Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SES DÉBATS DANS LE CADRE DE SA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE À HAÏTI
Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, sa treizième session extraordinaire consacrée au «Soutien du Conseil des droits de l'homme dans le processus de redressement en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010: une approche fondée sur les droits de l'homme», en entendant les représentants de douze États membres et de plusieurs États observateurs.
Dans la phase cruciale qui s'annonce, quinze jours après la catastrophe qui a frappé Haïti, les Haïtiens doivent devenir les acteurs de la reconstruction avec le soutien de la communauté internationale, a-t-il été souligné. La communauté internationale doit orienter son action sur les besoins et les droits des Haïtiens, en impliquant pleinement les autorités centrales, locales et la société civile du pays. Si l'on veut aider Haïti à sortir de la pauvreté, il faut annuler la dette extérieure du pays et soutenir la promotion de son agriculture, ont en outre souligné plusieurs délégations. L'accès à l'eau potable ainsi que le droit au logement et à la santé sont des droits fondamentaux auxquels il faudra porter une attention particulière, a-t-il notamment été souligné.
La composante de droits de l'homme de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) devrait immédiatement servir de soutien au Gouvernement, a-t-il par ailleurs été souligné. En outre, plusieurs intervenants ont rappelé que le Conseil des droits de l'homme dispose d'un mandat spécifique sur Haïti; ce dernier, a-t-il été proposé, pourrait concentrer son action sur la collaboration avec le Gouvernement haïtien aux fins de l'identification des actions devant être menées afin que la population puisse jouir de des droits économiques, sociaux et culturels. Ainsi, l'expert indépendant sur Haïti devrait participer aux travaux préparatoires de la Conférence sur la reconstruction qui se tiendra en mars prochain à New York, a estimé une délégation. Il appartient au Conseil d'affirmer l'impératif de prendre en compte les droits de l'homme dans la reconstruction du pays, a-t-il été unanimement estimé. Il a été souligné à cet égard que la composante droits de l'homme doit faire partie intégrante des activités des Nations Unies sur place, y compris dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Les représentants des États membres suivants ont fait des déclarations: États-Unis, Sénégal, Royaume-Uni, Philippines, Jordanie, République de Corée, Pakistan, Ghana, Gabon, Afrique du Sud, Angola et Kirghizistan. Sont également intervenus les représentants des pays suivants: Algérie, Arménie, Nouvelle-Zélande, Venezuela, Maroc, Islande, Turquie, Guatemala, Costa Rica, Suisse, Trinité-et-Tobago, Colombie, République dominicaine, Luxembourg, Israël, Paraguay, Malaisie, Irlande, Thaïlande, Botswana et Iran.
Le Conseil doit entendre les déclarations d'autres pays observateurs, ainsi que d'organisations régionales, internationales et non gouvernementales avant de conclure sa session extraordinaire par l'adoption d'une résolution.
Suite du débat
États membres
M. DOUGLAS M. GRIFFITHS (États-Unis) a salué le courage du peuple haïtien qui, en dépit de la situation qu'il affronte aujourd'hui, fait preuve de compassion et de solidarité. Il a également souligné la générosité de la communauté internationale. Au 26 janvier, l'appel d'urgence des Nations Unies était financé à 66%; le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a reçu des dons de plus d'un milliard de dollars et le Programme alimentaire mondial a déjà servi plus de 10 millions de repas depuis le 12 janvier. L'ampleur de l'assistance est telle que le petit aéroport de Port-au-Prince, qui accueillait 15 vols par jour, en accueille aujourd'hui entre 150 et 160. La réaction de la communauté des nations témoigne de la grande qualité des Nations Unies, a-t-il souligné. Le représentant américain s'est également dit fier du soutien apporté par son peuple. Jusqu'à aujourd'hui, l'assistance du Gouvernement américain s'est élevée à plus de 316 millions de dollars. Les Américains sont sur le terrain et aident à la reconstruction, en coopération avec le Gouvernement de René Préval. Le représentant a souligné l'importance de promouvoir et de protéger les droits de l'homme dans les efforts de reconstruction. Il a déclaré que son pays souhaitait œuvrer avec la communauté internationale et le Gouvernement d'Haïti pour aider à la reconstruction du pays.
M. MOMAR GUEYE (Sénégal) a estimé que le Conseil devrait lancer un message de solidarité et de compassion aux familles des victimes de la catastrophe et examiner les mesures de protection spéciale qui seront nécessaires pour les groupes vulnérables, notamment les enfants et les personnes sinistrées. Par ailleurs, il est indispensable de veiller à ce que les programmes de reconstruction à élaborer, de manière concertée, tiennent compte des besoins en termes d'infrastructures durables, d'éducation, de santé, d'alimentation, d'eau et d'assainissement, parmi tant d'autres besoins essentiels au bien-être de l'individu, a poursuivi le représentant sénégalais. Assurément, le défi est énorme, a-t-il ajouté: aussi, faut-il espérer que la communauté internationale saura se montrer à la hauteur de l'espoir placé en elle. Le représentant sénégalais a rappelé que son pays avait apporté une aide d'urgence d'un million de dollars en Haïti.
MME REBECCA SAGAR (Royaume-Uni) a souligné que la communauté internationale était aujourd'hui devant un défi: œuvrer ensemble pour la reconstruction du pays. Dans ce contexte, elle a remercié MM. Michel Forst et Walter Kälin pour leurs exposés et a espéré que le Conseil saura s'inspirer de leurs recommandations. Elle a estimé que le Conseil des droits de l'homme peut aujourd'hui envoyer un message pour que les droits de l'homme soient au cœur de la réponse apportée à cette catastrophe. Les droits de l'homme doivent sous-tendre la réponse humanitaire. C'est uniquement en adoptant une approche fondée sur les droits de l'homme que l'on peut éviter de créer des lacunes de protection, a noté la représentante britannique. Elle a également salué le déploiement de la force conjointe du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et du Haut-Commissariat pour les réfugiés, une première. Elle a conclu son intervention en soulignant l'engagement de son pays qui, a-t-elle indiqué, a débloqué 20 millions de livres pour la réponse humanitaire.
MME JOSEPHINE M. REYNANTE (Philippines) a souligné que la dévastation et les souffrances causées par le tremblement de terre constituent un sérieux retour en arrière pour le développement socioéconomique du pays et, par conséquent, ont un impact négatif sur la promotion et la protection des droits de l'homme du peuple haïtien. Il est important qu'en envoyant un message politique de soutien au peuple et au Gouvernement haïtiens, le Conseil des droits de l'homme fasse tout ce qu'il peut dans le cadre de son mandat et en pleine consultation avec le Gouvernement, afin d'aider à améliorer la situation humanitaire et la situation des droits de l'homme sur le terrain, a-t-elle souligné. Nos efforts seront plus fructueux s'ils sont entrepris dans un esprit de dialogue constructif et de coopération afin de renforcer les capacités du Gouvernement haïtien de protéger et promouvoir les droits de l'homme de sa population. L'aide que nous apportons doit aider ceux qui en ont besoin et ne doit pas générer de fardeau supplémentaire pour le Gouvernement, ni pour les victimes de la catastrophe, a insisté la représentante philippine. Elle a indiqué que le Gouvernement philippin avait mis sur pied un comité interministériel de gestion de la crise en Haïti afin d'accélérer la fourniture de l'aide à Haïti et aux Philippins résidant en Haïti. Les Philippines ont en outre envoyé à Port-au-Prince une équipe médicale. En conclusion, elle a souhaité que le projet de résolution soumis à la présente session extraordinaire du Conseil soit adopté par consensus.
M. MUHIB MAHMOUD AHMAD NIMRAT (Jordanie) a rappelé que la Jordanie attache une grande importance aux efforts devant permettre à Haïti de retrouver une stabilité et contribue dans ce contexte au contingent de la Mission des Nations Unies. Il a rappelé à cet égard que trois ressortissants jordaniens ont péri dans la catastrophe. La Jordanie a également dépêché de l'aide sur place et continuera d'être solidaire avec le peuple haïtien. La gravité de la catastrophe qui a frappé Haïti exige de la communauté internationale la plus grande coordination des efforts sur le terrain, a souligné le représentant jordanien. Il faut reconstruire Haïti et préserver les progrès déjà réalisés. Le délégué a espéré que l'avenir sera prospère pour le peuple Haïti. Il a estimé que le Conseil doit envoyer aujourd'hui un message de solidarité. Il est également nécessaire de poursuivre l'assistance humanitaire, puis de tout faire pour surmonter les difficultés inhérentes à la reconstruction.
M. IM HAN-TAE (République de Corée) a fait observer que l'opération de secours actuellement en cours en Haïti était d'une ampleur rarement atteinte par le passé. Tous les peuples à travers le monde manifestent un sentiment fort et sans précédent de solidarité, a-t-il constaté. Les Nations Unies ont été très efficaces dans la coordination des efforts déployés dans le cadre de la réponse internationale suite à la catastrophe qui vient de frapper Haïti. Les activités de secours et l'aide humanitaire ont des incidences importantes pour la protection et la promotion des droits de l'homme, a poursuivi le représentant; elles constituent en effet une tentative de répondre aux exigences physiques et environnementales minimales en matière de droits de l'homme des victimes de la catastrophe. En même temps, la protection et la promotion des droits de l'homme constituent des principes devant guider de telles activités. Le représentant a indiqué que la Gouvernement de la République de Corée allait contribuer à hauteur de 15 millions de dollars aux activités de secours en Haïti; parallèlement, le déploiement de 200 soldats auprès de la MINUSTAH est en cours, a-t-il ajouté.
M. MARGHOOB SALEEM BUTT (Pakistan) a indiqué que son pays, qui a connu une tragédie similaire, ne peut que compatir avec le peuple et le Gouvernement haïtiens. Il s'est réjoui de la tenue de cette session extraordinaire appelant une réponse humanitaire qui s'inscrive dans une perspective de droits de l'homme. Il a espéré que cette session montrera la solidarité du Conseil avec le peuple haïtien et soulignera la nécessité de continuer d'apporter une assistance à Haïti. Saluant les efforts déployés par la communauté internationale en général et par l'ONU en particulier, il a espéré que l'assistance humanitaire continuera de se renforcer et que les engagements souscrits à cet égard seront honorés. Il a précisé que 253 casques bleus pakistanais, qui se trouvaient déjà en Haïti, ont été chargés de fournir toute leur aide à ce pays, sous la houlette des Nations Unies. Le Gouvernement pakistanais a également donné 3000 tentes et cinq tonnes de médicaments aux sinistrés. La société civile pakistanaise joue aussi un rôle actif dans la collecte de fonds, de médicaments et de nourriture pour les Haïtiens. Le délégué a, enfin, relevé la nécessité d'adopter une stratégie d'aide globale et coordonnée, sous la houlette de l'ONU. Cette stratégie doit tenir compte des préoccupations et des priorités de l'État concerné, a-t-il précisé.
M. HAKEEM BALOGUN (Ghana) a relevé que l'ampleur des destructions en Haïti était énorme et s'est dit attristé d'apprendre que le bilan des victimes continue de croître. Il s'est toutefois dit heureux de la réponse mondiale à la catastrophe, soulignant qu'une aide financière et matérielle considérable allait être nécessaire pour la réhabilitation de la population et la reconstruction du pays. Il va désormais falloir aider à la reconstruction du pays et aider Haïti à se développer et à rompre le cycle de pauvreté qui a exacerbé la présente catastrophe, a-t-il souligné. Dans ce contexte, il faut veiller à ce que les droits de l'homme du peuple d'Haïti soient respectés dans le cadre des processus de réhabilitation et de reconstruction, a-t-il ajouté. À cet égard, il convient d'accorder une attention spéciale aux besoins des groupes les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées, les femmes et les enfants.
M. GUY BLAISE NAMBO-WEZET (Gabon) a souligné qu'à la suite de cette catastrophe, répondant à l'appel urgent du Secrétaire général, le Gouvernement de son pays s'était associé sans délai à l'élan humanitaire international en apportant un secours d'urgence d'une dotation d'un million de dollars. Il a fait remarquer que le peuple haïtien faisait preuve de beaucoup de courage face à cette implacable tragédie. Il a souligné que la situation qui prévaut en Haïti pose un vrai problème en termes de protection des droits de l'homme, et il convient que le Conseil examine cette question. En effet, la reconstruction de ce pays dévasté, la problématique des sans abris, le manque de soins adéquats et l'extrême pauvreté constituent des défis qui interpellent le principal organe de protection des droits de l'homme de la communauté internationale. Le représentant gabonais a précisé que cette session extraordinaire était l'occasion d'envoyer un signal fort au processus de reconstruction de ce pays, afin que soient préservés la dignité et le respect de la personne humaine.
MME KGOMOTSO DAPHNE RAHLAGA (Afrique du Sud) a indiqué que son pays, en collaboration avec la société civile et les partenaires du secteur privé, a déployé des équipes de recherche et de secours en Haïti, y compris une équipe médicale. Le Gouvernement sud-africain a également entrepris d'apporter une assistance technique pour des activités d'identification des corps. La présente session extraordinaire du Conseil reconnaît que le tremblement de terre qui a dévasté Haïti a eu un impact négatif sur la capacité du peuple haïtien de jouir de ses droits de l'homme fondamentaux tels que le droit à l'alimentation, le droit à un logement convenable et l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Toute intervention en Haïti devrait être compatible avec les efforts et les priorités du Gouvernement haïtien et devrait contribuer à assurer que le Gouvernement de ce pays soit en mesure d'assumer son obligation première qui est de protéger son peuple et de répondre à ses besoins, a souligné la représentante sud-africaine.
M. ARCANJO MARIA DO NASCIMENTO (Angola) a relevé l'importance pour la communauté internationale de poursuivre sa mobilisation et de continuer d'apporter une assistance humanitaire au peuple haïtien, deux semaines après le tremblement de terre. La situation sur le terrain est telle qu'Haïti affronte aujourd'hui une grave crise humanitaire qui a un impact important sur les droits de l'homme. Les défis à relever sont nombreux. La protection des droits de l'homme ne sera effective que si elle est combinée aux efforts de reconstruction et au développement durable du pays. S'inquiétant de la pauvreté qui frappe la population, le représentant angolais a rappelé que le droit au développement est crucial pour réduire la dépendance et le poids de la dette extérieure. Il s'est dit d'avis que cela peut améliorer la capacité des pays à surmonter ce type de crise. Il est essentiel que la communauté internationale ne reproduise pas les mêmes facteurs qui ont mis les Haïtiens dans une situation de pauvreté, où ils risquent de subir de graves violations des droits de l'homme, a souligné le délégué. Il a appelé les institutions financières internationales et autres créditeurs à prendre des mesures pour annuler la dette de Haïti.
M. MUKTAR DJUMALIEV (Kirghizistan) a indiqué que son pays soutenait toutes les mesures qui peuvent aider à la reconstruction d'Haïti et contribuer à assurer la protection des droits de l'homme dans ce pays. Insistant sur l'importance que revêtent la prévention des risques de catastrophes naturelles et la protection des droits de l'homme, il a souligné que ces questions requièrent un engagement particulier du Conseil et une collaboration accrue avec des organisations telles que l'Organisation météorologique mondiale ou le Programme des Nations Unies pour l'environnement.
Observateurs
M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a salué la tenue de cette session extraordinaire et a remercié la délégation du Brésil d'avoir coordonné cette initiative. L'Algérie, qui a aussi été victime de catastrophes, s'est montrée solidaire d'Haïti et a offert un don d'un million de dollars. Pour M. Jazaïry, toute assistance extérieure doit absolument passer par les canaux officiels pour que le pays puisse déterminer comment il entend utiliser ces fonds. Le Gouvernement pourra ainsi assumer sa responsabilité première à l'égard de son peuple et assurer tous les droits de l'homme. Pour le représentant algérien, il est également nécessaire de faire bon usage du Haut-Commissariat pour qu'il joue un rôle phare. À cet égard, il s'est félicité de l'équipe conjointe créée par ce dernier et le Haut-Commissariat pour les réfugiés. Il a plaidé pour que la communauté internationale veille, dans la fourniture d'assistance, à éviter qu'Haïti ait à supporter un fardeau plus lourd.
M. CHARLES AZNAVOUR (Arménie) rappelant que l'Arménie avait également été frappée par un terrible séisme en 1988, a dit a quel point il a été bouleversé en entendant l'annonce du séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier dernier. Haïti, qui ne possédait pas grand chose, se trouve dépossédé du peu qui lui restait. Le pays est à terre et reste à reconstruire et la tâche ne sera pas facile. Les conséquences de la catastrophe d'une telle ampleur ne pourront pas être surmontées sans l'aide et l'assistance de la communauté internationale. L'aide humanitaire devient un moyen de protection des droits de l'homme essentielle: droit à l'alimentation, au logement, à la santé, à l'éducation. C'est aussi un engagement à protéger les plus vulnérables L'Arménie apportera une contribution de 100 000 dollars aux sinistrés d'Haïti, a indiqué M. Aznavour.
MME WENDY HINTON (Nouvelle-Zélande) a estimé essentiel que le Gouvernement haïtien soit au centre du processus de reconstruction et de la prise de décision. Elle a également relevé l'importance que les Nations Unies consultent la société civile et les autres partenaires pertinents. La représentante néo-zélandaise s'est inquiétée des rapports faisant état de troubles civils et d'enlèvement d'enfants. Il faut renforcer la capacité de la police haïtienne et du judiciaire, de sorte à assurer la protection des groupes vulnérables, a-t-elle préconisé. Elle a également estimé qu'une approche fondée sur les droits de l'homme était nécessaire dans le cadre de la reconstruction de Haïti. Elle a à cet égard préconisé que les donateurs qui travaillent à Haïti recourent à des indicateurs de droits de l'homme dans la planification des programmes et la surveillance.
M. GERMÁN MUNDARAÍN HERNÁNDEZ (Venezuela) s'est dit confiant dans la force historique du peuple haïtien pour se redresser. Le Venezuela est auprès de ce peuple depuis des années et cela, bien avant la présente catastrophe, a-t-il rappelé; le Venezuela poursuivra cet engagement. Nous n'allons pas envoyer des soldats ni des armes en Haïti, a-t-il poursuivi. Le Président Hugo Chávez Frías a annoncé que le Venezuela annulait la dette d'Haïti à son égard. L'annulation sans condition de la dette extérieure d'Haïti à l'égard de ses créanciers est indispensable, a ajouté le représentant vénézuélien.
M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que l'ampleur des dégâts humains et matériels causés par le tremblement de terre à Haïti interpelle la communauté internationale et justifie pleinement la tenue de cette session extraordinaire. Cette réunion, a-t-il poursuivi, devrait répondre légitimement aux conséquences négatives du séisme sur la capacité de la population affectée à jouir de ses droits humains. Le représentant marocain a indiqué que son pays, fidèle à ses traditions de solidarité, a été parmi les premiers à se tenir aux côtés du peuple de Haïti. Une aide humanitaire d'urgence d'une valeur d'un million de dollars a été octroyée aux populations haïtiennes. M. Hilale a également fait observer que la contribution du Conseil des droits de l'homme aux efforts de reconstruction de l'environnement économique et social propice à l'exercice et à la promotion des droits de l'homme est un devoir moral et de solidarité. Il a, dans cette perspective, préconisé que le Conseil adopte une démarche globale dépassant le simple objectif de reconstruction du pays.
M. KRISTINN F. ÁRNASON (Islande) a rappelé que les droits de l'homme sont gravement menacés lors des situations de crise et d'urgence. Aussi, convient-il de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir des violations de droits de l'homme et veiller à ce que les efforts de secours en Haïti soient fondés sur la promotion et la protection des droits de l'homme. Le représentant islandais s'est dit profondément préoccupé par la situation en Haïti. Les enfants, en particulier les enfants séparés et orphelins, ainsi que les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes déplacées figurent au nombre des personnes auxquelles il convient d'accorder une protection spéciale en Haïti, a souligné le représentant islandais.
M. AHMET ÜZÜMCÜ (Turquie) a compati avec le peuple haïtien, alors que son pays a connu une tragédie semblable, bien que de moindre portée, il y a dix ans. Cette crise humanitaire requiert une intervention coordonnée de la part de la communauté internationale, a-t-il souligné. Les activités de secours viennent de prendre fin, il s'agit maintenant de déployer des efforts pour l'acheminement de l'aide humanitaire. Or, des difficultés logistiques sérieuses entravent ces efforts. Le représentant turc a relevé l'importance de régler ces problèmes. Il a par ailleurs indiqué que son pays a jusqu'à présent fourni 50 tonnes d'aide humanitaire, transportées par cinq avions militaires. Un hôpital de campagne a été mis sur pied. Et à la demande du Gouvernement haïtien, la Turquie va donner un million de dollars aux autorités haïtiennes pour des activités de secours. Le délégué a conclu son intervention en relevant l'importance que la communauté internationale veille à prendre les mesures nécessaires pour éviter que des violations des droits de l'homme soient commises, en particulier à l'encontre des groupes de population vulnérables.
M. CARLOS RAMIRO MARTÍNEZ ALVARADO (Guatemala) a rappelé que depuis le début, le Guatemala avait participé à la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) et appuyait son action dans la mesure de ses possibilités. En Haïti, tout reste à faire et le Guatemala offre son appui et sa solidarité, a-t-il poursuivi. La composante de droits de l'homme de la MINUSTAH devrait immédiatement servir de soutien au Gouvernement. Par ailleurs, il convient de rappeler que le Conseil dispose d'un mandat spécifique sur Haïti qui pourrait concentrer son action sur la collaboration avec le Gouvernement haïtien aux fins de l'identification des actions devant être menées afin que la population puisse jouir de des droits économiques, sociaux et culturels. La situation actuelle en Haïti est délicate et mérite tout le soutien et la coopération de la communauté internationale, sans perdre de vue la perspective à long terme, a conclu le représentant guatémaltèque.
MME EUGENIA GUTIÉRREZ RUIZ (Costa Rica) a souhaité que les droits de l'homme soient intégrés dans les stratégies de reconstruction d'Haïti. Elle s'est dite d'avis que la responsabilité en matière de paix et de développement durable revient au peuple haïtien et aux autorités haïtiennes. Toutes les mesures doivent durer. Il faut fournir les moyens aux Haïtiens de s'approprier leur développement. Dans ce contexte, la représentante s'est félicitée des conclusions adoptées lors de la Conférence de Montréal sur Haïti qui prévoient une place centrale des droits de l'homme dans les objectifs stratégiques devant guider les actions de reconstruction. Elle a également relevé l'importance d'accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, notamment en prévenant les actes de violence à leur encontre.
M. DANTE MARTINELLI (Suisse) a souligné que, dans la phase cruciale qui s'annonce, les Haïtiens doivent devenir les acteurs de la reconstruction avec le soutien de la communauté internationale. Celle-ci doit orienter son action sur les besoins et les droits des Haïtiens, en impliquant pleinement les autorités centrales, locales et la société civile du pays. Il n'y a pas de développement durable sans prise en compte des droits humains, a poursuivi le représentant suisse, précisant que l'accès à l'eau potable ainsi que le droit au logement et à la santé sont des droits fondamentaux auxquels il faudra porter une attention particulière. Il nous appartient ici, au Conseil, d'affirmer l'impératif de prendre en compte les droits humains dans la reconstruction du pays, a souligné le représentant suisse. Cela signifie concrètement, par exemple, que l'expert indépendant sur Haïti doit être invité à participer à la Conférence sur la reconstruction qui se tiendra en mars. Cela signifie aussi que la composante droits humains doit faire partie intégrante des activités des Nations Unies sur place, y compris dans le cadre des opérations de maintien de la paix. La Suisse concentre ses efforts actuels en Haïti sur le soutien médical, l'eau, l'hygiène, la fourniture d'abris et la sécurité alimentaire, a indiqué le représentant, ajoutant que le pays prévoit, pour la phase de reconstruction, de s'engager dans la réhabilitation d'infrastructures sociales.
M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a fait remarquer qu'aujourd'hui, plus que jamais, permettre à Haïti de répondre aux besoins de son peuple, tout en visant la prospérité et des progrès durables, requiert un engagement concerté, coordonné et de longue durée. Il a précisé que son pays était entièrement mobilisé, à tous les niveaux de la société, en faveur de la reconstruction d'Haïti. Préoccupé par l'impact du tremblement de terre, le Premier Ministre de la Trinité-et-Tobago a proposé, le 18 janvier dernier, que la dette d'Haïti soit annulée. En effet, ces fonds pourraient être utilisés pour le développement économique du pays, a expliqué le représentant. Il a espéré que les créanciers suivront cet appel. Le Premier Ministre de la Trinité-et-Tobago a également proposé l'établissement d'un fond unique pour Haïti, doté de mécanismes qui garantissent sa transparence. En outre, plus d'un million de dollars a été alloué au Gouvernement haïtien, dans le cadre de l'aide bilatérale. M. Francis a aussi signalé que son pays avait mis sur pied un système de navettes entre les deux îles pour assurer le transport de médicaments et de nourriture.
M. ÁLVARO ENRIQUE AYALA MÉLENDEZ (Colombie) a souligné que dans les circonstances actuelles en Haïti, l'assistance humanitaire a pour but de garantir le droit le plus fondamental pour tout être humain, à savoir le droit à la vie. Il a fait part de la nature de l'aide apportée par la Colombie suite à la catastrophe, précisant en outre que son pays avait décidé de l'envoi d'un hôpital d'urgence. La communauté internationale a la responsabilité et le devoir moral de se mobiliser pour coordonner les efforts afin d'atteindre les objectifs de l'aide.
M. HOMERO LUIS HERNÁNDEZ SÁNCHEZ (République dominicaine) a indiqué que le Président de son pays avait rencontré le Président René Préval en vue d'assurer une bonne coordination et canalisation de toute l'aide arrivant sur le territoire haïtien. Un véritable pont a été créé. La République dominicaine a en outre accueilli la réunion préparatoire de la Conférence de Montréal. Le pays a également accueilli des milliers de victimes dans ses hôpitaux et a envoyé des contributions financières, des équipes de communication et des groupes électrogènes. En conclusion, le représentant dominicain a réaffirmé l'engagement de son pays et de son peuple en vue d'alléger les souffrances de la population haïtienne.
M. JEAN FEYDER (Luxembourg) a indiqué que son pays avait dégagé une aide de 1,2 million d'euros en faveur d'Haïti, à mettre en œuvre en collaboration avec ses partenaires de l'aide humanitaire. D'autres financements ont également été prévus en faveur des activités de réhabilitation et de reconstruction en Haïti – une phase qui sera au centre de la conférence internationale sur la reconstruction qui se tiendra à New York en mars prochain. Si l'on veut aider Haïti à sortir de la pauvreté, il faut notamment supprimer la dette extérieure du pays et soutenir la promotion de son agriculture. En outre, l'expert indépendant sur Haïti devrait participer aux travaux préparatoires de cette conférence de New York.
M. AHARON LESHNO-YAAR (Israël) a souligné que le tremblement de terre a infligé des souffrances inimaginables au peuple haïtien. Face à cette catastrophe, les pays se sont unis pour aider et secourir les personnes prises sous les décombres. Aujourd'hui, la communauté internationale doit aider les autorités haïtiennes à se préparer pour l'avenir. Le représentant a indiqué qu'Israël a envoyé 280 personnes dans le cadre d'une équipe médicale et de sauvetage qui, sur le terrain, a travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales. En 48 heures, un hôpital de campagne a été créé, avec 40 médecins, 25 infirmières, une pharmacie, un département de radiologie, un département de chirurgie et un centre d'urgences. Cet hôpital, a-t-il précisé, a la capacité de traiter 500 patients par jour. Jusqu'à aujourd'hui, l'équipe a soigné près de mille personnes.
M. FEDERICO A. GONZÁLEZ (Paraguay) a indiqué que son pays s'est associé aux efforts de la communauté internationale pour contribuer aux travaux d'aide aux victimes et de recherche de survivants. À cet égard, le Paraguay a notamment envoyé des équipes de médecins et des vivres, a-t-il précisé. Au-delà de l'urgence, il va falloir prévoir le redressement du pays à moyen et long termes, a-t-il souligné. Au centre de tout effort de reconstruction et d'assistance humanitaire, il doit y avoir la promotion et la protection des droits de l'homme, comme l'affirme le projet de résolution soumis à la présente session extraordinaire du Conseil.
MME SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a estimé que cette session extraordinaire fournit à la communauté internationale l'occasion de montrer son engagement en Haïti, en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme dans ce pays. À court terme, il est crucial de répondre aux besoins humanitaires de la population; à moyen et long terme, la reconstruction et le développement d'Haïti doivent se faire dans le respect des droits de l'homme. La représentante malaisienne s'est réjouie que cette session extraordinaire se soit tenue en collaboration avec Haïti. Elle a souhaité que la communauté internationale aide de son mieux Haïti tout en lui permettant de se reconstruire.
M. MICHEL FORST (Irlande) s'est dit particulièrement préoccupé par la situation critique des groupes vulnérables et a dit espérer qu'une perspective sexospécifique serait appliquée aux efforts de secours afin de fournir une protection aux femmes et aux filles contre la violence sexiste. L'Irlande encourage, dans le cadre des efforts de secours et de reconstruction, une approche fondée sur les droits de l'homme qui accorde une place centrale à la participation et à la non-discrimination, a-t-il poursuivi. Il a précisé que la valeur totale de l'aide financière et matérielle du Gouvernement irlandais représentait un montant supérieur à 3 millions d'euros; il est très probable que ce montant augmentera avec une idée plus précise des besoins d'Haïti, a-t-il indiqué.
M. SIHASAK PHUANGKETKEOW (Thaïlande) a souligné que son pays, qui a lui aussi connu une terrible catastrophe naturelle en 2004, est doublement attristé devant le sort du peuple haïtien. Il s'est réjoui des efforts communs déployés par la communauté internationale pour aider Haïti. La Thaïlande a contribué une somme initiale de 100 000 dollars pour l'assistance humanitaire à Haïti. En outre, le pays va fournir 20 000 tonnes de riz au peuple haïtien. En dépit de tous ces efforts collectifs, beaucoup reste à faire, a souligné le délégué. Il a fait valoir que la convocation de la session extraordinaire rappelle l'urgence constante sur le terrain. Des tâches importantes vont survenir au fur et à mesure que le pays avance dans la reconstruction. Une approche fondée sur les droits de l'homme peut aider à renforcer les efforts sur le terrain, a-t-il estimé.
M. O. RHEE HETANANG (Botswana) a indiqué que son Gouvernement et son peuple étaient profondément touchés par le tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier dernier. Il a estimé que le Conseil des droits de l'homme devait envoyer un message fort s'agissant de la nécessité de tenir compte de la dimension des droits de l'homme dans le contexte haïtien actuel. Le représentant du Botswana a dit espérer que la présente session extraordinaire se traduise par un document final fort qui assurera le peuple haïtien d'une volonté internationale de garantir la protection et la promotion de ses droits de l'homme.
M. HAMID BAEIDI NEJAD (Iran) a précisé que son pays, à l'instar d'autres membres de la communauté internationale, a entrepris d'envoyer de l'aide humanitaire en Haïti. En outre, Société du Croissant Rouge de la République islamique d'Iran a déjà fourni une aide d'urgence et continuera de le faire. Le délégué a fait valoir que maintenant que la phase de secours est terminée, il faut procéder à la reconstruction des infrastructures de base. Il s'agit d'un besoin urgent. D'autre part, il s'est dit d'avis que la présence militaire en Haïti devrait avoir pour objectif de garantir la sécurité nécessaire pour apporter une assistance humanitaire aux personnes qui en ont besoin et ce, conformément aux normes internationales en matière de droits de l'homme. Une importante présence militaire de forces étrangères en Haïti serait source de graves préoccupations et pourrait retarder l'assistance humanitaire, tout comme la reconstruction d'Haïti, a-t-il estimé.
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HRC10/003F