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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME SE PENCHE SUR LES DROITS DE L'HOMME DES PERSONNES D'ASCENDANCE AFRICAINE

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme, réuni à la mi-journée, a tenu un débat interactif avec le Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine avant de tenir un débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée et le suivi et application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

Mme Mirjana Najchevska, membre du Groupe de travail, a souligné que la douzième session avait débattu des questions d'éducation, de droits culturels et de collecte de données relatives à la reconnaissance des peuples d'ascendance africaine afin de les sortir de l'«invisibilité sociale». Le Groupe de travail a exhorté l'Assemblée générale de l'ONU à adopter et à proclamer dès cette année la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine. Le Panama et le Royaume Uni sont intervenus en tant que pays concernés par les rapports de missions effectuées par le Groupe de travail. Plusieurs délégations ont salué la proposition de proclamer la Décennie sur les personnes d'ascendance africaine qui fournirait l'occasion de veiller à la réalisation d'une égalité intégrale et effective pour les personnes d’ascendance africaine. D'autres ont souligné que toute victime du racisme méritait une attention égale, qu'elle soit d'ascendance africaine ou pas et ont exprimé des réserves à l'égard de l'approche du Groupe de travail fondée sur des droits collectifs.

Les délégations suivantes ont participé au débat interactif: Union européenne, Brésil (CELAC), Nigéria, Afrique du Sud, Algérie, Maroc, Togo, Sierra Leone, Colombie, Venezuela, Sri Lanka, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme.

Dans le cadre du débat général sur les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance, il a été observé que tous les engagements de la Déclaration et le Programme d'action de Durban n'ont pas été tenus sur le terrain, notamment en matière d'intolérance religieuse et d'islamophobie, parfois véhiculée par les médias et les hommes politiques. Il faut que les États adoptent des lois dissuasives à cet égard.

Le Pakistan (Organisation de la coopération islamique), la Palestine (Groupe arabe), la Lituanie (Union européenne), le Kirghizistan (groupe de plusieurs pays), l'Afrique du Sud (Groupe africain), les États-Unis, le Koweït et l'Équateur ont participé au débat général, ainsi que les observateurs de l'Égypte, de la Norvège, de la Tunisie, de la Russie, de la Chine, de l'Iran, de Cuba, du Nigéria, du Conseil de l'Europe et de plusieurs organisations non gouvernementales*.


Le Conseil poursuit ses travaux cet après-midi pour un débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Cambodge ainsi qu'un débat interactif de haut niveau sur la Somalie.


Racisme, discrimination raciale, xénophobie et intolérance

Présentation du rapport sur les personnes d'ascendance africaine

MME MIRJANA NAJCHEVSKA, membre du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine, a évoqué le cinquantième anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King «I have a dream», en rendant hommage à cet héritage inestimable en matière d'harmonie et d'égalité raciale.

L'experte a souligné que la douzième session du Groupe de travail d'experts, réunis à Genève en avril 2013, avait tourné autour des questions de l'éducation, des droits culturels et de la collecte de données relatives à la reconnaissance des peuples d'ascendance africaine afin de les sortir en particulier de leur «invisibilité sociale». Ceux-ci ont été en butte au racisme au travers de l'histoire et il convient de reconnaître, en conséquence, leur apport au développement de la planète ainsi qu'à l'histoire et au patrimoine de l'humanité. Leur existence doit être reconnue dans les constitutions nationales, les législations, dans la vie publique, les médias, au travers de l'éducation et de campagnes d'information, a expliqué Mme Najchevska.

Le Groupe de travail a exhorté l'Assemblée générale de l'ONU à adopter et à proclamer, dès cette année, la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine. Il a aussi examiné dans ce cadre un projet de programme d'action de la Décennie établi par le Groupe de travail et placé sous le thème: «Reconnaissance, justice et développement». Elle a dit sa conviction qu'une Décennie permettrait certainement d'unir les efforts des États, de la société civile et de la communauté internationale sur le long chemin menant à une égalité authentique.

Par ailleurs, Mme Najchevska a précisé que le Groupe de travail avait adopté ses méthodes de travail lors de cette douzième session; elles peuvent être consultées sur le site du Haut-Commissariat. Elle a aussi indiqué que le Groupe de travail avait effectué des visites de terrain du au Royaume-Uni et au Panama, et annoncé une visite au Brésil en décembre, ainsi qu'aux Pays-Bas et en Suède probablement l'année prochaine. Elle a exprimé l'espoir de pouvoir se rendre au Canada en 2015.

Le rapport du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine (A/HRC/24/52) contient le compte-rendu de sa douzième session (Genève, 22-26 avril 2013). Font en outre l'objet de quatre documents les missions effectuées au Royaume-Uni (A/HRC/24/52/Add.1; les observations du Royaume-Uni sont disponibles en anglais seulement: Add.3) et Panama (A/HRC/24/52/Add.2; les observations du Panama sont en espagnol Add.4).

Parties concernées

Le Panama a déclaré que la question des personnes d'ascendance africaine est une question importante pour le pays, d'autant que la population panaméenne est multiethnique et diverse. Le Panama a ainsi mis en place des législations qui interdisent toute forme de discrimination contre les personnes d'ascendance africaine, tout en leur accordant des bourses pour améliorer leur scolarisation. Le Gouvernement a fait du 30 mai de chaque année la Journée des populations noires. Le Panama a par ailleurs l'intention de se rapprocher de la région caraïbe, Il a en outre établi un mécanisme pour récolter des statistiques sur les populations noires du pays. En ce qui concerne le milieu carcéral, Le Panama a indiqué que les autorités ne se satisfont pas de la situation et ont décidé des plans de construction ou de réaménagement des prisons, pour permettre que les conditions y soient moins dures. Alors que Panama est engagé dans un processus, certains de ses efforts sont toutefois limités par des dynamiques historiques, a reconnu la délégation, tout en assurant le Conseil de la détermination de son gouvernement.

Le Royaume-Uni a pris note du rapport du Groupe de travail. Il a fait état de preuves montrant que les groupes ethniques estiment généralement qu'il est possible de cohabiter harmonieusement. Ces groupes ont contribué dans une grande mesure à la prospérité nationale. Mais le Royaume-Uni reste déterminé à favoriser encore la mobilité et l'intégration sociale des membres de ces groupes et à éliminer les obstacles dans ce domaine. Le Royaume-Uni est conscient que l'intégration est nécessaire et qu'elle dépend de politiques favorisant l'égalité. La réponse écrite donnée par le Royaume-Uni présente en détail les mesures d'intégration prises dans la ville de Liverpool.

La Comité international de coordination des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l'homme a déclaré que les trois institutions nationales de droits de l'homme du Royaume-Uni, au nom desquelles elle s'exprime, se félicitent du rapport du Groupe de travail. Le rapport met à juste titre l'accent sur l'utilisation à mauvais escient des fouilles corporelles par la police. Les institutions nationales de droits de l'homme sont aussi préoccupées par les effets de la réforme des politiques sociales au Royaume-Uni, qui risque de désavantager les personnes déjà marginalisées. Les institutions relèvent en outre que les Noirs sont davantage victimes de la haine raciale que d'autres minorités et qu'ils sont surreprésentés dans les prisons. Des initiatives ont été prises en Écosse pour favoriser l'intégration par la lutte contre la discrimination raciale.

Débat interactif avec le Groupe de travail

L'Union européenne, qui a rappelé son attachement à lutter contre le racisme, a fait part de ses préoccupations face aux travaux du Groupe de travail, soulignant que toute victime du racisme méritait une attention égale, qu'elle soit d'ascendance africaine ou pas. L'Union européenne s'oppose à l'approche du Groupe de travail fondée sur des droits collectifs et rejette le relativisme culturel en matière de droits de l'homme.

Le Brésil, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que la Déclaration et au Programme d'action de Durban avaient été à la source de l'adoption de nombreux textes par les pays de la CELAC, notamment relatifs à des mesures de discrimination positive. Des obstacles demeurent cependant et la CELAC estime que la proclamation de la Décennie contribuera à permettre de parvenir à une égalité complète pour les personnes d'ascendance africaine. Appuyant également les travaux du Groupe de travail, le Nigéria a dit sa conviction que la Décennie permettrait d'aller dans le sens de la mise en œuvre effective des dispositions de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale et de la Déclaration et du Programme d'action de Durban , dans la perspective de la pleine réalisation de l'égalité pour les personnes d'ascendance africaine. L'Afrique du Sud, qui a souligné le caractère essentiel de l'éducation, s'est félicitée de la priorité donnée par le Groupe de travail à cet égard, notamment dans le cadre de la Décennie. La reconnaissance des peuples d'ascendance africaine ne sera pas une réalité tant que leur droit à l'éducation ne sera pas entré dans les faits. L'Algérie a estimé que la Décennie ne pouvait que contribuer à une prise de conscience collective. Il faudra faire montre d'une plus grande énergie afin de combattre l'héritage du passé. Le Conseil se trouve au cœur de la reconnaissance des injustices du passé et il lui appartiendra de se montrer particulièrement actif dans le cadre de cette décennie.

Le Maroc a souligné que la célébration de la Décennie serait une occasion de veiller à la mise en œuvre effective des dispositions cruciales énoncées dans la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il importera de disposer de fonds suffisants pour réaliser les objectifs de la Décennie et permettre aux États de remplir leurs engagements pris à Durban et d'aller de l'avant. Le Togo a indiqué qu'il ne ménagerait aucun effort pour veiller à la mise en œuvre effective des dispositions cruciales énoncées dans la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discriminations raciales, de même que celles relatives à la Déclaration et au Programme d'action de Durban. Le Togo soutient la proposition du Groupe de travail visant à créer une instance permanente des Nations Unies sur les questions des personnes d'ascendance africaine.

La Sierra Leone a constaté qu'un long chemin restait à parcourir, faisant part de sa préoccupation face au constat du Groupe de travail, particulièrement en matière d'éducation. Le fait de garantir le droit à l'éducation devrait être l'une des priorités de la communauté internationale. Malgré les améliorations de ces dernières années dans les pays comptant des personnes d'ascendance africaine, on constate une sous-représentation flagrante dans l'enseignement secondaire et supérieur, des jeunes filles notamment, a-t-elle déploré. Il convient aussi de reconnaître le caractère multiculturel des personnes d'ascendance africaine.

La Colombie a estimé que le fait de rendre plus visible la communauté d'ascendance africaine, lui donner le pouvoir d'agir et la reconnaître comme composante intégrale de la société constituaient des éléments essentiels pour la promotion et la protection de leurs droits. Elle a indiqué que la population afro-colombienne représentait un peu plus de dix pour cent de sa population. La Colombie a mis en avant le Plan national de développement des communautés noires afro-colombiennes, raizales et palenqueras 2010-2014 qui va dans le sens d'une Colombie pluriethnique et multiculturelle prospère et démocratique. Le Venezuela a précisé qu'il s'inscrivait dans la tendance mondiale visant à reconnaître les droits des personnes d'ascendance africaine. La Loi organique contre la discrimination raciale prévoit et sanctionne la discrimination raciale dans toutes ses manifestations, protégeant les générations futures dans l'édification d'une société multiethnique, pluriculturelle, socialiste et anti-impérialiste. Sri Lanka, qui a rappelé son caractère multiethnique, plurireligieux et multiculturel, compte aussi une petite communauté de personnes d'ascendance africaine. Les autorités ont lancé plusieurs initiatives visant à préserver leur identité culturelle, y compris leur patrimoine musical, qui a eu une forte influence sur la musique populaire baila de Sri Lanka.

S'agissant des organisations non gouvernementales, le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies a dit soutenir les efforts du Groupe de travail pour faire reconnaître le terme afrophobie, qui constitue une forme particulière de haine. L'ONG s'est également déclarée préoccupée de l'absence d'organisations de la société civile aux sessions du Groupe de travail en raison d'un manque de financement. Il faudrait que le Haut-Commissaire aux droits de l'homme se penche sur la question. Pour sa part, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme s'est demandé comment remplacer un peuple sur la scène de l'Histoire, lorsque la traite négrière, l'esclavage et la colonisation ont joué un rôle dans la décélération et la déconstruction structurelle d'une dynamique de toutes les perspectives de réhabilitation et d'émancipation des personnes d'ascendance africaine. Pour cette ONG, la banalisation et la négligence du passé sont des facteurs de discrimination, d'exclusion, de chômage et de pauvreté. Dans ce contexte, elle a émis le vœu que la Décennie soit l'occasion de corriger les défaillances et manquements dans la mise en œuvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

Conclusions

MME NAJCEVSKA a émis le vœu que les recommandations du Groupe de travail seront utiles aux gouvernements. On ne saurait fermer les yeux sur le poids de l'histoire dans les discriminations qui touchent les personnes d'ascendance africaine. S'agissant du principe de reconnaissance de ce groupe de la population, elle a observé que de nombreux groupes catégoriels, comme les femmes, les Roms, les personnes handicapées ou les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont reconnus par les États sans que personne n'y voie une menace. Pourquoi serait-il dangereux de reconnaitre les personnes d'ascendance africaine en tant que groupe, s'est demandé Mme Najcevska. Il faut changer d'approche au niveau international pour changer les choses au niveau national, a-t-elle conclu.

Débat général

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, a observé que tous les engagements de la Déclaration et du Programme d'Action de Durban n'ont pas été tenus sur le terrain, notamment en matière d'intolérance religieuse. Pour le Pakistan, la résolution 16/18 du Conseil des droits de l'homme sur l'intolérance religieuse n'est pas une fin en soi, il reste au États à prendre des mesures pour la mettre en œuvre. Il en est de même pour le processus d'Istanbul qui appelle à des mesures efficaces.

L'État de Palestine, au nom du Groupe arabe, a apprécié à leur juste valeur les efforts du Conseil dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, notamment par l'établissement d'une base de données sur les actes de racisme. Il s'est inquiété des autodafés organisés pour brûler le Coran et encouragé les États à l'adoption de lois locales dissuasives, rappelant que l'islam est une religion de tolérance. Les pays arabes participent à plusieurs réunions sur le dialogue entre les religions et les cultures, fait en outre valoir le Groupe arabe.

La Lituanie a déclaré, au nom de l'Union européenne et d'autres pays, qu'elle dispose d'un arsenal législatif de lutte contre la haine raciale et l'incitation à la haine. Le Plan d'action européen sur les droits de l'homme et la démocratie inclut d'ailleurs des clauses concernant la lutte contre toutes les formes de discrimination raciale. L'Union européenne appuie la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, à laquelle tous les membres de l'Union européenne ont adhéré. Elle a opposé des objections quant à l'approche du Groupe de travail sur les droits collectifs et s'est demandée si les cinq semaines de réunions du Groupe, qui coûtent 5 millions de dollars, sont justifiées en termes de ressources pour combattre le racisme. Elle a appelé à une réflexion collective sur des alternatives en vue d'une utilisation plus efficace de ces ressources dans la lutte contre le racisme. La diffusion de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, les campagnes de sensibilisation ou des ressources supplémentaires pour faciliter le travail du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racismes ne constituent que quelques idées à cet égard. La Lituanie a aussi exprimé son inquiétude quant à la portée et à la nature de la Décennie internationale sur les personnes d'ascendance africaine, et réaffirmé son attente que le processus intergouvernemental préparatoire, indispensable, comporte des discussions sur le Programme d'action de la Décennie, de manière à ce que celui-ci représente une valeur ajoutée et des améliorations concrètes dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.

Le Kirghizistan, au nom d'un groupe de pays, a souligné que le racisme, la xénophobie et l'intolérance ont été à l'origine de guerres, y compris de génocides au cours de l'histoire humaine. Ces atroces phénomènes, que l'on croyait révolus avec la fin du nazisme, persistent avec une résurgence du néonazisme, avec des milliers de jeunes qui menacent d'adopter l'idéologie d'Hitler, menaçant de semer la terreur et de commettre des assassinats. Le Kirghizistan a exhorté à ne pas fermer les yeux sur ces phénomènes et de s'unir pour la tolérance et la paix.

L'Afrique du Sud, au nom du Groupe africain, tout en soulignant les progrès accomplis, a estimé qu'il fallait faire davantage, notamment en renforçant les instruments existants. Le Groupe africain déplore le manque de volonté politique quant à l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Il estime que la revitalisation du Groupe de travail devrait contribuer à mobiliser cette volonté politique. Le Groupe africain appuie le programme d'action mis en avant par le Groupe de travail.

Les États-Unis ont assuré être prêts à travailler avec tous les pays et leurs partenaires pour faire avancer les droits de l'homme et lutter contre la discrimination.

Le Koweït a dénoncé les vagues d'incitation à la haine religieuse frappant en particulier les musulmans. Il a appelé les États à œuvrer pour une plus grande tolérance et à lutter plus fermement contre la discrimination religieuse.

L'Équateur a indiqué au Conseil que son gouvernement avait adopté un plan national de lutte contre le racisme qui est en cours d'évaluation. Suite à la proclamation de l'Année internationale de personnes d'ascendance africaine, les priorités de ces populations ont été intégrées au plan.

Observateurs

L'Égypte a accueilli favorablement le programme élaboré par le Groupe de travail. Dans ce contexte, elle a appelé tous les gouvernements à adopter des mesures pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les personnes d'ascendance africaine. Pour l'Égypte, la Décennie fournira la base pour la pleine application de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

La Norvège a estimé que les défis en matière de lutte contre les discriminations ne sont pas insurmontables, mais que la coopération peut y aider. C'est pour cela que la Norvège organisera à New York une rencontre pour étudier comment répondre aux discours haineux et confronter les idées extrémistes.

La Tunisie a pleinement soutenu les conclusions et recommandations du Groupe de travail, notamment en ce qui concerne le lancement, en 2013, de la Décennie internationale pour les personnes d'ascendance africaine. Elle a souligné qu'alors que la communauté internationale célèbre, ces jours-ci, le onzième anniversaire de la Déclaration de Durban, les progrès accomplis restent modestes et le racisme demeure bien vif et continue de générer le rejet, la radicalisation et l'extrémisme. Les manifestations de racisme et de discours de haine continuent d'augmenter, parfois alimentés par des motifs électoraux. La Tunisie s'est déclarée convaincue de l'impérieuse nécessité qu'imposent l'universalité et l'interdépendance des droits de l'homme, d'intensifier les efforts individuels et collectifs afin d'éliminer le racisme et l'intolérance qui y est associée. Elle a souligné l'importance cruciale que les hauts responsables de l'État et les hommes politiques, non seulement s'abstiennent de tout discours politique raciste ou xénophobe, mais prennent clairement position contre ces dérives électorales racistes.

La Fédération de Russie a souligné que la crise économique encourage le racisme et la xénophobie ainsi que la propagande raciste et néonazie, qui touche particulièrement les jeunes de vingt ans. Il faut prendre toutes les mesures pour garantir l'égalité dans l'éducation et lutter contre les stéréotypes qui peuvent ancrer la discrimination raciale et la xénophobie. Il a invité à se battre contre les idées extrémistes, surtout lorsque leurs manifestations sont criminelles. Il a aussi invité à la formation des cadres qui travaillent dans les institutions de défense des droits de l'homme.

La Chine a qualifié le document de Durban de pilier dans la problématique de lutte contre le racisme. Les Nations Unies doivent jouer un rôle prépondérant dans ce combat et, à cet égard, la Chine s'est félicitée du Programme d'action de la Décennie internationale sur les personnes d'ascendance africaine. Les discussions en cours vont permettre de mettre le doigt sur les problèmes auxquels ces personnes sont confrontées. Il a espéré que le Conseil continuera de jouer le rôle qui lui échoit dans la lutte contre le racisme.

L'Iran a recommandé aux États-Unis et aux pays européens d'adopter les mesures structurelles qui, seules, leur permettront de mettre un terme aux comportements parfois abominables à l'égard des personnes d'ascendance africaine. L'Iran observe qu'à côté des Noirs, les musulmans comptent parmi les principales victimes de la xénophobie dans le monde. L'Iran est ainsi convaincu que le développement de l'islamophobie dans les sociétés occidentales est une violation flagrante des droits de l'homme.

Cuba a déclaré que les objectifs de la Conférence de Durban sont loin d'être atteints, si l'on en juge par la discrimination dont sont victimes de nombreuses populations minoritaires. En particulier, les membres de la minorité noire aux États-Unis sont particulièrement la cible d'attitudes racistes. Cuba affirme sa volonté de soutenir l'action des pays soucieux de donner effet à la Déclaration et au Plan d'action de Durban.

Le Nigéria a affirmé que l'absence de volonté politique de la part des gouvernements explique que le racisme et la discrimination raciale ne soient toujours pas éliminés. Le Nigéria demande à tous les acteurs concernés de combler les lacunes dans les instruments internationaux de lutte contre le racisme, en particulier en accordant une assistance technique aux États, selon leurs besoins. Il faudrait favoriser en outre une coopération étroite entre les institutions nationales de droits de l'homme et les organisations non gouvernementales.

Le Conseil de l'Europe s'est inquiété du torrent de haine qui se diffuse parmi les jeunes sur l'Internet. C'est pour répondre à ce phénomène que le Conseil de l'Europe a lancé une campagne en direction de la jeunesse contre les discours de haine sur l'Internet dans le but d'assurer une sensibilisation à ces questions, promouvoir la formation aux médias et à l'Internet, ou encore de recenser les discours de haine et d'apporter un soutien aux personnes et groupes visés, tout en encourageant la participation des citoyens.

Organisations non gouvernementales

Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies a déploré que la Déclaration et le Programme d'action de Durban continuent d'être les parents pauvres des activités du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Rien que pour le budget biennal 2013-2015, la Déclaration et le Programme d'action de Durban et ses mécanisme de suivi seront les seuls postes à subir des réductions budgétaires, alors que des campagnes de sensibilisation contre le racisme et pour mieux faire connaître la Déclaration et le Programme d'action de Durban sont nécessaires.

L'Association internationale des avocats et juristes juifs a accusé l'Iran et la Syrie d'avoir affirmé, suite à la possibilité de frappes sur la Syrie, qu'ils souhaitaient radier Israël de la carte. Il faudrait que le Conseil fasse taire ces menaces et fassent en sorte que les Rapporteurs spéciaux en parlent.

La Pasumai Thaayagam Foundation a condamné toutes les formes de racisme et d'intolérance avant de dénoncer l'oppression quotidienne au sein d'une société intolérante à Sri Lanka. Il a dénoncé ce qu'il a assimilé à un génocide avec le massacre de dizaines de milliers de Tamouls par le bombardement de zones dites non officielles, les campagnes de stérilisation forcées des femmes et la planification familiale forcée. La Fondation a donc appelé le Conseil à la mise en place d'une commission d'enquête internationale pour faire la lumière sur tous les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, passés et présents ainsi que sur les crimes de génocide contre les Tamouls.

La World Barua Organization a déploré que la discrimination fondée sur la race, la couleur et la religion soit en augmentation. Toutefois, des évolutions positives ont été envisagées par la communauté internationale contre la discrimination raciale en introduisant la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale en 1969, et la Conférence mondiale de Durban en 2001.

La Maarij Foundation for Peace and Development a déclaré suivre avec la plus grande inquiétude la situation des Rohingya musulmans au Myanmar, dans l'État de Rakhine. Des milliers d'entre eux ont fui vers les pays voisins, bravant les tempêtes en mer. Les réfugiés rohingya au Bangladesh vivent dans des conditions abjectes, a dénoncé la Fondation, en incitant à des mesures de protection et à l'abrogation par le Gouvernement du Myanmar de toutes les lois contre les musulmans rohingya. D'autre part, tous les gouvernements doivent faire pression contre le Myanmar pour mettre en place un tribunal chargé de punir les auteurs des violations à leur égard.

United Nations Watch a déploré que le prix Martin Ennals 2013 pour les défenseurs des droits de l'homme, distinction prestigieuse qui sera décernée le 8 octobre prochain par la Haut-Commissaire à Genève, s'apprête à rendre hommage à Mme Mona Seif, de l'Égypte. Ceci est une erreur car cette personne a cautionné publiquement des actes terroristes et les lancements de roquettes contre Israël par le Hamas, a affirmé UN Watch.

La Family Planning Association, I.R.Iran a dénoncé la propagande actuelle contre les musulmans chi'ites. L'islam enseigne que la dignité d'une personne est la dignité de l'humanité toute entière. Les terroristes d'Al Qaida commettent des attentats contre les chiites en toute impunité.

L'Agence des cités unies pour la coopération Nord-Sud a manifesté son inquiétude face à la situation des droits de l'homme en Chine, au détriment en particulier des membres du mouvement Falun Gong, victimes d'une véritable stratégie d'extermination de la part du parti communiste chinois.

Le Center for Human Rights and Advocacy a dénoncé le système de castes en Inde et constaté certaines atrocités perpétrés sous couvert de ce système. Après avoir procédé à une description de divers incidents de violence, voire meurtres ou viols fondés sur l'appartenance à une caste, l'intervenant a exhorté le Conseil à intervenir en faveur des castes, pour que les exactions soient répertoriées et les responsables d'abus comparaissent devant la justice.

Le Congrès du monde islamique a dénoncé le racisme galopant et la xénophobie flagrante en Inde, en particulier le système de castes et des pratiques discriminatoires dignes d'un autre siècle. En Inde, plus de 165 millions de personnes continuent d'être assujetties à la discrimination, à l'exploitation et à la violence simplement en raison de leur caste. Qualifiant cet état de choses «d'apartheid occulte» des dalits, l'ONG a rappelé qu'un rapport portant le même titre avait été publié en collaboration avec Human Rights Watch en réponse au rapport périodique de l'Inde au Comité pour l'élimination de la discrimination raciale.

L'Organization for Defending Victims of Violence a avancé sa propre définition de l'islamophobie l'entendant comme une opinion qui repose sur une haine infondée de l'islam et des musulmans, qui débouche sur un isolement, une privation, des discriminations verbales et écrites et à des abus commis contre eux. Elle a aussi évoqué une autre catastrophe, selon elle, qui est la tension sectaire, dont la montée est évidente depuis quelques mois dans la région du Moyen-Orient. Cette mentalité religieuse extrémiste, notamment contre les chrétiens et les chiites en Iraq, au Pakistan, en Arabie saoudite, en Syrie et la majorité chiite à Bahreïn, requiert toute l'attention du Conseil. Si rien n'est fait maintenant, demain il sera déjà trop tard, a averti l'ONG.

La Fraternité Notre Dame a chiffré entre 100 et 150 millions le nombre de chrétiens persécutés dans le monde, faisant du christianisme la religion la plus discriminée au monde. Toutes les cinq minutes un chrétien meurt pour sa foi. Au nom de la laïcité et de la liberté d'expression, des journalistes et des ministres insultent publiquement les chrétiens en France; c'est le signe d'une crise majeure en Europe. Rien ne dit que ce système médiatico-politique français ne se transformera pas en force de répression non plus morale, mais bien matérielle, s'est encore inquiétée la Fraternité, tout en alertant le Conseil sur cette christianophobie.

Verein Südwind Entwicklungspolitik s'est alarmée des tendances du panarabisme, «panirasime», et «pan-turkisme», qui menacent les minorités religieuses et ethniques dans les pays où se manifestent ces idéologies.

L'Islamic Women's Institute of Iran a taxé les médias occidentaux d'alimenter l'islamophobie, par ignorance, en véhiculant de fausses idées sur l'islam, en la décrivant comme une idéologie totalitaire et non comme une religion.

La Prevention Association of Social Harms a dénoncé la tragédie en Syrie, favorisée par les déclarations irresponsables de dignitaires salafistes. La préservation et la protection de la dignité humaine sont deux principes fondamentaux pour les droits de l'homme. Le Conseil doit condamner les violations des droits de l'homme à motivation religieuse.

Le Conseil indien d'Amérique du Sud a dénoncé les souffrances des peuples autochtones héritées du passé colonial. Les États-Unis, comme d'autres pays, restreignent le droit à l'autodétermination des peuples autochtones. Le Conseil indien a regretté que les organes des Nations Unies se défaussent de leurs responsabilités à cet égard.

L'Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale -EAFORD a souligné que les documents de Durban font des victimes de la discrimination raciale des sujets de droit. Il importe d'œuvrer à la lutte contre la discrimination religieuse à travers une action éducative, avec le soutien des États. L'organisation a préconisé la mise au point de programmes de formation aux droits de l'homme qui mettent l'accent sur la dignité humaine.

La Society of Iranian Women Advocating Sustainable Development of Environment a déclaré que la haine et la peur de l'Islam sont devenues réelles sous la forme d'un phénomène appelé islamophobie, qui tente de violer les droits des musulmans dans tous les aspects et à travers la présentation d'une image violente de l'islam et hostile à la paix. L'ONG a indiqué que toutes les religions monothéistes ont le droit de jouir de chances égales, ce qui est au cœur de son mandat.

Under the Same Sun Fund a déclaré que les personnes d'ascendance africaine atteintes d'albinisme sont souvent incomprises, marginalisées et vulnérables, et a exhorté le Conseil à les aider, d'autant plus que l'albinisme ne saurait être traité de tare ou de handicap. Dans plusieurs pays d'Afrique, les personnes atteintes d'albinisme sont parfois considérées comme mauvaises ou hantées. Il s'agit d'une violation flagrante des droits de ces personnes dans de nombreux États.

L'Africa Culture Internationale a prêté une attention particulière aux personnes d'ascendance africaine, qui constituent des populations souffrant d'un retard inqualifiable en termes de développement. La marginalisation de cette communauté qui a une tendance difficile à disparaître est une atteinte flagrante aux droits de l'homme, a-t-elle dénoncé, en invitant à une réflexion profonde sur le sort de ces communautés.

OCAPROCE International a encouragé à combattre le fléau du racisme sous toutes ses formes. La communauté internationale a la possibilité d'y mettre un terme par une approche novatrice et exhaustive, en prenant les mesures appropriées aux niveaux national, régional et international. En conclusion, l'ONG a dénoncé la situation régnant au Cachemire où sévit un racisme qui vise les jeunes en premier lieu.

L'Agence internationale pour le développement s'est attaquée aux préjugés et stéréotypes qui, au bout du compte, portent atteinte à la démocratie. Il convient de s'atteler à l'élimination des stéréotypes afin de ne pas laisser les minorités sans défense. Depuis le 11 septembre 2001, les mesures prises ont pris pour cible des minorités religieuses aussi bien en théorie que dans la pratique. Face à une peur diffuse de l'Islam, les principaux décideurs politiques du monde ont un rôle à jouer pour y remédier.
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Organisations non gouvernementales du débat général *: Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Association internationale des avocats et juristes juifs, Pasumai Thaayagam Foundation, World Barua Organization, Maarij Foundation for Peace and Development, United Nations Watch, Family Planning Association, I.R.Iran, Agence des cités unies pour la coopération Nord-Sud, Centre for Human Rights and Peace Advocacy, Congrès du monde islamique, Organization for Defending Victims of Violence, Fraternité Notre Dame, Verein Südwind Entwicklungspolitik, Islamic Women's Institute of Iran, Prevention Association of Social Harms, Conseil indien d'Amérique du Sud, Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, Society of Iranian Women Advocating Sustainable Development of Environment, Under The Same Sun Fund, Africa Culture Internationale.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC13/121F