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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: UNE TRENTAINE DE DÉLÉGATIONS PRÉSENTENT LEURS PRIORITÉS CONCERNANT LA SUITE DES TRAVAUX

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu aujourd'hui une trentaine de délégations qui sont intervenues, à l'invitation du Président, pour présenter leurs positions sur la suite des travaux de la Conférence en vue d’une reprise de l'examen des questions de fond.

Entament cette semaine un mandat de quatre semaines en tant que Président de la Conférence, l'ambassadeur du Chili, M. Pedro Oyarce, a indiqué que la séance plénière officielle d'aujourd'hui serait consacrée à un échange de vues sur les éléments qui pourraient constituer le programme de travail. Il a souligné à cet égard que les réunions qui se sont tenues en début de session sous la présidence canadienne ont permis un débat constructif et de fond, mais qu'il fallait être réalistes, ce débat ne remplacera pas une négociation. M. Oyarce a présenté un calendrier indicatif pour les quatre semaines à venir, invitant à un échange de points de vues aussi interactif que possible et couvrant toutes les questions de fond à l'ordre du jour.

Au cours du débat, les orateurs ont fait remarquer que des documents présentés par le passé, tels que le document CD/1864, qui fournissent une base pour l'élaboration d'un programme de travail pour cette année. Il a aussi été suggéré que, dans l'attente d'un accord sur un programme de travail comprenant des mandats spécifiques pour la mise sur pied d'organes subsidiaires, la Conférence pourrait envisager l'adoption d'un programme de travail simplifié qui serait essentiellement constitué d'un calendrier d'activités. De nombreux orateurs ont dit être disposés à faire preuve de souplesse à cet égard afin de permettre à la Conférence de reprendre des discussions sur les questions de fond. Il a toutefois été souligné que les débats fondés sur un programme de travail simplifié ne sauraient se substituer aux négociations sur les questions de désarmement, qui sont la tâche principale de la Conférence du désarmement.

Tous les intervenants au cours du débat ont exprimé leur sympathie et leurs condoléances à la population et au Gouvernement de la Nouvelle-Zélande suite au tremblement de terre qui a frappé le pays ce matin.

Les pays suivants ont fait des déclarations: Inde, Philippines, Colombie, Brésil, Pérou, Autriche, Pakistan, Sri Lanka, Algérie, Cuba, Chine, Canada, Argentine, Serbie, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Pays-Bas, Iran, États-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Allemagne, Japon, Kenya, République populaire démocratique de Corée, Irlande et Indonésie.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence se tiendra le jeudi 24 février, à 10 heures.


Déclarations

M. PEDRO OYARCE (Chili) Président de la Conférence du désarmement, a d'abord adressé ses condoléances et celles de la Conférence au Gouvernement et à la population de Nouvelle-Zélande après le séisme tragique qui a frappé le pays.

Entamant cette semaine un mandat de quatre semaines comme Président de la Conférence, M. Oyarce a souligné que l'échec de cette Conférence en 2011 serait non seulement un gaspillage de ressources et de possibilités, cela compromettrait l'efficacité des mécanismes multilatéraux de désarmement et de non-prolifération nucléaire. La négociation d'accords multilatéraux et l'amélioration des systèmes existants dans ce domaine demeurent cruciales pour l'établissement d'un climat de confiance dans le système international et la Conférence doit éviter les débats qui la détourneraient de son objectif politique fondamental. Malgré les différences et la diversité d'intérêts légitimes, le Président a constaté un réel désir d'activer les travaux sur les questions de fond.

Le Président a indiqué que la séance plénière officielle d'aujourd'hui serait consacrée à un échange de vues sur les éléments qui pourraient constituer le programme de travail. Il a souligné à cet égard que les réunions qui se sont tenues en début de session sous la présidence canadienne ont permis un débat constructif et de fond, mais il faut être réalistes, ce débat ne remplacera pas une négociation; il faudra une évolution dans les contextes intérieur et extérieur à la Conférence pour activer une volonté politique. Mais le travail entamé sous présidence canadienne peut permettre d'approfondir progressivement les éléments essentiels et critiques s'agissant de chacun des articles de l'ordre du jour.

M. Oyarce a présenté un calendrier indicatif établi par la présidence chilienne pour les prochaines quatre semaines (CD/WP.564) invitant à un échange de points de vues aussi interactif que possible et couvrant toutes les questions de fond à l'ordre du jour. Il s'agit d'une suggestion pour organiser les travaux et donner aux délégations ou leurs experts la possibilité de préparer des interventions. Il a précisé que la répartition du temps pour chaque point de l'ordre du jour est sans préjudice du principe d'égalité de traitement entre tous les points de l'ordre du jour. Il a précisé que les questions de désarmement nucléaire et de matières fissiles seraient examinées en vertu des points 1 et 2 de l'ordre du jour. Conformément à la pratique habituelle, la question du désarmement nucléaire serait examinée en premier, suivie de la question d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Les autres questions seraient examinées en vertu des points 3 à 7, conformément à la pratique des années précédents débats informels sur tous les points.

M. Oyarce a invité les délégations à continuer à utiliser les séances plénières de façon productive et de faire leur l'esprit de qui présidé à la conclusion d'accords qui permis d'assurer une meilleure conjoncture mondiale. C'est probablement l'appel que lanceront de nombreux dignitaires qui s'adresseront la semaine prochaine à la Conférence.

M. HAMID ALI RAO (Inde) a déclaré que son pays accordait une grande importance à la Conférence du désarmement en tant que seule instance multilatérale de négociation sur les questions de désarmement car elle comprend tous les acteurs concernés et son règlement fournit les garanties nécessaires aux États membres que leurs intérêts en matière de sécurité sont pleinement protégés dans le cadre du déroulement des travaux. La vocation principale de la Conférence est la négociation de traités multilatéraux d'application universelle; les débats menés en séance plénière ou lors de réunions informelles ne sont pas un substitut pour les négociations. L'Inde ne ferait pas opposition si un consensus se dégageait sur un programme de travail. Toutefois, s'il n'y a pas consensus, il incombe au Président de poursuivre les consultations pour parvenir au consensus nécessaire sur un programme de travail acceptable pour que la Conférence du désarmement puisse s'acquitter de ses responsabilités. L'Inde continuera de contribuer aux discussions au sein de la Conférence du désarmement dans le but de commencer les travaux sur les questions de fond en parvenant au consensus sur le programme de travail aussi tôt que possible.

M. EVAN P. GARCIA (Philippines) a souligné l'importance que les Philippines accordent à la question centrale des garanties négatives de sécurité, en particulier sur le renforcement des zones exemptes d'armes nucléaires, qui contribuent concrètement à la «vision globale zéro». Les Philippines sont donc favorables à la coopération et au dialogue sur les zones exemptes d'armes nucléaires au sein de la Conférence. Les Philippines sont en outre attachées à la question de l'élargissement de la composition de la Conférence. La dernière phase d'élargissement a eu lieu il ya plus d'une décennie il est donc grand temps que la question soit réexaminée. M. Garcia ont réitéré l'appel en faveur de la nomination d'un rapporteur spécial sur cette question pour faciliter les débats sur l'élargissement de la composition de la Conférence du désarmement.

M. CARLOS ENRIQUE VALENCIA MUÑOZ (Colombie) a déclaré qu'un programme utile et valable de travail était nécessaire pour créer des organes subsidiaires chargés de mandats de négociation. Le programme de travail est un guide pour l'organisation des travaux de la Conférence. Pour sa part, la Colombie fait preuve de souplesse quant à l'approche à adopter, mais le programme de travail ne devrait pas constituer un obstacle au processus et aux travaux de la Conférence. Les membres de la Conférence du désarmement doivent faire preuve de volonté politique, ce qui exige de la flexibilité et des idées ainsi qu'un désir de représenter la volonté collective. Tout le monde devait faire des contributions pour faire avancer les travaux au sein de la Conférence. Les délégations disposent de suffisamment de matière sur laquelle baser leurs travaux, et les négociations devraient donc commencer; c'est la raison d'être de la Conférence du désarmement. La Conférence doit s'acquitter du mandat dont elle est investie afin d'assurer l'avènement d'un monde plus sûr, à l'abri de la menace nucléaire.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a rappelé que le programme de travail doit être établi sur la base de l'ordre du jour de la Conférence du désarmement et qu'il doit être adopté au début de chaque session; il doit inclure un calendrier d'activités pour la session et inclure tous les points inscrits à l'ordre du jour en tenant compte des recommandations formulées par l'Assemblée générale. La feuille de route est là, mais certains États souhaitent entamer des négociations uniquement sur un seul point à l'ordre du jour, et au moins un autre État éprouve des difficultés concernant la proposition de mandat pour ces négociations. Nonobstant, il est toujours utile de rappeler qu'un grand nombre de pays représentés sont prêts à envisager des propositions pour l'ouverture de négociations sur l'une des quatre questions fondamentales de l'ordre du jour ainsi que sur toute autre question liée à l'ordre du jour. M. Soares a rappelé que le but est de promouvoir efficacement le désarmement nucléaire.

M. FERNANDO ROJAS (Pérou) a estimé que la Conférence devrait se saisir de tous les points de l'ordre du jour en séance plénière d'une manière qui permettrait d'aller au-delà d'un simple échange de vues et de l'expression des positions et opinions de chacun. Ainsi, les délégations pourraient entamer sans retard l'examen des points 1 et 2 de l'ordre du jour en portant leur attention sur le désarmement nucléaire et la question des matières fissiles. Afin de mieux utiliser le temps à disposition et de mieux organiser les débats, la Conférence pourrait s'appuyer sur les propositions existantes sur le désarmement nucléaire, telles que celles mises en avant par le Costa Rica et la Malaisie ou toutes autres propositions qui pourraient être utiles, telles que celles qui avaient déjà été avancés par d'autres pays sur les matières fissiles. La Conférence dispose déjà d'une très bonne base à partir de laquelle elle peut ainsi commencer ses travaux avant de se saisir des deux autres questions fondamentales dont elle est saisie.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a rappelé que la Conférence du désarmement était parvenue au consensus sur un programme de travail en 2009. L'Autriche soutient l'adoption d'un programme de travail similaire, intégrant également des propositions ultérieures. Un programme de travail sert à permettre des négociations de fond, et non à préjuger de leur issue. Comme ailleurs, la valeur des décisions prises au sein de la Conférence est déterminée par les actions ultérieures, les actes réels qui font suite aux annonces. Il a donc exprimé l'espoir de sa délégation que les membres de la Conférence seront non seulement d'accord pour parvenir à un programme de travail dès que possible, mais aussi pour sortir la Conférence de l'impasse en mettant fidèlement en œuvre ce programme. L'Autriche est prête à soutenir le président de la Conférence et les efforts des six présidents de la session de 2011 (le P6) à cet égard.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a déclaré la Conférence du désarmement n'avait pas fonctionné dans le vide et que son travail dépendait de sa capacité à répondre aux intérêts de sécurité de chacun de ses membres. Le Pakistan partage pleinement la volonté des autres membres de la Conférence de commencer les travaux sur les questions de fond. Les autres délégations doivent aussi reconnaître que l'impasse n'est pas récente mais date de 12 ans et qu'elle est la conséquence des considérations de sécurité d'au moins un État qui fait en sorte que la Conférence du désarmement ne soit parvenue à aucun progrès substantiel durant toutes ces années. Le Pakistan a clairement exposé ses raisons pour retarder le début des négociations sur un traité production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement, mais n'a cessé d'affirmer qu'il était prêt à commencer le travail de fond et les négociations sur d'autres questions fondamentales de l'ordre du jour tels que le désarmement nucléaire, les garanties de sécurité négatives et la prévention d'une course aux armements dans l'espace. La Conférence du désarmement n'est pas là pour négocier uniquement sur les matières fissiles et les délégations ne devraient pas permettre que des différends sur les matières fissiles bloquent les négociations sur d'autres questions fondamentales de l'ordre du jour. La Conférence doit s'engager dans des négociations sur les questions pour lesquelles un consensus est possible. Si le Pakistan s'est déjà expliqué sur ses positions, il n'a pas entendu d'explications claires pour lesquelles les négociations sur le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité et la prévention d'une course aux armements dans l'espace ne pouvaient pas commencer.

MME SAROYA SIRISENA (Sri Lanka) a déclaré que la Conférence était à la croisée des chemins, ses Membres devraient continuer de déployer des efforts concertés pour parvenir à un accord rapide sur un programme de travail pour cette année. Un débat ouvert et transparent sur le programme de travail permettrait ainsi au Président de la Conférence d'identifier les éléments d'un projet de programme de travail. Mme Sirisena a suggéré que le Président mène des consultations sur les éléments constitutifs d'un projet de programme de travail en vue de parvenir à un consensus, tout en tenant compte des préoccupations de toutes les délégations. Afin de continuer à préserver le rôle unique de la Conférence du désarmement, il est vital qu'elle commence ses travaux sur les questions de fond sur la base d'un programme de travail complet et équilibré. Sri Lanka est d'avis que les débats spécifiques sur chacun des points de l'ordre du jour peuvent et doivent contribuer à une meilleure compréhension des positions de chacun, ce qui pourrait renforcer les efforts pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a relevé que, malgré les efforts de sensibilisation sur les dangers croissants qui menacent la sécurité collective, la Conférence reste bloquée dans une impasse. Le défi des armes nucléaires pour la paix et la sécurité reste présent et l'Algérie souhaiterait que la Conférence joue un rôle majeur pour un monde libre de toutes les formes de guerre, de destruction et de génocide. Il faut une action collective pour faire face à ces dangers qui prennent en compte la responsabilité des membres de la Conférence qui doivent être à la hauteur de leur tâche pour répondre aux préoccupations de sécurité de la communauté internationale tout en rejetant toute approche égoïste. La Conférence a engagé un dialogue fructueux s'agissant des points de l'ordre du jour et l'Algérie souhaite que ce dialogue puisse se poursuivre d'une manière qui permettrait de poursuivre les négociations. Il ne s'agit pas de parvenir à un programme de travail juste pour donner l'impression que les délégations travaillent, mais plutôt de travailler vraiment en faveur de la sécurité collective pour renforcer la confiance et dissiper les craintes.

M. JUAN ANTONIO QUINTANILLA (Cuba) a plaidé pour la souplesse nécessaire sur la base du règlement intérieur et d'un dialogue constructif pour adopter un vaste programme de travail équilibré qui tienne compte de toutes les véritables priorités en matière de désarmement et de maîtrise des armements. Cuba estime que la principale priorité devrait être le désarmement nucléaire et l'élimination totale des armes nucléaires dans un délai déterminé et sous un contrôle international strict. Cuba s'inquiète que les négociations sur les matières fissiles aient été politisées par les pays occidentaux. Des mesures plus importantes doivent être prises sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace et des mesures urgentes devaient être prises pour mettre en place un traité dans ce domaine.

M. WANG QUN (Chine) a déclaré que la Chine appuie pleinement les propositions de la présidence pour la suite des travaux au sein de la Conférence. En ce qui concerne le programme de travail, son importance est évidente: il reflète l'engagement explicite de la part de toutes les délégations à l'égard des travaux de la Conférence, il est la base des travaux de la Conférence afin qu'elle puisse s'acquitter de son mandat et offre des garanties pour le bon déroulement des travaux. Les délégations devraient profiter de l'élan constaté au début des travaux de cette année et œuvrer à mettre de côté leurs différences afin d'adopter un programme de travail dès que possible. À cette fin, elles doivent prêter attention aux points suivants: identifier les domaines de consensus, traiter tous les points d'une manière équilibrée et se concentrer sur l'impact réel des travaux qui sont menés, plutôt que de s'enliser dans la formulation des documents.

M. GEOFF GARTSHORE (Canada) a déclaré que le Canada a compris l'importance que de nombreuses délégations accordent à l'adoption d'un programme de travail avec un mandat de négociation. La Conférence du désarmement est, après tout, un organe de négociation. Néanmoins, plusieurs États membres ont envisagé l'adoption d'un programme de travail simplifié, sans organes subsidiaires ou mandats. En effet, jusqu'en 1997, la Conférence du désarmement a adopté un tel calendrier d'activités simples dans le cadre de son programme de travail. Cela était conforme à la décision adoptée par la Conférence du désarmement il ya plusieurs années, en août 1990. L'adoption d'un programme de travail simplifié ne permettra pas, en soi, de résoudre la question des mandats. Les mandats des organes subsidiaires devront encore faire l'objet d'un accord. S'il y a une volonté politique de négocier, la Conférence pourrait entamer des négociations soit en adoptant un programme de travail avec un mandat de négociation, ou un simple programme de travail et une décision ultérieure ou un ensemble de décisions. La délégation canadienne est pour sa part disposée à examiner toute proposition, ou un ensemble de propositions, qui permettrait à la Conférence d'entamer des négociations sur ce que le pays considère comme la suite logique aux mesures de non-prolifération et de désarmement: un traité d'interdiction de la production de matières fissiles.

M. HÉCTOR RAÚL PELEAZ (Argentine) a déclaré qu'il était devenu clair que le consensus obtenu en 2009 était fragile, mais cela ne devrait pas décourager les membres de la Conférence. Une des priorités devrait être de poursuivre les négociations sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération au sein de cette instance; l'Argentine soutien de telles mesures pour poursuivre les travaux. Même sans négociations, si l'on pouvait disposer d'interactions qui conduisent à des mesures concrètes dans ce sens, l'Argentine appuierait un programme simplifié de travail portant sur les quatre questions centrales.

M. UGLJEŠA ZVEKIÆ (Serbie) a salué les efforts du Président sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence. Il a également remercié les groupes et les membres de la Conférence du désarmement qui ont exprimé leur appui à l'examen de la question de l'élargissement. Encore une fois, le seul souhait des pays observateurs intéressés était d'entamer des discussions sur cette question sans préjuger des résultats. L'appel à la nomination d'un rapporteur spécial avait pour but de favoriser l'examen de la question de l'élargissement. La Serbie appuie par ailleurs les efforts menés par le Président pour chercher à faire avancer les travaux de la Conférence. Malheureusement, elle n'a pas encore été en mesure d'adopter ou de mettre en œuvre un programme de travail et la Serbie l'encourage à le faire à la première occasion.

M. MICHAEL COMBRINK (Afrique du Sud) s'est dit particulièrement encouragé par quelques-unes des suggestions qui ont été faites au cours des trois dernières semaines visant à permettre à la Conférence de reprendre ses travaux sur les questions de fond. Il faut reconnaître que document CD/1864 sur le programme de travail, n'a pas permis une reprise des travaux. À en juger par le débat de cette année, la situation ne semble pas avoir changé. L'an dernier, la délégation sud-africaine a mis en garde contre les formulations qui viseraient à imposer un carcan à la Conférence. Il ne s'agit pas de minimiser la percée importante réalisée en 2009. La délégation sud-africaine souhaite faire preuve de souplesse concernant toute approche qui permettrait à la Conférence de faire des progrès. À cet égard, elle serait prête à envisager un programme de travail pour 2011 qui contiendrait un simple calendrier de réunions ou qui créerait des organes subsidiaires pour traiter les points à l'ordre du jour sans la nécessité d'élaborer au préalable un mandat de négociation. Le représentant a exprimé l'espoir que les membres de la Conférence feront de nouveau preuve de la volonté politique nécessaire et de suffisamment de souplesse pour leur permettre d'aller de l'avant.

M. RETO WOLLENMANN (Suisse) a déclaré que la Suisse estime bien fondée une approche simplifiée. En fait, sa délégation appuierait un programme de travail constitué simplement d'un calendrier des activités sans entrer dans l'élaboration de mandats complexes et interdépendants. La Suisse partage l'avis selon lequel la focalisation excessive sur les mandats n'a pas du tout été bénéfique pour la Conférence du désarmement. En fait, le programme de travail est interprété comme un document complexe qui doit être négocié, donnant un droit de veto de facto à l'un des 65 membres qui voudrait retarder les travaux sur les questions de fond sur l'une des questions dont est saisie la Conférence. Au lieu de négocier un programme de travail, la Conférence du désarmement devrait simplement établir un tel programme et l'adopter. Un programme simplifié de travail pourrait être un moyen de sortir de l'impasse actuelle. La Conférence du désarmement doit établir les groupes de travail appropriés et entamer dès à présent ses travaux. Compte tenu de son statut unique, la Conférence du désarmement et tous les États membres portent une responsabilité particulière à cet égard, a rappelé le représentant suisse.

MME MARÍA ANTONIETA JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a estimé que le programme de travail devrait se composer d'un calendrier simplifié des réunions sans avoir besoin de négociations préalables. Le Mexique serait disposé à soutenir un tel programme de travail simplifié. Chaque point de l'ordre du jour soit être examiné sur la base de ses propres mérites, sans idées préconçues quant à l'issue des négociations. La Conférence doit négocier sur tous les points de l'ordre du jour, mais tout en accordant la priorité au désarmement nucléaire, le Mexique appuie l'adoption d'un programme de travail équilibré et ne s'opposera pas à un consensus. Aucune des propositions présentées au cours des 15 dernières années n'a jamais été mis en œuvre il est donc important d'envisager de nouvelles voies pour trouver des solutions.

M. PAUL VAN DEN IJSEEL (Pays-Bas) a déclaré que l'approche néerlandaise s'agissant d'un accord sur le programme de travail est pragmatique: le programme de travail n'est pas un objectif en soi, il s'agit d'un simple outil pour faciliter les travaux et ne doit pas devenir un obstacle. Si la Conférence peut s'entendre sur un programme de travail sans y établir de mandats, les Pays-Bas le soutiendraient. La Conférence n'est pas liée par la formulation des documents adoptés précédemment, même si les Pays-Bas estiment que ces documents offent la meilleure voie à suivre. M. van den Ijseel a assuré que sa délégation ferait preuve de souplesse tout en restant pragmatique. Les Pays-Bas auraient du mal à soutenir un programme de travail qui manquerait de substance et ne rapprocherait pas la Conférence du début de négociations, mais sont disposés à accepter un calendrier simplifié des activités.

M. MOHAMMAD HASSAN DARYAEI (Iran) a estimé qu'un programme complet et équilibré de travail permettant à la Conférence du désarmement d'entamer des négociations sur les quatre questions centrales pourrait servir au mieux les besoins de la Conférence ainsi que les préoccupations de sécurité pour la communauté internationale tout entière. Le désarmement nucléaire reste la question prioritaire de la délégation iranienne et la Conférence du désarmement devrait se mettre d'accord sur la création d'un comité spécial chargé d'entamer des négociations sur le désarmement nucléaire dès que possible; le programme de travail devrait fournir un mandat de négociation sur cette question. L'élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l'utilisation ou la menace d'utilisation de ces armes. L'Iran appuie le lancement de négociations au sien de la Conférence sur un traité juridiquement contraignant pour interdire totalement toute possibilité d'attaque depuis l'espace, toute guerre dans l'espace ou toute militarisation de l'espace. Sur les matières fissiles, l'Iran les questions des stocks et de la vérification doivent être couvertes par un éventuel traité. La production passée et les stocks existants ainsi que la production future de matières fissiles pour des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires doivent être couverts par la portée de tout traité portant sur les matières fissiles. Toute négociation d'un traité qui ne comprenne pas les stocks seraient vains.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a dit qu'elle avait noté avec intérêt les observations formulées par les collègues d'autres pays, en particulier les observations formulées par le représentant des Pays-Bas qui a noté que le programme de travail était un outil et non un moyen de sa propre finalité. Mme Kennedy est également encouragée par certains des autres commentaires qui ont été faits. Les États-Unis appuient sans réserve le président de la Conférence et attend avec impatience la reprise du travail de fond.

MME JO ADAMSON (Royaume-Uni) a déclaré qu'il semblait y avoir peu de voix dissidentes pour dire que les points énumérés dans le document CD/1864 ne sont pas ceux qui retiennent le plus l'intérêt des délégations. Il faut vraiment se mettre au travail et il est donc important de ne pas s'enliser dans des discussions sur le programme de travail et l'ordre du jour. Le Royaume-Uni est disposé à travailler avec les autres membres pour aller de l'avant; il faut donc éviter tout blocage. Il est temps de consacrer désormais tous les efforts à la «guérison» de la Conférence et le président de la Conférence est «le chirurgien qui nous guidera» dans ces efforts.

MME DELL Ligie (Nouvelle-Zélande) a remercié tous les participants pour les manifestations de sympathie et de soutien à la Nouvelle-Zélande après le tremblement de terre qu'a subi le pays aujourd'hui. Elle a ensuite souligné que les membres de la Conférence doivent maintenant faire la preuve que les ressources investies dans ses travaux sont justifiées. La Nouvelle-Zélande se félicite des propositions offrant la perspective de traiter de façon substantielle la question des matières fissiles et tous les autres points à l'ordre du jour. Mme Ligie a déclaré que la Nouvelle-Zélande est d'accord pour sire qu'il n'est pas fondamentalement indispensable que le programme de travail contienne un mandat détaillé pour le travail de la Conférence. Si un calendrier simplifié est la meilleure façon de se remettre au travail, la Nouvelle-Zélande l'appuiera sans réserve.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) a déclaré que le but de la Conférence du désarmement était de négocier des instruments sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Le problème est qu'il n'y a pas d'accord sur les thèmes de négociation et que l'on est face à des approches et des priorités différentes quant aux questions que les délégations considèrent comme «mûres» pour une négociation. Pendant ce temps, la Conférence s'est engagée dans de bonnes discussions, mais l'accent des travaux de la Conférence doit de nouveau être mis sur les négociations; les débats ne saurait les remplacer. La délégation allemande souhaite travailler sur la base des documents adoptés précédemment, mais est également disposée à examiner d'autres possibilités comme un programme de travail simplifié qui se composait d'un calendrier des activités, à condition que cela conduise à un processus devant mener à des négociations. La transparence dans ce processus est indispensable, a estimé le représentant allemand.

M. AKIO SUDA (Japon) a déclaré qu'un calendrier simplifié des activités serait une alternative é laquelle la Conférence pourrait recourir pour poursuivre ses travaux, mais cette approche ne saurait se substituer à la nécessité de définir des mandats pour entamer les travaux sur les questions de fond. Même si les délégations sont d'accord sur un programme de travail simplifié, il faut réfléchir à deux aspects: premièrement, ils faut continuer de discuter et convenir d'un mandat pour mettre en place les organes subsidiaires nécessaires, et deuxièmement, il faut faire preuve de souplesse. La délégation du Japon a toujours estimé que les documents CD/1864 et CD/1889 devraient être la base pour le genre d'accord qu'ils faut rechercher au cours de cette année pour relancer les travaux sur les questions de fond.

M. TOM MBOYA OKEYO (Kenya) a estimé que les débats menés en début de session avaient contribué à un approfondissement de la compréhension des positions, des priorités et des préoccupations des États. Les propositions qui ont été faites pourraient servir de cadre à des discussions de fond. Malheureusement, la Conférence n'est pas encore parvenue à progresser pour établir un programme de travail, sans lequel tout effort serait vain. Le Kenya appelle à s'appuyer sur l'élan créé sous la présidence canadienne. Pour sa part, la délégation du Kenya continuera de faire preuve de souplesse.

M. JON YONG RYONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que le problème avec le programme de travail ne réside pas dans les procédures ou les méthodes de travail de la Conférence, mais dans le fait qu'il se heurte à des obstacles politiques. Il a exprimé l'espoir que les délégations feront preuve de la volonté politique nécessaire pour permettre à la Conférence du désarmement d'aller de l'avant.

M. JAMES C. O'SHEA (Irlande) a déclaré que l'Irlande avait soutenu le document CD/1864, qui était un compromis accepté l'en dernier par tous les États. L'Irlande souhaite examiner d'autres approches si elles visent à rapprocher la Conférence d'un retour à ses travaux sur les questions de fond. Dans le passé, la Conférence a adopté des programmes de travail simplifiés adoptés sans mandats. Mais un tel programme de travail simplifié ne fait pas en sorte que tous les problèmes disparaissent; cette focalisation excessive sur le programme de travail crée un obstacle à l'activité réelle et au fonctionnement de la Conférence du désarmement, et les délégations se doivent de se concentrer sur le nécessaire travail sur les questions de fond. M. O'Shea n'était pas convaincu que la négociation avec les groupes régionaux était le meilleur moyen d'assurer la transparence et l'ouverture.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a déclaré avoir écouté avec intérêt les déclarations faites par les délégations qui ont appuyé un programme de travail simplifié. L'Algérie a certaines questions relatives à cette tendance, à savoir si l'adoption d'un programme simplifié signifie que l'on abandonne le Mandat Shannon et que l'on recommence à zéro.

MME ETIKA JUNIATI YUSTISIANINGRUM (Indonésie) a déclaré que le projet de programme de travail proposé par l'ambassadeur du Brésil en 2010 constituait une bonne base de négociation, permettant aux délégations de mener des négociations de manière transparente. Le désarmement nucléaire est de la plus haute priorité et l'Indonésie continuera de soutenir le Président de la Conférence dans ses efforts.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a déclaré que la Conférence avait beaucoup parlé, mais avait produit peu de documents. Elle est saisie d'un programme de travail, mais ne parvient pas à obtenir un consensus pour son adoption. Si les délégations pouvaient s'entendre sur un format en vue d'une version simplifiée du programme de travail, cela pourrait bien fonctionner, mais M. Ordzhonikidze a dit qu'il serait très intéressé de voir les États membres qui ont soulevé cette question présenter leurs idées sur papier afin de clarifier leur position concernant un programme de travail simplifié.

M. PEDRO OYARCE (Chili), Président de la Conférence du désarmement a remercié les délégations pour leurs contributions et a indiqué qu'il tiendrait la Conférence informée de l'avancement de la situation s'agissant de du programme de travail. Il a relevé que des délégations se sont inquiétées de liens excessifs entre les mandats, et il a exprimé l'espoir de pouvoir, avec tous les présidents de la session de 2011, générer cette année une dynamique qui permettait de progresser vers un programme de travail qui comprenait tout le monde et n'exclurait personne.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC11/011F