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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE BRÉSIL ET LE NIGÉRIA

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu ce matin des déclarations du Brésil et du Nigéria, qui ont abordé la situation d'impasse dans laquelle se trouvait la Conférence du fait qu'elle ne parvient pas à adopter un programme de travail pour mener ses travaux en 2010. Le Président de la Conférence a pour sa part informé les délégations de l'avancement des consultations qu'il menait sur les propositions de programme de travail en vue de commencer les travaux de fond de la Conférence en indiquant qu'il n'y avait toujours pas de consensus sur la question.

Le Brésil a souligné que la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires constituait l'un des objectifs les plus largement soutenus dans le domaine du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Il a rappelé que les États qui n'ont pas d'armes nucléaires, ne font pas partie d'alliances militaires et n'ont pas de garanties de sécurité contre l'utilisation des armes nucléaires subissent une grande asymétrie dans le domaine de la sécurité nationale. En outre, des situations géopolitiques spécifiques ne sauraient justifier le non-respect des principes et normes du droit international et de relations internationales civilisées. Les questions de désarmement ne sont pas l'apanage des seuls États qui possèdent des armes de destruction massive ou ont l'intention d'en acquérir, a estimé le Brésil.

Pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, il est important de réaliser des avancées progressives, a pour sa part estimé le Nigéria. Le pays regrette que la Conférence n'ait pas encore su tirer parti de l'espoir suscité l'an dernier pour reprendre sérieusement le travail et demande aux délégations d'écouter les autres plus attentivement pour comprendre les craintes et les préoccupations légitimes de chacune afin de tenter de sortir du bourbier qui continue de paralyser les travaux de la Conférence.

La Conférence du désarmement a par ailleurs accédé à la demande présentée par la Jordanie de participer aux travaux de la Conférence du désarmement en tant qu'observateur.

La semaine prochaine, la Conférence entendra les déclarations de plusieurs hauts dignitaires. Ainsi, M. Hyun Cho, Vice-Ministre des affaires multilatérales et internationales de la République de Corée doit intervenir le mardi 2 mars à 10 heures; M. Micheál Martin, Ministre des affaires étrangères ministre de l'Irlande, le mardi 2 mars à 15 heures; M. Bogdan Aurescu, Secrétaire d'État de la Roumanie, le mercredi 3 mars à 15 heures; M. Chinami Nishimura, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, le jeudi 4 mars à 10 heures; et M. Kanat Saudabayev, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, le vendredi 5 mars à 10 heures.


La Conférence du désarmement tiendra sa prochaine séance plénière le mardi 2 mars, à 10 heures, pour entendre le Vice-Ministre de la République de Corée.


Déclarations

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a déclaré que la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires constituait depuis longtemps l'un des objectifs les plus largement soutenus dans le domaine du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Il a rappelé que l'Assemblée générale avait déjà appelé à la cessation de cette production dans une résolution de 1957 et avait réitéré en janvier dernier l'appel lancé à la Conférence d'entamer les négociations. La nécessité de commencer la négociation d'un traité sur la production de matières fissiles fait partie des décisions adoptées par consensus par la Conférence d'examen de 1995 des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Le représentant brésilien a noté que certains arguments ont été apportés pour empêcher la Conférence de répondre aux appels répétés en faveur de négociations sur les matières fissiles. Une objection a notamment été soulevée en s'appuyant sur le principe selon lequel l'objectif ultime et la première priorité devaient être le désarmement nucléaire. Nul ne conteste cet objectif, mais les nombreuses années de discussions ont clairement démontré que pour l'atteindre, il fallait adopter une approche progressive. M. de Macedo Soares a ajouté que la présence à l'ordre du jour de la question du désarmement nucléaire ne saurait fonder un refus de traiter la question des matières fissiles. Des arguments de sécurité nationale ont également été invoqués. Mais les États qui n'ont pas d'armes nucléaires, ne font pas partie d'alliances militaires, et n'ont pas de garanties de sécurité contre l'utilisation des armes nucléaires de la part des États dotés d'armes subissent une grande asymétrie dans le domaine de la sécurité nationale, a souligné le représentant brésilien. Il a en outre estimé que des situations géopolitiques spécifiques ne sauraient justifier le non-respect des principes et normes du droit international et de relations internationales civilisées. Les principes d'une sécurité égale pour tous sont un objectif collectif. Un instrument de droit international n'est jamais sans coût pour les États. Le représentant brésilien a déclaré en conclusion que les questions de désarmement ne sont pas l'apanage des seuls États qui possèdent des armes de destruction massive ou ont l'intention d'en acquérir. L'élimination des armes nucléaires est un élément essentiel de la réduction du «déficit démocratique» qui persiste dans les relations internationales.

M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHI (Nigéria) a déclaré que son pays, en tant qu'État non doté d'armes nucléaires, a non seulement renoncé à l'option nucléaire, mais a assumé avec sérieux ses obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Pour le Nigéria, tant qu'il y aura des armes nucléaires, elles constitueront une menace pour l'humanité. La garantie la plus efficace et la plus crédible contre l'emploi ou la menace du recours aux armes nucléaires est leur élimination totale. Toutefois, dans les efforts pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, il est important de réaliser des avancées progressives.

M. Uhomoibhi a déclaré que sa délégation était attristée par le renversement apparent de la situation au sein de la Conférence après les promesses de l'an dernier. Plusieurs délégations avaient nourri l'espoir que la session de 2010 s'appuierait sur le succès obtenu en 2009 et sont aujourd'hui préoccupées et déçues que la Conférence n'ait pas encore su tirer parti de l'espoir suscité l'an dernier pour reprendre sérieusement le travail. Le Nigéria demande aux délégations de considérer l'impasse persistante à la fois comme une opportunité et un défi pour que les délégations écoutent les autres avec plus d'attention pour comprendre les craintes et les préoccupations légitimes de chacune afin de tenter de sortir du bourbier qui continue de paralyser les travaux au sein de la Conférence du désarmement.

M. MIKHAIL KHVOSTOV (Bélarus), Président de la Conférence du désarmement, a informé la Conférence de l'avancement des consultations qu'il mène sur une proposition de programme de travail. Il a déclaré qu'il n'y avait toujours pas de consensus sur cette question. Le Président a rappelé que la Conférence du désarmement devait tenir compte, dans son programme de travail, des recommandations de l'Assemblée générale, des propositions soumises par les États membres et des décisions prises par la Conférence elle-même, le Président a entamé un processus de compilation d'un projet de programme de travail, sur la base de la décision sur le programme de travail adoptée par consensus par la Conférence l'an dernier (CD/1864), des deux résolutions de l'Assemblée générale adoptées par consensus dans lesquelles figurent des recommandations adressées à la Conférence, et des propositions faites par les membres de la Conférence. Il a indiqué qu'il avait l'intention de discuter ce projet avec les groupes régionaux la semaine prochaine et a exprimé l'espoir que ce processus pourrait constituer une base pour l'élaboration du programme de travail de la Conférence.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC10/010F