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CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: RÉUNION-DÉBAT SUR LE RÔLE DU SPORT POUR PROMOUVOIR LES PRINCIPES DES DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, à la mi-journée, une réunion-débat sur les moyens de promouvoir la connaissance et l'application de la Déclaration universelle des droits de l'homme par l'intermédiaire du sport et de l'idéal olympique. Le débat était animé par M. Jeremy Browne, Ministre d'État aux affaires étrangères du Royaume-Uni.

Ouvrant les débats, Mme Navi Pillay a rappelé que plusieurs instruments internationaux confirment le rôle du sport en tant que vecteur de paix et de développement humain. Cependant, elle a noté que, comme toute activité sociale, le sport peut entraîner des effets négatifs. Des mesures doivent donc être prises pour s'assurer que le sport n'engendre pas de violation des droits de l'homme.

Les panélistes de la réunion-débat d'aujourd'hui étaient M. Keith Mills, Vice-Président du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Londres 2012, M. Carlos Nuzman, Président des Jeux olympiques de Rio 2016 et M. Vladimir Lukin, Ombudsman pour les droits de l'homme de la Fédération de Russie et Président du Comité paralympique russe.

M. Mills a notamment déclaré que les droits de l'homme et la quête de la paix étaient des valeurs communes des Nations Unies et du mouvement olympique. Il a souligné que le sport devait être un ambassadeur de la paix et un catalyseur du changement et a appelé à encourager le rôle du sport en tant que faiseur de paix et pour favoriser le changement.

Pour sa part, M. Nuzman a estimé que l'organisation des Jeux olympiques de 2016 était une opportunité unique pour le Brésil de poursuivre son développement, notamment en matière d'amélioration des infrastructures urbaines de transport et de logement. Entre autres choses, la réhabilitation de quartiers pauvres et la mise sur pied de programmes sociaux sont des exemples du fait que l'organisation des Jeux olympiques est un vecteur de changement.

M. Lukin, a déclaré que la pratique du sport participe à l'équilibre psychique et physique de chacun et peut contribuer à combattre le racisme et la discrimination. Il est très important que le sport participe à la promotion des droits de l'homme et il existe un grand potentiel inexploité à cet égard. Soulignant qu'on ne fait que commencer à travailler pour les handicapés, il a souligné que les jeux paralympiques participent à transformer les infrastructures sportives et urbaines au bénéfice des handicapés, ainsi que les mentalités à leur égard.

Au cours du débat, plusieurs délégations ont fait part des mesures prises par leurs gouvernements pour favoriser les activités sportives par toutes les couches de la population. Nombre d'intervenants ont souligné le rôle du sport pour favoriser le développement humain. ont participé au débat les délégations suivantes: Mauritanie au nom du Groupe arabe, Norvège au nom des cinq pays nordiques, Azerbaïdjan, Brésil, Costa Rica, Grèce, Qatar, Amnesty International et Alliance internationale des personnes handicapées.


Le Conseil reprend à 15 heures son débat de haut niveau, au cours duquel il doit entendre des hauts dignitaires du Kazakhstan, du Chili, de Sri Lanka, de la Malaisie, de l'Italie, de la Thaïlande, du Yémen, de la République islamique d'Iran, du Brésil, du Costa Rica, de la France, de l'Arabie saoudite.


Réunion-débat de haut niveau pour promouvoir la connaissance et l'application des principes des droits de l'homme par l'intermédiaire du sport et de l'idéal olympique

Présentation

MME NAVI PILLAY, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a présenté le débat en indiquant que plusieurs textes confirmaient le rôle du sport en tant que vecteur de paix et de développement humain, notamment la Déclaration du Millénaire (2000) et les documents issus du Sommet mondial de 2005 et du débat de haut niveau de 2010 sur les objectifs du Millénaire pour le développement. Il est donc surprenant de constater la rareté des contacts entre le mouvement des droits de l'homme et le monde du sport alors qu'à l'évidence, les deux domaines ont nombre d'objectifs et de valeurs en commun. La Charte olympique stipule, par exemple, que la pratique du sport est un droit fondamental de l'être humain et que le but du mouvement olympique consistait à mettre le sport au service du développement harmonieux de l'humanité, en parfait écho avec l'Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Mme Pillay a observé, en outre, que le sport constituait un instrument irremplaçable dans le domaine de la santé publique, comme en témoigne la collaboration de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avec le monde du sport. En outre, depuis longtemps, le sport joue un rôle important comme moyen d'autonomisation des groupes marginalisés.

Comme toute activité sociale cependant, le sport risque d'entraîner des effets négatifs. Il y a dix ans, l'Assemblée générale soulignait déjà les dangers qui pèsent sur les sportifs et les sportives, notamment les jeunes athlètes comme l'entraînement excessif, le dopage et l'exploitation à des fins commerciales. De ce fait, les instances sportives doivent être conscientes de l'existence de normes relatives aux droits de l'homme et de la nécessité de les inscrire dans leurs propres règlements et pratiques. De fait, les athlètes amateurs et professionnels sont titulaires de droits à part entière. Il conviendrait dès lors de prendre des mesures tendant à faire en sorte que le sport n'engendre pas de violations des droits de l'homme. Mme Pillay s'est félicitée, à cet égard, de la déclaration du Comité olympique international de 2007 sur le harcèlement sexuel dans le sport.

M. JEREMY BROWNE, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que le Royaume-Uni, en tant qu'hôte des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques de Londres en 2012, a souhaité souligner les liens importants entre les valeurs incarnées par le Conseil et les valeurs inscrites dans les Jeux olympiques, telles que les valeurs de l'humanité et le principe de l'égalité de tous. Le Royaume-Uni souhaite tire parti de l'intérêt du public pour les jeux et faire en sorte que quand les téléspectateurs regarderont les Jeux de 2012 à Londres, ils verront un programme plus vaste que les Jeux, celui des droits de l'homme. Les jeux olympiques étaient un évènement qui ne visait pas seulement à célébrer le sport mais aussi les valeurs communes de l'humanité, dont font parties les droits de l'homme.

Panélistes

M. KEITH MILLS, Vice-Président du Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Londres 2012, a déclaré que les droits de l'homme et la quête de la paix étaient des valeurs communes aux Nations Unies et au mouvement olympique. Il a rappelé que les derniers jeux olympiques tenus à Londres avaient eu lieu en 1948, en même temps que la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dans le contexte de l'après-guerre et de l'espoir d'un monde meilleur après les horreurs de la Seconde guerre mondiale. Le monde est complexe et les nombreuses barrières qui existent ne vont pas s'abattre du jour au lendemain, a-t-il déclaré, toutefois la globalisation du sport est un levier qui peut permettre l'avènement de la paix, ceci d'un point de vue aussi bien symbolique que pratique. Le sport doit être un ambassadeur de la paix et un catalyseur du changement, a-t-il souligné. Rappelant que c'est en temps d'hostilités que les droits de l'homme sont le plus malmenés, M. Mills a noté que le mouvement olympique avait demandé, grâce à sa résolution sur la trêve olympique, qu'une trêve soit observée pendant la tenue des jeux olympiques. Cette résolution a été signée et appuyée par tous les États membres des Nations Unies et elle a réuni le plus grand nombre de co-auteurs dans l'histoire des Nations Unies. Il faut encourager le sport comme faiseur de paix et dans l'espoir qu'il aide au changement, a-t-il ajouté. Un exemple de cette volonté de changement est la réhabilitation d'un parc dans l'Est de Londres dans le cadre de la préparation des jeux olympiques de Londres. Par ailleurs et pour la première fois, les comités olympiques et paralympiques seront intégrés, a-t-il souligné. En collaboration avec le Parlement britannique et les Nations Unies via l'UNICEF, une grande campagne de sensibilisation a été mise sur pied, dont des affiches sont visibles dans le Palais des Nations. Pour conclure, M. Mills a félicité le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, ainsi que M. Jacques Rogge, Président du Comité international olympique, pour leur recherche de nouveaux moyens pour promouvoir les droits de l'homme.

M. CARLOS NUZMAN, Président de Rio 2016, a fait valoir les avantages en termes de développement, d'inclusion et de croissance d'une manifestation telle que les Jeux olympiques pour les pays organisateurs. Rio de Janeiro par exemple, organisateur de l'édition 2016 des Jeux, est en train de renouveler son infrastructure sportive, industrielle et civile. Cette démarche, qui aboutira en 2020, implique des dépenses pour un montant de plus de 4 milliards de dollars dans le cadre de partenariats public-privé gérés par les autorités municipales. Le Gouvernement estime que ces investissements façonneront la vie des habitants de Rio au-delà des jeux, par exemple en améliorant leur sécurité et leurs conditions de logement, puisque 260 000 foyers bénéficieront, à terme, d'appartements rénovés. Les autorités ont également pris des mesures de logement ou de relogement en faveur de plus de huit mille familles installées illégalement sur des parcelles, mesures appliquées dans le strict respect des procédures établies. D'autres investissements durables ont été consentis pour les transports publics. Le Comité olympique du Brésil œuvre pour sa part pour la promotion, dans plus de 3900 communautés et villes de tout le Brésil, des activités sportives, en vue de découvrir de nouveaux jeunes talents: plusieurs dizaines d'entre eux ont participé aux «Jeux olympiques scolaires» de Singapour.

M. VLADIMIR LUKIN, Ombudsman des droits de l'homme et Président du Comité paralympique russe, a relevé que la Déclaration universelle des droits de l'homme ne mentionnait malheureusement pas le sport ou le mouvement olympique. Cependant, les valeurs des droits de l'homme se retrouvent dans la Charte olympique. Elle enseigne notamment le respect des autres et des règles. On dit souvent que le sport encourage l'agressivité, mais au contraire les éducateurs sportifs enseignent les valeurs d'honnêteté, de respect mutuel, de compréhension de l'autre ainsi que les mérites d'une vie saine et du respect des règles. Chacun doit avoir la possibilité de faire du sport dans un esprit d'amitié, de solidarité et d'honnêteté dans le jeu. La pratique du sport participe à l'équilibre psychique et physique et doit permettre de combattre le racisme et la discrimination. Il est très important que le sport participe à la promotion des droits de l'homme et il existe un grand potentiel inexploité à cet égard. Portant son attention sur la question du dopage, M. Lukin a déclaré que celui-ci met en danger la crédibilité des jeux olympiques et qu'il doit être sévèrement puni. Soulignant qu'on ne fait que commencer à travailler pour les handicapés, il a déclaré que les jeux paralympiques participent à transformer les infrastructures sportives au bénéfice des handicapés ainsi que les mentalités vis-à-vis des handicapés. Finalement, il a appelé à ne pas politiser les jeux olympiques.

Débat

Au cours du débat, plusieurs délégations ont fait part des mesures prises par leurs gouvernements pour favoriser les activités sportives par toutes les couches de la population, notamment au Qatar et en Azerbaïdjan. La représentante de ce dernier pays a assuré que son Gouvernement organise de nombreux événements sportifs ouverts à toutes les populations vivant sur son territoire et qu'il s'est lancé dans la course pour les Jeux de 2020. La représentante de la Mauritanie, au nom du Groupe arabe a observé que le sport, outre qu'il est directement lié au droit à la santé, contribue à la diffusion d'une culture de tolérance. Le Groupe arabe plaide notamment pour la facilitation administrative des déplacements des équipes sportives et pour la simplification des démarches liées à la construction d'infrastructures sportives.

Le Costa Rica a soutenu la résolution du Conseil des droits de l'homme sur le sport, soulignant que les activités sportives peuvent favoriser le respect des droits de l'homme. Il faut organiser une véritable prise de conscience par les athlètes de leur rôle personnel à cet égard. Le représentant de la Norvège, au nom des cinq pays nordiques, a regretté que de nombreuses personnes soient victimes de discrimination du fait qu'elles sont interdites de participation aux activités sportives: c'est malheureusement encore le cas des femmes dans de nombreux pays. La participation aux Jeux ne pourrait-elle pas être conditionnée par des progrès dans l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes?

La Grèce a voulu savoir selon quels critères le Comité d'organisation des jeux de Londres a choisi ses projets d'infrastructures. Elle a aussi observé que les Jeux olympiques et paralympiques d'Athènes avaient été des facteurs de cohésion sociale, de tolérance et d'intégration, notamment grâce à l'action exemplaire des très nombreux volontaires engagés. Elle a enfin relevé avec satisfaction que les Jeux paralympiques améliorent l'inclusion sociale des personnes handicapées.

Le Brésil a assuré que le pays est soucieux d'organiser des Jeux qui profitent à toute la population brésilienne, entendant tirer parti de l'effort national consenti à cette occasion pour améliorer les conditions de vie de tous.

Pour l'organisation non gouvernementale Amnesty International, les Jeux olympiques et paralympiques doivent faire figure de modèles pour le respect des droits de l'homme, notamment s'agissant de leur financement et de la gestion des infrastructures créées à cette occasion. Le représentant a regretté, dans ce contexte, que le Comité olympique londonien ait choisi, comme partenaire de sa manifestation, la société Dow, qui n'a jamais admis ses responsabilités dans la catastrophe industrielle de Bhopal, en 1984, ce qui ne témoigne guère du respect des droits de l'homme. L'Alliance internationale des personnes handicapées a déclaré que le droit au sport est essentiel dans la construction d'une société inclusive et a regretté à ce propos que les personnes handicapées soient exclues des activités sportives, ce qui implique que les autorités prennent des mesures plus fermes pour en assurer l'accès. La première démarche à cet égard doit être d'assurer l'implication des personnes handicapées à l'élaboration des programmes les concernant et organiser leur participation aux épreuves sportives.

Conclusion

M. Mills a déclaré que le mouvement olympique prenait très au sérieux la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes et la promotion des droits de l'homme. S'agissant de la question posée par Amnesty International, il a indiqué que le CIO s'est assuré que les produits chimiques utilisés au cours des Jeux olympiques ne soient pas liés à l'usine de Bhopal.

M. Nuzman a mentionné que le Brésil a créé un groupe interministériel sur les objectifs du Millénaire pour le développement et pour suivre les progrès en la matière, notamment dans la lutte contre la pauvreté. Depuis 2007, d'importants progrès ont été réalisés et les efforts devraient aboutir en 2015. Par ailleurs, le CIO collabore avec les organisations qui partagent les valeurs olympiques.

M. Lukin a déclaré que le Conseil avait agi judicieusement en organisant le présent débat, qui est le point de départ d'une réflexion qui doit s'inscrire dans la durée. La discrimination en général pose problème, il faudra que le mouvement olympique et le Conseil des droits de l'homme réfléchissent à des recommandations sur la discrimination dans le sport.


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HRC12/003F