Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME EXAMINE LA QUESTION DES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS
Le Conseil des droits de l'homme a entendu ce matin le Ministre des affaires étrangères du Myanmar et le Ministre de la justice et droits humains de la République démocratique du Congo, avant tenir un dialogue interactif avec la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Radhika Coomaraswamy, qui a présenté son rapport annuel hier après-midi.
Dans son allocution, M. U Wunna Maung Lwin, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a affirmé que son gouvernement avait à cœur d'œuvrer étroitement avec les Nations Unies et la communauté internationale en matière de droits de l'homme. Il a mis en relief les efforts de son pays pour garantir les droits des travailleurs, en coopération avec l'Organisation internationale du travail. Il a rappelé que la situation des droits de l'homme dans son pays avait été examinée dans le cadre de l'Examen périodique universel du Conseil en janvier dernier et estimé que les mandats spécifiques à un pays ne sont pas souhaitables. Il a par ailleurs affirmé que la «porte de la paix restait ouverte», et souligné la détermination du Gouvernement à rechercher une solution pacifique des différends avec les groupes armés. Il a enfin attiré l'attention sur les entretiens des autorités avec Daw Aung San Suu Kyi pour assurer la stabilité du pays et le développement national.
Pour sa part, le Ministre congolais de la justice et droits humains, M. Luzolo Bambi Lessa, a regretté l'inscription de la situation des droits de l'homme dans son pays dans le cadre de la «procédure d'examen confidentiel», attirant l'attention sur la bonne collaboration de son pays avec les procédures spéciales du Conseil. Le Ministre a assuré que tout était mis en œuvre pour que les élections présidentielles et législatives de novembre prochain se déroulent «en toute démocratie et en toute transparence». En outre, son pays prendra part, le 15 décembre prochain, à la Conférence internationale des États de la région des Grands Lacs qui aura pour sous-thème la lutte contre les violences sexuelles.
Dans le cadre du débat interactif sur les enfants et les conflits armés, de nombreuses délégations ont dénoncé la tendance croissante à des attaques contre les écoles et les hôpitaux par des forces ou groupes armés, les écoles servant parfois au recrutement d'enfants. Il a aussi été reconnu que les enfants ayant commis des actes criminels dans le cadre de leur enrôlement forcé devaient avant tout être considérés comme des victimes, et qu'il fallait faciliter leur réintégration dans la société.
Les délégations suivantes ont participé au débat interactif: Union européenne, Uruguay, Grèce, Italie, Algérie, Chine, Autriche, France, Fédération de Russie, Égypte (au nom du Groupe arabe), Indonésie, Sénégal (au nom du Groupe africain), Israël, Djibouti, Azerbaïdjan, Norvège, Équateur, Pakistan au nom de l'OIC), États-Unis, Portugal, Mexique, Allemagne, République bolivarienne du Venezuela, République de Corée, Syrie, Afghanistan, Inde, Australie, Cuba, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Suisse, Géorgie, Croatie, Maroc, Brésil, Costa Rica, Égypte, Tchad, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Iran, Sri Lanka, Soudan, Belgique, Arménie, Palestine, Roumanie, Philippines, Vietnam, Émirats arabes unis, Alliance internationale d'aide à l'enfance, Commission colombienne de juristes, Défense des enfants - international et International Muslim Women's Union.
Dans le cadre d'une séance supplémentaire de la mi-journée, le Conseil se penchera sur des rapports concernant, d'une part, l'utilisation de mercenaires et, d'autre part, les droits de l'homme et la solidarité internationale.
Déclarations de dignitaires
M. U WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a souligné sur l'importance que son gouvernement accorde aux travaux du Conseil des droits de l'homme. Il a rappelé que dans son pays, un gouvernement constitutionnel a été formé récemment et que le Président de la République de l'Union du Myanmar avait esquissé les grandes lignes des politiques et objectifs du nouveau gouvernement en vue d'instaurer une nation moderne et démocratique. Les priorités sont: bonne gouvernance, gouvernement intègre, droits fondamentaux des citoyens, état de droit, transparence, reddition de comptes, lutte contre la corruption, réduction du déséquilibre dans les revenus, création d'une société harmonieuse, réforme économique et préservation de l'environnement. Immédiatement après sa formation, le Gouvernement a lancé un train de réformes économiques, sociales et en matière de politique aux fins d'améliorer les conditions de vie de la population. Le Ministre a ajouté que la première étape de mise en œuvre de ces réformes a été l'adoption du Plan national de développement rural et de réduction de la pauvreté, réparti en huit domaines prioritaires, sous la houlette d'autant de ministères chargés de son application. La mise en œuvre effective de ce plan devrait permettre de faire baisser le taux de pauvreté - qui s'établit actuellement à 26 % - à 16% d'ici 2014-2015, dans le but d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. D'autre part, les allocations de retraite ont connu une augmentation, à la mesure des changements économiques et sociaux que connaît le pays, a-t-il indiqué. De ce fait, plus de 815 000 retraités ont pu bénéficier d'une telle mesure. Au plan commercial, les taxes à l'exportation ont été réduites de 8 à 2% et désormais, tous les produits agricoles et du bois à l'exportation sont exempts de taxes de manière à améliorer le commerce extérieur, a souligné le chef de la diplomatie du Myanmar. Abordant la promotion et la protection des droits de l'homme, il a affirmé que son gouvernement prenait à cœur d'œuvrer étroitement avec les Nations Unies et la communauté internationale. Il a mis en relief les efforts de son pays pour garantir les droits des travailleurs, notamment à travers la rédaction, avec le soutien de l'Organisation internationale du travail (OIT) de la Loi sur les organisations syndicales, approuvé par la Maison des nationalités le 29 août 2011, et qui sera soumis sous peu au Parlement de l'Union pour adoption.
D'autre part, le Ministre a rappelé que le Groupe de travail du Conseil des droits de l'homme chargé de l'Examen périodique universel avait examiné la situation des droits de l'homme au Myanmar en janvier dernier. À cette occasion, 57 pays ont fait 190 recommandations, dont 74 ont été immédiatement acceptées tandis que 46 ont été envoyées à la capitale pour examen. Par ailleurs, 70 autres recommandations n'ont pas reçu l'aval du Gouvernement. Lors de la dix-septième session du Conseil, en juin dernier, le Myanmar a accepté quatre autres recommandations sur les 46 mentionnées. Les 42 autres recommandations ont été soit partiellement acceptées soient rejetées, a-t-il précisé, en expliquant que ce rejet était dû au langage «intrusif» ou à la nature ambiguë de telles recommandations. Le Ministre des affaires étrangères du Myanmar a aussi informé que son pays prenait les dispositions nécessaires pour devenir État partie à certains traités relatifs aux droits de l'homme comme la Convention sur les droits des personnes handicapées et le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant. Il a estimé que le processus d'examen périodique universel était l'un des mécanismes de suivi les plus fiables et non controversé pour traiter et ratifier la situation des droits de l'homme de tous les pays. C'est pourquoi son pays est fermement convaincu que les mandats et résolutions spécifiques à un pays ne sont pas désirables ni requises au Conseil. Il a souligné que son pays avait établi la Commission nationale des droits de l'homme, le 5 septembre 2011, composée d'experts indépendants de toutes les couches de la société, respectés par la communauté qu'ils représentent. Les citoyens qui estiment que leurs droits ont été violés auront la liberté de soumettre des plaintes à ladite commission. Le Ministre a aussi fait état d'une ordonnance d'amnistie émise par le Président du Myanmar en date du 16 mai 2011 commuant des peines de mort en prison à perpétuité ou réduisant d'une année certaines sentences. Ainsi vers la fin juillet 2011, près de 20 000 prisonniers ont été libérés de centres pénitentiaires et de camps de travail.
Le haut responsable du Myanmar a également souligné que son pays avait accueilli pour la quatrième fois le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Myanmar (21-25 août 2011). Revenant à la question de la consolidation nationale, il a souligné que le Président avait clairement déclaré que ceux qui entendaient servir l'intérêt de l'État et du peuple devaient participer au processus politique à travers les élections, conformément à la Constitution, en faisant fi de leurs différences. À cet égard, le Parlement (Hluttaw) est le seul lieu approprié pour discuter du futur de la nation et de son peuple, a-t-il insisté. Réaffirmant que la «porte de la paix restait ouverte», il a souligné la détermination du Gouvernement à rechercher une solution pacifique des différends avec les groupes armés. Il a rappelé que le Ministre U Aung Kyi et Daw Aung San Suu Kyi se sont entretenus à deux reprises récemment et sont arrivés à un accord de coopération pour assurer la stabilité du pays et le développement national. Enfin, le Président a également eu un entretien avec Daw Aung San Suu Kyi, le 19 août, aux fins d'arriver à une entente commune quant à la coopération dans l'intérêt de la nation et du peuple, en mettant les différences de côté.
M. LUZOLO BAMBI LESSA, Ministre de la justice et droits humains de la République démocratique du Congo, a annoncé qu'il venait rendre compte des efforts accomplis par son pays depuis mars dernier afin d'améliorer la situation des droits de l'homme et de la justice, ainsi que des aspects de la justice transitionnelle. Il a d'abord fait part du fait que son gouvernement était préoccupé par l'inscription de la question des droits de l'homme en République démocratique du Congo dans le cadre de la «procédure d'examen confidentiel» en séance privée, sous le point 5 de l'ordre du jour du Conseil. «Étant déjà assujetti à une procédure publique, mon gouvernement désapprouve l'inscription de la situation des droits de l'homme en RDC dans le cadre de la procédure confidentielle», a-t-il expliqué. Il a néanmoins confirmé la bonne collaboration avec les procédures spéciales du Conseil. Kinshasa a accueilli cet été l'expert indépendant chargé des effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes. Toutefois, selon lui, «la RDC a besoin d'une aide qui ne lui est pas vraiment accordée», alors que son gouvernement prend ses responsabilités, tout en reconnaissant qu'il doit faire plus. Il s'emploie à mettre en œuvre les différentes recommandations qu'il a souverainement acceptées lors de l'Examen périodique universel et lors de la présentation de ses rapports périodiques. La République démocratique du Congo défendra en février prochain devant le Comité des droits de l'enfant son rapport initial sur la mise en œuvre du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant et se rapportant à l'implication des enfants dans les conflits armés.
Le Ministre a assuré par ailleurs que tout était mis en œuvre pour que les élections présidentielle et législatives de novembre prochain se déroulent «en toute démocratie et en toute transparence». S'agissant de la protection des défenseurs des droits de l'homme, il a précisé que l'institutionnalisation de la Commission nationale des droits de l'homme était en cours. Il a indiqué par ailleurs qu'un millier de nouveaux magistrats avaient été nommés depuis juillet, le recrutement de 2000 autres, dont 400 femmes, étant devenu effectif. En ce qui concerne la répression des crimes internationaux, il a rappelé que M. Bernard Munyagishari, poursuivi pour génocide, avait été remis au Tribunal pénal international pour le Rwanda. Par ailleurs, les juridictions congolaises ont jugé deux éléments de la milice FDLR. S'agissant de la violence sexuelle, le Ministre a «signalé l'évolution positive de la lutte contre ce fléau», les juridictions congolaises s'étant montrées très actives à cet égard. En outre, son pays prendra part, le 15 décembre prochain, à la Conférence internationale des États de la région des grands lacs qui aura pour sous-thème la lutte contre les violences sexuelles. Enfin, le Ministre a rappelé que «la préoccupation de justice transitionnelle avait déjà été intégrée en RDC depuis le 1er juillet 2003», celle-ci étant été rendue effective dans le système congolais dans le cadre de la réforme du secteur de la justice en 2007. Par ailleurs, la création d'une Cour spécialisée des droits de l'homme est envisagée. «La RDC n'a pas besoin d'une justice de vengeance, elle souhaite une justice de réconciliation de son peuple, longtemps instrumentalisé par les conflits», a conclu le Ministre de la justice et droits humains de la République démocratique du Congo.
Débat interactif sur les enfants et les conflits armés
MME NICOLE RECKINGER (Union européenne) a déclaré que la stratégie 2010 de l'Union européenne réaffirme l'engagement des 27 à la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et des Engagements de Paris. Elle a demandé à la Représentante spéciale du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés quelles mesures devaient être prises pour assurer la mise en œuvre de ces résolutions. La représentante a aussi déclaré partagé l'évaluation de Mme Radhika Coomaraswamy sur l'importance de protéger les enfants dans le cadre des processus de justice. L'Union européenne estime aussi que les enfants ayant commis des crimes internationaux dans le cadre des conflits armés doivent être considérés comme des victimes et non comme des auteurs. Elle a souhaité savoir si la Représentante spéciale avait des exemples de bonnes pratiques en la matière. En conclusion la représentante a lancé un appel à tous les États pour qu'ils ratifient tous les instruments internationaux pertinents
MME LUCÍA TRUCILLO (Uruguay) a indiqué que son pays avait qualifié dans sa législation le recrutement de mineurs de moins de 18 ans comme crime de guerre dans le cadre de sa coopération avec la Cour pénale internationale. L'Uruguay a en outre accueilli avec satisfaction la résolution 1998 du Conseil de sécurité accordant aux écoles et aux hôpitaux le statut de refuge sûr pour les enfants.
MME EUGENIA BENIATOGLOU (Grèce) a dénoncé la tendance croissante à attaquer des établissements scolaires et des hôpitaux et a appuyé la position de Mme Coomaraswamy sur cette question. Elle a également appuyé l'appel de la Représentante spéciale visant à la signature et à la ratification du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, portant sur les enfants et les conflits armés. La Grèce a signé ce protocole en 2000 et l'a ratifié deux ans plus tard. Le pays, a indiqué Mme Dermatoglou, a d'ores et déjà soumis son rapport initial au Comité sur les droits de l'enfant, qui l'examinera lors de sa soixantième session.
M. ROBERTO NOCELLA (Italie) a demandé à la Représentante spéciale de s'expliquer sur ce qu'elle prévoit dans le cadre d'une campagne internationale de sensibilisation. Il a appelé en outre les États à ratifier les instruments internationaux pertinents et invité à la tolérance zéro pour les États recrutant les enfants soldats. Le représentant italien a ajouté que le processus de l'Examen périodique universel est un outil pertinent pour évaluer les États dans ce domaine.
MME SALMA HENDEL (Algérie) a rappelé que son pays était partie au Protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés et qualifié de pertinente l'analyse et les recommandations de la Représentante spéciale. Ces enfants doivent avant tout être considérés comme des victimes, afin de faciliter leur réintégration dans la vie normale, estime l'Algérie. Sa représentante a demandé quelles pistes de réflexion Mme Coomaraswamy préconisait lorsqu'elle évoquait des «mesures créatives» que devraient prendre les États pour mettre fin à l'utilisation des écoles par des militaires, notamment comme «viviers de recrutement».
MME REN XJAOXIA (Chine) a soutenu le rôle joué par la Représentante spéciale. Le fait que celle-ci se rende dans des zones de conflit pour promouvoir les droits de l'enfant est hautement apprécié par la Chine, qui encourage les pays à l'accueillir. L'oratrice s'est inquiétée des attaques contre les écoles et les hôpitaux, ce qui ne manque pas d'avoir des incidences préjudiciables sur la santé et l'éducation des enfants. Le Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés interdit le recrutement d'enfants dans les conflits; à cette fin, il faudrait s'attaquer principalement aux racines du mal, a-t-elle affirmé, en invitant les États à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques de sorte à ne pas affecter les enfants par des guerres qui les empêchent de vivre leur enfance ou de bénéficier d'une éducation normale. Il s'agit de renforcer les capacités des États pour que les enfants soient protégés dans les situations de conflit armé, a-t-elle conclu.
M. GEROLD VOLLMER (Autriche) a déclaré que la perspective de réhabilitation et de réintégration des enfants victimes des conflits armés doit être l'objectif de toutes les mesures prises concernant ces enfants. Dans ce cadre, le représentant a souhaité savoir dans quelle mesure des reformes juridiques sont nécessaires pour relever l'âge de la responsabilité pénale dans les pays où il est particulièrement bas. Le représentant autrichien a par ailleurs déclaré que son pays s'inquiète des attaques visant des écoles et des hôpitaux, avant de demander comment faire pour que la communauté internationale accorde une plus grande attention à cette question. Il a en conclusion souhaité savoir quels progrès avaient été faits sur le terrain quant à la mise en œuvre de la résolution 1882 du Conseil de sécurité.
MME CAPUCINE MAUS DE ROLLEY (France) a rappelé que le 26 septembre prochain se tiendrait le quatrième forum ministériel sur le suivi des Engagements de Paris en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, co-organisé par la France et coprésidé par Mme Coomaraswamy. Ce sera l'occasion de renforcer l'adhésion à ces engagements auxquels 95 États ont souscrits. La question de la justice des enfants et de leur réinsertion dans la société se pose avec une acuité particulière, estime la France, qui met en œuvre depuis 2008 un projet pluriannuel de coopération en Afrique centrale et orientale visant à améliorer la protection des enfants dans les conflits armés et à faciliter durablement leur réinsertion. La représentante a demandé à la Représentante spéciale quelles étaient les meilleurs moyens de protéger les enfants dans le cadre de procédures judiciaires et d'agir dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
M. VLADIMIR ZHEGLOV (Fédération de Russie) a souligné que les travaux des Nations Unies concernant les enfants doivent s'inscrire dans le cadre des efforts nationaux et que la priorité devrait être accordée aux situations les plus graves. Il a mentionné à cet égard la situation des enfants en Libye, et recommandé de veiller à la réinsertion des enfants dans un cadre de réhabilitation adéquat. En octobre 2010, son pays a présenté au Comité des droits de l'enfant son premier rapport relatif au Protocole facultatif sur les enfants et les conflits armés. La Fédération de Russie a également pris des mesures pour protéger les enfants de toutes les formes de violence.
MME HIBA MOSTAFA RIZK (Égypte au nom du Groupe arabe) a déclaré que beaucoup de pays rencontrent des difficultés en ce qui concerne les enfants dans les conflits armés, dont plusieurs pays arabes. Elle a indiqué que le Groupe arabe partage en outre l'analyse de la Représentante spéciale s'agissant du droit à la santé et l'éducation pour les enfants dans les conflits armés. Beaucoup d'enfants sont malheureusement privés de ce droit, notamment dans les territoires arabes occupés et à Gaza, a souligné la représentante de l'Égypte. Israël attaque écoles et hôpitaux et la puissance occupante détient des enfants palestiniens, a-t-elle rappelé.
M. DICKY KOMAR (Indonésie) a jugé réconfortants les progrès enregistrés par la Représentante spéciale tout en reconnaissant qu'il convenait d'intensifier les efforts dans certains pays. L'Indonésie s'inquiète des attaques commises contre des établissements scolaires et de santé qui nient les droits les plus élémentaires des enfants. L'Indonésie est sur le point de ratifier le Protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés, a-t-il annoncé. Son pays a fixé à 18 ans l'âge minimum pour être recruté dans les forces armées.
M. FODÉ SECK (Sénégal au nom du Groupe africain) a estimé que le mandat de Mme Coomaraswamy revêtait un intérêt particulier pour le Groupe africain en raison notamment du fait que les enfants constituent la majorité de la population africaine et sa frange la plus vulnérable, d'une part, et d'autre part du fait que le continent africain est le théâtre du plus grand nombre de conflits armés. Cette situation est rendue encore plus dramatique par les guerres dites asymétriques dont l'une des caractéristiques est l'ignorance totale des belligérants, en particulier par les groupes armés non-étatiques, des dispositions pertinentes des instruments internationaux protégeant les enfants. Commentant le rapport de la Représentante spéciale, il le représentant a souligné qu'il en ressort que, malgré les résultats probants enregistrés en termes de démobilisation d'enfants engagés dans les conflits, grâce notamment à la synergie d'action entre l'ONU et ses partenaires, les conflits persistent et la situation des enfants demeure préoccupante. Il a réitéré l'importance et l'urgence pour la communauté internationale en général, et pour le Conseil des droits de l'homme en particulier, de s'entendre sur une approche intégrée propre à mettre un terme à ce fléau intolérable. Le Groupe africain conçoit une telle approche comme devant inclure des mesures en amont et en aval: en amont, par une analyse approfondie et la prise en charge effective des facteurs économiques, sociaux, culturels et politiques qui sous-tendent ces conflits; et en aval, par le plaidoyer en faveur de la vulgarisation, la ratification et l'application effective de l'ensemble des instruments internationaux protégeant les enfants. Le représentant du Sénégal a indiqué que, chemin faisant, les responsables de recrutement d'enfants et de violations des droits de ceux-ci doivent être poursuivis et traduits en justice. Il a souhaité avoir l'avis de la Représentante spéciale sur une éventuelle valeur ajoutée du nouveau Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant établissant une procédure de présentation de communications, adopté sans vote lors de la dix-septième session du Conseil, par rapport au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés.
M. DANIEL MERON (Israël) a déclaré qu'Israël attache beaucoup d'importance à la situation des enfants dans les conflits armés et est partie aux traités internationaux pertinents. Les enfants sont des victimes des conflits, a-t-il ajouté, avant de se féliciter de la libération de beaucoup d'enfants enrôlés dans les conflits, notamment au Soudan ou en Afghanistan. Les États doivent faire plus pour la réhabilitation des enfants anciens soldats, a-t-il poursuivi. Le représentant israélien a ensuite accusé le groupe Hamas de recruter des enfants pour leurs activités terroristes et d'attaquer des bus scolaires. Ces attaques montrent quelle est la réalité quotidienne d'Israël où des enfants sont victimes du terrorisme, victimes des attaques de roquettes. L'avenir de notre région mérite un avenir sans haine ni terrorisme, a conclu le représentant.
M. AHMED MOHAMED ABRO (Djibouti) a déclaré que son pays a ratifié le Protocole facultatif relatif aux droits des enfants dans les conflits armés et encourage les autres pays à y adhérer. De plus, il souscrit aux recommandations et aux instructions contenues dans le rapport de la Représentante spéciale. Le représentant a toutefois souhaité savoir comment renforcer la coordination des différentes activités menées pour faire face au problème des enfants et des conflits armés dans la région africaine.
MME SAMIRA SAFAROVA (Azerbaïdjan) a mis l'accent sur la nature changeante des nouveaux conflits qui créent de nouveaux dilemmes pour la protection des enfants. Elle a déploré que des atrocités commises contre les enfants du fait de la violation du cessez-le-feu par les forces armées de l'Arménie n'apparaissent pas dans le rapport de la Représentante spéciale. Elle a renvoyé à une correspondance et des lettres de son pays aux membres du Conseil sur la question dans le cadre de ses dix-septième et dix-huitième sessions.
M. STIAN CHRISTENSEN (Norvège) a souligné qu'il était impérieux que la communauté internationale ne relâche pas ses efforts ciblés face au problème des enfants dans les conflits armées. La Norvège partage la préoccupation de la Représentante spéciale face à la multiplication des attaques contre des établissements scolaires et de santé. Il y a un besoin urgent de faire mieux respecter ces installations par les groupes armés. La Norvège se félicite de l'adoption récente de la résolution A/64/290 de l'ONU sur le droit à l'éducation dans les situations d'urgence. Elle appelle à sa mise en œuvre urgente et complète.
MME VERÓNICA AGUILAR (Équateur) a déploré que les enfants continuent d'être les victimes des conflits malgré les nombreux traités internationaux signés. Les groupes armés continuent d'utiliser des enfants et les membres du Conseil ont été horrifiés d'apprendre hier que des enfants sont utilisés comme bombes humaines. La représentante a aussi déclaré partager l'avis que les enfants ne doivent pas être sanctionnés comme auteurs mais comme victimes, avant d'appeler la Représentante spéciale à s'attarder sur le sort des filles particulièrement plus touchées et stigmatisées dans les conflits, y compris par leur familles.
MME MARIAM AKTAB (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a pris note des recommandations de Mme Coomaraswamy et encouragé à l'application des normes internationales en matière de protection des droits de l'enfant, y compris dans les environnements les plus violents. Elle a fortement soutenu le mandat de la Représentante spéciale du fait que les enfants sont les plus vulnérables dans les situations de conflit armé.
MME EILEEN CHAMBERLAIN DONAHOE (États-Unis) a fait part de sa préoccupation face à la situation en Afghanistan où les écoles sont couramment prises pour cibles, demandant à la Représentante spéciale ce que l'on pourrait faire plus particulièrement pour les enfants les plus à risques, les filles et les handicapés en premier lieu, citant notamment le cas de la République démocratique du Congo. Les États-Unis sont particulièrement satisfaits de l'action entreprise par le Gouvernement somalien en vue d'obtenir la libération des enfants enrôlés dans des milices. La représentante a convenu qu'il fallait faire davantage, notamment pour obtenir la libération des enfants enrôlés dans les groupes armés, appelant les États à ratifier le Protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés.
MME GRAÇA ANDRESEN GUIMARÃES (Portugal) a déclaré soutenir le mandat de Mme Coomaraswamy ainsi que sa prolongation, tout en signalant que c'est grâce à une initiative portugaise que le titulaire de ce mandat a commencé à faire rapport devant le Conseil de sécurité. Dans ce cadre, le Portugal a activement soutenu et négocié la résolution 1998 récemment adoptée par le Conseil de sécurité et attend la pleine mise en œuvre de celle-ci. La représentante a s'est ensuite déclaré préoccupée par l'augmentation des conflits armés transnationaux qui impliquent les enfants, dénonçant notamment les activités de l'Armée de libération du Seigneur qui agit sans respecter les frontières. Les enfants victimes de sont ainsi transportés d'un pays vers un autre et il cette dimension peut se perdre si l'on adopte une approche pays par pays. La représentante portugaise a demandé à Mme Coomaraswamy quelle stratégie elle proposait pour répondre à cette nouvelle réalité. Elle lui a aussi demandé ce qui avait été fait dans le cadre de sa coopération avec les autres mécanismes disposant de mandats similaires et comment améliorer cette coopération.
MME GISELE FERNÁNDEZ LUDLOW (Mexique) a défendu avec vigueur le principe qui consiste à traduire en justice les auteurs de crimes dans les conflits armés, notamment à l'encontre d'enfants. Les mineurs recrutés sont assujettis à diverses formes d'abus et obligés à commettre tous actes de violence. Elle a souligné qu'il était chaque fois plus nécessaire de favoriser le témoignage des enfants, sans nier les crimes qu'ils ont pu commettre sous la pression et l'endoctrinement. L'oratrice a relevé l'augmentation des attaques contre les écoles, voire l'utilisation d'établissements scolaires comme centres de recrutement forcé. La représentante du Mexique a demandé à la Représentante spéciale sur les enfants et les conflits armés quelle était la portée de la mise en œuvre de la résolution relative à la protection des enfants dans les écoles et les hôpitaux, mentionnée dans son dernier rapport.
M. TIMO BAUER-SAVAGE (Allemagne) a rappelé que son pays présidait le groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés au sein du Conseil de sécurité. Il s'est dit heureux de l'adoption de la résolution 1998 qui va permettre d'améliorer la situation des enfants et les aider à mener une vie normale même dans les situations de guerre. Il a souhaité savoir de quelle manière ce texte avait eu des retombées sur le travail de la Représentante spéciale ces deux derniers mois. Il a aussi demandé quand les premiers plans d'action avec les responsables des groupes armés seraient négociés et signés afin d'assurer que dans l'avenir des enfants ne voient pas leur école occupée et que l'on n'assiste plus à des enlèvements d'élèves et d'enseignants. Le défi demeure la traduction en justice des responsables de tels actes, estime l'Allemagne.
M. FÉLIX PEÑA RAMOS (République bolivarienne du Venezuela) a indiqué que son pays avait mis sa législation en conformité avec les doctrines de protection intégrale des enfants et adolescents. Il a par ailleurs fait remarquer que sur son territoire, il n'existe ni groupe armé, ni recrutement de mineurs dans l'armée; le recrutement n'est possible qu'à l'âge de 18 ans et sur une base volontaire. De plus, le Venezuela a récemment ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits des enfants relatif à la participation des enfants dans les conflits armés.
M. SOONCHUL KWON (République de Corée) a souligné qu'il fallait tout faire pour mettre fin aux attaques contre les écoles et les hôpitaux. Les enfants dans les conflits armés sont un problème transversal car il importe de réinstaurer la paix et la sécurité, tout en veillant à la protection des enfants dans des périodes difficiles. Le représentant a mentionné l'importance de la résolution 1998 du Conseil de sécurité, adoptée à l'unanimité en juillet, qui a élargi les critères des parties au conflit dans le rapport du Secrétaire général, en incluant dans la liste ceux qui s'attaquent aux écoles et aux hôpitaux. Le représentant a aussi dénoncé l'impunité de crimes graves impliquant des enfants et qui reste un sujet de préoccupation dans de nombreuses régions touchées par un conflit. Certes, a-t-il reconnu, il est délicat de s'attaquer à la question de l'impunité car cela implique d'être confronté à des circonstances politiques et culturelles spécifiques, mais il n'en reste pas moins qu'il est impératif de créer une approche globale qui consiste, entre autres, à améliorer les systèmes judiciaires existants, et à utiliser également des mécanismes non judiciaires.
MME NADINE ISSA (Syrie) a félicité la Représentante spéciale pour son rapport, déplorant toutefois que celui-ci n'évoque pas les violations des droits de l'enfant dans les territoires arabes occupés, notamment dans le Golan syrien. Elle a condamné en particulier les droits d'inscription excessifs dans les établissements scolaires gérés par la puissance occupante, ainsi que le fait ceux-ci se trouvent fréquemment à proximité de zones minées. Elle a émis l'espoir que Mme Coomaraswamy s'intéressera à la question dans ses travaux ultérieurs.
M. ZALMAI AZIZ (Afghanistan) a déclaré que les insurgés utilisent les enfants à des fins terroristes et que cette réalité est connue de tous. Pour autant, le Gouvernement de l'Afghanistan est déterminé pour sa part à ne pas recruter d'enfants dans les forces gouvernementales en dessous de l'âge minimum. L'Afghanistan, conformément à l'esprit et à la lettre de ses obligations, s'engage à remplir ses promesses, a conclu le représentant.
MME GLORIA GANGTE (Inde) a déclaré que son pays continue à soutenir le travail très utile de la représentante spéciale, qui aide à mieux comprendre la problématique des enfants dans les conflits armés et la question de leur accès à la justice. La réintégration est un processus post-conflit et la démobilisation et le désarmement devraient concerner tous les anciens combattants, y compris les enfants. Elle a dénoncé les attaques ciblées contre les établissements scolaires, parfois utilisés comme centres de recrutement, et contre les services hospitaliers. La déléguée à voulu connaître les idées de Mme Coomaraswamy sur les mesures à envisager en vue d'une action efficace pour sanctionner les parties non-étatiques qui abusent des enfants dans les situations de conflit.
MME SALLY DAWKINS (Australie) s'est dit alarmée par le constat de la Représentante spéciale selon lequel des enfants étaient de plus en plus souvent utilisés comme boucliers humains, ainsi que dans des opérations de renseignement, et par le fait qu'ils étaient affectés de manière disproportionnée par des attaques ciblées contre des écoles et des hôpitaux. L'Australie se félicite des décisions du Conseil de sécurité visant à accroître la responsabilité de ceux qui perpètrent ces graves violations.
M. PABLO BERITI OLIVA (Cuba) a déclaré que la protection de l'enfance est d'une importance vitale et que Cuba y accorde une grande attention. Dans les conflits de ces dernières années et dans les opérations militaires des États-Unis et de l'Otan, notamment en Jamahiriya arabe libyenne, en Iraq et en Afghanistan, les enfants ont été les premières victimes, a rappelé le représentant. Le représentant cubain a ensuite indiqué que dans son pays, la réalité est différente. La protection des enfants y est une priorité et beaucoup a été fait dans ce domaine. Les réussites sont le résultat des efforts déployés par le peuple cubain en dépit du blocus criminel des États-Unis, a encore déclaré le représentant. Les conséquences de ce blocus sont préjudiciables aux enfants, a-t-il aussi souligné, tout en plaidant pour l'établissement d'un ordre international démocratique et équitable dans lequel prévaut la coopération, la solidarité et le dialogue. Cuba, avec d'autres pays, continuera de travailler en ce sens, a conclu le représentant.
MME WENDY HINTON (Nouvelle-Zélande) a exhorté tous les États à prendre en compte la situation des enfants dans les conflits armés, en particulier celle des enfants handicapés et des filles. Après avoir aussi instamment invité les États à signer et à ratifier le Protocole facultatif relatif aux enfants dans les conflits armés, elle a appuyé le mandat de la Représentante spéciale et l'a priée de fournir des indications sur ses priorités au cours des années à venir.
M. SEK WANNAMETHEE (Thaïlande) a estimé que les nombreux mécanismes existants au sein du système de l'ONU sur la promotion et la protection des droits de l'enfant attestent de la complexité de la question. Une meilleure synchronisation et une meilleure coordination entre ces mécanismes s'avèrent nécessaires afin de faire en sorte qu'ils se renforcent mutuellement et qu'ils fassent progresser l'action sur les droits de l'enfant de manière cohérente, tout en respectant l'indépendance et la neutralité de ces mécanismes. Il faut reconnaître dans le même temps que chaque situation de conflit est unique, a-t-il rappelé, ce qui implique d'éviter les généralisations. C'est la raison pour laquelle la Thaïlande propose un projet de résolution à l'Assemblée générale sur le renforcement de la coordination, de la coopération et de la cohérence du système de l'ONU dans la promotion et la protection des droits de l'enfant.
M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) s'est associé à l'appel lancé par la Représentante spéciale à toutes les parties à un conflit afin qu'elles respectent leurs obligations internationales et leurs engagements visant à la protection des enfants dans les conflits armés et à une amélioration de leur situation. Le cas échéant, les parties ne respectant pas ces engagements doivent être tenues responsables, a ajouté le représentant suisse. Il a ensuite demandé à la Représentante spéciale quelles mesures elle recommande afin d'améliorer l'impunité des différentes qui ne respecteraient pas ces obligations. La Suisse condamne par ailleurs toute attaque contre les écoles et hôpitaux. De telles attaques ont pour conséquence directe de priver les enfants de leurs droits à l'éducation et à la santé, a encore souligné le représentant. Dans ce cadre, il a demandé à Mme Coomaraswamy si elle a des idées plus précises quant aux messages qu'elle entend véhiculer dans la campagne qu'elle envisage et si elle avait exploré d'autres synergies possibles en la matière avec le Comité international de la Croix rouge.
MME EKA KIPIANI (Géorgie) a rappelé que des parties de son pays, comme l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, étaient occupées et que les autorités étrangères niaient à la population, aux groupes vulnérables et aux enfants en particulier, le droit à leur identité, à apprendre leur langue et à l'éducation en général. Elle a attiré l'attention sur le sort des enfants dans le district de Gali (Abkhazie) notamment, qui subissent des raids contre les écoles par les forces de l'occupation et des milices irrégulières. Les enfants subissent par ailleurs diverses formes de violence. La représentante géorgienne a rappelé qu'il faut donc davantage d'efforts pour assurer de meilleures perspectives pour l'avenir des enfants et pour les protéger dans les périodes de conflit armé.
MME VESNA VUKOVIĆ (Croatie) a indiqué que son pays avait ratifié le Protocole facultatif sur la protection des enfants dans les conflits armés et présenté son rapport initial en 2007 devant le Comité des droits de l'enfant. Elle a aussi souligné la participation active de son pays au sein du Conseil de sécurité sur ces questions en 2008 et 2009. Par ailleurs, la Croatie est alarmée par les informations faisant état de graves violations commises contre des mineurs en Libye.
MME MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a salué les progrès réalisés au cours de la période mai 2010-mai 2011 dans le domaine de la protection des enfants, comme l'indique le rapport de la Représentant spéciale. Pour autant, le Maroc continue d'être préoccupé par la situation des enfants vivant dans les régions de conflits et victimes de graves violations de leurs droits fondamentaux, et ce, dans une impunité presque totale. Dans ce cadre, la délégation marocaine souscrit aux recommandations émanant du rapport de Mme Coomaraswamy appelant les pays à prévenir les violences à l'égard des enfants et à trouver des solutions spécifiques en vue de les protéger des dangers des conflits. La représentante a ainsi lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle apporte toute l'aide et assistance technique nécessaires aux pays concernés. Le Maroc est l'un des premiers pays à avoir ratifié les Protocoles facultatifs de la Convention relative aux droits de l'enfant, portant sur la participation des enfants dans les conflits armés et sur la vente des enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants. La représentante a ajouté que les conflits armés font obstacle à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement; toute négligence ou recul à ce niveau constituent un frein aux sérieux efforts engagés par la communauté internationale.
M. OTÁVIO TRINDADE (Brésil) a indiqué qu'il n'existait pas de panacée pour remédier à la situation des enfants dans les conflits armés et que la communauté internationale devait procéder selon une approche fondée sur l'évaluation des meilleures options pour chaque situation, en tenant compte du droit humanitaire international. Le délégué a annoncé que le Brésil appuiera l'adoption d'une résolution, qui sera examiné au cours de cette année, lors de la Conférence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en vue du développement de mécanismes de mise en œuvre du droit humanitaire international. Il a également appuyé la résolution 1998 du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés. Il a encouragé la Représentante spéciale à répertorier les bonnes pratiques à cet égard et a appuyé ses recommandations visant à l'intégration de la problématique des enfants dans les conflits armés dans tout le système des Nations Unies.
M. NORMAN LIZANO ORTÍZ (Costa Rica) a souhaité avoir l'avis de la Représentante spéciale sur les considérations particulières que devaient prendre en compte les tribunaux internationaux lorsque l'on aborde le thème des enfants dans les conflits armés, non seulement lorsque ceux-ci sont soupçonnés de crimes de guerre ou contre l'humanité mais aussi lorsqu'ils sont appelés à témoigner comme témoins ou victimes. Il a aussi souhaité savoir quels enseignements et conclusions il était possible de tirer du cas Lubanga devant la Cour pénale internationale.
MME HIBA MOSTAFA RIZK (Égypte) a déclaré que la protection des civils dans les conflits armés est une grande priorité pour son pays; les enfants doivent recevoir une protection particulière. La représentante a par ailleurs pris note des recommandations du rapport de la Représentante spéciale, tout en déplorant qu'il ne contienne pas d'informations sur la situation des enfants dans les situations d'occupation, notamment dans les territoires arabes occupés. Elle a enfin souscrit à la recommandation selon laquelle les enfants impliqués dans des conflits armés doivent être considérés comme des victimes et non comme auteurs de violence.
M. ANGUI AWADA (Tchad) s'est félicité de la visite de Mme Coomaraswamy dans son pays ainsi que de son dernier rapport. Il a souligné que plus de 1000 enfants ont été démobilisés depuis 2007 et que son gouvernement a signé des accords avec l'Équipe spéciale des Nations Unies chargée des enfants dans les conflits armés. Le Gouvernement tchadien s'est engagé à mettre en œuvre un plan d'action dans ce cadre, en particulier par la direction générale de la gendarmerie et d'autres organismes chargés de l'ordre et de la sécurité. Il a conclu que le Gouvernement du Tchad ne peut être, dès lors, tenu pour responsable.
MME NICOLETTE MOODIE (Fonds des Nations Unies pour l'enfance - UNICEF) s'est félicitée du fait que la Représentante spéciale ait reconnu le travail inlassable de son organisation sur le terrain. L'UNICEF a collaboré avec Mme Coomaraswamy pour attirer l'attention sur l'impact dévastateur sur les enfants des attaques contre les établissements scolaires et hospitaliers, ainsi que le fait que ces installations puissent être investies et utilisées comme bases par des forces ou groupes armés.
M. FARAMARZ HEJAZI (Iran) a déploré que le rapport de la Représentante spéciale ne mentionne par la vie des enfants palestiniens, et notamment le nombre important d'enfants détenus par le régime sioniste. Il a demandé si Mme Coomaraswamy envisageait de se rendre en Israël, y compris dans les prisons. Il a aussi regretté que le rapport n'évoque nullement la situation des prisons gérées par les forces internationales en Afghanistan. Il lui a aussi demandé si elle envisage de faire un rapport sur l'utilisation d'armes à uranium appauvri sur les enfants.
M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a constaté que le Représentante spéciale s'était référée au développement de certaines activités à Sri Lanka qui ont permis à de nombreux enfants de retourner au sein de leur famille et de mener une vie d'enfants. Il s'est réjoui que certaines de ces anciennes victimes aient pu maintenant suivre des études supérieures. Le recrutement des enfants pour les combats relève désormais du passé et le Gouvernement continue à mener des enquêtes pour vérifier qu'il n'existe plus d'enfants conscrits. Des dispositions statutaires existent aussi pour les enfants, rendant la fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à 16 ans, et décrétant qu'aucun enfant au-dessous de cet âge n'a le droit de travailler.
M. OMAIMA ALSHARIEF (Soudan) a déclaré qu'en dépit des défis posés par les groupes armés illégaux qui subsistent, son gouvernement ne ménageait aucun effort pour instaurer la paix et la stabilité aux quatre coins du Soudan. Ces groupes emploient des enfants et il a été établi que l'un d'eux a utilisé plus de 300 enfants lors de son attaque contre Omdurman en mai 2008. Le Gouvernement soudanais a fait tout son possible pour remédier à la situation des enfants dont l'innocence a été volée pour une aventure sans issue; le Président de la République a décrété une amnistie à leur égard pour qu'ils puissent être pris en charge par les organismes spécialisés, réunis à leurs familles, et réinsérés dans la vie économique et sociale, a-t-il précisé.
M. YANNICK MINISIER (Belgique) s'est inquiété des attaques croissantes contre des écoles et des hôpitaux et a demandé à la Représentante spéciale d'en dire plus sur les deux recommandations qu'elle formule à cet égard. Il a aussi souhaité savoir de quelle manière elle considérait que certains pays pourraient jouer un rôle dirigeant dans le cadre de la campagne de deux ans en faveur de la ratification du Protocole facultatif.
MME SATENIK ABGARIAN (Arménie) a déploré que les violations des droits des enfants se poursuivent parfois dans des situations post conflit, avant d'accuser un pays voisin de manipuler les enfants à des fins de propagande raciste. Les autorités compétentes de l'État ne doivent pas éduquer les enfants en créant une image de l'ennemi et en incitant à la haine. Malheureusement, la délégation arménienne peut aujourd'hui présenter des exemples, du fait de la politique irresponsable de l'Azerbaïdjan, des crimes atroces qui ont été commis. En conclusion, elle a déclaré souscrire aux recommandations du rapport de la Représentante spéciale.
M. IMAD ZUHAIRI (Palestine) a rappelé qu'Israël avait signé et ratifié les instruments internationaux relatifs aux droits de l'enfant et que la loi israélienne reconnaissait comme enfant tout mineur de moins de 18 ans. Or, en vertu des règlements militaires israéliens imposés dans le territoire palestinien occupé, les enfants palestiniens sont traités comme des adultes dès l'âge de 16 ans. Le représentant palestinien a énuméré un certain nombre de violations commises dans ce territoire, indiquant notamment que chaque année, 700 enfants étaient traduits devant la justice militaire israélienne, les mauvais traitements, voire des cas de torture, étant monnaie courante. Il a appelé Israël à respecter et mettre en œuvre immédiatement la Convention relative aux droits de l'enfant et son Protocole facultatif.
M. VASILE RADU (Roumanie) a exprimé l'espoir de la ratification universelle du protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés. Il s'est félicité de la décision de publication d'une liste noire des auteurs d'exactions à l'encontre des enfants dans les conflits. Il a par ailleurs souligné que la réhabilitation et la réintégration des enfants soldats font partie des bonnes pratiques dans ce domaine.
MME MARIA TERESA LIPATAN (Philippines) a déclaré que toute mesure visant à améliorer la situation des enfants doit être considérée avec intérêt, y compris, dans le cadre de contacts avec les groupes non étatiques. Les Philippines sont partie à la Convention relative aux droits des enfants et le gouvernement a soumis son rapport initial au titre du Protocole facultatif en 2009. Même avant la ratification de ce Protocole facultatif, Les Philippines avaient déjà pris des mesures, notamment l'interdiction du recrutement d'enfants de moins de 18 ans et l'adhésion au Statut de Rome. De plus, malgré les ressources limitées, les Philippines poursuivent une politique favorable aux droits des enfants, notamment grâce à des projet et programmes visant la protection des enfants dans les conflits.
M. NGO LE HOANG VU (Vietnam) a déclaré que la situation des enfants était loin d'être satisfaisante, surtout dans le contexte de conflits armés dans lesquels il existe de graves violations de leurs droits. Il a estimé que les conditions préalables pour le respect et la protection des droits des enfants sont la cessation de conflits et le rétablissement de la paix car s'il n'y avait pas de guerre et conflit, il n'y aurait pas de violations des droits de l'enfant dans les conflits. Il a lancé un appel urgent à la recherche de solutions de paix, permettant un retour de tous les enfants à la vie normale. L'orateur a également recommandé de sensibiliser l'opinion publique à la nécessité de protéger les enfants dans les conflits armés et de s'attaquer aux problèmes de pauvreté, d'analphabétisme, d'intolérance et de discrimination, qui sont les sources de conflits et d'abus des enfants. La communauté internationale devrait intensifier ses efforts pour aider les enfants victimes de conflits armés, a-t-il déclaré. Il a rappelé que la protection et la promotion des droits de l'homme en général et des droits de l'enfant en particulier restent toujours en premier lieu la responsabilité de l'État. De surcroît, la prévention du conflit, la création d'un environnement de paix, de stabilité et de justice pour l'humanité et sa future génération demeure parmi les responsabilités de la communauté internationale, des Nations Unies, de chaque pays membre et du Conseil des droits de l'homme. Il a salué les efforts des pays, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales et des personnalités dans la lutte contre la violation des droits de l'enfant en période de conflit armés.
MME SHAIKHA SALMA AL-ZAABI (Émirats arabes unis) a déclaré que la protection physique et psychique des enfants est de la responsabilité de la communauté internationale et que les atteintes à leur intégrité physique et psychique entraîne la violation d'autres droits comme ceux liés à l'éducation. Il a indiqué que sa délégation appuyait la grande majorité des recommandations de la Représentante spéciale, particulièrement la recommandation numéro 65 visant à fournir un appui éducatif et psychologique aux enfants.
M. MICHAEL FRENCH (Alliance internationale d'aide à l'enfance) a décrit la situation déplorable des enfants dans les conflits armés, parfois contraints à commettre des atrocités, y compris contre des membres de leurs propres familles. Il a félicité la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés pour ses efforts inlassables en vue de la ratification du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits des enfants. Il a exhorté tous les États à l'adopter et à élaborer une politique codifiant cet aspect dans la vie politique et érigeant en crime le recrutement et l'utilisation des enfants dans les forces armées.
MME ALINE HERRERA (Commission colombienne de juristes) a déclaré que le recrutement d'enfants de moins de 15 ans est un crime de guerre et doit être poursuivi en justice. La représentante a demandé au Conseil et à la Représentante spéciale d'insister auprès des États pour que soit fixé à 18 ans l'âge minimum de recrutement dans l'armée.
MME AISHA RAHAMATALI (Défense des enfants - international) s'est félicitée du fait que la Représentante spéciale ait mis l'accent sur la question de la justice des mineurs, l'appelant à persévérer en ce sens, en particulier dans ses contacts avec les responsables des pays qu'elle visite.
MME SHAMIM SHAWL (International Muslim Women's Union) a souligné que les enfants ont toujours payé un fort tribut en période de conflit et rappelé qu'un 1996, l'UNICEF avait déclaré que les enfants continueront à être victimes de la guerre s'il n'y a aucune volonté pour prévenir les actes de violence à leur égard. L'existence même d'enfants–soldats demeure un affront pour l'humanité. Elle a enfin dénoncé la situation au Cachemire où les enfants, ainsi que les femmes, continuent d'être des victimes de la violence.
Conclusion
MME RADHIKA COOMARASWAMY, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a déclaré qu'elle avait commencé à travailler avec les groupes et institutions spécialisés ainsi qu'avec d'autres mandats, notamment le Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation. Elle a par ailleurs indiqué être en relation avec les gouvernements du Myanmar et de la République centrafricaine et a exprimé l'espoir que d'autres plans d'action seront signés. Elle a de plus l'intention de se rendre en Israël avant la fin de l'année, suite à l'invitation lancée par le Gouvernement. Mme Coomaraswamy appelle aussi les États membres à soutenir son projet de campagne de sensibilisation. S'agissant de la coordination avec d'autres mécanismes, un travail est en cours, notamment en matière de violence sexuelles. Il est aussi important de lutter contre l'impunité dans tous les domaines et cette question doit être intégrée dans tout le système des Nations Unies, a conclu la Représentante spéciale.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
HRC11/106F