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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES HAUTS DIGNITAIRES DE HUIT PAYS

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une séance plénière au cours de laquelle elle a entendu le Vice-Président de l'Iraq et le Vice-Premier Ministre de la Slovaquie, ainsi que les Ministres des affaires étrangères de la Mongolie, du Qatar, du Viet Nam et de l'Estonie et les Vice-Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan et du Japon.

Le Vice-Président de l'Iraq, M. Khudier Alkhuzaie, a assuré que son pays est fermement attaché au respect et à l'application des traités et conventions relatifs à la non-prolifération et au désarmement. Le pays a ratifié, l'an dernier, les instruments internationaux relatifs aux armes chimiques et biologiques et aux mines antipersonnel, il a adhéré au système de garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique et s'apprête à ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et la Convention sur les armes à sous-munitions. L'Iraq est favorable à l'ouverture de négociations sur un programme progressif d'élimination totale des armes nucléaires selon un calendrier précis.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, M. Miroslav Lajèák, a regretté que la Conférence n'ait pas encore été en mesure d'adopter son programme de travail et s'est dit déçu que des ambitions individuelles aient prévalu sur les intérêts de la sécurité mondiale. Il faut rechercher d'autres manières d'ouvrir le dialogue sur le désarmement et de faire avancer les négociations multilatérales, notamment par le biais du groupe de travail chargé de ces questions par l'Assemblée générale.

La Mongolie, qui fêtait l'an dernier le vingtième anniversaire de la déclaration faisant du pays un territoire exempt d'armes nucléaires, continuera d'encourager le renforcement des zones exemptes d'armes nucléaires et la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Nord-Est, a indiqué son Ministre des affaires étrangères. Le pays est en outre disposé à contribuer à la promotion de l'objectif visant à débarrasser la péninsule coréenne de toute arme nucléaire par le biais de la négociation et de la coopération.

Le Ministre qatarien a souligné que son pays organise régulièrement des conférences et séminaires sur les questions liées au désarmement. Exerçant le droit de tout État de se doter et d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, le Qatar a créé un comité sur la mise en place des institutions qui seront chargées de la gestion de l'utilisation de l'énergie nucléaire dans le pays.

Le chef de la diplomatie vietnamienne a pour sa part rappelé que le Viet Nam a pour politique de respecter la paix, de s'opposer à la guerre et de soutenir tous les efforts en vue du désarmement, notamment le désarmement nucléaire et l'élimination des autres armes de destruction massive. Il attend de la Conférence qu'elle obtienne des résultats tangibles pour renforcer la paix, la stabilité et la sécurité dans le monde.

Le Ministre estonien a regretté que la Conférence n'ait toujours pas adopté son programme de travail et s'est dit favorable à l'ouverture immédiate de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, prochaine étape logique des négociations sur le désarmement et dont les négociations, de l'avis de l'Estonie, devraient se dérouler dans le cadre de la Conférence.

La Conférence a également entendu le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, qui a notamment condamné l'essai nucléaire mené par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité et lancé un appel en faveur de la reprise immédiate des pourparlers à six, ainsi que le Vice-Ministre parlementaire aux affaires étrangères du Japon, qui a également appelé la République populaire démocratique de Corée à appliquer sans réserve ni délai les résolutions du Conseil de sécurité et à prendre des mesures concrètes pour régler plusieurs questions préoccupantes en suspens, notamment les enlèvements de citoyens japonais et la poursuite de son programme nucléaire et balistique.

Des déclarations ont également été faites par les délégations de la République populaire démocratique de Corée, de la République de Corée et du Japon.


La Conférence du désarmement se réunira en séance publique demain à partir de midi. Elle devrait entendre des allocutions du Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l'Irlande, du Ministre du travail de la Jordanie et de l'ambassadeur de Slovénie, Président de la Réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.


Débat de haut niveau

M. KHUDIER ALKHUZAIE, Vice-Président de l'Iraq, a assuré que son pays est partisan du respect et de l'application des traités et conventions relatifs à la non-prolifération et au désarmement. C'est pourquoi l'Iraq a ratifié, l'an dernier, les instruments internationaux relatifs aux armes chimiques et biologiques et aux mines antipersonnel. L'Iraq a également adhéré au régime de garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et s'apprête à ratifier tant le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires que la Convention sur les armes à sous-munitions, ayant obtenu pour cela l'aval du Parlement en septembre dernier. L'Iraq est d'avis que la Conférence du désarmement est la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, ce qui signifie que ses membres doivent redoubler d'efforts en vue de l'adoption d'un programme de travail équilibré. De l'avis de l'Iraq, la Conférence doit accorder la priorité au désarmement nucléaire. L'Iraq est favorable au lancement de négociations sur un programme progressif d'élimination totale des armes nucléaires, obéissant à un calendrier précis et incluant la signature d'une convention y relative. D'autre part, l'Iraq estime nécessaire que les États adoptent un instrument juridiquement contraignant protégeant les États non dotés d'armes nucléaires contre l'utilisation ou la menace de l'utilisation de telles armes.

M. Alkhuzaie a par ailleurs rappelé que l'Iraq est favorable à la création de zones régionales exemptes d'armes nucléaires, en tant qu'étape importante vers l'élimination totale des armes nucléaires. C'est pourquoi son pays a appuyé, par le passé, les initiatives visant l'instauration d'une telle zone au Moyen-Orient. Il importe dans ce contexte de mettre en œuvre la résolution 487(1981) du Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité dans cette région – laquelle appelle à l'élimination des armes de destruction massive et avant tout des armes nucléaires – ainsi que les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale, adoptées par consensus. La dénucléarisation du Moyen-Orient doit commencer par l'adhésion d'Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la soumission de ses installations nucléaires au régime de garanties de l'AIEA et le début du démantèlement de son arsenal nucléaire. Ces demandes ont été formulées par les États arabes dans la Déclaration de Bagdad, adoptée en 2012.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la République de Slovaquie, a dénoncé le troisième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée le 12 février dernier, qu'il a qualifié d'acte irresponsable et provocateur constituant une violation des obligations internationales de ce pays. Dans ces circonstances, qui compromettent la sécurité internationale, et alors que la communauté internationale est confrontée à des violations graves et flagrantes du droit international, la Slovaquie s'étonne que le débat (au sein de la Conférence) porte sur la question d'ouvrir ou non des négociations sur le désarmement et la non-prolifération. M. Lajčák a regretté que la Conférence n'ait pas été en mesure d'adopter un programme de travail et s'est dit déçu que des ambitions individuelles aient prévalu sur les intérêts de la sécurité mondiale. La Slovaquie considère que la Conférence est l'unique instance multilatérale pour la négociation dans le domaine du désarmement. Les États membres de la Conférence ont donc la responsabilité de débloquer la situation, a souligné le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères. Mais ils ne doivent pas non plus négliger de rechercher d'autres manières d'ouvrir le dialogue sur le désarmement et de faire avancer les négociations multilatérales, a-t-il ajouté, avant de préciser que son pays s'associe aux deux résolutions concernant ces questions adoptées l'an dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies et susceptibles de donner un nouvel élan aux travaux de la Conférence.

La Slovaquie est favorable à l'ouverture immédiate de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, qui serait l'une des pierres de l'édifice d'un monde dénucléarisé, a poursuivi M. Lajčák. Un tel traité offrirait une occasion unique de créer un régime non-discriminatoire, conférant des obligations égales aux acteurs nucléaires et non nucléaires. Il renforcerait en outre la communauté internationale dans ses efforts pour empêcher des groupes terroristes de se procurer des matières utilisables dans la production d'armes nucléaires. Enfin, la Slovaquie soutient fermement les démarches des Nations Unies visant l'adoption d'un instrument de réglementation du commerce international légal d'armes réprimant leur commerce illicite. La Slovaquie regrette que la Conférence tenue en juillet 2012 sur cette question ne soit pas parvenue à adopter un tel texte, mais elle n'en est pas moins convaincue de l'existence d'une détermination commune de changer la situation, a indiqué M. Lajčák.

M. LUVSANVANDAN BOLD, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a tenu à mettre en exergue, un an après l'établissement du «nouveau Gouvernement pour les changements», la continuité de la politique étrangère de son pays, en particulier pour ce qui est des priorités accordées aux questions principales de l'ordre du jour de la Conférence. Le Gouvernement de la Mongolie continuera à s'engager activement en faveur des objectifs du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a-t-il souligné. La Mongolie met particulièrement l'accent sur le maintien et le renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en tant qu'instrument multilatéral essentiel dans le domaine du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, a précisé M. Bold. Il a indiqué que son pays soutient les initiatives visant à promouvoir l'application vigoureuse du Plan d'action de 2010 - adopté lors de la Conférence d'examen du TNP de mai 2010 – qui a renforcé le régime international de non-prolifération nucléaire. M. Bold a exprimé l'espoir que les trois sessions du Comité préparatoire pour la Conférence d'examen du TNP de 2015 offrent une orientation dans le cadre du nouveau cycle d'examen du Traité.

Le Ministre mongol des affaires étrangères a ensuite souligné que, si tous les points de l'ordre du jour de la Conférence sont importants, la Mongolie attache une haute priorité au désarmement nucléaire. Dans ce contexte, a-t-il indiqué, le pays se félicite des résultats enregistrés l'an dernier par la Première Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui a adopté trois résolutions essentielles concernant l'établissement d'un Groupe d'experts gouvernementaux sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, l'établissement d'un Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire et la convocation d'une Réunion de haut niveau le 26 septembre à New York. De l'avis de la Mongolie, a déclaré le Ministre des affaires étrangères, le futur traité pourrait contribuer à ses deux objectifs, qui sont le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Aussi, M. Bold a-t-il réitéré le soutien de son pays au lancement de négociations sur un tel traité dans le cadre d'un programme de travail équilibré. Il a par ailleurs indiqué que, si la Conférence de l'an dernier sur le traité relatif au commerce des armes n'est pas parvenue à adopter un instrument juridiquement contraignant, la Mongolie n'en espère pas moins que l'on parviendra à établir un traité solide et juridiquement contraignant lors de la Conférence finale sur le traité relatif au commerce des armes qui doit se tenir au mois de mars à New York. Le Ministre des affaires étrangères a ensuite rappelé que l'an dernier avait marqué le vingtième anniversaire de la déclaration par la Mongolie de son territoire comme étant un territoire exempt d'armes nucléaires et a indiqué apprécier grandement l'engagement pris par les «P5» de respecter ce statut. Il a précisé que la Mongolie chercherait encore à obtenir des garanties de sécurité entières en institutionnalisant son statut unique. Rappelant par ailleurs que la Mongolie encourage le renforcement des zones existantes exemptes d'armes nucléaires, il a indiqué que son pays était disposé à contribuer à la promotion de l'objectif visant à débarrasser la péninsule coréenne de toute arme nucléaire par le biais de la négociation et de la coopération et, à plus grande échelle, à établir une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Nord-Est. Enfin, M. Bold a estimé que la Conférence était le lieu le plus approprié pour conduire des négociations multilatérales dans le domaine du désarmement et a donc plaidé en faveur d'efforts visant à préserver et renforcer l'autorité de cette instance.

M. KHALID BIN MOHAMMAD AL ATTIYAH, Ministre d'État pour les affaires étrangères du Qatar, a déclaré que le moment était venu pour la Conférence du désarmement de réviser les conditions de participation à ses travaux, afin d'y permettre un engagement plus important des États non membres et de la société civile et de devenir plus ouverte et démocratique. C'est dans cet esprit que l'État du Qatar appelle tous les États membres à entériner la désignation d'un rapporteur spécial sur l'élargissement de la Conférence du désarmement. Eu égard à ses convictions en matière de désarmement et de stabilité et de sécurité, l'État du Qatar a ratifié de nombreux instruments internationaux dans ce domaine, a ajouté M. Al Attiyah. Au niveau régional, a-t-il poursuivi, le Qatar organise régulièrement des conférences et séminaires sur les questions liées au désarmement, comme en témoigne, par exemple, la Conférence sur la prévention de la prolifération des armes nucléaires dans le Golfe, tenue en mars 2012. L'État du Qatar s'est doté d'un comité chargé de définir le cadre législatif et réglementaire des institutions qui seront chargées de la gestion de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et a créé le tout premier Institut des études du désarmement, a en outre fait valoir M. Al Attiyah. Le Qatar souligne le droit de tous les États de se doter et d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, conformément aux engagements juridiques pertinents.

L'État du Qatar défend par ailleurs la création, au Moyen-Orient, d'une zone exempte d'armes nucléaires et d'armes de destruction massive, a poursuivi le Ministre. Il a indiqué regretter profondément le report de la conférence qui devait se tenir à Helsinki sur cette question en décembre dernier, malgré la volonté de participation de toutes les parties concernées, à l'exception d'Israël – seul État de la région qui ne soit pas encore membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). M. Attiyah a exprimé l'espoir que cette conférence se tiendrait à une date ultérieure avec la participation d'Israël. Il a demandé que ce pays soit mis sous pression d'adhérer au TNP et de placer l'ensemble de ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l'AIEA, en tant qu'étapes importantes pour la paix et la sécurité régionales et pour éviter une course aux armements. Le Qatar salue enfin l'adoption de la résolution 67/56 de l'Assemblée générale, portant notamment création d'un groupe de travail chargé de formuler des propositions sur la reprise des négociations sur le désarmement.

M. ALEKSEY VOLKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que son pays considère la Conférence du désarmement comme la seule instance multilatérale permanente pour les négociations sur les principaux mécanismes de renforcement de la sécurité internationale. Aussi, a-t-il souligné que les activités du Groupe d'experts gouvernementaux sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et du Groupe de travail chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire – tous deux établis conformément aux décisions (résolutions 67/53 et 67/56) prises lors de la soixante-septième session de l'Assemblée générale des Nations Unies – devraient viser à renforcer plus avant le rôle et le prestige de la Conférence. La suspension des travaux de la Conférence jusqu'à ce qu'un environnement politique approprié émerge, la création de plateformes alternatives ou encore le transfert de certaines questions en dehors de la Conférence sont inacceptables pour le Kazakhstan, a-t-il insisté. Il a estimé qu'il conviendrait d'envisager sérieusement de réviser les règles de procédure et de procéder à des réformes systémiques au sein de la Conférence. M. Volkov a toutefois affirmé que la règle du consensus, qui assure la protection des intérêts de tous les États indépendamment de leur taille ou de tout autre critère, ne devrait pas être remise en question. S'agissant des questions de sécurité et de diplomatie multilatérale, tout le monde devrait être égal, a-t-il insisté. Le Kazakhstan soutient fermement un élargissement de la composition de la Conférence et estime qu'une implication accrue de la communauté internationale et de la société civile dans le processus de désarmement apporterait un travail significatif dans l'esprit des Nations Unies.

M. Volkov a ensuite attiré l'attention sur l'initiative du Président du Kazakhstan visant l'élaboration et l'adoption d'une déclaration universelle des Nations Unies sur un monde exempt d'armes nucléaires. Il a invité tous les pays intéressés à prendre part aux consultations afin d'élaborer un texte mutuellement acceptable pour tous concernant une telle déclaration. Insistant par ailleurs sur l'importance de l'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires en tant que mesure pratique et raisonnable de non-prolifération, le Vice-Ministre kazakhe des affaires étrangères a exprimé l'espoir que puisse être appliqué l'un des points les plus importants de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, à savoir la création d'une telle zone au Moyen-Orient. M. Volkov a par ailleurs souligné que les parties au Traité sur une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale sont déterminées à achever le processus d'institutionnalisation dudit Traité et disposées à engager un dialogue avec les cinq États dotés de l'arme nucléaire afin de signer un protocole apportant des garanties négatives de sécurité; au mois d'avril prochain, a précisé le Vice-Ministre, il est prévu de tenir à Almaty une réunion d'experts juridiques sur la signature d'un tel protocole. Aujourd'hui, 26 février 2013, a débuté à Almaty le prochain cycle de négociations des pourparlers à six sur le programme nucléaire iranien, a par ailleurs souligné M. Volkov, avant d'exprimer l'espoir que cet événement permettrait de promouvoir une convergence des approches, contribuant ainsi au règlement pacifique de cette importante question. Le Vice-Ministre kazakhe a ensuite salué la décision du Président Obama de chercher à obtenir la ratification par le Sénat des États-Unis du traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Après avoir condamné «un essai nucléaire mené par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité», M. Volkov a lancé un appel en faveur de la reprise immédiate des pourparlers à six sur le programme nucléaire nord-coréen et a exhorté Pyongyang à s'abstenir de toute mesure qui pourrait entraîner une escalade de la tension.

MME TOSHIKO ABE, Vice-Ministre parlementaire aux affaires étrangères du Japon, a déclaré que, seul pays frappé par des armes nucléaires, le Japon en connaît les effets dévastateurs. C'est pourquoi le Japon est déterminé à contribuer à créer un monde débarrassé de ces armes en en faisant connaître les répercussions humanitaires, surtout auprès des jeunes générations. Des experts japonais participeront donc à la troisième conférence internationale d'Oslo, en mars prochain, consacrée à l'impact humanitaire des armes nucléaires. Le désarmement et la non-prolifération comptent ainsi parmi les domaines politiques prioritaires du Japon, a insisté la Vice-Ministre parlementaire aux affaires étrangères. Or, la communauté internationale est aujourd'hui confrontée à des difficultés dans ces deux domaines, a-t-elle souligné. La République populaire démocratique de Corée a réalisé son troisième essai nucléaire le 12 février dernier, a-t-elle rappelé. Cet acte inacceptable constitue une violation du régime international centré sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et compromet gravement la sécurité et la stabilité de la région du Nord-Est asiatique. Mme Abe a appelé la République populaire démocratique de Corée à appliquer sans réserve ni délai les résolutions du Conseil de sécurité et à prendre des mesures concrètes pour régler plusieurs questions préoccupantes en suspens, notamment les enlèvements de citoyens japonais par la République populaire démocratique de Corée et la poursuite des programmes nucléaire et de missiles de ce pays.

Mme Abe s'est étonnée que la Conférence du désarmement n'ait toujours pas été en mesure d'adopter son programme de travail. Logiquement, a-t-elle affirmé, la prochaine étape des négociations en matière de désarmement devrait être le lancement de travaux sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Il est difficile de comprendre pour quelles raisons la Conférence du désarmement n'est pas parvenue à engager les travaux dans ce domaine, en dépit du soutien existant à cette fin. Il n'est donc pas étonnant que les pays soumis à des difficultés financières, depuis quelques années, soient tentés par des solutions alternatives à l'impasse dans laquelle la Conférence se trouve actuellement, a souligné Mme Abe, appelant les États membres à redoubler d'efforts pour surmonter cette impasse.

M. PHAM BINH MINH, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a déclaré que son pays, naguère victime des confits et aujourd'hui encore confronté à leurs répercussions, a pour politique de respecter la paix, de s'opposer à la guerre et de soutenir tous les efforts en vue du désarmement, notamment le désarmement nucléaire et l'élimination des autres armes de destruction massive. Cet engagement envers la paix et le désarmement se manifeste clairement dans les relations bilatérales du Viet Nam avec les autres États Membres des Nations Unies, de même que dans ses contributions concrètes aux forums et mécanismes régionaux et internationaux de coopération, en particulier le Traité sur une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du sud-est. En tant que membre de la Conférence du désarmement, le Viet Nam a ratifié tous les traités négociés et adoptés par cette instance ou y a accédé. Le Ministre vietnamien des affaires étrangères a fait observer que la communauté internationale ne peut s'empêcher d'attendre de la Conférence qu'elle obtienne des résultats tangibles en faveur du renforcement de la paix, de la stabilité et de la sécurité mondiales. Comme le rappelait le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, la Conférence ne peut se permettre d'attendre une année de plus, a-t-il souligné.

M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l'Estonie, a condamné l'essai nucléaire réalisé par la République populaire démocratique de Corée le 12 février dernier, affirmant que cet acte constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et remet fortement en question le régime international de non-prolifération nucléaire. M. Paet a en outre estimé que la prochaine étape logique du désarmement nucléaire doit être l'ouverture de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles pour les armes nucléaires. L'Estonie regrette que la Conférence du désarmement n'ait toujours pas adopté son programme de travail, a-t-il poursuivi. Du fait de cette impasse, a-t-il fait observer, des voix s'élèvent pour l'ouverture de négociations sur ce traité en dehors du cadre de la Conférence du désarmement. L'Estonie estime néanmoins qu'au regard de la nature universelle d'un tel traité, les négociations devraient se dérouler dans le cadre de la Conférence. Assurer l'existence de mécanismes de vérification crédibles constituerait l'un des éléments cruciaux des négociations, a déclaré le Ministre estonien des affaires étrangères. L'Estonie appelle à l'ouverture rapide de ces négociations. Elle appelle également à la nomination d'un rapporteur spécial chargé d'examiner les conditions d'un élargissement de la participation aux travaux de la Conférence.

Autres déclarations

La République populaire démocratique de Corée a souhaité réagir aux interventions faites ce matin par les dignitaires de la Slovaquie, du Kazakhstan et de l'Estonie en condamnant et rejetant les allégations de ces trois pays contre la République populaire démocratique de Corée et son droit à l'autodétermination et à la souveraineté. Chaque pays est égal dans la communauté internationale et dispose du droit au développement, y compris le droit de lancer des satellites, a souligné la République populaire démocratique de Corée. Chaque État membre n'a-t-il pas le droit de défendre sa propre souveraineté? C'est la question fondamentale qui se pose. «Notre essai nucléaire représente une contre-mesure légitime pour défendre notre souveraineté», a déclaré la République populaire démocratique de Corée.

Répondant ensuite à l'intervention du Vice-Ministre parlementaire pour les affaires étrangères du Japon, la République populaire démocratique de Corée a souhaité que chacun se souvienne que le Japon est un État ayant commis des crimes de guerre et ayant connu l'échec. Le Japon aujourd'hui a des rêves d'expansion par le biais d'une alliance militaire avec les États-Unis, a affirmé la République populaire démocratique de Corée. Le danger vient du Japon dans sa quête de politique hostile avec l'aide des États-Unis, a-t-elle insisté. La République populaire démocratique de Corée demande au Japon d'abandonner cette politique hostile.

Le Japon a déclaré que nul n'ignore que le Japon maintient une politique exclusivement axée sur la défense; par conséquent, les exercices menés par les forces japonaises ne visent pas un pays ou une zone particuliers. Le système de défense balistique que le Japon a décidé d'introduire est purement défensif et ne menace aucun pays. Au Japon, la loi fondamentale sur l'espace stipule que le Japon doit respecter les traités internationaux et les principes pacifiques de la Constitution lors de l'utilisation de l'espace; par conséquent, les commentaires de la République populaire démocratique de Corée à ce sujet sont futiles. La République populaire démocratique de Corée mène, elle, des activités balistiques qui enfreignent les résolutions du Conseil de sécurité et menacent la paix de l'ensemble de l'Asie du Nord-Est et de la communauté internationale, a déclaré le Japon.

La République populaire démocratique de Corée est de nouveau intervenue pour dire que le Japon est un pays criminel de guerre qui a l'obligation de défendre des principes; aussi, ses propos devraient-ils se concrétiser en actes. Or, le Japon collabore avec des forces extérieures qui ciblent un État légitime, sans parler des crimes passés du Japon sur la péninsule coréenne.

La République de Corée a rappelé qu'elle avait déjà exprimé sa position concernant les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée lors de la précédente séance de la Conférence et a souligné que nombre de hauts dignitaires viennent, devant la Conférence, de condamner ces essais. La République de Corée engage la République populaire démocratique de Corée à devenir un membre respectable de la communauté internationale en respectant les résolutions du Conseil de sécurité.

La République populaire démocratique de Corée a rappelé que la péninsule coréenne est divisée entre le nord et le sud et a souligné que si chacun s'intéressait un peu plus à sa partie méridionale, il verrait des forces sur le terrain, des armes sophistiquées et des armes nucléaires, avec des exercices militaires à grande échelle qui s'y déroulent tous les ans. D'ici quelques jours, il y aura encore là-bas des exercices militaires. La menace nucléaire plane sur la péninsule coréenne en raison de la poursuite de la politique hostile associant la République de Corée et les États-Unis.

La République de Corée a rappelé qu'il y a environ dix ans, les deux Corées se sont mises d'accord sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Or, s'il n'y a effectivement pas d'armes nucléaires ni de missiles de longue portée en République de Corée conformément à cet accord, la République populaire démocratique de Corée, en revanche, a conçu des armes nucléaires, possède des missiles et a procédé à des essais nucléaires et des essais de missiles balistiques. Quant aux exercices militaires conjoints (République de Corée/États-Unis), ils sont défensifs, face aux menaces de la République populaire démocratique de Corée, a assuré la République de Corée.

La République populaire démocratique de Corée a rappelé que la République de Corée se trouve sous le parapluie nucléaire des États-Unis; «en d'autres termes, les armes nucléaires sont là», a-t-elle insisté. L'accord d'armistice n'a pas encore été converti en accord de paix, a-t-elle en outre rappelé; or la République populaire démocratique de Corée n'a eu de cesse de demander que cet accord d'armistice soit transformé en accord permanent.


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DC13/008F