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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND PLUSIEURS DÉLÉGATIONS DANS LE CADRE DE SON DÉBAT GÉNÉRAL

Compte rendu de séance
La situation en Libye et le bilan des cinq années du Conseil sont au cœur des débats

Le Conseil des droits de l'homme a tenu cet après-midi un débat général dans le sillage de sa réunion de haut niveau entamée lundi et qui s'est terminée à la mi-journée aujourd'hui. Les déclarations ont été faites par des délégations de pays qui n'ont pas participé au débat de haut niveau, ainsi que par des représentants de la société civile.

Les échanges ont porté principalement sur la situation en Libye et sur le processus d'examen des activités et du fonctionnement du Conseil des droits de l'homme, cinq ans après sa création. Ce processus doit être complété avant la fin du cinquième cycle annuel du Conseil, qui se termine le 18 juin prochain. À cet égard, certaines délégations ont tiré un bilan positif des propositions qui ont été adoptées dans le cadre du Groupe de travail chargé de la question, tout en soulignant qu'elles sont le résultat de compromis. Il a été souligné que le processus a permis une réflexion salutaire permettant un examen en profondeur des divers mécanismes du Conseil et un examen des possibilités offertes pour apporter des améliorations. Malgré les critiques, plusieurs intervenants ont estimé que le Conseil avait déjà démontré sa capacité à réagir de manière prompte et efficace aux violations massives des droits de l'homme, comme l'illustre la récente session spéciale sur la Libye.

Dans ce contexte, des intervenants ont souligné que les aspirations de larges populations pour la dignité humaine manifestées ces dernières semaines témoignent du fait que les droits de l'homme et les libertés fondamentales étaient réellement universelles, qu'elles étaient des valeurs inaliénables partagées par l'humanité. Où que ce soit dans le monde, les peuples veulent avoir leur mot à dire en choisissant librement leurs représentants. La délégation nicaraguayenne a toutefois indiqué que son pays s'était opposé, lors du vote d'hier à l'Assemblée générale, à la suspension de la Libye du Conseil des droits de l'homme, et il estime que le peuple libyen, aux côtés de son président, aura la force de se lever et de continuer à aspirer, sans ingérences et interventions, à l'émergence d'une patrie meilleure.

Les délégations des pays membres suivants ont fait des déclarations: Jordanie, Chine, Malaisie, Qatar, Slovaquie, Chili et Djibouti.

Les États observateurs suivants se sont également exprimés: Oman, Honduras, Saint-Siège, Népal, Bélarus, Maroc, Indonésie, Inde, Philippines, Namibie, Émirats arabes unis, Nicaragua, Barbade, Israël et Afghanistan. Ont également pris la parole les représentants du Comité international de coordination des institutions nationales, Centre palestinien pour les droits de l'homme, Pour le droit à se nourrir (FIAN), Service international pour les droits de l'homme, ainsi qu'une représentante de la société civile.

Par ailleurs, le Myanmar et le Bélarus ont exercé le droit de réponse réagissant à des déclarations qui avaient été faites au cours du débat de haut niveau.


Le Conseil des droits de l'homme tiendra demain matin, à partir de 10 heures, un débat interactif avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, qui présentera à cette occasion son rapport annuel.


Débat général

États membres

M. MUTAZ FALEH HYASSAT (Jordanie) a souligné que les événements survenus récemment au Proche Orient montraient la nécessité d'un processus de réforme en faveur de l'état de droit et contre la corruption, afin de parvenir à un développement économique et social sain et durable.

Le représentant jordanien a rappelé que le roi Abdallah II avait insisté sur la nécessité de mettre en place des réformes profondes, concernant notamment les libertés d'information et de réunion, ainsi que le droit au pluralisme politique. Mais, a-t-il ajouté, il faut aussi mettre fin à d'autres problèmes, en premier lieu l'occupation des territoires palestiniens par Israël, qui représente une situation sans issue qui bloque toute possibilité de réforme durable.

M. WANG QUN (Chine) a déclaré que le Conseil des droits de l'homme, depuis sa création, joue correctement son rôle de promotion et de protection des droits de l'homme. L'examen de ses activités a toutefois montré qu'il lui reste à améliorer encore ses méthodes de fonctionnement. Compte tenu des difficultés que connaît la planète, au premier rang desquelles la persistance de la pauvreté, il faut accroître l'aide internationale au développement; à défaut, toute l'action en faveur des droits de l'homme demeurera lettre morte, a prévenu le représentant chinois. Cela étant, chaque pays a la possibilité de choisir le domaine des droits de l'homme sur lequel il souhaite mettre l'accent au profit de sa population. Concernant la Libye, la Chine estime que la priorité doit être donnée au retour à la paix civile et à l'instauration d'un dialogue pacifique entre les parties en présence. Les autorités chinoises ont pris les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de leurs ressortissants vivant en Libye en organisant leur évacuation ordonnée, ce qui illustre le sérieux avec lequel elles envisagent le respect des droits fondamentaux des Chinoises et des Chinois.

La Chine a connu un développement appréciable depuis qu'elle a décidé de modifier son système, a poursuivi son représentant, qui a affirmé que les autorités s'étaient attachées à améliorer la qualité de vie des citoyens simultanément à l'augmentation de leur niveau de vie. La Chine continuera de coopérer avec la communauté internationale en vue de la promotion et la protection des droits de l'homme, notamment du droit au développement, a encore assuré le représentant chinois.

M. OTHMAN HASHIM (Malaisie) a souligné que cette session du Conseil débutait dans un contexte particulièrement difficile, évoquant les crises politiques mais aussi économiques et alimentaires qui secouent la planète. Malgré les succès enregistrés dans la protection des droits de l'homme, il reste beaucoup à faire, a-t-il ajouté. Le Conseil a démontré sa capacité à faire des choix, mais ses décisions doivent se traduire sur le terrain. Le représentant a estimé que les troubles de ces dernières semaines montraient combien la paix et la sécurité étaient étroitement liées au développement socio-économique et aux droits de l'homme. Ceci oblige chacun à être à la hauteur de ses engagements, les droits de l'homme et le développement étant complémentaires.

La Malaisie fait son possible pour améliorer le sort de sa population, comme le montrent la manière dont elle réalise les objectifs du Millénaire pour le développement. Société plurielle, elle lutte contre la discrimination par un engagement à «renoncer à nos intérêts individuels pour le bien de la nation», a encore déclaré le représentant malaisien.

M. ABDULLA FALAH ABDULLA AL-DOSARI (Qatar) a rappelé que l'émir du Qatar a demandé au Secrétaire général des Nations Unies d'intervenir rapidement pour mettre un terme aux violences exercées contre les citoyens libyens. Il a noté que le rôle assumé par le Conseil des droits de l'homme dans cette crise fait de lui l'une des principales instances des Nations Unies. Il a demandé à ses membres de condamner sans ambiguïté tous les actes qui compromettent la jouissance des droits de l'homme. Le représentant qatarien s'est aussi félicité de l'adoption à l'unanimité par l'Assemblée générale de sa résolution suspendant la Libye du Conseil des droits de l'homme. Il a ensuite appelé la communauté internationale à prendre des mesures urgentes en faveur des milliers de personnes qui cherchent à fuir ce pays.

La communauté internationale devrait condamner de manière unanime toutes les violations des droits de l'homme des populations civiles, en Libye comme en Palestine, a ajouté le représentant, qui a conclu en affirmant que le Qatar avait pour sa part opéré le choix stratégique de la promotion et la protection de tous les droits de l'homme, notamment la défense de la liberté d'expression et du principe d'égalité entre les sexes.

M. FEDOR ROSOCHA (Slovaquie) a affirmé que le «cri du monde arabe pour la dignité humaine» témoignait du fait que les droits de l'homme et les libertés fondamentales étaient réellement universelles, qu'elles étaient des valeurs inaliénables partagées par l'humanité. Où que ce soit dans le monde, les peuples veulent avoir leur mot à dire en choisissant librement leurs représentants, a-t-il ajouté. Pour M. Rosocha, on doit être plein d'attente face à cette nouvelle vague de processus démocratiques «21 ans après celle qui a balayé l'Europe centrale et orientale, en espérant un scénario similaire à celui qu'a connu la révolution de velours de l'ex-Tchéco-Slovaquie». La Slovaquie appelle les autorités libyennes à mettre immédiatement un terme à toute violence envers sa propre population en permettant une transition pacifique vers la démocratie, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, l'état de droit et la bonne gouvernance.

M. Rosocha s'est en outre inquiété des attaques croissantes contre des membres de communautés religieuses dans plusieurs régions du monde, demandant au Conseil de se pencher sur ce phénomène. Il a exprimé la tristesse de son gouvernement après le «meurtre choquant» de Shabbaz Bhatti, Ministre chargé des minorités du Pakistan, survenu ces dernières heures.

M. PEDRO OYARCE (Chili) a déclaré que le réexamen des activités du Conseil, et la manière dont ce dernier a su réagir devant les événements en Libye, démontrent que l'institution est capable de remplir son mandat de promotion et de protection des droits de l'homme. Le Conseil devra continuer d'œuvrer dans le cadre d'un dialogue constructif en vue de la protection concrète des droits de l'homme et utiliser à cet effet son principal outil, l'Examen périodique universel, a-t-il estimé. Le Conseil devra en outre accorder une assistance technique visant à favoriser la prévention des violations des droits de l'homme. Le Chili espère que ce volet sera renforcé et concentré notamment sur le renforcement des capacités sur le terrain.

Si elle a démontré le potentiel du Conseil, la session extraordinaire consacrée à la Libye, en a aussi esquissé les limites, qui sont d'ordre politique, a aussi souligné le représentant chilien, pour qui le Conseil ne devrait pas se crisper autour de questions politiques qui l'empêcheraient d'assumer son mandat.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a évoqué l'adoption du document sur le réexamen du fonctionnement et des méthodes de travail du Conseil. En dépit du fait que les appréciations quant aux résultats obtenus divergent, certaines délégations étant d'avis qu'ils sont bien en-deçà des attentes, Djibouti continue à penser que les travaux ont constitué «une pause réflexive salutaire», a-t-il déclaré. Pour Djibouti, ces travaux ont permis un examen en profondeur des divers mécanismes du Conseil et une exploration des possibilités offertes pour y apporter des améliorations concrètes à cette étape de son existence.

Enfin, Djibouti estime que le Conseil «a démontré sa capacité à réagir de manière prompte et efficace aux violations massives des droits de l'homme lors de la récente session spéciale sur la Libye».

Observateurs

M. YAHYA SALIM AL-WAHAIBI (Oman) a déclaré que son pays plaçait l'homme au centre du développement et s'était engagé en faveur du renforcement des droits de l'homme sur le terrain. Les droits de l'homme sont une responsabilité commune de tous les peuples, a-t-il ajouté, avant d'appeler la communauté internationale à aider le peuple palestinien, pour que ce dernier puisse jouir de ses droits fondamentaux, y compris celui d'avoir un État. Ceci ouvrira de nouveaux espaces pour la paix et la coopération, a-t-il conclu.

M. ROBERTO FLORES BERMÚDEZ (Honduras) a déclaré que l'actualité était marquée par des bouleversements violents qui rappellent à la communauté internationale la nécessité d'instaurer les conditions de base propices à la réalisation des droits de l'homme. Le Honduras se félicite de la réaction ferme du Conseil des droits de l'homme devant la violence qui s'exerce contre la population civile de la Libye. Le représentant a en outre fait savoir que son pays avait adopté un plan et s'était doté d'un Ministère des droits de l'homme, présidé par une femme, en vue d'améliorer sa situation au regard des droits de l'homme. De même, le Honduras collabore pleinement avec les institutions spécialisées des Nations Unies. Le Honduras salue en particulier les efforts incessants du Haut Commissariat en faveur des droits de l'homme, surtout face aux situations de crise, a conclu le représentant.

M. SILVANO M. TOMASI (Saint-Siège) a souligné que, si les conflits religieux polarisaient les sociétés, l'État avait le devoir de promouvoir la tolérance. Cet objectif est à portée de main si le système éducatif va en ce sens. La liberté de religion est une valeur pour la société dans son ensemble, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'à l'inverse, la négation des libertés religieuses sapent la société toute entière. Il a suggéré que le Rapporteur spécial sur la liberté de religion fasse régulièrement rapport au Conseil, idéalement sur une base annuelle. Il s'est inquiété des lois relatives au blasphème, attirant l'attention sur le fait que le droit d'expression n'était pas limité au droit de culte; celui-ci comprend aussi celui d'exprimer sa foi, a-t-il dit, avant d'affirmer que l'État doit permettre à chacun de mener sa propre quête de la vérité.

M. DINESH BHATTARAI (Népal) a déclaré que les droits de l'homme sont indivisibles, indépendants et interdépendants, ajoutant que son pays était engagé dans une voie de nature à faire jouir ses citoyens de tous les droits humains. Des mesures spécifiques ont été prises en faveur des minorités, dont les Dalits, et des personnes vulnérables, notamment les personnes handicapées. Le Népal attache en outre une grande importance au droit au développement, a déclaré le représentant, qui a rappelé qu'à Doha, Monterrey et Johannesburg, les partenaires du développement s'étaient engagés à ouvrir leurs marchés, fournir des ressources et réduire les dettes des pays pauvres. Mais ces promesses restent lettre morte, a-t-il déploré.

M. MIKHAIL KHVOSTOV (Bélarus) a estimé que le Conseil des droits de l'homme est en mesure de réaliser les tâches qui lui sont confiées, ajoutant que le caractère révolutionnaire des événements actuels imposait que l'on envisage de revoir son fonctionnement. Le Bélarus s'est toujours prononcé en faveur d'une approche équilibrée des droits de l'homme, a affirmé le représentant, pour qui le Conseil doit notamment se positionner à l'avant-garde de la réalisation des droits de l'homme, tout en s'abstenant de tomber dans la politisation. À cet égard, l'Examen périodique universel – ainsi que les mesures qui permettront d'améliorer ce mécanisme – compte parmi les moyens les plus efficaces pour promouvoir les droits de l'homme. Le Bélarus se félicite des mesures préconisées dans le rapport adopté par le Groupe de travail chargé d'évaluer les activités et le fonctionnement du Conseil. Le représentant a toutefois regretté qu'il n'ait pas été possible d'abolir les mesures coercitives unilatérales, pourtant souvent condamnées tant par le Conseil que par l'Assemblée générale. Nombre d'exemples montrent pourtant leur inefficacité, a-t-il ajouté, estimant qu'elles devraient être remplacées par un dialogue franc et exempt de partialité.

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que son pays s'était efforcé de renforcer les droits de l'homme ces dernières années, mettant en place un certain nombre d'institutions conformes aux instruments internationaux en la matière. Le représentant a précisé que tous les textes législatifs adoptés doivent être conformes aux normes internationales, à commencer par le code pénal. Un plan d'action a été défini, y compris en matière de lutte contre la corruption, a fait valoir le représentant, ajoutant que le Maroc accueillait pour la première fois la prochaine réunion qui doit faire le point de la situation dans ce domaine au niveau international. Par ailleurs, le Maroc poursuit les négociations pour trouver une solution définitive au problème du Sahara, afin de parvenir à un dénouement consensuel qui tienne compte de la volonté de la population locale. Enfin, Le représentant marocain a déclaré que son pays souhaitait recevoir la visite de l'expert du Conseil sur les disparitions forcées, avant de conclure par un appel en faveur de la relance de négociations sur le Moyen Orient.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s'est dit préoccupé par la situation de droits de l'homme en Libye. Sans vouloir s'ingérer, il a joint sa voix à celle de la communauté internationale pour demander aux autorités libyennes de renoncer à l'usage excessif de la force. L'Indonésie demande aux autorités libyennes de tenir compte des désirs de la population; les balles et les fusils ne peuvent être la seule réponse au désir de démocratie, a poursuivi le représentant. Ce n'est certes pas toujours facile, mais c'est un objectif à atteindre, a-t-il ajouté. Le représentant indonésien a aussi indiqué que son pays souhaite promouvoir l'échange d'expériences en matière de mise en œuvre de la démocratie, comme en témoigne la tenue en décembre dernier à Bali d'un forum «démocratie et promotion de la paix et de la stabilité». L'Indonésie est aussi engagée dans la promotion des droits de l'homme sur le plan national. De nombreux progrès dans les domaines prioritaires ont ainsi été réalisés, dont l'application des normes internationales ou l'autonomisation des organes régionaux de droits de l'homme.

M. GOPINATHAN ACHAMKULANGARE (Inde) a déclaré que l'approche de la fin du cinquième cycle annuel des activités du Conseil serait l'occasion d'évaluer formellement ses activités et son fonctionnement. À cet égard, l'Inde se félicite du rapport adopté par le Groupe de travail chargé de cette évaluation. Ce document permettra de renforcer encore le fonctionnement du Conseil, a estimé le représentant, tout en donnant acte de la prééminence des initiatives nationales en matière de réalisation des droits de l'homme. L'Inde estime que les délibérations qui ont accompagné cette réexamen – et même si les plus audacieuses d'entre elles n'ont pas toujours suscité le consensus – ont apporté aux membres du Conseil une stimulation qui devrait les encourager à aller de l'avant. Le représentant indien s'est par ailleurs félicité du consensus que le Conseil a su réunir autour de sa décision relative à la situation des droits de l'homme en Libye.

M. EVAN P. GARCIA (Philippines) a souligné que son pays avait toujours été engagé de manière active dans les travaux du Conseil, à la fois en tant que membre et en tant qu'observateur. Les Philippines se sont particulièrement intéressées à la question de la traite des êtres humains, a-t-il ajouté. Avec l'Allemagne, les Philippines prévoient de présenter un projet de résolution de manière à proroger le mandat du Rapporteur spécial sur la traite des êtres humains, particulièrement des femmes et des enfants, à la prochaine session du Conseil en juin.

M. SIMON MADJUMO MARUTA (Namibie) a souligné que les citoyens du monde exigent des changements, ajoutant que le Conseil de droits de l'homme étant l'organe de promotion de des droits de l'homme, il doit jouer son rôle en la matière. Le représentant a par ailleurs estimé que la réforme des Nations Unies devait être accélérée pour permettre d'aborder plus efficacement les questions des droits de l'homme. La Namibie souhaite que l'Afrique obtienne un siège permanent au sein du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs estimé que les discriminations contre les personnes d'ascendance africaine restent inacceptables. Le Conseil doit montrer l'exemple pour que les dispositions de la Déclaration de Durban soient appliquées et les ressources nécessaires à ces réalisations débloquées, a-t-il conclu.

M. OBAID SALEM SAEED AL ZAABI (Émirats arabes unis) a observé que le Conseil des droits de l'homme s'emploie, depuis un an, à évaluer son fonctionnement en vue de l'améliorer. Les Émirats arabes unis suivent avec attention ces changements qualitatifs. Ils s'engagent en outre à poursuivre leur collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme autour des dossiers concernant, notamment, la lutte contre la traite des personnes. Les Émirats ont également créé une commission nationale mixte chargée de contrôler la mise en œuvre des recommandations qui lui ont été faites par les organes des droits de l'homme à la suite de l'Examen périodique universel de 2008. Le Gouvernement de Émirats arabes unis se portera candidat au Conseil des droits de l'homme pour la période 2012-2015, a annoncé le représentant. Il a enfin dénoncé les violences exercées contre les peuples libyen et palestinien.

M. CARLOS ROBELO RAFFONE (Nicaragua) a rappelé que sa délégation avait exprimé son désaccord total avec la suspension de la Libye du Conseil des droits de l'homme. Le Gouvernement nicaraguayen continue d'être solidaire de ce pays qui paie un coût extrêmement élevé en vies humaines. Il croit que «le peuple libyen, aux côtés du chef de sa révolution Mouammar Kadhafi, aura la force de se lever et de continuer à aspirer, sans ingérences et interventions, à l'émergence d'une patrie meilleure». La délégation a déploré par ailleurs qu'un «pays frère du Sud» ait proféré hier des accusations graves d'invasion et d'occupation territoriale devant le Conseil, alors que le sujet est actuellement à l'examen à la Cour de La Haye. Un pays aspirant à devenir membre du Conseil doit s'abstenir de proférer es menaces, a-t-il estimé.

M. MARION VERNESE WILLIAMS (Barbade) a estimé qu'il est de la responsabilité des États de promouvoir et protéger leurs populations, mais ajouté que, lorsque les protecteurs de ces droits deviennent auteurs de violation, il est du devoir du Conseil d'agir. Elle s'est ainsi félicitée de la condamnation des violences en Libye. La représentante a aussi estimé que la protection des droits de l'homme est au cœur de la mission des Nations Unies. Cependant, a-t-elle ajouté, l'Histoire nous enseigne que les demandes des peuples pour la liberté et les droits fondamentaux sont souvent révélatrices d'injustices sociales et économiques plus larges. Nous devons être préparés à accepter que les demandes d'assistance peuvent mener au ressentiment, y compris parmi les personnes qui en sont les bénéficiaires, a par ailleurs estimé la représentante.

M. WALID ABU-HAYA (Israël) a déclaré que son pays, vieille démocratie, soutient les forces favorables à la liberté, au progrès et à la paix, dans l'espoir que les changements d'aujourd'hui entraîneront, demain, le renforcement des droits de l'homme et susciteront un avenir meilleur pour toute la région du Moyen Orient. Le soulèvement des peuples dans le monde arabe montre que le conflit israélo-palestinien n'est pas le principal problème dans cette région, a estimé le représentant, qui a ajouté qu'Israël ne s'en affirme pas moins résolu à rechercher une paix globale avec tous ses voisins, en particulier les Palestiniens. Israël cherche une solution qui concilie l'aspiration légitime de ces derniers à un État avec ses propres besoins de sécurité, a affirmé le représentant israélien. Il a en outre déclaré que son pays appuie la décision de l'Assemblée générale des Nations Unies au sujet de suspendre la Libye du Conseil des droits de l'homme. Israël espère que le Conseil des droits de l'homme réagira de manière urgente et efficace à la situation en Libye, a-t-il ajouté, avant de regretter que le Conseil ne fasse pas preuve de la même promptitude s'agissant d'autres situations graves pour les droits de l'homme, notamment en Iran.

M. ZALMAI AZIZ (Afghanistan) a rappelé qu'il était banal de dire que les membres du Conseil avaient des points de vue différents, tous valides en soi, mais que le compromis ne pouvait se faire sans concession. Citant l'ancien chancelier allemand Ludwig Erhard, il a rappelé que «le compromis était l'art de partager un gâteau de sorte que chacun soit convaincu qu'il reçoit le plus gros morceau». Le délégué a rendu hommage au président du Conseil en affirmant qu'il avait accompli un travail extraordinaire consistant à réconcilier des points de vue dépourvus de cohérence en «divisant notre gâteau». Il a expliqué que l'on pensait dans son pays que l'État était «le serviteur et non le maître du peuple». L'Afghanistan soutient l'existence d'organes de défense des droits de l'homme assurant la protection des droits de manière efficace sur son territoire et partout dans le monde, a-t-il conclu.

Institutions nationales des droits de l'homme et représentants de la société civile

MME FLORENCE SIMBIRI JAOKO (Comité international de coordination des institutions nationales) s'est associée à l'appel lancé en faveur de mécanismes efficaces d'enquête et de promotion des droits de l'homme. Elle a aussi estimé qu'il n'était pas de la seule responsabilité des États de promouvoir et protéger les droits de l'homme. Pour elle, les entreprises et les institutions nationales et internationales doivent aussi poursuivre cet objectif.

M. MERVAT RISHMAWI (Centre palestinien pour les droits de l'homme) a félicité le Conseil pour la création du mandat de Rapporteur spécial sur la liberté d'assemblée et d'association. La violation de ces droits est l'une des causes des troubles qui agitent aujourd'hui le monde arabe, a observé Mme Rishmawi. L'histoire montre que ces événements ne sont pas uniques: l'actualité actuelle reflète d'autres moments de l'Histoire, dans lesquels l'importance de la liberté d'expression s'est aussi révélée au cœur des aspirations populaires. La représentante a demandé aux Nations Unies de mettre la liberté d'assemblée et d'association ainsi que le droit d'expression au cœur de leurs priorités.

MME MARY JEAN REAL, «représentante de la société civile», a souligné que les femmes avaient été des défenseurs essentiels de l'exigence de respect des droits au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Or, les femmes sont souvent laissées de côté, y compris par les États, et le Conseil devrait se montrer plus soucieux de leur sort. Il est décevant que le Conseil n'ait pas mis au point de nouveaux outils susceptibles d'accroître la capacité de réaction face aux violations, a-t-elle déploré. L'immense majorité des procédures spéciales sont incarnées par des hommes alors que l'on devrait avoir un équilibre entre les sexes, a-t-elle ajouté. Elle a aussi appelé le Conseil à intensifier son travail sur le problème des disparitions.

M. ALEXIS CORTHAY (Pour le droit à se nourrir - FIAN) a déclaré que le monde assistait à des violations massives de droits de l'homme, y compris des violations du droit des agriculteurs et des personnes travaillant en milieu rural, alors même que ces personnes sont responsables de la production des denrées alimentaires. Elles sont victimes de discrimination, de confiscations de terres, d'expulsions ou sont réduites à posséder des parcelles non viables, ce qui les contrait à devenir des «sans terre». M. Corthay a en outre estimé que ces discriminations mènent à la pénalisation des luttes, à la torture et aux assassinats extrajudiciaires. La protection des droits de l'homme va de pair avec une amélioration des droits de ceux qui produisent les denrées alimentaires, a conclu le représentant.

M. PEPE JULIÁN ONZIEMA (Service international pour les droits de l'homme) a déploré que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres se voient encore refuser l'accès à la vie économique, quand elles ne sont pas victimes de violences extrêmes. Le représentant a félicité les pays qui ont récemment eu le courage de décriminaliser les relations homosexuelles. Il a encouragé tous les États à soutenir la résolution qui sera présentée lors de cette session du Conseil des droits de l'homme, en résistant aux arguments culturalistes tendant à légitimer les violences contre les femmes ou les personnes appartenant à des minorités sexuelles.

Droit de réponse

M. HTIN LYNN, (Myanmar), répondant à une déclaration du Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que ce dernier se fonde manifestement sur une évaluation de la situation contraire à la réalité. La réalité est que le peuple du Myanmar a approuvé à une grande majorité l'adoption de la nouvelle Constitution, dans le cadre d'élections libres et justes. Le Myanmar a ainsi réussi sa propre transition vers la démocratie, a assuré le représentant. Toute personne qui souhaite participer à l'amélioration du sort du peuple du Myanmar est désormais libre de s'associer à la vie politique du pays, a fait valoir le représentant.

M. MIKHAIL KHVOSTOV (Bélarus) a relevé que certains intervenants se sont exprimés de manière passionnelle et peu objective sur la situation dans son pays. Les pays qui ont appuyé moralement et financièrement les actes illégaux de personnes désireuses de perturber le processus démocratique doivent remettre en question leur démarche. Le représentant a enfin assuré qu'il n'y a pas de prisonniers politiques au Bélarus. Les personnes ayant enfreint la loi seront, toutes sans exception, dûment traduites en justice.


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HRC11/014F