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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND CINQ DÉLÉGATIONS SUR LA MANIÈRE DE POURSUIVRE LES TRAVAUX SUR LES QUESTIONS DE FOND

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu ce matin une réunion plénière au cours de laquelle cinq délégations d'États membres ont présenté leurs positions sur les moyens de relancer les travaux de la Conférence.

Il a été souligné que le dysfonctionnement de la Conférence du désarmement portait non seulement atteinte à sa propre crédibilité, mais aussi à l'ensemble du processus de désarmement nucléaire multilatéral. Si la Conférence du désarmement ne parvient pas à avancer sur les questions qui se posent à elle avant la fin de cette session, certains estiment qu'il faudra chercher d'autres façons de mener les travaux de fond sur le désarmement nucléaire, notamment s'agissant des négociations sur l'interdiction des matières fissiles. La proposition de créer un groupe de travail sur la revitalisation de la Conférence a en outre été appuyée.

Des intervenants ont exprimé le souhait que commencent rapidement des négociations, au sein de la Conférence du désarmement, sur un programme échelonné en vue de l'élimination complète des armes nucléaires selon un calendrier déterminé, y compris une convention sur les armes nucléaires interdisant la possession, la mise au point, la production, le stockage, le transfert et l'utilisation des armes nucléaires. Des intervenants ont souligné que l'élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l'utilisation ou la menace d'utilisation d'armes nucléaires et ont réaffirmé la nécessité de garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace des armes nucléaires.

Les représentants du Japon, du Pakistan (au nom du Groupe des 21), de la Fédération de Russie (au nom du Groupe des États d'Europe orientale), de la Slovaquie et de la République populaire démocratique de Corée ont fait des déclarations.


La prochaine séance publique plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 18 août, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

M. AKIO SUDA (Japon) a rappelé que ce mois-ci marquait le soixante-sixième anniversaire des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Au Japon, le 6 août pour Hiroshima et le 9 août pour Nagasaki sont l'occasion de se souvenir des tragédies qui ont frappé ces deux villes et pour renouveler la détermination du pays à construire un monde sans armes nucléaires. Au fil des ans, les hibakusha (survivants de la bombe atomique), leurs amis et ceux qui les soutiennent ont fait tout leur possible pour communiquer au monde les effets dévastateurs des bombardements atomiques, mais aujourd'hui, ils ne sont plus très nombreux. C'est pourquoi, dans un effort pour préserver et faire partager les récits des survivants, le Gouvernement a demandé aux hibakusha en septembre dernier d'être des «Communicateurs spéciaux pour un monde sans armes nucléaires» afin de transmettre leurs expériences, particulièrement aux jeunes générations. Ils ont participé à 15 événements dans le monde entier, y compris à Genève le printemps dernier. Cette commémoration ne doit pas être consacrée uniquement au souvenir, mais aussi être l'occasion de faire le point sur les progrès réalisés dans les efforts pour se rapprocher de l'objectif de l'élimination totale des armes nucléaires. M. Duda a ainsi salué plusieurs faits nouveaux importants et positifs depuis le discours de Prague d'avril 2009, y compris les réalisations productives de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010.

Le représentant japonais a toutefois regretté que, hormis le nouveau Traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie et certaines mesures unilatérales, très peu de progrès concrets ont été réalisés en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération au cours des deux dernières années. La Conférence a assumé sa responsabilité en matière de désarmement multilatéral en adoptant, par consensus, le document CD/1864 en mai 2009, mais s'est aussitôt «perdue dans une forêt d'arguments» peu constructifs sur l'application stricte de la règle du consensus, sur l'intérêt supérieur d'un État individuel, sur le manque de volonté politique. Le dysfonctionnement de la Conférence porte gravement atteinte non seulement à sa propre crédibilité mais à celle l'ensemble du processus de désarmement nucléaire multilatéral, ce que plusieurs jugent désormais insupportable. Si la Conférence du désarmement ne parvient pas à avancer sur les questions qui se posent à elle avant la fin de cette session, le Japon estime, comme tant d'autres, qu'il faut chercher d'autres façons de commencer les travaux de fond sur le désarmement nucléaire, notamment s'agissant des négociations sur l'interdiction des matières fissiles.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan au nom du Groupe des 21 pays non alignés membres de la Conférence du désarmement) a souligné la grande pertinence de la diplomatie multilatérale dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération, tout en réitérant sa détermination à promouvoir le multilatéralisme en tant que fondement des négociations dans ces mêmes domaines. Tout en réaffirmant l'importance de la Conférence du désarmement, le Groupe des 21 exprime cependant sa déception de ce qu'elle n'ait pas mené de travaux de fond sur les points de son ordre du jour. Compte tenu de l'urgence de l'élimination de la menace des armes nucléaires, le Groupe appelle à nouveau les membres de la Conférence à redoubler d'efforts pour adopter et appliquer un programme de travail équilibré et complet. Le Groupe des 21 soutient en particulier l'ouverture, aussitôt que possible, de négociations, au sein de la Conférence, au sujet d'un programme progressif d'élimination complète des armes nucléaires selon un calendrier déterminé, y compris la rédaction d'une convention sur les armes nucléaires qui interdirait notamment la possession, la mise au point, le transfert et le stockage d'armes nucléaires, avant leur destruction définitive. À cet égard, le Groupe affirme que seule l'élimination totale des armes nucléaires offrira la garantie absolue contre l'utilisation de telles armes. Il réaffirme en outre que les États non détenteurs d'armes nucléaires doivent obtenir, de la part des États qui en disposent, des garanties contre l'utilisation de ces armes contre eux. D'ici à l'élimination totale des armes nucléaires, le Groupe réaffirme la nécessité et l'urgence d'adopter un instrument universel et juridiquement contraignant relatifs à de telles garanties de sécurité au bénéfice des États non détenteurs d'armes nucléaires. Le Groupe déplore qu'en dépit de la demande de ces États, aucun progrès tangible n'ait été réalisé à ce jour dans ce domaine.

Par ailleurs, le Groupe des 21 croit encore en l'importance de l'examen de la possibilité d'accueillir de nouveaux membres au sein de la Conférence. Il est favorable à l'intensification des relations de la Conférence du désarmement avec la société civile dans le domaine du désarmement, en particulier du désarmement nucléaire. Le Groupe estime encore que la promotion des activités des mécanismes onusiens consacrés au désarmement dépend de la création d'un environnement politique propice, tenant compte des intérêts des États en matière de sécurité, plutôt que de la modification des règles de procédure. Enfin, tout en faisant part de sa profonde préoccupation devant l'absence persistante de consensus au sujet de l'ordre du jour multilatéral relatif au désarmement, le Groupe des 21 réaffirme son soutien au principe de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement.

M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie au nom du Groupe des États d'Europe orientale) a déclaré que le Groupe attachait une grande importance au travail de la Conférence du désarmement et a appuyé les efforts visant à revitaliser la Conférence. À cet égard, le Groupe appuie la proposition de la Colombie d'établir un groupe de travail pour examiner la revitalisation des travaux de la Conférence.

M. FEDOR ROSOCHA (Slovaquie) a déclaré que la Slovaquie soutenait le commencement immédiat de négociations sur un traité qui porterait sur la question d'une interdiction des matières fissiles. En effet, un tel traité est une étape indispensable vers la réalisation de l'objectif final d'un monde libéré des armes nucléaires. Cependant, dans la construction du futur environnement de sécurité mondiale, il faut aller au delà des mesures individuelles et se concentrer sur l'objectif final commun. La Slovaquie estime pour sa part que cet objectif pourra être atteint dans le cadre d'instruments qui se renforcent mutuellement et offrent des garanties. Il faut faire preuve d'ouverture dans une approche fermement orientée vers l'objectif ultime. La Conférence du désarmement a la responsabilité de mener des négociations multilatérales sur le désarmement. Pour sa part, la Slovaquie est disposée à collaborer avec toutes les délégations ainsi qu'avec la société civile en vue de sortir la Conférence du désarmement de l'impasse et de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement.

M. RI JANG GON (République populaire démocratique de Corée) s'est pleinement associé à la déclaration faite par le Pakistan au nom du Groupe des 21. Il a estimé que le moment était venu de renouveler la volonté politique nécessaire des États membres pour atteindre les objectifs ultimes de la Conférence du désarmement. Ses membres ont la responsabilité première de négocier et de conclure des traités multilatéraux interdisant toutes les menaces d'armes nucléaires; les travaux de la Conférence sont essentiels pour la négociation de traités multilatéraux de sécurité collective. Le but ultime de la Conférence ne sera atteint qu'avec l'élimination totale des armes nucléaires. La délégation de la République populaire démocratique de Corée souhaite que les travaux de fond commencent dès que possible et est disposée à collaborer avec tous les membres de la Conférence à cette fin.

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Représentant personnel du Secrétaire général des Nations Unies auprès de la Conférence, a informé la Conférence du désarmement de la décision du Secrétaire général imposant une limite de 10 700 mots aux rapports qui n'émanent pas du Secrétariat. Cette décision est motivée par les contraintes financières croissantes et la pression que subissent les services de traduction pour la production des documents. M. Tokayev a prié les États membres de s'en tenir à cette limite.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC11/039F