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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURSUIT SOUS PRÉSIDENCE ÉTHIOPIENNE L'EXAMEN DES MOYENS D'ADOPTER UN PROGRAMME DE TRAVAIL

Compte rendu de séance
La Conférence adresse ses condoléances à la France suite aux assassinats perpétrés à Toulouse et dans sa région, ainsi qu'à l'Égypte suite au décès du pope copte Chenouda

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une séance publique au cours de laquelle elle a entendu son nouveau président, l'Ambassadeur Minelik Alemu Getahun de l'Éthiopie, exprimer toute sa tristesse et sa compassion au Gouvernement et au peuple de France suite au massacre d'enfants et d'un enseignant à Toulouse, ainsi que toute sa tristesse suite au décès du pope Chenouda III d'Égypte – qui, a-t-il souligné, n'avait cessé de renforcer les liens entre les églises coptes éthiopienne et égyptienne. Plusieurs intervenants ont en outre porté leur attention sur les moyens de lever les obstacles à l'avancement des travaux au sein de la Conférence.

Dans une déclaration à l'occasion de son accession à la présidence de la Conférence, M. Getahun a souligné que l'Éthiopie est attachée aux normes de sécurité collective et a toujours appuyé les efforts déployés en faveur du désarmement mondial. Le Président a lancé un appel à tous les États Membres afin qu'ils deviennent parties au traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Il a indiqué avoir intention de mener des consultations avec les autres présidents de la Conférence pour cette année, avec les coordonnateurs régionaux et avec tous les États membres afin d'aboutir à un programme de travail complet. Il a proposé que soient tenues des discussions de fond sur les questions inscrites à l'ordre du jour de la Conférence.

À la suite du Président de la Conférence, le Maroc, le Kenya, l'Allemagne, l'Algérie, le Zimbabwe, le Chili, l'Égypte, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Pakistan ont exprimé leur tristesse, leur émotion et leurs condoléances à la France pour les assassinats d'enfants, d'un professeur et de militaires perpétrés dans la région toulousaine ces derniers jours. Les délégations ont également fait part de leur tristesse et de leurs condoléances suite au décès du pope Chenouda III d'Égypte. La France a remercié le Président de la Conférence et les délégations pour les condoléances et la solidarité qu'ils ont exprimées après «les crimes atroces et barbares dont la France vient d'être victime». L'Égypte a pour sa part remercié tous ceux qui ont exprimé leurs condoléances pour le décès du pope Chenouda III.

À l'instar de Cuba, l'ensemble des délégations qui se sont exprimées ce matin ont en outre assuré la présidence éthiopienne de la Conférence de tout leur soutien. Nombre d'entre elles, parmi lesquelles celles de la France, ont regretté que la proposition de programme de travail pour la Conférence, présentée par la présidence égyptienne dans le document CD/1933/Rev.1, n'ait pas pu être adoptée. La proposition innovante de l'Égypte aurait pu constituer le déclencheur que nous cherchons tous pour revitaliser la Conférence et la réengager dans des travaux de fond, a pour sa part affirmé le Maroc. Ce document, a-t-il ajouté, souffrait certes de trois handicaps: il ne conférait pas un mandat clair et sans ambiguïté de négociation d'une convention sur le désarmement nucléaire; il établissait des différences entre les mandats conférés aux quatre groupes de travail thématiques envisagés; et enfin, il ne prévoyait pas de coordonateur spécial pour examiner la question, chère au Maroc, de l'élargissement de la Conférence et de son ouverture à la société civile. Néanmoins, malgré ses limites, le Maroc était disposé à accepter ce document et avait appelé les membres de la Conférence à procéder à des concessions douloureuses mais politiquement responsables. Aussi, le Maroc lance-t-il un appel à la présidence éthiopienne de la Conférence pour qu'elle poursuive les consultations sur la base du document CD/1933/Rev.1. Le Maroc ne souhaite pas être partie prenante à la marginalisation de la Conférence, ni à sa disparition. Insistant sur la nécessité, pour les membres de la Conférence, de ne pas baisser les bras ou se laisser gagner par le défaitisme, le Royaume-Uni a lui aussi souligné qu'il avait certes quelques réserves à l'égard du document CD/1933/Rev.1, mais qu'il s'était néanmoins rallié au consensus sur ce document car le pays attache une grande importance au désarmement, au multilatéralisme et au compromis. L'Algérie a pour sa part indiqué qu'elle continuait de considérer que le document CD/1864 reste, pour la Conférence, la référence, puisque c'est le dernier document sur lequel un accord a pu être conclu, en 2009.

La tentative de l'Égypte, par le biais du document CD/1933/Rev.1, aurait dû permettre de surmonter l'impasse de 15 années à la Conférence; il est donc regrettable que cette initiative n'ait pas abouti en raison de l'opposition d'un État membre, celui-là même qui avait déjà empêché la Conférence, en 2009, d'aboutir à un consensus sur un programme de travail, a déclaré l'Allemagne, dénonçant la tentative de piéger la Conférence dans des questions qui ne relèvent pas de sa compétence et qui ne peuvent pas être résolues dans cette instance. L'Allemagne a aussi souligné que ne pas comprendre en quoi les intérêts du Pakistan seraient menacés par l'amorce d'un processus de négociation. Le Pakistan a assuré qu'il n'avait aucune difficulté à assumer sa position car il est convaincu d'agir dans l'intérêt de sa sécurité nationale, ajoutant que l'Allemagne, qui bénéficie du parapluie nucléaire de l'OTAN, peut se permettre de dire des mots très forts sur la non-prolifération et d'autres questions. La position du Pakistan sur un traité relatif aux matières fissiles date de bien plus longtemps que ces seules quinze dernières années; le Pakistan a effectivement bloqué le consensus sur un traité d'interdiction des matières fissiles, mais il a adopté cette position en raison de considérations sécuritaires à l'origine desquelles il n'est pas. Trois autres pays ont bloqué le consensus sur les autres questions essentielles au sein de la Conférence, a souligné le Pakistan. Il en va ainsi, par exemple, de la question de la négociation d'un traité sur l'interdiction des armes nucléaires; certains États considèrent en effet que la négociation d'un tel traité irait à l'encontre de leurs intérêts sécuritaires. Aussi, l'argument selon lequel le Pakistan ne devrait pas être mû par ses intérêts sécuritaires lorsqu'il s'agit du traité d'interdiction de la production de matières fissiles n'est donc pas recevable. Le Pakistan regrette donc de ne pas avoir été en mesure de se joindre au consensus sur le document CD/1933/Rev.1, mais il est certains domaines où l'ambiguïté constructive ne suffit pas pour protéger les intérêts nationaux, a expliqué le Pakistan.

De l'avis de l'Algérie, les priorités doivent demeurer des discussions sur les quatre questions essentielles, le commencement des consultations sur la revitalisation de la Conférence et la reprise des discussions sur les autres questions. Le Chili a également jugé nécessaire de poursuivre les efforts visant à préserver la Conférence du désarmement et donc se pencher sur sa revitalisation. Le Kenya a indiqué à cet égard qu'il appuyait l'idée de convoquer une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les questions de désarmement. Le Royaume-Uni ne pense pas, pour sa part, qu'il faille réitérer l'exercice, déjà mené par le passé, de discussions thématiques en séances plénières.

Le Maroc a par ailleurs attiré l'attention sur les résultats de la réunion de Marrakech sur l'Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, tenue du 13 au 16 février dernier dans le cadre des préparatifs en vue du deuxième Sommet sur la sécurité nucléaire, prévu la semaine prochaine a Séoul, en République de Corée.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra à 10 heures le mardi 27 mars. À cette occasion, le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie s'adressera à la Conférence, qui entamera ainsi la dernière semaine de la première partie de sa session de 2012.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC12/014F