Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES DÉCLARATIONS DES HAUTS DIGNITAIRES D'UNE DIZAINE DE PAYS

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une séance plénière au cours de laquelle elle a entendu des déclarations des Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, de la Jordanie, de la République islamique d'Iran, de la Malaisie, du Costa Rica et de l'Indonésie, ainsi que des déclarations du Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, du Ministre adjoint aux affaires multilatérales et internationales au Ministère des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée. Les représentants de la République populaire démocratique de Corée, des États-Unis et du Kirghizistan ont également pris la parole, ce dernier donnant lecture d'une déclaration du Ministre des affaires étrangères de son pays, M. Ruslan Kazakbaev.

La plupart des intervenants ont insisté sur l'importance particulière qu'ils accordent à la Conférence du désarmement en tant que seule instance de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. Ils ont toutefois exprimé l'espoir que cette instance parvienne cette année à se mettre d'accord sur un programme de travail qui lui permette de reprendre ses travaux de fond et restaure la confiance de la communauté internationale en elle, faute de quoi des solutions pourraient être recherchées ailleurs.

À cet égard, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Yerzhan Kazykhanov, a exprimé son désaccord quant à la proposition visant à la suspension des travaux de la Conférence jusqu'à l'établissement d'un climat politique propice. Ce qui a paralysé le mécanisme du désarmement depuis longtemps, ce sont les répercussions de l'existence d'armes nucléaires et, en somme, le manque de progrès vers le désarmement nucléaire, a déclaré le Ministre iranien des affaires étrangères, M. Ali Akbar Salehi. La raison profonde de l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence réside dans l'absence de volonté politique, a-t-il insisté. Il suffirait d'une volonté politique accrue pour relancer les travaux de fond de la Conférence, a lui aussi estimé son homologue kazhake, alors que l'Indonésie, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Marty Natalegawa Mae, appelait elle aussi à une volonté politique forte qui permette de faire avancer cette instance.

Il nous faut prendre avec sérieux le fait que la patience de la communauté internationale s'étiole, a souligné la République de Corée, par la voix de son Ministre adjoint aux affaires multilatérales et internationales, M. Kim Bong-hyun. Bien qu'il existe une opposition profondément enracinée contre l'idée de voir les négociations multilatérales en matière de désarmement se dérouler en dehors de la Conférence, la possibilité existe de voir les principaux points de l'ordre du jour de la Conférence être discutés ou négociés ailleurs si, une fois de plus, la Conférence ne parvenait pas, cette année, à adopter et appliquer un programme de travail lui permettant de commencer ses travaux de fond, a pour sa part rappelé le Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, M. Ryuji Yamane. Si la Conférence ne s'avère pas en mesure de lancer rapidement des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, en dépit du soutien et de la reconnaissance par la communauté internationale qu'il s'agit là de la prochaine étape dans les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire, alors la raison d'être de la Conférence sera remise en question, a-t-il déclaré.

Par les voix de leurs Ministres des affaires étrangères respectifs, M. Nasser Judeh et M. Enrique Castillo Barrantes, la Jordanie et le Costa Rica ont fait part de leur souhait de devenir un membre de la Conférence. Le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, M. Anifah Aman, a lui aussi plaidé en faveur d'un élargissement de la composition de la Conférence, attirant également l'attention sur la nécessité d'une participation accrue de la société civile aux travaux de cette instance - un plaidoyer auquel s'est joint le Ministre indonésien des affaires étrangères avant de rappeler que sous la présidence de l'Indonésie, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) avait conclu à la fin de l'année dernière les négociations avec les États dotés d'armes nucléaires en ce qui concerne le Traité portant création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est, fruit de dix années de négociations.

À l'instar de M. Judeh, son homologue jordanien, le Ministre des affaires étrangères de l'Iran a plaidé en faveur d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Il faut prendre toutes les mesures possibles pour convoquer la Conférence de 2012 qui traitera de cette question avec la participation de tous les pays du Moyen-Orient, a déclaré M. Judeh. Il ne fait aucun doute que la création d'une telle zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive rendrait impératif pour le seul Etat de la région qui n'a pas accédé au TNP (à savoir Israël) d'y accéder, a-t-il souligné.

Il n'y a que deux options pour aborder le programme nucléaire pacifique de l'Iran: l'une est l'engagement, la coopération et l'interaction et l'autre est la confrontation et le conflit, a par ailleurs déclaré le Ministre iranien des affaires étrangères; la République islamique d'Iran, confiante dans la nature pacifique de son programme nucléaire, a toujours insisté sur la première, a-t-il rappelé. Intervenant en fin de séance, les États-Unis ont souligné que l'Iran refuse toujours de coopérer avec l'AIEA et la communauté internationale aux fins de la vérification de son arsenal nucléaire national.

Évoquant un «obstacle qui doit être surmonté pour la réalisation d'un monde exempt d'armes nucléaires», M. Kim Bong-hyun a affirmé que «la question nucléaire nord-coréenne» constituait depuis longtemps un sérieux défi pour le désarmement nucléaire et pour le régime international de non-prolifération. Reconnaissant l'importance des récentes discussions bilatérales avec la République populaire démocratique de Corée, il a exprimé l'espoir que la République populaire démocratique de Corée démontrera, par des mesures concrètes, sa volonté et sa sincérité en ce qui concerne la dénucléarisation, créant ainsi un environnement approprié pour la reprise des Pourparlers à Six. Le Ministre adjoint de la République de Corée a en outre rappelé que dans quatre semaines, la République de Corée allait accueillir, à Séoul, le Sommet sur la sécurité nucléaire. Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, M. So Se Pyong, a pour sa part dénoncé les exercices militaires conjoints de la «Corée du Sud» en concertation avec les États-Unis et a affirmé que la perspective de reprise des pourparlers dépend entièrement de l'attitude des États-Unis.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra demain après-midi, à 15 heures.


Aperçu des déclarations

M. YERZHAN KAZYKHANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a déclaré que l'année 2011 avait été marquée par une contribution tangible au processus mondial du désarmement et de la non-prolifération. En dépit de cette tendance encourageante, a-t-il ajouté, l'absence de progrès substantiels de la Conférence du désarmement au cours des seize années écoulées continue d'être motif de préoccupation, alors que cette instance devrait, au contraire, être à l'avant-garde du processus de désarmement. En tant qu'unique organe multilatéral chargé de discuter des mécanismes clefs pour le renforcement de la sécurité internationale, il ne fait aucun doute que la Conférence a un énorme potentiel et apporte une contribution significative au processus de désarmement, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. Il a toutefois exprimé son désaccord quant à la proposition visant à la suspension des travaux de la Conférence jusqu'à l'établissement d'un climat politique propice et a tenu à rappeler que la Conférence du désarmement avait été créée et avait opéré avec succès dans un climat politique bien plus défavorable. Dès lors, il suffirait d'une volonté politique accrue pour relancer les travaux de fond de la Conférence, a-t-il affirmé, en espérant que les Etats Membres seront en mesure d'aplanir leurs différends et de se mettre au travail sur l'ordre du jour. Soutenant les propositions formulées par le Secrétaire général de la Conférence concernant la tenue d'une réunion de haut niveau en vue de revitaliser cette instance et l'établissement d'un groupe de travail d'éminentes personnalités pour la sortir de l'impasse, le chef de la diplomatie du Kazakhstan a également estimé que l'idée de fusionner la Conférence et la Commission des Nations Unies sur le désarmement était «digne d'être explorée»; mais il faudrait examiner toutes les ramifications d'une telle décision, a-t-il souligné. Les Etats ont des approches différentes sur les questions nationales et internationales en matière de sécurité et il ne sert à rien de blâmer les règles de procédure de la Conférence, a-t-il fait observer. Le principe du consensus est juste et permet de rédiger des documents équilibrés qui prennent en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, a-t-il insisté, tout en jugeant inacceptable que le principe du consensus soit utilisé pour bloquer les travaux.

Le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a rappelé que l'absence de progrès dans les travaux de la conférence n'est que le reflet du processus mondial de désarmement. D'autre part, la mise en place de fora de négociation alternatifs, sans la participation d'un certain nombre d'acteurs clés du désarmement ne ferait qu'aboutir à l'adoption de documents qui ne seront ni universels ni efficaces. En termes de priorité, M. Kazykhanov a dégagé quatre questions fondamentales aux yeux de son pays: le désarmement nucléaire, le traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, la fourniture de garanties négatives en matière de sécurité et la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Au plan national, il a rappelé que son pays avait volontairement démantelé le quatrième arsenal nucléaire mondial et que le Président du Kazakhstan, M. Nursultan Nazarbayev, avait présenté à la soixante-sixième session de l'Assemblée générale un certain nombre de propositions dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, qui reflètent les réalités du monde d'aujourd'hui. Le Ministre des affaires étrangères a ensuite déploré que certains pays ayant une influence refusent encore de signer et de ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et a salué, en revanche sa ratification par l'Indonésie, ainsi que le ferme engagement de l'Administration américain à le soumettre à la ratification du Sénat. Il a exhorté tous les autres Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier cet important instrument international. Enfin, le Ministre a rappelé que le deuxième Sommet sur la sécurité nucléaire se tiendrait les 26 et 26 mars prochain à Séoul.

M. NASSER JUDEH, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a rappelé que le monde est actuellement, plus que jamais, confronté à des crises mondiales ayant de multiples facettes et qui ne peuvent être effectivement traitées sans un effort international concerté et un véritable partenariat. Il ne fait aucun doute qu'aucun pays ne peut faire face seul à ces crises; les menaces sont globales et les solutions ne peuvent donc que l'être également, a déclaré M. Judeh. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, la Jordanie est profondément convaincue qu'il n'existe aucune autre solution que la diplomatie et le dialogue constructif pour répondre aux défis mondiaux qui menacent la sécurité et la stabilité internationales. Le meilleur moyen de traiter du désarmement et des autres questions de sécurité internationale est de parvenir à des solutions concertées par le biais de négociations multilatérales, a insisté M. Judeh. Le succès dans ce domaine contribuerait significativement à surmonter de nombreux autres défis auxquels la communauté internationale est confrontée, en particulier pour ce qui a trait à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, a-t-il souligné.

Dans cet esprit, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères, la Jordanie accorde une importance particulière à la Conférence du désarmement en tant que seule instance de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. M. Judeh a exprimé l'espoir que la Conférence parviendrait cette année à se mettre d'accord sur un programme de travail qui restaure la confiance de la communauté internationale en cette instance. Le défi en la matière est pour la Conférence de parvenir à mettre en place un programme de travail équilibré qui tienne compte des préoccupations nationales de tous les États et lui permette en même temps de s'acquitter de son mandat, ce qui ne sera possible sans une réelle volonté politique des États membres. Il faut faire preuve de souplesse pour sortir de l'impasse qui a paralysé la Conférence depuis son dernier succès, enregistré en 1996, a insisté M. Judeh. En outre, a-t-il ajouté, le moment est venu pour cette instance d'envisager d'étendre sa composition, conformément à son Règlement intérieur, afin qu'elle représente mieux les réalités du monde actuel; à cette fin, la Jordanie soutient fermement la nomination d'un coordonnateur spécial. M. Judeh a indiqué que la Jordanie, qui a toujours été un fervent défenseur de la paix mondiale, souhaite devenir un membre à part entière de la Conférence. Le Ministre jordanien des affaires étrangères s'est dit impatient de voir le jour où le monde sera exempt d'armes nucléaires. M. Judeh a ensuite fait observer que le Moyen-Orient est actuellement témoin de changements radicaux et fait face à des défis majeurs qui requièrent des efforts concertés de la communauté internationale afin d'éviter que la situation ne devienne hors de contrôle. Dans ce contexte, les appels et initiatives lancés depuis les années 1970 en faveur de l'établissement d'une zone exempte d'armes de destruction massive, en particulier d'armes nucléaires, au Moyen-Orient revêtent une importance particulière aujourd'hui. Il est devenu plus urgent que jamais de prendre toute mesure pratique nécessaire à la réalisation de cet objectif, a insisté le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie. Il convient donc de prendre toutes les mesures possibles pour convoquer la Conférence de 2012 qui traitera de cette question avec la participation de tous les pays du Moyen-Orient, a-t-il ajouté. Il ne fait aucun doute que la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive rendrait impératif pour le seul Etat de la région – Israël – qui n'a pas accédé au TNP d'y accéder, a déclaré M. Judeh.

M. ALI AKBAR SALEHI, Ministre des affaires étrangères de la République lslamique d'Iran, s'est dit honoré de participer à cette réunion de haut niveau susceptible d'ouvrir la voie à la reprise des travaux de la Conférence du désarmement, seul organe multilatéral de négociations dans ce domaine précis. En effet, par ses impressionnantes réalisations, sa composition particulière, ses règles de procédure uniques et le large éventail de son ordre du jour, cet organe est unique en son genre et constitue donc la seule tribune à même d'entamer des négociations sur le désarmement. Il a ajouté que si l'on voulait créer une autre instance, elle ressemblerait à s'y méprendre à l'actuelle Conférence sur le désarmement. Enumérant les défis mondiaux communs à l'humanité, comme l'existence continue de l'armement nucléaire, le changement climatique, les épidémies de maladies infectieuses, la crise économique et la pauvreté, qui sont autant de problèmes suscitant un sentiment d'insécurité internationale et empêchant les pays de se consacrer aux impératifs de leur développement durable, il a exhorté toutes les nations à comprendre l'urgence qu'il y a à œuvrer de concert en vue d'assurer un paix et une sécurité mondiales durables et à renoncer aux attitudes belliqueuses de la Guerre froide, obsolètes dans le monde actuel. La menace la plus grave à laquelle le monde soit confronté reste l'existence de 23 000 armes nucléaires dans les arsenaux d'une poignée de pays capables de détruire le monde entier à satiété, a poursuivi le Ministre iranien des affaires étrangères. Il s'agit là d'une menace terrible, surtout si certains de ces pays ressentent le besoin de menacer officiellement d'autres Etats, notamment des États qui ne possèdent pas d'armes nucléaires, a-t-il souligné. Il est extrêmement préoccupant que l'espèce humaine continue de vivre sous la menace de l'armement nucléaire alors même que le massacre inhumain d'Hiroshima et Nagasaki hante encore la mémoire de l'humanité, a-t-il insisté. Tant que les armes nucléaires et autres armes de destruction massives existeront et continueront d'être perfectionnées, perdureront les risques d'une utilisation de ces armes et d'une prolifération tant verticale qu'horizontale, a averti M. Salehi.

La question de la revitalisation de la Conférence du désarmement est un sujet de grande actualité depuis quelques années et nombre d'idées radicales concernant la procédure ont été mises sur la table, a poursuivi le Ministre iranien. Cependant, a-t-il affirmé, la cause profonde de l'impasse dans laquelle se trouve cette instance n'a rien à voir avec des questions de procédure. La raison profonde de cette impasse réside dans l'absence de volonté politique. De fait, ce qui a paralysé le mécanisme du désarmement depuis longtemps, ce sont les répercussions de l'existence d'armes nucléaires, notamment les alliances militaires reposant sur le parapluie nucléaire; le déploiement d'armes nucléaires sur le territoire d'États tiers non dotés de telles armes; des dépenses militaires globales accrues et le plan visant à dépenser quelque 700 milliards de dollars aux fins de la modernisation d'ogives nucléaires et de la construction de nouvelles installations de production; le changement stratégique et l'approche unilatérale adoptés par certaines puissances majeures; les nouvelles doctrines militaires prévoyant l'utilisation des armes nucléaires; et, en somme, le manque de progrès vers le désarmement nucléaire. L'exercice actuel du deux poids, deux mesures et la discrimination sont les principales menaces qui pèsent sur la crédibilité du TNP, a-t-il affirmé. Il a rappelé que lors de la Conférence d'examen du TNP de 2010, le Mouvement des pays non alignés avait proposé l'adoption d'un cadre juridique assorti d'un calendrier précis pour l'élimination totale des armes nucléaires d'ici 2025. Ainsi, les trois piliers du TNP ne sauraient se réduire au seul pilier de la non-prolifération, a-t-il rappelé. Energie nucléaire ne signifie pas armes nucléaires, a-t-il insisté, rappelant le droit de tous les États aux activités nucléaires pacifiques et dénonçant les tentatives de priver des États de ce droit par d'atroces assassinats de scientifiques. M. Salehi a plaidé en faveur du lancement rapide de négociations, au sein de la Conférence, sur un programme graduel visant le désarmement nucléaire complet, assorti d'un calendrier précis, par le biais d'une convention sur les armes nucléaires. Il a par ailleurs rappelé le désir de la majorité des pays de la région de voir créer une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Le seul obstacle sur la voie de la création d'une telle zone réside dans la possession d'armes nucléaires par le seul «non-partie au TNP de la région», dont le recours constant à des armes inhumaines contre des civils a accru les préoccupations en termes de sécurité dans la région et qui jouit du plein appui de certaines puissances nucléaires. Les membres du TNP sont punis alors que ceux qui restent en dehors sont généreusement récompensés, a insisté le Ministre iranien. Il n'y a que deux options pour aborder le programme nucléaire pacifique de l'Iran: l'une est l'engagement, la coopération et l'interaction et l'autre est la confrontation et le conflit, a-t-il ensuite déclaré; la République islamique d'Iran, confiante dans la nature pacifique de son programme nucléaire, a toujours insisté sur la première, a-t-il rappelé. Ce que cherche l'Iran, c'est la justice et le rejet du deux poids, deux mesures.

M. ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a évoqué l'impasse des négociations au sein de la Conférence du désarmement, ce qui est motif de frustration depuis plus de quinze années maintenant et a fait l'objet d'appels répétés à l'occasion des travaux de la Première Commission de la soixante-sixième session de l'Assemblée générale à New York. Il a attribué cette paralysie à la crainte de reprendre un débat constructif et a invité toutes les parties prenantes à se joindre au processus de la Conférence, en soulignant qu'en raison même des frustrations accumulées, les questions du désarmement couraient le risque d'être traitées ailleurs. Le désarmement nucléaire est la seule solution à la menace perpétuelle de ces armes, a-t-il affirmé, en rappelant que, depuis 1996, son pays parrainait une résolution annuelle à l'Assemblée générale.

La Malaisie est également l'un des rares pays à avoir adopté une législation particulière sur l'armement nucléaire car la fin de la Guerre froide n'a pas totalement écarté le risque d'utilisation de l'arme nucléaire. La paix et la sécurité internationales relèvent de l'impossible si l'on continue de prôner la doctrine de la supériorité stratégique et le seul moyen pérenne d'écarter les dangers passe par une interdiction totale des armes nucléaires, a insisté le Ministre malaisien. Les Etats dotés de l'arme nucléaire doivent faire preuve de souplesse, relancer les négociations - actuellement dans l'impasse - et renouer un dialogue qui permettrait d'arriver à des solutions viables et durables. L'objectif du désarmement total et complet reste essentiel, a déclaré M. Aman. Il a toutefois souligné que la seule voie de prévention de l'armement nucléaire réside dans l'élimination totale des armes nucléaires par les Etats qui en détiennent. Il s'agit, dès lors, de résoudre par des moyens politiques les défis actuels posés au désarmement, ce qui exige un engagement au plus haut niveau. Il a aussi suggéré qu'il n'y ait pas d'abus du veto de facto détenu par chaque Etat Membre dans les efforts de mise en œuvre du mandat de la Conférence du désarmement. Alors que les préoccupations nationales sont importantes dans le processus de prise de décisions, les objectifs d'un désarmement complet et total le sont tout autant, a-t-il réaffirmé. Il a rappelé que la composition de la Conférence n'a pas changé depuis 1999 et s'est prononcé en faveur de l'élargissement de la composition de cette instance. Il a en outre plaidé en faveur d'une participation accrue de la société civile à la Conférence, soulignant que cette instance a notablement profité de la société civile, en particulier par le travail de recherche précieux accompli par cette dernière. Dans ce contexte, il a exhorté à la multiplication de sessions interactives avec la société civile, de manière à pleinement respecter les principes d'ouverture, de transparence et d'inclusion. Toutes les pistes possibles restent à explorer pour faire avancer la cause du désarmement, a-t-il encouragé, en déclarant que son pays était disposé à examiner toutes les idées et propositions qui lui seront présentées. Il a appelé à une volonté politique musclée pour entamer l'examen des questions de fond au sein de la Conférence.

M. ENRIQUE CASTILLO BARRANTES, Ministre des relations extérieures du Costa Rica, a rappelé que son pays était membre observateur de la Conférence du désarmement depuis 1994, date à laquelle il avait sollicité d'en devenir membre à part entière. Il a souligné que les règles de procédure appellent à une révision périodique à cet égard et que le Costa Rica avait suggéré la nomination d'un Coordonnateur spécial sur l'élargissement de la composition de la Conférence. Il a ensuite expliqué que son pays avait d'ores et déjà fait ses preuves depuis maintenant des décennies, en prenant la décision d'édifier un socle solide en matière de désarmement, d'abolition de l'armée, et qu'il avait également fondé sa sécurité et sa défense sur le dialogue et l'ordre du jour international. Le Ministre a rappelé qu'il y a quelques mois, le Costa Rica avait vu son territoire envahi par son voisin du nord et avait décidé de recourir à l'Organisation des Etats américains et à la Cour internationale de justice pour obtenir la restitution des droits violés. Le respect du droit international, du désarmement et du droit international humanitaire doivent se renforcer mutuellement et d'une façon cohérente, a-t-il poursuivi. Le Ministre costa-ricien a aussi indiqué qu'avec le dépôt de l'instrument de ratification de la Convention contre les disparitions forcées, le 16 février 2012, son pays était devenu le premier du continent américain à avoir ratifié toutes les conventions se rapportant au droit international humanitaire. Le Costa Rica a donc beaucoup à apporter aux travaux de la Conférence, a-t-il insisté.

M. Castillo Barrantes a indiqué, en outre, que l'élaboration d'une convention sur l'interdiction de l'utilisation de matières fissiles constituerait un jalon logique en matière de désarmement nucléaire et, en attendant l'amorce des négociations sur cette question, il a lancé un appel aux Etats dotés d'armes nucléaires pour qu'ils déclarent et maintiennent un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Il a rappelé que son pays et la Malaisie avaient soumis au Secrétaire général des Nations Unies en 2007 un projet de convention modèle sur les armes nucléaires, laquelle interdirait également la production de matières fissiles et prévoirait la mise en place d'un système de contrôle international assurant le respect de ladite convention, en tenant compte des expériences réussies de l'Agence internationale de l'énergie atomique et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le Ministre du Costa Rica a ensuite attiré l'attention sur la célébration, il y a quelques jours, du quarante-cinquième anniversaire du Traité de Tlatelolco, qui a fait de l'Amérique latine une région pionnière dans l'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires, au moment précis où la course nucléaire était à son comble. Il s'est réjoui que d'autres régions lui aient emboîté le pas avec les Traités de Rarotonga (Bangkok) et de Pelindaba (Asie centrale). Il serait incongru et d'une ironie injustifiable qu'un pays qui a atteint les idéaux prônés par la Conférence ne puisse pas devenir membre de plein droit de cette instance, a conclu le Ministre.

M. RYUJI YAMANE, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a rappelé qu'il y a tout juste un an, son pays avait souffert de la catastrophe sans précédent du Grand tremblement de terre du Japon; aussi, a-t-il tenu à exprimer sa sincère appréciation pour l'assistance fournie par la communauté internationale à cette occasion. En dépit des progrès enregistrés en 2009 – année où, dans son discours de Prague, le Président des Etats-Unis, Barack Obama, avait donné un nouvel élan en faveur du désarmement nucléaire et où la Conférence du désarmement avait adopté un programme de travail comportant un mandat pour chacune des questions essentielles inscrites à son ordre du jour – la Conférence est restée dans l'impasse, ce qui a suscité la préoccupation du monde entier, a poursuivi M. Yamane. Bien qu'il existe une opposition profondément enracinée contre l'idée de voir les négociations multilatérales en matière de désarmement se dérouler en dehors de la Conférence, la possibilité existe de voir les principaux points de l'ordre du jour de la Conférence être discutés ou négociés ailleurs si, une fois de plus, la Conférence ne parvenait pas, cette année, à adopter et appliquer un programme de travail lui permettant de commencer ses travaux de fond, a rappelé le Vice-Ministre. Si la Conférence ne s'avère pas en mesure de lancer rapidement des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, en dépit du soutien et de la reconnaissance par la communauté internationale qu'il s'agit là de la prochaine étape dans les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire, alors la raison d'être de la Conférence sera remise en question, a souligné M. Yamane. Dans cette perspective, cette année revêt une importance critique, a-t-il insissté, avant d'attirer l'attention de tous les membres de la Conférence sur la nécessité de partager largement, au niveau politique, le sens de l'urgence et de surmonter l'état actuel des choses dès que possible.

M. Yamane a rappelé l'importance que le Japon accorde au maintien et au renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu'effort multilatéral en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Cette année, débute le processus d'examen de 2015 du TNP et un progrès qui équilibre les trois piliers du Traité (désarmement nucléaire, non-prolifération nucléaire et utilisation pacifique de l'énergie nucléaire) est impératif pour maintenir et renforcer le régime du TNP, a déclaré M. Yamane. C'est en ayant cela à l'esprit que le Japon et l'Australie ont conjointement lancé – en tant que contribution au processus d'examen du TNP – l'Initiative de non-prolifération et de désarmement, qui présente des propositions réalistes pour la réalisation d'un monde exempt d'armes nucléaires. À ce jour, a indiqué M. Yamane, trois réunions de niveau ministériel ont d'ores et déjà eu lieu et la prochaine se tiendra en Turquie au mois d'avril prochain – réunion dont l'intention affichée est d'exprimer la volonté politique d'une application continue du plan d'action de 2010 du TNP et d'avancer des propositions concrètes à cette fin.

M. KIM BONG-HYUN, Ministre adjoint aux affaires multilatérales et internationales au Ministère des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a rappelé qu'en 2010, le premier Sommet sur la sécurité nucléaire s'était tenu à Washington, soulignant la gravité de la menace du terrorisme nucléaire et la nécessité de réduire cette menace par le biais d'une sécurité nucléaire et d'une coopération internationale accrues. Suite à ce Sommet, la Conférence d'examen du TNP de 2010 a adopté un Plan d'action, une feuille de route pour tous les pays dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. En outre, l'entrée en vigueur du nouveau Traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie a renforcé l'élan global pour des efforts en vue d'un monde exempt d'armes nucléaires. Malheureusement, a fait observer le Ministre adjoint, ces développements, pour significatifs qu'ils furent, n'ont pas suffi à faire reprendre les travaux de fond au sein de la Conférence. Il est regrettable que la longue impasse au sein de cette instance ait été prolongé une année de plus, a-t-il insisté. Il nous faut prendre avec sérieux le fait que la patience de la communauté internationale s'étiole, a-t-il souligné. Il a rappelé que le Secrétaire général des Nations Unies avait fait savoir à la Conférence, dans le message qu'il lui a adressé le mois dernier, que l'Assemblée générale était disposée à envisager d'autres options pour faire avancer l'ordre du jour du désarmement si la Conférence restait bloquée en 2012. Le moment est venu pour la Conférence d'agir plutôt que de débattre sans fin, a insisté M. Kim Bong-hyun. La République de Corée est ouverte à toute proposition constructive pour revitaliser la Conférence, a-t-il indiqué. En tant que prochaine étape logique vers un monde exempt d'armes nucléaires, le pays soutient les efforts de la communauté internationale visant le lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement – une question urgente qui est mure pour la négociation – ainsi que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

M. Kim Bong-hyun a ensuite rappelé que dans quatre semaines, la République de Corée allait accueillir, à Séoul, le Sommet sur la sécurité nucléaire. Nous n'épargnerons aucun effort pour assurer que ce Sommet contribue à sécuriser les matériels nucléaires vulnérables et à renforcer les mesures de prévention du terrorisme nucléaire, a-t-il déclaré, exprimant en outre l'espoir que ce Sommet nourrira la transparence et la confiance entre les pays, ce qui constitue un élément vital pour donner un nouvel élan dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Évoquant «un autre obstacle qui doit être surmonté pour la réalisation d'un monde exempt d'armes nucléaires», M. Kim Bong-hyun a affirmé que «la question nucléaire nord-coréenne» constituait depuis longtemps un sérieux défi pour le désarmement nucléaire et pour le régime international de non-prolifération. Au fil des ans, la République populaire démocratique de Corée a annoncé son retrait du TNP, mené deux essais nucléaires et révélé son programme d'enrichissement de l'uranium dont elle avait longtemps nié l'existence. La République de Corée, en coopération étroite avec ses alliés et ses voisins, reste engagée en faveur de la réalisation de la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée de manière pacifique, a souligné le Ministre adjoint. À cet égard, il a reconnu l'importance des récentes discussions bilatérales avec la République populaire démocratique de Corée, qu'il s'agisse du dialogue intercoréen de juillet dernier ou du dialogue entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée qui s'est déroulé la semaine dernière à Beijing. L'élan du dialogue doit être maintenu et nous espérons que la République populaire démocratique de Corée démontrera, par des mesures concrètes, sa volonté et sa sincérité en ce qui concerne la dénucléarisation, créant ainsi un environnement approprié pour la reprise des Pourparlers à Six. En conclusion, M. Kim Bong-hyun a réitéré son sincère espoir de voir la Conférence sortir de son impasse prolongée et jouer de nouveau le rôle central qu'elle peut et doit jouer dans le domaine du désarmement.

M. MARTY NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, a réaffirmé l'attachement résolu de son pays à la Conférence sur le désarmement, en dépit des écueils qui l'empêchent de progresser dans ses travaux. Le progrès est possible et l'inaction n'es pas un choix possible, a-t-il insisté en appelant à une volonté politique forte qui fera avancer le processus. Il a rappelé que son pays avait ratifié, le 6 décembre 2011, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et avait réitéré son engagement «total et absolu» en faveur du désarmement nucléaire global, de la non-prolifération et de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Par sa ratification, l'Indonésie a porté à 156 le nombre d'Etats ayant ratifié le Traité susmentionné, a-t-il précisé, avant de souligner que huit ratifications supplémentaires des pays de l'Annexe II dudit Traité permettrait à ce Traité d'entrer en vigueur. Aussi, a-t-il invité les pays restants de l'Annexe II à jouer leur rôle de chef de file en entamant leur processus de ratification.

Hormis la ratification de ce traité, l'Indonésie a apporté sa contribution aux niveaux régional et international, notamment lors de sa présidence de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) à l'issue de laquelle avait été conclues les négociations avec les États dotés d'armes nucléaires en ce qui concerne le Traité portant création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est, fruit de dix années de négociations. De la même façon, l'Indonésie s'efforce d'encourager les discussions entre les pays du Moyen-Orient aux fins de la mise en place d'un arrangement régional similaire et visant à faire de cette région une zone exempte d'armement nucléaire. Un tel arrangement ne manquera pas d'apporter une contribution significative à la cause du désarmement mondial. Il importe de revitaliser l'esprit de réussite, a déclaré le Ministre indonésien. La volonté politique relève de l'impératif et si nous voulons la renforcer, il faut instaurer la confiance mutuelle et répondre au déficit de confiance. Il incombe à chaque pays de créer les conditions qui mèneraient à l'émergence d'un véritable dialogue entre les Etats Membres. D'un autre côté, les Etats dotés d'armes nucléaires devraient démontrer, de manière évidente, leur engagement en faveur du désarmement. Enfin, il est impératif que la Conférence reprenne sa fonction initiale en tant que seul organe multilatéral pouvant engager des négociations sur les traités afférents au désarmement. Ce faisant, elle devrait adopter un programme de travail équilibré et global. En outre, la convocation, dans les meilleurs délais, d'une quatrième session spéciale de l'Assemblée générale sur les questions de désarmement mérite d'être envisagée positivement. L'Indonésie voit également le mérite qu'il y aurait à établir un comité spécial sur le désarmement nucléaire et il faudrait enfin engager les négociations sur un programme graduel, y compris une convention sur les armes nucléaires, visant l'élimination complète des armes nucléaires dans le cadre d'un calendrier précis. Le Ministre indonésien s'est aussi prononcé en faveur d'un processus plus inclusif au sein de la Conférence, par le biais d'un élargissement de la composition de cette instance et d'une éventuelle participation de la société civile et des ONG.

MME GULNARA ISKAKOVA (Kirghizistan) a donné lecture de l'allocution que devait faire devant la Conférence le Ministre des affaires étrangères de son pays, M. RUSLAN KAZAKBAEV, en indiquant que ce dernier n'avait finalement pas été en mesure de se présenter devant cette instance. Dans son discours, le Ministre rappelle que la Conférence est la tribune multilatérale qui fait autorité en matière de désarmement. Il indique que son pays, bien que non membre de la Conférence, adhère aux processus qui lui sont associés.

De l'avis du Kirghizistan, poursuit le Ministre, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires sont deux instruments essentiels en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération. En 2006, le pays a adhéré au Protocole relatif aux garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le Ministre rappelle en outre dans son allocution qu'une zone dénucléarisée a été créée en 2006 en Asie centrale. Il souligne par ailleurs l'importance qu'il y a à tout faire pour entraver l'accès par des acteurs non étatiques à des armes nucléaires, chimiques ou autres. Le Kirghizistan œuvre au renforcement du système de contrôle des exportations d'armement; le Gouvernement s'emploie actuellement à modifier sa législation en ce sens, poursuit-il. Il indique d'autre part que son pays a l'intention d'adopter un programme national visant la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1540 du Conseil de sécurité. Le Kirghizistan est également un fervent partisan du contrôle des armes légères et de petit calibre et juge également prioritaire l'interdiction des mines antipersonnel. Par ailleurs, le Kirghizistan accorde beaucoup d'importance à l'atténuation des dégâts causés à l'environnement par la production d'uranium et tout le cycle de combustion qui l'accompagne. Dans son discours, le Ministre kirghize des affaires étrangères attire l'attention sur l'importance que son pays accorde à la remise en état des sites de rejet d'uranium. Il indique que le Kirghizistan entend présenter aux Nations Unies un projet de résolution visant à prévenir toute menace d'irradiation en Asie centrale.

M. SO SE PYONG (République populaire démocratique de Corée) a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la Conférence du désarmement – la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Il a indiqué attendre que la Conférence commence ses travaux de fond sur les questions essentielles, y compris le désarmement nucléaire, conformément à son mandat. M. So Se Pyong a jugé préoccupant que certains États cherchent à laisser la Conférence de côté et à se tourner vers des processus de négociation alternatifs; cette attitude, a-t-il déclaré, ne mènera pas à des résultats utiles et productifs pour ce qui est de faire avancer l'ordre du jour concerté au niveau multilatéral avec la participation de tous les pays pertinents. La République populaire démocratique de Corée soutient la proposition visant la convocation rapide d'une quatrième session spéciale de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement, en vue de consolider l'ordre du jour et le mécanisme multilatéraux de désarmement au sein des Nations Unies, a indiqué le Représentant permanent.

Dans les relations internationales d'aujourd'hui, la politique hégémonique et le recours à la force et au chantage nucléaire sont ouvertement pratiqués et se traduisent dans les faits, a poursuivi M. So Se Pyong. Des conflits armés et l'insécurité persistent en différentes parties du monde, menaçant le droit à l'existence d'Etats souverains, a-t-il insisté, faisant observer que la péninsule coréenne n'est pas épargnée de ce point de vue. La question nucléaire s'accompagne d'une situation périodiquement explosive et de la poursuite de la tension sur la péninsule coréenne, lesquelles trouvent leur origine dans les relations hostiles entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis qui donnent lieu à un manque de confiance et à la confrontation. En avril 2010, a rappelé le Représentant permanent, les États-Unis ont officiellement annoncé que la République populaire démocratique de Corée était exclue de la liste des pays devant recevoir des garanties négatives de sécurité. Cela atteste que la posture des États-Unis reste inchangée pour ce qui est de leur politique de frappe nucléaire préventive contre la République populaire démocratique de Corée, a souligné M. So Se Pyong, avant de dénoncer les exercices militaires conjoints de la «Corée du Sud» en concertation avec les États-Unis qui mobilisent d'énormes équipements de guerre nucléaire dernier cri, défiant les avertissements répétés de la République populaire démocratique de Corée. Les États-Unis et la «Corée du Sud» doivent être blâmés pour leur escalade de la tension sur la péninsule coréenne et pour leur harcèlement contre la paix, a déclaré le Représentant permanent. Il s'est étonné que la «Corée du Sud» soit en train de préparer un «sommet de sécurité nucléaire» pour la fin mars alors qu'elle constitue une base avancée pour les États-Unis et est la plus grande poudrière nucléaire du monde. Parler de sécurité nucléaire dans de telles situations de jeux de guerre anti-République populaire démocratique de Corée est une blague et une insulte pour le public, a insisté M. So Se Pyong. Rappelant la Déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin et son programme d'action – la Déclaration du 4 octobre –, le Représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée a affirmé que la «Corée du Sud», avant de parler de dialogue, devrait exprimer clairement son intention pour ce qui est de la mise en œuvre des déclarations intercoréennes, seul moyen d'apporter la sécurité sur la péninsule coréenne. Comme la République populaire démocratique de Corée l'a expliqué à maintes occasions, son retrait du TNP est une mesure légitime d'autodéfense prise pour protéger les intérêts suprêmes et la sécurité du pays face à la menace nucléaire croissante des Etats-Unis, a poursuivi M. So Se Pyong. Il a en outre affirmé que le programme d'enrichissement de l'uranium de la République populaire démocratique de Corée est uniquement destiné à l'énergie nucléaire pacifique. À cet égard, il a rappelé que son pays rejetait catégoriquement les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité et qu'il ne se considérait pas comme tenu par elles. Il a en outre rappelé que son pays et les États-Unis étaient en état de guerre, d'un point de vue juridique ou technique, depuis la fin de la guerre de Corée, à l'issue de laquelle seul un accord armistice avait été signé. M. So Se Pyong a également rappelé que la République populaire démocratique de Corée avait proposé au début de l'année 2010 de conclure un accord de paix et que cette proposition constitue la mesure la plus efficace d'instauration de la confiance. La position constante de la République populaire démocratique de Corée est de reprendre les pourparlers à Six sans condition préalable et de débattre de la mise en œuvre de la Déclaration conjointe adoptée le 19 septembre 2005 sur le principe d'une action simultanée, a rappelé le Représentant permanent. La perspective de reprise des pourparlers dépend entièrement de l'attitude des Etats-Unis, a-t-il déclaré, avant de conclure que la dissuasion nucléaire de la République populaire démocratique de Corée a servi de puissant dissuasif permettant de préserver la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne et dans d'autres parties de l'Asie du Nord-Est.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a considéré les remarques de la République populaire démocratique de Corée non seulement incorrectes mais également très décevantes car la semaine dernière il y a eu des réunions sous la houlette de la Chine où la République populaire démocratique de Corée s'était engagée, au plus haut niveau, à faire des progrès. D'autre part, et en dépit de ses engagements en matière de désarmement, le non-respect par l'Iran de ses obligations dans ce domaine contraste totalement avec la déclaration faite par son chef de la diplomatie ce matin. Ce pays refuse toujours de coopérer avec l'AIEA et la communauté internationale aux fins de la vérification de son arsenal nucléaire national. Il est évident, au vu du rapport de l'AIEA, que l'Iran ment à la communauté internationale, car la description de ses activités par l'Agence montre, si besoin était, que celles-ci vont à l'encontre des engagements internationaux de ce pays. Il est de la responsabilité de l'Iran de répondre comme il se doit aux attentes de la communauté internationale, a conclu Mme Kennedy.

M. LEE JOO-IL (République de Corée) a déclaré que les exercices conjoints mentionnés par la République populaire démocratique de Corée sont un exercice de défense sans provocation et visent à renforcer l'alliance entre la République de Corée et les Etats-Unis.

M. JON YONG RYONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que l'exercice militaire conjoint dont il est ici question avait été prévu à une époque où la République populaire démocratique de Corée était en cours de pourparlers avec les Etats-Unis, ce qui démontre l'arrogance de ce dernier pays, dont les tentatives visent à étouffer la République populaire démocratique de Corée pour réaliser l'ambition de domination mondiale des Etats-Unis. La République populaire démocratique de Corée exhorte la «Corée du Sud» à mettre fin à toute tentative d'escalade dans la péninsule coréenne.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC12/008F