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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU EN ENTENDANT DES DIGNITAIRES DE RANG MINISTÉRIEL DE PLUSIEURS PAYS

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi cet après-midi son débat de haut niveau entamé lundi. Il a entendu à cette occasion les Ministres des affaires étrangères de Chypre, de l'Estonie, de la Croatie, du Guatemala, de l'ex-République yougoslave de Macédoine et du Kirghizistan, les Ministres de la justice du Botswana, du Bénin et de la République démocratique du Congo, le Secrétaire d'État aux affaires politiques du Monténégro, les Vice-Ministres des affaires étrangères du Viet Nam, du Venezuela, de la Bosnie-Herzégovine et du Nigéria et le Président du centre national des droits de l'homme de l'Ouzbékistan, ainsi que la Commissaire aux affaires politiques de l'Union africaine.

De nombreux intervenants ont salué le succès des procédures du Conseil des droits de l'homme, en particulier du mécanisme novateur de l'Examen périodique universel, qui termine cette année son premier cycle après avoir examiné la situation des droits de l'homme dans tous les pays et doit entamer un nouveau cycle tenant compte de l'examen récent du fonctionnement et des travaux du Conseil. Par ailleurs, plusieurs représentants ont saisi l'occasion du débat de haut niveau pour présenter les progrès de leur pays en vue de garantir les droits de l'homme pour tous, notamment par l'adoption de réformes législatives et institutionnelles visant à harmoniser les lois avec les normes internationales des droits de l'homme.

De nombreux dignitaires ont noté que les yeux de la communauté internationale sont tournés vers la situation préoccupante des droits de l'homme et la situation humanitaire en Syrie et ont déploré l'escalade de la violence et les graves violations des droits de l'homme qui y sont commises. Plusieurs ont par contre noté l'évolution positive récente au Myanmar et salué la lutte non-violente pour la démocratie menée notamment par Aung San Suu Kyi et des défenseurs des droits de l'homme dans d'autres pays, dont le combat doit être reconnu et soutenu par la communauté internationale.


Le Conseil des droits de l'homme reprendra demain matin, dès 9 heures, son débat d'urgence sur la situation en Syrie, à l'issue duquel un projet de résolution devrait être examiné et adopté. Le débat de haut niveau devrait se poursuivre à partir de 11 heures, pour se conclure dans le courant de l'après-midi.


Suite du débat de haut niveau

MME ERATO KOZAKOU-MARKOULLIS, Ministre des affaires étrangères de Chypre, a évoqué le rôle des femmes dans les changements révolutionnaires depuis Lysistrate, dans l'Antiquité grecque, jusqu'au «printemps arabe», en passant par la révolution française et par le mouvement des femmes du Libéria, qui a contribué à mettre un terme à la guerre civile en 2003. Elle a aussi mentionné la conférence internationale des femmes de Beijing en 1995, réunion à laquelle elle avait représenté son pays et au cours de laquelle des recommandations concrètes ont été adoptées. Néanmoins, malgré les progrès accomplis, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) estime que 80% des personnes réfugiées et déplacées sont des femmes et des enfants.

La Ministre chypriote a aussi souligné que les femmes chypriotes avaient été particulièrement affectées par l'occupation étrangère qui dure depuis 38 ans. À Chypre, comme dans les autres zones de conflit, les femmes, qui sont le cœur et l'âme de la famille, ont le plus souffert. C'est peut-être la raison pour laquelle les femmes chypriotes sont très actives dans les initiatives de rapprochement avec leurs sœurs chypriotes turques. La Ministre a constaté avec regret que, partout dans le monde, les femmes ne participent que de manière marginale au règlement des conflits: trois pour-cent seulement des signataires d'accords de paix sont en effet des femmes. La Ministre s'est par contre félicitée de la création de l'institution ONU-Femmes, en 2010, les femmes jouant un rôle essentiel dans la coordination et le renforcement de la responsabilisation du système onusien. Par ailleurs, Chypre est fière de son engagement actif pour assurer la protection des droits des femmes en s'appuyant sur les traités internationaux et sur les directives européennes. Les femmes méritent, et ont le droit, de participer aux décisions qui façonnent leur vie, a conclu Mme Kozakou-Markoullis.

M. DIKGAKGAMATSOA N. SERETSE, Ministre de la défense, de la justice et la sécurité du Botswana, s'est déclaré très préoccupé par la situation des droits de l'homme en Syrie, alors que les autorités de ce pays semblent résolues à apporter misère et souffrance à leur peuple. Dans ce contexte, le Botswana non seulement condamne fermement ces violences, mais soutient toutes les initiatives internationales en vue d'accentuer la pression sur les autorités syriennes, y compris les initiatives de la Ligue arabe et du Groupe d'amis de la Syrie, ou encore la nomination de M. Kofi Annan. Le Botswana appelle le Conseil à rester saisi de la question. Par ailleurs, le Botswana loue les efforts du Gouvernement de Sri Lanka à trouver la paix et se félicite des résultats de sa «Commission de réconciliation et des leçons apprises». Le Botswana appelle, dans ce cadre, le Gouvernement sri lankais à mettre en œuvre les recommandations du rapport de ladite Commission et à respecter ses engagements et obligations internationales.

Le Ministre s'est encore félicité de la création d'un mandat de Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, la justice, la réparation et des garanties de non récurrence, appelant les pays émergeant d'un conflit à coopérer pleinement avec lui. Le Botswana se félicite en outre des récentes évolutions au Myanmar, même si beaucoup reste encore à faire. De même, la situation en République populaire démocratique de Corée, notamment l'absence de libertés politiques et civiles et la famine, inquiète le Botswana, qui appelle les autorités de ce pays à coopérer avec le Rapporteur spécial. M. Seretse s'est ensuite inquiété des demandes adressées au Haut-Commissariat en vue de créer de nouveaux mandats et d'élever le niveau d'assistance, alors même que toutes ces demandes excèdent ses capacités. Des complémentarités doivent être trouvées, au risque de miner les efforts en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Enfin, le Botswana est disposé à discuter avec les autres membres du Conseil des questions relatives à l'orientation sexuelle.

MME MARIE ÉLISE GBEDO, Ministre de la justice, de la législation et des droits de l'homme du Bénin, a déclaré que son pays mène, au quotidien, le combat des droits de l'homme, et s'est félicitée des progrès réalisés en ce domaine. Ainsi un processus de «refondation» a été entrepris comprenant notamment la lutte contre la pauvreté, l'accès équitable de tous les citoyens aux services sociaux de base, l'égalité des chances dans l'éducation ou une garantie de transparence au niveau des consultations électorales. Dans le cadre de ce processus, des réformes ont été entreprises telles que l'adoption de la loi contre la corruption et de la loi sur la prévention et la répression des violences faites aux femmes. La Ministre a ensuite reconnu que beaucoup d'efforts restent à faire en matière de construction d'équipement judiciaire et a, dans ce contexte, remercié ses partenaires français et américains pour l'aide apportée à son pays.

La politique des microcrédits destinés aux femmes et aux jeunes a été renforcée, a poursuive la Ministre. De même, une réforme du secteur portuaire est en cours afin d'accroitre les recettes financière de l'État, a indiqué la Ministre, précisant que ces recettes iront à la réduction de la pauvreté. Pour garantir l'égalité des chances dans l'éducation, le Gouvernement du Bénin a lancé un programme de délocalisation des certaines filières classiques et d'écoles professionnelles, qui offre la possibilité d'accéder à des études supérieures où qu'on se trouve sur le territoire. Le Gouvernement a par ailleurs adopté des programmes de lutte contre le VIH/sida. Il a transmis au Comité des droits de l'enfant ses troisième, quatrième et cinquième rapports, et a pris des mesures pour protéger les enfants contre le trafic, la vente et la maltraitance dont ils sont victimes, a précisé Mme Gbedo.

M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l'Estonie, a déploré la situation désastreuse des droits de l'homme en Syrie, ainsi qu'au Bélarus, pays voisin de l'Estonie qui a connu, au cours de l'année passée, une aggravation des restrictions imposées sur les droits de l'homme. Le Ministre s'est félicité des améliorations constatées au Myanmar, qui ont permis à l'Union européenne d'atténuer ses sanctions.

Soulignant que la liberté d'expression est l'une des caractéristiques des sociétés démocratiques, le Ministre estonien a déclaré qu'il fallait réfléchir à de nouvelles solutions pour garantir la liberté d'expression sur l'Internet. Il a indiqué que la liberté d'expression sur l'Internet serait l'une des priorités thématiques de sa délégation si l'Estonie était élue au Conseil cette année. Portant son attention sur les droits des femmes, M. Paet a relevé qu'elles composent le plus grand groupe de victimes des conflits politiques et militaires. C'est pourquoi il faut poursuivre les efforts pour autonomiser les femmes et renforcer leur rôle dans la prévention et le règlement des conflits. L'Estonie s'engage à promouvoir le droit des femmes, notamment par le truchement de l'aide au développement. La promotion du droit des peuples autochtones est aussi une priorité pour l'Estonie, a-t-il conclu.

MME VESNA PUSIĆ, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a expliqué qu'après avoir accordé la priorité, ces dernières années, à son adhésion à l'Union européenne, son pays pouvait désormais avoir une vision internationale plus large. S'agissant de la Syrie, la Croatie est favorable à la prorogation du mandat de la Commission d'enquête du Conseil ainsi qu'à la poursuite des efforts de la Ligue arabe. La nomination de M. Kofi Annan est un très grand pas en avant, a-t-elle estimé. En ce qui concerne la Libye, elle a constaté que de grandes révolutions pouvaient faire progresser des sociétés vers la démocratie, ce qui ne garantit pas le respect et la protection des droits de l'homme pour autant. Dans de telles circonstances historiques, la société ressort inévitablement brutalisée et exposée à la violence. Une fois la guerre achevée, la bataille pour les droits de l'homme ne fait que commencer. C'est une leçon que la Croatie a apprise de sa longue et douloureuse expérience, une expérience qu'elle est disposée à partager avec les sociétés en transition du Sud de la Méditerranée.

La Ministre s'est félicitée par ailleurs des progrès enregistrés en Birmanie-Myanmar, qui prouvent que le fait d'exiger la liberté et la démocratie finit par payer, comme l'a montré le courage d'une femme et le défi qu'elle a relevé en faveur des droits de l'homme dans son pays. En ce qui concerne les droits de l'enfant et des fillettes, Mme Pusiæ a précisé que la Croatie avait contribué, en 2011, à l'éducation des jeunes Afghanes. Pour ce qui regarde les droits des minorités sexuelles, la Ministre s'est dite encouragée par le fait que si, il y a dix ans, la première parade homosexuelle à Zagreb avait eu lieu sous les quolibets, l'été dernier l'événement avait eu lieu dans la joie et la bonne humeur. Pourtant, rien n'est acquis, a-t-elle observé, puisque le même été, dans la ville de Split, la première parade gay a été le théâtre de violences: il est clair que le travail n'est jamais fini nulle part, y compris en Croatie.

M. LUZOLO BAMBI LESSA, Ministre de la justice et des droits humains de la République démocratique du Congo, a rappelé les engagements internationaux pris par son pays et concrétisés à ce jour. Le Ministre a ainsi cité l'organisation des élections présidentielles et législatives, la participation à la Conférence internationale des Grands Lacs sur les violences sexuelles, la réglementation du fonctionnement de l'Entité de liaison des droits de l'homme et la lutte contre l'impunité des auteurs de violations des droits de l'homme, d'actes de corruption et de violences, y compris les violences sexuelles. Dans chacun de ces domaines, les engagements ont été tenus, le Gouvernement ayant pris des initiatives et des condamnations ayant été prononcées contre les auteurs de violences sexuelles, notamment. Le Ministre est également revenu sur l'état de mise en œuvre du Plan d'action relatif aux recommandations des Nations Unies en matière de droits de l'homme. Ces recommandations ont été catégorisées en sous-thèmes et priorisées selon les objectifs poursuivis par le Gouvernement. La mise en œuvre des recommandations de court terme est, pour l'essentiel, en cours de réalisation.

Le Ministre a exposé les perspectives de la République démocratique du Congo pour l'amélioration de la situation des droits de l'homme. Le Gouvernement poursuit ainsi son plaidoyer au sein de la nouvelle Assemblée nationale afin d'établir une Commission nationale des droits de l'homme conforme aux Principes de Paris. La protection des défenseurs des droits de l'homme bénéficie d'une attention particulière, notamment depuis la création d'une Cellule de protection des défenseurs des droits de l'homme, d'ores et déjà opérationnelle. Enfin, la République démocratique du Congo réaffirme son étroite coopération avec la Cour pénale internationale: elle a montré son exemplarité en de domaine, en demeurant notamment le seul État au monde à avoir accordé sa pleine coopération à la Cour. Dans ce contexte, le Gouvernement rejette catégoriquement toute proposition d'un quelconque mandat de coopération technique en matière de réforme du secteur de la justice et de lutte contre l'impunité; il rejette de même, compte tenu du bon fonctionnement de l'Entité de liaison des droits de l'homme, l'idée d'un Expert indépendant pour la République démocratique du Congo, quel que soit le mandat qui lui soit assigné. En revanche, a conclu le Ministre, il y a lieu pour la communauté internationale de poursuivre son soutien à ladite Entité et au Comité mixte de justice.

M. HAROLD CABALLEROS, Ministre des relations extérieures du Guatemala, a déclaré qu'alors que des changements importants surviennent dans le monde arabe, il est important que les gouvernements écoutent leur population et prennent en compte leurs demandes légitimes. Après trois sessions extraordinaires de ce Conseil, une réunion spéciale du Conseil de sécurité et une résolution de l'Assemblée générale, la situation humanitaire en Syrie continue de s'aggraver: la prolongation de cette situation aura des conséquences graves pour la population. Le Ministre a souligné que son pays rejetait toute violence, d'où qu'elle vienne. Il a en outre rappelé que les gouvernements ont l'obligation de protéger leur population civile, en particulier les femmes et les enfants, et de poursuivre les responsables de violations des droits de l'homme.

L'un des objectifs principaux du Guatemala est de renforcer ses structures en vue du respect des droits fondamentaux de tous les Guatémaltèques. Des réformes dans les domaines de la sécurité et de la justice ont été lancées, ainsi que des programmes de lutte contre la faim par le biais du développement rural. Trois progrès importants sont intervenus ces derniers mois: l'adoption du Statut de Rome de la Cour pénale internationale par le Congrès, la création d'un Ministère du développement social, qui dirige les programmes de lutte contre la pauvreté, et l'adoption d'une importante réforme fiscale. La législation nationale est en cours d'harmonisation avec les normes internationales des droits de l'homme et de nombreux plans d'action nationaux ont été adoptés. Cependant, malgré ses progrès, le Guatemala a de nombreux défis à relever, notamment s'agissant des personnes en situation de pauvreté extrême, des femmes et des personnes issues de minorités.

M. NIKOLA POPOSKI, Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine, a annoncé que son pays avait bouclé son rapport d'étape concernant son examen périodique, rapport qu'il devrait soumettre prochainement au Conseil. Il est en outre candidat pour devenir membre du Conseil pour la période 2014-2016. Attachée aux procédures spéciales du Conseil, le pays est aussi favorable au développement des normes humanitaires internationales, en tant que l'une des activités centrales des Nations Unies. Le Ministre macédonien a souligné l'importance de faire progresser les droits des groupes les plus vulnérables, à commencer par les femmes et les enfants.

Au plan national, le Gouvernement macédonien met l'accent sur la non-discrimination, la représentation équitable des minorités, l'autonomisation des Roms, les droits de l'enfant, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, la liberté d'expression, de religion et de croyance et la protection des personnes handicapées. Le dialogue interreligieux est l'un des grands axes de la politique macédonienne, le pays ayant organisé des conférences mondiales sur le dialogue des cultures et des civilisations, en 2007 et 2010. Le pays s'enorgueillit d'avoir fait progresser de manière importante la place de sa minorité rom dans la société, y compris en ce qui concerne la vie politique et la participation aux affaires de la cité. La Stratégie nationale pour les Roms porte ses fruits dans les domaines du logement, de la santé, de l'éducation et de l'emploi, a conclu M. Poposki.

M. AKMAL SAIDAOV, Directeur du centre national des droits de l'homme de l'Ouzbékistan, a rappelé qu'il y a vingt ans seulement, son pays accédait à l'indépendance. Depuis lors, l'Ouzbékistan a réalisé des progrès notables, multipliant par plus de trois son taux de croissance, par neuf le revenu total de sa population et accordant 58,7% de son budget aux dépenses sociales. La mise en œuvre systématique du «modèle ouzbèke de développement», une réforme profonde de l'économie, la sécurisation des droits de l'homme et des libertés ont radicalement changé le visage du pays et contribué à son rayonnement international. M. Saidaov a aussi fait état d'autres réalisations du Gouvernement de l'Ouzbékistan, notamment l'adoption de plusieurs textes législatifs portant sur les droits de l'homme et la pratique politique, entre autres l'adoption d'un Programme national d'action des droits de l'homme ou la ratification d'instruments internationaux. M. Saidaov a aussi attiré l'attention sur des rencontres internationales ayant pour thème le «modèle ouzbèke d'éducation et de santé», organisées notamment par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, par l'Organisation mondiale de la santé et par le Fonds des nations Unies pour l'enfance.

M. LE LUONG MINH, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a souligné que le Conseil se réunit alors que des changements importants sont en cours dans le monde, notamment dans le monde arabe. Le Vice-Ministre a observé que la crise économique et financière a des conséquences négatives pour les populations du monde entier, mais au détriment surtout des pays en développement. En particulier, les efforts consentis pour la réalisation des droits à la vie, à l'alimentation, à un logement convenable, au travail décent et au développement, sont affectés négativement par ces crises. Au plan intérieur, le Viet Nam continue d'être fermement engagé à assurer la pleine jouissance des droits de l'homme par sa population. Le Gouvernement continue ainsi d'investir dans des programmes visant au développement économique au profit des plus pauvres. Les réformes législatives, administratives et judiciaires se poursuivent, le développement socio-économique, la justice sociale et l'état de droit restant les trois piliers de la stratégie nationale de développement. Au niveau régional, le Viet Nam travaille avec ses partenaires de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est à la rédaction d'une «Déclaration régionale des droits de l'homme». M. Minh a d'autre part indiqué que son pays est candidat à un siège au Conseil pour la période 2014-2016.

Le Vice-Ministre vietnamien s'est dit inquiet de l'escalade de la violence en Syrie, assurant que son pays soutenait tous les efforts de la communauté internationale en vue de trouver une solution fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, notamment les principes d'indépendance nationale, de souveraineté, d'intégrité territoriale, de non-coercition et de non-ingérence. Le Conseil doit s'abstenir de tomber dans les travers de son prédécesseur, notamment la politisation des questions relatives aux droits de l'homme.

M. NEBOJŠA KUĐEROVIĆ, Secrétaire d'État aux affaires politiques du Monténégro, a déclaré que son pays partage la préoccupation de la communauté internationale au sujet de la situation en Syrie et salue la nomination de M. Annan en tant qu'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe. Le Secrétaire d'État a par ailleurs déclaré que son pays appuie le renforcement du système des organes conventionnels et salue le processus d'amélioration de l'Examen périodique universel. Les défis lancés par la situation des droits de l'homme dans le monde justifient la mise en place de nouvelles procédures spéciales, estime le Monténégro. Il invite en outre tous les pays à faire une invitation permanente aux procédures spéciales du Conseil.

M. Kuđerović a indiqué que la recherche d'une solution durable à la question des réfugiés installés au Monténégro constituait l'un des domaines prioritaires du Gouvernement en matière de protection des droits de l'homme. Avec ses voisins et des partenaires internationaux tels que l'Union européenne et le Haut-Commissariat pour les réfugiés, le pays est parvenu à des résultats substantiels pour résoudre ce problème considérable. En outre, des mesures pour améliorer la situation des groupes marginalisés, des personnes handicapées et des minorités sexuelles, ainsi que la lutte contre la discrimination et en faveur de l'égalité sexuelle demeurent prioritaires. En tant que pays candidat à l'Union européenne, le Monténégro élabore un cadre global pour le respect des droits de l'homme. Par ailleurs, il est candidat au Conseil pour la prochaine mandature. Le Monténégro est convaincu qu'il peut apporter une valeur ajoutée aux travaux de l'institution en tant qu'État multiculturel, multinational et multiconfessionnel.

M. TEMIR PORRAS PONCELEÓN, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a indiqué que la Stratégie nationale des droits de l'homme du Venezuela repose sur un mandat constitutionnel d'inspiration populaire. Alors que le capitalisme a entraîné des violations des droits de l'homme, le Venezuela, lui, a continué d'augmenter sa richesse et de réduire les inégalités: l'option résolument antilibérale et socialiste du Venezuela a rendu le pays trois fois plus riche en dix ans. Par ailleurs, le pays a organisé seize élections en seulement treize ans d'ordre constitutionnel. Cette évolution des droits sociaux, civils et politiques des Vénézuéliens s'inscrit dans un mouvement de construction d'un meilleur avenir pour les peuples latino-américains et caribéens, dans une perspective démocratique et pacifique, a ajouté le dignitaire. En tant que latino-américains, acteurs de leur propre destin, les Vénézuéliens n'attendent pas qu'on leur impose des recettes de l'extérieur, ni qu'on leur dicte, par la force militaire ou le chantage, la manière de préparer le futur de leur société.

C'est sous cet angle que les Vénézuéliens ne comprennent pas que l'on protège les droits de l'homme par une intervention militaire étrangère, ni que l'on prétende accompagner des réformes politiques dans tel pays en y fomentant une guerre civile, avec l'intention de changer son régime politique. C'est pourquoi le Venezuela exprime sa préoccupation quant à la situation de déstabilisation et d'ingérence étrangère en Syrie. Le Venezuela est, au contraire, favorable à un processus au processus de réforme initié par le Gouvernement syrien. Les Vénézuéliens ne comprennent pas non plus que certains pays exigent la fin des violences en Syrie tout en finançant et introduisant illégalement des armes dans ce pays, pour appuyer les groupes insurrectionnels qui mènent une guerre ouverte contre l'État syrien, a encore déclaré le Vice-Ministre. Fier de sa souveraineté, le peuple du Venezuela refuse toute tentative de chantage et de domination contre lui ou contre des pays ou peuples frères.

MME ANA TRIŠIĆ BABIĆ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que ce Conseil ne devait pas oublier que les victimes de violations des droits de l'homme dans tous les coins du monde attendent ses réactions. Ce n'est pas tâche facile, mais le Conseil a l'obligation de la remplir, quels que soient les obstacles politiques ou autres. L'Examen périodique universel a été l'un des principaux mécanismes et des efforts supplémentaires doivent être faits pour assurer la mise en œuvre de ses réalisations. L'année 2012 marque la première année suivant le processus d'examen du fonctionnement du Conseil et la charnière entre les deux premiers cycles de l'Examen périodique universel. Ce mécanisme est un instrument très important qui s'est révélé un succès dans l'examen de la situation des droits de l'homme dans l'ensemble des États membres des Nations Unies. Le Conseil a démontré sa capacité à répondre aux pires cas de violations des droits de l'homme, s'est ensuite félicitée Mme Trišić Babić, espérant qu'il continuera sur cette voie. Au niveau régional, la Bosnie-Herzégovine joue un rôle de coordinateur dans le «processus de Sarajevo» qui vise à trouver une solution durable au problème des réfugiés dans quatre pays balkaniques, à savoir la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Serbie et le Monténégro. Ce processus est maintenant proche de sa conclusion; une réunion des donateurs aura lieu à Sarajevo le 24 avril prochain.

La Vice-Ministre bosniaque a évoqué le projet régional visant à parvenir à une solution durable de la crise prolongée des réfugiés dans les quatre pays de la région; les négociations ont été conclues avec succès et la Conférence des donateurs prévue en avril 2012 devrait assurer des conditions de logement adéquates et des conditions de vie meilleures pour les réfugiés. Le nouveau Conseil des ministres a été mis en place en Bosnie-Herzégovine il ya deux semaines; ses priorités sont l'adhésion du pays à l'Union européenne et à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord.

M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a fait valoir qu'en 20 ans d'indépendance, le pays a ratifié sept des neuf traités internationaux relatifs aux droits de l'homme. Il a toutefois reconnu qu'en dépit du fait que son pays avait adopté un certain nombre d'instruments internationaux dans le domaine des droits de l'homme, la mise en pratique d'une législation progressiste laissait encore à désirer. La mise en conformité de la législation nationale est toutefois en cours. En 2011, le Kirghizistan a invité le Rapporteur spécial sur la torture, M. Juan Méndez, auquel il a ouvert grand ses portes; deux autres visites sont prévues cette année, dont celle de la Rapporteuse spéciale sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.

Le Ministre kirghize a par ailleurs fait savoir que, suite au conflit civil qui a secoué son pays en 2010, un travail d'analyse en profondeur avait été réalisé, aboutissant à la définition d'un concept de politique ethnique prévoyant la protection des droits des minorités. Aujourd'hui, la paix civile semble en bonne voie de consolidation, dans le respect des identités ethniques et la diversité culturelle. L'État veille en particulier à ce que les personnes qui tentent de propager la haine raciale soient passibles de poursuites.

M. AKIN FAYOMI, Sous-secrétaire aux affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que son pays attache une grande importance aux droits de l'homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international et salue l'effort considérable du Conseil pour s'acquitter de son mandat. Il a aussi salué la fin du premier cycle de l'Examen périodique universel ainsi la conclusion du processus d'examen des travaux et du fonctionnement du Conseil. L'Examen périodique universel a prouvé son efficacité, a ajouté M. Fayomi, espérant que le deuxième cycle confortera ce succès. Il a également salué la participation active de la société civile dans les activités du Conseil, ainsi que les efforts incessants de la Haut-Commissaire pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les situations où les droits de l'homme sont menacés.

MME JULIA DOLLY JOINER, Commissaire pour les affaires politiques de l'Union africaine, a déclaré que la participation de la Commission de l'Union africaine aux travaux du Conseil démontre l'importance qu'elle accorde aux droits de l'homme. Évoquant la fin du premier cycle de l'Examen périodique universel, elle a appelé à l'opérationnalisation du Fonds volontaire pour l'assistance technique et financière, afin d'assurer le succès de la mise en œuvre des recommandations issues de l'Examen périodique universel. L'engagement de l'Union africaine et de ses États membres en faveur de la jouissance pleine et entière des droits fondamentaux de ses peuples est illustré par la pléthore d'instruments et de mécanismes établis pour promouvoir et protéger les droits de l'homme sur le continent africain, a-t-elle relevé. Mme Joiner a rappelé en outre que le concept d'orientation sexuelle n'est pas défini dans des normes internationales. Le débat sur cette question ne doit pas négliger les réalités sociales des différentes régions du monde. Pour ce qui est des changements survenus récemment en Afrique du Nord, il est nécessaire que les fonds d'origine illicite déposés dans des pays étrangers soient rapatriés dans leurs pays d'origine. En conclusion, la Commissaire a souligné les évolutions positives survenues en Libye et au Soudan, pays dont les situations des droits de l'homme seront discutées au cours de la présente session.


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HRC12/010F