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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT NE PARVIENT PAS AU CONSENSUS SUR SON PROGRAMME DE TRAVAIL POUR 2012

Compte rendu de séance
Le Pakistan, soucieux de protéger ses intérêts en matière de sécurité, a indiqué ne pas être ne mesure de se rallier à un consensus sur un texte proposé par la présidence

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une séance plénière publique pour examiner un «Projet de décision sur l'établissement d'un programme de travail pour la session de 2012» figurant au document CD/1933/Rev.1 et présenté par le Président, l'Ambassadeur Hisham Badr de l'Égypte. Le Pakistan est intervenu en fin de séance pour indiquer qu'il n'était pas en mesure de se rallier à un consensus sur ce document.

Exposant les raisons pour lesquelles il n'était pas en mesure de se rallier à un consensus sur ce projet de programme de travail, le Pakistan a fait observer que ce document ne traitait pas sur un pied d'égalité des quatre questions essentielles inscrites à l'ordre du jour - désarmement nucléaire, interdiction des matières fissiles à des fins d'armement, prévention d'une course aux armements dans l'espace et garanties négatives de sécurité. Le Pakistan est confronté à une situation particulière qui s'est aggravée par rapport à la même période de l'an dernier. Face à un problème existentiel, il n'y a, pour le Pakistan, pas de place pour l'ambiguïté: le Pakistan prendra toujours une position qui protège ses intérêts en matière de sécurité.

Plusieurs autres délégations sont intervenues pour faire part de leurs points de vue sur le document présenté par le Président et pour le remercier pour les efforts inlassables déployés pendant le mandat de la présidence égyptienne en vue de faire avancer les travaux de la Conférence: Cuba, Colombie, Iraq, Bélarus, Italie et Algérie.

M. Badr, qui termine cette semaine son mandat de quatre semaines en tant que Président de la Conférence du désarmement, a remercié les délégations pour leur coopération durant la présidence égyptienne, au cours de laquelle il s'est efforcé de reprendre les fondamentaux, estimant que le projet de programme de travail qu'il avait soumis à la Conférence constituait un bon compromis pour tous les États membres. M. Badr a assuré de son soutien l'Ambassadeur de l'Éthiopie, qui assumera la présidence de la Conférence à partir de la semaine prochaine.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 20 mars, à 10 heures, sous la présidence de l'Éthiopie.


Aperçu des déclarations

Ce matin, toutes les délégations qui se sont exprimées ont tenu à remercier la présidence égyptienne de la Conférence pour les efforts inlassables qu'elle a déployés en vue de faire avancer les travaux. La grande majorité des délégations ont indiqué soutenir la proposition de programme de travail figurant dans le document CD/1933/Rev.1, soulignant en substance que ce texte – qui cherche à forger un consensus – ne saurait bien évidemment pas correspondre totalement aux positions de tous les États membres.

Cuba s'est dite préoccupée face à l'insistance de certains États qui envisagent de laisser de côté la Conférence pour traiter des questions de désarmement dans le cadre d'autres instances. Il relève aujourd'hui de la responsabilité de tous de préserver la Conférence en tant qu'unique instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement, a souligné Cuba. Pour Cuba, comme pour la majorité des pays du Mouvement des pays non alignés, le désarmement nucléaire doit continuer d'être la priorité principale au sein de la Conférence et Cuba serait donc favorable à l'idée d'octroyer un mandat de négociation au groupe de travail envisagé pour traiter des questions de désarmement nucléaire, en vue de l'adoption d'une convention sur les armes nucléaires. Cuba est également favorable à des traités interdisant la course aux armements dans l'espace, accordant des garanties négatives de sécurité et interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement. Sous sa forme actuelle, la proposition de la présidence égyptienne telle que contenue dans le document CD/1933/Rev.1 ne correspond pas totalement à la position de Cuba sur ces questions. Néanmoins, elle représente un pas concret dans la bonne direction et mérite d'être examinée et Cuba est disposée à faire preuve de souplesse si ce document venait à recueillir le consensus.

La Colombie a souligné que le document CD/1933/Rev.1 présenté par la présidence égyptienne de la Conférence constituait un dénominateur commun possible, même s'il ne correspond pas à la position de tous les États membres de la Conférence. Ce document ne met certes pas suffisamment l'accent sur le désarmement nucléaire – en n'envisageant pas un mandat de négociation dans ce domaine – et ne prévoit pas, en outre, la nomination d'un coordonnateur spécial sur l'élargissement de la composition de la Conférence, a déploré la Colombie. Pour autant, le pays s'est dit disposé à appuyer ce texte et a lancé un appel à toutes les délégations afin qu'elles fassent preuve de souplesse. Comme l'a souligné le Chili mardi dernier, l'ambiguïté est la formule la plus pratique dans la situation actuelle, a souligné la Colombie. Ayant étudié le document présenté par la présidence égyptienne, l'Iraq a lui aussi estimé qu'il représentait un compromis acceptable pour servir de base dans la prochaine étape de travail de la Conférence. Beaucoup de pays ont des intérêts et des priorités divers, mais le travail collectif est susceptible de combler ce fossé, a souligné l'Iraq, formant l'espoir qu'un consensus permettrait de traduire ce projet en programme de travail pour la Conférence. Le Bélarus a également jugé que le document présenté par le président constituait un bon début pour les travaux de fond de la Conférence; dans l'idéal, il pourrait être plus ambitieux, mais le document CD/1864 (projet de programme de travail soumis à la Conférence en mai 2009) était un «document en or» et cela n'a pas pour autant permis à la Conférence d'avancer. Par conséquent, plus la Conférence piétine, moins elle devient exigeante, a ajouté le Bélarus, indiquant soutenir le document CD/1933/Rev.1.

Le Pakistan a rappelé que mardi dernier, il avait présenté un certain nombre de questions au sujet desquelles il avait demandé que des réponses lui soient apportées. Or, il est regrettable que nombre de problèmes qui avaient alors été soulevés restent posés. Le Pakistan a néanmoins tenu à remercier l'Égypte pour la manière constructive et transparente dont elle a mené les consultations. En d'autres circonstances, a poursuivi le Pakistan, le document produit par la présidence égyptienne serait devenu la base de travail de la Conférence. Malheureusement, les conditions qui prévalent en dehors de cette salle, dans le monde réel, sont différentes. Le Pakistan reste néanmoins disponible pour trouver «la formule magique» qui permettrait à la Conférence de reprendre son travail. Le document présenté par la présidence égyptienne (CD/1933/Rev.1) contient certes des éléments susceptibles d'avancer dans ce sens; mais pourquoi la Conférence n'est-elle pas en mesure de traiter des quatre questions essentielles sur un pied d'égalité? En effet, dans le document soumis par la présidence égyptienne, la Conférence est appelée, concernant les matières fissiles, à traiter des éléments d'un traité sur ces matières alors que concernant le désarmement nucléaire, elle est appelée à traiter de la question. Compte tenu de la situation particulière à laquelle est confrontée le Pakistan - situation qui s'est aggravée, notamment par rapport à la même période de l'an dernier – il n'y a, pour le Pakistan, pas de place pour ce que certains ont appelé l'ambiguïté, pas même l'ambiguïté constructive; face à un problème existentiel, il ne saurait y avoir de place pour l'ambiguïté. Le Pakistan prendra toujours une position qui protège ses intérêts en matière de sécurité. À moins que nos préoccupations soient abordées de manière claire et univoque par la Conférence, il ne sera pas possible pour le Pakistan de rejoindre un consensus sur le projet de proposition figurant au document CD/1933/Rev.1, a indiqué son représentant. Pour être en mesure de reprendre les travaux sur les questions de fond, il faut répondre aux problèmes de sécurité des pays concernés, a rappelé le Pakistan, soulignant ne pas être d'accord avec ceux qui ont argué, implicitement ou explicitement, que s'il n'y a pas de négociation cette année sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires, alors la Conférence perdrait toute sa pertinence. En effet, pendant les trente dernières années durant lesquelles un tel traité n'a pas été négocié, personne n'a avancé cet argument, a fait observer le Pakistan.

L'Italie a rappelé que sa priorité absolue est de faire en sorte que la Conférence reprenne son travail, en particulier sur la question des matières fissiles. Tant que l'on ne commence pas les négociations, on ne peut savoir quels en seront les résultats et notamment si la question des stocks sera prise en compte. Les négociations ne peuvent en aucun cas saper les intérêts de sécurité des États; seuls le peuvent éventuellement les résultats de ces négociations, a insisté l'Italie. Elle s'est dite disposée à soutenir le document CD/1933/Rev.1.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Hisham Badr de l'Égypte, ayant demandé aux membres de la Conférence si l'un d'eux s'opposait à l'adoption du document CD/1933/Rev.1, le Pakistan est intervenu pour indiquer qu'il lui était impossible de se rallier à un consensus sur ce document, pour les raisons qu'il a exposées plus haut. En l'absence de consensus, le document n'est donc pas adopté, a indiqué le Président.

Malheureusement, a constaté l'Algérie, il semble que la maturité à la Conférence soit insuffisante pour pouvoir se mettre d'accord sur un programme de travail. Dans ce contexte, l'Algérie appelle les États membres à réfléchir à des formules qui permettraient à la Conférence d'engager des délibérations de fond sous quelque forme que ce soit. À cet égard, l'Algérie a attiré l'attention sur l'idée, déjà évoquée plus tôt durant cette session, d'un programme de travail simplifié.

Déclaration du Président sortant

Dans une ses remarques de conclusion alors que s'achève la présidence égyptienne de la Conférence, M. HISHAM BADR, Président de la Conférence du désarmement, a remercié les délégations pour leur coopération tout au long de son mandat. L'approche adoptée par la présidence égyptienne était de reprendre les fondamentaux, a-t-il souligné, estimant que le projet de programme de travail qu'il avait soumis à la Conférence constituait un bon compromis pour les États membres. Ce n'est qu'en avançant que l'on verrait où sont les difficultés et que l'on pourrait les traiter en vue de les surmonter, a-t-il déclaré. Maintenant que la présidence égyptienne de la Conférence touche à sa fin, M. Badr a apporté tout son soutien à son successeur, l'Ambassadeur de l'Éthiopie, qui va désormais assumer la présidence.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC12/013F