Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT UN DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES QUESTIONS RELATIVES AU RACISME ET À LA DISCRIMINATION RACIALE
Le Conseil des droits de l'homme a achevé, cet après-midi, son débat général sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, commencé ce matin, avant d'entamer son débat sur les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée.
À l'ouverture de la séance, le Président du Conseil, M. Alex Van Meeuwen, a indiqué qu'il y avait divergence de vues au sujet du point 8 de l'ordre du jour relatif au suivi de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne et qu'il fallait reconnaître ces différences. «Nous allons essayer de trouver une compréhension commune de ce point 8 pour l'avenir», a indiqué le Président, précisant que dans l'intervalle, il redonnait la parole à la délégation norvégienne, interrompue ce matin sur une motion d'ordre de l'Iran, appuyée par de nombreuses délégations. Rappelant que les résultats de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme qui s'est tenue à Vienne en 1993 engageaient tous les États à s'acquitter de l'obligation de promouvoir le respect universel et la protection de l'ensemble des droits de l'homme, plusieurs délégations ont cet après-midi attiré l'attention sur les manquements de certains pays en la matière. D'autres ont en revanche dénoncé les tentatives de pervertir les principes des droits de l'homme à des fins politiques.
Les représentants des pays suivants sont intervenus: Norvège (au nom de 55 pays*), Indonésie, Italie, États-Unis, Royaume-Uni, Fédération de Russie (au nom de 35 autres pays), Argentine (au nom des pays du MERCOSUR et pays associés), Cuba, Algérie, Suisse, Azerbaïdjan, Maroc, Liban et Syrie. L'Iran a exercé le droit de réponse.
Les organisations non gouvernementales ci-après ont également pris la parole: Fondation Marangopoulos pour les droits de l'homme, Réseau juridique canadien VIH/sida, Fédération syndicale mondiale, Amnesty International, Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, Union internationale humaniste et laïque, United Nations Watch, Club international pour la recherche de la paix, International Educational Development, France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, Internationale démocrate de centre, Comité international pour le respect et l'application de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples (CIRAC), Union de l'action féminine, Indian Council of South America, Union mondiale pour le judaïsme libéral, et Association of World Citizens.
En ce qui concerne les questions relatives au racisme, le Conseil a entendu plusieurs délégations souligner que le dixième anniversaire, en 2011, de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban pourrait fournir l'occasion d'évaluer la mise en œuvre de ces documents. Il serait judicieux de prévoir des manifestations adéquates dans le programme de travail du cycle du Conseil qui va s'ouvrir, a-t-il été déclaré. Il a par ailleurs été rappelé que 2011 a été proclamée Année internationale pour les personnes d'ascendance africaine. La problématique de l'articulation entre liberté de religion et liberté d'expression, associée à la diffamation des religions, a été maintes fois évoquée. Les replis identitaires et la xénophobie en Europe ont également été dénoncés.
Sont intervenus les représentants des pays suivants: Espagne (au nom de l'Union européenne), Nigéria (au nom du Groupe africain), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique - OCI), Chili, Qatar, Fédération de Russie, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, Éthiopie et Venezuela.
Ont également fait des déclarations les organisations non gouvernementales suivantes: Libération, Union internationale humaniste et laïque, France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Mouvement international contre toutes les formes de discrimination, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Nord-Sud XXI, International Educational Development, United Nations Watch, Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, Union mondiale pour le judaïsme libéral, Comité international pour le respect et l'application de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples (CIRAC), Cercle de recherche sur les droits et les devoirs de la personne humaine, Indian Council of South America, Association pour l'éducation d'un point de vue mondial.
En fin de séance, la présidence a indiqué que le Conseil reportait à sa session de septembre prochain l'examen du rapport de l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Burundi. Le rapport de l'expert indépendant, M. Akich Okola, sera présenté par le nouveau titulaire du mandat qui sera nommé par le Conseil vendredi.
Demain matin, à 10 heures, le Conseil tiendra des débats interactifs avec le Rapporteur spécial sur le racisme et avec un membre du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine. Demain après-midi, il tiendra son débat interactif avec l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Haïti avant de procéder à son débat général sur l'assistance technique et le renforcement des capacités.
Suite du débat général sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne
États membres et groupes de pays
Reprenant une déclaration interrompue ce matin par une motion d'ordre, MME BENTE ANGELL-HANSEN (Norvège au nom de 55 pays*- la délégation a précisé que l'Argentine s'était ajoutée depuis ce matin aux 54 pays associés à la déclaration ce matin) a fait part de sa préoccupation face au manque de progrès dans la protection des droits de l'homme en Iran, en particulier depuis les événements ayant entouré les élections du mois de juin 2009. Le Conseil ne saurait laisser passer cette session sans marquer le premier anniversaire de ces événements, a-t-elle insisté. L'Iran devrait adresser une invitation permanente aux procédures spéciales et autoriser une visite de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme. La représentante norvégienne a notamment appelé le Gouvernement iranien à respecter les engagements pris par ce pays en vertu de la Déclaration de Vienne; à autoriser la liberté d'expression, la liberté de la presse et la liberté d'assemblée; à prendre toutes les mesures pour assurer la protection des minorités religieuses; à respecter les droits de l'homme des prisonniers et des détenus; et à assurer une égalité de traitement pour les femmes et les jeunes filles, tant dans la loi que dans la pratique.
M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie) a déclaré que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne comptent parmi les principaux instruments de promotion et de protection des droits de l'homme, à l'aune desquels les progrès accomplis doivent être mesurés, et permettant de dresser un bilan dans les domaines où davantage d'efforts sont nécessaires. Le représentant a mis l'accent sur les droits des enfants, attirant notamment l'attention sur le travail des enfants et la situation des enfants dans les conflits armés. Il a présenté les efforts consentis par l'Indonésie pour éduquer les enfants, les retirer des secteurs d'activité qui les emploient habituellement (plongée, industrie de la chaussure, pêche au large et bâtiment) et les protéger contre la traite des personnes et contre la prostitution. Grâce aux programmes qu'elle a lancés, l'Indonésie a réussi à retirer environ 40 000 enfants du marché du travail, a précisé le représentant.
M. ROBERTO VELLANO (Italie) a constaté que dix-sept ans après leur adoption, la Déclaration et le Programme d'action de Vienne restent une référence fondamentale en matière de droits de l'homme, notamment s'agissant de la protection des minorités religieuses, de la liberté de religion et de la liberté d'expression. Dans ce contexte, le représentant a fait part de ses préoccupations face aux violences et aux manifestations d'intolérance visant certaines religions, et notamment les communautés chrétiennes. Il a demandé à tous les États de garantir la protection de la liberté de pensée, de croyance et de religion. Le représentant italien s'est félicité des initiatives pour la promotion du dialogue interreligieux; il a plaidé pour la mise sur pied de systèmes éducatifs inspirés par la tolérance, la liberté d'expression, le respect mutuel et la communication entre les différentes cultures. Enfin, le représentant a réitéré que l'Italie considère que l'abolition de la peine capitale apporte une contribution substantielle au respect de la dignité humaine.
MME EILEEN CHAMBERLAIN DONAHOE (États-Unis) s'est dite très fière d'appartenir à la coalition de plus de 50 gouvernements qui, sous la houlette de la Norvège, ont exprimé leur profonde préoccupation face à la situation en Iran et envoyé un message de soutien aux victimes afin qu'elles sachent que la communauté internationale ne les a pas oubliées, un an après les terribles événements qui ont entouré l'élection contestée de juin 2009. La représentante des États-Unis a par ailleurs déploré que de nombreux gouvernements censurent et contrôlent l'Internet en invoquant des motifs imprécis, au mépris du principe de primauté du droit. Elle a en outre regretté que, dans de nombreuses sociétés, les gays, lesbiennes et transsexuels continuent d'être victimes de la discrimination, de violences et de sanctions pénales. Les États-Unis appuient d'autre part fortement la résolution présentée par le Canada sur l'élimination de la violence contre les femmes et demandent à tous les membres du Conseil d'y apporter leur soutien. Il faut espérer que lors de sa prochaine session, le Conseil approuvera la création d'un mandat d'expert indépendant chargé d'examiner les lois et pratiques exerçant des discriminations contre les femmes.
MME REBECCA SAGAR (Royaume-Uni) a rappelé que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne avaient réaffirmé l'obligation de chaque État d'instaurer les conditions propices à la réalisation et la jouissance de tous les droits de l'homme, et de prendre toute mesure pour éliminer toutes les violations des droits de l'homme ainsi que leurs causes. En ce sens, la Déclaration et le Programme d'action reprenaient certaines dispositions déjà inscrites dans la proclamation de Téhéran de 1968. Or, quarante ans après celle-ci, le Royaume-Uni note que l'échec de nombreux pays à garantir les droits de l'homme et libertés fondamentales les plus élémentaires reste un sujet de préoccupation de la communauté internationale. C'est la fonction essentielle du Conseil des droits de l'homme de fournir un forum pour un dialogue ouvert et honnête entre les États, pour donner la parole et protéger les individus, où qu'ils vivent. C'est pourquoi le Royaume-Uni soutient la déclaration faite aujourd'hui par la Norvège exprimant sa préoccupation face à la situation en Iran. La représentante a ajouté que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne mettent l'accent sur le rôle central des titulaires de mandats de procédures spéciales, ainsi que de la société civile et des défenseurs des droits de l'homme. Pour concrétiser la vision de la Déclaration de Vienne, le Conseil doit répondre aux préoccupations dans le domaine des droits de l'homme et veiller à la mise en œuvre des obligations internationales contractées par les États.
M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie au nom de 35 autres pays**) a rappelé que l'année 2010 marquait le soixante-cinquième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Les Nations Unies et la communauté internationale ont d'ailleurs organisé une réunion commémorative le 6 mai dernier, a-t-il rappelé. La Fédération de Russie a apprécié la symbolique historique de cette date, qui a marqué la libération des peuples de la planète du fléau de la tyrannie nazie, a vu la libération des camps de concentration, a ouvert une nouvelle ère fondée sur les principes de la coopération internationale et a restauré les idéaux des droits de l'homme et du respect de la dignité humaine. La fin de la seconde guerre mondiale a créé les conditions de la création des Nations Unies et a confirmé que les problèmes mondiaux affrontés par l'humanité ne peuvent être résolus que dans le cadre d'efforts conjugués. Cette victoire a été celle de tous contre un ennemi commun, un ennemi qui a défié l'humanité. La Fédération de Russie attire l'attention sur les progrès effectués depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour la réconciliation et réaffirme sa détermination à prévenir d'autres tragédies et menaces contre la paix et la sécurité.
M. SEBASTIÁN ROSALES (Argentine au nom des pays du MERCOSUR et pays associés) a fait part de l'appui et de l'intérêt des pays du MERCOSUR s'agissant de deux questions abordées durant la présente session du Conseil: l'extrême pauvreté et de son impact sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales, d'une part; et le droit à la santé et à l'accès aux médicaments, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH/sida, d'autre part. S'agissant de ces questions, le représentant argentin a notamment fait part de son intérêt à l'égard des initiatives favorables à la mise en place de seuils de protection sociale en tant qu'instruments universels de protection de tous les citoyens. Le MERCOSUR est engagé à favoriser l'existence d'un environnement international propice à la réalisation complète du droit à la santé et l'accès aux médicaments de qualité pour tous, a ajouté le représentant.
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que la Conférence de Vienne a lancé un appel en faveur du dialogue, de l'impartialité et de l'objectivité. C'est pourquoi Cuba a été surpris qu'au titre du point de l'ordre du jour examiné aujourd'hui le Conseil des droits de l'homme vient d'écrire l'une des pages les plus sombres de son histoire. Le représentant a rappelé que son pays avait averti des risques que l'Examen périodique universel pourrait comporter. Le représentant de Cuba a exprimé sa préoccupation face à la volonté constante de certains d'isoler l'Iran et de mettre de l'huile sur le feu en revenant toujours sur la question de ce pays. Il a lancé un cri d'alarme contre les risques d'une répétition de l'incident survenu ce matin, qui mettrait le Conseil des droits de l'homme sur la voie de la défunte Commission.
Observateurs
M. BOUALEM CHEBIHI (Algérie) a souligné que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne ont marqué une étape importante dans la réaffirmation de la volonté de la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Le représentant a précisé que l'Algérie jouait aujourd'hui un rôle actif dans la lutte contre le terrorisme au niveau international et régional. D'autre part, conformément à son engagement à l'égard de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, l'Algérie poursuit avec constance son action en faveur des droits de l'enfant: un plan pour les années 2008-2015 a été lancé, intitulé «l'Algérie digne de ses enfants». Enfin, le représentant algérien a réitéré le soutien indéfectible de son pays aux peuples soumis à la domination coloniale.
M. DANTE MARTINELLI (Suisse) a insisté sur l'importance d'une coopération très large en faveur des droits humains. Il a expliqué que son pays s'est associé à la déclaration conjointe sur les droits humains en Iran car il partage les préoccupations qui y sont exprimées. Pour la Suisse, il est important que le Conseil des droits de l'homme se prononce sur des situations graves de droits humains, où qu'elles se produisent, et ceci de manière équilibrée. La Suisse regrette que cette déclaration n'ait pas été soutenue plus largement. Pour assurer le bon fonctionnement du Conseil, il est important de surmonter les clivages régionaux, a souligné le représentant. La crédibilité du Conseil, la promotion du respect universel et la défense des droits humains dépendent de la coopération de tous les États, quelle que soit leur région, a-t-il rappelé. Le représentant a cité à cet égard la Déclaration de Vienne qui affirme qu'il est du devoir des États, quel qu'en soit le système politique, économique et culturel, de promouvoir et protéger tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales. La Suisse, dans un esprit de coopération aussi large que possible au sein du Conseil, poursuivra ses efforts pour favoriser l'adoption de décisions véritablement transrégionales.
MME SAMIRA SAFAROVA (Azerbaïdjan) a rappelé que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne proclament la protection et la promotion de tous les droits de l'homme comme objectifs prioritaires des Nations Unies. La représentante a noté avec satisfaction qu'au cours de la présente session, quasiment toutes les priorités des droits de l'homme énoncées dans ces textes avaient été discutées dans le cadre de dialogues constructifs entre les États membres de l'ONU, comme en témoignent les discussions qui se sont déroulées au sujet de la traite de personnes, de la protection des journalistes dans les conflits armés ou encore de la mortalité maternelle. La représentante azerbaïdjanaise a par ailleurs souligné avec regret l'existence de menaces de séparatisme agressif mettant en danger la paix et la sécurité internationales.
M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne ont réaffirmé l'universalité, l'indissociabilité, l'interdépendance et la non-sélectivité des droits de l'homme, lesquels ne procèdent pas les uns des autres, mais sont l'émanation d'une même conscience universelle et de l'engagement commun de la communauté internationale. Les auteurs de la Déclaration ont eu la sagesse de prémunir les droits contre les interprétations tendancieuses. Ce ne sont en effet pas des droits «à la carte». Leur instrumentalisation politique constitue la première des violations des droits de l'homme. Cette réalité concerne aussi le droit à l'autodétermination, a ajouté le représentant, qui a rappelé que la Déclaration de Vienne stipule que l'autodétermination ne saurait être interprétée comme une autorisation ou un encouragement à des mesures de nature à démembrer ou compromettre l'intégrité territoriale ou l'unité politique d'États souverains et indépendants. L'autodétermination n'est donc pas un droit absolu, a souligné le représentant marocain, qui a estimé que l'importance de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne résidait dans leur vision globale des droits de l'homme et dans la primauté qu'ils accordent à la coopération dans la promotion et la protection des droits de l'homme. La Déclaration de Vienne constitue un véritable levier pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, a conclu le représentant.
MME RANA MOKADDEM (Liban) a estimé que l'examen du point de l'ordre du jour consacré au suivi et à l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne devrait être exempt de toute politisation et sélectivité. Il faut, selon la représentante, s'atteler à la promotion des droits de l'homme quel que soit l'agenda politique. La représentante libanaise a regretté que certains pays aient pointé du doigt la situation d'un pays particulier sous ce point de l'ordre du jour. Elle a espéré que la voix des victimes des peuples sous occupation au Moyen-Orient sera entendue et surtout pas oubliée.
MME RANA MOKADDEM (Syrie) s'est dite déçue par les événements qui se sont produits aujourd'hui au Conseil et qui rappellent la situation qui prévalait dans l'ancienne Commission des droits de l'homme. Il faut débarrasser le dialogue de toute politisation, contrairement à ce qu'il s'est passé aujourd'hui où le Conseil s'est écarté des règles qui sont censées régir son travail. Au cours de la présente session, l'Iran a été visé sous divers points de l'ordre du jour, a déploré la représentante syrienne. Les questions qui ont été évoquées s'agissant de ce pays sont sans commune mesure avec la situation qui prévaut au sujet d'un État de la région qui prive toutes les personnes de tous leurs droits humains, a souligné la représentante syrienne.
Organisations non gouvernementales
M. TOM GANIATSOS (Fondation Marangopoulos pour les droits de l'homme) a rappelé l'engagement pris dans le cadre de la Déclaration de Vienne de supprimer tout conflit qui surgirait entre les droits des femmes et les effets nuisibles d'un certain nombre de pratiques traditionnelles ou coutumières. Le représentant a pris note de la résolution 12/21 du Conseil, sur la promotion des droits et libertés fondamentales par une meilleure compréhension des valeurs traditionnelles de l'humanité. Le représentant a observé que certaines pratiques traditionnelles, telles que les mutilations génitales féminines, ont des effets négatifs et ne sauraient être invoquées à l'appui de violations des droits de l'homme.
M. JOHN FISHER (Réseau juridique canadien VIH/sida) a rappelé que la Déclaration et le Programme d'action de Vienne affirment les principes d'universalité des droits de l'homme et de non-discrimination. Or, les droits fondamentaux de nombreuses personnes sont bafoués sous le prétexte de l'orientation sexuelle. Le représentant s'est, dans ce contexte, félicité de la discussion qui a été lancée lors de cette session du Conseil sur la décriminalisation des relations homosexuelles entre adultes consentants, faisant suite à une recommandation du Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible. Le représentant a salué l'engagement constructif de nombreux intervenants à cet égard, issus de toutes les régions du monde, comme l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Union européenne et le Népal. Ces contributions positives ont fait écho aux appels répétés de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, du Secrétaire général, des organes conventionnels et de nombreuses agences des Nations Unies pour l'abolition des lois criminalisant l'homosexualité, s'est-il félicité.
M. RAYMONDS NAVARRO FERNÁNDEZ (Fédération syndicale mondiale) a souligné que, pendant plus de cinquante ans, Cuba a été victime d'une féroce politique d'hostilité de la part de la puissance la plus importante du monde, qui maintient un blocus économique, commercial et financier brutal en même temps qu'elle recourt, avec l'appui de ses alliés européens, à des campagnes et des manœuvres médiatiques diffamatoires contre Cuba pour tenter de justifier cette politique. Le Conseil ne saurait rester impassible face à ces faits et devrait agir avec fermeté pour mettre un terme à cette agression contre le peuple de Cuba, a conclu le représentant.
M. PETER SPLINTER (Amnesty International) a rappelé que la Déclaration de Vienne reconnaît le droit de toutes les minorités à participer pleinement et sans discrimination à tous les aspects de la vie sociale. Le représentant a insisté sur le fait que la Déclaration de Vienne concerne des personnes réelles, appartenant à des communautés réelles vivant dans de pays réels. Si certaines délégations tentent d'empêcher le débat à ce sujet, c'est par honte de ne pas respecter les droits de l'homme. La honte ne doit pas atteindre ceux qui dénoncent les violations des droits de l'homme, a conclu le représentant. En conclusion, le représentant s'est dit préoccupé par la situation des minorités ouïghoures à la suite des manifestations de juillet 2009 à Urumqi, dans le Xinjiang chinois.
M. MAURICE KATALA (Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs) a estimé que la situation humanitaire et des droits de l'homme dans les pays de la région des Grands lacs atteint un tournant critique, alors même que les pays de la région entrent dans un processus électoral. Il a souligné la complexité du contexte politique et sécuritaire, ajoutant que la situation exige plus que jamais un engagement ferme et concerté de la part de la communauté internationale. Le représentant a exhorté le Conseil à mettre ces questions au premier plan de ses discussions et préoccupations, et s'est dit convaincu qu'une condamnation de l'impunité et la promotion de la justice en faveur des droits de l'homme peuvent se révéler déterminantes pour la protection de la population civile et la promotion d'un processus de paix inclusif et effectif, centré sur le respect des droits de l'homme pour tous les pays de la région.
M. ROY W. BROWN (Union internationale humaniste et laïque) a attiré l'attention du Conseil sur un domaine des droits de l'homme où les progrès sont maigres: les droits des femmes et en particulier leur droit à la vie. Le représentant a souligné que 80% des décès dans le contexte de grossesses surviennent juste avant, pendant ou tout de suite après l'accouchement. Le représentant a plaidé pour des soins de santé reproductive de qualité, pour l'accès à l'information et pour la liberté de choix des femmes. Le représentant a constaté que les traditions culturelles et religieuses sont parties intégrantes du problème. Il a déploré l'attitude de certains gouvernements qui refusent l'accès à la contraception, qui sont réfractaires à l'avortement, ainsi que celle des dirigeants religieux qui condamnent l'usage de contraceptifs en toutes circonstances. Ces personnes ont placé leur propre conception de la moralité au-dessus des préoccupations pour la vie des femmes, a-t-il conclu.
M. HILLEL NEUER (United Nations Watch) a attiré l'attention sur le droit à la vie, garanti par la Déclaration de Vienne, et a proposé de faire le bilan de sa mise en œuvre depuis l'adoption de la Déclaration. En juin 2009, des centaines de milliers de personnes manifestent pacifiquement à Téhéran pour protester contre une élection discutable: le Gouvernement répond avec brutalité et des douzaines de personnes sont tuées, des centaines blessées et des milliers arrêtées. En juillet, en Chine, des troupes tirent sur des manifestants ouïghours: 200 personnes sont tuées, 1700 sont blessées. En août, en Fédération de Russie, deux travailleurs humanitaires sont tués en Tchétchénie: on suspecte la complicité du Gouvernement. En septembre au Yémen, les avions de guerre du Gouvernement bombardent un camp de réfugiés: 80 personnes sont tuées. Le représentant a donné plusieurs autres exemples, impliquant notamment l'Iraq, les Philippines, le Pakistan, l'Afghanistan, le Nigéria, le Kirghizistan et la Jamahiriya arabe libyenne. Il a déploré que le Conseil reste silencieux, n'adopte aucune résolution, ne convoque aucune session extraordinaire et ne mène aucune enquête sur ces événements.
M. SULTAN SHAHIN (Club international pour la recherche de la paix) a déclaré que la principale menace pour la paix vient aujourd'hui des taliban et de leurs alliés extrémistes. Malheureusement la détermination de la communauté internationale semble faiblir face à cette situation, certains estimant qu'il est possible de traiter avec certains talibans. La dimension idéologique de cette guerre semble avoir été oubliée.
MME KAREN PARKER (International Educational Development) s'est félicitée de la présence croissante des femmes dans des postes de direction des Nations Unies ou des gouvernements, mais a ajouté que les structures dirigeantes restent très majoritairement masculines. Or, il n'y aura de réels changements en faveur des femmes que lorsque la parité sera respectée dans de telles instances, car c'est dans les pays où les hommes ont le plus de contrôle sur les structures de pouvoir que la situation des femmes est la plus mauvaise, a affirmé la représentante. Elle a estimé que, si les hommes décidaient de ne pas épouser une femme qui a subi des mutilations génitales, cette pratique cesserait aussitôt. De même, si les pères aimaient vraiment leur fille, les crimes d'honneur prendraient aussitôt fin, ainsi que la malnutrition des fillettes au profit des petits garçons. La représentante a souhaité que les États criminalisent ces pratiques et que la communauté internationale cesse de respecter la fausse culture des hommes, notamment dans les pays où les droits des femmes sont si méprisés
MME CAROLINE VIRET (France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand) a rappelé que la Déclaration de Vienne énonce que tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes et qu'en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel. La Déclaration, a ajouté le représentant, considère le déni de ce droit comme une violation des droits de l'homme. Or, il reste encore des territoires non autonomes dont les populations d'origine ne jouissent pas encore pleinement de leur droit à l'autodétermination. C'est notamment le cas du Sahara occidental. La représentante a considéré qu'il appartient au Conseil de faire appliquer l'intégralité du Programme d'action de Vienne, car il en va de sa crédibilité. Elle a rappelé que la crédibilité du Conseil diminue en effet lorsqu'il n'aborde pas les problèmes de droits de l'homme les plus graves, que les médias s'y intéressent ou non.
M. SEMLALI AABADILA (Internationale démocrate de centre) a rappelé que l'article 15 de la Déclaration de Vienne stipule que le respect des droits de l'homme constituait une règle élémentaire du droit international en la matière. Des minorités et populations en situation de précarité demeurent à ce jour victimes de pratiques discriminatoires, a poursuivi le représentant. Il a rappelé que le droit de ne pas être soumis à la torture doit être protégé en toutes circonstances, y compris dans les situations de conflit armé. Or, la torture reste pratiquée de par le monde, notamment par des groupes séparatistes tels que le mouvement séparatiste du Polisario.
M. HAMDI CHERIFI (Comité international pour le respect et l'application de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples - CIRAC) a déclaré que les populations qui vivent sous la domination de milices armées étaient privées des droits énoncés dans la Déclaration de Vienne. Le représentant s'est étonné que des États signataires de la Déclaration de Vienne acceptent la présence de telles milices sur leur territoire. Il a affirmé que certains États recourent à des groupes armés pour manipuler le droit à l'autodétermination à des fins idéologiques héritées de la guerre froide, ajoutant que l'autonomie était une forme moderne d'autodétermination.
MME AICHA RAHAL (Union de l'action féminine) a rappelé que le Programme d'action de Vienne affirme que le droit au développement est universel et inaliénable. Ainsi est-il stipulé que tout individu est le sujet central du développement. La personne humaine est le sujet même des droits de l'homme et des libertés fondamentales et doit en être le principal bénéficiaire, a rappelé la représentante. Dans ce contexte, elle a regretté que ces dispositions soient bafouées dans des régions du monde où des mouvements séparatistes opèrent et où les populations n'ont accès à aucun des droits stipulés dans la Déclaration de Vienne. Le retard dans le développement ne peut justifier la non-jouissance de ces droits, a affirmé la représentante.
M. RONALD BARNES (Indian Council of South America) a rappelé que le droit à l'autodétermination est mentionné dans la Déclaration et le Programme d'action de Vienne. Les peuples restent donc sous occupation étrangère tant que leur droit à l'autodétermination n'est pas appliqué. Un État qui viole ce droit ne peut pas prétendre que les territoires concernés relèvent de son intégrité territoriale, a souligné le représentant. Le principe de l'autodétermination est nié par les violations de la liberté de religion et de pensée, et par les doctrines de supériorité enracinées dans la bulle papale de 1493, d'où résulte par exemple la «doctrine de la découverte», appliquée dans l'hémisphère occidental.
M. DAVID LITTMAN (Union mondiale pour le judaïsme libéral) a dénoncé les mutilations génitales féminines, affirmant que 3 millions de fillettes les subissaient chaque année dans 32 pays, dont 29 sont membres de l'Organisation de la conférence islamique. Le représentant a précisé que 96% des Égyptiennes y étaient toujours soumises, malgré l'interdiction de cette pratique en 1997. Le représentant a également dénoncé les lapidations de femmes adultères, les crimes dits d'honneur et les mariages précoces, en affirmant que de telles pratiques sont courantes en Iran, au Soudan et dans d'autres États membres de l'Organisation de la conférence islamique. Le représentant a estimé que le Conseil doit faire fi des tabous. Il est temps que davantage d'États et d'organisations non gouvernementales parlent ouvertement et refusent le relativisme culturel. Les arguments politiquement ou religieusement corrects n'ont pas leur place au sein du Conseil des droits de l'homme, a conclu le représentant.
MME GENEVIÈVE JOURDAN (Association of World Citizens) a rappelé que la Conférence mondiale des droits de l'homme de 1993 a réaffirmé l'universalité des droits de l'homme et l'importance d'adopter une attitude non sélective à cet égard. La représentante a relevé la nécessité que tous les États fournissent un cadre efficace de réparations et d'assistance pour les cas de violations des droits de l'homme. Chacun des conflits dans le monde aura laissé plus de 10% handicapés à vie, a-t-elle souligné. La représentante a cité à cet égard une étude menée sur l'impact de la violence et des conflits sur la santé des populations: il en ressort que les victimes souhaiteraient obtenir une aide émotionnelle et psychologique. Selon la représentante, parallèlement à la promotion des droits de l'homme, il conviendrait de promouvoir une protection du droit à la vie, du droit à la liberté et du droit à la sécurité, ainsi que de renforcer les capacités des communautés.
Droit de réponse
M. HAMID BAEIDI NEJAD (Iran) a fermement rejeté la déclaration faite aujourd'hui par la Norvège au nom de plusieurs pays au titre de ce point de l'ordre du jour, tant sur le fond que pour des questions de procédure. Le représentant a relevé l'opposition forte à cette pratique manifestée ce matin par de nombreux États membres du Conseil. Il est très regrettable que le point de l'ordre du jour consacré au suivi et à l'application de la Déclaration et le Programme d'action de Vienne, qui est de nature thématique, soit utilisé à mauvais escient, a poursuivi le représentant iranien. Le Conseil est une instance de coopération dont le but est de contribuer de manière positive à la promotion des droits de l'homme de par le monde, a-t-il rappelé. La semaine dernière, l'adoption des conclusions de l'examen périodique concernant l'Iran était l'occasion par excellence d'examiner la situation des droits de l'homme dans le pays. Pendant cet examen, la délégation iranienne a répondu aux questions qui lui étaient adressées et a fait savoir qu'elle évaluerait avec soin toutes les contributions et qu'elle répondrait à toutes les questions qui n'avaient pas encore trouvé de réponse. L'Iran s'oppose donc au précédent malsain que constitue la déclaration de la Norvège.
Débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance
États membres et groupes d'États
M. JAVIER GARRIGUES (Espagne au nom de l'Union européenne) a déclaré que le racisme risque d'entraîner, chez ceux qui en sont victimes, un sentiment d'infériorité mais aussi de haine envers les auteurs de tels actes. Le racisme résulte souvent de préjugés acquis pendant l'enfance, transmis de génération en génération, dans un cycle vicieux. L'importance de l'éducation ne saurait donc être sous-estimée. Le monde a connu et connaît encore différentes formes de racisme, toutes condamnables, a ajouté le représentant, pour qui la mondialisation est susceptible d'exacerber ces tendances du fait de la rapidité des changements sociaux et culturels. Il faut combattre avec la même force toutes les manifestations xénophobes, racistes ou de repli sur soi.
En ce sens, l'Union européenne rappelle l'importance fondamentale d'une application complète de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, notamment par le biais de diverses formes de coopération. À cet égard, l'Union européenne n'est pas favorable à la création de nouvelles normes, estimant que la réponse au racisme réside dans l'application intégrale des normes existantes. Elle insiste en revanche sur le rôle important que jouent les mécanismes régionaux. L'Union européenne a ainsi pris un certain nombre de mesures pour lutter contre le racisme, notamment en soutenant de nombreuses organisations de la société civile dans leur lutte contre le racisme et la discrimination. Il est important que les organisations non gouvernementales qui luttent contre le racisme reçoivent un soutien financier et politique, y compris sous la forme d'une protection contre les risques de représailles par des groupes racistes. Le représentant a aussi estimé qu'il fallait lutter contre toutes les formes de racisme dans le sport, ajoutant qu'il avait été démontré que le sport contribue activement à la lutte contre le racisme.
M. MOHAMMED HAIDARA (Nigéria au nom du Groupe africain) a constaté que la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban est entravée par certains nouveaux problèmes, imprévus au moment de son adoption, qui contredisent de manière flagrante les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies. Quelques années après l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, des efforts ont été déployés pour mettre en place des mécanismes de suivi de la mise en œuvre de ce document historique. Le représentant s'est dit persuadé que la célébration du dixième anniversaire de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban sera l'occasion d'évaluer les progrès réalisés et de constater les lacunes dans la mise en œuvre de leurs dispositions.
Pour le Groupe africain, il importe de combler les carences des instruments internationaux relatifs à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. La désignation stéréotypée de certaines identités, cultures et religions a entraîné des poussées de racisme d'une intensité encore inédites. Une telle tendance appelle un examen minutieux, a souligné le délégué, relevant l'importance de contrer cette tendance et de mettre en place les protections, notamment juridiques, nécessaires pour remédier à cette situation et promouvoir l'égalité de traitement.
M. AHMED ZAHOOR (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique - OCI) a relevé que malgré les progrès importants dans la mise en place de normes et instruments de prévention et de lutte contre le racisme, on constate une persistance de ce phénomène et même l'apparition de nouvelles formes de racisme. La diffamation des religions s'est beaucoup intensifiée ces dernières années, a par ailleurs observé le représentant pakistanais: malheureusement, cette manifestation du racisme est défendue sous couvert de liberté d'expression, alors que cette dernière doit être exercée de manière responsable, comme le rappellent les instruments internationaux de droits de l'homme. Le représentant pakistanais a par ailleurs déploré la tendance troublante, dans le climat intellectuel occidental, à diaboliser l'islam.
On ne tient pas compte de la dimension politique du terrorisme, a poursuivi le représentant de l'Organisation de la Conférence islamique; or, il faudrait tenir compte des causes profondes du terrorisme, dont les injustices, la répression affectant les musulmans et la pauvreté font partie, a-t-il insisté. Il existe un vide juridique en matière de lutte contre l'intolérance religieuse: il faut donc renforcer le régime juridique international régissant ce problème, a conclu le représentant.
M. VICENTE ZERAN (Chili) s'est félicité qu'il existe au Conseil des droits de l'homme un espace pour traiter d'un sujet aussi important que le racisme et la xénophobie. Le représentant a rappelé que ces phénomènes se manifestent de manière très variée au sein des sociétés. Le Chili estime qu'il faut prêter une attention particulière aux formes de discriminations multiples et aggravées, notamment à l'encontre des femmes, des enfants ou des personnes handicapées, et mettre en œuvre l'ensemble de la Déclaration de Durban. Il est enfin très important de coordonner l'action des mécanismes internationaux et régionaux.
M. KHALID FAHAD AL-HAJRI (Qatar) a noté avec préoccupation que les manifestations de racisme, d'intolérance et de discrimination raciale prennent la forme de «délit de faciès» visant certaines communautés. Le représentant a attiré l'attention du Conseil sur les souffrances des populations arabes et musulmanes dans les pays occidentaux, et notamment sur les obstacles qui entravent leur accès à l'emploi, à la santé et à l'éducation. Le représentant qatarien a également dénoncé le rôle des médias qui donnent une image négative de certaines religions et sont parfois ouvertement racistes. La propagation de la haine raciale et d'idées racistes sur la base d'une suprématie revendiquée devrait être passible de sanctions. Les pratiques et violences raciales actuelles exigent un renforcement de l'action du Conseil des droits de l'homme. Le représentant a insisté sur l'importance d'interdire la haine religieuse tout autant que les politiques discriminatoires, ou basées sur l'idée de suprématie raciale.
M. EVGENY USTINOV (Fédération de Russie) a rappelé que le fascisme a été terrassé voici maintenant 65 ans. Or, on assiste aujourd'hui à une tendance à la réhabilitation de théories qui ont été combattues depuis la fin du conflit mondial, y compris par le droit international. Les décisions de certains pays européens sont de nature à rallumer la haine raciale, a déploré le représentant, dénonçant par ailleurs la prolifération des mouvements néo-nazis en Europe. Le racisme, la xénophobie et l'intolérance ne sauraient être combattus sans volonté politique et travail acharné. L'année prochaine marquera le dixième anniversaire de la Conférence de Durban: il conviendrait donc de prévoir des manifestations adéquates dans le programme de travail du cycle du Conseil qui va s'ouvrir, a conclu le représentant russe.
M. ABDULAZIZ ALWASIL (Arabie saoudite) a rappelé que le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie représentent autant d'obstacles à l'amitié entre les peuples. Le représentant a fait état de l'initiative en faveur du dialogue interculturel et interreligieux, dont l'Arabie saoudite est un promoteur. Le représentant a souligné le rôle fondamental des medias, tantôt positif, tantôt négatif, quand il incite à la discrimination ou la haine entre communautés.
M. AHMED IHAB GAMALELDIN (Égypte) a fait part de ses préoccupations s'agissant des préjugés et des malentendus d'ordre culturel et religieux qui entraînent des manifestations d'intolérance et de discrimination et empêchent la promotion d'une culture de paix. Les actes de discrimination, de préjugés et de stéréotypes sont une insulte à la dignité humaine et à l'égalité. L'Égypte s'inquiète tout particulièrement des préjugés contre certaines religions et déplore les incitations à la haine contre certaines personnes, les attaques contre les personnalités religieuses et les lieux de culte. Le représentant a rappelé que des ateliers ont été organisés pour mieux comprendre les politiques, pratiques et modèles législatifs des différents pays, s'agissant de l'interdiction de l'incitation à la haine. Il s'est dit convaincu que ces ateliers seront utiles et contribueront à faire comprendre les préoccupations de droits de l'homme qui sous-tendent les questions de la diffamation des religions et de l'incitation à la haine raciale et religieuse. Ces ateliers permettront aussi de rendre les instruments internationaux plus réactifs aux nouvelles tendances et comportements. L'Égypte souhaite, dans ce contexte, que les travaux du Comité ad hoc sur l'élaboration de normes complémentaires se poursuivent.
M. MATTHEW R. ANDRIS (États-Unis) a assuré que la lutte contre la discrimination raciale à l'intérieur du pays comme à l'étranger est l'une des priorités des États-Unis. Au niveau interne, a indiqué le représentant, la diversité de la société des États-Unis est une source de fierté. Mais si le pays a beaucoup progressé en matière de lutte contre le racisme et de promotion de l'égalité, il lui reste encore à faire, a admis son représentant. Aussi, les États-Unis sont-ils favorables à un échange d'idées et de bonnes pratiques.
Observateurs
M. GIRMA KASSAYE AYEHU (Éthiopie) a déclaré que le monde était infesté par le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, qui se manifeste notamment par diverses formes de profilage racial, source de nombreuses violations des droits de l'homme. La lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance occupe place importante dans le programme éthiopien des droits de l'homme, a affirmé le représentant.
M. EDGARDO TORO CARREÑO (Venezuela) a indiqué que la Constitution de son pays posait les principes fondamentaux d'une société pluriethnique et pluriculturelle, ainsi que l'égalité des citoyens. Le représentant a réaffirmé l'engagement de son gouvernement en faveur de l'éradication de toutes les formes de discrimination et a encouragé toutes les délégations à poursuivre cette lutte ardue. Il faut concrétiser les objectifs de tolérance, de compréhension mutuelle et de dialogue afin de donner effet aux engagements de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.
Organisations non gouvernementales
M. SONA KANTI BARUA (Libération) a déploré la situation des dalits et des hindous des castes inférieures, en Inde. Ces personnes font l'objet de ségrégation et de restrictions dans les écoles, les lieux de culte et les hôpitaux, ainsi qu'en matière d'accès à l'eau et aux infrastructures publiques. L'Inde est-elle réellement en mesure de remettre en question ce système discriminatoire de castes, a demandé le représentant?
M. ROY W. BROWN (Union internationale humaniste et laïque) s'est dit effaré de la persistance de formes traditionnelles d'esclavage dans un certain nombre d'États, malgré des lois les interdisant. Le représentant a notamment exhorté le gouvernement de la Mauritanie à veiller à ce que la loi sur l'abolition de l'esclavage soit effectivement appliquée, estimant qu'il devrait en résulter la libération de 600 000 esclaves. Le représentant a noté qu'au moins trois États membres du Conseil prescrivent la peine de mort contre leurs ressortissants qui font profession d'athéisme, dont les Maldives, pays récemment élu au Conseil. Le représentant a rappelé que la liberté d'opinion est un droit absolu qui ne peut être restreint que dans certaines conditions précises définies dans le Pacte international sur les droits civils et politiques. Cette situation soulève la question de l'appartenance au Conseil d'États qui nient des droits que le Conseil est censé promouvoir et faire respecter. Le Conseil, a-t-il conclu, devrait étudier d'urgence cette question dans le cadre de son examen quinquennal.
MME CAROLINE VIRET (France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand) a souligné que les pratiques discriminatoires entraînent une répartition inégale des ressources. Certains laissés-pour-compte voient leurs droits bafoués, notamment en matière d'accès à l'emploi, aux soins de santé, à l'éducation: la pauvreté et les désavantages sociaux qui en découlent servent de prétextes à des nouvelles pratiques discriminatoires. La représentante a aussi attiré l'attention du Conseil sur la situation du peuple mapuche, au Chili, dont les droits sont bafoués. Elle a déploré l'exclusion dont souffre cette communauté. Elle a souligné l'importance que ce peuple, à l'instar d'autres, puisse participer à la prise de décision, soit représenté à tous les niveaux de l'administration et ait le droit d'exprimer son consentement avant l'exécution de projets qui affectent son présent et son avenir.
M. GIANFRANCO FATTORINI (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - MRAP) a déclaré que les crises financière, économique et sociale que traverse actuellement l'Europe entraînent, dans une grande partie de la population, une réaction de repli sur soi et de rejet de l'autre. Dans des conditions comparables, de tels phénomènes ont été observés de tout temps: il appartient aux responsables politiques de les maîtriser, de les canaliser et de les neutraliser. Or, c'est exactement l'inverse que l'on constate, s'est inquiété le représentant du MRAP. La récente condamnation en France, suite à une plainte déposée par le MRAP, du Ministre de l'intérieur pour injure raciale, est révélatrice d'une profonde dérive, a-t-il souligné. Le représentant a en outre déploré les «petites histoires douteuses» du Président du Conseil des Ministres de l'Italie, portant notamment sur la couleur de peau du Président Obama; ainsi que le manque d'initiative et d'engagement du Gouvernement suisse à l'occasion du vote populaire portant sur les minarets. En conclusion, le représentant a souligné que le renforcement en Europe des forces politiques véhiculant une idéologie discriminatoire, xénophobe voire raciste est source de vive préoccupation pour le MRAP.
M. DAISUKE SHIRANE (Mouvement international contre toutes les formes de discrimination) s'est inquiété du sort des milliers de personnes déplacées à Sri Lanka. Le représentant a affirmé que des militaires y ont confisqué des terres et empêchent de ce fait ainsi le retour de ces personnes; d'autre part, deux femmes ont été violées récemment par des soldats. Le représentant a par ailleurs attiré l'attention du Conseil sur 260 millions de personnes dans le monde qui souffrent de discriminations fondées sur leur ascendance.
M. JAN LONN (Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies) a indiqué que se tiendra, demain, la Journée internationale de l'enfant africain, destinée à commémorer le combat de la jeunesse contre l'apartheid. La commémoration des luttes passées est une inspiration pour les combats actuels, a souligné le représentant. Ce dernier a aussi déploré que le fléau du racisme n'ait pas encore été éradiqué. Dans ce contexte, il s'est félicité de la possibilité qui a été offerte à de nombreux mouvements antiracistes de nouer des synergies pour lutter contre ce fléau, à l'occasion du Forum de la société civile qui s'est tenu dans le cadre de l'examen de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.
MME DANIELA MCBANE (Nord-Sud XXI) a fait part de sa profonde préoccupation face à la montée de l'islamophobie, en particulier en Europe de l'ouest. L'islamophobie procède d'une mauvaise compréhension de l'islam, religion qui abhorre le terrorisme. La lutte contre l'islamophobie relève de la responsabilité des gouvernements et doit s'appuyer sur des programmes éducatifs, législatifs et institutionnels ainsi que sur une action judiciaire à l'encontre des individus ou des groupes qui propagent des doctrines discriminatoires et islamophobes, a rappelé la représentante. Nord-Sud XXI estime que l'année 2011 devrait être l'occasion d'un engagement et d'une réflexion approfondis sur les causes profondes de la discrimination et de l'exclusion dont sont victimes des millions de personnes d'ascendance africaine de par le monde.
MME KAREN PARKER (International Educational Development) a observé que certains peuples se sont parfois retrouvés artificiellement associés au sein d'un même État. Leur volonté de suivre leur propre voie a tantôt abouti à une séparation en douceur, comme le «divorce de velours» entre Tchèques et Slovaques; tantôt à des guerres ou à des conflits sanglants, comme au Sri Lanka ou au Kirghizistan.
MME BETHANY SINGER-BAEFSKY (United Nations Watch) a souligné que son organisation œuvre activement à la lutte contre le racisme et contre la discrimination raciale, main dans la main avec d'autres organisations non gouvernementales, notamment ici à Genève. Elle a demandé aux États membres des Nations Unies de s'associer à ce combat contre le racisme.
M. MAURICE KATALA (Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs) a dénoncé les traitements réservés aux migrants, réfugiés et personnes déplacées, qui constituent des violations graves de la dignité humaine et des droits de l'homme. Le représentant a proposé que soit trouvée une alternative à la Convention sur la protection des travailleurs migrants et des membres de leur famille, dont on sait depuis longtemps qu'elle ne sera jamais ratifiée par les États d'accueil. Le représentant a également recommandé que soient autorisées des visites par la société civile dans les camps de requérants d'asile en Libye et dans les pays du bassin méditerranéen – camps érigés avec le financement de l'Union européenne, laquelle finance par ailleurs un programme militaire (Frontex) qui prévoit notamment de tirer sur les embarcations transportant les clandestins.
M. DAVID LITTMAN (Union mondiale pour le judaïsme libéral) a dénoncé les accusations racistes prononcées la semaine dernière par la délégation de la Syrie, déclarations qui n'ont malheureusement donné lieu ni à une condamnation de la part du Conseil des droits de l'homme, ni à une prise de position de sa présidence. Le représentant a ensuite lancé un appel au Conseil pour qu'il condamne, enfin, les manifestations haineuses à l'égard des juifs prononcées régulièrement par la Syrie.
M. W. MALUZA (Comité international pour le respect et l'application de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples - CIRAC) a observé que la Déclaration et le Programme d'action de Durban restent plus que jamais d'actualité. Il a déploré la montée et la banalisation sans précédent du racisme en Europe, aux États-Unis et dans d'autres régions du monde. Le représentant a fustigé les propos de M. Berlusconi sur M. Obama, propos qui ont fait de l'Italie un véritable sanctuaire de la haine, du racisme et de la discrimination. Les «propos nauséabonds» de M. Hortefeux concernant les Arabes en France sont encore dans les mémoires. En Suisse, pays dépositaire de tant d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, le directeur de l'Office fédéral des migrations à traité les requérants d'asile nigérians de vendeurs de drogue. En Suisse toujours, un requérant d'asile nigérian est mort par étouffement au cours de son expulsion. Le vote contre la construction des minarets dans ce même pays a, selon le représentant, révélé l'épaisseur du racisme et de la discrimination en Europe.
M. BELL HILAIRE (Cercle de recherche sur les droits et les devoirs de la personne humaine) a rappelé que son organisation est résolument engagée dans l'élaboration des normes internationales complémentaires. Elle soutient en outre un projet de «déclaration universelle des devoirs fondamentaux de la personne» et travaille activement à la convocation d'une conférence internationale sur les devoirs de la personne. L'organisation travaille également à l'élaboration d'un code de conduite sur l'exercice des libertés d'expression, de réunion et d'association, a ajouté le représentant.
M. RONALD BARNES (Indian Council of South America) a loué la Fédération de Russie pour avoir évoqué le soixante-cinquième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, et la victoire sur le racisme qu'elle a représentée. Le représentant a constaté qu'on n'avait pas encore parlé du racisme institutionnel à l'encontre des populations autochtones, alors même que plusieurs Présidents des États-Unis ont exprimé, au moment de la colonisation du pays, leur désir de supprimer les «peuples inférieurs».
M. DAVID LITTMAN (Association pour l'éducation d'un point de vue mondial) a dit avoir écouté avec attention la déclaration de la délégation de l'Organisation de la Conférence islamique sur la diffamation des religions, remarquant que le respect de la religion juive est «tout à fait visible à la télévision et dans les médias des pays arabes». Il ne reste pas plus de 3000 juifs dans le monde arabe, a souligné le représentant, ajoutant que c'est maintenant au tour des chrétiens de souffrir, notamment en Iraq. Il est temps d'entendre la vérité sur les normes complémentaires et ce qu'elles impliquent, a insisté le représentant, pour qui il serait bon que le Conseil des droits de l'homme agisse en faveur des chrétiens d'Iraq et d'autres pays du monde arabe.
*La Norvège est intervenue au nom des 55 pays suivants: Albanie, Allemagne, Andorre, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Canada, Chili, Chypre, Costa Rica, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, ex-République yougoslave de Macédoine, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Japon, Lettonie, Libéria, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Maldives, Malte, Mexique, Monaco, Monténégro, Norvège, Nouvelle-Zélande, Panama, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Portugal, République de Moldova, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Timor-Leste, Tonga et Vanuatu.
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