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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES RESPOSABLES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA ROUMANIE, DU JAPON ET DE L'ALBANIE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu cet après-midi des responsables gouvernementaux de trois pays dans le cadre d'une série d'interventions de hauts dignitaires qui se sont adressés à la Conférence depuis hier.

La Conférence a ainsi entendu cet après-midi les interventions de M. Doru Romulus Costea, Secrétaire d'État aux Affaires mondiales au ministère des Affaires étrangères de Roumanie; de M. Ikuo Yamahana, Vice-Ministre parlementaire des relations extérieures du Japon; et de M. Gazmend Turdiu, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l'Albanie et Président de la Dixième Réunion des États Parties à la Convention d'Ottawa pour l'élimination des mines antipersonnel.

M. Costea a dit partager la vive inquiétude de nombreux pays sur les blocages de la Conférence du désarmement, seul forum international auquel sont parties tous les États nucléaires, comme il partage l'espoir que le soutien politique manifesté lors de la réunion de haut niveau de New York en septembre dernier puisse la revitaliser. L'année 2011 sera décisive sur ce point, a estimé le Secrétaire d'État pour qui, si la Conférence du désarmement veut reprendre sa place d'instance de négociation pertinente, c'est immédiatement qu'il faut agir. Tout en estimant que l'une des questions clefs pour la Conférence du désarmement est la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles, la Roumanie ne s'oppose pas à des discussions sur d'autres thèmes importants. Par ailleurs, elle est profondément préoccupée que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'ait pas encore pu entrer en application.

M. Yahamana a lui aussi rappelé que la Conférence du désarmement tire son importance de sa nature en tant que seule enceinte multilatérale de négociation sur le désarmement qui rassemble à la fois tous les États dotés de l'arme nucléaire et les États non parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il est donc regrettable que la Conférence n'ait pas progressé, malgré l'adoption en 2009 d'un programme de travail, et il n'est pas acceptable que ces dysfonctionnements se poursuivent, alors que l'on observe au plan international des progrès en matière de désarmement nucléaire. Le haut responsable japonais a appelé à des efforts tangibles et constants pour redynamiser la Conférence et au lancement immédiat en son sein de négociations sur un traité relatif à la production de matières fissiles dont l'adoption constituerait une mesure importante en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. En attendant, il a exhorté tous les États concernés à déclarer et entretenir un moratoire sur la production de matières fissiles à usage militaire.

M. Turdiu a pour sa part rappelé que cette journée marquait le douzième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, convention qui s'est révélée depuis comme un des instruments les plus réussis en matière de désarmement, et auquel sont aujourd'hui parties 156 États. M. Turdiu a rappelé que le désarmement permet d'assurer la paix et la sécurité des États mais aussi la sûreté, le bien-être et la liberté des peuples, des hommes, des femmes et des enfants et a affirmé que la Convention d'Ottawa était l'incarnation même de l'ensemble de raisons pour lesquels les déléguées siègent à la Conférence du désarmement. Au vu du bilan actuel de la Convention, l'Albanie estime qu'elle pourrait constituer un véritable cas d'école en matière d'engagement et de volonté politique, dont la Conférence du désarmement pourrait s'inspirer.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu jeudi 3 mars à partir de 10 heures. La Conférence devrait reprendre ses débats sur la manière d'aborder quand au fond la question des matières fissiles.


Déclarations

M. DORU ROMULUS COSTEA, Secrétaire d'État aux Affaires mondiales au ministère des Affaires étrangères de Roumanie, a estimé que le désarmement et la non-prolifération représentaient une pièce maîtresse de l'architecture de sécurité internationale et que la paix et la sécurité devaient être examinées de manière globale. Nous avons besoin d'un système mondial de sécurité fondé sur la coopération et sur un système de désarmement multilatéral efficace. À l'heure des défis mondiaux, il nous faut des solutions mondiales. Dès lors, le multilatéralisme n'est plus une question de choix, mais une nécessité. Le moyen le plus efficace de réduire les risques de mauvaise utilisation des armes nucléaires et l'élimination définitive de tous les arsenaux nucléaire, a déclaré M. Costea, qui s'est félicité de l'évolution du climat international en matière de désarmement et de la non-prolifération depuis deux ans, marqué notamment par le succès de la conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 et la conclusion d'un nouveau traité START entre les États-Unis et la Russie.

M. Costea a reconnu qu''il est difficile d'obtenir un soutien universel dans une enceinte de 65 membres qui fonctionne selon la règle du consensus. Toutefois, ce ne devrait temps être impossible, au moins pour l'adoption d'un programme de travail. La Roumanie partage l'inquiétude profonde de nombreux pays sur les blocages de la Conférence du désarmement, comme elle partage l'espoir que le soutien politique manifesté lors de la réunion de haut niveau de New York de septembre dernier puisse la revitaliser. À défaut, il existe un risque que la Conférence perde sa raison d'être. La Roumanie soutient la Conférence du désarmement comme cadre majeur de discussion des questions nucléaires et reste le seul forum international auquel sont parties tous les États nucléaires. La Conférence a un bilan positif et reste capable d'obtenir des succès. Son rôle de négociation doit être préservé et renforcé. En ce sens, 2011 sera une année décisive, a estimé M. Costea, pour qui il reste possible de trouver un consensus sur le programme de travail, qui doit être adopté au plus vite. Si la Conférence du désarmement veut reprendre sa place de forum de négociation pertinent, c'est immédiatement qu'il faut agir, a insisté M. Costea.

La Roumanie estime que l'une des questions clefs pour la Conférence du désarmement est la négociation d'un traité relatif à la production de matières fissiles, mais elle ne s'oppose pas à des discussions sur d'autres thèmes importants. Par ailleurs, l'entrée en application du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est de la plus haute importante et la Roumanie est profondément préoccupée qu'elle n'ait pas encore pu avoir lieu. L'exploitation de l'espace extra-atmosphérique devrait servir exclusivement à des fins pacifiques et il est urgent de s'en assurer, a déclaré M. Costea, qui a rappelé que la Roumanie avait en 2010 assumé la présidence du Comité des Nations Unies sur l'utilisation de l'espace extra atmosphérique. Le Secrétaire d'État a par ailleurs estimé qu'avec les progrès scientifiques, notamment en matière de biotechnologies, la Convention sur les armes biologiques devenait particulièrement d'actualité. La Roumanie considère que cette convention constitue l'élément central du système d'interdiction de l'utilisation des toxines à des fins hostiles.

M. Costea a également apporté son soutien aux efforts de la Convention sur les sous-munitions pour interdire l'utilisation de ces dernières et a souhaité qu'on arrive à l'adoption d'un nouveau protocole qui rende la convention pleinement efficace. Il a enfin réaffirmé sa conviction que les instances de négociation reflètent la volonté politique internationale. Il est important que chacun d'entre nous permette à la Conférence du désarmement de saisir au bond l'occasion d'un progrès vers le désarmement général, a-t-il conclu.

M. IKUO YAMAHANA, Vice-ministre parlementaire des relations extérieures du Japon, a rappelé que la Conférence du désarmement avait négocié et conclu un grand nombre de traités qui sont devenus des piliers du système de désarmement. Alors qu'on observe au plan international des progrès en matière de désarmement nucléaire, il faut revitaliser la Conférence, a ajouté M. Yamahana, qui a mentionné les appels lancés en ce sens notamment par le Japon lors de la réunion de haut niveau de New York, en septembre 2010. La dynamique actuelle du désarmement nucléaire doit être entretenue et encouragée, a poursuivi le vice-ministre, pour qui la Conférence du désarmement est importante car elle est la seule enceinte multilatérale de négociation sur le désarmement qui rassemble à la fois tous les États dotés de l'arme nucléaire et les États non parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il est donc regrettable que la Conférence n'ait pas progressé malgré l'adoption en 2009 d'un programme de travail, et il n'est pas acceptable que ces dysfonctionnements se poursuivent. Pour redynamiser la Conférence, des efforts tangibles et continus sont nécessaires.

Le traité d'interdiction de la production de matières fissiles constituerait une mesure importante en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, a déclaré M. Yamahana, qui a rappelé que ce traité permettrait d'éviter que les matières fissiles ne soient détournées pour la fabrication d'armes nucléaires. Le Japon appelle à un début immédiat des négociations sur le traité sur les matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement. En attendant, il exhorte tous les États concernés à déclarer et entretenir un moratoire sur la production de matières fissiles à usage militaire.

Il faut également progresser dans les discussions sur les autres questions fondamentales de la Conférence du désarmement, a affirmé M. Yamahana, qui a préconisé une approche pratique et concrète incluant tous les États dotés de l'arme nucléaire. Les efforts des États-Unis et de la Russie vont maintenant déboucher sur d'autres progrès qui impliquent d'autres États, a estimé le Secrétaire d'État, qui a demandé que les efforts des États nucléaires soient transparents, irréversibles et vérifiables. Il a en outre invité les États nucléaires à offrir aux États non nucléaires des garanties de sécurité négatives plus fortes. Il faut aussi prévenir une course aux armements dans l'espace extra atmosphérique, a déclaré M. Yamahana, qui a proposé l'adoption de mesures de confiance.

M. Yamahana a enfin mis l'accent sur les efforts de son pays en matière d'éducation dans le domaine du désarmement, notamment nucléaire, et s'est félicité que la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ait fait pour la première référence à cette éducation dans son document final. Il a annoncé que le Japon et l'Université des Nations Unies tiendraient ensemble, les 17 et 18 mars à Nagasaki, un forum sur l'éducation au désarmement.

M. GAZMEND TURDIU, Secrétaire général au ministère des Affaires étrangères de l'Albanie et président de la Dixième Réunion des États Parties à la Convention d'Ottawa pour l'élimination des mines antipersonnel, a rappelé qu'aujourd'hui marquait le douzième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, convention qui s'est révélée depuis comme un des instruments les plus réussis en matière de désarmement, et auquel sont aujourd'hui parties 156 États. Aucun de ceux-ci n'a vu sa sécurité hypothéquée pour avoir renoncé aux mines antipersonnel et aucun des États non parties n'a vu sa sécurité augmenter de ce fait, a affirmé M. Turdiu. L'efficacité de la Convention se mesure au nombre de mines détruites – plus de 44 millions – à la restitution aux activités humaines normales de vastes étendues de terre auparavant contaminées. Il a dit son espoir de voir d'autres États, y compris les États-Unis, adhérer à la Convention.

M. Turdiu a rappelé que le désarmement permet d'assurer la paix et la sécurité des États mais aussi la sûreté, le bien-être et la liberté des peuples, des hommes, des femmes et des enfants. Désarmer en faveur de la paix et de la sécurité est la responsabilité la plus souveraine et la plus poussée des États, a poursuivi M. Turdiu, pour qui la Convention d'Ottawa est l'incarnation même de l'ensemble de raisons pour lesquels les déléguées siègent à la Conférence du désarmement.

La Convention d'Ottawa rappelle aussi que les mines antipersonnel ont une longue durée de vie et risquent de faire plus de victimes civiles que de victimes militaires. Leur utilité militaire est donc marginale et est largement contrebalancée par leur impact humanitaire. En outre, ces mines sont aisément remplaçables par d'autres armes, efficaces et qui durent moins longtemps. Ce douzième anniversaire est aussi l'occasion de mesurer ce qui reste à faire en matière de déminage, mais aussi de destruction des stocks et de droits des victimes, a déclaré M. Turdiu. Au vu du bilan actuel, il s'est dit optimiste et a estimé que la Convention d'Ottawa pourrait constituer un véritable cas d'école en matière d'engagement et de volonté politique, dont la Conférence du désarmement pourrait s'inspirer.


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DC11/017F