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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU KAZAKHSTAN

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration du Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Kanat Saudabayev, qui a exprimé l'espoir qu'eu égard aux importants changements politiques intervenus récemment, la Conférence saura sortir de l'impasse et parvenir à des résultats concrets.

L'utilisation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques est, du point de vue du Kazakhstan, l'une des questions les plus urgentes inscrites à l'ordre du jour, a-t-il notamment déclaré. Par ailleurs, le Kazakhstan soutient le lancement rapide de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. En outre, de l'avis du Kazakhstan, le moment est venu de procéder à l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant sur des garanties de sécurité offertes par les puissances nucléaires aux États non dotés de l'arme nucléaire. Seules de telles garanties peuvent effectivement répondre aux aspirations de certains États non dotés d'armes nucléaires d'acquérir de telles armes - qu'elles considèrent comme garantes de leur sécurité.

M. Saudabayev a rappelé que le Kazakhstan, qui a volontairement renoncé au quatrième plus important arsenal nucléaire du monde et fermé le plus grand site d'essais nucléaires à Semipalatinsk a été et continuera d'être un fervent avocat et un participant actif du processus mondial de non-prolifération et des efforts visant à réduire la menace nucléaire. Le Ministre a estimé que le modèle de désarmement du Kazakhstan est devenu un exemple à suivre, grâce à la volonté politique et aux efforts persistants du Président Nursultan Nazarbayev et à sa volonté d'œuvrer sans relâche à la réalisation de l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires.

Le Kazakhstan accorde une grande importance à la Conférence du désarmement et considère que cette instance est l'un des mécanismes les plus importants pour le renforcement de la sécurité internationale, a poursuivi M. Saudabayev. Aussi, a-t-il exprimé l'espoir que les États participant à la Conférence ont la volonté politique de surmonter leurs différences et de commencer le travail concret qui l'attend.

L'année 2009 a été une année cruciale pour la communauté du désarmement, a ajouté le Ministre kazakh des affaires étrangères, rappelant le changement de la politique de non-prolifération et de désarmement des États-Unis. L'initiative du Président Barack Obama de convoquer un sommet mondial sur la sécurité nucléaire, ainsi que sa décision de donner un nouvel élan à une prompte ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ont reçu un accueil favorable de la communauté internationale et ont suscité un nouvel espoir. Les progrès dans les négociations entre la Fédération de Russie et les États-Unis visant à conclure un nouvel accord pour remplacer le Traité sur la réduction des armes stratégiques (START) sont d'une importance capitale, a souligné M. Saudabayev.

Aujourd'hui, il est essentiel de surmonter la stagnation du processus de désarmement global, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, soulignant que de grands espoirs sont placés dans la prochaine Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui se tiendra au mois de mai 2010. Le Secrétaire général de l'ONU a proposé un plan en cinq points pour le désarmement, a-t-il rappelé, jugeant également très intéressantes les propositions du Royaume-Uni, de la France, de la Norvège et de quelques autres pays. «Le monde attend une percée majeure et nous devons répondre à ces attentes», a insisté M. Saudabayev, précisant que dans ce contexte, le sommet de Washington sur la sécurité nucléaire et la Conférence d'examen du TNP constituent les événements essentiels.

Le TNP reste une pièce majeure de la sécurité internationale, a déclaré le Ministre kazakh, insistant sur la nécessité, pour toutes les parties à ce Traité, de s'engager significativement à en appliquer les dispositions de manière responsable et effective. «Jusqu'ici, malheureusement, nous n'avons pas été capable d'atteindre les objectifs de désarmement, ni de prévenir la propagation des armes nucléaires, pas plus que l'émergence de nouveaux États de facto dotés de l'arme nucléaire», a rappelé M. Saudabayev. «Le besoin est urgent d'élaborer des mécanismes clairs permettant d'exercer des pressions sur les États dotés de l'arme nucléaire qui opèrent en dehors du cadre du TNP et d'empêcher le retrait du Traité», a-t-il déclaré. Il est nécessaire de faire en sorte que les États parties respectent inconditionnellement leurs engagements ancrés dans l'unité des trois éléments fondamentaux que sont la non-prolifération, l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et le désarmement, a insisté M. Saudabayev. Il a exprimé l'espoir de son pays que la Conférence d'examen du TNP de ce printemps puisse sortir de l'impasse les efforts visant à faire du TNP un instrument réellement effectif. Le Kazakhstan, pour sa part, est en train de préparer un ensemble de propositions qui, de son point de vue, correspondent aux aspirations de la communauté internationale et aux propositions qui ont déjà été faites «à partir de ce podium», a-t-il précisé.

Le Kazakhstan est profondément convaincu que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est une importante condition préalable associée au désarmement nucléaire, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan. À cet égard, il s'est félicité de la décision du Président des États-Unis de chercher à obtenir la ratification de ce Traité; il faut espérer que cela enverra un signal important aux pays qui ne l'ont pas encore ratifié. Une décision, de la part de certains États dotés de l'arme nucléaire, de s'abstenir volontairement de procéder à des explosions nucléaires constitue certes un pas positif, mais ne saurait faire office d'alternative à un instrument juridiquement contraignant, a expliqué M. Saudabayev. Le Kazakhstan, qui soutient le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, coopère activement avec la Commission préparatoire pour l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (qui sera créée dès l'entrée en vigueur du Traité) et contribue significativement au renforcement du régime de vérification prévu par le Traité. La résolution adoptée en décembre dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies, sur initiative du Kazakhstan, qui déclare le 29 août (date officielle de la fermeture du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk) Journée internationale contre les essais nucléaires est pleinement conforme aux objectifs du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a souligné M. Saudabayev, exhortant la Conférence à appuyer l'application de cette résolution par des mesures concrètes.

L'entrée en vigueur, en mars 2009, du Traité sur une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale constitue une importante contribution des pays de la région à la sécurité internationale et régionale, a poursuivi M. Saudabayev. Au cours de la première Réunion d'examen des Parties au Traité, en octobre dernier, le Kazakhstan a proposé l'élaboration d'un plan d'action régional visant à favoriser la sécurité nucléaire, prévenir la prolifération nucléaire et contrer le terrorisme nucléaire, a-t-il indiqué. Très bientôt, a-t-il ajouté, Astana accueillera, dans le cadre de l'Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire, une conférence sur les questions urgentes associées à cette problématique. Étant donné que le terrorisme trouve un terrain fertile dans les pays pauvres et instables, il convient de rappeler l'initiative, lancée par le Président Nazarbayev, visant la création d'un fonds de maintien de la paix des Nations Unies alimenté par des contributions volontaires des États à hauteur de 1% de leurs dépenses militaires, a souligné M. Saudabayev.

Le Kazakhstan soutient le droit de tous les membres de la communauté internationale de développer de l'énergie nucléaire en respectant strictement le TNP et sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a poursuivi le Ministre kazakh. Selon les experts, a-t-il affirmé, «l'énergie nucléaire peut déjà, dans un avenir immédiat, devenir un substitut valable aux sources traditionnelles d'énergie». «De telles prévisions sont importantes dans le contexte de la tendance globale vers une réduction progressive des émissions de carbone et dans le contexte de la transition vers une économie «verte», a-t-il déclaré. «Étant donné la «renaissance nucléaire» à laquelle on assiste et l'intérêt croissant que manifestent divers pays à l'égard de l'énergie nucléaire, le Kazakhstan est disposé à apporter une importante contribution en tant que l'un des principaux fournisseurs nucléaires du monde», a indiqué M. Saudabayev. Il a en outre souligné que le Kazakhstan a apporté son soutien à l'idée de créer une banque internationale de combustible nucléaire, sous les auspices de l'AIEA, et a confirmé la disponibilité de son pays à l'accueillir sur son territoire et à assurer le stockage adéquat du combustible nucléaire.

Enfin, M. Saudabayev a rappelé que son pays présidait cette année l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il a dit espérer que les efforts progresseront en vue d'assurer l'entrée en vigueur de l'Accord d'adaptation du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe. Au mois de juin prochain, a-t-il ajouté, la Turquie accueillera le troisième Sommet de la Conférence pour l'interaction et les mesures d'instauration de la confiance en Asie, qui devrait contribuer au renforcement d'un nouveau mécanisme visant à assurer la sécurité internationale.

En début de séance, le Président de la Conférence, M. Mikhail Khvostov du Bélarus, a tenu à souligner qu'aujourd'hui marquait le quarantième anniversaire de l'entrée en vigueur du TNP qui fut élaboré en cette enceinte par le Comité des dix puis dix-huit puissances sur le désarmement qui a précédé la Conférence du désarmement.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi prochain, 9 mars, à 10 heures. À cette occasion, et pour marquer la Journée internationale des femmes (8 mars), une représentante de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté s'adressera à la Conférence.


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DC10/015F