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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES PAYS NON ALIGNÉS, LA SYRIE, LA FRANCE, LA THAÏLANDE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations prononcées au nom du Mouvement des pays non alignés et des pays observateurs représentés auprès de la Conférence, ainsi que des interventions de la Syrie et de la France et du Secrétaire général de la Conférence du désarmement.

L'ambassadeur de l'Inde, M. Hamid Alu Rao, intervenant au nom du Groupe des 21 pays non alignés membres de la Conférence du désarmement (G-21), a rappelé que son Groupe estimait qu'une convention internationale sur l'interdiction de l'utilisation des armes nucléaires constituerait une étape importante dans le cadre d'un programme échelonné visant l'élimination complète des armes nucléaires selon un calendrier déterminé. Réitérant sa profonde préoccupation devant la lenteur des progrès vers le désarmement nucléaire et l'absence de progrès de la part des États dotés d'armes nucléaires vers l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires, les 21 soulignent l'importance d'une mise en œuvre effective, étape par étape, de mesures concrètes en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires. M. Rao a rappelé les mesures concrètes envisagées par le Groupe des 21: réaffirmation d'un engagement sans équivoque des États dotés d'armes nucléaires en faveur de l'objectif d'élimination complète des armes nucléaires; abandon du rôle des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité; adoption de mesures par les États dotés d'armes nucléaires pour réduire le danger nucléaire; négociation d'un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace d'armes nucléaires; négociation d'une convention sur l'interdiction complète de l'emploi ou la menace d'armes nucléaires; négociation d'une convention aux armes nucléaires interdisant la mise au point, la production, le stockage et l'utilisation des armes nucléaires en vue de leur élimination à l'échelle mondiale selon un calendrier déterminé. Le Groupe des 21 exprime l'espoir qu'il sera possible pour la Conférence du désarmement d'entamer rapidement des négociations sur le désarmement nucléaire dans le cadre de son programme de travail.

Présentant la position du G-21 sur les garanties négatives de sécurité, M. Rao a souligné que le Groupe reste convaincu que tant que les armes nucléaires existeront, persistera le risque de leur prolifération. En attendant la réalisation de l'élimination complète des armes nucléaires, le Groupe réaffirme la nécessité urgente de parvenir à un accord rapide sur un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace d'armes nucléaires. Un tel instrument devrait être clair, crédible, sans aucune ambiguïté, et devrait répondre aux préoccupations de toutes les parties. Il faut reconnaître aux États non dotés d'armes nucléaires le droit des de ne pas être attaqués ou menacés par les États dotés d'armes nucléaires. Le Groupe demeure profondément préoccupé par les doctrines de défense stratégique, qui non seulement présentent des arguments en faveur de l'utilisation ou la menace des armes nucléaires, mais aussi de maintenir des concepts injustifiables sur la sécurité internationale fondée sur la promotion et le développement de politiques de dissuasion nucléaire par une alliance militaire. Si le G-21 estime que les zones exemptes d'armes sont des étapes positives vers le désarmement nucléaire et la non-prolifération, il ne souscrit pas aux arguments selon lesquels les déclarations faites par les États dotés d'armes nucléaires seraient suffisantes, ou que des garanties de sécurité ne devraient être accordées que dans le cadre de zones exemptes d'armes nucléaire. Le Groupe admet que même si les approches différentes existent, les efforts visant à conclure un instrument universel et juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité aux États non dotés d'armes nucléaires doivent se poursuivre. Le Groupe estime que la conclusion d'un tel instrument serait une étape importante vers la réalisation des objectifs de maîtrise des armements, le désarmement nucléaire et de non-prolifération dans tous ses aspects.

L'ambassadeur de la Thaïlande, M. Sihasak Phuangketkeow, dans une déclaration faite au nom du Groupe informel des États observateurs à la Conférence du désarmement, a rappelé que le désarmement était un sujet de préoccupation non seulement pour les États membres de la Conférence, mais pour l'ensemble de la communauté internationale. Il est donc important pour les futurs travaux de la Conférence de se fonder sur les principes d'inclusion et de transparence. Le groupe informel des États observateurs salue par conséquent l'initiative du Président de convoquer une réunion informelle avec les États observateurs dès sa prise de fonction à la présidence. Le niveau élevé de participation des États observateurs est en outre la preuve de leur volonté, en tant que groupe, à être davantage impliqués dans les travaux de la Conférence. Le Groupe informel des États observateurs réaffirme son soutien aux efforts de la présidence pour parvenir à un consensus sur un accord pour un programme de travail équilibré qui réponde aux intérêts de tous les États concernés.

Compte tenu de la portée universelle du désarmement et de tout instrument juridique sur la question, tous les États membres de l'ONU devrait avoir des chances égales de participer et de partager leurs préoccupations dans les délibérations sur les discussions ou négociations futures. À cet égard, le Groupe se félicite des résultats de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui a invité le Secrétaire général à convoquer une réunion de haut niveau en septembre de cette année sur les garanties de sécurité et les matières fissiles. Le groupe informel apprécie le soutien de l'Autriche lors de la Conférence d'examen s'agissant des amendements proposés par la Thaïlande au nom des États observateurs d'inclure tous les États Membres des Nations Unies dans les réunions de haut niveau, et les amendements ont ensuite été adoptées par les États parties au TNP. Le succès des réunions de septembre serait une avancée positive, tant pour la Conférence du désarmement que dans le contexte du désarmement. En conclusion, le Groupe informel des États observateurs souhaite collaborer sur les moyens de renforcer la participation de tous dans le processus de désarmement.

M. FAYSAL KHABBAZ-HAMOUI (Syrie) a salué l'invitation lancée par le Président aux États membres de participer aux consultations sur la situation actuelle et la voie à suivre à l'avenir. La Syrie estime que les États membres sont très proches dans leurs positions et que la question nécessite une certaine compréhension et des concessions réciproques pour parvenir à un programme de travail; rester sur ses positions ne serait pas utile pour favoriser les travaux de la Conférence et la faire sortir de l'impasse. Le représentant syrien s'est déclaré préoccupé par le lancement du satellite militaire Horizon-9 par Israël, qui est utilisé pour espionner les États de la région. Cette mesure mérite d'être condamnée, car elle accroît les tensions dans la région et dans le monde et démontre la volonté d'Israël de procéder à une course aux armements dans tous les domaines. Cette escalade requiert la condamnation de tous, et ne doit pas être tolérée. Cet acte posé par Israël, qui constitue une agression, renforce la détermination de la délégation syrienne de traiter des quatre questions fondamentales en matière de désarmement, notamment la prévention d'une course aux armements dans l'espace et l'utilisation de l'espace à des fins d'espionnage.

Le représentant de la France, M. Eric Danon, a regretté, s'agissant de la déclaration du G-21 sur l'ensemble de la procédure du désarmement et les pas concrets à mener dans le futur, que la négociation d'un traité «cut-off» n'ait même pas été mentionnée une seule fois. Il a aussi déploré que, dans le discours prononcé au nom des pays observateurs à la Conférence, il soit considéré que l'invitation faite par la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de convenir une réunion de haut niveau en septembre soit réduite, quant à son but, à discuter d'assurances de sécurité et de «fissile materials». Le représentant français a souligné que «c'est plus que cela» et que l'invitation qui a été faite au Secrétaire général était beaucoup plus large que simplement ces deux sujets.

M. Sergei Ordzhonikidze, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a informé la Conférence de la décision du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de convoquer une réunion de haut niveau des États membres de l'ONU le vendredi 24 septembre au cours du débat de haut niveau que tiendra l'Assemblée générale au début de sa prochaine session. M. Ordzhonikidze a expliqué que cette réunion offrira l'occasion de débattre des moyens de promouvoir le désarmement multilatéral en général et l'efficacité de la Conférence du désarmement en particulier.

Le Secrétaire général de la Conférence a exprimé l'espoir que cet événement, qui s'inscrit dans le cadre des récentes évolutions positives en matière de désarmement dans les contextes bilatéral et multilatéral, donnera un nouvel élan politique et une impulsion au désarmement multilatéral. Il a ajouté que si la Conférence du désarmement parvenait d'ici là à adopter un programme de travail, cela aiderait grandement à projeter une meilleure image de la Conférence du désarmement. Ce débat s'inscrit dans une série de manifestations de haut niveau sur le désarmement qui ont eu lieu au cours des derniers mois, et M. Ordzhonikidze a souligné qu'il ne fallait pas laisser se perdre cet élan politique.

M. Luiz Filipe De Macedo Soares, ambassadeur du Brésil et Président de la Conférence du désarmement, a déclaré que de son point de vue, la réunion de haut niveau décidée par le Secrétaire général serait une bonne occasion pour soutenir les travaux de la Conférence. Il est donc important qu'à ce stade, la Conférence du désarmement aura déjà adopté son programme de travail et l'aura pleinement mis en œuvre. Cela donnerait une plus grande impulsion en appui à la Conférence et pour le commencement des travaux l'année prochaine.

M. Soares a également indiqué qu'il avait continué de tenir des consultations individuelles avec les délégations. Il avait rencontré soixante d'entre elles à ce jour pour échanger des vues sur la possibilité d'adopter un programme de travail. Le Président se réunira demain avec les différents groupes régionaux. Il est important que la Conférence du désarmement reprenne ses travaux, a-t-il conclu.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 6 juillet, à 10 heures.


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DC10/027F