Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND LES DIGNITAIRES DE DIX SEPT PAYS DANS LE CADRE DE SON DÉBAT MINISTÉRIEL
Le Conseil des droits de l'homme a entendu ce matin, dans le cadre de son débat de haut niveau, les Vice-Premiers Ministres de la Guinée équatoriale, de la République tchèque et de la République de Moldova, les Ministres des affaires étrangères du Congo, du Danemark, de la Serbie, des Pays-Bas, de la Suède et de la Lituanie, les Ministres chargés des droits de l'homme de la Tunisie et du Burundi, le Ministre des affaires européennes de l'Irlande, le Secrétaire d'État des affaires extérieures de l'Angola et les Vice-Ministres des affaires étrangères de la Fédération de Russie, de l'Arménie et de l'Afrique du Sud, ainsi que le Secrétaire général du Commonwealth.
Les intervenants ont réaffirmé l'engagement et la détermination de leurs gouvernements à défendre et protéger les droits de l'homme et ont présenté les réalisations de leurs pays dans ce domaine. Ils ont également exprimé leur soutien aux mécanismes des droits de l'homme des Nations Unies, notamment les organes conventionnels, les procédures spéciales du Conseil et le mécanisme de l'examen périodique universel. Plusieurs orateurs ont souligné, en particulier, l'importance du mécanisme de l'examen périodique universel, dont le premier cycle s'achève cette année, et qui a démontré qu'il était un instrument novateur et transparent pour le changement. À cet égard, certains représentants de gouvernements ont décrit les mesures adoptées pour donner suite aux recommandations qui ont été adressées à leurs pays.
Plusieurs hauts dignitaires ont souligné que les événements récents en Afrique du Nord et au Moyen-Orient mettent en lumière de nouveau l'obligation de maintenir les droits de l'homme au sommet de l'agenda des questions internationales. Certains se sont félicités du débat d'urgence qui se tient pendant cette session sur la situation en Syrie. Les dignitaires ont appelé le Conseil à agir lorsque les violations des droits de l'homme se produisent, partout dans le monde. Un intervenant a plaidé pour que l'accent soit mis sur les cas où l'absence de liberté, de sécurité et de prospérité a un impact sur la situation des droits de l'homme.
Le Conseil des droits de l'homme, qui reprendra le débat de haut niveau cet après-midi à 15 heures, se réunit, à la mi-journée, en groupe de discussion sur la liberté d'expression sur l'Internet.
Suite du débat de haut niveau
M. SALOMON NGUEMA OWONO, Vice-Premier ministre, Ministre de la santé, des affaires sociales et des droits de l'homme de la Guinée équatoriale, a déclaré que le récent rapport présenté par son pays au titre de l'Examen périodique universel avait été l'occasion de décrire sa situation et ses efforts en matière de promotion et de protection des droits de l'homme. En plus des programmes de sensibilisation de la population, de nombreuses mesures ont été prises contre la pauvreté et pour la promotion des droits des femmes. En outre, de nombreuses réformes sont menées pour harmoniser la législation et les institutions nationales avec les normes internationales des droits de l'homme. Le gouvernement a en outre pris des mesures afin de favoriser l'accès des femmes au microcrédit, notamment. La réforme constitutionnelle prévoit par ailleurs la mise en place de nouvelles institutions. À cet égard, la création de la fonction d'ombudsman est d'une importance particulière pour renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme.
Pour conclure, le Vice-Premier Ministre équato-guinéen a réaffirmé la volonté de son gouvernement de poursuivre ses efforts en faveur de la promotion, de la protection et du respect des droits de l'homme et poursuivre sa collaboration avec les instances des Nations Unies et la communauté internationale afin de continuer à œuvrer en faveur des droits fondamentaux et de la démocratie en Afrique centrale.
M. BASILE IKOUEBE, Ministre des affaires étrangères de la République du Congo, a souligné que les crises sociopolitiques mondiales entraînent de graves violations des droits de l'homme. En Afrique notamment, les troubles consécutifs aux processus électoraux et aux revendications populaires pour un mieux être ont ébranlé les sociétés et détruit les fondements de la paix, du développement et de la sécurité. Il est donc urgent que tout soit mis en œuvre pour la restauration du dialogue, a plaidé le Ministre. M. Ikouebe s'est félicité du thème retenu pour ce débat de haut niveau, à savoir l'intégration des droits de l'homme dans la perspective du système des Nations Unies. Ce thème rappelle opportunément que les droits de l'homme doivent être partie intégrante des politiques de toutes les institutions des Nations Unies. En replaçant l'homme dans sa dignité au centre des débats, la présente session réaffirme la pérennité des engagements des États.
Le Ministre a réaffirmé la détermination de son pays à poursuivre ses efforts de promotion et de protection des droits de l'homme. De nombreuses mesures ont été adoptées à ce titre, parmi lesquelles l'adoption d'une Constitution consacrant la séparation des pouvoirs; la garantie de la liberté d'expression pour plus de cent partis politiques; et la promulgation de lois garantissant les droits des minorités autochtones, encourageant la participation active des populations à la construction de la nation ou encore facilitant la lutte contre le VIH/sida et la protection de l'enfance au Congo. Le Congo entend aussi poursuivre sa coopération avec les organes de traités et les procédures spéciales du Conseil: il a présenté son sixième rapport au Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et reçu la visite du Groupe de travail sur les disparitions forcées. Le rapport du Congo pour l'Examen périodique est en cours de préparation. Une série de consultations bilatérales est organisée avec les principaux partenaires du pays pour l'application des recommandations formulées dans le cadre cet examen. Dans ce contexte, le Gouvernement du Congo souhaiterait bénéficier d'une assistante technique, notamment en vue de mieux appréhender certains concepts fondamentaux contenus dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, a conclu le Ministre.
M. VILLY SOVNDAL, Ministre des affaires étrangères du Danemark s'exprimant au nom de l'Union européenne, a cité les paroles de l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Dag Hammarskjöld: «Ne jamais renier son expérience ou ses convictions au nom de son confort et de sa tranquillité», observant qu'ils prennent tout leur sens dans le contexte des bouleversements survenus en 2011. Les événements montrent que l'on ne saurait rester passif alors que de graves préoccupations demeurent. Ainsi, le Conseil ne peut se permettre de se taire face aux situations de violations des droits de l'homme qui s'éternisent. C'est certainement le cas avec la Syrie, qui demeure au centre de l'attention du monde, et dont le Gouvernement continue d'ignorer les appels à mettre un terme aux violations systématiques et généralisées des droits de l'homme. La situation dans ce pays doit demeurer en tête de l'ordre du jour de la présente session, le Conseil devant préserver une capacité forte et effective de surveiller l'évolution de la situation.
Le Ministre danois a aussi dénoncé le harcèlement incessant de journalistes et blogueurs en Iran. Il s'est par contre félicité des réformes entreprises par la Birmanie-Myanmar, estimant qu'il s'agissait là d'étapes essentielles en direction de l'édification d'un État de droit démocratique. Il a toutefois souligné que ce pays reste confronté à d'importantes difficultés, ce qui justifie le maintien d'un Rapporteur spécial qui puisse suivre de près l'évolution de la situation. M. Sovndal a observé que la lutte contre l'impunité et la responsabilisation des auteurs de violations des droits de l'homme sont déterminantes pour la réconciliation nationale à Sri Lanka. Enfin, le Ministre a insisté sur l'importance du droit à la liberté de croyance et de religion et dénoncé la persistance des discriminations liées à l'identité de genre et à l'orientation sexuelle.
M. VUK JEREMIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a déclaré que son pays a pris de nombreuses mesures pour promouvoir les droits de l'homme au niveau de la région de l'Europe du Sud-est, notamment en agissant en faveur des minorités dans les Balkans. Des mesures conjointes ont ainsi été prises avec la Bosnie, la Croatie et le Monténégro pour relever le défi complexe que représente la situation des réfugiés et des personnes déplacées. Le Gouvernement serbe déplore cependant la situation alarmante qui règne dans la province serbe méridionale du Kosovo-Metohija, la communauté serbe y subissant constamment des violations de ses droits fondamentaux, un fait confirmé par de nombreux rapports internationaux. Le Ministre a appelé la communauté internationale à engager des négociations autour d'une nouvelle convention contre le trafic d'organes humains, afin que cette atrocité soit considérée comme un crime contre l'humanité.
M. Jeremić a réaffirmé le soutien ferme de son pays aux travaux du Conseil des droits de l'homme, rappelant que le monde est aujourd'hui confronté à une série de ruptures aux conséquences imprévisibles. Aussi, la communauté internationale doit-elle redoubler d'efforts pour promouvoir les droits de l'homme de manière impartiale. Le Ministre a indiqué que la Serbie œuvre résolument à l'harmonisation de son cadre législatif national avec l'ensemble des conventions relatives aux droits de l'homme. Elle a récemment ratifié la Convention sur les disparitions forcées et signé le Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant.
M. URI ROSENTHAL, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré que les violations des droits de l'homme dans le monde démontrent la nécessité d'une réponse efficace de la communauté internationale. Les violations des droits de l'homme sont non seulement moralement répugnantes, mais entrainent, tôt ou tard, une instabilité à l'échelle mondiale. Le Ministre a annoncé la candidature de son pays en tant que membre du Conseil pour la période 2015-2017. Les Pays-Bas veulent être efficaces dans le domaine des droits de l'homme. C'est pourquoi le Ministre a recommandé une part de sélectivité: «Il faut mettre l'accent sur les cas où l'absence de liberté, de sécurité et de prospérité a un impact sur la situation des droits de l'homme». Pour leur part, les Pays-Bas estiment être en pointe dans la protection des droits de l'homme, notamment les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles, ou encore la protection de la liberté de religion ou d'opinion. Quant à l'intolérance religieuse, elle constitue une menace à la paix et à la sécurité: c'est pourquoi il faudrait renforcer le mandat du Rapporteur spécial sur la liberté de religion et de croyance.
Les droits de l'homme sont universels, ce qui ne veut pas dire que tous les pays sont identiques, a poursuivi le Ministre. L'approche des Pays-Bas consiste à considérer ce qui est fait concrètement pour les droits de l'homme sur le terrain: ce qui importe, ce n'est pas la manière dont les droits sont préservés, mais s'ils sont effectivement préservés, a argumenté M. Rosenthal, plaidant à cet égard «pour la communication et contre la confrontation». M. Rosenthal a également réaffirmé l'attachement de son pays à la liberté sur Internet. «Il ne faut pas fournir de technologies dont certains régimes pourraient abuser afin de censurer ou de traquer l'activité des internautes», a mis en garde le Ministre, appelant à une sensibilisation du secteur privé et des universités contre une telle complicité.
M. SAMIR DILOU, Ministre des droits de l'homme de la Tunisie, en tant que «représentant d'un gouvernement issu de la volonté populaire à l'issue d'une révolution pacifique qui a consacré la primauté du peuple, du droit et de la démocratie», a fait part de sa foi en un avenir meilleur. Le Gouvernement tunisien, qui œuvre dans un esprit patriotique, s'efforce d'enraciner les valeurs démocratiques afin que la population retrouve confiance en l'avenir et que la Tunisie retrouve la stature qui lui revient au plan régional. M. Dilou a assuré que la création de son nouveau Ministère démontre l'attachement aux droits de l'homme des nouvelles autorités tunisiennes. La justice transitionnelle, écartant tout esprit de vengeance, entend établir la responsabilité de ceux qui ont des comptes à rendre. La Tunisie a ouvert la voie à un processus de réformes devant aboutir au respect des libertés fondamentales. Le gouvernement actuel, qui fait face à des défis sociaux considérables, est à l'écoute de toutes les composantes de la société. Plusieurs décisions importantes ont été prises s'agissant des instruments internationaux de droits de l'homme. La Tunisie a ainsi adhéré aux Conventions contre la torture et contre les disparitions forcées. Elle a ouvert ses portes au Haut-Commissariat aux droits de l'homme ainsi qu'au Haut-Commissariat pour les réfugiés. Des organisations de la société civile, telles que Reporters sans frontières ou Human Rights Watch, ont aussi été invitées.
Le monde arabe vit des transformations radicales, s'est félicité le Ministre tunisien, estimant qu'il faut appuyer l'aspiration des peuples à vivre libres. La Tunisie, qui a accueilli récemment une conférence sur la situation en Syrie, s'associe aux aspirations du peuple syrien: elle souhaite que ce pays règle ses problèmes en préservant sa souveraineté et son intégrité territoriale. La Tunisie soutient aussi les revendications du peuple palestinien, a conclu le Ministre.
M. CARL BILDT, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a observé qu'une génération après la chute du mur de Berlin, le monde est, à nouveau, le témoin de profonds changements. Alors que des centaines de personnes défilaient partout dans le monde pour réclamer la liberté, la justice et des emplois, le Conseil a su jouer son rôle, en dépêchant des commissions d'enquête et des missions d'établissement des faits là où cela était nécessaire. Prises ensemble, ces mesures ont permis d'envoyer un message clair aux dirigeants autocratiques, à savoir que le monde les observe. Cependant, le travail est loin d'être terminé, a relevé M. Bild. La communauté internationale doit se tenir prête à octroyer assistance et soutien aux peuples du monde arabe et d'ailleurs qui ont engagé des processus de réforme constitutionnelle. En effet, il est essentiel que les nouvelles structures soient fondées sur le respect des droits de l'homme pour tous, y compris les personnes appartenant à des minorités.
Déplorant le manque de progrès dans les efforts pour atteindre la paix entre Israéliens et Palestiniens, le Ministre suédois a jugé urgent que ces deux peuples vivent en paix et en sécurité. Il a rendu hommage aux défenseurs des droits de l'homme qui luttent, partout dans le monde, pour les droits fondamentaux. Le Ministre a noté que l'accès libre à l'information est un outil crucial pour la lutte en faveur de la démocratie, des droits de l'homme et de la liberté. M. Bild a enfin annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l'homme pour la période 2013-2015.
M. LURIE LEANCA, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de l'intégration européenne de la République de Moldova, a déclaré que la situation dans les pays arabes, et notamment en Syrie, montre à quel point il importe de maintenir les droits de l'homme à l'ordre du jour de la communauté internationale. La défense des principes du droit international et des droits de l'homme ne doit souffrir d'aucune ambigüité et le Conseil, pour remplir son mandat, doit se pencher sur les violations des droits de l'homme où qu'elles se produisent. M. Leanca s'est félicité de la nomination de M. Kofi Annan comme Envoyé spécial du Secrétaire général et de la Ligue arabe en Syrie.
Le Ministre moldove a exprimé son soutien aux organes de traités et aux procédures spéciales du Conseil, estimant que l'Examen périodique universel est un mécanisme «transparent et collaboratif pour le changement». L'examen a révolutionné, en particulier, le système national des droits de l'homme de la République de Moldova. Les autorités s'attachent, après le premier cycle, à concrétiser leurs promesses, a assuré le Ministre. Il a remercié Mme Pillay pour sa visite récente dans son pays, qui a aussi reçu la visite du Rapporteur spécial sur la liberté de religion et de croyance: cette visite a coïncidé avec le lancement des reformes sur les droits de l'homme et la liberté de religion et de croyance, a conclu le dignitaire.
MME ASTA SKAISGIRYTE LIAUSKIENE, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, s'est interrogée sur ce que la communauté internationale pourrait faire face à une situation syrienne qui s'illustre, chaque jour, par la publication de statistiques macabres. Il semble que des crimes contre l'humanité aient été commis en Syrie: il est essentiel que les responsables ne puissent échapper à leur responsabilité. La Ministre a indiqué que son pays était coauteur du projet de résolution actuellement en discussion. Elle a rappelé, par ailleurs, que la Lituanie avait présidé, l'an dernier, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. En étroite coordination avec l'ONU, l'OSCE a œuvré à renforcer les partenariats avec la rive sud de la Méditerranée.
La Ministre a constaté que le monde vivait actuellement une résurgence des croyances religieuses: la Lituanie est préoccupée par l'aggravation concomitante de la haine et des guerres prenant la foi pour prétexte. Mme Liauskiene a souligné que la Lituanie avait une longue histoire multiculturelle et que cette coexistence avait contribué au bien-être du pays. Elle ne peut donc qu'insister sur l'importance de la promotion du dialogue, de la non-discrimination et de la lutte contre les préjugés ethniques et religieux. Par ailleurs, la Lituanie est particulièrement active dans la progression vers l'égalité des sexes. Elle présentera, cette année, une candidate au Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.
M. GENNADY M. GATILOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que la présente session du Conseil des droits de l'homme a lieu alors que s'aggravent les crises économiques et politiques dans le monde. Dans ces conditions, la capacité du Conseil à trouver des réponses aux nouveaux défis est d'une importance particulière. Il est toutefois inacceptable d'utiliser le Conseil pour diviser les États entre «bons» et «méchants» ou diluer le caractère intergouvernemental des organes conventionnels relatifs aux droits de l'homme, a-t-il souligné. Le travail doit se faire de manière collective et constructive, au bénéfice de tous les pays. Les évènements récents dans le monde arabe ont prouvé l'indivisibilité des trois piliers de l'ordre mondial – développement, paix et sécurité et droits de l'homme. La Russie est opposée à toute violence contre les populations civiles ou à l'utilisation de la force armée pour appuyer une partie à un conflit interne, en relevant que certains actes prétendument destinés à contribuer à la protection des droits de l'homme visent parfois d'autres objectifs. Il est impératif que les problèmes soient résolus par les peuples eux-mêmes, sans interférence étrangère, dans un cadre légal et grâce à un dialogue national en vue de trouver un consensus sur les transformations nécessaires, a-t-il indiqué.
Portant son attention sur la question de la discrimination raciale, le Vice-Ministre russe a estimé que l'une des principales tâches de la communauté internationale était de promouvoir la Déclaration de Durban et les déclarations issues de son examen, en 2009. Il a aussi annoncé que la Russie allait présenter une résolution sur l'intégrité des systèmes judiciaires, qui est un élément clé des mécanismes de promotion et de protection des droits de l'homme dans tous les pays. Cette initiative vise à réaffirmer que l'accès à la justice doit être garanti en toutes circonstances. En outre, la Russie continuera à promouvoir les valeurs traditionnelles dans les structures multilatérales des droits de l'homme: une étude thématique sur ce sujet sera soumise au Conseil à sa session d'automne, préparée par le Comité consultatif du Conseil.
M. ASHOT HOVAKIMYAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Arménie, a estimé que la plus grande réussite du Conseil est d'avoir inscrit la question des droits de l'homme à l'agenda de chaque État, les incitant à se doter des capacités nécessaires pour répondre rapidement aux problèmes existants ou éventuels. La promotion et la protection des droits de l'homme sont les principales réalisations des vingt années écoulées depuis l'indépendance de l'Arménie, et les lignes directrices de son développement futur. Dans ce cadre, l'Arménie, qui a présenté de nombreux rapports aux organes de traité, prend actuellement des mesures pour la mise en œuvre des recommandations formulées par ces organes et lors de l'Examen périodique. Le Gouvernement a créé une commission intergouvernementale chargée de piloter ces travaux. De même, l'Arménie a ratifié, l'an dernier, la Convention pour la protection de toute personne de la disparition forcée et adopté, cette année, son Plan d'action national pour la protection des droits de l'homme.
La prévention de génocide demeure une des priorités de la politique extérieure de l'Arménie. Dans ce cadre, le pays soutien toute initiative régionale et transrégionale basée sur la prévention de génocide, de même qu'il est favorable à la désignation d'un Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et de garanties de non récurrence. Dans le même ordre d'idée, M. Hovakimyan a estimé que l'éducation aux droits de l'homme est un des meilleurs instruments de prévention des atrocités. En conséquence, il a plaidé pour exclure de l'école tout livre contenant de la propagande ou incitant à la haine et à l'intolérance envers quelconque nation. En outre, l'Arménie juge fondamental le respect du droit à l'autodétermination, un droit qui ne saurait être soumis à restriction. C'est en vertu de ce droit que le peuple du Haut-Karabagh a adhéré de manière libre et unilatérale aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, a relevé le Vice-Ministre.
M. KAREL SCHWARZENBERG, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a rendu hommage à l'ancien président tchèque Vaclav Havel, une des grandes voix de la démocratie et ardent défenseur des droits de l'homme, disparu voici trois mois. Il y a trente ans, M. Havel était qualifié d'«ennemi de l'État», a rappelé M. Schwarzenberg, regrettant qu'aujourd'hui de trop de nombreux militants des droits de l'homme, partout dans le monde, sont vilipendés de la même manière, au premier rang desquels M. Ales Bialitski, emprisonné au Bélarus, comme plusieurs de ses camarades, sur ordre du Président Loukachenko. M. Schwarzenberg a aussi déploré la situation du militant chinois M. Ni Yulan, handicapé à la suite d'un passage à tabac par la police et celle de M. José Daniel Ferrer, à Cuba. Il s'est aussi inquiété des activités incontrôlées de milices dans les villes libyennes de Zintan et Misrata, qui se livrent à de graves violations des droits de l'homme.
Le chef de la diplomatie tchèque a déploré des violations des droits de l'homme au Venezuela, en Équateur, en Syrie, en Iran et en Arabie saoudite: dans ce dernier pays, le poète et journaliste Hamza Kachgari est passible de la peine de mort. M. Schwarzenberg s'est inquiété de la tension croissante dans les régions de peuplement tibétain de la Chine, où 22 personnes se sont immolées par le feu l'an dernier. Il s'est inquiété encore des menaces contre la liberté religieuse au Nigéria, de la situation des Bahaïs en Iran ou encore des persécutions antichrétiennes au Nord-Soudan. Il a dénoncé les atteintes à l'indépendance de la justice en Géorgie et en Ukraine et condamné la pratique généralisée de la torture en Ouzbékistan. M. Schwarzenberg s'est félicité, en revanche, de la participation active de Aung San Suu Kyi à la vie politique de la Birmanie-Myanmar, ainsi que du mouvement civique qui prend son essor en Russie.
MME LUCINDA CREIGHTON, Ministre des affaires européennes de l'Irlande, a estimé que les violations des droits de l'homme commises actuellement en Syrie pouvaient presque certainement être considérées comme des crimes contre l'humanité. Aussi l'Irlande applaudit-elle les efforts courageux de la Ligue des États arabes pour résoudre la crise en Syrie et regrette-t-elle que le Conseil de sécurité n'ait pas été en mesure de prendre collectivement des mesures concrètes. L'Irlande est, en outre, fermement engagée pour la pleine réalisation du droit à la liberté de religion et de croyance et condamne toutes les formes de persécution basée sur la religion.
Mme Creighton a rappelé par ailleurs que l'adoption par le Conseil, à sa dix-septième session, de la première résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme des personnes issues de minorités sexuelles avait permis d'approfondir la compréhension de ce qu'implique le droit à la non-discrimination. La Ministre a estimé d'autre part que les droits de l'homme doivent être mieux intégrés aux politiques relatives au changement climatique, qui est l'un des grands défis de notre époque. Mme Creighton a souligné le rôle vital que les femmes sont appelées à jouer dans les domaines de la paix, des droits de l'homme et du développement. Fermement engagée pour l'émancipation des femmes, l'Irlande rejette toutes les pratiques qui mettent en danger la vie, la santé ou le bien-être des filles et des femmes.
M. MARIUS FRANSMAN, Vice-ministre des relations et de la coopération internationale de l'Afrique du Sud, a noté que la crise dans la zone euro a des répercussions mondiales, y compris pour son pays. C'est pourquoi le «Fonds de la renaissance africaine et de la coopération internationale» a décidé de débloquer un financement pour le mandat du Rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme. L'Afrique du Sud a accueilli en outre le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation dans le cadre du renforcement de sa coopération avec les procédures spéciales du Conseil. De l'avis de l'Afrique du Sud, le système de commerce multilatéral, les institutions de financement internationales et les grandes économies doivent aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs. Le Vice-ministre a relevé que le changement climatique suscite des difficultés importantes pour la réalisation de ces objectifs, notamment en milieu rural.
M. Fransman a apporté son soutien au mécanisme de l'Examen périodique universel, indiquant que son pays présentera son second rapport au Groupe de travail en juin prochain. Dans le cadre du dixième anniversaire de la Déclaration de Durban, l'Afrique du Sud réitère son attachement à la lutte contre toute forme de discrimination, a rappelé son Vice-ministre. Par ailleurs, le Gouvernement sud africain a pris note des conclusions et recommandations du rapport de la «commission d'enquête sur les leçons apprises et la réconciliation» de Sri Lanka. Il salue la décision des autorités de ce pays de créer un nouveau mécanisme d'enquête. L'Afrique du Sud salue, enfin, la réconciliation entre l'Autorité palestinienne et le Hamas et soutiendra les deux parties dans leurs tentatives d'asseoir la démocratie, la paix, la stabilité et les droits de l'homme dans la société palestinienne. Enfin, l'Afrique du Sud reste préoccupée par la situation en Syrie et soutient les efforts de la Ligue arabe en vue de trouver une solution politique à cette crise.
M. KAMALESH SHARMA, Secrétaire général du Secrétariat du Commonwealth, a déclaré que les membres du Commonwealth étaient engagés en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme, comme le montrent les décisions prises à la récente réunion des Chefs d'État et de gouvernement du Commonwealth, en octobre dernier, visant notamment à renforcer le mandat du Groupe d'action ministériel, qui a pour but de faire progresser l'adhésion aux valeurs du Commonwealth, notamment les «trois D» - démocratie, développement et diversité.
M. Sharma a ajouté que le Commonwealth avait contribué de manière significative aux efforts globaux au sujet d'un large éventail de questions pressantes en matière de droits de l'homme, dont, entre autres, les questions relatives au changement climatique, aux mariages forcés, à la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, à la protection des droits des personnes handicapées, à l'élimination de la violence policière et à la lutte contre l'impunité. Dans le cadre de l'Examen périodique universel, le travail a été constant, notamment en organisant des séminaires régionaux concernant sa préparation, sa mise en œuvre et son suivi. Le Secrétaire général a finalement mentionné la mise sur pied d'un bureau du Commonwealth pour les petits États à Genève, doté d'un conseiller en droits de l'homme, en vue de soutenir les petits États membres du Commonwealth dans leurs relations avec le Conseil, les organes conventionnels et d'autres mécanismes des droits de l'homme.
M. RUI JORGE CARNEIRO MANGUEIRA Secrétaire d'État des affaires extérieures de l'Angola, a déclaré soutenir un processus de négociation politique pour la sortie de crise en Syrie. Il a aussi attiré l'attention sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés de Palestine et réaffirmé le ainsi le droit inaliénable à l'autodétermination du peuple palestinien. Par ailleurs, l'Angola soutient les initiatives du Conseil dans la lutte contre les violences sexuelles et déplore la suppression des financements de certains programmes humanitaires, notamment ceux relatifs à la lutte contre le VIH/sida. Dans ce contexte, M. Mangueira a lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle maintienne les financements nécessaires à es programmes. Il en a profité pour réfuter les allégations sur les violences sexuelles qu'auraient commises les forces de sécurité de son pays sur des migrants illégaux au cours de leur rapatriement.
Tout en défendant la liberté d'expression sur l'Internet, le Secrétaire d'État angolais a toutefois estimé que la liberté d'expression, comme toute autre liberté, ne peut être illimitée. L'Angola, a-t-il poursuivi, respecte les libertés et dispose de législations qui les protègent; le pays favorise la libre expression de partis politiques, de médias, d'organisations non gouvernementales ou d'institutions religieuses. Enfin, l'Angola a été soumis à l'Examen périodique universel en février 2011 et a déjà commencé la mise en œuvre des recommandations de ce processus, a-t-il conclu.
MME CLOTILDE NIRAGIRA, Ministre de la solidarité nationale, des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, a présenté le bilan des réalisation du Gouvernement du Burundi en matière de promotion et de protection des droits de l'homme depuis la mise en place des institutions démocratiques en 2005. Rappelant que, depuis son accession à l'indépendance en 1962, le Burundi n'a jamais connu de répit, la Ministre a détaillé les structures chargées de protéger et de promouvoir les droits de l'homme, dont l'Ombudsman et la Commission nationale des droits de l'homme.
En ce qui concerne les efforts du Burundi dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels, Mme Niragira indiqué que l'éducation primaire pour tous, la gratuité des oins pour les enfants de moins de cinq ans et les mères en couche sont aujourd'hui une réalité. Le Gouvernement a aussi initié la construction d'écoles, d'hôpitaux et d'autres infrastructures. Elle a aussi mentionné les avancées significatives en matière de participation des femmes à la vie publique et l'existence d'une société civile dynamique. Par ailleurs, la peine de mort a été abolie, les anciens combattants ont été désarmés et démobilisés et le système judiciaire est en cours de réforme. Le Burundi est déterminé à assurer la pleine jouissance des droits de l'homme à l'ensemble de ses citoyens, a-t-elle conclu.
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HRC12/008F