Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME LA TROISIÈME ET DERNIÈRE PARTIE DE SA SESSION DE 2011

Compte rendu de séance
Elle se penche sur les débats de l'Assemblée générale à la fin du mois dernier dans le cadre du suivi de la Réunion de haut niveau de septembre 2010 sur le désarmement

La Conférence du désarmement, qui entame cette semaine la troisième et dernière partie de sa session de 2011, a tenu ce matin une séance plénière consacrée au débat qu'a tenu l'Assemblée générale des Nations Unies du 27 au 29 juillet dernier sur le suivi de la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010 destinée à revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement et à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement.

Le Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU auprès de la Conférence, M. Kassym-Jomart Tokayev, a rendu compte de la réunion de l'Assemblée générale à New York et a partagé ses vues avec les membres de la Conférence quant aux questions qui y ont été soulevées, soulignant notamment que si la Conférence ne prend pas dès à présent des mesures, elle obligera certains membres à soulever la question directement à l'Assemblée générale. Il faut donc exploiter toutes les possibilités existantes pour revitaliser la Conférence.

Au cours de la séance, qui s'est déroulée sous la présidence de l'Ambassadeur So Se Pyong de la République populaire démocratique de Corée, une vingtaine de délégations ont fait part de leur évaluation de la situation à laquelle est confrontée la Conférence, qui n'a pas été en mesure de mener des travaux de fond depuis plus de dix ans, et ont évoqué les moyens qui lui permettraient de progresser et de s'acquitter de son mandat de négociation d'instruments internationaux de désarmement et de non-prolifération.

Nombre d'intervenants ont souligné que le moment est venu pour la Conférence de prendre des mesures quant à ses procédures et pour mobiliser la volonté politique d'aller de l'avant, sous peine de perdre de sa crédibilité sinon de sa pertinence. Afin de passer en revue l'ensemble du mécanisme de désarmement des Nations unies, l'idée de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement a été largement soutenue. De nombreuses délégations ont insisté sur l'importance prioritaire que revêt, à leurs yeux, la question du désarmement nucléaire.

La France a pour sa part rendu compte de la réunion des cinq puissances nucléaires (France, Royaume-Uni, États-Unis, Fédération de Russie et Chine - ou P5) qui s'est tenue à Paris le 30 juin et le 1er juillet dernier, pour faire le bilan des engagements pris lors de la dernière Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et contribuer à la préparation du prochain cycle d'examen de ce Traité.

Au cours de la séance de ce matin, se sont exprimées les délégations du Myanmar, de la France, de Cuba, de la Fédération de Russie, de la Colombie, du Chili, de l'Iran, de la Malaisie, d'Israël, de l'Afrique du Sud, du Pakistan, de la Norvège, du Mexique, de la République populaire démocratique de Corée, de la Chine, du Japon, du Royaume-Uni, du Nigéria et des États-Unis.

En début de séance, le Président de la Conférence, M. So Se Pyong, a – au nom de la Conférence – présenté ses sincères condoléances aux familles des victimes de la tragédie qui s'est produite sur l'île d'Utoya en Norvège.


La prochaine séance publique plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 11 août, à 10 heures.




Aperçu des déclarations

M. SO SE PYONG (République populaire démocratique de Corée), Président de la Conférence du désarmement, a exprimé, au nom de la Conférence, ses sincères condoléances aux familles des victimes de la tragédie qui s'est produite sur l'île d'Utoya en Norvège. Il a ensuite souhaité à l'Ambassadrice Senewiratne de Sri Lanka, qui quitte la Conférence, tout le succès dans ses nouvelles fonctions. Il a également souhaité la bienvenue au nouvel Ambassadeur du Myanmar, M. Maung Wai, et a félicité Mme Joanne Adamson du Royaume-Uni pour avoir été promue au rang d'Ambassadrice.

Le Président a indiqué que la séance de ce matin serait consacrée à une évaluation du débat mené par l'Assemblée générale des Nations Unies du 27 au 29 juillet dernier sur le suivi de la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010 destinée à revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement et à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement.

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Représentant personnel du Secrétaire général des Nations Unies auprès de la Conférence, a brièvement présenté le déroulement du débat qui s'est tenu à l'Assemblée générale sur les travaux de la Conférence en indiquant notamment que le Président de l'Assemblée, M. Joseph Deiss a rappelé que la grave situation d'impasse à la Conférence du désarmement l'avait mise à l'ordre du jour de l'Assemblée générale et il a demandé qu'un signal fort soit envoyé cette année à la Conférence, convenant en outre que la création d'un panel composé de personnalités de haut niveau pourrait être utile. Les participants ont souligné l'urgence de trouver une solution à l'état actuel des choses à la Conférence et la réunion a fourni aux délégations l'occasion d'expliquer leurs positions et priorités dans le domaine du désarmement dans le cadre d'un processus qui devrait se poursuivre à la session de l'Assemblée générale cet automne. Pour sa part, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a fait une déclaration très forte qui, de l'avis de M. Tokayev, pourrait être considérée comme un jalon dans le processus multilatéral de désarmement. En vue de remédier aux différences, le Secrétaire général est en train de prendre une décision s'agissant de la création d'un groupe de personnalités éminentes pour examiner les questions en jeu, conformément à la recommandation en ce sens présentée par le Conseil consultatif pour les questions de désarmement.

Il est très clair qu'il n'y a pas de solution facile pour sortir de l'impasse, a poursuivi M. Takayev, qui a toutefois constaté une vive préoccupation des délégations s'agissant du manque de progrès dans le domaine du désarmement multilatéral et à la Conférence du désarmement en particulier. Le Secrétaire général de la Conférence du désarmement continue de croire qu'elle a une valeur immense et irremplaçable. Elle pourrait reprendre son rôle de principale instance multilatérale de désarmement à condition qu'elle soit dûment réformée. À cette fin, il est nécessaire d'examiner ses procédures, sa composition et son ordre du jour. Ainsi, certaines des procédures, telles la présidence tournante mensuelle et l'adoption annuelle du programme de travail, nuisent à l'efficacité de la Conférence. L'ordre du jour de la Conférence remonte à 1978 et les besoins doivent être réévalués afin de refléter l'environnement actuel de sécurité internationale. Enfin, la règle du consensus doit être interprétée comme un encouragement à parvenir à un accord pour entamer les travaux de fond. Si la Conférence ne prend pas dès à présent des mesures, elle obligera certains membres à soulever la question à l'Assemblée générale. Il faut exploiter toutes les possibilités existantes pour revitaliser la Conférence, a conclu son secrétaire général.

M. MAUNG WAI (Myanmar), qui prononçait son premier discours en tant qu'Ambassadeur du Myanmar auprès de la Conférence, a assuré la présidence de tout le soutien de sa délégation dans l'exercice de ses fonctions. Ni le règlement intérieur de la Conférence, ni les positions de quelques uns de ses membres ne devraient être considérés comme responsables de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis plus d'une décennie, a-t-il affirmé. Le Myanmar pense que c'est la différence de priorités sécuritaires de certains membres qui a empêché la Conférence de s'acquitter de son mandat. En outre, il convient de relever que, même si elles peuvent encore être améliorées, les règles de procédure associées au Règlement intérieur ont bien, par le passé, servi les intérêts des États membres et l'objectif de la Conférence. Il faut bien admettre que le mécanisme de désarmement des Nations Unies tout entier ne progresse pas et que la crise de confiance va croissant, a poursuivi le représentant. Le mécanisme multilatéral de désarmement des Nations Unies a échoué et le Myanmar est d'avis qu'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement aurait l'autorité et la légitimité requises pour examiner de manière approfondie l'ensemble de l'architecture du mécanisme de désarmement des Nations Unies, y compris la Conférence.

M. ÉRIC DANON (France) a rendu compte de la réunion du P5 qui s'est tenue à Paris, le 30 juin et le 1er juillet dernier, pour faire le bilan des engagements pris lors de la dernière Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et contribuer à la préparation du prochain cycle d'examen de ce Traité. C'était la seconde fois que le P5 se réunissait dans ce format pour étudier ces questions, après la réunion similaire tenue à Londres en 2009, a-t-il indiqué. Lors de la réunion de Paris, les pays du P5 ont poursuivi les discussions sur les questions de transparence et de confiance mutuelle ainsi que sur les questions de vérification, a-t-il notamment précisé. Les participants ont approuvé la création d'un groupe du P5 sur les questions des définitions et de la terminologie nucléaire, dans l'objectif de promouvoir la confiance mutuelle. Le représentant français a ajouté que le P5 a également procédé à un échange de vues sur les moyens de répondre aux notifications de retrait du TNP. Les pays du P5 ont en outre réaffirmé leur conviction selon laquelle la Conférence doit conserver son rôle essentiel dans les négociations de fond sur les questions prioritaires. Tous les États, parties ou non au TNP, doivent contribuer à l'objectif global de désarmement, a souligné le représentant. Pour le P5, la négociation d'un traité d'interdiction des matières fissiles est essentielle non seulement pour assurer le respect de l'article VI du TNP mais aussi pour prévenir la prolifération nucléaire, a-t-il déclaré. Il a fait savoir que le P5 a décidé de se réunir sur une base régulière sur le modèle des réunions de Londres et de Paris. La prochaine réunion de ce type se fera dans le cadre du Comité préparatoire du TNP, a-t-il précisé. Sont d'ores et déjà inscrits à l'ordre du jour la question des mesures de confiance en réponse à la question des accidents nucléaires ou encore les aspects techniques de la question de la vérification, a souligné le représentant français. La semaine prochaine, a-t-il enfin indiqué, le P5 travaillera avec les pays de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) sur la question de la zone exempte d'armes nucléaires en Asie du sud-est.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a réaffirmé l'importance de promouvoir le multilatéralisme en tant que principe fondamental dans les négociations sur le désarmement. Les solutions convenues au niveau multilatéral constituent la seule méthode viable de traiter les questions liées au désarmement et à la sécurité internationale. La Conférence joue un rôle indispensable dans la négociation d'instruments de désarmement universellement acceptables. Si la Conférence n'existait pas, il faudrait la créer sans tarder. Certains soutiennent que l'incapacité de la Conférence de mener des travaux de fond depuis plus d'une décennie est le fait de ses méthodes de travail et de son règlement intérieur. Cuba ne partage pas cette analyse. Elle est convaincue que la paralysie qui touche actuellement une grande partie des mécanismes de désarmement est, d'abord, la conséquence d'un manque de volonté politique de certains États à faire de réels progrès, en particulier en matière de désarmement nucléaire. Cuba rejette les affirmations de plusieurs délégations selon lesquelles le moment est venu de laisser de côté la Conférence du désarmement et de recourir à des processus de négociation alternatifs, et s'oppose au remplacement de la Conférence par des arrangements ad hoc improvisés et sélectifs en dehors du cadre des Nations Unies et dirigés par certains pays. En outre, tout accord «sectaire» serait totalement inefficace sans la participation des plus grands producteurs d'armes. La solution n'est pas de commencer à ignorer la Conférence du désarmement ou de diminuer son importance. Au contraire, aujourd'hui plus que jamais, la responsabilité de chacun est de la préserver et de la renforcer. Il faut adopter sans retard un programme de travail complet et équilibré, en tenant compte des vraies priorités en matière de désarmement. Cuba est en outre prête à négocier en parallèle, au sein de la Conférence, un traité pour éliminer et interdire les armes nucléaires, un traité interdisant la course aux armements dans l'espace, un traité sur les garanties négatives de sécurité et un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires.

Rappelant que Cuba assumera la présidence de la Conférence le 22 août, son représentant a souligné qu'il reviendra alors à sa délégation de préparer le rapport annuel qui sera soumis à l'Assemblée générale et elle déploiera tous ses efforts pour faire avancer les négociations de fond au sein de la Conférence.

M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a exprimé sa reconnaissance à M. Tokayev pour le rapport qu'il a fait à la Conférence au sujet des débats des 27 au 29 juillet dernier à l'Assemblée générale. La Fédération de Russie pense que la situation actuelle à la Conférence reflète le fait que les États ont des priorités différentes en matière de sécurité. La Fédération de Russie considère que les États qui ont des préoccupations doivent les mettre de côté, car leurs intérêts nationaux se décanteront au moment des négociations. Le document CD/1864 est la base à partir de laquelle peut être construit un compromis, a estimé M. Loshchinin. Des efforts supplémentaires doivent être entrepris pour parvenir à un compromis au sein de la Conférence car un tel compromis peut être trouvé, a-t-il insisté. Sortir le processus de négociation de la Conférence pour le faire évoluer sur des voies parallèles ne permettra pas d'assurer l'universalité d'un accord, a-t-il en outre fait observer. Il faut faire preuve de responsabilité et parvenir à un résultat avant la fin de la session actuelle de la Conférence, afin d'envoyer un signal positif à l'Assemblée générale, a conclu le représentant russe.

MME ALICIA VICTORIA ARANGO OLMOS (Colombie) a souligné que les expressions de frustration et d'impatience face à l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence sont un rappel utile. La Colombie estime que le moment est venu de passer à l'action et de faire sortir la Conférence de cette impasse. Alors qu'il ne reste plus que six semaines de session pour cette année, il est temps de prendre des mesures pratiques et de mettre en œuvre certaines des recommandations qui ont été faites afin de remettre la Conférence sur les rails. Si en septembre aucune mesure n'a été prise à la Conférence, c'est à l'automne à New York que des mesures seront prises, a averti la représentante. Elle a plaidé en faveur de la création d'un groupe de travail de haut niveau pour étudier les mesures susceptibles de renforcer les travaux de la Conférence. Elle a ensuite rappelé qu'un monde exempt d'armes nucléaires serait un monde plus sûr pour chacun. Il faut adapter les doctrines fondées sur les logiques de la guerre froide aux nouvelles valeurs de coopération, a poursuivi la représentante colombienne. Il faut progresser vers des instruments internationaux permettant d'atteindre l'objectif du désarmement et de la non-prolifération, afin de parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, a-t-elle conclu.

M. PEDRO OYARCE (Chili) a souligné qu'il était évident que la Conférence du désarmement ne pouvait se maintenir dans le statu quo, qui entrave tout élan pour avancer dans le désarmement multilatéral. Il faudra sans doute revoir la règle du consensus. En outre, la Conférence n'est pas seulement confrontée à une question de procédure mais aussi à une question de volonté politique et de perception des intérêts nationaux légitimes. Il y a clairement une tendance positive en faveur du commencement de négociations sur les matières fissiles et leurs stocks, dont il a été dit à plusieurs reprises qu'elle était «mûre», mais en pratique, la Conférence n'a pas été en mesure de lancer des négociations de fond qui prévoient des garanties fondamentales à tous les États. Le problème de la volonté politique est plus profond et d'autres questions sont sources de division, notamment le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité et la prévention d'une course aux armements dans l'espace. En conséquence, la Conférence a perdu en crédibilité en tant que seule instance multilatérale de désarmement; sa légitimité est menacée. Dans ce contexte, l'inaction ne semble pas être une alternative raisonnable. Le Chili continue de penser qu'il faut préserver la Conférence du désarmement et salue les initiatives qui ont été proposées pour la faire revivre. Pour sa part, le Chili exprime son ouverture s'agissant d'une réforme des procédures; d'une rotation semestrielle de la présidence plutôt que toutes les quatre semaines; d'un programme élargi de travail fondé sur les quatre thèmes fondamentaux sur la base du document CD/1864; d'envisager que la règle du consensus ne s'applique pas aux questions de procédure; d'envisager la création d'un groupe de personnalités éminentes et d'établir des liens institutionnels avec le Conseil consultatif (voir le document A/66/125); de l'élargissement de la composition de la Conférence; de la recherche de formules pour permettre la participation des organisations non gouvernementales. Faute de trouver des moyens opérationnels de revitalisation, il est probable que l'Assemblée générale prendra des mesures sur le désarmement et la non-prolifération qui auront un impact réel et direct sur les fonctions et le mandat du Conférence du désarmement.

M. MOHAMMAD HASSAN DARYAEI (Iran) a souligné que la question de la revitalisation de la Conférence est une question qui se trouve au cœur des discussions tant à New York qu'ici à Genève. Il ne faut pas se laisser emporter par le pessimisme et les préjugés qui ne pourront que saper la crédibilité de la Conférence. La Conférence demeure la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement et l'Iran reste attaché à cette fonction unique. De l'avis de l'Iran, le maintien de la crédibilité de la Conférence incombe au Secrétariat; en outre, négocier un traité d'interdiction des matières fissiles en marge de la Conférence n'est ni faisable, ni acceptable, a déclaré le représentant iranien. L'impasse dans laquelle se trouve la Conférence depuis plus de dix ans est due à une absence de volonté politique de créer un environnement propice, a-t-il poursuivi. Le désarmement nucléaire reste la seule priorité des travaux de la Conférence, a-t-il souligné, avant de déplorer le refus de certains États de traiter avec tout le sérieux nécessaire la question du désarmement. Tout travail d'évaluation de la Conférence doit être mené par la Conférence elle-même, a-t-il ajouté. La Conférence n'est pas un organe subsidiaire des Nations Unies; elle possède son propre Règlement intérieur, de sorte que les recommandations de l'Assemblée générale ne peuvent qu'être de nature consultative, a conclu le représentant iranien.

Le représentant de la Malaisie a déclaré que la Conférence se trouvait dans une situation difficile mais a estimé que la partie n'était pas perdue. La Malaisie soutient la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement ainsi que la création d'un groupe de haut niveau sur la revitalisation de la Conférence. La Malaisie reste attachée à l'objectif du désarmement nucléaire.

MME TAMAR RAHAMIMOFF-HONIG (Israël) a présenté une version abrégée de la déclaration qu'Israël avait eu l'intention de prononcer lors d'une séance officieuse du Conseil consultatif pour les questions de désarmement du 30 juin dernier. Les États Membres de la Conférence doivent prendre des mesures décisives pour promouvoir le travail de fond, a-t-elle ainsi souligné, ajoutant que la Conférence a besoin d'une vision actualisée et claire. Si nous campons sur nos positions, nous n'allons pas être en mesure de nous acquitter de notre mandat, a-t-elle insisté. On ne peut se concentrer uniquement sur les quatre questions essentielles de l'ordre du jour, a poursuivi la représentante israélienne. Ainsi, de l'avis d'Israël, la question des transferts d'armes aux terroristes pourrait judicieusement être traitée dans le cadre du point 7 de l'ordre du jour, a-t-elle suggéré.

M. MICHIEL COMBRINK (Afrique du Sud) s'est dit déçu que la Conférence ne soit pas en mesure d'accomplir son mandat et ce, depuis de longues années, et a relevé que beaucoup remettent alors en question la pertinence de cette instance. La Commission du désarmement, organe subsidiaire de l'Assemblée générale, n'accomplit pas, elle non plus, son mandat, a-t-il fait observer. Le désarmement nucléaire reste la priorité principale de l'Afrique du Sud comme de tous les autres membres du Mouvement des pays non alignés, a souligné le représentant sud-africain. Il a plaidé en faveur de la création, au sein de la Conférence, d'un organe subsidiaire chargé du désarmement nucléaire. Il s'est également dit favorable à la négociation d'un traité qui interdirait la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, mais a souligné que l'Afrique du Sud pense que la Conférence est en mesure de négocier sur toutes les questions inscrites à son ordre du jour et pas seulement sur l'une d'entre elles. L'Afrique du Sud reste favorable à un système international fondé sur des règles, a conclu le représentant sud-africain.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a indiqué que de l'avis de son pays, la nécessité d'un alignement plus étroit des priorités politiques sur les objectifs multilatéraux du désarmement se trouve au cœur des problèmes que rencontre la Conférence. Dans la déclaration qu'il a faite fin juillet à New York, le Mouvement des pays non alignés, fort de 118 pays, a mis l'accent sur le fait qu'il faut à titre prioritaire engager des négociations sur le désarmement nucléaire, a rappelé le représentant pakistanais. Au sein de la Conférence elle-même, le Groupe des 21, groupe le plus important de cette instance, a lui aussi insisté sur l'objectif prioritaire que constitue le désarmement nucléaire. Il convient donc de déplorer qu'aucun progrès n'ait été enregistré en la matière au cours des 22 dernières années. Pour progresser, il faut avant tout prendre acte du fait que la situation actuelle de la Conférence n'est que le reflet de ce qui se passe dans le monde. En outre, le fait que la Conférence n'ait pu progresser ne peut être imputé à son seul Règlement intérieur puisque c'est avec ce même Règlement intérieur que la Conférence est parvenue, par le passé, à adopter des traités tels que la Convention sur les armes chimiques ou encore le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le représentant pakistanais a par ailleurs dénoncé les politiques discriminatoires de certaines puissances nucléaires en matière de coopération nucléaire et a souligné que le Pakistan s'oppose à cette «discrimination nucléaire».

L'heure est venue d'appréhender de manière objective la question de la revitalisation des travaux de la Conférence, a poursuivi le représentant pakistanais. Il faut désormais que toutes les questions à l'ordre du jour de la Conférence, et en particulier les quatre questions essentielles, soient traitées sur un pied d'égalité, a-t-il souligné. La question du désarmement nucléaire est prioritaire et il faut aussi traiter rapidement des garanties négatives de sécurité, a estimé le représentant pakistanais. La Conférence doit en outre tenir compte des intérêts sécuritaires légitimes de tous les États. Il convient aussi de mettre un terme à la pratique de deux poids, deux mesures dans les mesures de désarmement et de non-prolifération. L'heure est venue de convoquer une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement, a ajouté le représentant pakistanais. L'impasse dans laquelle se trouve la Conférence n'est pas le fait d'un seul État; plusieurs États empêchent que l'on progresse parce qu'ils rechignent à ce que l'on traite de toutes les questions inscrites à l'ordre du jour de la Conférence, a-t-il expliqué.

M. JON ERIK STROMO (Norvège) a remercié chacun pour les manifestations de sympathie qui ont été exprimées à l'endroit de la Norvège. Il a ensuite fait part de la frustration de son pays face à l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence. La Conférence doit se réformer et la règle du consensus ne doit pas s'appliquer aux questions de procédure, a-t-il poursuivi. En outre, la composition de cette instance doit tendre à l'universalité. Il faut trouver des stratégies alternatives et, par exemple, considérer que le désarmement nucléaire est une question humanitaire qui relève non pas des États mais des peuples, a ajouté le représentant norvégien.

MME MARÍA ANTONIETA JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a déploré que la Conférence n'ait pu progresser sur la voie du désarmement nucléaire et a jugé indéfendable que cette instance, chargée de conclure des accords, continue de souffrir d'immobilisme. Il faut que les membres de la Conférence fassent preuve d'autocritique. Le Mexique rappelle que la volonté politique ne se manifeste pas spontanément et qu'elle doit au contraire être alimentée. Le système de rotation mensuelle de la présidence de la Conférence ne permet pas d'assurer la continuité nécessaire, a par ailleurs fait observer la représentante mexicaine, dénonçant un certain nombre d'anachronismes au sein de la Conférence, notamment le fait que la société civile ne soit pas associée aux travaux ou encore l'existence de groupes. Le fait que l'on ne progresse pas dans les négociations multilatérales dans le domaine du désarmement n'est pas sans conséquence sur la sécurité collective en ce XXIe siècle, a conclu la représentante mexicaine.

M. RI JANG GON (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la paralysie actuelle au sein de la Conférence est imputable à l'absence de volonté politique et au fait que certains États ne sont pas disposés à prendre en considération les intérêts sécuritaires légitimes de tous les États. La République populaire démocratique de Corée est particulièrement préoccupée par le fait que certains États Membres menacent de poursuivre les négociations en dehors de la Conférence, ce qui est contraire à l'objectif consistant à parvenir à des résultats utiles et fructueux. L'heure est venue de prendre des mesures concrètes en faveur du désarmement nucléaire. La République populaire démocratique de Corée appuie la convocation dans les meilleurs délais d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement.

M. LI YANG (Chine) a souligné que la Chine a fait part de sa position à New York et n'entend pas la réitérer ici. Il a rappelé que son pays est favorable au commencement du travail de fond au sein de la Conférence et a renvoyé au communiqué publié à l'issue de la dernière réunion du P5 à Paris.

M. AKIO SUDA (Japon) a attiré l'attention sur la responsabilité des P5 et a relevé que dans leur communiqué conjoint, publié à l'issue de leur récente réunion à Paris, ils s'engagent en faveur de la transparence dans la cadre du processus de désarmement. Le représentant japonais a espéré que les pays du P5 poursuivront leurs consultations afin de parvenir à des résultats concrets.

MME JOANNE ADAMSON (Royaume-Uni) a souligné que la récente réunion du P5 à Paris avait fourni à ces pays une occasion de discuter entre eux. Elle a insisté sur l'utilité qu'il y a à procéder à des échanges de vues et à des séances de remue-méninges. Il faudrait veiller à travailler de manière constructive sans faire sans cesse référence au Règlement intérieur, a-t-elle ajouté.

M. SYNDOPH P. ENDONI (Nigéria) a indiqué que son pays était favorable à tout exercice susceptible de revitaliser les travaux de la Conférence et à la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement. Il a attiré l'attention sur les craintes liées à l'éventualité d'une utilisation d'armes nucléaires par des acteurs non étatiques.

M. WALTER S.REID (États-Unis) a notamment estimé que la Conférence pourrait procéder à une révision de ses procédures de travail et à une analyse approfondie de l'attribution du temps. Les mises en garde qui ont été entendues à l'adresse de la Conférence doivent être prises en compte, a-t-il souligné. Il est important que les pays du P5 se soient engagés à honorer les engagements pris, a-t-il par ailleurs fait valoir.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC11/038F