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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS DES ÉTATS-UNIS ET DU MAROC

Compte rendu de séance
Le Président fait le point sur les travaux de début d'année de la Conférence

La Conférence du désarmement a entendu ce matin les délégations des États-Unis, qui a plaidé en faveur des réunions parallèles qui se tiennent sur les différentes questions de fond avec la participation d'experts, et du Maroc, qui a présenté la position de son pays s'agissant de la suite des efforts à mener dans le domaine du désarmement et les contributions du pays à cet égard. Le Président de la Conférence a pour sa part fait un bilan des travaux menés par la Conférence depuis le début de l'année.

L'ambassadeur du Canada, M. Marius Grinius, qui préside la Conférence jusqu'à la fin de cette semaine, a déclaré qu'il poursuivrait ses consultations mais a reconnu qu'elles n'ont pas jusqu'à maintenant permis de réaliser une percée s'agissant des questions de fond. Des positions mutuellement exclusives persistent s'agissant du document relatif au programme de travail qui jouit du plus grand soutien (CD/1864). Ces deux dernières semaines ont toutefois permis des échanges intéressants sur les questions de fond, favorisant un dialogue interactif entre les membres de la Conférence.

Les États-Unis ont salué l'organisation de manifestations parallèles sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace et sur les définitions en rapport avec un traité d'interdiction de la production future de matières fissiles. Ces réunions sont à même d'enrichir et de compléter les travaux de la Conférence et les États-Unis souhaitent que cette pratique se poursuive.

Le Maroc a notamment souligné que l'impasse actuelle au sein de la Conférence favorisait la prolifération nucléaire et compromettait l'objectif de la conclusion d'une convention interdisant les armes nucléaires. À cet égard, le Maroc salue la décision de mener une étude sur les questions du désarmement pour identifier les problèmes qui entravent le progrès dans le domaine du désarmement et appuie la convocation, sans plus tarder, de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement en vue de faire un diagnostic général de toutes les instances onusiennes en charge du désarmement, s'accorder sur des solutions aux problèmes systémiques de la Conférence du désarmement et enfin adapter son agenda aux défis du XXIå siècle. En attendant, il faut adopter une approche pragmatique et intégrée accordant une attention équilibrée aux points de l'ordre du jour de la Conférence du désarmement.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu le jeudi 17 février, à 10 heures.


Déclarations

M. MARIUS GRINIUS (Canada), Président de la Conférence du désarmement, présentant un bilan des travaux de la Conférence alors que la présidence du Canada se termine cette semaine, a déclaré qu'il poursuivrait ses consultations, qui n'ont toutefois pas jusqu'à maintenant permis de réaliser une percée s'agissant des questions de fond. Il a indiqué qu'il avait procédé à des consultations avec tous les membres de la Conférence sur un plan bilatéral et dans le cadre de réunions avec les groupes régionaux et de réunions de suivi et a rappelé avoir informé la Conférence, le 21 janvier, qu'il y avait encore des positions mutuellement exclusives s'agissant du document CD/1864 sur le programme de travail. Ce document demeure celui qui jouit du plus grand soutien, mais il n'est pas appuyé à 100%. M. Grinius a rappelé qu'il avait proposé un programme de travail simplifié, qui ne prévoyait pas de mandats sur les divers points, mais se limitait aux points de l'ordre du jour et mettant l'accent sur les quatre questions centrales. Encore une fois, il s'agissait essentiellement de s'appuyer sur un calendrier indicatif qui a été plus ou moins suivi dans le cadre des séances plénières. Mais cette approche, qui avait fonctionné dans les années 1990, n'a pas non plus fait l'objet d'un «enthousiasme à 100%».

M. Grinius a rappelé qu'au cours des deux dernières semaines de débats sur les quatre questions centrales, de nombreuses déclarations ont affirmé la volonté de discuter de certains points ou même de négocier sur les quatre éléments, sans toutefois qu'il se dégage une entente à 100% sur la manière d'aller de l'avant. Ces deux dernières semaines ont toutefois permis d'avoir des échanges intéressants sur les questions de fond, qu'il a jugés utiles, en favorisant un dialogue interactif entre les membres de la Conférence, permettant à chacun d'adresser des questions aux autres membres.

Le Président a en outre salué une plus grande ouverture et transparence des membres de la Conférence s'agissant de la participation de la société civile. La délégation du Canada, pour sa part, a l'intention d'organiser un événement parallèle avec la société civile le 3 mars: de plus amples renseignements seront communiqués ultérieurement. S'agissant de la composition de la Conférence, le Président a recueilli auprès des États membres leurs positions et il en avait informé les États observateurs. Il a tenu à préciser que tous les États observateurs ne souhaitent pas devenir membres de la Conférence, mais seulement un groupe d'entre eux. À ce stade, ils n'y a pas de consensus pour aller de l'avant sur cette question.

M. Grinius a enfin invité les membres de la Conférence à lui présenter leur vues sur le bilan qu'il vient de tracer et a indiqué qu'il présenterait ses observations finales à la fin de la présidence du Canada, jeudi prochain, 17 février.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a félicité le Président de la Conférence pour la poursuite de ses consultations sur le programme de travail. Elle a aussi de nouveau salué la manifestation parallèle sur la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace et a félicité les organisateurs de la réunion parallèle consacrée à une discussion sur les définitions concernant un traité d'interdiction de la production future de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Elle a salué la précieuse contribution de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui a présenté un résumé sur les cycles du combustible. Elle a dit avoir bénéficié de ces contributions d'experts. Elle a précisé que sa propre délégation comptait des experts venus de la capitale et exprimé l'espoir que tous les États membres de la Conférence sauraient titrer parti pleinement de ces compétences, qui ne visent pas à concurrencer la Conférence mais bien à enrichir et à compléter ses travaux. Les premières discussions ont révélé que la question des définitions était en elle-même complexe et que les avis des membres à son sujet sont variés. C'est pourquoi il faut saluer ces réunions parallèles, qui doivent se poursuivre.

M. OMAR HILALE (Maroc) a ajouté sa voix au sentiment de frustration de tous ceux qui estiment que la Conférence du désarmement est toujours incapable de tirer profit du contexte mondial grandement favorable au désarmement. En particulier, les bonnes intentions exprimées lors de la réunion de haut niveau convoquée en septembre 2010 par le Secrétaire général de l'ONU ainsi que la sonnette d'alarme qu'il à tiré dans sa déclaration du 26 janvier dernier devant la Conférence devraient servir de catalyseurs pour relancer les travaux. Le Maroc souscrit à son analyse selon laquelle la poursuite du blocage actuel à des implications néfastes pour le monde et présente le risque de l'acquisition des armes nucléaires par des réseaux terroristes. En effet, la nébuleuse terroriste ne cache plus son intention d'acquérir des armes nucléaires et l'apparition de technologies accessibles au grand public ont rendu plus aisée la fabrication d'une «bombe sale» combinant des explosifs conventionnels avec des matières radioactives afin de provoquer le plus grand nombre de victimes innocentes. M. Hilale a souligné que l'impasse actuelle au sein de la Conférence favorise la prolifération nucléaire et compromet l'ultime objectif visé par la communauté internationale, en l'occurrence la conclusion d'une convention interdisant les armes nucléaires. À cet égard, le Maroc salue la décision du Secrétaire général de demander au Conseil consultatif sur les questions du désarmement de conduire une étude approfondie pour identifier les problèmes qui entravent le progrès, proposition qui avait été faite par le Maroc lors de la réunion de haut niveau de septembre 2010. Le Maroc appuie en outre la convocation, sans plus tarder, de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement en vue de faire un diagnostic général de toutes les instances onusiennes en charge du désarmement, s'accorder sur des solutions aux problèmes systémiques de la Conférence du désarmement et enfin adapter son agenda aux défis du XXIå siècle.

En attendant, il faut adopter une approche pragmatique et intégrée accordant une attention équilibrée au «décalogue» de la Conférence du désarmement. À cet égard, M. Hilale a rappelé qu'un traité interdisant la production des matières fissiles doit être non discriminatoire, vérifiable et doté d'instruments de gestion des stocks; que les déclarations unilatérales par les puissances nucléaires de l'application du principe de non-utilisation en premier sont insuffisantes et qu'il est essentiel d'engager des négociations pour la conclusion d'un traité contraignant sur les assurances négatives de sécurité qui protégerait les États non nucléaires de la menace nucléaire; que la mise en place des zones exemptes d'armes nucléaires - dont celle du Moyen Orient - est un facteur essentiel dans le processus de non prolifération; que la prévention de l'armement de l'espace extra-atmosphérique est une autre étape importante dans le désarmement nucléaire. Le représentant marocain a fait valoir que le Maroc participé activement aux efforts internationaux de promotion de la cause du désarmement, le pays ayant notamment abrité à Casablanca, au début du mois courant, un séminaire intitulé «Soutenir les négociations pour un traité sur le commerce des armes par des discussions régionales et un partage d'expertise». Rendant compte de ces travaux, M. Hilale a notamment indiqué qu'il s'en est dégagé la conviction générale que la plupart des armes en circulation illicite proviennent des zones de conflits et que le traité contribuera largement à juguler ce fléau et la conclusion rapide des négociations sur le traité a reçu un fort soutient. S'agissant de sa contribution aux efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme nucléaire, M. Hilale a annoncé que son pays organisera, en collaboration avec les États Unis et l'Espagne, un «exercice international simulant la réponse à un acte malveillant impliquant des matières radioactives», du 22 au 25 mars 2011 à Rabat.


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DC11/009F