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DÉBAT SUR LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DE SEPTEMBRE SUR LA REVITALISATION DES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu ce matin, plusieurs délégations s'exprimer sur le Sommet de haut niveau sur la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement et l'intensification des négociations multilatérales dans le domaine du désarmement, qui se tiendra le 24 septembre à New York à l'invitation du Secrétaire général des Nations Unies.

Plusieurs délégations ont appuyé l'initiative du Secrétaire général de convoquer cette réunion, dont elles ont estimé qu'elle était à même de dynamiser les travaux de la Conférence. Il a également été souligné que les difficultés rencontrées par la Conférence sont liées à une évolution de la situation internationale, et ne sont pas le fait de cette instance. D'autres intervenants ont exprimé des réserves quant à l'utilité d'une réunion d'une journée pour tenter de régler les problèmes que connaît la Conférence du désarmement depuis plus de 10 ans. Il a été suggéré, notamment par le Brésil, l'Algérie et le Pakistan, que pourrait être convoquée, dans la foulée, une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement - la troisième s'est tenue à New York en juin 1988.

Les délégations ont affirmé leur attachement à la Conférence du désarmement en tant qu'instance de négociation multilatérale dans le domaine du désarmement et ont souhaité que la réunion de haut niveau confirme le rôle de la Conférence. Face à l'inquiétude que les négociations dans le domaine du désarmement et de la limitation des armements pourraient se dérouler au sein d'autres instances si la Conférence ne parvenait pas à sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve, certains ont souhaité que la réunion soit l'occasion pour la communauté internationale de se prononcer contre l'établissement de négociations parallèles sur les questions de désarmement.

À cet égard, le Secrétaire général de la Conférence, M. Sergei Ordzhonikidze, à titre de représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU auprès de la Conférence du désarmement, a souligné que la réunion de haut niveau sera une occasion unique de donner un élan politique en appui à la Conférence du désarmement grâce à une participation de haut niveau. Il a mis en garde la Conférence contre les risques que les débats multilatéraux sur les questions de désarmement et de sécurité internationale ne soient bientôt menés dans le cadre d'«instances parallèles».

Certaines délégations ont déploré les interventions faites ce matin brandissant la menace que les négociations dans le domaine du désarmement se poursuivent au sein d'autres instances si la Conférence ne commençait pas des négociations sur des questions jouissant de l'appui de certains.

Le Président de la Conférence M. Gancho Ganev, a indiqué qu'il consulterait les groupes régionaux en vue de prendre une décision sur la tenue d'une réunion de consultations officieuses sur les préparatifs de la réunion du 24 septembre à New York.

Ont pris la parole ce matin les représentants des pays suivants: Turquie, Brésil, Algérie, Pakistan, Canada, Syrie, Serbie, Royaume-Uni, États-Unis, Maroc, Allemagne, Irlande, Suède, Pays-bas, Ukraine, République de Corée, Norvège, Mexique, Italie, Fédération de Russie, Suisse, Cuba, France, Inde, Colombie, Brésil, Iran et Australie.


La date de la prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement sera annoncée ultérieurement.

Déclarations

M. OĞUZ DEMIRALP (Turquie) a indiqué qu'en tant que nouveau venu au sein de la Conférence, il ne connaît d'autre voie que la voie diplomatique pour atteindre l'objectif ambitieux du désarmement et a souligné le rôle de la Conférence à cette fin. Il a en outre exprimé sa sympathie à l'égard du Pakistan pour les difficultés auxquelles ce pays est actuellement confronté.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a souligné qu'il pouvait être utile pour le Secrétaire général des Nations Unies de recevoir des contributions de la Conférence sur les questions qui seront abordées lors de la réunion ministérielle qui se tiendra à New York le 24 septembre prochain sur la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement et l'intensification des négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. D'abord, le Brésil considère comme essentielle l'existence d'un forum multilatéral permanent - la Conférence du désarmement - pour la négociation des questions de désarmement. Par ailleurs, le Brésil estime que l'impasse persistante dans laquelle se trouve la Conférence s'agissant de l'adoption d'un programme de travail a des incidences directes sur la crédibilité de la Conférence ainsi que sur l'ensemble des mécanismes consacrés à la négociation et aux débats de fond sur des sujets qui sont au cœur de l'agenda international en matière de sécurité. Étant donné le résultat positif de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, on était en droit de s'attendre à ce que la conférence maintienne l'élan politique et entame des travaux de fond en particulier sur un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles, de même que sur les questions telles que la prévention d'une course aux armements dans l'espace et les garanties négatives de sécurité. Le Brésil considère que la réunion de haut niveau devrait exprimer un véritable soutien aux activités de la Conférence du désarmement, empêcher la mise en place de négociations parallèles sur les questions qui relèvent du mandat principal de la Conférence et promouvoir un ordre du jour axé sur le désarmement et de non plus seulement sur la non-prolifération. Le Brésil nourrit l'espoir que la Conférence du désarmement récupèrera l'énergie dont elle a fait preuve dans la négociation des instruments sur l'interdiction des armes biologiques et chimiques et sur l'interdiction des essais nucléaires.

Enfin, M. Macedo Soares a déclaré que pour le Brésil, une étape logique pour surmonter les blocages pourrait être la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, seule à même de permettre un examen équilibré et global de l'ensemble des mécanismes multilatéraux dans le domaine du désarmement. Pour sa part, la délégation du Brésil est disposée à continuer à coopérer pour la réussite de l'initiative du Secrétaire général.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a souhaité plein succès au nouvel Ambassadeur de Turquie dans ses nouvelles fonctions. Évoquant la réunion de haut niveau du 24 septembre prochain, il a souligné que la convocation de cette réunion est due à l'incapacité de la Conférence du désarmement de passer au stade des négociations. Utiliser le terme de «revitalisation» dans l'intitulé de cette réunion ne semble pas adéquat car cela donne l'impression que la Conférence du désarmement somnole, alors que les membres de la Conférence ont toujours déployé les efforts nécessaires pour parvenir à un programme de travail – programme qui a même été adopté en 2009; malheureusement, des événements extérieurs à la Conférence intervenus à l'époque ont perturbé cet équilibre fragile et la situation perdure jusqu'à cette année. Le problème est lié aux développements sécuritaires interétatiques et à la sélectivité dont font preuve certains États dotés de l'arme nucléaire en matière de non-prolifération.

Il faudrait s'abstenir de recourir à des instances parallèles pour mener des négociations et éviter toute approche sélective consacrant les priorités et soucis des uns au détriment de ceux d'autres États, a souligné M. Jazaïry. Il faudrait par exemple cesser de déclarer qu'une question est «mûre» pour la négociation, alors que cette affirmation procède d'une évaluation subjective de certains États, a-t-il insisté. Il a estimé que le résumé que préparera le Secrétaire général de l'ONU après cette réunion du 24 septembre prenne en compte toutes les priorités et tendances exprimées et ouvre des perspectives prometteuses pour le renforcement de la paix et de la sécurité, a-t-il poursuivi. Les mécanismes de suivi qui seront proposés ne devraient pas porter atteinte à la Conférence du désarmement et devraient au contraire renforcer sa crédibilité en tant qu'unique instance multilatérale de négociation pour les questions de désarmement. M. Jazaïry a plaidé en faveur de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Secrétaire général de la Conférence du désarmement, a souligné, à titre de représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU auprès de la Conférence du désarmement, que la réunion de haut niveau sera une occasion unique de donner un élan politique en appui à la Conférence du désarmement grâce à une participation de haut niveau. Il a constaté que les groupes régionaux à la Conférence du désarmement étaient favorable à cette réunion. Le but de cette réunion du 24 septembre est de redonner vie aux travaux de la Conférence du désarmement en permettant de faire progresser les négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. Cette réunion sera la réunion du Secrétaire général de l'ONU puisque c'est lui qui invite tous les États au niveau de ministre des affaires étrangères - ou à un niveau plus élevé - pour apporter l'élan politique indispensable à la Conférence du désarmement. Tous les États membres des Nations Unies pourront y participer. À l'issue de cette réunion, le Secrétaire général présentera dans un résumé son propre point de vue ainsi que les positions de tous les pays. Le Secrétaire général pourrait ensuite transmettre ce résumé au Président de l'Assemblée générale ou encore le faire distribuer, a déclaré M. Ordzhonikidze. Il a ajouté qu'il n'avait connaissance d'aucune «négociation parallèle» sur ce point.

Quant à la tenue d'une éventuelle session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, le Secrétaire général de la Conférence a rappelé qu'il s'agissait d'une prérogative de l'Assemblée générale et non de la Conférence du désarmement. Il a en outre estimé que la Conférence du désarmement n'avait pas de contribution à apporter à la réunion du 24 septembre. Il a assuré que le Secrétariat de l'ONU ne prenait pas partie et que son seul rôle est de promouvoir le travail des Nations Unies.

M. Ordzhonikidze a ajouté qu'à son avis, si la Conférence n'est pas en mesure de reprendre ses travaux, des mécanismes parallèles et les réunions pourraient être mis en place. «Lorsque l'on ne parvient pas à des résultats, quelqu'un d'autre le fait à notre place». M. Ordzhonikidze a déclaré qu'à son avis, à sa prochaine session, la Conférence «ne disposera plus que d'un an au maximum», estimant que «quelqu'un d'autre organisera des réunions parallèles, des consultations ou des discussions d'ici là». Ce serait un coup dur pour lui personnellement, en tant que Secrétaire général de la Conférence du désarmement. Les États membres devraient commencer à se mettre à l'œuvre et il a exprimé l'espoir qu'avec l'appui de toutes les délégations, leurs efforts seront couronnés de succès. La Conférence a passé trop de temps sans rien faire, les membres de la Conférence doivent se hâter.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a indiqué partager les opinions exprimées par l'Algérie et le Brésil à propos de la réunion de haut niveau prévue pour le 24 septembre à New York. Cette proposition visant à tenir cette réunion de haut niveau est une idée «inaboutie», tant au plan de la procédure que du fond, a-t-il estimé. Du point de vue de la procédure, M. Akram a indiqué ne pas voir comment une réunion d'une demi-journée pourra parvenir à des conclusions de poids de nature à redonner vie aux travaux de la Conférence du désarmement. Pour ce qui est l'affirmation selon laquelle la Conférence est favorable à cette réunion, il convient de souligner qu'à ce jour, la Conférence n'a tenu aucune séance plénière concernant cette réunion, a-t-il rappelé. En outre, si le Secrétaire général prépare un résumé de ce qui aura été déclaré à cette réunion du 24 septembre, cela restera son résumé de sa façon de percevoir ce qui a été dit et donc, il est difficile de voir quant au fond comment cela pourrait revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement, a déclaré le représentant pakistanais. Ce qu'il nous faut, c'est une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement et non une réunion pour laquelle il a estimé que la participation ne serait pas très importante. En outre, M. Akram a jugé particulièrement préoccupant que le Secrétaire général de la Conférence, en termes clairs, menace la Conférence du désarmement en affirmant que si elle n'avance pas, une autre enceinte devrait apparaître ou apparaîtra.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a indiqué que son commentaire précédent visait à exprimer une réflexion préliminaire sur la réunion du 24 septembre; son intention n'était pas d'apporter un jugement sur l'initiative elle même mais plutôt d'apporter une contribution au débat pour aider le Secrétaire général dans le processus de préparation de cette réunion. L'un des commentaires de l'Algérie portait sur l'emploi du terme de «revitalisation», a-t-il souligné; ce à quoi il faut redonner vie, ce n'est pas à un organe – la Conférence du désarmement - mais à une approche internationale face au désarmement, pour que les choses avancent, a insisté M. Jazaïry. Si cette réunion du 24 septembre crée un élan suscitant la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, cela méritera d'être salué, a-t-il déclaré.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a indiqué être d'accord avec la plus grande partie des commentaires faits ce matin par le Brésil. À quatre semaines de la réunion prévue pour le 24 septembre, il est grand temps que la Conférence ait un débat plus ouvert sur la préparation de cette réunion, a-t-il estimé. Le Canada appuie pleinement l'initiative du Secrétaire général de l'ONU de convoquer une réunion de haut niveau pour le mois prochain. Lors de la première session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1978, il avait été souligné que tous les pays avaient intérêt à ce que les négociations de désarmement réussissent. Depuis cette date, les choses ont beaucoup changé et il est temps que nous y réfléchissions, a poursuivi M. Grinius. Il a dit ne pas être d'accord avec le commentaire selon lequel la réunion de haut niveau était une idée non aboutie; cette réunion est une pierre apportée à l'effort général en faveur du désarmement. Quant aux propos du Secrétaire général de la Conférence du désarmement, le représentant canadien a souligné qu'il n'avait pas lancé une menace, mais fait une description de la réalité si «nous continuons de travailler comme des funambules sur des questions aussi fondamentales.

M. FAYSAL KHABBAZ-HAMOUI (Syrie) s'est demandé s'il est possible qu'une réunion qui durera trois ou quatre heures le 24 septembre puisse résoudre des problèmes qui se sont accumulés depuis plus de douze ans. Toutefois, il ne doute pas que le Secrétaire général de l'ONU, en organisant cette réunion de haut niveau, le faisait avec les meilleures intentions du monde. Aussi, la Syrie répondra-t-elle à cet appel dans l'espoir que cet effort permettra de confirmer que la Conférence du désarmement constitue le seul organe possible de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. La solution ne se trouve pas dans cette réunion particulière, mais dans certaines capitales qui ont tendance à négliger quelques piliers fondamentaux en rapport avec le désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique ou les garanties négatives de sécurité, a poursuivi le représentant syrien. Ces capitales ne tiennent pas compte des arguments liés aux préoccupations de sécurité de certains États. La Syrie appuie les excellentes déclarations faites aujourd'hui par l'Algérie et le Brésil.

M. UGLJEŠA ZVEKIĆ (Serbie), au nom du groupe informel des États observateurs à la Conférence du désarmement, a souligné que son groupe a toujours insisté sur la nécessité de rendre le processus de désarmement plus inclusif. Il a exprimé l'espoir que les délibérations de la réunion de haut niveau du 24 septembre aborderont les questions d'avenir et que l'examen des activités à venir se fera avec la Conférence du désarmement en tant qu'unique organe de négociation multilatéral dans le domaine de désarmement. Il serait souhaitable que la question de l'élargissement de la composition de la Conférence du désarmement soit abordée lors de cette réunion afin qu'elle puisse nommer en 2011 un coordonnateur spécial sur l'élargissement.

M. RUPERT BARTHORP (Royaume-Uni) a salué l'engagement personnel dont a fait preuve le Secrétaire général de l'ONU en matière de désarmement et de non-prolifération. Il a indiqué attendre avec impatience de travailler avec le Secrétaire général afin que cette réunion du 24 septembre prochain soit couronnée de succès. Il faut effectivement voir comment renforcer et améliorer la capacité de la Conférence à répondre aux défis posés sans remettre en cause le principe du consensus, a-t-il poursuivi. Il faut parvenir à un programme de travail équilibré. , a Le représentant britannique a relevé que l'idée de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale n'a pas encore obtenu le consensus et a espéré que cela ne remettra pas en cause les résultats obtenus au mois de mai dernier (Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires).

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a exprimé sa solidarité avec le Pakistan actuellement frappé par des inondations. Elle a salué les précisions apportées par le Secrétaire général de la Conférence du désarmement et a souligné que les États-Unis soutiennent l'initiative du Secrétaire général de l'ONU de tenir une réunion de haut niveau sur le désarmement. Cette réunion doit être l'occasion d'aller de l'avant et tous devraient contribuer à sa réussite.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que lorsque le Secrétaire général de l'ONU a convoqué la réunion du 24 septembre prochain, le Maroc s'était félicité de cette initiative. Cette réunion vient à point nommé; mais il convient de s'interroger sur ce qu'on en attend, a-t-il poursuivi. S'agit-il de faire des déclarations puis de partir ou bien de se pencher sur le véritable diagnostic des difficultés et blocages de la Conférence du désarmement? Le Maroc pense qu'il faut envisager des pistes visant à faire sortir la Conférence de sa léthargie. Il faut établir un dialogue franc afin de voir comment nous pourrons réussir à New York le 24 septembre, a insisté M. Hilale. Transposer les blocages de Genève à New York serait catastrophique, a-t-il souligné. Une bonne préparation de cette réunion s'impose donc, a-t-il insisté, ajoutant qu'aller à New York et revenir les mains vides ferait gagner du terrain au pessimisme et la Conférence du désarmement n'en sortirait pas renforcée. Aller à New York sans vision, ce serait pratiquement aller à Canossa, a insisté le représentant marocain. Il a lancé un appel afin que chacun revienne à la raison et à l'esprit de compromis qui a présidé aux travaux de la Conférence depuis sa création. Il a par ailleurs dit douter qu'un résumé, de peut-être une page, de la réunion du 24 septembre puisse permettre de faire sortir la Conférence de sa léthargie, et a plaidé pour qu'il soit imaginé un résultat plus positif tel qu'une feuille de route, ce qui exige de bien se préparer. Le Maroc garde l'espoir et la motivation politique afin que cette réunion du 24 septembre soit une réunion de relance des travaux de la Conférence.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) a rappelé que toute bonne réunion exige une bonne préparation et a souligné, à cet égard, qu'il ne reste plus que quatre semaines avant la réunion de New York du 24 septembre. Personne n'attend du Secrétaire général de l'ONU qu'il prenne partie, mais il n'en demeure pas moins qu'il est important que les membres de la Conférence se fassent entendre, a-t-il ajouté. L'Allemagne a demandé à son Ministre des affaires étrangères de participer à la réunion du 24 septembre – laquelle était devenue indispensable du fait du manque d'accord au sein de la Conférence depuis une dizaine d'années. L'impasse prolongée dans la mise en œuvre du document CD/1864 a poussé le Secrétaire général à convoquer cette réunion de haut niveau, a-t-il rappelé. L'Allemagne continue de considérer que ce document CD/1864 constitue une bonne base. Si, à court terme, le blocage ne pouvait être surmonté, alors l'Allemagne serait disposée à entendre des idées novatrices sur la manière de procéder. À cet égard, des idées novatrices ont été émises quant au rôle de l'Assemblée générale des Nations Unies, a-t-il relevé.

M. GERARD CORR (Irlande) a jugé bienvenue la réunion de haut niveau convoquée par le Secrétaire général de l'ONU pour le 24 septembre prochain. Un aspect important de cette réunion est que tous les États Membres de l'ONU pourront y assister et non pas seulement les membres de la Conférence du désarmement, a-t-il relevé. Bien sûr, la Conférence du désarmement est le principal organe multilatéral de négociation dans le domaine du désarmement; mais depuis des années, elle n'est plus en mesure d'exercer cette fonction. La réunion de haut niveau aura donc pour avantage de voir comment permettre à la Conférence du désarmement d'exercer de nouveau ce rôle, a indiqué M. Corr. Ce serait l'occasion de mettre un terme à la paralysie qui a atteint la Conférence. Il sera important durant cette réunion d'éviter les accusations et les questions de procédure et de se pencher sur les solutions d'avenir possibles, a poursuivi le représentant irlandais, relevant qu'a notamment été évoquée la question de la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement. La question de l'élargissement de la composition de la Conférence est, pour l'Irlande, essentielle, a par ailleurs rappelé M. Corr. L'Irlande espère que la réunion du 24 septembre permettra d'examiner d'un œil nouveau toute l'architecture du désarmement; il faudra surtout réfléchir aux défis et à la façon dont les États Membres des Nations Unies peuvent y répondre.

M. MAGNUS HELLGREN (Suède) a indiqué que le Ministre des affaires étrangères suédois avait l'intention d'assister à la réunion de haut niveau du 24 septembre – si toutefois il reste en fonction après les élections prévues en Suède avant cette date. Il a indiqué partager l'évaluation personnelle du Secrétaire général de la Conférence selon laquelle il ne reste plus beaucoup de temps à la Conférence pour procéder à une évaluation et aller de l'avant.

M. PAUL VAN DEN IJSSEL (Pays-bas) s'est dit entièrement favorable à l'initiative du Secrétaire général de convoquer une réunion de haut niveau pour faire avancer les négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. Si nous n'agissons pas, la Conférence du désarmement perdra sa pertinence et deviendra obsolète, a-t-il averti. La réunion du 24 septembre n'est pas une menace mais une occasion d'inverser le courant, a-t-il estimé. Le suivi de cette réunion pourrait, pour commencer, prendre la forme d'une résolution de la Première Commission de l'Assemblée générale, a poursuivi le représentant néerlandais. Il faudrait que la Conférence se fixe une date butoir stricte, d'une année par exemple, après quoi l'Assemblée générale serait habilitée à se demander comment faire avancer au plus vite les négociations multilatérales dans le domaine du désarmement.

M. ANDRIY KASIANOV (Ukraine) a salué l'initiative du Secrétaire général de l'ONU d'organiser, le 24 septembre, à New York, une réunion de haut niveau visant à permettre à la Conférence du désarmement de reprendre un travail de haut niveau, étant donné que cette instance n'est pas, à elle seule, à même de surmonter les difficultés l'empêchant de se remettre au travail. L'Ukraine estime qu'il existe plusieurs approches quant au format et au bilan de cette réunion du 24 septembre. À cet égard, elle propose que la réunion dure une journée plutôt qu'une demi-journée et que toutes les délégations puissent y prendre la parole. Il faudrait que cette réunion aboutisse à des recommandations concrètes permettant à la Conférence de reprendre ses travaux de fond, a ajouté le représentant ukrainien.

M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a souligné que le Secrétaire général de l'ONU subit la pression de la communauté internationale qui est désenchantée et frustrée par l'impasse qui perdure depuis 14 ans au sein de la Conférence du désarmement. Tous les États Membres de l'ONU participeront à la réunion de haut niveau du 24 septembre prochain, a-t-il par ailleurs souligné. Mais étant donné que cette réunion ne porte que sur la Conférence du désarmement, le blanc-seing de tous les membres de la Conférence est fondamental pour en assurer le succès.

M. JON ERIK STROMO (Norvège) a jugé important de comprendre que le désarmement est un outil crucial pour la sécurité des États et des individus. Aussi, la réunion du 24 septembre prochain devrait-elle fournir l'occasion de lancer un débat sur l'architecture globale du désarmement et de voir si les organes mis en place lors de la guerre froide sont encore à même de régler les problèmes. Il faudrait y aborder la question de la composition de la Conférence du désarmement, qui n'est limitée qu'à un petit nombre de pays, a souligné le représentant norvégien.

M. ARTURO HERNÁNDEZ BASAVE (Mexique) a indiqué ne pas comprendre ni partager les craintes exprimées par certains quant à l'initiative du Secrétaire général de convoquer une réunion de haut niveau sur le désarmement le 24 septembre prochain. Cette réunion du mois prochain constitue en fait une chance extraordinaire de réflexion alors que la Conférence se trouve dans l'impasse depuis 13 ans, a-t-il souligné. Elle devrait fournir l'occasion d'ouvrir un dialogue sur l'avenir de la Conférence. On ne saurait rester impassible face aux défis de sécurité qui se posent à l'échelle mondiale, a insisté le représentant mexicain.

M. GIOVANNI MANFREDI (Italie) a apporté son plein appui à l'initiative du Secrétaire général des Nations Unies de convoquer le 24 septembre prochain une réunion de haut niveau à laquelle le Ministre des affaires étrangères de l'Italie a déjà annoncé sa participation. Les débats lors de cette réunion devront être aussi larges que possible et comprendre l'examen des mécanismes de désarmement et de certaines règles de procédure de la Conférence du désarmement qui ont parfois, on l'a vu ces dernières années, des effets négatifs, a déclaré M. Manfredi. Cette réunion devrait être à l'abri de toute accusation, a-t-il ajouté.

M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a souligné que s'il y a absence de consensus sur le programme de travail, il y a en revanche consensus sur le fait que la situation dans laquelle se trouve la Conférence n'est pas satisfaisante. À cet égard, étant donné que la Conférence du désarmement ne parvient pas à adopter un programme de travail et étant donné qu'il n'est pas possible en raison de certaines circonstances d'organiser une rencontre de niveau ministériel ici à Genève, il faut se féliciter de la variante que constitue l'initiative du Secrétaire général de tenir une réunion de haut niveau à New York - même s'il faut se garder de prévoir un miracle à l'issue de cette réunion.

MME RICCARDA TORRIANI (Suisse) a apporté son soutien à la réunion de haut niveau prévue à New York pour le 24 septembre. La Suisse attend de cette réunion un dialogue ouvert sur nombre d'aspects qui ont occupé pendant longtemps la Conférence du désarmement ici à Genève; il ne s'agit pas d'une menace, mais bien d'une chance de se pencher sur ces questions que la Conférence n'a pas su résoudre, a-t-elle déclaré. La Suisse souhaiterait que cette réunion fournisse l'occasion d'un débat thématique sur les défis actuels en matière de désarmement; d'une analyse des mesures visant à faire en sorte que la Conférence du désarmement puisse répondre aux défis du XXIe siècle; et d'un débat sur les mesures à prendre à court terme pour avancer sur les questions fondamentales et le suivi à ce sujet.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a estimé que le temps manquait pour se préparer de manière adéquate à cette réunion du 24 septembre. Pour le Pakistan et le Groupe des 21, la question la plus fondamentale est celle du désarmement nucléaire, a-t-il poursuivi. Comme chacun sait, pour le Pakistan, le problème en ce qui concerne le traité «cut-off» (pour l'interdiction de la production future de matières fissiles) est la pratique de deux poids, deux mesures à laquelle certains pays ont recours, annonçant d'une part être en conformité avec la non-prolifération et, d'autre part, utilisant le groupe des fournisseurs pour s'engager dans des activités qui menacent la sécurité du Pakistan. Sans consensus, il ne saurait y avoir de progrès car c'est ainsi que fonctionne la Conférence du désarmement, a rappelé le représentant pakistanais. La proposition d'alternative pour négocier un traité «cut-off» a toujours été acceptée par le Pakistan. Le pays n'en ferait pas partie, mais si c'est le choix de la communauté internationale, il respectera cette décision, a indiqué M. Akram. Le Pakistan souhaite que la réunion de haut niveau du 24 septembre prochain ait un résultat sur le fond et c'est pourquoi il estime qu'il faut s'y préparer de manière adéquate, a-t-il conclu.

M. JUAN ANTONIO QUINTANILLA ROMAN (Cuba) a jugé préoccupant et inquiétant l'ultimatum personnel lancé par le Secrétaire général de la Conférence du désarmement et auquel se sont ralliées certaines délégations dans leurs commentaires. Cuba juge inadéquats et simplistes ce type de commentaires. Le seul résultat que l'on doit attendre de la réunion de haut niveau du 24 septembre est qu'elle rappelle que la Conférence du désarmement est l'unique instance de négociations multilatérale dans le domaine du désarmement.

M. ERIC DANON (France) a fait observer que le fait de devoir négocier, des jours et des jours, même pour la tenue d'une réunion informelle (consacrée à la réunion de haut niveau du 24 septembre) montre bien à quel point nous en sommes arrivés dans l'inefficacité. Il a apporté le soutien de la France à l'initiative du Secrétaire général de convoquer une réunion de haut niveau le 24 septembre prochain. En effet, la Conférence du désarmement est l'un des rares organes qui, lorsqu'il est bloqué, ne passe pas au niveau supérieur pour débloquer la situation, a-t-il déploré. En outre, a-t-il rappelé, la Conférence est un miroir; mais, elle est désormais un miroir qui ne reflète malheureusement que les blocages alors qu'il devrait refléter les dynamiques du monde, a-t-il regretté. M. Danon a souhaité que la première réunion de haut niveau (du 24 septembre prochain) fasse jurisprudence pour que puissent se tenir de futures réunions à un niveau ministériel, aux Nations Unies, sur les questions de désarmement. «Est mûr ce qui fait consensus ou quasi-consensus», a par ailleurs expliqué le représentant de la France.

M. HAMID ALI RAO (Inde) a rappelé que son pays a toujours accordé la priorité au désarmement nucléaire et est disposé à négocier une convention sur les armes nucléaires au sein de la Conférence du désarmement, comme l'y a appelé le Secrétaire général.

MME ALICIA VICTORIA ARANGO OLMOS (Colombie) a exprimé sa solidarité avec le Pakistan frappé par des inondations. Elle s'est dite favorable à l'initiative du Secrétaire général de l'ONU de convoquer une réunion de haut niveau le 24 septembre prochain. Depuis une décennie, la Conférence du désarmement n'a pas réussi à reprendre la voie du multilatéralisme qu'elle poursuit, a-t-elle ajouté. Il faut se demander pourquoi la Conférence se retrouve dans cette situation. La réunion de haut niveau de New York offre l'occasion de réfléchir aux difficultés que la Conférence du désarmement traverse et de rappeler l'importance de cette instance multilatérale. Cette réunion de haut niveau peut constituer une étape importante pour ensuite passer à l'action, a insisté la représentante colombienne.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) s'est félicité que les débats sur la réunion de haut niveau se soient déroulés aujourd'hui en séance publique et a appuyé l'idée qu'ils se poursuivent dans un cadre officiel.

M. MOHAMMAD HASSAN DARYAEI (Iran) a remercié le Secrétaire général de la Conférence du désarmement d'avoir tenu les membres de la Conférence informés et d'avoir insisté sur le fait que l'initiative de la réunion de haut niveau du 24 septembre est une initiative du Secrétaire général de l'ONU. L'Iran partage cette opinion et pense donc que c'est aussi et uniquement au Secrétaire général de l'ONU qu'incombera la responsabilité des résultats de cette réunion. L'objectif de cette réunion est de susciter un appui politique et il est difficile de comprendre comment cet objectif est compatible avec des menaces. L'Iran refuse le recours à la menace; ce qui est inquiétant, c'est de voir que cette menace émane ici du secrétariat, a poursuivi le représentant iranien.

M. PAUL WILSON (Australie) a apporté son plein appui à l'initiative du Secrétaire général de convoquer pour le 24 septembre prochain une réunion de haut niveau, à l'issue de laquelle ce dernier pourra présenter son résumé. Il faut s'en servir pour réfléchir à un certain nombre de réalités auxquelles la Conférence du désarmement est confrontée depuis tant d'années, a estimé M. Wilson.

M. GANCHO GANEV, Président de la Conférence, a remercié tous les intervenants pour ce débat fructueux. Il s'agissait de la dernière plénière sous présidence bulgare et il a relevé qu'il s'agissait de la plus longue plénière de la Conférence cette année. Le Président de la Conférence a indiqué être toujours disposé à organiser une réunion officieuse concernant la réunion de haut niveau du 24 septembre, puisque tel semble être le souhait des membres dans leur ensemble. Il a précisé que la seule possibilité sous présidence bulgare se présenterait jeudi prochain et a indiqué qu'il prendrait une décision demain, après avoir consulté les coordonnateurs régionaux.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC10/036F