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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT SA DERNIÈRE SÉANCE PLENIÈRE SOUS PRÉSIDENCE COLOMBIENNE

Compte rendu de séance
La patience de la communauté internationale n’est pas infinie, souligne la Présidente de la Conférence

La Conférence du désarmement a tenu, cet après-midi, une séance plénière - la dernière sous présidence colombienne – au cours de laquelle elle a entendu les déclarations de sa Présidente, Mme Alicia Arango Olmos, et d'une dizaine de pays : Maroc, Canada, Égypte, Mexique, Italie, Portugal (au nom du groupe informel des États non membres de la Conférence), Chili, Etats-Unis, Allemagne et Iran. Ces derniers ont salué les efforts déployés par Mme Arango Olmos durant ses quatre semaines à la présidence de la Conférence, s'agissant tout particulièrement de l'exercice d'introspection qu'elle a permis à cette instance d'engager au sujet de la situation de blocage de la Conférence et des moyens d'en sortir. En effet, le statu quo n'est pas acceptable, a-t-il été souligné.

Mme Arango Olmos s'est dite pessimiste quant aux avancées que la Conférence peut enregistrer durant la session de 2011. En dépit des divergences, a-t-elle poursuivi, nous sommes d'accord sur certains points, notamment sur l'engagement en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération et sur la reconnaissance de l'importance du multilatéralisme en matière de désarmement. Pour autant, persiste une grande différence de points de vue quant à la lecture qu'il convient de faire de la situation actuelle de la Conférence, ainsi qu'au sujet des diagnostics des causes de cette situation et des moyens d'action à engager pour renforcer cette instance. Le monde a changé, a souligné la Présidente : « la patience de la communauté internationale n'est pas infinie et elle peut nous surprendre en prenant des décisions sur le destin de cette instance », a-t-elle déclaré.

Mme Arango Olmos a par ailleurs attiré l'attention des membres de la Conférence sur certains aspects qui, de son point de vue, mériteraient davantage de réflexion et un examen ultérieur, citant plus particulièrement la manière de concevoir le programme de travail comme étant lié à des mandats ; la forme de la présidence ; la mise à jour de l'ordre du jour ; ou encore l'utilisation excessive des groupes régionaux.

Cet après-midi, le Maroc a pour sa part rendu compte des résultats de l'exercice international sur la réponse à un acte malveillant impliquant des matières radioactives qui s'est tenu à Rabat du 22 au 25 mars dernier et a indiqué qu'il s'était proposé d'accueillir à Marrakech, en février 2012, la réunion du Groupe de planification de l'Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, sous la présidence de l'Espagne.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le mardi 28 juin 2011, à 10 heures, sous présidence de la République populaire démocratique de Corée.

Aperçu des déclarations

M. OMAR HILALE (Maroc) a salué l'initiative de la présidence d'engager la Conférence dans une discussion franche sur son avenir et s'est réjoui de la qualité hautement professionnelle des débats tenus à cet égard lors des deux dernières séances informelles de cette instance. Ces débats ont permis de dégager des analyses pertinentes sur la situation de blocage de la Conférence, a-t-il souligné. Bien que des divergences persistent aussi bien sur les causes du blocage que sur les mesures à prendre pour les dépasser, tous les États membres semblent d'accord que le statu quo n'est pas une option et qu'il faudra un effort collectif et une volonté politique conjugués pour rétablir la Conférence dans sa fonction essentielle d'organe multilatéral de négociation d'instruments juridiquement contraignants dans le domaine du désarmement, a-t-il fait observer, attirant l'attention sur le piège de procédure, de structure et de règlement intérieur qui bloque la Conférence.

Le Maroc exprime le souhait que le Conseil consultatif pour les questions du désarmement aboutisse à des recommandations concrètes qui permettraient aux États membres de trouver des solutions capables de revitaliser la Conférence et de la sortir de sa léthargie qui n'a que trop duré, a poursuivi M. Hilale. Il a par ailleurs rendu compte des résultats de l'exercice international sur la réponse à un acte malveillant impliquant des matières radioactives qui s'est tenu à Rabat du 22 au 25 mars 2011. Il a indiqué que le Maroc s'est proposé d'accueillir à Marrakech, en février 2012, en coopération avec les États-Unis, la Fédération de Russie et l'Espagne, la réunion du Groupe de planification de l'Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, sous la présidence de l'Espagne ; « cette réunion aura pour objectif d'élaborer le planning des réunions des trois nouveaux groupes en perspective de la réunion plénière de l'initiative globale prévue en 2013 », a-t-il précisé, avant de souligner que les efforts du Maroc et son engagement dans la lutte contre le trafic illicite des matières nucléaires et radioactives prédisposent ce pays à assumer des responsabilités dans le cadre des structures de l'Initiative.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a remercié la Présidente de la Conférence pour la manière dont elle a dirigé les travaux de cette instance durant ces quatre dernières semaines. Il n'y a aucun doute quant à la situation qui prévaut au sein de la Conférence et le statu quo n'est absolument pas défendable, a-t-il poursuivi. Il a jugé troublant que certains membres de la Conférence affirment qu'il n'y aurait pas de problèmes à la Conférence et a estimé que, de toute évidence, le statu quo donne entière satisfaction à leurs intérêts nationaux de sécurité. Il a rappelé que l'UNIDIR a organisé au mois d'avril dernier sa dixième Conférence annuelle sur la sécurité spatiale et a conseillé à tous les États membres et observateurs de la Conférence de prendre connaissance du compte rendu de cette Conférence annuelle qui, sur demande du Canada, a été distribué comme document officiel de la Conférence du désarmement.

M. MOHAMED HATEM EL-ATAWY (Égypte) a, au nom de l'Ambassadeur Hisham Badr de l'Égypte, fait part de sa déception face à la persistance de l'impasse au sein de la Conférence. Il a rappelé que son pays n'a de cesse de plaider en faveur de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement. La Conférence est certes dans l'impasse, a-t-il reconnu, mais il n'est pas acceptable d'entendre dire que cela serait dû à une simple question de procédure. Les difficultés tiennent au refus de certains pays d'aborder sérieusement le désarmement nucléaire, a déclaré le représentant égyptien, avant de demander la création, sans délai, d'un organe subsidiaire chargé de traiter du désarmement nucléaire, y compris le lancement rapide de négociations sur un programme graduel visant l'élimination complète des armes nucléaires dans un calendrier spécifique, incluant une convention sur les armes nucléaires. Quant à un traité sur les matières fissiles, il devrait obligatoirement aborder aussi la question des stocks existants, a ajouté le représentant égyptien.

MME MARIA ANTONIETA JAQUEZ HUACUJA (Mexique) a fait observer que d'ici la fin de la session de 2011, quatre pays de la région des Amériques auront occupé la présidence de la Conférence. Elle a estimé que la manière dont la Colombie a dirigé les travaux de la Conférence a permis à cette instance de se livrer à une réflexion autocritique. L'important ici est de rester ouvert, a-t-elle souligné.

M. GIOVANNI MANFREDI (Italie) a indiqué que lors de la séance de jeudi dernier, il lui avait été reproché d'avoir pris la parole, le 1er juin dernier, pour présenter son rapport verbal sur deux séances officieuses que le Canada avait présidées au mois de mai dernier. Or, étant donné que jeudi dernier, il n'était pas présent dans la salle, M. Manfredi a tenu à rappeler aujourd'hui que, comme tout État souverain, l'Italie peut intervenir durant les sessions lorsqu'elle le juge opportun et c'est ce qu'elle a fait en rendant compte oralement à la présidence de la Conférence, en séance plénière puisque aucun document ne spécifie quand et dans quelles circonstances un tel compte rendu doit être fait. Pour le reste, M. Manfredi a rappelé que selon le document CD/1907 (qui est la version officielle du document de travail WP/565), le contenu des rapports des coordonnateurs relève de la seule responsabilité de ces derniers.

MME GRAÇA ANDRESEN GUIMARAES (Portugal, au nom du groupe officieux des États non membres de la Conférence) a remercié la présidence colombienne de la Conférence pour la démarche créative qu'elle a adoptée et qui a permis la tenue de débats créatifs et un exercice de réflexion novateur. Elle a en outre noté l'appui que de nombreux États membres ont apporté à la question de l'élargissement de la composition de la Conférence. Il serait de l'intérêt de chacun d'avoir la possibilité de disposer d'un récapitulatif historique de l'examen de cette question au sein de la Conférence, a-t-elle souligné.

À ce stade, la Présidente de la Conférence, l'Ambassadrice MME ALICIA ARANGO OLMOS de la Colombie, est intervenue pour indiquer qu'elle avait demandé au secrétariat de la Conférence de préparer un document sous forme de compilation historique de l'examen, au sein de la Conférence, de cette question de l'élargissement de la composition de la Conférence.

M. LUCIANO PARODI (Chili) a remercié la Présidente de la Conférence pour la manière dont elle s'est acquittée de son mandat et a indiqué que son pays aurait souhaité que le processus d'introspection auquel s'est livrée la Conférence soit plus long, afin de pouvoir analyser plus profondément les facteurs externes et internes associés aux défis auxquels est confrontée cette instance. Les positions des pays membres restent trop diverses pour parvenir à un accord sur un programme de travail, a-t-il souligné, tout en exprimant l'espoir que la Conférence puisse trouver un nouveau souffle.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a salué les efforts déployés par la Présidente de la Conférence durant sa présidence de cette instance.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) s'est félicité de l'intérêt marqué du Secrétaire général pour revitaliser la Conférence, qui se trouve dans une situation critique, et a félicité la Présidente de la Conférence pour l'exercice d'introspection qu'elle a permis à cette instance d'engager.

M. MOHAMMED HASSAN DARYAEI (Iran) a remercié la Présidente de la Conférence pour la manière dont elle a orienté les discussions de cette instance, saluant les débats fructueux qui se sont déroulés dans ce contexte. Il a indiqué attendre avec impatience de travailler sous la houlette de la République populaire démocratique de Corée et a assuré ce dernier pays de tout le soutien de sa délégation. Ce n'est pas la première fois que la Conférence tient des réunions officieuses, comme elle l'a fait ces dernières semaines, a par ailleurs rappelé le représentant iranien ; il faut se pencher sur la pratique de la Conférence concernant la présentation de rapports et tout ce qui tourne autour de ces réunions officieuses, a-t-il ajouté. Il y a peut-être un malentendu en ce qui concerne le rôle des coordonnateurs, a poursuivi le représentant iranien ; il faut ici en revenir au Règlement intérieur car certes, ils ont la possibilité de prendre la parole et de s'exprimer sur toute question, mais la question qui se pose est celle de l'utilité d'un cadre convenu, car s'il en existe un – en l'occurrence l'article 30 du Règlement intérieur –, alors il faut le respecter.

La Présidente de la Conférence, MME ALICIA ARANGO OLMOS, a remercié toutes les délégations pour l'appui qu'elles ont apporté à la présidence colombienne et pour la souplesse dont elles ont fait preuve pour aborder la proposition de la présidence de concentrer les travaux de ce mois de juin sur un exercice de réflexion au sujet de la conjoncture dans laquelle se trouve la Conférence et des moyens de renforcer cette instance. L'exercice d'introspection a été utile et il s'agit là d'un point de départ qui devrait déboucher sur le renforcement de la Conférence, a souligné Mme Arango Olmos.

Mme Arango Olmos a par ailleurs indiqué quitter la présidence de la Conférence avec un sentiment de frustration face à l'incapacité de parvenir à des résultats concrets quant au travail de fond de cette instance. Elle s'est en outre dite pessimiste quant aux avancées que la Conférence peut enregistrer durant la session de 2011. En dépit des divergences, a-t-elle poursuivi, nous sommes d'accord sur certains points, notamment sur l'engagement en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération et sur la reconnaissance de l'importance du multilatéralisme en matière de désarmement. Pour autant, persiste une grande différence de points de vue quant à la lecture qu'il convient de faire de la situation actuelle de la Conférence, ainsi qu'au sujet des diagnostics associés aux causes de cette situation et aux moyens d'action qui devraient être engagés pour renforcer cette instance. Le monde a changé, a souligné la Présidente : « la patience de la communauté internationale n'est pas infinie et elle peut nous surprendre en prenant des décisions sur le destin de cette instance », a-t-elle déclaré, avant de rappeler la responsabilité politique et morale des membres de la Conférence.

Mme Arango Olmos a attiré l'attention des membres de la Conférence sur certains aspects qui, de son point de vue, mériteraient davantage de réflexion et un examen ultérieur, citant plus particulièrement la manière de concevoir le programme de travail comme étant lié à des mandats ; la forme de la présidence ; la mise à jour de l'ordre du jour ; ou encore l'utilisation excessive des groupes régionaux. Reprenant certaines des alternatives qui ont été évoquées durant ces quatre dernières semaines, la Présidente a cité la nomination d'un coordonnateur spécial sur l'efficacité et les méthodes de travail de la Conférence ; la réflexion sur la nécessité de rationaliser l'utilisation des ressources et des réunions lors de chaque session annuelle ; ou encore la création d'u groupe d'experts techniques, au sein de la Conférence, dont l'objet serait d'instaurer la confiance sur les thèmes de l'ordre du jour, en particulier celui d'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement.


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DC11/036F