Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DÉCIDE D'URGENCE DE NOMMER UN EXPERT CHARGÉ DE LUI FAIRE UN RAPPORT EN MARS SUR LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Le Conseil des droits de l'homme a adopté cet après-midi une résolution par laquelle il souligne combien il est urgent de nommer un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, dont il avait créé le mandat en septembre dernier. Suite à l'adoption de ce texte, Mme Marie-Thérèse Aissata Keita-Bocoum, de la Côte d'Ivoire, a été nommée à ce poste. Le Conseil invite l'experte indépendante à effectuer d'urgence une visite en République centrafricaine et à lui faire un compte rendu oral de la situation en mars 2014.
Par cette résolution, le Conseil condamne fermement les violations persistantes et généralisées des droits de l'homme commises par tous les acteurs et souligne que les responsables de ces atteintes et violations devraient répondre de leurs actes et être traduits en justice. Il appelle instamment à un arrêt immédiat de toutes les violations des droits de l'homme et des actes de violence commis par toutes les parties et demande à la communauté internationale d'aider les autorités nationales et les pays d'accueil voisins à assurer la protection et l'assistance de ceux qui fuient la violence. Il demande instamment à toutes les parties en République centrafricaine de protéger tous les civils, en particulier les femmes et les enfants, contre la violence sexuelle. Le Conseil souligne, de plus, la nécessité pour toutes les parties de faciliter l'accès humanitaire de l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires à toutes les personnes ayant besoin d'assistance. Il félicite la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, l'Union africaine, l'ONU et ses organismes, ainsi que les partenaires de la République centrafricaine pour l'assistance qu'ils continuent de fournir aux autorités nationales et encourage la communauté internationale et toutes les parties prenantes à redoubler d'efforts pour aider la République centrafricaine à rétablir la paix, la stabilité et la sécurité dans le pays.
Réuni depuis ce matin en une session extraordinaire consacrée à la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, le Conseil a entendu, en début de séance cet après-midi, les dernières délégations observatrices dans le cadre du débat général: Angola, Australie, Norvège, Canada, Hongrie, Slovaquie, Saint-Siège, Slovénie, éradiquer, Luxembourg, Croatie, Soudan, Lettonie, Thaïlande, Paraguay, Tchad, Pologne, Mauritanie, Israël, Libye, Niger, Djibouti, Liechtenstein, République démocratique du Congo, Suisse et Fonds des Nations Unies pour l'enfance. Les organisations non gouvernementales suivantes ont également pris la parole: CIVICUS, Save the Children International, Human Rights Watch, Fédération internationale des ligues de droits de l'homme, Caritas Internationalis, OCAPROCE Internationale, Union évangélique universelle, United Nations Watch, Reporters Sans Frontières, Amnesty International, Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, Mouvement international de la réconciliation, Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands lacs.
Le Conseil tiendra sa vingt-cinquième session ordinaire du 3 au 28 mars prochain.
Adoption d'une résolution sur la situation en République centrafricaine
Résumé de la résolution
Aux termes de sa résolution intitulée «situation des droits de l'homme en République centrafricaine et assistance technique dans le domaine des droits de l'homme» (A/HRC/S-20/L.1), adoptée sans vote, le Conseil souligne combien il est urgent de nommer un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, demande à l'expert indépendant d'exécuter immédiatement son mandat et lui demande aussi de collaborer avec les mécanismes pertinents des droits de l'homme. Le Conseil invite l'expert indépendant à effectuer d'urgence une visite en République centrafricaine, à faire un compte rendu oral de la situation au Conseil à sa session de mars 2014.
Par cette résolution, le Conseil condamne fermement les violations persistantes et généralisées des droits de l'homme commises par tous les acteurs et souligne que les responsables de ces atteintes et violations devraient répondre de leurs actes et être traduits en justice. Profondément préoccupé par les conditions effroyables dans lesquelles se trouvent les personnes déplacées en République centrafricaine et les réfugiés, il demande à la communauté internationale d'aider les autorités nationales et les pays d'accueil voisins à assurer la protection et l'assistance de ceux qui fuient la violence, en particulier les femmes, les enfants et les personnes handicapées. Le Conseil appelle instamment à un arrêt immédiat de toutes les violations des droits de l'homme et des actes de violence commis par toutes les parties, au strict respect de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales. Il demande instamment à toutes les parties en République centrafricaine de protéger tous les civils, en particulier les femmes et les enfants, contre la violence sexuelle.
Le Conseil souligne, de plus, la nécessité pour toutes les parties de faciliter l'accès humanitaire de l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires à toutes les personnes ayant besoin d'assistance. Il félicite la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, l'Union africaine, l'Organisation des Nations Unies et ses organismes, ainsi que les partenaires de la République centrafricaine pour l'assistance qu'ils continuent de fournir aux autorités nationales de la République centrafricaine, et encourage la communauté internationale et toutes les parties prenantes à redoubler d'efforts pour aider la République centrafricaine à rétablir la paix, la stabilité et la sécurité dans le pays.
Déclarations concernant le texte adopté
Présentant le projet de résolution, l'Éthiopie, au nom du Groupe africain et de 99 coauteurs, a indiqué que ce texte condamnait toutes les formes de violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit et exhortait à ce qu'il soit mis fin à ces violations. Il souligne la nécessité de faciliter l'accès humanitaire à toutes les personnes qui en ont besoin et appelle à un appui technique et financier urgent pour la République centrafricaine. Ce projet appelle en outre à la nomination d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine qui sera appelé à commencer à travailler de toute urgence.
L'Italie, intervenant après le vote au nom de l'Union européenne, a indiqué soutenir le projet de résolution. Elle a indiqué que le Conseil des ministres affaires étrangères de l'Union européenne a aujourd'hui salué la tenue de la présente session du Conseil des droits de l'homme et a marqué son accord sur la perspective d'une opération militaire européenne en République centrafricaine.
Fin du débat général
Observateurs
L'Angola a souligné le risque que la situation en République centrafricaine ne dégénère en une instabilité régionale sans précédent, à moins que la communauté internationale ne prenne, dès maintenant, des mesures qui s'imposent en vue d'une solution durable et définitive. L'Angola exhorte l'Union africaine et ses partenaires à renforcer la mission pour la stabilisation de la République centrafricaine en lui fournissant des ressources et un appui logistique.
L'Australie a jugé inacceptable l'impunité des auteurs des crimes commis en République centrafricaine et appelé les autorités de transition à traduire ces personnes en justice, quelle que soit leur affiliation politique ou religieuse. Le Conseil national de transition a aussi été appelé à améliorer rapidement l'accès des organisations humanitaires aux populations dans le besoin.
La Norvège s'est dite préoccupée par les effets de la crise en République centrafricaine dans l'ensemble de la région, qui est déjà en proie à la déstabilisation par des extrémistes, des terroristes et autres groupes armés. La Norvège salue la nomination d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, espérant que le titulaire pourra donner effet à son mandat au plus tôt.
Le Canada soutient la nomination d'une experte indépendante et l'encourage à engager son travail aussi rapidement que possible. Il s'est dit profondément préoccupé par l'insécurité qui affecte une grande proportion de la population centrafricaine et par la dégradation de la situation humanitaire dans le pays. Le Canada demande à toutes les parties d'accorder un accès humanitaire sans entraves à tous ceux qui en ont besoin. En 2013, le Canada a versé plus de 6,9 millions de dollars en aide aux personnes affectées par la crise, a rappelé la représentante canadienne. Seul l'établissement d'une véritable démocratie sur l'ensemble du territoire permettra de mettre en place les conditions durables de la paix et du développement en République centrafricaine, a-t-elle conclu.
La Hongrie a fait part de sa profonde préoccupation face à la situation inquiétante et extrêmement précaire des droits de l'homme en République centrafricaine. L'augmentation constante des violations des droits de l'homme et les représailles commises par toutes les parties au conflit est particulièrement inquiétante et exige une réponse adéquate de la part de la communauté internationale afin de remédier à cette crise alarmante. La Hongrie salue la présence de la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine (MISCA) et du contingent de l'armée française afin de protéger la population et rétablir la sécurité. La Hongrie appelle tous les acteurs centrafricains à faciliter l'acheminement sûr et sans entraves de l'aide humanitaire, afin de faire face aux besoins croissants de tous ceux qui sont victimes de ce conflit.
La Slovaquie a déclaré que la situation des droits de l'homme en République centrafricaine était un sujet de grave préoccupation. Elle est particulièrement préoccupée par les violations de droits de l'homme à grande échelle perpétrées contre les civils et a souligné que la protection des groupes les plus vulnérables contre toute violence doit être question de priorité. Toutes les parties au conflit doivent s'abstenir de tout recrutement d'enfants. Lutter contre la culture de l'impunité est une condition préalable pour empêcher toute nouvelle détérioration de la situation des droits de l'homme et pour améliorer la situation sécuritaire et engager un processus de restauration des institutions de l'État. Les acteurs concernés sont encouragés à apporter leur coopération effective à l'experte indépendante.
Le Saint-Siège a cité les témoignages des évêques catholiques de la République centrafricaine, selon lesquels les communications, l'enseignement et la santé sont totalement compromis dans le pays, qui a basculé dans une culture de violence et de mort. Des discours contradictoires se font entendre s'agissant de l'origine religieuse ou sociale du conflit. Dans ce contexte, il convient de relever que les dirigeants religieux centrafricains appellent régulièrement leurs fidèles à la modération et au refus de la corruption.
La Slovénie s'est dite très préoccupée par les violations de plus en plus nombreuses des droits fondamentaux des populations civiles de la République centrafricaine. Elle appelle à ce que leurs auteurs soient traduits en justice et rappelle que la République centrafricaine a la possibilité de renvoyer ces personnes au Tribunal pénal international.
Le Burundi a appelé la communauté internationale à continuer d'aider les Centrafricains à éradiquer les violations des droits de l'homme. Le Burundi a déjà mis à la disposition de la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine un contingent de 800 soldats. Il se félicite de la nomination d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
Le Luxembourg a fait observer que le rapport présenté par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme est accablant et confirme que la République centrafricaine connaît un cycle généralisé de violations des droits de l'homme et de représailles violentes. Il a fermement condamné toutes les attaques délibérées contre des civils en raison de leur religion ou ethnie, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les viols et autres formes de violence sexuelle, tout comme le recrutement et l'utilisation d'enfants par les groupes et forces armés. Il est impérieux de prévenir la recrudescence des tensions intercommunautaires et tout doit être mis en œuvre pour appuyer les initiatives visant à les apaiser. Les responsables de violations des droits de l'homme devront être identifiés et répondre de leurs actes devant la justice. Le Luxembourg se félicite de la nomination du mandat d'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
La Croatie a fermement condamné tous les actes de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international commis en République centrafricaine et s'est dite extrêmement préoccupée par l'impact de la crise sur les femmes et les enfants et par les informations faisant état de violences sexuelles commises contre les femmes et les fillettes par les groupes armés en toute impunité. Elle a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les actes de violence sexuelle et à assurer la protection des femmes et des enfants à cet égard. Elle a également appelé toutes les parties au conflit à mettre un terme au recrutement d'enfants et à libérer ceux qui se trouvent dans leurs rangs. La Croatie est en outre préoccupée par les informations faisant état de violences sectaires contre et entre les musulmans et les chrétiens. La Croatie plaide pour le rétablissement de l'ordre public et le respect de l'état de droit en République centrafricaine. Elle demande en outre à toutes les parties d'assurer un accès humanitaire sûr et sans entraves. Enfin, la Croatie soutient la nomination immédiate d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
Le Soudan a indiqué partager les préoccupations de toutes les parties, régionales et internationales, concernant l'ampleur des violations des droits de l'homme en République centrafricaine. Le Soudan exhorte toutes les parties au conflit à œuvrer sans retard pour restaurer la paix et la stabilité en République centrafricaine. Le Soudan espère que la présente session verra la nomination d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine qui pourra évaluer la situation sur le terrain et présenter des recommandations susceptibles de remédier à la situation délicate que connaît la République centrafricaine.
La Lettonie a jugé impératif que le Conseil réagisse aux violations graves des droits de l'homme en République centrafricaine, en collaboration avec les autres institutions internationales concernées. La Lettonie est particulièrement frappée par les informations faisant état de violences contre des femmes, des enfants et des personnes handicapées. Elle appelle toutes les parties à garantir la sécurité des personnes chargées d'aider les populations centrafricaines.
La Thaïlande a condamné les violences et les meurtres dont la République centrafricaine est actuellement le théâtre, au détriment des femmes et des enfants en particulier. La Thaïlande se félicite du cessez-le-feu obtenu récemment mais estime qu'il faudra consentir beaucoup plus d'efforts pour assurer le retour de la paix et de la stabilité. La Thaïlande espère que la nouvelle experte indépendante pourra commencer ses travaux au plus vite, en coordination avec les institutions concernées.
Le Paraguay s'est, de même, dit convaincu que l'experte indépendante sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine saura aider les Centrafricains à surmonter la haine et la méfiance afin de parvenir à la réconciliation. Le Paraguay se félicite également des efforts du Secrétaire général des Nations Unies pour créer rapidement une commission internationale d'enquête sur les événements en République centrafricaine. La communauté internationale doit continuer d'aider les autorités centrafricaines à faire régner la sécurité dans le pays.
Le Tchad a fait observer que l'on a «assisté à la dégradation subite de la situation sécuritaire et des droits de l'homme en République centrafricaine». Le Tchad s'est préoccupé de la situation sécuritaire en République centrafricaine et n'a ménagé aucun effort depuis 1994 pour appuyer techniquement, matériellement et financièrement ce pays frère et voisin à rétablir la paix et la stabilité dans les limites de ses frontières, a poursuivi le représentant tchadien. En plus, a-t-il rappelé, depuis plus de dix ans, le Tchad accueille sur son sol plus de 100 000 réfugiés centrafricains qui y vivent en toute quiétude. Malgré cela, «certains milieux mal intentionnés ont assimilé à tort les militaires tchadiens en mission de paix au sein de la MISCA aux ex-Séléka», a poursuivi le représentant tchadien. «Cela ne vise qu'à ternir l'image de l'Armée nationale tchadienne, ce qui est inacceptable pour le Tchad», a-t-il ajouté, avant de défier quiconque capable de fournir la preuve de ces allégations. Nous disons aux commanditaires de ce montage grossier, dénué de tout fondement, que notre pays ne reculera pas face à ses engagements pris devant la communauté internationale, a-t-il souligné. Le Gouvernement tchadien ne saurait assister impuissant à la recrudescence de la violence, de la haine caractérisée par la folie meurtrière et des actes de vandalisme dirigés contre ses citoyens en République centrafricaine, a-t-il en outre fait observer, avant de saluer la création de la commission d'enquête et la nomination de l'expert indépendant.
La Pologne s'est dite alarmée par les nombreuses violations des droits de l'homme en République centrafricaine tant dans la capitale, Bangui, qu'à l'intérieur du pays. Il existe, comme l'a indiqué la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, des preuves claires indiquant que les deux parties ont commis des violations graves des droits de l'homme. Les violations des droits de l'homme et les crimes les plus sérieux doivent être poursuivis et leurs auteurs traduits en justice, a souligné le représentant polonais. La Pologne va fournir des avions de transport C-130 ainsi qu'un appui logistique et 50 soldats.
La Mauritanie a exprimé sa solidarité avec le peuple de République centrafricaine qui traverse une crise grave et a condamné les violations des droits de l'homme commises dans ce pays. Le représentant mauritanien a par ailleurs apporté son soutien aux efforts visant à soulager les souffrances du peuple centrafricain et a appuyé la nomination d'un expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
Israël a souligné l'obligation du Conseil des droits de l'homme de remédier à la situation des droits de l'homme désespérée en République centrafricaine et s'est félicité de la convocation de la présente session extraordinaire. Israël note, avec la Haut-Commissaire, le caractère très instable de la situation en République centrafricaine et espère qu'elle ne se transformera pas en un conflit sectaire à grande échelle. Israël espère également que la résolution qui sera adoptée aujourd'hui reflète la gravité des conditions auxquelles la population civile est confrontée.
La Libye a condamné toutes les violations des droits de l'homme commises en République centrafricaine, en particulier les violences religieuses. La Libye plaide pour un renforcement de l'action contre les auteurs de violations des droits de l'homme; appelle les parties au conflit à cesser la violence et à nouer un dialogue; et demande que les personnes déplacées et tous les civils aient accès à l'assistance humanitaire dont ils ont besoin. La Libye estime que seule une action de longue haleine en faveur du développement résoudra les problèmes de la République centrafricaine.
Le Niger a condamné les tueries et exécutions sommaires exercées contre les populations civiles, très souvent sur des bases confessionnelles. Le Niger déplore cet amalgame créé à dessein des fins politiques, et qui se traduit malheureusement par la violence intercommunautaire, des attaques contre des ressortissants étrangers et par une déchirure profonde au sein de la société centrafricaine. Le Niger relève que les derniers événements ont fait plusieurs centaines de milliers de déplacés internes, qui ont tout perdu en l'espace de quelques semaines. Plusieurs centaines d'étrangers migrants ont dû quitter le pays où ils vivaient en parfaite avec la population locale, a regretté en particulier le représentant.
Djibouti a fait part de sa vive préoccupation face à la détérioration rapide et tragique de la situation des droits de l'homme en République centrafricaine et a condamné les attaques ciblées contre la population sur la base de considérations confessionnelles. Il faut trouver des solutions concrètes sur la base des efforts des pays de la région, de l'Union africaine et de la communauté internationale. Djibouti lance un appel en faveur de la mise en place d'un programme robuste d'assistance économique. Cette assistance est vitale pour un pays placé dans un état d'extrême pauvreté, de violence et d'instabilité politique.
Le Liechtenstein a déclaré que la situation en République centrafricaine est un motif de vive préoccupation exigeant une réponse urgente du Conseil. Le rapport que vient de présenter la Haut-Commissaire aux droits de l'homme est extrêmement alarmant et le Conseiller du Secrétaire général a mis en garde contre le risque de génocide, a fait observer la représentante du Liechtenstein. Il faut que des mesures soient prises pour veiller à ce que les auteurs des crimes commis en République centrafricaine soient traduits en justice, a-t-elle poursuivi. Le Liechtenstein exhorte toutes les forces vives en République centrafricaine à collaborer pleinement avec l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
La République démocratique du Congo s'est dite «émue autant qu'horrifiée» en entendant tout ce qui vient d'être décrit aujourd'hui sur les violations des droits de l'homme commises en République centrafricaine, pays frère et ami. Cette situation a des répercussions dans les pays voisins dont la République démocratique du Congo, a souligné la représentante de ce dernier pays. Elle a salué la nomination imminente de l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine et la mise en place de la commission d'enquête mandatée par le Conseil de sécurité.
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déclaré que près d'un million d'enfants en République centrafricaine sont déplacés et ne bénéficient plus des infrastructures de base dont ils ont besoin. Mais certains enfants sont aussi la cible explicite d'actes de brutalité extrême, tandis que 6000 d'entre eux ont été recrutés de force. L'UNICEF, notant que la réaction humanitaire se heurte actuellement à l'anarchie, appelle toutes les parties à mettre un terme à la violence et à obtenir de leurs forces armées et milices qu'elles garantissent l'accès des intervenants humanitaires auprès des enfants et de leurs familles. La représentante a appelé en outre la communauté internationale à mobiliser rapidement les ressources nécessaires aux besoins urgents des enfants ayant besoin d'aide et de protection.
La Suisse s'est dite très préoccupée par les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire qui ont lieu entre groupes musulmans et chrétiens depuis les évènements de mars 2013, notamment les exécutions sommaires et les violences sexuelles, et le déplacement massif de populations. La Suisse appelle les autorités centrafricaines de transition à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux actes de violence contre les civils et à faciliter l'accès humanitaire à toutes les personnes ayant besoin d'assistance. La Suisse soutient pleinement la décision du Conseil de sécurité de créer rapidement une commission d'enquête internationale ainsi que le mandat de l'expert indépendant chargé de surveiller la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.
Organisations non gouvernementales
CIVICUS a fait part de sa profonde préoccupation face aux atrocités massives commises contre des civils et des travailleurs humanitaires par des membres du groupe armé de la Séléka et par les atrocités massives commises par les groupes de milices, en particulier les «antibalaka» contre les populations civiles. Depuis le mois dernier, a poursuivi l'organisation, plus de mille civils ont été tué et des milliers d'autres ont été déplacés. CIVICUS demande à la communauté internationale d'accroître ses efforts pour protéger les civils et assurer la stabilité en appuyant les efforts de maintien de la paix en République centrafricaine. L'organisation demande en outre aux nouvelles autorités de transition de s'abstenir de recourir à des discours de haine qui encouragent les attaques vengeresses contre des membres présumés de l'ancien régime centrafricain et contre des civils.
Save the Children International a souligné que chaque jour, des enfants sont tués, blessés, violés et déplacés de force dans le contexte de la crise que connaît actuellement la République centrafricaine. Sur les 2,3 millions d'enfants que compte le pays, plus d'un million ont un besoin urgent d'assistance médicale. De l'avis de Save the Children, le mandat de l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine devrait veiller à assurer que les acteurs armés cessent immédiatement toutes les formes de violence et de violations des droits de l'homme contre les enfants et œuvrer à la libération et la réhabilitation à long terme des enfants démobilisés.
Human Rights Watch a rappelé que depuis que la coalition rebelle de la Séléka a pris le pouvoir en mars 2013, la République centrafricaine est en proie à une grave crise humanitaire et en matière de droits humains. Depuis 2013, HRW a documenté des incendies et des pillages de villages généralisés, des exécutions sommaires, des viols ainsi que le recrutement d'enfants-soldats par les forces de la Séléka. En août 2013, a poursuivi le représentant de Human Rights Watch, les milices «antibalaka» chrétiennes, dans une tentative de s'emparer du pouvoir et de mener des représailles contre la Séléka a prédominance musulmane, ont commencé à prendre pour cibles des habitants musulmans, qu'ils ont accusés de soutenir la Séléka. L'Union africaine et les forces françaises de maintien de la paix (MISCA) ont apporté un certain niveau de protection aux civils, mais elles manquent de capacité suffisante pour endiguer la catastrophe humanitaire et en matière de droits humains qui frappe la République centrafricaine. Le Conseil devrait soutenir le travail de l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine et veiller à continuer de transmettre un message sans équivoque à toutes les parties indiquant qu'il n'y aura pas d'impunité pour les crimes commis contre la population civile.
La Fédération internationale des ligues de droits de l'homme a recommandé au Conseil d'adopter une résolution soutenant le mandat de l'expert indépendant et lui demandant de coopérer étroitement avec la commission d'enquête mandatée par le Secrétaire général, en vue de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme commises depuis le coup d'État, d'identifier les auteurs et responsables de crimes internationaux et de veiller à leur poursuite devant les juridictions nationales, mixtes ou internationales. La résolution devrait rappeler, en outre, qu'en vertu du Statut de Rome, la Cour pénale internationale demeure compétente pour enquêter sur les crimes internationaux commis en République centrafricaine.
Caritas Internationalis, au nom de plusieurs organisations, a fait part de sa préoccupation devant le glissement du conflit sur le registre religieux. Or, la guerre en République centrafricaine n'est pas interreligieuse: les différentes communautés religieuses et ethniques ont toujours cohabité pacifiquement dans le respect mutuel et la confiance. Caritas s'associe à l'appel lancé par la plate-forme des leaders religieux centrafricains à leurs communautés respectives pour qu'elles s'engagent sur la voie du respect mutuel, du dialogue, de la confiance et de la réconciliation nationale, et qu'elles s'abstiennent de tout acte de violence ou de vengeance.
L'organisation OCAPROCE Internationale a salué la présence sur le terrain de la société civile africaine qui a constitué une commission de règlement et de réconciliation pour la paix en République centrafricaine. La représentante a recommandé à la communauté internationale de renforcer les dispositifs des Nations Unies déjà en place en République centrafricaine et de créer, en urgence, une commission de médiation et de réconciliation qui sera composée de femmes. OCAPROCE, particulièrement préoccupée par les exécutions génocidaires de civils chrétiens et musulmans survenues le 5 et 6 décembre dernier à Bangui et à Bossangoa, demande que leurs auteurs soient traduits devant la Cour pénale internationale, ces massacres constituant des crimes contre l'humanité.
L'Union évangélique universelle a fait part de sa profonde préoccupation face aux souffrances des citoyens de la République centrafricaine depuis que la rébellion armée a pris le pouvoir politique. Les droits humains ont été violés massivement. Les forces politiques favorables à la paix doivent être rassemblées pour faire face à l'instabilité récente et permettre au pays de retrouver le chemin d'une nation plurielle dont les différentes composantes savent vivre ensemble dans la paix. Une force internationale suffisamment robuste est nécessaire pour accompagner et protéger la mise en œuvre de ce processus. Des mesures sont nécessaires pour restaurer la confiance entre les différentes communautés et une attention particulière doit être accordée à la promotion d'une culture civique et patriotique. Les églises et les autres groupes religieux devraient être intégrés pour jouer un rôle actif dans la promotion de la vérité et de la réconciliation.
United Nations Watch a rappelé que près d'un million de personnes ont été déplacées en République centrafricaine et que des violations massives des droits de l'homme ont été perpétrées, alors que John Ging avertit chacun des risques de génocide dans ce pays. La communauté internationale doit faire tout son possible pour fournir une aide humanitaire à ceux qui se trouvent en République centrafricaine et à ceux qui ont été forcés à fuir ce pays.
Reporters Sans Frontières a déclaré que le chaos qui perdure depuis plus d'un an en République centrafricaine a eu de lourdes conséquences pour les acteurs de l'information, victimes de pillages, d'agressions physiques et de menaces de la part des membres du Gouvernement de transition, des militaires de l'ex-Séléka et du groupe des «antibalaka». Cet environnement s'est aggravé depuis décembre 2013 et a paralysé l'activité des médias, actuellement pris en étau entre les deux bords politiques et incapables d'accomplir correctement leur mission d'information. RSF recommande vivement que la résolution issue de cette session extraordinaire du Conseil insiste sur la nécessité de protéger les journalistes dans leur travail de recherche, de collecte et de diffusion de l'information, notamment en raison de leur rôle dans le processus démocratique et de réconciliation nationale.
Amnesty International a demandé au Conseil des droits de l'homme d'appeler la communauté internationale à donner à la MISCA et aux autres forces de maintien de la paix les ressources nécessaires en matériel et en hommes. AI appelle de plus au déploiement rapide de personnels des Nations Unies chargés de contrôler la situation sur le terrain, chargés d'enquêter et de faire rapport sur les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire en République centrafricaine. Le représentant a recommandé que l'expert indépendant présente son rapport au Conseil des droits de l'homme dès sa session de mars prochain.
La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme a souligné que la République centrafricaine, après le Mali en 2013 et les violations des droits de l'homme qui se poursuivent au Soudan du Sud, est confrontée à un défi sécuritaire et humanitaire, une déliquescence des structures étatiques, l'irresponsabilité des responsables politiques et la défaillance de l'administration et de la justice. La RADDHO est aussi inquiète quant au sort réservé aux Tchadiens et autres travailleurs migrants encore présents dans le pays et qui sont victimes d'une persécution de plus en plus violente.
Le Mouvement international de la réconciliation a demandé que la commission d'enquête et l'expert indépendant prennent contact avec les forces de paix laïques et religieuses qui existent et se manifestent actuellement en République centrafricaine, afin de ramener le calme par le biais de la communication pacifique et la justice réparatrice. Les Centrafricains sont capables de résoudre par eux-mêmes leurs problèmes, pour autant que les armes se taisent, a assuré le représentant.
L'Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands lacs, dans une déclaration conjointe, a affirmé que la présente session extraordinaire du Conseil devrait être l'occasion de jeter un regard sur les véritables causes et racines de la tragédie qui frappe la République centrafricaine. Depuis l'assassinat du premier Président de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, en 1958, l'histoire de ce pays depuis l'indépendance est une succession de crises politiques et de désastres humanitaires. Coups d'état à répétition, commandités de l'extérieur et ingérences néocoloniales constituent les principaux facteurs de l'instabilité politique chronique observée en République centrafricaine. La crise politique actuelle plonge donc ses racines dans ce terreau nauséabond. Si les ingérences ne cessent pas, il est fort probable que des sessions comme celle-ci se succèderont sans apporter le moindre début de solution de crise. Ce qui est nouveau, c'est l'irruption des violences interconfessionnelles dans un pays où catholiques et musulmans ont toujours coexisté dans la plus parfaite tolérance. Il faut saluer les efforts de l'Union africaine et des partenaires du continent africain en vue de trouver une solution qui prenne en compte le caractère multidimensionnel de la crise centrafricaine, car sans elle, l'effondrement de l'État centrafricain serait inéluctable et entraînerait dans son sillage plusieurs autres États de la sous-région.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
HRC14/003F