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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES MULTILATÉRALES ET INTERNATIONALES DE LA RÉPUBLIQUE DE CORÉE

Compte rendu de séance
La Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté est autorisée à faire une déclaration devant la Conférence à l'occasion de la Journée de la femme

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Vice-Ministre des affaires multilatérales et internationales de la République de Corée, M. Hyun Cho. Elle a par ailleurs décidé d'autoriser, à titre exceptionnel, la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté à faire elle-même une déclaration, le 9 mars prochain. Un débat sur la question de la participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence précédé cette décision.

Suite à une proposition de la Norvège, de nombreuses délégations sont intervenues pour appuyer l'idée d'une plus grande participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence du désarmement, et ont souhaité que la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté soit autorisée à livrer elle même son message à la Conférence à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Des représentants ont fait remarquer que la contribution de ces organisations est très importante et constructive, comme on le voit dans d'autres enceintes des Nations Unies. Certaines délégations, en particulier les États-Unis, ont exprimé le vœu que des règles claires soient formulées pour formaliser cette participation. Ont pris la parole dans ce cadre les représentants de l'Algérie, du Canada, de la Suède, de l'Autriche, de l'Irlande, de la Syrie, de l'Allemagne, du Mexique, des Pays-Bas, du Pakistan, de la Fédération de Russie et du Brésil, ainsi que M. Serge Ordzhonikidze, Secrétaire général de la Conférence.

Dans son allocution devant la Conférence, le Vice-Ministre des affaires multilatérales et internationales de la République de Corée a notamment fait valoir que le règlement pacifique de la question nucléaire en République populaire démocratique de Corée était crucial pour consolider le régime mondial de non-prolifération. M. Hyun Cho a souligné que la République de Corée poursuivait à cet égard une voie de dialogue parallèle, tout en mettant en œuvre de bonne foi les résolutions du Conseil de sécurité en vue d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne. Cette question peut et doit être résolue de manière pacifique par le biais des pourparlers à six déjà engagés. Le Président de la République de Corée a proposé un règlement global de cette question, visant à reprendre en un seul accord toutes les étapes de la dénucléarisation irréversible de la République populaire démocratique de Corée. La République populaire démocratique de Corée a répondu à l'intervention du Vice-Ministre.

La Norvège a pour sa part souhaité marquer l'entrée en vigueur, il y a onze ans, de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, soulignant que les réalisations de ces dix dernières années ont été spectaculaires: le nombre des personnes blessées à diminué et les survivants sont en mesure de contribuer davantage à la vie sociale. Des quantités de vies ont été sauvées par la destruction de plus de 42 millions d'engins. Mais il reste que des milliers de personnes sont encore blessées chaque année par les mines antipersonnel et la Norvège réaffirme l'objectif des États parties d'amener à zéro le nombre des victimes de mines.

En début de séance, le Président a présenté les condoléances de la Conférence du désarmement au Chili, à la suite du tremblement de terre qui a frappé ce pays.


La Conférence du désarmement entendra cet après-midi, à 15 heures, M. Micheál Martin, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande. La Conférence doit en effet entendre cette semaine les déclarations de plusieurs dignitaires. Ainsi, demain à 15 heures, c'est le Secrétaire d'État de la Roumanie qui s'adressera à la Conférence, puis le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, le jeudi 4 mars à 10 heures, et le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, le vendredi 5 mars à 10 heures.


Déclarations

M. HYUN CHO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et internationales de la République de Corée, a fait état des critiques de plus en plus marquées qui se font actuellement jour concernant le blocage du processus de désarmement, à tel point que certains évoquent une véritable «décennie perdue». La Conférence serait, dans cette perspective, incapable de produire des résultats, bloquée dans ses débats et confrontations. Il est très regrettable que la Conférence n'ait su, en dépit de l'adoption tardive de son programme de travail en mai dernier, réconcilier ses différences quant à la manière d'appliquer cde programme et de reprendre son débat de fond. Malgré cela, on perçoit aujourd'hui de nombreux signes que le mécanisme du désarmement entre dans une ère nouvelle au niveau international, brisant un statu quo de dix ans. Le Gouvernement des États-Unis s'est ainsi engagé à davantage d'ouverture sur les questions de désarmement et de non prolifération. Les perspectives d'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires sont plus brillantes que jamais, tandis qu'un nouveau mécanisme chargé de remplacer le Traité sur la réduction des armes stratégiques nucléaires sera bientôt mis sur pied. Parallèlement, un nouveau consensus se dégage autour de la possibilité de concrétiser la vision d'un monde sans armes nucléaires. Les États membres doivent donc faire preuve de la souplesse nécessaire pour l'adoption d'un programme de travail permettant la reprise des débats de fonds.

Le règlement pacifique de la question nucléaire en République populaire démocratique de Corée est crucial pour consolider le régime mondial de non-prolifération, a ajouté M. Hyun Cho. La République de Corée poursuit à cet égard une voie de dialogue parallèle, tout en mettant en œuvre de bonne foi les résolutions du Conseil de sécurité en vue d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne. Cette question peut et doit être résolue de manière pacifique par le biais des pourparlers à six déjà engagés. Le Président de la République de Corée a proposé un règlement global de cette question, visant à reprendre un seul accord toutes les étapes de la dénucléarisation irréversible de la République populaire démocratique de Corée.

Le Vice-Ministre a encore fait savoir que son pays était favorable au document de travail CD/1864, qui représente une approche équilibrée et réaliste des points qui devraient être à l'ordre du jour de la Conférence, tout en insistant sur la nécessité de commencer au plus tôt la négociation d'un traité sur les matières fissiles, compte tenu du fait qu'un tel outil constitue non seulement une étape fondamentale du processus de désarmement et de non prolifération, mais aussi un instrument de confiance aussi bien que de transparence. La Conférence du désarmement doit continuer de jouer un rôle central pour l'examen de cette question. On doit enfin se féliciter des efforts en vue du désarmement nucléaire, les États concernés devant cependant encore prendre des mesures concrètes qui leur permettraient d'avoir «poids moral» plus important lorsqu'ils demandent aux États non nucléaires de faire des efforts en matière de désarmement. La République de Corée estime que les États nucléaires devraient en outre apporter des garanties de sécurité crédibles envers les États non nucléaires, a aussi déclaré le Vice-Ministre.

MME HILDE SKORPEN (Norvège) a déclaré que l'entrée en vigueur, il y a onze ans, de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel a constitué un moment historique. La deuxième Conférence d'examen, qui s'est tenue en décembre 2009 à Carthagène, a abouti à la réaffirmation par les États parties de leur engagement en faveur de l'élimination des souffrances causées par les mines antipersonnel. Les réalisations de ces dix dernières années ont été spectaculaires: le nombre des personnes blessées à diminué et les survivants sont en mesure de contribuer davantage à la vie sociale. Des quantités de vies ont été sauvées par la destruction de plus de 42 millions d'engins. Malgré ces efforts et progrès, des milliers de personnes sont encore blessées chaque année par les mines antipersonnel; les personnes vivant dans les régions affectées voient leur sécurité et leur développement compromis par la présence de mines antipersonnel. Un petit nombre d'États et d'acteurs non étatiques ont toujours recours à ces armes, avec des conséquences en termes humanitaires et de souffrances.

Les États parties à la Convention mettront tout en œuvre pour que la mise en œuvre de la Convention se fasse avec la participation de toutes les personnes concernées, femmes et hommes, enfants et adultes. La dignité et le bien-être des survivants, de leurs familles et de leurs communautés seront au cœur des efforts. La représentante a réaffirmé l'objectif des États membres d'amener à zéro le nombre des victimes de mines, grâce au déminage et à la destruction des stocks de mines. Les mêmes États condamnent l'utilisation de mines antipersonnel par tout acteur, y compris les acteurs non étatiques armés.

Mme Skorpen a enfin fait part du souhait de la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté de faire une déclaration devant la Conférence du désarmement la semaine prochaine, à l'occasion de la Journée internationale des femmes (8 mars).

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a espéré que l'année 2010 permettra à la Conférence de marquer des progrès décisifs, comme elle y a été enjointe par le Secrétaire général des Nations Unies. Le représentant a par ailleurs souligné les énormes répercussions sur la société civile de la Convention interdisant les mines. Il a espéré que la Conférence saurait utiliser l'énergie de cette société civile pour aller de l'avant dans ses propres travaux. Le représentant a relevé que certains des pays qui préconisent la participation d'organisations non gouvernementales sont les mêmes qui s'opposent à leur intégration aux travaux de la Conférence. La question des armes à sous-munitions n'est pas étroitement liée à celle des mines terrestres, a d'autre part souligné le représentant algérien: il faut se demander pourquoi la Convention sur ce type d'armes n'a pas suscité le même intérêt que la Convention sur les mines terrestres, compte tenu de leur caractère particulièrement cruel.

M. GEOFF GARTSHORE (Canada) a fait part du souhait de son pays d'entendre la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté faire une déclaration devant la Conférence du désarmement.

M. JON YONG RYONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que son pays rejetait la déclaration du Vice-Ministre de la République de Corée, qui constitue une provocation grave et ne contribue en rien aux travaux de la Conférence. La déclaration fait fi des efforts consentis par la République populaire démocratique de Corée pour assurer la paix et la sécurité dans la péninsule, et des motifs qui l'ont obligé à se retirer des pourparlers à six, à savoir l'attitude hostile des États-Unis. Or, c'est cette hostilité qui a obligé la République populaire démocratique de Corée à se doter d'une capacité de dissuasion. Le problème de la nucléarisation de la péninsule doit se régler directement avec les États-Unis, et non par le biais du «grand marchandage» préconisé par Séoul, a assuré le représentant. La dissuasion nucléaire est devenue une clé de la stabilité régionale, aussi longtemps que les politiques hostiles des États-Unis perdureront, a ajouté le représentant.

M. MAGNUS HELLGREN (Suède) a déclaré que son pays appuyait les déclarations en faveur d'une ouverture de la Conférence du désarmement à la société civile, en autorisant les organisations de la société civile à lire elles-mêmes leurs déclarations à la tribune, et non plus par l'intermédiaire de délégations ou de la présidence.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a, lui aussi, demandé que les organisations de la société civile soient autorisées à lire elles-mêmes leurs déclarations devant la Conférence du désarmement. Le représentant a en outre souligné l'importance de la Convention sur les mines terrestres et rappelé que la Convention sur les armes à sous-munitions a atteint le nombre des ratifications nécessaires à son entrée en vigueur.

M. JAMES C. O'SHEA (Irlande) a espéré que les représentants des organisations non gouvernementales pourront désormais prendre la parole devant la Convention du désarmement, et ce dès la séance du 9 mars prochain.

M. ABDULMAOLA AL NUQARI (Syrie) a également préconisé que les représentants de la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté puissent faire une déclaration devant la Conférence.

M. HELLMUT HOFFMANN (Allemagne) a abondé dans le sens des délégations favorisant l'intervention des organisations non gouvernementales et s'est félicité de l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions.

M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a lancé un appel aux délégations qui s'opposent encore à la participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence afin qu'elles reviennent sur leur position. La contribution de ces organisations peut être très importante et constructive, comme elle l'est dans d'autres enceintes, a observé le représentant.

M. PAUL VAN DEN IJSSEL (Pays-Bas) s'est dit favorable à un rôle accru de la société civile dans les travaux de la Conférence du désarmement.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que son pays s'associait à la proposition de la Norvège relative à la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté.

M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a également appuyé la proposition de la Norvège relative à la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté, rappelant que son pays est l'un des rares à célébrer le 8 mars, la Journée de la femme. Le représentant a aussi estimé que les Conventions sur les mines et sur les armes à sous-munitions pourraient être abordées dans les débats thématiques de la Conférence.

M. GAROLD N. LARSON (États-Unis) a déclaré que si son pays appuie l'idée de transparence de la Conférence à l'égard des organisations non gouvernementales, il se pose la question des modalités de participation des organisations non gouvernementales à ses travaux.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Secrétaire général de la Conférence, a estimé qu'il serait utile de préciser les droits et devoirs des organisations non gouvernementales vis-à-vis de la Conférence du désarmement, comme il se pratique dans d'autres enceintes des Nations Unies. L'appui des organisations de la société civile est impératif, a fait valoir le Secrétaire général, compte tenu de leur poids et de leur influence dans la vie sociale. La lecture d'une déclaration de la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté devrait donc être autorisée le 9 mars prochain, sans toutefois que cela ne constitue un précédent, en attendant que des règles claires soient formulées quant à la participation des organisations non gouvernementales en général.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a dit que son pays est favorable à la participation directe des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence.

Suite à une motion d'ordre de l'Algérie, la Conférence décide d'autoriser, à titre exceptionnel, la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté à faire une déclaration devant la Conférence le 9 mars prochain, à l'occasion de la Journée internationale des femmes (8 mars).

M. JÜRG LAUBER (Suisse) s'est dit satisfait de la décision d'autoriser la participation de la Ligue internationale des femmes pour la paix et le développement aux travaux de la Conférence.

M. DANIEL ÁVILA CAMACHO (Colombie) s'est également félicité de cette décision.


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DC10/011F