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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT SON DÉBAT GÉNÉRAL SUR LE RACISME ET LA DISCRIMINATION RACIALE

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, à la mi-journée, son débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Il était saisi dans ce cadre du rapport du Comité spécial chargé d'élaborer des normes complémentaires visant à renforcer et mettre à jour les instruments internationaux de lutte contre le racisme.

Le Président-Rapporteur du Comité spécial, M. Abdul Samad Minty, a notamment indiqué que la quatrième session du Comité spécial avait porté en particulier sur trois thèmes: la xénophobie, les mécanismes nationaux chargés de protéger et de prévenir contre touts les formes de manifestations du racisme; et les lacunes dans les procédures s'agissant de l'application de la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Lors du débat général sur le racisme et la discrimination raciale, l'attention s'est portée en particulier sur les émeutes récentes qui ont conduit à des pertes de vies dans plusieurs pays à l'issue de la diffusion sur internet d'un film dénigrant l'Islam. Plusieurs intervenants ont constaté la flambée de violence que peut occasionner l'incitation à la haine et l'islamophobie. Certains ont par ailleurs souligné l'importance qu'il y à ce que les législations nationales trouvent l'équilibre nécessaire entre liberté d'expression et incitation à la haine. La liberté d'expression ne saurait servir de prétexte pour dénigrer une religion. Il a été suggéré que l'islamophobie soit sanctionnée dans un cadre législatif, de la même manière que la législation européenne impose des limites au discours antisémites, au déni de l'Holocauste ou aux insultes à caractère racial.Des pays ont exhorté à une mobilisation générale en faveur du dialogue interculturel et religieux et à la mise en place d'urgence de plans nationaux de lutte contre la xénophobie, l'incitation à la haine, et le discours haineux.

Les délégations suivantes ont participé au débat général: Sénégal (au nom du Groupe africain), Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Chypre (au nom de l'Union européenne et pays associés), Fédération de Russie, Cuba, Chine, Malaisie, Koweït, Norvège, Arabie saoudite, Bangladesh, Libye, Sri Lanka, Iraq, Maroc, Algérie, Afrique du Sud, Turquie, Iran, Conseil de l'Europe, Tunisie, Bélarus et Venezuela. Plusieurs organisations non gouvernementales ont également pris part au débat1. La Lettonie et la Fédération de Russie ont exercé le droit de réponse.


Cet après-midi, le Conseil examinera, dans le cadre de l'assistance technique et du renforcement des capacités, le quatrième rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Cambodge et tiendra avec lui un débat interactif.


Le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée

Présentation de rapports

M. ABDUL SAMAD MINTY, Président-Rapporteur du Comité spécial ayant pour mandat d'élaborer des normes complémentaires visant à renforcer et mettre à jour les instruments internationaux de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée sous toutes leurs formes, a présenté le rapport sur la quatrième session du Comité spécial qui s'est tenue en avril dernier (A/HRC/21/59 à paraître en français) et contenant ses conclusions et recommandations. Parmi celles-ci, le Président du Comité spécial est invité à tenir des consultations informelles afin de préparer la cinquième session et de collecter des propositions concrètes à fins de débat sur la xénophobie. Le Comité spécial a aussi décidé de demander au Haut-Commissariat d'envoyer un questionnaire pour recueillir des informations au sujet des trois thèmes examinés lors de la quatrième session et qui portent sur la xénophobie, les mécanismes nationaux chargés de protéger et de prévenir contre touts les formes de manifestations du racisme et les lacunes dans les procédures s'agissant de l'application de la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Le Président du Comité spécial s'est dit heureux de constater que des progrès avaient été enregistrés lors de sa quatrième session, le climat y étant de plus en plus positif et le programme de travail de plus en plus fourni. Pendant la période actuelle entre deux sessions, le Comité spécial continuera de travailler sur les trois sujets mentionnés, étant entendu que d'autres sujets seront abordés dans l'avenir. M. Minty s'est aussi félicité que le programme de travail et les conclusions de la session aient été adoptés par consensus.

Le Conseil est également saisi, au titre de ce point, du rapport de la Haut-Commissaire sur l'incompatibilité entre la démocratie et le racisme (A/HRC/21/27), présenté le 14 septembre, et du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine (A/HRC/21/60 et Add.1 et Add.2), présenté ce matin.

Débat général

Le Sénégal a déclaré que le Groupe africain demeurait extrêmement préoccupé par le regain d'actes racistes et xénophobes dans un contexte de crise. Cette aggravation plaide valablement en faveur d'une consolidation de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale pour prévenir les actes racistes et xénophobes et punir leurs auteurs. Il a assuré le Conseil de l'appui du Groupe africain dans cette démarche et affirmé qu'en dépit de la Déclaration et du Programme d'Action de Durban, le tableau général de la problématique d'ensemble du racisme, de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, révèle une généralisation et une banalisation des actes de racisme, aggravées par les médias et à travers l'Internet. La communauté internationale doit se mobiliser contre l'incitation à la haine avec l'exemple récent de la diffusion d'un film islamophobe, a-t-il exhorté.

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a vivement condamné les violences ayant conduit à des pertes de vies, notamment celle de diplomates américains. De tels incidents montrent, s'il le faut, la nécessité urgente de prendre des mesures contre l'incitation à la haine. Il a cité la publication de dessins offensants, la diffusion d'un film hautement islamophobe et les Coran brûlés, autant d'exemples très récents d'appels aveugles à la discrimination et à la haine sur la base d'une appartenance religieuse ou culturelle. Il a souligné qu'il faut donc bien délimiter la notion de liberté d'expression, surtout lorsque des minorités sont appelées à réagir violemment contre des actes ignobles à l'égard de leur profonde conviction, aussi bien dans leur pays d'origine que d'accueil. Il faut dès lors aborder l'islamophobie dans un cadre législatif. La restriction de la liberté d'expression dans le contexte de l'incitation à la haine est donc une question d'actualité, a déclaré le représentant, qui a rappelé à cet égard que les législations européennes et dans d'autres pays imposent des limites au discours antisémites, au déni de l'Holocauste ou aux insultes à caractère racial.

Chypre, au nom de l'Union européenne et pays associés, a réaffirmé l'engagement de l'Union européenne à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, qui sont des défis mondiaux et nécessitent des plans d'action nationaux. L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne recueille et analyse des informations et sensibilise à la protection des droits fondamentaux de l'homme. L'Union européenne a également adopté récemment un nouveau Cadre stratégique esquissant ses principes de promotion et protection des droits de l'homme, notamment la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. Un Plan d'action centré sur les membres des groupes vulnérables, comme les minorités, les femmes et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, a également été adopté. Par ailleurs, l'Union s'est également engagée à l'échelle internationale par la ratification de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et sa participation à la dixième session du Groupe de travail sur l'application effective de la Déclaration de Durban. L'Union européenne émet des réserves sur l'approche générale du Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine s'agissant des droits collectifs et de la nécessité d'adopter des mesures spéciales, et rejette le «relativisme culturel» dans la jouissance des droits de l'homme, qui sape la nature universelle des droits de l'homme. L'Union européenne est également préoccupée par la portée et la nature de la Décennie pour les personnes d'ascendance africaine telle que proposées par le Groupe de travail dans le projet de Programme d'action car elles couvrent une très large gamme de thèmes et de situations. Rappelant que l'Union européenne avait activement pris part au débat thématique sur le discours haineux organisé par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, il a expliqué que ce phénomène complexe comportait de multiples facettes et constituait un défi mondial. Il a réitéré son engagement à lutter contre des délits d'incitation à la violence ou à la haine.

La Fédération de Russie s'est dite préoccupée par le renforcement des expressions de thèses néonazies et d'extrême droite en Europe. Ces groupes font du chantage par le biais de la terreur et cherchent à se donner du crédit, souvent aidés en cela par des gouvernements. En Lettonie par exemple, un monument en l'honneur d'un groupe néonazi a ainsi été érigé, a dénoncé la délégation russe, accusant encore ce groupe d'embrigader des écoliers. La condamnation par la communauté internationale de tels actes n'est pas suffisante, y compris au sein de l'Union européenne, a-t-il souligné, appelant l'Union européenne à plus de vigilance quant à ce qui se passe à l'intérieur de ses frontières.

Cuba a déploré que la race ou l'ethnie soient utilisées pour justifier la domination ou la marginalisation de groupes minoritaires comme les Roms. Pour sa part, et malgré les difficultés qu'elle connaît, Cuba a toujours été disposée à venir en aide aux groupes marginalisés.

La Chine considère que les efforts consentis pour lutter contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée font partie de la promotion et de la protection des droits de l'homme. La communauté internationale devrait en conséquence éviter la politisation d'une telle question.

La Malaisie a rappelé les événements consécutifs à la diffusion du film contre l'Islam intitulé «L'innocence des musulmans», déplorant en particulier que des diplomates américains aient perdu la vie. La Malaisie est cependant profondément troublée par l'absence de réaction des gouvernements concernés qui estiment que le fait d'empêcher ou de bloquer la diffusion de ce film constituerait une violation des libertés d'opinion et d'expression. Il semble que cette attitude reflète un manque de prise de conscience du concept de compréhension mutuelle et de respect envers les religions et convictions d'autrui.

Le Koweït a souligné que son pays avait été créé sur la base de la coexistence entre communautés d'origines diverses. La Constitution koweïtienne affirme l'égalité, en droits et devoirs, de toutes les personnes vivant sur le territoire. Tous les instruments internationaux de lutte contre le racisme et la discrimination raciale touchent à ce qui porte atteinte au respect des convictions. Le Koweït appelle à adopter un pacte mondial en faveur du respect de toutes les religions.

La Norvège, en tant que société culturellement diverse, a affirmé qu'elle considérait comme essentiel de promouvoir l'intégration et la tolérance et de combattre la haine, la xénophobie et toutes les formes de discrimination. Il est essentiel que les recommandations des mécanismes internationaux des droits de l'homme soient entendues si l'on entend instaurer l'universalité des normes en la matière. La Norvège estime que des efforts internationaux coordonnés pour combattre le racisme et la discrimination sont essentiels à cet égard, l'histoire offrant de trop nombreux exemples de défiance et de conflit ayant leur origine dans la discrimination religieuse et l'intolérance. Elle appelle les États membres à considérer favorablement le projet de résolution sur les formes contemporaines de racisme actuellement en cours d'élaboration dans les coulisses du Conseil.

L'Arabie saoudite a souligné les initiatives prises à l'échelle régionale et mondiale par son pays, compte tenu de son rôle pour la religion musulmane et en tant que centre de ses lieux sacrés, pour prévenir et lutter contre tous les actes de violence et d'incitation à la haine, en particulier dans le cadre du dialogue entre les civilisations et les religions. Il a rappelé les préceptes musulmans de consultation, de respect des religions, ainsi que de lutte sans merci contre toutes les formes d'intolérance vis-à-vis de toutes convictions, en se fondant sur le dialogue et l'échange.

Le Bangladesh s'est inquiété des profanations de l'image du prophète Mahomet et considéré que de tels actes ne sauraient tomber sous le coup de la liberté d'expression. Dans le contexte délicat actuel, le Bangladesh a mis en garde contre les appels croissants à l'intolérance raciale et xénophobe et souligné la nécessité d'une application urgente et scrupuleuse des dispositions de la Convention sur l'élimination de toute forme de discrimination raciale et des documents de Durban.

La Libye a estimé à son tour qu'en dépit des efforts internationaux pour mettre fin aux pratiques racistes et discriminatoires, force est de constater que l'incitation à la haine et les incidents contre l'Islam et ses valeurs sacrées deviennent de plus en plus courant. Il a appelé à un dialogue sérieux et sincère entre toutes les religions et condamné toutes les campagnes de dénigrement de l'Islam et les caricatures du Prophète Mohamed et des symboles religieux. Il a souligné que les pays musulmans refusaient, avec la même vigueur, les actes de violence et de destruction en réponse à ces délits, en particulier les incidents qui ont conduit à des pertes de vies à la représentation des États-Unis à Benghazi.

Pays observateurs

Sri Lanka a déclaré que la Déclaration et le Programme d'action de Durban offrent un cadre idéal pour lutter contre les phénomènes de racisme et de xénophobie. Il a souligné que le pays était très conscient de la manière dont les idéologies raciales peuvent être manipulées par des éléments extrémistes cherchant à favoriser des projets fascistes, ou séparatistes et à promouvoir la haine et l'intolérance. Il faut célébrer le patrimoine culturel commun et la consolidation de la paix tout en dénonçant le racisme et l'intolérance.

L'Iraq a condamné toute attaque contre les religions qui prend la liberté d'expression comme écran et prétexte. Dans ce contexte, l'Iraq est favorable à un instrument juridique international qui interdirait les attaques contre les religions afin d'assurer l'équilibre nécessaire entre la liberté d'expression et la liberté de conviction, tout en respectant les instruments internationaux.

Le Maroc a condamné tout discours haineux et toute autre manifestation affectant l'islam et ses symboles. Il a en particulier dénoncé le récent film anti-Islam, ainsi que les violences qui l'ont suivi et conduit à la mort d'un diplomate américain en Libye.

L'Algérie a estimé que la dernière session du Comité spécial sur les personnes d'ascendance africaine avait permis d'entrer dans le vif du sujet. La nécessité de poursuivre la lutte contre les phénomènes racistes et xénophobes est d'autant plus évidente face aux nouvelles formes de xénophobie et de racisme qui sont instrumentalisés politiquement et qui demeurent bien souvent impunies. Par ailleurs, l'Algérie appelle à la ratification de tous les instruments internationaux dans ce domaine.

L'Afrique du Sud a constaté qu'en dépit des progrès enregistrés le Comité spécial faisait toujours face à des difficultés pour faire en sorte que des engagements soient transformés en action concrète par le Conseil. L'Afrique du Sud appelle toutes les délégations à soutenir la résolution recommandant que l'Assemblée générale proclame une Décennie de l'ONU pour les peuples d'ascendance africaine et adopte le projet de programme au cours de l'actuelle session à New York.

La Turquie a affirmé que la montée de l'intolérance, de la xénophobie et du racisme culturel menaçaient la paix et la coexistence harmonieuse des sociétés modernes, rappelant qu'elle avait toujours été vigilante à cet égard. C'est la raison pour laquelle, de concert avec l'Espagne, la Turquie a lancé l'initiative de l'Alliance des civilisations dont l'objectif est d'encourager à une meilleure compréhension interculturelle. Si la protection et la promotion de la liberté d'expression constitue une priorité pour tous, la nécessité de combattre l'intolérance est une autre. La liberté de chacun est toutefois limitée par celle d'autrui et les États ont le devoir de protéger cette dernière.

L'Iran a souscrit à la déclaration de l'Organisation de la coopération islamique et noté qu'en dépit de tous les efforts consentis par la communauté internationale, le fléau du racisme continue et les minorités musulmanes, depuis quelques années, sont ciblés par des actes commis par les extrémistes et les partis politiques xénophobes. Il a vigoureusement condamné les attaques contre des lieux saints et des symboles musulmans ainsi que les insultes proférées par le biais de caricatures. La communauté internationale doit condamner cette évolution par tous les moyens pratiques et juridiques.

Le Conseil de l'Europe a indiqué que la réconciliation du respect des identités «différentes» avec la promotion de la cohésion sociale ne peut être un succès que si elle est fondée sur les droits de l'homme. D'une manière générale, tout ce que le Conseil de l'Europe fait ou a fait est directement ou indirectement lié à la promotion des droits de l'homme et de la diversité humaine. Le Conseil de l'Europe mène des activités sur la diversité et la cohésion sociale et accorde une grande importance au rôle de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance et du Comité consultatif de la Convention cadre pour la protection des minorités nationales.

La Tunisie a soutenu la proclamation de la Décennie pour les personnes d'ascendance africaines ainsi que le programme d'action proposé par le Groupe de travail d'experts. Il a également appelé à ne ménager aucun effort pour l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Nous vivons dans un XXIe siècle de la honte, a lancé la Tunisie, qui rejette toutes les formes de racisme et de discrimination raciale. Concernant le rapport sur les normes complémentaires aux instruments internationaux, elle a jugé utile de combler les lacunes et de lutter effectivement contre le racisme et le discours haineux auxquels il est notamment fait recours à des fins électorales. Il a dit l'urgence de prendre des mesures après la diffusion du film américain dénigrant l'Islam.

Le Bélarus a condamné l'érection d'un monument en l'honneur de la Légion lettonne, à l'origine de terribles exactions pendant la Seconde guerre mondiale. Il s'agit d'une atteinte à la mémoire des ses victimes. Il appelle les autorités lettonnes à renoncer à ce projet. Le Bélarus a également évoqué les événements actuels dans les pays musulmans, estimant que le Conseil devait condamner des actes qui ne peuvent en aucun cas être justifiés par la liberté d'expression.

Le Venezuela a évoqué la législation vénézuélienne contre la discrimination raciale, soulignant la nécessité d'établir des normes complémentaires. Il a souligné avoir participé à toutes les sessions du Comité spécial, le Venezuela étant fermement engagé dans la lutte contre le racisme et toutes les formes d'intolérance.

Organisations non gouvernementales

Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies a déploré que le Haut-Commissariat n'ait pas mis en œuvre les décisions du Conseil de sécurité en faveur d'un programme d'information et de sensibilisation du public en soutien à la Déclaration et au Programme d'action de Durban. Par son omission, le Haut-Commissaire indique malheureusement que les normes internationales contre le racisme ne sont pas prioritaires.

Helios Life Association a lancé un appel à l'amour universel en tant que réponse au racisme. La discrimination s'explique en effet par la peur de la différence et de l'inconnu. Il ne faut pas promouvoir la tolérance mais bien l'amour universel.

African Canadian Legal Clinic a appelé le Conseil à adopter le projet de programme d'action proposé par le Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine: sans l'appui administratif et financier de l'ONU, la Décennie ne saurait avoir le succès escompté.

Pour l'Institut Maryam Ghasemi Educational Charity, les violences islamophobes et les incitations au meurtre de Musulmans partout dans le monde nous mènent tout droit à une nouvelle guerre des religions. L'Institut estime nécessaire de créer une commission d'enquête chargée d'élucider les causes profondes de l'islamophobie.

La Pasumai Thaayagam Foundation a regretté que, depuis la fin de la guerre en 2009, le Gouvernement de Sri Lanka n'ait eu de cesse de s'attaquer aux Tamouls par d'autres moyens. L'armée est installée dans des casernes au cœur même des zones peuplées de Tamouls: on compte une garnison pour chaque village et un soldat pour cinq civils. L'armée multiplie les sévices contre les femmes tamoules, notamment les veuves. La Fondation a invité le Conseil à créer une commission d'enquête indépendante sur les exactions passées et présentes du Gouvernement de Sri Lanka.

L'Union internationale humaniste et laïque a observé que le mauvais film insultant l'Islam, sorti en avril dernier, n'est devenu un phénomène mondial qu'après sa reprise par une chaîne de télévision musulmane. La meilleure manière de réagir à une attaque commise par un ignorant consiste, précisément, à l'ignorer, a estimé l'ONG, estimant qu'un tel incident ne doit pas entraîner de limitation de la liberté d'expression.

L'Organization for Defending Victimes of Violence a déclaré que l'une des plus graves erreurs du Conseil a été de mettre de côté la résolution sur la diffamation des religions. Les efforts de lutte contre la discrimination doivent s'accompagner de mesures concrètes de consolidation du dialogue interculturel sur la base du respect mutuel. La diffusion de films ou caricatures insultant les religions est un acte criminel.

International Human Rights Association of American Minorities a souligné que le Déclaration et le Programme d'action de Durban sont au cœur du combat mondial contre le racisme et la xénophobie, combat qui doit être une priorité de la communauté internationale. L'organisation a déploré la situation régnant dans le Cachemire indien, une situation qui s'explique en grande partie par le racisme.

World Barua Organisation a déploré le sort fait aux dalits, citant plusieurs cas de déni des droits fondamentaux des hors-castes, en particulier dans le domaine du travail. Elle a appelé le Conseil à intervenir en leur faveur.

Libération a dénoncé les discriminations et le harcèlement dont les dalits sont victimes au Royaume-Uni, malgré les appels lancés aux autorités britanniques. La législation nationale doit être adaptée en vue d'éliminer la discrimination contre les personnes appartenant à des castes.

Le Conseil indien d'Amérique du Sud a condamné les souffrances endurées par les peuples autochtones, notamment les peuples de l'Alaska. Il a aussi dénoncé le fait que les autochtones aient été contraints d'adopter les valeurs européennes.

Le Congrès du monde islamique a dénoncé les violations des droits de l'homme des membres des minorités religieuses, en particulier dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Europe et aux États-Unis. La menace que ferait planer l'islam sur le monde n'est que le fruit de l'imagination, a assuré le représentant. En Inde, la minorité musulmane est victime de profilage religieux. Les chefs religieux et les États doivent unir leurs efforts en vue de l'émergence de sociétés reflétant les idéaux de la tolérance.

Verein Südwind Entwicklungspolitik a regretté que malgré les engagements du Gouvernement d'Israël, les actes de discrimination se poursuivent dans ce pays contre les membres de certaines minorités. De même, la représentante s'est préoccupée par la poursuite, en Iran, et malgré les dénégations des autorités, d'actes systématiques de xénophobie contre les membres de la minorité afghane. La lutte contre le racisme doit passer, notamment, par une approche médiatique équilibrée: or, les médias iraniens persistent à donner une image faussée de la minorité afghane, justifiant ainsi tous les abus.

La Maarij Foundation for Peace and Development a regretté la multiplication, ces dernières années, de manifestations de haine et de peur contre les religions. L'islam est particulièrement visé, comme en témoigne le film sorti récemment qui porte atteinte à l'image du prophète et aux sentiments de millions de musulmans. La liberté d'expression ne doit pas dépasser certaines limites, estime la Fondation, qui a souhaité l'adoption d'une convention internationale criminalisant les atteintes aux religions.

International Buddhist Relief Organization a attiré l'attention sur les violations des droits fondamentaux des dalits dans le domaine de l'éducation. Elle a dénoncé en particulier le fait que les étudiants n'ont pas accès aux bourses d'études et que les enfants dalits sont traités de manière humiliante dans leurs écoles.

International Educational Development a dénoncé le racisme et le triomphalisme, deux manifestations du racisme. La diabolisation de certains groupes ethniques par des gouvernements a des résultats catastrophiques. Le représentant a demandé aux titulaires de mandats de procédures spéciales d'enquêter sur le «patriotisme ethnique» officiel en Turquie et à Sri Lanka.

La Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme a invité le Conseil à entériner le programme d'action de la Décennie pour les personnes d'ascendance africaine. La Commission s'est dite alarmée par l'escalade du racisme à l'égard de ces personnes ainsi que par la non-application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Le représentant a proposé au Conseil d'adopter un plan pluriannuel en vue de la mise en œuvre urgente et de la diffusion de ces documents importants.

La Fraternité Notre-Dame a attiré l'attention du Conseil sur la christianophobie et le racisme antichrétien de groupes apparentés à une religion sataniste. Ces agissements dépassent le terrain de la liberté d'expression. La société semble imprégnée de cette idée selon laquelle tous les actes sont justifiés «du moment qu'on a envie de les faire, quelles que soient les conséquences pour autrui». La Fraternité Notre-Dame s'est demandée s'il ne s'agit pas d'un vaste projet dont le but est de conduire la jeunesse vers la rupture successive des liens avec la famille, l'Église, la nationalité.

Association of World Citizens a déploré la disparition, tous les mois, de centaines de «boat-people» entre l'Europe et l'Afrique sans que leurs familles aient le moyen de savoir ce qui leur est arrivé. La représentante a appelé l'Union européenne, le Haut-Commissariat aux réfugiés et les pays africains à réagir. Elle a proposé que des stations de radio soient créées dans les camps de réfugiés afin de faciliter la communication avec les familles, comme cela a été fait en Afrique centrale dans les années 1990.

L'Africa Culture Internationale a fait part de sa préoccupation face à la situation au Mali qui est d'une extrême gravité pour toute l'Afrique de l'Ouest. Il s'est dit aussi préoccupé par l'exécution de neuf condamnés à mort en Gambie qui a bouleversé l'opinion internationale. Les organisations de droits de l'homme des Nations Unies doivent proposer des solutions pour instaurer la justice, la démocratie et la paix.

Le Mouvement indien «Tupaj Amaru» a déploré les manifestations de racisme et de discrimination qui se succèdent depuis le début du XXIe siècle au prétexte de la lutte contre le terrorisme et de l'exercice de la liberté d'expression. Pour libérer l'humanité du fléau du racisme, il faut changer l'ordre économique injuste et raciste qui prévaut.

Le National Association for the Advancement of Colored People a dénoncé la pratique prévalant aux États-Unis qui consiste à priver les personnes condamnées au pénal d'exercer le droit de vote, même après leur libération. Plus de cinq millions de citoyens américains sont concernés par cette mesure, à titre temporaire ou permanent, dont plus de deux millions d'Afro-Américains.

United Nations Watch a regretté que l'antisémitisme se propage en Suède sans que les autorités ne s'en émeuvent. La ville de Malmö a été récemment le lieu d'actes de violence contre une synagogue et contre des jeunes juifs. Le Conseil doit inciter les autorités suédoises à sanctionner les responsables politiques locaux complices de ces délits.

La Commission arabe des droits de l'homme a salué l'avancement des travaux du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine. Elle a par ailleurs souligné que la nécessité d'une lutte sans merci contre la diffamation religieuse, notamment l'islamophobie, est réaffirmée dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Conseil doit assumer ses responsabilités à cet égard.

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples a accueilli favorablement l'annonce faite par le Premier ministre de la France concernant l'élaboration imminente d'un plan d'action contre le racisme et l'antisémitisme, fondé en premier lieu sur l'éducation, avec la participation des organisations de la société civile. La politique française à l'égard des Roms reste toutefois préoccupante: les expulsions et le démantèlement des camps ne font que déplacer les problèmes tout en les aggravant; et les renvois, forcés ou subventionnés, se révèlent aussi inefficaces que coûteux.

Tiye International a salué la prise de conscience par les États, à Durban, du fait que le racisme est un crime contre l'humanité. Malheureusement, certains pays et organisations non gouvernementales ont agi très négativement à cette conférence, ce qui a entraîné des dissensions affaiblissant l'application des documents issus de cette grande réunion.

Droit de réponse

La Lettonie a assuré n'avoir eu de cesse de condamner les mouvements néonazis. Le monument auquel il a été fait référence par la Fédération de Russie résulte d'une initiative privée. En outre, il n'affiche aucun symbole nazi, ce qui aurait été passible de poursuites. La Lettonie s'interroge sur la situation en Russie, un pays où, malheureusement, les actes de racisme et le néonazisme prolifèrent: si les actes de groupes xénophobes et nationalistes y sont, il est vrai, en diminution, une douzaine de personnes ont tout de même été tuées et 129 blessées dans des incidents racistes depuis le début de l'année dans ce pays.

La Fédération de Russie n'a pas nié les phénomènes de racisme et de xénophobie sur son territoire. Ceux-ci ne sont pas tolérés et sont au contraire fermement combattus par les autorités, contrairement à ce qui prévaut en Lettonie: des manifestations en mémoire des criminels lettons ont lieu régulièrement, auxquelles participent des élus. La Fédération de Russie appelle la Lettonie à répondre aux préoccupations manifestées à son endroit par plusieurs instances internationales des droits de l'homme.

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Organisations non gouvernementales1: Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Helios Life Association, African Canadian Legal Clinic, Institut Maryam Ghasemi Educational Charity, Pasumai Thaayagam Foundation, Union internationale humaniste et laïque, Organization for Defending Victims of Violence, International Human Rights Association of American Minorities, World Barua Organization, Libération, Conseil indien d'Amérique du Sud, Congrès du monde islamique, Verein Südwind Entwicklungspolitik, Maarij Foundation for Peace and Development, International Buddhist Relief Organisation, International Educational Development, Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme, Fraternité Notre Dame, Association of World Citizens, Africa Culture Internationale, Mouvement indien «Tupaj Amaru», National Association for the Advancement of Colored People, United Nations Watch, Commission arabe des droits de l'homme, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et Tiye International.

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HRC12/121F