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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE FINLANDAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Compte rendu de séance
Elle tient une discussion thématique sur le désarmement nucléaire

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre finlandais des affaires étrangères, avant de tenir une discussion thématique sur la question de la cessation de la course aux armements nucléaires et du désarmement nucléaire, au cours de laquelle une douzaine de délégations ont pris la parole.

La Finlande est disposée à passer à l'examen des quatre questions essentielles inscrites à l'ordre du jour de la Conférence, de manière transparente et équilibrée, a déclaré M. Erkki Tuomioja, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, ajoutant que la préférence de son pays va au lancement de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement. L'impasse à la Conférence n'est pas le résultat de règles de procédure; c'est une volonté politique qui est nécessaire pour que la Conférence fasse ce pour quoi elle est mandatée: négocier, a par ailleurs affirmé le Ministre. De l'avis de la Finlande, a-t-il poursuivi, les systèmes d'armement nucléaire tactique à courte portée demeurent un angle mort du désarmement multilatéral et de la scène de la non-prolifération. Aussi, le moment est-il mûr pour introduire des mesures vérifiables, basées sur un traité, concernant ce type de systèmes. M. Tuomioja a ensuite rappelé que son pays doit accueillir en 2012 une Conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient et a souligné que, bien que des progrès substantiels aient été réalisés, davantage d'efforts étaient encore nécessaires afin d'assurer la convocation d'une conférence fructueuse, notamment pour combler les divergences sur les moyens et le calendrier de parvenir à cet objectif partagé. Au final, la responsabilité du succès de la Conférence repose sur les États de la région, a souligné M. Tuomioja.

Dans le cadre de la discussion thématique de ce matin sur le désarmement nucléaire, de nombreuses délégations ont souligné que la seule façon de prévenir la prolifération des armes nucléaires et la menace qu'elles constituent passe par leur élimination totale. Aussi, plusieurs pays ont-ils plaidé, à cette fin, en faveur d'une convention sur les armes nucléaires. Ont en outre été particulièrement dénoncées les doctrines militaires fondées sur l'utilisation ou la menace d'utilisation de ces armes ainsi que la modernisation d'armements nucléaires à laquelle procèdent les puissances nucléaires. Lever le statut d'alerte des armes nucléaires constituerait une étape qualitative concrète qui viendrait compléter les mesures quantitatives déjà prises pour la réduction de ces armes, a-t-il été proposé. La prolongation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne signifie en aucun cas que la détention d'armes nucléaire est indéfinie, a-t-il en outre été rappelé. Nombre de délégations ont lancé un appel afin que soit respecté et appliqué l'article VI du TNP qui stipule que tout État partie s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces en vue de la cessation de la course aux armements nucléaires et du désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous strict contrôle international.

Hommage a par ailleurs été rendu ce matin à l'Ambassadeur Dian Triansyah Djani de l'Indonésie, qui quittait aujourd'hui la Conférence et qui a prononcé un discours d'adieu.

Les pays ci-après sont également intervenus: Malaisie, Éthiopie, Afrique du Sud, Cuba, République populaire démocratique de Corée, Iran, États-Unis, Royaume-Uni, Algérie, République de Corée, Égypte.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence se tiendra mardi prochain, 26 juin, à 10 heures, sous la présidence de la France, afin de reprendre les discussions sur la question d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.


Déclaration du Ministre finlandais des affaires étrangères

M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a rappelé que, dans sa déclaration devant la Conférence il y a sept ans, il avait souligné que la Conférence pouvait être fière d'avoir réussi à créer des normes internationales en matière de désarmement mais avait aussi souligné que l'immobilisme qui était déjà alors celui de la Conférence depuis plusieurs années était également source de préoccupation. Depuis, les efforts pour revitaliser la Conférence n'ont pas porté leurs fruits, a déploré le Ministre. La Finlande est disposée à passer à l'examen des quatre questions essentielles de manière transparente et équilibrée, a poursuivi M. Tuomioja, ajoutant que la préférence de son pays va au lancement de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement.

Il est vrai que des mesures pratiques telles que la rationalisation des processus de la Conférence, l'accroissement de la transparence et l'ouverture à la société civile pourraient peut-être permettre d'avancer; mais cela ne suffirait pas, car l'impasse à la Conférence n'est pas le résultat de règles de procédure, a souligné le Ministre finlandais. C'est une volonté politique qui est nécessaire pour que la Conférence fasse ce pour quoi elle est mandatée: négocier. Des discussions thématiques comme celle qui va se dérouler aujourd'hui ne remplacent pas des négociations, a insisté M. Tuomioja. Si nous perdons la Conférence, la facture sera lourde, a averti le Ministre.

La Finlande est un fervent partisan du désarmement et continue d'exhorter tous les États à travailler au désarmement nucléaire concret par le biais de mesures concrètes. De l'avis de la Finlande, les systèmes d'armements nucléaires tactiques à courte portée demeurent un angle mort du désarmement multilatéral et du théâtre de la non-prolifération. Le moment est mûr pour introduire des mesures vérifiables, basées sur un traité, concernant ce type de systèmes d'armements et donc de codifier afin de consolider les mesures unilatérales annoncées en 1991 – il y a plus de vingt ans. Maintenant que le cycle d'examen actuel du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est bien engagé, la Finlande est pleinement engagée à renforcer plus avant le régime du TNP et chacun de ses trois piliers.

M. Tuomioja a ensuite rappelé que son pays avait été désigné comme Gouvernement hôte d'une Conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient devant se tenir en 2012 et que, simultanément, le Sous-Secrétaire Jaakko Laajava du Ministère finlandais des affaires étrangères avait été nommé Facilitateur pour les préparatifs de la Conférence. Dans son rapport, présenté devant le premier Comité préparatoire à Vienne le mois dernier, le Facilitateur a fait savoir que, bien que des progrès substantiels aient été réalisés, davantage d'efforts étaient encore nécessaires afin d'assurer la convocation d'une Conférence fructueuse. L'objectif en lui-même, l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, est partagé par tout le monde, mais les points de vue diffèrent quant à la manière d'y parvenir et quant au calendrier pour y parvenir. Dans ce contexte, une coopération accrue entre le Facilitateur, les convocateurs de la Conférence et les États de la région s'avère nécessaire, même si, au final, la responsabilité du succès de la Conférence repose sur les États de la région, a indiqué M. Tuomioja, avant d'ajouter que la Finlande est disposée à accueillir la Conférence à tout moment de 2012.

Le transfert irresponsable d'armes conventionnelles peut aisément aboutir à déstabiliser la sécurité de divers États et diverses régions et contribuer à des violations de droits de l'homme, a poursuivi le Ministre finlandais. Il est regrettable que le commerce international des armes conventionnelles soit resté en dehors de toute règle globale contraignante, a-t-il souligné, rappelant que des préparatifs en vue d'un traité international sur le commerce des armes avaient été engagés dès 2006 et que la Finlande avait été l'un des co-auteurs dudit traité. J'ai très bon espoir quant au succès de la conclusion de ce traité à la fin du mois prochain, a déclaré M. Tuomioja. Il a en outre souligné que son pays avait déposé le 9 janvier dernier son instrument de ratification de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, laquelle entrera donc en vigueur pour la Finlande le 1er juillet prochain.

Aperçu de la discussion thématique sur le désarmement nucléaire

Dans une déclaration d'adieu, M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé qu'aucun programme d'activité n'avait avancé au sein de la Conférence depuis 1996. Il a ajouté qu'il avait nourri une lueur d'espoir en mars 2009 lorsque la Conférence parvint à adopter le programme de travail figurant dans le document CD/1864; malheureusement, la Conférence ne parvint pas à appliquer son programme de travail. Depuis, a poursuivi M. Djani, un certain nombre de propositions constructives ont été avancées. Néanmoins, la Conférence reste en sommeil depuis seize ans. Dans ce contexte, un sentiment de frustration est inévitable, a souligné le représentant indonésien. Admettant que dans un tel contexte, il convient de s'interroger sur la pertinence de la Conférence en tant que seule instance de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement, M. Djani a fait observer que ces dernières années, le monde a été témoin d'importants progrès aux niveaux bilatéraux, régionaux et multilatéraux: nouveau traité russo-américain sur la réduction et la limitation des armes stratégiques offensives; résultat consensuel de la Conférence d'examen du TNP; ou encore conclusion – sous présidence indonésienne – des négociations de l'ANASE avec les États dotés d'armes nucléaires au sujet du Traité portant création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est. M. Djani a par ailleurs rappelé que l'Indonésie avait ratifié en décembre 2011 le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et a exprimé l'espoir que d'autres pays suivront cet exemple.

Pour autant, a poursuivi M. Djani, ces mesures positives ne sauraient constituer une réponse à l'appel lancé par la communauté internationale aux États dotés d'armes nucléaires afin qu'ils entreprennent un désarmement nucléaire complet. Le désarmement nucléaire a toujours été la plus haute priorité de l'Indonésie, a-t-il rappelé, soulignant que la poursuite de cet objectif est à l'origine même de la création de la Conférence du désarmement. Si nous ne parvenons pas à des résultats au sein de la Conférence dans un avenir proche, nous devrons admettre notre défaite et trouver d'autres lieux, événements ou mécanismes pour poursuivre notre rêve de disposer d'un monde exempt d'armes nucléaires, a déclaré M. Djani.

Le Président de la Conférence, M. Kari Kahiluoto, a rappelé que le désarmement nucléaire a fait l'objet d'une première résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies en 1946. En 1979, le Comité du désarmement, précurseur de la Conférence, avait adopté une liste de dix questions constituant la base de son travail futur – ce qu'il est convenu d'appeler le Décalogue; la première de ces questions était celle des armes nucléaires sous tous leurs aspects, a rappelé M. Kalihuoto. En 1998, la Conférence établit des organes subsidiaires sur les matières fissiles et sur les garanties négatives de sécurité, mais pas sur le désarmement nucléaire lui-même, après quoi les mandats relatifs à des organes subsidiaires furent réunis en un seul document par le biais duquel aucun progrès ne put être enregistré sur aucune des quatre questions essentielles. Aucun des programmes de travail proposés durant la période d'impasse dans laquelle se trouve la Conférence depuis plusieurs années n'a inclus de mandat de négociation sur le désarmement nucléaire, a ajouté le Président de la Conférence. En 2012, la proposition de programme de travail contenue dans le document CD/1933/Rev.1 a cherché à renforcer le mandat pertinent en substituant «traiter du désarmement nucléaire» à la notion d'«échange de vues sur la question» qui figurait dans le document CD/1864, a indiqué M. Kalihuoto.

La Malaisie a rappelé qu'elle est déjà partie aux conventions sur les armes biologiques et sur les armes chimiques et que l'on peut se demander pourquoi une convention sur les armes nucléaires ne parvient pas à voir le jour. La Malaisie a rappelé que chaque année, est adoptée par l'Assemblée générale une résolution qui continue de rappeler que la Cour internationale de justice a statué qu'il existe une obligation de négocier de bonne foi aux fins du désarmement nucléaire sous tous ses aspects. De l'avis de la Malaisie, lever le statut d'alerte des armes nucléaires constituerait une étape qualitative concrète qui viendrait compléter les mesures quantitatives déjà prises en termes de réduction de ces armes. La Malaisie est préoccupée par les programmes de modernisation des armes nucléaires qui sont entrepris par les États dotés d'armes nucléaires. La seule façon de prévenir la prolifération des armes nucléaires passe par leur élimination totale, a insisté la Malaisie. Le pays a exprimé l'espoir que la Conférence parviendrait à se mettre d'accord dans un avenir proche sur le lancement de négociations multilatérales menant à la conclusion d'une convention sur les armes nucléaires ou d'un cadre d'instruments pour l'abolition complète et l'élimination de ces armes.

L'Éthiopie a salué tous les efforts visant à appuyer et à créer les zones exemptes d'armes nucléaires, car il s'agit de processus importants en termes de sécurité régionale. En outre, de l'avis de l'Éthiopie, l'élimination totale des armes nucléaires reste la seule façon de garantir contre l'utilisation ou le menace de ces armes.

L'Afrique du Sud, au nom des six autres pays membres de la Coalition pour un nouvel ordre du jour (Brésil, Égypte, Irlande, Mexique, Nouvelle-Zélande et Suède), a souligné qu'aucune arme nucléaire, quel que soit son type ou le lieu où elle se trouve, ne saurait être sûre, quels que soient ceux qui la détiennent, acteurs étatiques ou non étatiques. En outre, tant que certains États continuent de posséder des armes nucléaires, invoquant des raisons de sécurité pour justifier cet état de fait, d'autres États aspireront à en posséder. Aussi, la Coalition pour un nouvel ordre du jour rejette-t-elle toute justification pour la rétention continue ou pour la présomption de possession indéfinie d'armes nucléaires, car cela est incompatible avec l'intégrité et la durabilité du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération et avec l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires. La Coalition est par ailleurs préoccupée par la modernisation continue des arsenaux nucléaires. En outre, il convient de rappeler les accords auxquels il a été parvenu lors des conférences d'examen du TNP de 2000 et 2010 s'agissant, notamment, de la nécessité d'abaisser le niveau d'opérationnalité des systèmes d'armements nucléaires, en vue d'assurer l'abaissement du niveau d'alerte élevée de toutes les armes nucléaires. De plus, l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires reste une importante question en suspens, a rappelé l'Afrique du Sud. Tous les États dotés d'armes nucléaires, qu'ils se trouvent au sein ou en dehors du TNP, doivent déployer des efforts concrets, systématiques et progressifs en vue du désarmement nucléaire. Il est en outre impératif que les mesures de suivi du nouvel accord sur la réduction des armes stratégiques (START) traitent de toutes les armes nucléaires, déployées ou non, stratégiques comme non stratégiques, a notamment ajouté l'Afrique du Sud.

Cuba a rappelé que l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires stipule que tout État partie à ce Traité s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous strict contrôle international. Or, cette obligation n'a pas été honorée puisque, plus de 40 ans après l'adoption du TNP, demeurent plus de 20 000 armes nucléaires dont près de 5000 sont prêtes à être immédiatement utilisées alors que l'explosion de seulement cent ogives suffirait à provoquer un hiver nucléaire. L'existence de doctrines de défense fondées sur la dissuasion nucléaire est préoccupante et inacceptable, a poursuivi Cuba. Cuba réitère l'appel du Mouvement des pays non alignés en faveur de la convocation d'une conférence internationale visant à déterminer les moyens d'éliminer les armes nucléaires. En attendant l'élimination complète des armes nucléaires, il est nécessaire de conclure un instrument international juridiquement contraignant par lequel les États dotés d'armes nucléaires s'engageraient à ne pas utiliser ni menacer d'utiliser d'armes nucléaires contre des États qui n'en possèdent pas. À cet égard, les déclarations unilatérales, pas plus que les promesses volontaires, ne sauraient suffire, a insisté Cuba.

La République populaire démocratique de Corée a déploré que les pays qui devraient jouer un rôle responsable en assurant la paix et la stabilité mondiales consacrent l'essentiel de leurs dépenses budgétaires au développement de nouveaux types d'armes. Le désarmement nucléaire que souhaite la communauté internationale, c'est l'élimination totale et complète des armes nucléaires, a rappelé la République populaire démocratique de Corée. L'attitude de certaines puissances nucléaires qui désapprouvent et marginalisent le désarmement nucléaire va à l'encontre des aspirations de la communauté internationale, a-t-elle insisté. La raison fondamentale pour laquelle se prolonge le manque de progrès à la Conférence est liée au fait que certains États refusent le désarmement nucléaire et ne poursuivent qu'un seul aspect de la non-prolifération. Le comportement à double face de certaines puissances à l'égard de la question nucléaire montre clairement que leur objectif véritable est d'abuser de la non-prolifération en attaquant d'autres États souverains. La modernisation des armements nucléaires a atteint un tel degré de dangerosité qu'elle rend même possible une frappe nucléaire préventive, étant combinée à un système de défense antimissile. Ce genre d'actes irresponsables et arbitraires génèrent le trouble au sein de la communauté internationale et portent atteinte à la confiance et à l'égalité entre les États. Dans ce contexte, la République populaire démocratique de Corée estime que la priorité devrait être accordée à la conclusion, au plus vite, d'une convention internationale plaçant tous les États dans l'obligation d'interdire l'utilisation ou la menace d'utilisation des armes nucléaires et de les éliminer complètement. Ce n'est que lorsque des mesures pratiques auront été prises en vue de l'élimination totale des armes nucléaires dans un cadre juridiquement contraignant qu'un impact se fera sentir du point de vue de l'instauration d'un monde sûr, a conclu la République populaire démocratique de Corée.

L'Iran a rappelé toute l'importance que son pays accorde à la question de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. L'existence de dizaines de milliers d'ogives continue de constituer une menace pour la sécurité internationale, a poursuivi le pays. C'est la raison pour laquelle le désarmement nucléaire constitue pour l'Iran une question prioritaire. Il est clair que la prolongation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne signifie en aucun cas que la détention d'armes nucléaire est indéfinie, a souligné l'Iran, déplorant que des puissances nucléaires continuent de mener des politiques fondées sur la dissuasion nucléaire et modernisent leurs arsenaux, malgré la fin de la guerre froide, tout en menaçant les États non dotés d'armes nucléaires. Le désarmement nucléaire est une obligation, en vertu de l'article VI du TNP, a rappelé l'Iran. Il faut qu'une date butoir pour l'application de cet article soit fixée, a insisté le pays, rappelant que le Mouvement des pays non alignés avait proposé à cet égard la date de 2025. Les États dotés d'armes nucléaires doivent adopter des mesures en faveur d'une réduction sans équivoque du rôle des armes nucléaires dans toutes leurs doctrines militaires. L'heure est venue pour la Conférence de créer un comité ad hoc chargé d'engager des négociations sur une convention sur les armes nucléaires, a conclu l'Iran.

Les États-Unis ont notamment rappelé le rôle joué par l'Ambassadeur Djani de l'Indonésie, au sein de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), dans les négociations en vue de la signature d'un protocole sur une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Les États-Unis ont en outre souligné qu'ils ont travaillé en contact étroit avec d'autres convocateurs pour promouvoir l'objectif d'une conférence visant la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. À terme, ont convenu les États-Unis, la responsabilité pour la convocation et la réussite d'une telle conférence incombe aux États de la région, comme l'a dit ce matin le Ministre finlandais des affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a affirmé qu'il est faux que les États dotés d'armes nucléaires refusent de négocier sur le désarmement nucléaire, comme le prétend l'Iran. En effet, le Royaume-Uni était d'accord avec le document CD/1933 et le serait encore si ce document était de nouveau mis sur la table. Mais ce qui est vrai, c'est que nous sommes bloqués au niveau multilatéral, a admis le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a en outre indiqué être convaincu qu'il faut penser au niveau global et agir au niveau local.

L'Algérie a rappelé toute l'importance que son pays accorde au désarmement nucléaire qui, selon l'Algérie, constitue la première priorité non seulement de la Conférence, mais aussi de la communauté internationale. Pour assurer le désarmement nucléaire, a poursuivi l'Algérie, il convient tout d'abord de «délégitimer» l'arme nucléaire et ensuite de faire en sorte que l'obligation de désarmement nucléaire, reconnue par la Cour internationale de justice dans son avis de 1996, soit assortie d'un délai bien déterminé. La doctrine de la guerre froide qui justifiait le recours à l'arme nucléaire perdure encore aujourd'hui; il convient donc de rompre avec cette doctrine, a par ailleurs souligné l'Algérie. Le pays a d'autre part souligné combien le document CD/1864, adopté en 2009, constituait un pas en avant dans la mesure où, pour la première fois, tous les États Membres acceptaient la mise en place d'un organe subsidiaire sur le désarmement nucléaire, entre autres.

La République populaire démocratique de Corée a commenté l'intervention de l'Afrique du Sud au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour concernant le retrait de la République populaire démocratique de Corée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ces remarques reflètent une position unilatérale qui n'aide nullement au règlement de la question. On ne peut l'interpréter que comme l'ignorance à dessein de l'essence de la question. Désormais, la République populaire démocratique de Corée a des doutes: quelle est l'essence de la question et comment la résoudre? Le retrait de la République populaire démocratique de Corée du TNP est une mesure de défense légitime pour préserver la sécurité du pays.

L'Iran a indiqué avoir cru comprendre que le Royaume-Uni affirme ne pas avoir de difficulté pour engager des négociations sur le désarmement nucléaire au sein de la Conférence. Si tel est le cas, l'Iran salue cette position.

La République de Corée a rappelé que la République populaire démocratique de Corée s'est retirée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a développé des programmes nucléaires qui constituent une menace sérieuse pour la péninsule coréenne et pour le reste du monde. La République de Corée a rappelé qu'elle engageait vivement la République populaire démocratique de Corée à rejoindre de nouveau le TNP.

La République populaire démocratique de Corée a rejeté catégoriquement les propos prononcés par la «Corée du Sud», qui constituent une provocation grave contre la République populaire démocratique de Corée. La réalité est telle que la politique hostile persistante des États-Unis à son égard a contraint la République populaire démocratique de Corée à mettre au point une dissuasion nucléaire. La «Corée du Sud» devrait dire aux États-Unis d'abandonner leur politique hostile à l'égard de la République populaire démocratique de Corée.

La République de Corée a insisté pour que la République populaire démocratique de Corée utilise la terminologie adéquate pour désigner la République de Corée. Il y a quelques semaines, la République populaire démocratique de Corée a révisé sa Constitution en y précisant qu'il s'agit désormais d'un État doté d'armes nucléaires. À cet égard, la République de Corée rappelle la résolution adoptée par le Conseil de sécurité selon laquelle il n'est pas possible d'avoir le statut de puissance nucléaire en dehors du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée existe alors qu'il y a une pénurie alimentaire grave dans ce pays, a ajouté la République de Corée.

Les États-Unis ont lancé un appel pour que la Conférence se consacre à un débat sérieux sur les questions qui sont à son ordre du jour et ont relevé qu'un pays comme la République populaire démocratique de Corée donne des leçons sur les armes nucléaires et développe ensuite de telles armes.

L'Égypte s'est félicitée de la déclaration du Royaume-Uni indiquant qu'il serait de nouveau d'accord avec le document CD/1933 si ce document venait à être remis sur la table.

La République populaire démocratique de Corée a affirmé que la délégation de «Corée du Sud» l'avait provoquée. La «Corée du Sud» ne tient pas compte des préoccupations de sécurité de la République populaire démocratique de Corée. Or, c'est en raison de questions de sécurité que la Conférence a des débats importants comme celui sur le désarmement nucléaire. La «Corée du Sud» n'est pas une entité indépendante; elle se trouve sous la protection de tiers et c'est la raison pour laquelle elle néglige la question de la sécurité. Quant à la question du niveau de vie, la République populaire démocratique de Corée a des difficultés mais elle les surmonte.


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DC12/022F