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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2010 EN OBSERVANT UNE MINUTE DE SILENCE EN MÉMOIRE DES VICTIMES EN HAÏTI

Compte rendu de séance
Elle reporte l'adoption de son ordre du jour, le Pakistan ayant proposé d'y ajouter de nouveaux points

La Conférence du désarmement a tenu ce matin, au Palais des Nations à Genève, la première séance plénière de sa session de 2010, observant à l'ouverture une minute de silence en mémoire des victimes de la catastrophe qui s'est produite en Haïti la semaine dernière, et entendant un message du Secrétaire général des de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, qui a demandé aux membres de la Conférence de mettre de côté les différences et de se mettre d'accord sur un programme de travail dès que possible. La Conférence a par ailleurs reporté l'adoption de l'ordre du jour de sa session de 2010.

M. Ban, qui n'a pu se rendre à Genève en raison de la tragédie en Haïti, a souligné que l'adoption du programme de travail en première partie de session enverrait un signal positif et contribuerait à donner un élan avant la tenue de la prochaine Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Pour sa part, le Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, Représentant personnel du Secrétaire général et Secrétaire général de la Conférence du désarmement, M. Sergei Ordzhonikidze, a demandé à la Conférence de donner suite aux appels de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, la première la priant de coopérer pour entamer rapidement ses travaux de fond lors de sa session de 2010, le second lui demandant d'œuvrer à l'adoption d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire.

Le Pakistan, soulignant que l'adoption de l'ordre du jour ne doit pas être considéré comme une simple formalité, a proposé à la Conférence d'y inclure la question des missiles sous tous leurs aspects ainsi que la question des principes pouvant servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes conventionnelles - principes dont l'Assemblée générale a prié la Conférence d'envisager la formulation.

Suite à cette proposition, M. Ordzhonikidze a suggéré à la Conférence d'envisager l'adoption de l'ordre du jour dès maintenant, tout en laissant la possibilité de reprendre les deux questions soulevées par le Pakistan dans le cadre des points actuels de l'ordre du jour. «Si nous n'adoptons pas l'ordre du jour dès le début des travaux de la session, nous allons faire marche arrière par rapport à la pratique des autres années», a-t-il averti.

Dans son discours d'ouverture de la session, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Abdul Hannan du Bangladesh, a rappelé que l'an dernier, l'obtention d'un consensus autour d'un programme de travail avait suscité un espoir quant à la possibilité de reprise des travaux de fond au sein de la Conférence. Le but pour cette année reste le même, à savoir commencer un travail de fond, a-t-il souligné.

Au cours de la séance de ce matin, sont également intervenus les pays suivants: Canada, Brésil, Japon, Inde, Argentine, Mexique, Espagne (au nom de l'Union européenne), Bélarus (au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est, puis en son nom propre), Autriche, Chine, Indonésie et Royaume-Uni. Plusieurs délégations ont indiqué qu'elles allaient examiner la proposition faite ce matin par le Pakistan s'agissant de l'ordre du jour, l'Inde soulignant pour sa part que la Conférence avait pour vocation de négocier des accords d'armement au niveau mondial et faisant savoir qu'elle s'opposerait donc à l'examen, au sein de la Conférence, de la question de l'élaboration de principes concernant la maîtrise des armements conventionnels au niveau régional.

Ce matin, la Conférence a par ailleurs accepté les demandes de participation à ses travaux à titre d'observateurs émanant des pays suivants: Azerbaïdjan, Bahreïn, Bosnie-Herzégovine, Costa Rica, Croatie, Chypre, République tchèque, République dominicaine, Estonie, Géorgie, Grèce, Guatemala, Guinée, Saint-Siège, Koweït, Lettonie, Liban, Lituanie, Luxembourg, Libye, Monténégro, Oman, Philippines, Portugal, Qatar, République de Moldova, Serbie, Slovénie, Thaïlande et Uruguay.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi prochain, 26 janvier, à 10 heures. Le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh doit pour sa part s'exprimer devant la Conférence le 27 janvier. La première partie de la session de 2010 de la Conférence se tient jusqu'au 26 mars.


Aperçu des déclarations

Ouvrant les travaux de la session de fond de 2010, le Président de la Conférence, M. ABDUL HANNAN (Bangladesh), a - au nom de la Conférence – présenté ses condoléances aux familles et amis de tous ceux qui ont perdu la vie dans la catastrophe qui s'est produite la semaine dernière en Haïti. Il a appelé la Conférence à observer une minute de silence en mémoire des victimes.

M. Hannan a aussi adressé au peuple haïtien les sincères condoléances de son pays pour les souffrances qu'il a subies suite à la catastrophe de la semaine dernière et lui a exprimé sa solidarité dans l'épreuve pénible qu'il traverse. M. Hannan s'est également dit affligé par les pertes enregistrées par le personnel des Nations Unies.

S'agissant des travaux de la Conférence, le Président a rappelé que cette instance n'a entrepris aucune négociation sur les questions de fond depuis 12 ans mais n'en reste pas moins un forum multilatéral de négociation dont tous les pays nucléaires sont membres. M. Hannan s'est dit persuadé qu'en adoptant une attitude de conciliation, les membres de la Conférence pourront parvenir à un consensus qui permette d'engager ses travaux sur les questions de fond. Il a indiqué appuyer vigoureusement la réalisation du désarmement et de la non-prolifération par la promotion d'un monde exempt d'armes nucléaires.

L'an dernier, a rappelé M. Hannan, l'obtention d'un consensus autour d'un programme de travail a suscité un espoir quant à la possibilité de reprise des travaux de fond au sein de la Conférence. Le but pour cette année reste le même, à savoir commencer un travail de fond, a-t-il souligné. Il a indiqué que l'Ambassadeur Christian Strohal de l'Autriche et lui-même ont tenu des consultations avec les différentes délégations et a précisé que l'organisation de ces consultations informelles le 9 décembre dernier avait permis de comprendre les positions respectives des délégations. Alors que les rencontres avec les délégations se poursuivent, le représentant prévoit de présenter à ce sujet un premier rapport dès le début de la semaine prochaine, a-t-il précisé.

Enfin, M. Hannan a rappelé que le Secrétaire général de l'ONU avait prévu d'intervenir en personne devant la Conférence mais a fait savoir qu'en raison de la situation en Haïti, il resterait à New York pour assurer la coordination de l'aide humanitaire.

Dans son message vidéo adressé à la Conférence, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, indique qu'il avait prévu de se présenter en personne devant la Conférence mais que cela n'a finalement pas été possible en raison de la tragédie en Haïti. Je crois que 2010 peut être une année historique pour les progrès en matière de désarmement et de non-prolifération, poursuit-il. Il précise que ses espoirs en la matière ne sont pas basés sur des vœux pieux mais sur des opportunités réelles d'action concrète. Nous avons pu constater un soutien essentiel des dirigeants des principaux États dotés d'armes nucléaires, un engagement renouvelé du Conseil de sécurité, ainsi que des initiatives en cours de la part de la communauté internationale, des ONG et de la société civile, souligne M. Ban. Il exhorte la Conférence à reconnaître l'importance de cet instant et à montrer au monde qu'elle reste pertinente, en particulier en renforçant la primauté du droit dans le domaine du désarmement. L'an dernier, rappelle-t-il, la Conférence est sortie d'une longue impasse en adoptant un programme de travail. Aussi, le Secrétaire général exhorte-t-il cette année les membres de cette instance à mettre de côté les différences et à se concentrer sur l'intérêt général, s'agissant en particulier de l'impérieuse nécessité de disposer de normes contraignantes et du rôle essentiel de la Conférence pour les fixer. Dans son message, M. Ban exprime l'espoir que les membres de la Conférence mettront de côté les différences et parviendront à se mettre d'accord sur un programme de travail dès que possible et que cela se fera durant cette première partie de session. Cela enverrait un signal positif et contribuerait à enclencher un élan pour la période qui reste à courir d'ici la tenue de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au-delà, souligne-t-il. Le Secrétaire général indique que, pour sa part, il continuera à rassembler un soutien en faveur de son plan d'action et ne ménagera aucun effort pour promouvoir les efforts en faveur d'un monde exempt d'armes de destruction massive.

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, Représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU et Secrétaire général de la Conférence du désarmement, a rappelé que l'année 2009 avait vu, au mois de mai, la conclusion fructueuse du Comité préparatoire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et l'adoption d'un programme de travail au sein de la Conférence. Le Conseil de sécurité, en septembre 2009, s'est prononcé à l'unanimité en faveur d'un monde exempt d'armes nucléaires et a demandé à la Conférence d'œuvrer à l'adoption d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, a-t-il en outre souligné. Quant à l'Assemblée générale, elle a prié tous les membres de la Conférence de coopérer avec les Présidents de la Conférence afin que cette instance puisse entamer rapidement ses travaux de fond lors de sa session de 2010. Il convient donc pour la Conférence de donner suite à ces appels de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, c'est-à-dire de la communauté internationale, a déclaré M. Ordzhonikidze. Des efforts conséquents ont été consentis au niveau bilatéral, en particulier par les États-Unis et la Fédération de Russie afin de réduire l'ampleur de leurs arsenaux nucléaires, a-t-il en outre rappelé. Les attentes visant à ce que la Conférence reprenne ses travaux de fond vont croissantes, a-t-il poursuivi. Je crois donc que la Conférence devrait se mettre d'accord sur un programme de travail dès que possible afin de reprendre son travail de fond, a-t-il conclu.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a rappelé l'amitié forte qui caractérise les relations entre le Pakistan et le Bangladesh et s'est dit persuadé que le professionnalisme de l'actuel Président de la Conférence, M. Hannan, permettrait de guider les travaux de cette instance de manière harmonieuse et productive.

S'agissant de l'ordre du jour de la Conférence et des questions d'organisation, M. Akram a par ailleurs rappelé que selon son règlement intérieur, la toute première tâche qui incombe à la Conférence est d'adopter un ordre du jour qui guidera les travaux durant toute la session, ce qui ne doit donc pas être considéré comme une simple formalité. «Ne nous précipitons donc pas et procédons à un échange de vues franc et complet à ce sujet», a déclaré M. Akram. Il a rappelé que l'Assemblée générale avait adopté sa résolution 64/42 priant la Conférence d'envisager la formulation de principes pouvant servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes conventionnelles. Aussi, le Pakistan exhorte-t-il la Conférence à répondre à cette requête et d'inclure cette question à son ordre du jour, afin de faire rapport à l'Assemblée générale sur le travail effectué lors de la session de 2010 de cette dernière, au mois de septembre. Une autre question importante est celle des missiles alors qu'à l'heure actuelle il n'existe pas de régime global concernant cette technologie, ce qui rend incomplète l'architecture internationale en matière de contrôle des armements, a poursuivi M. Akram. Par conséquent, le Pakistan propose d'inclure la question des missiles sous tous leurs aspects à l'ordre du jour de la Conférence. Il s'agit là de deux problèmes urgents pour la communauté internationale, a insisté le représentant pakistanais. Le Pakistan demande donc aux membres de la Conférence d'envisager ces deux propositions et d'exprimer leurs positions en séance plénière, ce qui permettra de prendre une décision informée sur l'ordre du jour de la Conférence pour la session de 2010.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a indiqué que sa délégation allait étudier cette proposition du Pakistan de très près. Cette proposition devra faire l'objet de consultations considérables avant d'aboutissions, a-t-il ajouté. Le Canada était pourtant disposé à adopter l'ordre du jour tel quel car il est, selon lui, des questions plus importantes auxquelles la Conférence doit s'atteler, a-t-il estimé, indiquant craindre que ne soit ouverte, avec cette proposition pakistanaise, une boîte de Pandore.

Le Secrétaire général de la Conférence, M. ORDZHONIKIDZE, a rappelé que pendant de nombreuses années, la tradition voulait que l'ordre du jour soit adopté dès l'ouverture des travaux de la Conférence. Tous les points inscrits à l'ordre du jour sont très généraux, a souligné M. Ordzhonikidze; aussi, a-t-il suggéré à la Conférence d'envisager l'adoption de l'ordre du jour maintenant tout en laissant la possibilité de reprendre les deux questions soulevées par le Pakistan dans le cadre des points actuels de l'ordre du jour. Si nous n'adoptons pas l'ordre du jour dès le début des travaux de la session, nous allons faire marche arrière par rapport à la pratique des autres années, a averti M. Ordhzonikidze.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a indiqué avoir à l'esprit les attentes des organes suprêmes des Nations Unies, à savoir l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, quant aux travaux de la Conférence. Il a précisé que le Brésil souhaite que les travaux de la Conférence se poursuivent dans l'espoir de parvenir à un désarmement nucléaire général par la voie des négociations. Il ne faut pas oublier que nous nous inscrivons dans un contexte général et que nous n'opérons pas comme un organe isolé, a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'ordre du jour, il n'est peut-être pas nécessaire de retoucher le projet actuel et peut-être vaudrait-il mieux envisager d'autres possibilités dans le cadre de ce même document, a-t-il déclaré. Si le Pakistan persiste et souhaite formaliser sa proposition, alors la Conférence devrait disposer de temps pour l'examiner, a-t-il conclu.

M. AKIO SUDA (Japon) a apporté son soutien vigoureux au point de vue exprimé par le Secrétaire général de la Conférence s'agissant de l'ordre du jour. Ce n'est pas le moment d'ajouter un point à l'ordre du jour et il vaudrait mieux déployer des efforts pour démarrer des travaux de fond, a-t-il insisté. Par ailleurs, il n'est pas problématique d'aborder toute question qui préoccuperait des pays dans le cadre du présent projet d'ordre du jour, a-t-il rappelé.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que chaque État souverain membre de la Conférence dispose du droit d'exprimer son point de vue sur ce que devrait être l'ordre du jour et le programme de travail. C'est dans cet esprit que le Pakistan a présenté une proposition ce matin. La Conférence devrait réagir aux réalités telles qu'elles prévalent dans le monde actuel, a souligné M. Akram. Il ne faudrait pas que l'ordre du jour soit figé jusqu'à la fin des temps, a-t-il insisté. Aussi, le Pakistan espère-t-il que la présidence de la Conférence consultera ses membres sur cette proposition pakistanaise. Le Pakistan n'a pas l'intention de créer des obstacles mais ne souhaite pas en rester à une situation qui ne tient pas compte de se passe autour de nous, a expliqué M. Akram. Aussi, le Pakistan prie-t-il le Président de la Conférence de consulter les membres sur sa proposition, a-t-il indiqué.

M. VENKATEH VARMA (Inde) s'est dit ravi de voir l'Ambassadeur Hannan du Bangladesh présider aux travaux de la Conférence et lui a exprimé le plein soutien de son pays. L'Inde n'a aucune difficulté à adopter l'ordre du jour tel que proposé (CD/WP.556), a-t-il en outre indiqué. Il a par ailleurs souligné que la Conférence a pour vocation de négocier des accords d'armement au niveau mondial et a expliqué que c'est pour cette raison que l'Inde a voté contre la résolution 64/42 de l'Assemblée générale qui prie la Conférence de s'atteler à l'élaboration de principes concernant la maîtrise des armements conventionnels au niveau régional. Aussi, l'Inde s'opposerait-elle à l'examen de cette question au sein de la Conférence, a fait savoir M. Varma. Quant à la seconde question soulevée, à savoir celle des missiles sous tous leurs aspects, elle n'est pas facile à aborder au sein de la Conférence, a ajouté M. Varma, rappelant qu'il n'existe aucun instrument international concernant cette question.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) s'est réjoui que la résolution 64/29 intitulée «Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires» ait été adoptée sans mise aux voix à l'Assemblée générale le 2 décembre dernier. Il a rappelé que dans cette résolution, l'Assemblée générale prie instamment la Conférence de convenir, au début de 2010, d'un programme de travail prévoyant l'ouverture immédiate de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. Le printemps dernier, a poursuivi M. Grinius, la Conférence a adopté un programme de travail (CD/1864) qui prévoit, notamment, la tenue de telles négociations. Pour sa part, la délégation canadienne appelle de ses vœux l'adoption, dans les meilleurs délais possibles, d'un programme de travail semblable à celui de l'année dernière - ou étroitement inspiré de celui-ci - pour 2010. Le Canada se réjouit à l'idée d'œuvrer avec toutes les délégations pour que l'ouverture immédiate de négociations se concrétise dans cette enceinte, au début de 2010, conformément à la demande de l'Assemblée générale.
Sur un autre plan, le Canada note que l'on continue, au sein de la Conférence, d'établir une distinction entre nature officielle et officieuse des travaux. Or, le Canada croit que toutes les séances de la Conférence, qu'elles soient officielles ou officieuses, doivent accueillir les observateurs et les organisations non gouvernementales. Les seules séances à huis clos devraient être celles où sont engagées des négociations de fond, a insisté le représentant canadien.

M. ALBERTO DUMONT (Argentine) a rappelé que l'année 2009 a été la plus importante de l'histoire récente de la Conférence puisqu'elle a vu l'adoption d'un programme de travail après 11 années d'impasse. En dépit des difficultés, l'Argentine pense que le programme de travail tel que figurant dans le document CD/1864 est la meilleure façon d'exprimer l'interprétation que font les membres de la Conférence de l'équilibre délicat auquel on est parvenu et doit donc rester la base du travail de la Conférence pour cette année. L'Argentine continuera de faire preuve de souplesse, comme elle l'a fait ces dernières années, a ajouté M. Dumont.

M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a indiqué qu'afin de commencer le plus tôt possible les travaux de la Conférence cette année, la délégation mexicaine est disposée à accepter immédiatement les éléments centraux des décisions CD/1864, 1866 et 1867 adoptées l'an dernier concernant le programme de travail de la Conférence. Le Mexique exhorte la Conférence à appréhender les questions à l'examen au regard de leurs propres mérites; il ne faut pas inutilement lier les questions les unes aux autres, ni accorder la primauté à tel ou tel point de l'ordre du jour.

À cet égard, s'agissant de l'interdiction de la production de matières fissiles, le Mexique est prêt à négocier et désireux de se pencher, dans un esprit constructif et sans préjuger des positions de chacun, sur un futur instrument juridique contraignant portant sur les arsenaux existants et prévoyant un système efficace de vérification. L'inclusion de mesures de vérification dans un éventuel traité est essentielle pour instaurer la confiance entre les parties, en particulier à l'égard des États non dotés d'armes nucléaires, et pour résoudre la question des inégalités soulevées par plusieurs de ces États qui ont accepté la création de systèmes de garanties généralisées de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour les programmes nucléaires civils. M. Gómez Camacho a ajouté que l'une des composantes essentielles du désarmement et de la non-prolifération était de veiller à ce que les États dotés d'armes nucléaires garantissent, sans équivoque, qu'ils n'utiliseront pas ou ne menaceront d'utiliser des armes nucléaires contre tous ceux qui ont volontairement renoncé à l'option nucléaire. Le Mexique est convaincu que nous pouvons nous attaquer au problème d'un protocole ou d'une convention qui comblerait la lacune qui existe dans ce domaine et répondre aux préoccupations légitimes de ceux qui ne possèdent pas d'armes nucléaires. Par ailleurs, le régime juridique existant n'est pas suffisant pour garantir la non-militarisation de l'espace extra-atmosphérique et il faut s'attacher à renforcer les mesures visant à accroître la transparence, la confiance et la sécurité.

En conclusion, le représentant mexicain a rappelé que les accords auxquels la Conférence est parvenue par le passé montrent qu'avec la volonté politique, il est possible de bâtir un consensus et faire avancer la délicate tâche de parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires. Il faut rétablir la crédibilité et la pertinence de la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement. La Conférence doit être en mesure de répondre aux attentes qui s'accumulent quant à son travail et de répondre positivement aux défis de la situation complexe dans laquelle se trouve la communauté internationale s'agissant des questions de paix et de sécurité.

M. JAVIER GIL CATALINA (Espagne au nom de l'Union européenne et de plusieurs autres pays) a souligné que l'Union européenne soutenait pleinement le mécanisme des «P6» (collaboration des Présidents successifs tout au long de la session annuelle) qui a grandement contribué à faire progresser les travaux de la Conférence. Aussi, l'Union souhaite-t-elle que ce modèle perdure durant la présente session, a-t-il indiqué. Il a rappelé que l'Union européenne avait activement soutenu le programme de travail adopté le 29 mai dernier (document CD/1864) et était disposée à se saisir de l'élan généré par cette adoption. Il est regrettable que cet élan ne se soit pas concrétisé, a ajouté M. Catalina. Maintenant, il conviendra d'œuvrer activement à l'adoption du programme de travail de 2010 - sur la base du consensus politique atteint en 2009 - et à sa mise en œuvre.

L'Union européenne considère comme prioritaire le lancement immédiat – et la conclusion rapide – de négociations, au sein de la Conférence, concernant un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire sur la base du document CD/1299 de 1995 et du mandat qui y figure, conformément à ce qui a été convenu dans le document CD/1864. Il s'agit en effet là d'un moyen de renforcer le désarmement et la non-prolifération et cette question prioritaire est mûre pour la négociation, a insisté M. Catalina. L'Union européenne reste également disposée à engager des discussions de fond sur les autres questions incluses dans le document CD/1864. S'appuyant sur le consensus politique auquel elle est parvenue en 2009, la Conférence devrait rapidement entamer des négociations et des travaux de fond, a insisté le représentant espagnol, appelant toutes les délégations à faire preuve de souplesse afin de permettre un consensus autour du programme de travail pour 2010.

M. MIKAEL KHVOSTOV (Bélarus) s'est associé, au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est, aux condoléances exprimées par la présidence de la Conférence suite au tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti la semaine dernière, causant d'importantes pertes parmi la population civile et le décès de représentants de haut niveau des Nations Unies. Le Groupe soutient pleinement les activités visant à réactiver les travaux de la Conférence, a-t-il ajouté, avant de préciser qu'il évaluerait la situation nouvelle découlant des délibérations de ce matin au sujet de l'ordre du jour.

S'exprimant ensuite au nom de son seul pays, M. Khvostov a indiqué qu'étant appelé à assumer la présidence de la Conférence au cours de cette année, le Bélarus entendait travailler de manière constructive et collégiale avec l'actuel Président de cette instance et avec tous les autres présidents de cette session de 2010. Pour autant, le Bélarus estime que non seulement le «P6» mais aussi tous les États parties devraient s'investir dans les travaux de la Conférence et faire preuve de la souplesse nécessaire dans l'esprit du multilatéralisme constructif, afin de dégager une base acceptable pour la réalisation du consensus sur le programme de travail.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a assuré la présidence du soutien constant de sa délégation pour l'ensemble de cette session de 2010. Il a ajouté que 2009 restera dans l'histoire comme une année au cours de laquelle le programme de travail aura enregistré une percée, mais aussi comme une année où cette adoption du programme de travail n'a pas abouti à des travaux de fond. Il faut maintenir et renforcer la dynamique de la Conférence, nous montrer à la hauteur de ce que demandent l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité et surtout répondre aux attentes qui se manifestent au dans un contexte politique global. L'Autriche espère que la Conférence pourra adopter un programme de travail sur la base du consensus atteint le 29 mai 2009, a conclu M. Strohal.

M. WANG QUN (Chine) a relevé que l'actuel Président de la Conférence a entamé des consultations ouvertes et transparentes avec toutes les parties afin de faire avancer les travaux de cette instance. Aussi, s'est-il dit confiant quant à la possibilité pour la Conférence d'enregistrer des progrès cette année. Le processus de désarmement et de non-prolifération commence à se rétablir, mais les tâches de contrôle des armements sont de plus en plus lourdes dans notre ordre du jour, a fait observer le représentant chinois. La Chine est convaincue que si tous les États prônent le multilatéralisme sous la houlette des Nations Unies, cela permettra de renforcer le système de désarmement et de non-prolifération, contribuant ainsi à promouvoir la sécurité universelle de tous les États. Il est indéniable qu'il existe des difficultés pour parvenir à engager des travaux de fond au sein de la Conférence; mais la Chine est convaincue que si l'on entame des consultations franches et transparentes, il sera possible de les surmonter et dès lors, de démarrer les travaux de fond, a conclu le représentant chinois.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que l'an dernier, la Conférence était parvenue à adopter un programme de travail; aussi, l'Indonésie espère-t-elle que cette dynamique pourra être maintenue et qu'il sera donc également possible, cette année, d'en adopter un. La Conférence d'examen du TNP de 2010 approche et la Conférence du désarmement peut donner un élan à cette Conférence d'examen, a souligné le représentant indonésien. Tant qu'existeront les armes nucléaires, nous resterons exposés aux risques de leur utilisation et de la menace de leur utilisation, a-t-il en outre rappelé. Il serait judicieux que les ONG puissent exprimer leurs points de vues devant la Conférence, a-t-il par ailleurs déclaré. L'impasse n'est pas une option, a-t-il conclu.

MME JOANNE ADAMSON (Royaume-Uni) a rendu hommage aux membres du personnel des Nations Unies disparus en Haïti et a appelé la Conférence à s'inspirer de la détermination qui les animait dans un contexte particulièrement difficile pour surmonter les obstacles auxquels elle est confrontée.


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DC10/002F