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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE RESPONSABLE DU DÉSARMEMENT AU MINISTÈRE JAPONAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Compte rendu de séance
Elle entend également des déclarations des Pays-Bas, de la Chine et du Royaume-Uni au sujet du programme de travail qui doit encore être adopté

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Directeur général du Département du désarmement, de la non-prolifération et des sciences du Ministère des affaires étrangères du Japon, M. Mitsuru Kitano, ainsi que des interventions des Pays-Bas, de la Chine et du Royaume‑Uni.

Dans sa déclaration, M. Kitano a notamment indiqué que son pays accorde la plus haute priorité à un traité d'interdiction de la production des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire qui, de l'avis du Japon, devrait constituer la prochaine étape dans le processus de désarmement nucléaire. Dans ce contexte, le Japon soutient le projet proposé la semaine dernière par le Président et demande à chaque délégation de faire preuve de la plus grande souplesse. D'autre part, le Japon met l'accent sur le maintien et le renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu'instrument multilatéral essentiel dans le domaine du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, M. Kitano faisant valoir que le Japon œuvre avec ses partenaires de l'Initiative pour la non-prolifération et le désarmement afin d'avancer des propositions spécifiques pour l'application progressive du plan d'action issu de la Conférence d'examen de 2010 du TNP.

Évoquant en début de séance les consultations qu'il a menées afin de faire progresser les travaux de la Conférence et plus précisément concernant son projet de programme de travail pour cette année, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur András Dékány de Hongrie, a indiqué avoir poursuivi les consultations bilatérales, notamment avec les six délégations qui présideront la Conférence au cours de 2013 (le «P6») et a précisé qu'il rencontrerait les membres du Groupe des 21 cette semaine. M. Dékány a ajouté qu'il restait disponible pour toute consultation avec tout groupe ou toute délégation et qu'il pourrait ensuite distribuer un projet de programme de travail sur la base des résultats de l'ensemble des consultations qu'il aura menées.

La Conférence a par ailleurs accepté les demandes du Koweït, de Malte et du Monténégro de participer à ses travaux en tant qu'observateurs.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 12 février, à 10 heures.



Aperçu des déclarations

M. MITSURU KITANO, Directeur général du Département du désarmement, de la non-prolifération et des sciences au Ministère des affaires étrangères du Japon, a souligné que, pour le gouvernement de M. Fumio Kishida arrivé au pouvoir au Japon à la fin 2012, le degré de priorité élevé accordé par la politique étrangère japonaise au désarmement nucléaire et à la non-prolifération reste le même. Eu égard à son histoire, le Japon est attaché au désarmement nucléaire et y accorde une grande importance. Il considère que les consultations multilatérales devraient produire des résultats tangibles afin de se rapprocher d'un monde exempt d'armes nucléaires, a insisté M. Kitano. Parallèlement, il est vraiment regrettable que la Conférence soit restée inopérante si longtemps, a-t-il poursuivi. Aussi, a-t-il salué les efforts que le Président de la Conférence et les autres délégations ont déployés afin de rechercher un accord sur un programme de travail qui permette à la Conférence de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis plusieurs années.

Bien que chaque point de l'ordre du jour de la Conférence soit important, le Japon accorde la plus haute priorité à un traité d'interdiction de la production des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire (FMCT) qui, de l'avis du Japon, devrait constituer la prochaine étape dans le processus de désarmement nucléaire, a indiqué M. Kitano. «Dans ce contexte, nous soutenons votre idée, monsieur le Président, et demandons à chaque délégation de faire preuve de la plus grande souplesse», a-t-il ajouté. Bien que la Conférence soit le meilleur lieu où négocier des instruments multilatéraux, le groupe d'experts gouvernementaux sur un FMCT mis en place par une résolution de l'Assemblée générale l'an dernier devrait produire des résultats tangibles et apporter une valeur ajoutée aux discussions passées, a poursuivi M. Kitano. «Eu égard à sa considérable expérience dans le domaine de l'énergie nucléaire, le Japon est disposé à contribuer» à ce groupe d'experts, a-t-il déclaré. D'autre part, le Japon met l'accent sur le maintien et le renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant qu'instrument multilatéral essentiel dans le domaine du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, a indiqué M. Kitano. Il a rappelé que la deuxième session du Comité préparatoire de la prochaine Conférence d'examen du TNP se tiendrait à Genève à compter du 22 avril prochain et a souligné que le Japon œuvre avec ses partenaires de l'Initiative pour la non-prolifération et le désarmement afin d'avancer des propositions spécifiques pour l'application progressive du plan d'action issu de la Conférence d'examen du TNP de 2010. Le Japon et ses partenaires vont dans ce contexte soumettre six documents de travail conjoints et, avant la tenue de la deuxième session du Comité préparatoire, les ministres de l'Initiative vont se réunir à La Haye, le Japon accueillant une réunion ministérielle à Hiroshima avant la tenue de la troisième session du Comité préparatoire, l'an prochain.

Les Pays-Bas ont exprimé l'espoir que le sentiment d'urgence qui s'exprime au sein de la Conférence, au regard de l'impasse dans laquelle elle se trouve, se traduira par davantage de souplesse et une véritable volonté de compromis de la part des États membres afin de sortir de cette spirale négative. Les Pays-Bas ont toujours maintenu une approche pragmatique et souple à l'égard du programme de travail, lequel, de leur point de vue, ne constitue pas une fin en soi mais un moyen de commencer un travail de fond, y compris des négociations. Le principal objectif est de progresser sur des questions de désarmement prioritaires par le biais du lancement de négociations et non pas la survie de la Conférence elle-même. «Notre première priorité est le lancement de négociations sur un FMCT en tant que première étape indispensable sur la voie d'un monde exempt d'armes nucléaires», estiment les Pays-Bas, qui constatent que cette priorité est partagée par une écrasante majorité des délégations. Les Pays-Bas considèrent que la Première Commission de l'Assemblée générale a enregistré, l'an dernier, ses meilleurs résultats de ces dernières années, adoptant à de très larges majorités trois résolutions importantes concernant la création d'un groupe d'experts gouvernementaux chargé d'envisager les éléments à inclure dans un FMCT; la création d'un groupe de travail sur le désarmement nucléaire; et la tenue d'une réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire. Les Pays-Bas espèrent sincèrement que l'adoption de ces résolutions guidera la Conférence vers le lancement de réelles négociations sur un FMCT et, par la suite, sur le désarmement nucléaire. Les Pays-Bas toutefois que le projet de programme de travail proposé par le Président accorde la priorité à la question de négociations sur le désarmement nucléaire, les négociations sur un FMCT ne constituant plus un point séparé mais faisant désormais partie du paragraphe sur le désarmement nucléaire. Cela demande aux Pays-Bas «de faire une concession majeure sur ce point», mais, dans la recherche de moyens pragmatiques de réaliser des progrès sur les questions de désarmement, les Pays-Bas sont disposés à faire ce compromis et appellent d'autres délégations à faire de même.

La Chine a indiqué qu'elle souhaitait que la Conférence adopte dès que possible un programme de travail complet et équilibré et engage son travail de fond en conséquence. La Chine a précisé qu'elle était en train d'étudier avec soin la proposition faite à cet égard par le Président de la Conférence. Elle a en outre exprimé l'espoir que le Président mènerait d'autres consultations afin de répondre aux préoccupations des différentes parties et de surmonter les divergences. La Chine a par ailleurs indiqué que de son point de vue, la Conférence est le seul lieu approprié pour les négociations relatives à un FMCT. Quant à la question du désarmement nucléaire, le document final de la Conférence d'examen du TNP de 2010 a déjà formulé un plan d'action pour le désarmement nucléaire, a-t-elle rappelé. En outre, cette question figure également à l'ordre du jour actuel de la Conférence. Le désarmement nucléaire devrait être mené progressivement dans les mécanismes existants, y compris la Conférence du désarmement, conformément au plan d'action, a insisté la Chine. Elle ne soutient pas le déplacement de questions aussi essentielles que le désarmement nucléaire ou le FMCT en dehors de la Conférence; cela ne pourra que saper l'autorité de la Conférence et le processus global de désarmement et de contrôle des armements. Rappelant que la prévention d'une course aux armements dans l'espace est une priorité élevée pour elle, la Chine a exprimé l'espoir que la Conférence engage des discussions de fond sur cette question dès que possible et commence la négociation sur la base du projet de traité présenté en la matière en 2008 par la Chine et la Fédération de Russie.

Enfin, le Royaume-Uni a remercié le Président de la Conférence pour le travail qu'il a déjà effectué avec son équipe en vue de rapprocher cette instance d'un programme de travail. Le Royaume-Uni a ensuite souhaité attirer l'attention sur les actions unilatérales qu'il a déjà entreprises dans le domaine du désarmement et afin de s'acquitter de ses obligations au titre du TNP. Le Royaume-Uni a rappelé ce qui a été convenu dans le cadre du plan d'action issu de la Conférence d'examen de 2010 du TNP et a souligné que «si nous sommes en retard sur certains engagements, nous ne les avons pas abandonnés». Progresser et définir les priorités sera essentiel pour créer l'environnement international adéquat permettant de parvenir à l'objectif commun d'un monde exempt d'armes nucléaires, estime le Royaume-Uni. Un traité sur les matières fissiles est l'un des éléments clefs de cet environnement et constitue la prochaine étape logique. Le Royaume-Uni souhaite que les négociations sur un tel traité démarrent dès que possible. Le Royaume-Uni a salué l'initiative du Canada de créer un groupe d'experts gouvernementaux chargé d'explorer les questions ayant trait au FMCT pour alimenter les négociations au sein de la Conférence; «peut-être cela peut-il nous permettre d'avancer». La Conférence reste la meilleure option pour des négociations sur un FMCT, et le Royaume-Uni doute de l'opportunité de chercher à élaborer un traité qui ne soit pas basé sur le consensus ou dans le cadre d'une instance qui ne comporte pas tous les acteurs essentiels. À l'instar des Pays-Bas, le Royaume-Uni pense que le projet de programme de travail présenté par la présidence actuelle de la Conférence n'est pas optimum. De l'avis du Royaume-Uni, le programme de travail figurant dans le document CD/1864 «nous rapproche de l'objectif» et la question des matières fissiles devrait être traitée par le biais d'un groupe de travail distinct. Il n'en demeure pas moins que le Royaume-Uni estime que chacun devrait accorder sa chance à l'approche proposée par le Président car elle offre une possibilité de remettre la Conférence au travail; pour sa part, le Royaume-Uni serait également disposé à faire preuve de souplesse si d'autres font de même.


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DC13/004F