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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT REPREND SES TRAVAUX EN ÉVOQUANT LES BOMBARDEMENTS DE HIROSHIMA ET NAGASAKI

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu ce matin sa première séance publique après une suspension de trois semaines dans ses travaux, entamant ainsi la troisième et dernière partie de sa session de 2010.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Gancho Ganev de Bulgarie, a indiqué que pendant la période intersessions, il avait mené des consultations bilatérales avec un grand nombre de délégations sur la base de la dernière proposition du projet qui avait été soumis par le Brésil le 8 juillet dernier (document CD/1889). À l'heure actuelle, la Conférence n'est toujours pas en mesure de parvenir à un consensus sur un programme de travail, a annoncé le Président, qui a indiqué qu'il poursuivrait ses efforts en vue de parvenir à un compromis. Il a par ailleurs souligné l'intérêt croissant des délégations pour la réunion de haut niveau sur le désarmement qui se tiendra à New York en septembre prochain, et dont l'objectif est notamment de relancer les travaux de la Conférence du désarmement. M. Ganev a indiqué qu'il organiserait une réunion informelle, à laquelle pourront participer les membres et observateurs de la Conférence du désarmement, afin de permettre un échange de vues sur cette réunion de haut niveau.

Le représentant du Japon, M. Akio Suda, a rappelé que cette année marquait le soixante-cinquième anniversaire des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Le 6 août pour Hiroshima et le 9 août pour Nagasaki sont commémorés au Japon pour se souvenir de ces tragédies et renouveler la détermination du pays à parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires. Il a souligné que cette année, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, avait assisté à la cérémonie d'Hiroshima et visité Nagasaki; c'est le premier voyage de ce genre par un Secrétaire général de l'ONU. Le Japon a été honoré par sa présence et encouragé par son engagement manifeste en faveur du désarmement nucléaire. M. Suda a ajouté que si un soutien de haut niveau est d’une grande valeur, il ne faut pas oublier l'importance du soutien populaire.

Le représentant japonais a souligné que le 6 et le 9 août ne devraient pas, cependant, être réservés au souvenir, mais être l'occasion également de faire le point sur les progrès réalisés dans les efforts pour parvenir à l'élimination totale des armes nucléaires. Ainsi, on constate depuis l'an dernier des avancées significatives, mais il faut aussi reconnaître que beaucoup reste à faire: il y aurait encore quelque 25 000 armes nucléaires; certains pays n'ont pas adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires; les armes nucléaires continuent de jouer un rôle de premier plan dans les stratégies de sécurité nationale des États qui en sont dotés; certains États présentent toujours de graves problèmes de prolifération : le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n'est toujours pas entré en vigueur et les négociations tant attendues sur un traité d’interdiction des matières fissiles n'ont pas encore commencé. À ce stade critique pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération, la Conférence du désarmement porte une responsabilité particulière pour relancer ses travaux de fond sur les questions essentielles, y compris les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Mais la Conférence se trouve dans un état de stagnation grave. De l'avis du Japon, l'impasse actuelle résulte d'une mauvaise compréhension de la règle du consensus. M. Suda a expliqué que cette règle avait été établie pour la promotion de la coopération, et non pas pour empêcher ou bloquer une telle coopération. Les membres de la Conférence doivent redoubler d'efforts pour trouver un moyen raisonnable et constructif de commencer les travaux de fond dès que possible.

Le représentant de Cuba, M. Rodolfo Reyes Rodríguez, s'est associé à l'hommage rendu par le représentant du Japon aux victimes des attaques nucléaires contre les habitants de Hiroshima et Nagasaki, des actions qui auraient pu être évitées. Il a salué, par la même occasion, la mémoire de toutes les victimes des guerres de conquête, en particulier celles motivées par des objectifs colonialistes et impérialistes. Cuba réaffirme que la recherche de solutions négociées au niveau multilatéral et la nécessité de conclure des accords collectifs sont le seul moyen de préserver la paix et la sécurité. Il faut aussi prendre des mesures pour mettre fin à la paralysie qui a marqué la Conférence ces dernières années. Cuba est favorable à la reprise des travaux de fond de la Conférence du désarmement en adoptant et en mettant en œuvre un programme de travail qui comprenne tous les points de l'ordre du jour. Cuba lance un appel en faveur de la souplesse nécessaire, dans le respect des règles de procédure et du dialogue constructif, afin de parvenir à l'adoption d'un programme de travail complet et équilibré, tenant compte de toutes les véritables priorités en matière de désarmement et de contrôle des armements.

Cuba estime que l'utilisation des armes nucléaires constitue un acte illégal, totalement immoral et ne peut être justifié en aucune circonstance ni sur la base d'aucune doctrine de sécurité; son utilisation constituerait une violation flagrante des normes internationales relatives à la prévention du génocide. C'est pourquoi Cuba estime, avec de nombreux autres pays, que le désarmement nucléaire doit être la principale priorité de la Conférence, et appuie la création d'un comité spécial pour négocier un instrument en vue de la mise en place d'un programme progressif d'élimination totale des armes nucléaires selon un calendrier déterminé et sous un contrôle international strict. Cuba rejette la volonté de certains acteurs d'ignorer ou minimiser la pertinence du désarmement nucléaire et d'imposer une approche sélective de la non-prolifération. S'agissant d'un éventuel traité d'interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires, si Cuba ne s'y oppose pas, elle est préoccupée par l'analyse sélective et politisée dont fait l'objet cette question, sachant qu’elle concerne essentiellement les intérêts des pays occidentaux. Cuba réitère sa préoccupation en ce qui concerne les conséquences négatives de la mise au point et du déploiement d'une défense antimissiles et la menace que représente le placement d’armes dans l'espace. Il est nécessaire de franchir de nouvelles étapes dans ce domaine et Cuba soutient la mise en place urgente d'un comité spécial pour entamer des négociations sur un instrument sur la prévention de la militarisation de l'espace.

Le représentant de l'Algérie, M. Idriss Jazaïri, a souligné l'importance particulière des tragédies d'Hiroshima et de Nagasaki pour les membres de la Conférence. Le Japon, seul pays à avoir été victime d'attaques nucléaires, a une responsabilité particulière de garder vivante cette mémoire. C'est aussi la responsabilité d'autres pays, tels l'Algérie, qui ont été exposés au rayonnement de dispositifs nucléaires. La Conférence a la capacité de négocier des instruments pour éviter que cela ne se reproduise. Il s'agit d'une responsabilité collective. Le représentant algérien a par ailleurs estimé qu'en qualifiant de «mûre» la question qu'ils privilégient, certains membres de la Conférence tentent d'introduire la sélectivité. Pour sortir de l'impasse actuelle, il faut faire un effort afin d’avancer simultanément et non de façon sélective sur les différents points qui ont un importance pour l'un ou l'autre membre de la Conférence.


Le Conférence du désarmement tiendra sa prochaine séance plénière publique mardi prochain, le 17 août, à 10 heures.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC10/032F