Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT DÉBAT DU DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET DE LA MANIÈRE DE POURSUIVRE SES TRAVAUX

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a poursuivi ses travaux, ce matin, sous la présidence de l'Ambassadeur M. Wang Qun de la Chine. Après une discussion portant sur les propositions de calendrier du Président, présentées lors de la séance de mardi dernier, des déclarations ont été faites sur la question du désarmement nucléaire.

L'Algérie a rappelé que l'objectif suprême qu'est le désarmement nucléaire représente une cause universelle qui n'a fait l'objet d'aucune contestation. Il est aujourd'hui impératif de travailler ensemble pour débarrasser l'humanité du danger d'un génocide qui menace l'espèce humaine dans son ensemble. Les armes nucléaires constituent un danger pour la paix et la sécurité; la communauté internationale doit assumer ses responsabilités et progresser sur la voie du désarmement nucléaire. Pour la délégation algérienne, il est essentiel d'adopter sans délai un programme de travail pour créer un comité spécial chargé de la question du désarmement nucléaire conformément à l'appel qui a été lancé à la Conférence par l'Assemblée générale.

Plusieurs délégations ont attiré l'attention sur le plan d'action adopté à l'issue de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mai 2010 et sur l'importance de créer, conformément à ce document, un organe subsidiaire chargé du désarmement nucléaire. Il a en outre été rappelé que cette feuille de route concerne également la création au Moyen Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires, une mesure importante aux yeux de plusieurs délégations. Une délégation a conclu que la réussite du plan d'action du TNP sera une réussite collective et non la réussite de quelques-uns, un constat qui n'enlève par ailleurs rien à la responsabilité spécifique des États nucléaires.

La première partie de la séance a été monopolisée par un débat sur les propositions de calendrier faites par le Président, sans aboutir à un consensus. En effet, si la plupart des délégations étaient prêtes à soutenir ces propositions immédiatement, certaines souhaitaient disposer de davantage de temps pour les examiner. Il aurait par ailleurs été souhaité que soit présentée une version plus étoffée de la proposition de la présidence et que la question de la pertinence de tenir des réunions informelles plutôt qu'officielles soit davantage discutée.

Plusieurs délégations ont rappelé l'importance d'aller de l'avant dans les travaux de la Conférence, l'une d'elles fustigeant un débat «absurde» sur des questions de procédure, soulignant la responsabilité fondamentale des membres de la Conférence dans le domaine de la paix et de la sécurité. Il est aujourd'hui impératif de travailler ensemble pour débarrasser l'humanité du danger que constituent les armes nucléaires, ont souligné plusieurs délégations.

Les représentants des pays suivants sont intervenus: Royaume-Uni, Allemagne, Algérie, Japon, États-Unis, Brésil, France, Fédération de Russie, Mexique, Pakistan, Iran, Afrique du Sud, Chili, Égypte et Nigéria.

La délégation observatrice des Philippines, au nom du groupe informel des États observateurs, a pour sa part pris la parole pour réitérer leur appel en faveur de la nomination d'un rapporteur spécial sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence.


La Conférence du désarmement se réunira de nouveau en séance plénière mardi 29 mars, à 10 heures, alors que la Conférence sera dans la dernière semaine de la première partie de sa session de 2011, qui se termine le 1er avril.

Aperçu des déclarations

M. WANG QUN (Chine), Président de la Conférence du désarmement, a ouvert les travaux ce matin en précisant que cette session serait consacrée à un échange de vue concernant les deux premiers points de l'ordre du jour: cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire; prévention de la guerre nucléaire, y compris toutes les questions qui y sont liées, et tout particulièrement le désarmement nucléaire.

M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a souhaité que les délégations disposent de davantage de temps pour examiner la proposition du Président. Selon lui, ce texte offre une bonne base de discussion, moyennant, certes, quelques ajustements pour assurer un bon équilibre. Sur ce point en particulier, le représentant britannique a regretté que la proposition ne mentionne pas de coordonnateur appartenant au groupe occidental. Il a demandé un délai supplémentaire pour discuter du programme d'activités et de la manière d'aborder les travaux.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) a exprimé sa vive surprise à l'égard de la manière dont se déroulent les travaux de la Conférence. Un projet de calendrier a été présenté aux membres, à titre indicatif; il a fait l'objet d'une discussion à la dernière séance de la Conférence, mardi dernier; comme la proposition n'était pas complète et qu'il manquait notamment la question de la nomination de la présidence de certains groupes informels, la délégation allemande avait demandé de disposer de davantage de temps pour procéder à des consultations, une demande qui a été rejetée; or, après une brève suspension, la Présidence de la Conférence a présenté un autre calendrier qui ne comprend que des discussions informelles; la délégation allemande a à nouveau demandé davantage de temps pour examiner cette proposition, une demande qui a également été rejetée. Le représentant allemand a précisé que sa délégation souhaitait que soit accepté une forme de «gentlemen's agreement», à l'instar de ce qui a été fait sous les présidences précédentes. Ce qui compte c'est de progresser dans les travaux, a-t-il insisté.

M. AKIO SUDA (Japon) a expliqué que sa délégation désirait également disposer de davantage de temps pour réfléchir à la proposition présentée mardi par la présidence et approfondir certaines questions, afin, le cas échéant, de demander des éclaircissements à la Présidence. Il a indiqué que sa délégation souhaitait, à l'instar d'autres, débattre de l'opportunité de tenir des réunions informelles plutôt que formelles. L'an dernier, la Conférence du désarmement a tenu des réunions informelles, puis a passé, au début de cette année, à des réunions officielles, a rappelé le représentant japonais, s'interrogeant sur la pertinence de revenir à des réunions informelles.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a relevé l'importance, pour la présidence de la Conférence, d'avoir une marge de manœuvre pour guider la Conférence et aller de l'avant. Elle s'est fait l'écho de certains commentaires déjà formulés par d'autres délégations: les États-Unis auraient également aimé se pencher sur une version plus étoffée de la proposition de la présidence, comprenant notamment des propositions de coordonnateurs et des détails sur le format des rapports, des questions qui, selon la délégation américaine, méritent une réflexion plus poussée. À titre d'exemple, elle a indiqué préférer que soient réalisés des rapports écrits plutôt qu'oraux. La Conférence du désarmement est un organe de négociations: tout programme de travail doit par conséquent inclure un mandat de négociations, a estimé la représentante américaine.

M. WANG, Président de la Conférence, a assuré les délégations avoir accordé beaucoup d'attention aux déclarations faites aujourd'hui et a assuré que la présidence de la Conférence resterait aussi ouverte, accommodante et souple que possible et s'engageait à suivre les décisions des États membres. Tout en déplorant que la Conférence ait manqué l'occasion d'unir les efforts de ses membres dans le cadre de réunions informelles sur le traité d'interdiction des matières fissiles, il a proposé de s'atteler à la discussion sur le désarmement nucléaire.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a indiqué que la proposition du Président a reçu l'appui de la délégation brésilienne; ce soutien n'a pas changé. Il apparaît que cette proposition suscite des problèmes pour un groupe particulier de pays uniquement. Le représentant brésilien s'est d'ailleurs dit surpris que ce groupe s'oppose à un élément qui, l'an dernier, ne semblait pas lui poser de problème.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a estimé peu utile de continuer ce genre de discussion en plénière. Il a proposé d'aborder cette question dans le cadre d'une discussion informelle hors de la plénière et de s'atteler, plutôt, aux questions de fond.

M. ÉRIC DANON (France) a estimé que cette discussion montre l'importance de revenir à un esprit de compromis sur la suite des travaux de la Conférence. Il a soutenu la proposition du représentant d'Algérie: quelques consultations supplémentaires, dans le format qui conviendra le mieux au Président de la Conférence, permettront de trouver une solution acceptable pour tous, pour la prochaine session ou celle d'après. Il a appelé à des approches les plus constructives.

M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a estimé qu'aucune délégation ne s'est vraiment opposé à la proposition du Président. Le représentant britannique a salué les événements parallèles organisés par l'Australie et le Japon sur les matières fissiles, estimant que ce type de réunions contribue à approfondir la discussion. La Conférence du désarmement pourrait faire des progrès en adoptant une méthode similaire. Pour le Royaume-Uni, la Conférence doit entamer une discussion de fond structurée, plutôt qu'un «ixième échange de vues».

M. WANG, Président de la Conférence, a constaté que le statut du document proposé initialement par la Présidence mardi (CD/WP.565), tout comme celui de sa proposition suivante (CD/WP.566), est clair: il n'y a pas de consensus sur ces textes. Il a proposé toutefois de continuer la discussion sur la base du deuxième document et d'entamer la discussion sur le désarmement nucléaire.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) a répété que sa délégation fait partie de celles qui ont demandé de disposer de davantage de temps pour étudier la proposition. Il s'est dit étonné que la présidence entende poursuivre les travaux sur la base de sa seconde proposition, estimant qu'il ne sert à rien de bâcler la prise de décision.

M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a expliqué que sa délégation est prête à appuyer les deux propositions de la présidence, mais constate qu'il n'y a pas de consensus sur ces textes. Dans ce contexte, il a proposé de reprendre les discussions dans le cadre d'une réunion informelle pour parvenir à un terrain d'entente, avant de se réunir à nouveau en plénière.

M. WANG, Président de la Conférence, a répété qu'il était ouvert aux discussions. Il a expliqué avoir l'impression que ses propositions ne rallient pas l'ensemble des membres de la Conférence. Il a toutefois proposé de finaliser le débat sur la seconde proposition, tout en se penchant sur d'autres questions quelles qu'elles soient, en vue de s'atteler à la discussion sur les quatre questions principales la semaine prochaine.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a estimé qu'il y avait peu de divergences d'opinion entre les membres sur la manière de procéder. Certains ont, certes, dit qu'ils n'étaient pas prêts à adopter une position dès à présent, mais il n'y a dans le fond pas de divergence fondamentale. Le représentant algérien a invité le Président à recourir à une diplomatie discrète et des contacts informels pour régler ces détails.

M. ARTURO HERNÁNDEZ BASAVE (Mexique) a fait remarquer que ce débat absurde sur des questions de procédure démontre que les ressources de la Conférence sont gaspillées. L'importance qu'a une fois eu cette Conférence n'existe plus, a-t-il estimé. Il a rappelé que participent à la Conférence des Ambassadeurs plénipotentiaires représentant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que des Ambassadeurs des pays du G8 ou du G20, qui ont une responsabilité fondamentale dans le domaine de la paix et de la sécurité. Personne ne peut douter que le désarmement et la lutte contre la prolifération nucléaire sont des sujets liés à la paix et la sécurité, a-t-il poursuivi. Alors que des événements tragiques se passent dans le monde, la Conférence est bloquée dans un débat absurde. Pour le représentant mexicain, il est essentiel aujourd'hui de trouver des alternatives à l'armement nucléaire pour assurer une plus grande sécurité internationale.

M. EVAN P. GARCIA (Philippines, au nom du Groupe informel des États observateurs) a tenu à féliciter l'Ambassadeur de la Chine pour le discours encourageant qu'il a tenu le 22 mars dernier lors de sa prise de fonctions en tant que Président de la Conférence du désarmement. Il a tout particulièrement apprécié la reconnaissance, par l'Ambassadeur Wang, du rôle des États observateurs dans les travaux de la Conférence, ainsi que son ouverture à une discussion sur une augmentation du nombre de membres de la Conférence. De même, le représentant des Philippines a remercié les deux premiers présidents de la Conférence -les Ambassadeurs du Chili et du Canada- d'avoir pris le temps de consulter le groupe informel des États observateurs. Il a enfin salué l'Ambassadeur de la Fédération de Russie pour avoir estimé que le prestige de la Conférence du désarmement serait renforcé par une extension progressive du nombre de membres et pour avoir proposé la tenue d'une session plénière sur cette question.

Le groupe informel des États observateurs souhaite répéter que son appel à la nomination d'un Rapporteur spécial sur la question des observateurs, n'a d'autre but que de commencer une discussion sérieuse sur cette question et non de préjuger un quelconque résultat, a déclaré le représentant philippin. Pour conclure, le groupe se fait l'écho de cet appel lancé par le nouveau Président de la Conférence - ainsi que d'autres délégations - emprunté au Président John F. Kennedy, préconisant de ne «jamais négocier dans la peur mais ne jamais avoir peur de négocier».

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a souligné qu'il ne fait aucun doute que les compétences et le professionnalisme de l'Ambassadeur de Chine profiteront aux travaux de cette Conférence et seront gages du succès des délibérations. Il a rappelé que l'objectif suprême qui est le désarmement représente une cause universelle qui n'a fait l'objet d'aucune objection. Tout le monde est d'accord, a-t-il insisté, précisant qu'il s'agit d'un fait majeur à rappeler et à mettre en exergue. Les différences résident dans les approches ou les politiques qui mènent à cet objectif, a-t-il souligné. Le représentant algérien rappelé que la communauté internationale a atteint un consensus en 1978, lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, en déterminant la méthodologie à suivre. Il a notamment été décidé de procéder à la cessation de l'amélioration des systèmes d'armement nucléaire et à la cessation de leur utilisation; à l'arrêt de la production de toute arme nucléaire et de toute matière fissile; à la mise au point d'un programme d'ensemble en plusieurs étapes, selon un calendrier convenu pour parvenir progressivement à réduire les stocks nucléaires et ce, en vue de leur élimination définitive. La session extraordinaire de l'Assemblée générale a créé la Conférence du désarmement pour qu'elle soit un forum de négociation sur ces grands thèmes, a rappelé M. Jazaïry, estimant qu'il est aujourd'hui impératif de travailler ensemble pour débarrasser l'humanité du danger d'un génocide qui menace l'espèce humaine dans son ensemble. Les armes nucléaires constituent un danger pour la paix et la sécurité, a-t-il rappelé. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités, et progresser dans le désarmement nucléaire, notamment en suivant les démarches stipulées dans le document final de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pour la délégation algérienne, il est essentiel d'adopter sans délai un programme de travail pour créer un comité spécial chargé de la question du désarmement nucléaire conformément à l'appel de l'Assemblée générale. Le représentant a attiré à cet égard l'attention sur le programme de travail proposé par le Mouvement des pays non alignés, visant à se débarrasser et éliminer totalement les armements nucléaires d'ici à 2025.

M. SHAFQAT ALI KHAN (Pakistan) a reconnu que le désarmement est la question fondamentale de la Conférence, une Conférence qui a d'ailleurs été conçue pour s'atteler à cette tâche. Il faut réfléchir aux raisons et conséquences d'une inertie dans ce domaine, a-t-il mis en garde. Alors que le monde actuel est multipolaire et moins stable qu'au temps des concertations stratégiques entre deux grandes puissances, il a suggéré d'en profiter pour procéder au désarmement nucléaire. Il faut le faciliter, a-t-il insisté. Il a regretté qu'aujourd'hui les États nucléaires considèrent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme une licence de détention de l'armement nucléaire. Le Pakistan est convaincu que la question du désarmement nucléaire est la mise à l'épreuve ultime de la Conférence du désarmement.

M. MOHAMMAD HASSAN DARYAEI (Iran) a souligné que la détention d'armes nucléaires est illicite et très dangereuse. Le pays qui détient des stocks est le premier exposé, a-t-il rappelé. L'arme nucléaire se solde sur la destruction irréparable des êtres humains et de l'environnement avec des effets dangereux pour les générations futures, a-t-il poursuivi. L'humanité est vulnérable aux cas d'utilisation délibérée d'armes nucléaires, mais également aux cas d'accident ou de dommages causés aux installations et aux entrepôts d'armes nucléaires. L'arme nucléaire n'est pas une arme de défense, mais un danger pour l'humanité toute entière. Elle ne devrait pas être source d'orgueil mais de honte. Le représentant iranien a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne donne pas le droit aux puissances nucléaires de garder leurs possessions nucléaires pour l'éternité. Il a rappelé que la Conférence d'examen du TNP a proposé l'adoption d'un calendrier avec des délais spécifiques, jusqu'en 2025. Des mesures concrètes s'imposent de la part des pays dotés de l'arme nucléaire pour parvenir à cet objectif. Pour la délégation iranienne, il est temps que le Conférence du désarmement mette sur pied un comité spécial qui entamera les négociations. Ce comité pourrait s'atteler, entre autres, à la question de la valeur de dissuasion de l'arme nucléaire; à prévenir le déploiement d'armes nucléaires dans tous les milieux, sur terre, sous l'eau comme au ciel; à interdire la production de matières fissiles à des fins nucléaires; et à déclarer tous les stocks et les éliminer.

M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a souhaité réagir à certaines observations faites aujourd'hui. Il a appuyé la déclaration de la délégation mexicaine et reconnu que la Conférence du désarmement doit aller de l'avant. En ce qui concerne la déclaration du Pakistan, le représentant britannique a rappelé que la majeure partie des États de la Conférence est partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui, a-t-il insisté, comprend des principes visant le désarmement. Les États dotés de l'arme nucléaire acceptent ces obligations et vont de l'avant dans la mise en œuvre du Traité, a-t-il assuré. Les «P5» ont signé pour un monde sans armes nucléaires, a rappelé le représentant. Toutefois, pour y parvenir, il faudra un engagement de la part de tous, notamment à ne pas faire d'essai et à ne pas produire d'armes, a souligné M. Duncan.

M. MICHIEL COMBRINK (Afrique du Sud) a regretté les débats stériles qui caractérisent les travaux de la Conférence du désarmement. Ces débats empêchent la Conférence de contribuer à un environnement international plus sûr et sapent également la confiance internationale envers ce forum de négociations. Il a assuré que le désarmement continue d'être une priorité pour l'Afrique du Sud. Le pays a notamment adopté un certain nombre de mesures pratiques qui se sont soldées par l'élimination d'un programme nucléaire lancé sous l'apartheid. Le représentant sud-africain a rappelé que la grande majorité des États a appuyé le résultat de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il est dès lors surprenant que ces États n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la création d'un organe subsidiaire chargé du désarmement nucléaire.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a assuré que son pays accepte les obligations prévues par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Elle a également attiré l'attention sur la signature du nouvel accord de réduction des armes stratégiques par les États-Unis et la Russie (traité START), faisant valoir que l'adoption de ce traité a constitué un progrès important. La mise en œuvre va commencer sous peu, a-t-elle expliqué. Elle s'est aussi réjouie de la ratification du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Enfin, elle s'est félicitée de la déclaration faite par le représentant du Pakistan en faveur du désarmement nucléaire.

M. LUCIANO PARODI (Chili) a souligné que le désarmement nucléaire est un thème prioritaire pour la communauté internationale. Selon lui, il faut promouvoir les efforts tant en matière d'élimination de l'armement nucléaire que dans la lutte contre la prolifération. Ces efforts doivent se solder sur des mesures complémentaires et échelonnées. Il faut aussi que ces mesures soient irréversibles, a précisé le représentant chilien. Entre autres, il a préconisé que la communauté internationale s'engage au niveau des puissances nucléaires en vue d'une élimination complète des arsenaux nucléaires; il faut également interdire les essais et la production de nouvelles armes nucléaires; ces dernières ne doivent plus faire partie des doctrines militaires et stratégiques; il convient en outre de négocier un instrument universel juridiquement contraignant offrant des garanties aux États non dotés d'armement nucléaire; enfin, le représentant a plaidé en faveur d'un élargissement des zones exemptes d'armes nucléaires, notamment au Moyen Orient.

M. HATEM EL-ATAWY (Égypte) s'est dit encouragé par les multiples références faites au résultat de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et notamment s'agissant du plan d'action pour les travaux de la Conférence du désarmement. Pour le représentant égyptien, il est également très encourageant de prévoir un traité sur les matières fissiles, puisque sans ces matières, il n'y a pas d'arme nucléaire. Enfin, il a rappelé que le plan d'action concerne également la question de la création au Moyen Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires, une mesure importante aux yeux de la délégation égyptienne.

M. ARTURO HERNÁNDEZ BASAVE (Mexique) a estimé que les prises de position de cet après-midi étaient encourageantes pour faire avancer le désarmement nucléaire. Il a rappelé que la Conférence du désarmement n'est pas la seule instance qui négocie sur des questions de désarmement: il y a aussi des initiatives bilatérales très prometteuses. Il s'est en outre félicité des initiatives de délimitation de zones exemptes d'armes nucléaires. Toutefois, a nuancé le représentant mexicain, aucune de ces mesures ne remplace un instrument multilatéral qui respecte les trois principes d'irréversibilité, de transparence et de vérifiabilité.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a indiqué que son pays, en tant qu'État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et État non nucléaire, est pleinement engagé à l'égard du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et soumis aux clauses de sauvegarde conclues avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. Il a soutenu l'appel à créer un organe subsidiaire chargé du désarmement nucléaire. Enfin, il a rappelé que les doctrines militaires qui confèrent aux armes nucléaires une certaine prépondérance ne préparent pas au désarmement nucléaire.

M. MICHIEL COMBRINK (Afrique du Sud) a rappelé qu'un monde sans arme nucléaire ne pourra jamais avoir lieu sans au préalable procéder à une analyse de la situation dans son ensemble. Différentes questions sont importantes, comme la production d'armes nucléaires, le stockage, l'élimination de ces armes, autant de questions que la Conférence du désarmement devra aborder. Selon le représentant sud-africain, il n'y a pas une seule question particulière à laquelle la Conférence du désarmement devrait s'atteler mais toute une série de questions.

M. ÉRIC DANON (France) a estimé intéressant que la délégation du Pakistan s'appuie sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour faire sa démonstration sur le désarmement nucléaire. Il a fait remarquer que le vrai problème dans cette discussion n'est pas de demander aux pays parties au Traité de réaffirmer leur engagement, mais bien de remplir les obligations. Selon lui, il importe de disposer d'une feuille de route. La Conférence d'examen du TNP a à cet égard été un vrai succès puisqu'elle a débouché sur un plan d'action qui couvre tout un ensemble de domaines, dont les trois piliers du Traité et la création, au Moyen Orient, d'une zone exempte d'armes nucléaires. La feuille de route existe; il faut dès lors s'y tenir le plus possible. M. Danon a dit comprendre que les pays aient des convictions fortes et puissent regretter que certains éléments n'ayant pas fait l'objet d'un consensus ne figurent pas dans le document final. Mais selon lui, cela ne sert à rien de répéter sa position. Les efforts devraient se concentrer sur la mise en œuvre de ce qui a été accepté par consensus, une étape déjà suffisamment difficile. Le représentant français a répété que les «P5» souhaitent être prêt en 2015 pour la prochaine Conférence d'examen du TNP et s'efforcent de remplir le plus possible de ses obligations - si ce n'est toutes. Il a rappelé que la réussite du plan d'action du TNP sera une réussite collective et non la réussite de quelques-uns. Ce fait n'enlève rien à la responsabilité spécifique des États nucléaires, a-t-il reconnu.

M. KAYODE I. K. LARO (Nigéria) s'est dit prêt à apporter son soutien à un programme de travail. Le désir du Nigéria est d'obtenir un monde exempt d'armes nucléaires. Tant que les armes nucléaires existeront, il n'y aura pas de paix, a-t-il fait valoir, avant d'appeler les États à se lancer dans un travail de fond le plus vite possible.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC11/023F