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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L'IRLANDE ET LE MINISTRE DU TRAVAIL DE LA JORDANIE

Compte rendu de séance
Le Président de la Réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel fait également une déclaration

La Conférence du désarmement a tenu à la mi-journée, une séance plénière publique afin d'entendre le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l'Irlande et le Ministre du travail de la Jordanie, ainsi que le Président de la Réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

Le Ministre irlandais des affaires étrangères, M. Eamon Gilmore, a constaté que la Conférence du désarmement ne fonctionne plus depuis ses derniers succès majeurs en 1996. Il a exprimé l'espoir que le mois prochain, un traité sur le commerce des armes pourra être ajouté à la liste des succès remportés dans le domaine de la limitation des armements, mais a souligné que la négociation de ces instruments dans d'autres instances démontre que la Conférence du désarmement n'a plus le monopole des négociations dans ce domaine. Dix-huit ans après la prorogation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, on estime encore à 19 000 le nombre d'armes nucléaires dans le monde, ce qui est «tout simplement inacceptable». Le ministre irlandais a ensuite exhorté la République populaire démocratique de Corée à cesser immédiatement et sans conditions préalables tout essai nucléaire et toute activité balistique et à s'engager de nouveau dans les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

À l'instar du ministre irlandais, le Ministre du travail de la Jordanie, M. Nidal Alkatamine, a déploré le report, l'an dernier, de la conférence destinée à libérer le Moyen-Orient des armes nucléaires et de leurs vecteurs. Il faut que cette conférence se tienne le plus tôt possible car son report sape la confiance dans le système de non-prolifération, a déclaré M. Alkatamine. Le ministre jordanien a en outre plaidé en faveur de l'élargissement de la composition de la Conférence et de la nomination d'un coordonnateur spécial sur cette question. S'agissant des travaux de la Conférence du désarmement et tout en constatant qu'elle ne parvient toujours pas à trouver un consensus sur un programme de travail, la Jordanie continue néanmoins de croire que l'on pourra encore surmonter les obstacles par le biais du dialogue et de la conciliation de tous les points de vue.

Le Président de la Réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, M. Matjaž Kovačič, ambassadeur de Slovénie, a pour sa part a souligné que le 1er mars prochain, la communauté internationale célèbrera le quatorzième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention, qui compte aujourd'hui 161 États parties. Il a ensuite pris note de l'examen en cours de la politique des États-Unis concernant les mines antipersonnel et attiré l'attention sur des défis à long terme qui persistent, rappelant en particulier qu'il convient encore de nettoyer toutes les zones minées, de détruire tous les stocks de mines et de fournir une assistance aux victimes.

La Conférence a en outre entendu la délégation des États-Unis, qui a réagi aux interventions relatives à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, à l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, et à la question de l'essai nucléaire mené le 12 février dernier par la République populaire démocratique de Corée. La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée sont également intervenues à ce sujet.

En fin de séance, la Présidente de la Conférence, Mme Sujata Mehta a indiqué que des consultations sont en cours en ce qui concerne la marche à suivre pour que la Conférence puisse s'atteler à son travail ordinaire. Pour permettre aux membres de la Conférence de faire part de leurs points de vue, la prochaine séance de la Conférence sera consacrée à la question du désarmement nucléaire, sans préjudice du droit des délégations de s'exprimer sur d'autres questions clefs, a-t-elle indiqué.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra mardi prochain, 5 mars, à 10 heures.


Débat de haut niveau

M. Eamon Gilmore, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l'Irlande, a souligné qu'en dépit de ses réalisations notables – parmi lesquelles la Convention sur les armes biologiques, la Convention sur les armes chimiques ou encore le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, il est malheureusement clair que la Conférence du désarmement ne fonctionne plus. Depuis son dernier succès majeur – la conclusion de négociations sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996 – cette instance est devenue synonyme d'impasse et d'échec, a-t-il insisté. Nous devons rapidement inverser cette évolution, a déclaré M. Gilmore, rappelant qu'au mois de novembre dernier, l'Assemblée générale avait exprimé clairement son insatisfaction face à cet état de choses, établissant deux nouveaux mécanismes, ici à Genève, afin de faciliter les discussions sur des questions que la Conférence n'est pas parvenue à faire avancer. L'Irlande soutient les trois résolutions adoptées par l'Assemblée générale – celles créant les deux mécanismes susmentionnés et celle convoquant à New York une réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire; elles devraient en effet contribuer aux efforts en faveur du désarmement global. Le message de l'Assemblée générale est clair, a estimé M. Gilmore: si la Conférence continue d'ignorer sa responsabilité de traiter l'ordre du jour du désarmement dont elle est saisie, des voies seront trouvées de traiter cet ordre du jour par d'autres moyens, si nécessaire. J'espère donc, alors que l'Irlande présidera la Conférence au cours de sa session de 2013, que lorsque nous nous réunirons à New York plus tard cette année, nous serons en mesure de montrer que le travail a pu commencer ici, au sein de la Conférence.

M. Gilmore a par ailleurs exprimé l'espoir que le mois prochain, pourra être ajouté à la liste des success stories relatives au contrôle des armements un traité sur le commerce des armes qui soit solide et complet. La négociation de ces instruments dans d'autres instances démontre que la Conférence du désarmement n'a pas le monopole des négociations dans ce domaine, a souligné le Ministre irlandais. Dix-huit ans après la prorogation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), est estimé à 19 000 le nombre d'armes nucléaires dans le monde; c'est tout simplement inacceptable, a-t-il poursuivi. Le TNP a sans conteste réussi à prévenir la prolifération horizontale des armes nucléaires, mais il n'a pas stoppé leur prolifération verticale, a-t-il souligné. Dans quelques semaines, a-t-il rappelé, se tiendra à Genève la deuxième réunion du Comité préparatoire à la Conférence d'examen du TNP de 2015; M. Gilmore a exprimé l'espoir que pourra y être poursuivi le travail réalisé lors de la première réunion de ce Comité l'an dernier à Vienne. Soulignant que l'Irlande continue de soutenir fermement les efforts visant à instaurer une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, il a en outre exprimé l'espoir que la conférence d'Helsinki, qui ne s'est malheureusement pas tenue l'an dernier, pourra commencer ses travaux dès que possible cette année. M. Gilmore a en outre salué l'initiative de la Norvège d'accueillir une conférence à Oslo, la semaine prochaine, sur l'impact humanitaire des armes nucléaires.

L'Irlande a toujours soutenu que les armes nucléaires ne pourront jamais garantir et ne garantiront jamais la sécurité de quelque nation que ce soit, a-t-il souligné, ajoutant que leur seule possession comporte des risques inacceptables et que leur seule existence menace la sécurité internationale. La décision de la République populaire démocratique de Corée de procéder à un essai d'engin explosif nucléaire au début de ce mois – décision condamnée à juste titre par la communauté internationale, constitue un défi pour nous tous, a ensuite déclaré M. Gilmore. La République populaire démocratique de Corée doit réaliser qu'en défiant les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, en ignorant les engagements qu'elle a contractés en vertu du TNP et en refusant de coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique, elle ne fait que s'isoler un peu plus de la communauté internationale. Aussi, M. Gilmore a-t-il exhorté la République populaire démocratique de Corée à cesser immédiatement et sans conditions préalables tout essai nucléaire et toute activité de missile balistique et à se réengager dans les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Enfin, M. Gilmore a rappelé que l'Irlande est un fervent partisan d'un solide traité sur le commerce des armes et a exprimé l'espoir que les négociations du mois prochain aboutiront à l'adoption de ce nouveau traité d'une importance capitale. Nous avons besoin d'un traité sur les matières fissiles; nous avons besoin que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires entre en vigueur; nous avons besoin de progresser sur la voie de l'application des obligations de désarmement en vertu du TNP; et davantage de travail est requis pour parvenir à l'adhésion universelle aux principaux traités existants, a conclu M. Gilmore.

M. Nidal Alkatamine, Ministre du travail de la Jordanie, a réitéré la confiance de son pays dans la capacité qu'aura la présidence de mener la Conférence vers les objectifs nobles qui sont les siens. Malheureusement, depuis plusieurs années, la Conférence, malgré de bonnes intentions, ne parvient pas à trouver un consensus sur un programme de travail, a-t-il rappelé. En dépit de cette situation, la Jordanie continue de croire que l'on pourra encore surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de la Conférence, par le biais du dialogue et de la conciliation de tous les points de vue.

Le Ministre jordanien a plaidé en faveur de l'élargissement de la composition de la Conférence, afin qu'elle représente réellement la volonté de tous et ne soit plus un club fermé à la majorité. Il conviendrait donc de nommer un coordonnateur spécial sur cette question, a insisté le Ministre, rappelant que son pays n'est pas membre de la Conférence mais n'en œuvre pas moins en faveur des objectifs du désarmement. Le Moyen-Orient présente des défis qui représentent une menace imminente pour la paix non seulement dans la région mais dans le monde, a poursuivi le Ministre. La Jordanie déplore le report de la conférence destinée à libérer le Moyen-Orient des armes nucléaires et de leurs vecteurs; il faut que cette conférence se tienne le plus tôt possible car son report sape la confiance dans le système de non-prolifération, a par ailleurs souligné le Ministre. La recherche d'une solution au conflit israélo-palestinien au moyen de la création d'un État palestinien ayant pour capitale Al Qods contribuera à la sécurité pour tous, a-t-il en outre ajouté.

M. MATJAŽ KOVAČIČ (Slovénie) Président de la douzième Réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, a rappelé que le 1er mars prochain, la communauté internationale célèbrera le quatorzième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention – un instrument majeur du point de vue humanitaire ainsi que du point de vue du désarmement et du développement. Avec l'accession, l'an dernier, de la Pologne et de la Slovaquie à cette Convention, le nombre d'États qui se sont solennellement engagés à mettre un terme aux souffrances et aux décès causés par les mines antipersonnel s'élève désormais à 161, incluant tous les États de l'Union européenne et tous les États de l'Afrique subsaharienne. Lors de la douzième Réunion des États parties à la Convention qu'il a présidée, M. Kovačič a été heureux d'apprendre que l'examen de la politique des États-Unis concernant les mines antipersonnel était en cours et que les États-Unis espèrent être en mesure d'annoncer une décision bientôt; il a appelé les États-Unis à conclure cet examen de telle manière à faire bientôt lui aussi partie de ce mouvement.

M. Kovačič a ensuite attiré l'attention sur des défis à long terme qui persistent, soulignant qu'il convient encore de nettoyer toutes les zones minées, de détruire tous les stocks de mines et de fournir une assistance aux victimes. Il a toutefois fait valoir qu'en quatorze ans, depuis l'entrée en vigueur de la Convention, des progrès significatifs ont été réalisés. Lors de la douzième Réunion des États parties, six pays ont annoncé avoir achevé le processus de nettoyage de toutes les zones minées se trouvant sous leur juridiction ou sous leur contrôle: Congo, Danemark, Gambie, Guinée-Bissau, Jordanie et Ouganda. Cela porte à 23 le nombre d'États parties qui ont accompli cette obligation, la Hongrie ayant confirmé qu'elle achèverait ses activités de nettoyage des mines en 2013 et le Mozambique et le Venezuela indiqué viser l'achèvement de ce processus dans le délai fixé, c'est-à-dire en 2014. Depuis l'entrée en vigueur de la Convention, les États parties ont au total détruit plus de 44,5 millions de mines antipersonnel qui étaient stockées. Enfin, M. Kovačič a appelé tous les membres de la Conférence qui ne l'ont pas encore fait à devenir parties à la Convention dès que possible.

Autres déclarations

La République populaire démocratique de Corée a dénoncé la politique de plus en plus hostile des États-Unis à l'égard de la République populaire démocratique de Corée. L'essai nucléaire mené récemment par la République populaire démocratique de Corée était une mesure déterminée de légitime défense pour faire face aux actes hostiles des États-Unis de violation du droit légitime de la République populaire démocratique de Corée de lancer un satellite à des fins pacifiques. En réalité, le pays n'avait nulle intention de mener cet essai nucléaire, ni besoin de le faire. Le lancement par la République populaire démocratique de Corée du satellite Kwangmyongsong 3-2 en décembre dernier s'inscrivait dans le droit légitime d'un État souverain en vertu du droit international. Ce sont les États-Unis qu'il convient de blâmer pour la situation sur la péninsule coréenne qui est à présent à deux doigts d'une phase imprévisible. En outre, c'est un non-sens que de prétendre que la République populaire démocratique de Corée constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales parce qu'elle a utilisé une technologie de missile balistique, comme le prétendent les États-Unis, alors que selon leur propre logique, on peut affirmer que ce sont les États-Unis qui constituent la plus grande menace, puisque ce sont eux qui ont mené le plus d'essais nucléaires et de lancements de satellites, y compris des satellites militaires. Les États-Unis ne devraient plus être autorisés à enfreindre le droit de la République populaire démocratique de Corée d'utiliser l'espace à des fins pacifiques, pas plus qu'ils ne devraient être autorisés à abuser du Conseil de sécurité en s'en servant comme d'un outil pour mener à bien leur politique hostile. Le troisième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée a été mené dans le cadre de contremesures concrètes visant à défendre la souveraineté et la sécurité du pays face aux comportements hostiles des États-Unis. La République populaire démocratique de Corée est convaincue que la Conférence du désarmement accordera toute l'attention voulue au fait que l'essence de la situation créée sur la péninsule coréenne relève d'une question grave qui est de savoir si la souveraineté d'un État Membre des Nations Unies est respectée ou violée.

Les États-Unis ont rappelé qu'ils sont en train de procéder à un examen de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel et ont rappelé la somme de deux milliards de dollars au total qu'ils ont allouée aux programmes de neutralisation des mines. S'agissant de la question des zones exemptes d'armes nucléaires, les États-Unis ont fait part de leur plus profonde admiration pour le travail effectué par le facilitateur pour la tenue de la conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, l'Ambassadeur Jaakko Laajava de Finlande, qui a effectué un nombre incalculable de voyages au Moyen-Orient. Pour ce qui est de la République populaire démocratique de Corée, les États-Unis ont indiqué s'être déjà exprimés à deux reprises devant la Conférence sur cette question.

La République de Corée a relevé que ces trois derniers jours, nombre de déclarations de hauts dignitaires ont condamné la poursuite des essais nucléaires en République populaire démocratique de Corée. La République de Corée espère que la République populaire démocratique de Corée deviendra un membre responsable de la communauté internationale, plutôt que de consacrer ses ressources aux armes balistiques nucléaires.

La République populaire démocratique de Corée a déclaré que la République de Corée devrait être prudente face à sa déclaration négligée. La République populaire démocratique de Corée a dénoncé le mouvement provocateur qui amène une situation explosive sur la péninsule coréenne. Il vaudrait mieux que la République de Corée reste tranquille et s'occupe davantage de ses affaires intérieures, en faisant preuve de davantage de patience, plutôt que de semer le trouble en ouvrant ça et là des boîtes de Pandore.

La République de Corée a invité la République populaire démocratique de Corée à renoncer à ses ambitions nucléaires et à choisir le chemin de la paix.


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DC13/009F