pour les droits de l'homme face aux multinationales, et l'appui aux défenseurs des droits de l'homme.

Le vice-ministre espagnol des affaires étrangères a par ailleurs apporté son plein soutien aux différents organes conventionnels des droits de l'homme, ajoutant que son pays s'attachait à remettre ses rapports dans les temps. Le vice-ministre a rappelé l'importance des contributions de son pays au système des Nations Unies, par exemple aux opérations de maintien de la paix, et a rappelé que l'Espagne souhaitait obtenir cet automne un siège non permanent au Conseil de sécurité. Il a conclu en rendant hommage à la Haut-Commissaire aux droits de l'homme et notamment à son «rôle de vigie et d'alerte précoce».

M. CHRISTOPHE STRAESSER, Commissaire du gouvernement fédéral pour les droits de l'homme et les politiques d'aide humanitaire de l'Allemagne, a souligné que les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme doivent être respectés. Le Conseil des droits de l'homme doit s'exprimer, mais c'est aux États d'agir, a-t-il rappelé. L'Allemagne salue les mécanismes mis en place par le Conseil tels que les Commissions d'enquête s'agissant des situations des droits de l'homme en Syrie et en République populaire démocratique de Corée. Elle s'attend à ce que leurs rapports contribueront à mettre fin à l'impunité pour violations systématiques des droits de l'homme, les atrocités de masse et les crimes de guerre. Ces rapports doivent permettre une action au-delà du Conseil, qui ne doit pas accepter le refus de gouvernements de coopérer avec les commissions ou avec les enquêtes internationales lorsque les mécanismes internes ont failli à leur tâche de rendre justice. Le potentiel de tels mécanismes doit être pleinement utilisé dans d'autres domaines.

L'Allemagne attache par ailleurs une grande importance à de nouveaux défis, notamment s'agissant des aspects juridiques du droit au respect de la vie privée, auquel il a invité le Conseil à consacrer une réunion-débat en septembre prochain. Elle mène aussi des efforts, avec l'Espagne, sur l'accès à l'eau potable. L'Allemagne, qui apprécie la capacité du Conseil à soulever de nouvelles problématiques, déplore en revanche que la question des discriminations touchant les lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués n'ait toujours pas de place permanente à l'ordre du jour du Conseil, a dit le Commissaire. Il est en outre déplorable d'assister aux mesures restrictives adoptées par nombres d'États sur la société civile et les défenseurs des droits de l'homme. Ces mesures sont contraires au droit international et à l'esprit de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, a conclu M. Straesser, appelant les pays qui les appliquent à les abandonner.

M. DAMBA GANKHUYAG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a déclaré que son pays se félicitait de l'assistance technique et du renforcement des capacités fournis à la demande du Conseil dans la mise en œuvre des instruments des droits de l'homme. À cet égard, il a signalé la nécessité de fournir un soutien technique aux pays qui en ont besoin, et susceptible de permettre une meilleure implication et participation dans les travaux du Conseil. Il a précisé que la Mongolie avait fait sien l'objectif de la gouvernance démocratique en prenant des mesures strictes pour étouffer la corruption. Le résultat ne s'est pas fait attendre puisqu'en 2013, la Mongolie avait avancé de 11 places par rapport à l'année précédente et de 37 places par rapport à 2011 dans l'indice de la perception de la corruption de Transparency International.

Par ailleurs, en ratifiant et en mettant en œuvre plus d'une trentaine d'instruments des droits de l'homme, dont sept conventions internationales de premier plan, la Mongolie démontre son engagement fort envers la Déclaration universelle des droits de l'homme, a souligné le vice-ministre. Après la proclamation d'un moratoire sur la peine de mort en 2009, la Mongolie figure dans la liste des pays ayant aboli de fait la peine capitale. Enfin, M. Gankhuyag a indiqué que son pays était candidat au Conseil des droits de l'homme pour la période 2016-2018.

M. PETER STENLUND, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Finlande, a constaté qu'en ce moment, l'Ukraine concentre une grande part de l'attention politique. L'avenir de l'Ukraine ne peut être résolu que pacifiquement et dans le plein respect de la démocratie et des droits de l'homme, a affirmé M. Stenlund. Il a insisté sur l'attention particulière à accorder à la protection des minorités et mis en avant les opportunités que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l'Europe peuvent proposer en la matière. Concernant la Syrie, le Secrétaire d'État a insisté sur la nécessité de poursuivre les auteurs des multiples atrocités et a jugé très préoccupant que le Conseil de sécurité n'ait pas encore référé la situation dans ce pays à la Cour pénale internationale. Il a demandé une nouvelle fois au Conseil de sécurité d'agir en ce sens, estimant que la communauté internationale comme le Gouvernement syrien avaient failli dans leur responsabilité de protéger. Face à ces violations des droits de l'homme et à d'autres commises ailleurs dans le monde, la Finlande appuie l'idée de mandats forts pour l'ensemble des organes et mécanismes des droits de l'homme des Nations Unies. La communauté internationale a mis en place un cadre complet de promotion et la protection des droits de l'homme. L'intégrité et le fonctionnement efficace de ce cadre doivent être garantis, a affirmé M. Stenlund. Il a également estimé que l'Examen périodique universel avait trouvé sa place, ajoutant que son pays en avait une expérience très positive et préparait maintenant, sur une base volontaire, un suivi national volontaire à mi-parcours des recommandations reçues.

«L'adhésion au cadre normatif des droits de l'homme rapporte», a affirmé le Secrétaire d'État finlandais, qui a cité une étude de la Banque mondiale montrant que, cinq ans après l'adhésion d'un État à la Convention pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, le rythme des réformes dans le pays double par rapport aux 15 années précédentes. M. Stenlund a en outre plaidé pour qu'on écoute davantage les voix de la société civile, estimant que le Conseil devait garder sa porte ouverte à une participation significative des organisations non gouvernementales et s'élever contre le harcèlement des individus et organisations qui attirent son attention sur des violations des droits de l'homme. La Finlande estime que le Programme pour le développement de l'après 2015 doit adopter une approche qui intègre les droits de l'homme et l'égalité entre les sexes, en veillant au sort des différents groupes vulnérables et menacés de marginalisation. Il a dit attendre en ce sens beaucoup de la Conférence mondiale sur les peuples indigènes de septembre prochain. Toutefois, la participation ne suffit pas, elle suppose des outils pour lesquels l'accès à une éducation de qualité joue un rôle essentiel. M. Stenlund a par ailleurs estimé qu'il fallait redoubler d'effort pour lutter contre les discriminations faites aux femmes, afin d'éviter toute régression. Il a reconnu que les violences contre les femmes représentent un défi dans de très nombreux pays, y compris en Finlande, ajoutant que son pays étudie très attentivement les conclusions du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes après la présentation du rapport de la Finlande en février. Il a également appelé le Conseil des droits de l'homme à prendre sa part dans la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. MUSA MWENYE, Ministre de la justice de la Zambie, a insisté sur l'esprit démocratique qui règne dans son pays. C'est l'un des rares pays en Afrique qui connaît des transitions démocratiques sans heurts et qui limite les mandats présidentiels à deux fois cinq ans, a-t-il fait valoir. Les recommandations faites à l'occasion de l'Examen périodique universel s'agissant de la Zambie en 2012 sont en cours de mise en œuvre et l'Examen par les pairs de l'Union africaine subi en 2013 a également été accepté par les autorités. S'il reconnaît que la Zambie n'a pas encore ratifié nombre d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, le Gouvernement entend le faire, en fonction des priorités et des intérêts de la Zambie. À l'heure actuelle, la priorité est l'accès à la justice pour tous les Zambiens. La lutte contre les mariages précoces et forcés est également une des priorités du Gouvernement.

Si la Zambie figure parmi les dix pays qui connaissant les plus fortes croissances économiques au monde, le problème consiste à traduire cette situation concrètement pour sa population. C'est pourquoi, a expliqué le Ministre, la Zambie encourage le Conseil à poursuivre ses efforts pour que les entreprises respectent les droits de l'homme où qu'elles se trouvent.


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HRC14/012F