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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DU BRÉSIL

Compte rendu de séance
La Colombie au nom des pays d'Amérique latine, l'Iraq, l'Iran, le Chili, l'Égypte et le Mexique font des déclarations

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre brésilien des relations extérieures, M. Celso Amorim, dont le pays préside la Conférence à partir de cette semaine pour une période de quatre semaines, ainsi que les représentants de la Colombie, au nom des États d'Amérique latine membres ou observateurs de la Conférence, de l'Iraq, de l'Iran, du Chili, de l'Égypte et du Mexique.

M. Amorim a notamment observé que les succès relatifs de la Conférence montrent que les différends entre États doivent être abordés par la voie du dialogue et de la diplomatie. La déclaration de Téhéran sur le programme nucléaire iranien, signée par le Brésil, la Turquie et l'Iran, montre comment le dialogue et la diplomatie peuvent combler les fossés et dépasser les obstacles. Le Brésil et la Turquie étaient guidés par la volonté de trouver une formule permettant à l'Iran d'exercer son droit à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, tout en donnant des assurances que son programme n'est destiné qu'à des fins pacifiques. Le Brésil est convaincu dans ce contexte que la persuasion sera plus efficace que les menaces et que l'instauration d'un climat positif est la seule voie vers une solution acceptable pour toutes les parties.

Le représentant de l'Iran a fait valoir que les États non nucléaires devront être assurés que des armes nucléaires ne seront pas utilisées contre eux; le représentant a préconisé à cet égard la création, par la Conférence, d'un comité spécial chargé d'étudier un instrument contraignant concernant les assurances négatives de sécurité. Le représentant de l'Iraq a pour sa part indiqué que de telles mesures ne remplaceront pas un désarmement complet, et que ce dernier doit rester l'objectif de la Conférence. Le représentant du Chili a souligné l'importance d'éviter l'affaiblissement de la confiance en tant que instance unique de négociation multilatérale dans le domaine du désarmement. Le Mexique et l'Égypte ont assuré le Président de leur soutien pour faire avancer les travaux de la Conférence et à l'appui de toutes les initiatives prises pour sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve. La représentante de la Colombie, au nom des pays d'Amérique latine membres et observateurs de la Conférence, a rappelé les vertus du dialogue constructif dans le cadre informel, qui permettra sans doute d'avancer dans l'adoption du programme de travail.

Le nouveau Président de la Conférence du désarmement, l'Ambassadeur Luiz Filipe de Macedo Soares du Brésil, a indiqué que la prochaine étape des travaux de la Conférence sera aucun sans doute l'adoption d'un programme de travail pour sa session annuelle. Elle s'y consacrera lors de séances plénières qui auront lieu selon le calendrier habituel. Le Président compte en outre inviter toutes les délégations à des réunions bilatérales. Et les négociations officieuses sur tous les points à l'ordre du jour se poursuivront.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 22 juin à 10 heures.


Déclaration du Ministre brésilien des relations extérieures

M. CELSO AMORIM, Ministre des relations extérieures du Brésil, a observé que le climat de la Conférence du désarmement s'étant maintenant éclairci, elle devrait mieux jouer son rôle qui est de permettre à tous les États, y compris les pays en développement et les États non nucléaires, de participer aux décisions concernant les affaires de la planète en matière de désarmement. Au plan économique et financier, celles-ci vont s'améliorant; au plan politique, des lacunes doivent encore être comblées en termes de légitimité et d'efficacité. C'est particulièrement vrai dans le domaine de la sécurité et de la paix internationales. Le fait que les membres permanents du Conseil de sécurité soient les cinq États détenteurs de l'arme nucléaire au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires fait de toute décision dans ce domaine la «chasse gardée» du Conseil de sécurité, a regretté M. Amorim. Or, la logique de la guerre froide doit être dépassée. La vérité est que les armes nucléaires sont un risque pour la sécurité des États, y compris ceux qui les détiennent. C'est pourquoi le Brésil est prêt à contribuer aux travaux de la Conférence. Mais les mots ne suffiront pas, les actes seront décisifs. Et s'il faut se féliciter de la promesse de réduction quantitative des arsenaux nucléaires de certains pays, il faut rester attentifs au fait que la majorité de ces armes ne seront pas détruites.

La Conférence doit donc agir afin de regagner sa place d'instance de négociation dans le domaine du désarmement nucléaire. Les succès relatifs de la Conférence montrent que les différends entre États doivent être abordés par la voie du dialogue et de la diplomatie. La déclaration de Téhéran sur le programme nucléaire iranien, signée par le Brésil, la Turquie et l'Iran, montre comment le dialogue et la diplomatie peuvent combler les fossés et dépasser les obstacles. Le Brésil et la Turquie étaient guidés par la volonté de trouver une formule permettant à l'Iran d'exercer son droit à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, tout en donnant des assurances que son programme n'est destiné qu'à des fins pacifiques. Cette initiative, qui n'est pas neuve puisqu'elle reprend les termes du Groupe de Vienne, a été saluée par des institutions et personnalités respectées, a rappelé le Ministre. M. Amorim a déploré qu'elle n'ait pas été examinée plus sérieusement par le Conseil de sécurité ni mise à l'épreuve. Il est encore trop tôt pour savoir quels seront les effets des nouvelles sanctions contre l'Iran. Et même si les parties reviennent à la table des négociations, elles seront confrontées à des difficultés très importantes. Le Brésil est convaincu dans ce contexte que la persuasion sera plus efficace que les menaces et que l'instauration d'un climat positif est le seul chemin vers une solution acceptable pour toutes les parties.


Aperçu des interventions

MME CLARA INES VARGAS (Colombie, au nom des pays d'Amérique latine membres et observateurs de la Conférence du désarment) a regretté que la Conférence n'ait toujours pas adopté son programme de travail, en dépit des efforts des présidences successives. La représentante a rappelé les vertus du dialogue constructif dans le cadre informel, qui permettra sans doute d'avancer dans l'adoption du plan de travail. Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont créé la première zone internationale libre d'armes nucléaires, a rappelé la représentante, et accordent une grande importance aux travaux de la Conférence, seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement nucléaire. C'est pourquoi ces États continueront de travailler constructivement à la recherche du consensus autour du programme de travail de la Conférence, et donc de son action en faveur de la lutte contre la prolifération. La participation et la volonté politiques des États seront déterminantes à cet égard.

M. MOHAMMED ALI ALHAKIM (Iraq) a déclaré que l'Iraq attache la plus grande importance au désarmement général, s'engageant à respecter les engagements internationaux qu'il a pris en matière d'élimination des mines, de non-prolifération et de renoncement aux armes de destruction massive. La Conférence, seule instance multilatérale de discussion sur les questions de désarmement, doit quant à elle redoubler d'efforts pour se doter d'un programme de travail équilibré qui convienne à tous les États. Le représentant iraquien a rappelé que l'utilisation de la menace nucléaire était une violation du droit international. Les armes nucléaires doivent être éliminées compte tenu du danger qu'elles présentent pour l'humanité dans son ensemble. Or, les armes nucléaires et leurs vecteurs suscitent des préoccupations croissantes. Il importe que la Conférence fonde ses travaux sur les résultats obtenus au plan international en matière de désarmement nucléaire. Des assurances et des garanties de non-recours à ces armes contre les États qui y ont renoncé doivent donc être données, même si de telles mesures ne remplaceront pas un désarmement complet: ce dernier doit rester l'objectif de la Conférence. L'Iraq appelle à la ratification d'un traité international interdisant la production de matières fissiles servant à la fabrication des armes nucléaires. L'Iraq souhaite également l'interdiction du placement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique.

M. SEYED MOHAMMED REZA SAJJADI (Iran) a déclaré que son pays attachait la plus grande importance aux travaux de la Conférence dans le domaine du désarmement nucléaire. Il a déploré que, vingt ans après la fin de la guerre froide, le poids de cette époque demeure plus prégnant que jamais: les doctrines fondées sur l'emploi des armes nucléaires contre les États qui n'en disposent pas n'ont pas été abandonnées ni amendées. Les armes nucléaires sont les plus inhumaines jamais conçues; aussi la communauté internationale ne peut-elle attendre indéfiniment leur élimination complète et la Conférence ne saurait-elle rester indifférente à cette préoccupation légitime. La Conférence devra, dans ce contexte, entamer des négociations autour du traité d'interdiction des matières fissiles destinées aux armes nucléaires. D'autre part, d'ici à l'élimination des armes nucléaires, les États non nucléaires devront être assurés que de telles armes ne seront pas utilisées contre eux. Le représentant iranien a préconisé à cet égard la création, par la Conférence, d'un Comité spécial chargé d'étudier un instrument contraignant concernant les assurances négatives de sécurité.

M. PEDRO OYARCE (Chili) a demandé aux membres de la Conférence de réfléchir à leur responsabilité politique fondamentale d'éviter son affaiblissement en tant qu'instance unique de négociation multilatérale dans le domaine du désarmement. Le Chili estime que la méthode de travail de la Conférence doit se fonder sur une approche des affaires du monde axée sur le désarmement, le développement et les droits de l'homme. Il convient d'autre part de relancer les travaux de la Conférence de telle sorte qu'elle apporte une contribution utile à la sécurité internationale, en favorisant ce faisant une approche fondée sur la collaboration entre les États. Le problème majeur demeure l'adoption d'un programme de travail et le démarrage effectif des travaux de la Conférence, y compris sur la question des matières fissiles. Le Chili plaide en outre pour une meilleure participation de la société civile aux travaux de la Conférence.

M. ISHAM BADR (Égypte) a assuré la Présidence du soutien de son pays dans ses efforts pour faire avancer les travaux de la Conférence.

M. ARTURO HERNANDEZ (Mexique) a déclaré que son pays appuyait toutes les initiatives prises pour sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Le mandat de la Conférence ne consiste pas uniquement en consultations mais aussi en négociations, a rappelé le représentant.


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DC10/025F