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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LA MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES DU BANGLADESH ET LE HAUT-REPRESENTANT DE L'ONU POUR LE DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
Members Adopt Agenda by Consensus and Urge Quick Start to Substantive Work in 2010

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh et le Haut-Représentant des Nations Unies pour le désarmement, avant d'adopter son ordre du jour. Plusieurs délégations ont ensuite pris la parole: République populaire démocratique de Corée, Japon, États-Unis, Jamahiriya arabe libyenne, Algérie, Turquie, Afrique du Sud, Suisse, Australie, Pakistan, Tunisie et Brésil.

L'ordre du jour de la Conférence adopté ce matin est le même que celui des années précédentes et est assorti, comme par le passé, d'une déclaration présidentielle selon laquelle il est convenu que, s'il y a consensus au sein de la Conférence pour traiter de toute question, elle pourra être examinée dans le cadre de cet ordre du jour. Ce matin, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Abdul Hannan du Bangladesh, a adressé ses remerciements à toutes les délégations qu'il a consultées aux fins de parvenir à l'adoption de cet ordre du jour (document CD/WP.556).

La Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, Mme Dipu Moni, a notamment déclaré que, pour son pays, les armes de destruction massive représentent la menace la plus sérieuse qui soit pour l'humanité; seule l'élimination totale des armes nucléaires nous protègera contre l'utilisation et la menace d'utilisation de telles armes, a-t-elle insisté. Le Bangladesh pense que l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire doit se faire dans le cadre de garanties internationales, a poursuivi Mme Moni. Il ne faut pas non plus perdre de vue la menace que constituent la prolifération d'armes conventionnelles et l'utilisation continue de mines antipersonnel et d'autres armes inhumaines, a-t-elle ajouté. Elle a rappelé que son pays plaide pour un traité sur le commerce des armes afin d'assurer la transparence dans les transferts d'armes conventionnelles. Le Bangladesh souhaite en outre que soit élaboré un cadre juridiquement contraignant offrant des garanties négatives de sécurité aux États non dotés d'armes nucléaires. La Ministre s'est aussi penchée sur la question d'un futur traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, qui doit être non discriminatoire et véritablement vérifiable, et qui doit également porter sur les stocks existants. Mme Moni a également souligné que l'espace extra-atmosphérique ne doit être utilisé qu'à des fins pacifiques.

Le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement des Nations Unies, M. Sergio de Queiroz Duarte, a pour sa part fait observer que tout indique que les États-Unis et la Fédération de Russie concluront prochainement un nouveau traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START). Après une décennie d'impasse, a-t-il rappelé, la Conférence, quant à elle, est parvenue à s'entendre sur un programme de travail, en mai dernier; même si elle n'est pas parvenue à consolider cet acquis, la volonté des États n'en demeure pas moins ferme, a estimé M. Duarte. Aussi, s'est-il dit persuadé que les membres de la Conférence redoubleront d'efforts, se mettront d'accord sur un programme de travail et entameront les négociations tant attendues.


Ce matin, la Conférence a par ailleurs accepté les demandes de participation à ses travaux à titre d'observateurs émanant des six pays suivants: Arabie saoudite, Albanie, Arménie, Danemark, Népal et ex-République yougoslave de Macédoine (document CD/WP.555/Add.1)


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra mardi prochain, 2 février, à 10 heures.


Déclarations de la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh et du Haut-représentant pour le désarmement

MME DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a exprimé sa profonde tristesse et ses condoléances au peuple haïtien pour les pertes tragiques qu'il a endurées suite au tremblement de terre catastrophique qui a frappé Haïti. Elle a également déploré les pertes subies par le personnel des Nations Unies en Haïti.

S'agissant des travaux de la Conférence du désarmement, la Ministre a estimé qu'il existait en son sein la volonté politique nécessaire qui permettrait de promouvoir ses travaux dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement nucléaires. L'adoption d'un programme de travail, l'an dernier, au sein de la Conférence, a été accueillie favorablement par de nombreux pays, y compris par le Bangladesh; mais la Conférence n'est pas parvenue à aplanir les divergences quant à la mise en œuvre de ce programme de travail au cours des mois qui ont suivi, a déploré la Ministre. Le désarmement est néanmoins un objectif trop noble pour que nous y renoncions, a-t-elle insisté. Tout voyage commence par un premier pas et souvent, ce premier pas est le plus difficile à faire, a-t-elle rappelé, ajoutant qu'elle était heureuse qu'aujourd'hui, la Conférence s'apprête à faire un premier pas important.

Le Bangladesh continue d'être engagé en faveur des objectifs de désarmement et de non-prolifération et est disposé à travailler avec tous pour parvenir à la réalisation des aspirations communes, a poursuivi Mme Moni. En tant que premier pays présidant la session de 2010, le Bangladesh ne ménagera aucun effort pour enregistrer des progrès tangibles en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. Le Bangladesh est convaincu que l'armement n'est pas la solution à retenir pour parvenir à un monde sûr dans la paix. De l'avis du Bangladesh, les armes de destruction massive représentent la menace la plus sérieuse qui soit pour l'humanité; seule l'élimination totale des armes nucléaires nous protègera contre l'utilisation et la menace d'utilisation de telles armes. Le Bangladesh pense que l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire doit se faire dans le cadre de garanties internationales, a poursuivi Mme Moni. Il ne faut pas non plus perdre de vue la menace que constituent la prolifération d'armes conventionnelles et l'utilisation continue de mines antipersonnel et d'autres armes inhumaines, a-t-elle ajouté. Elle a rappelé que son pays plaide pour un traité sur le commerce des armes afin d'assurer un transfert transparent des armes conventionnelles. Le Bangladesh souhaite en outre que soit élaboré un cadre juridiquement contraignant afin d'assurer des garanties négatives de sécurité aux États non dotés d'armes nucléaires. Quant au traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, il doit être non discriminatoire et véritablement vérifiable, les négociations devant également porter sur les stocks existants, a souligné la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh. L'espace extra-atmosphérique doit quant à lui être exploré à des fins uniquement pacifiques, a ajouté Mme Moni. On ne saurait continuer de dépenser des sommes aussi insensées que celles dépensées aujourd'hui pour l'armement à travers le monde alors que tant de gens meurent de faim, a conclu la Ministre.

M. SERGIO DE QUEIROZ DUARTE, Haut-Représentant des Nations Unies pour le désarmement, a estimé que la présence salué de la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh montre le ferme engagement de ce pays en matière de désarmement et de non prolifération. Il a ensuite déclaré que le Secrétaire général espérait que 2010 serait une année de progrès à la Conférence du désarmement, précisant qu'il s'agit d'un sentiment que partage toute la communauté internationale. Ces progrès, a-t-il poursuivi, doivent se solder par un engagement juridique et des obligations contraignantes. Il est indispensable pour la communauté internationale de disposer d'un forum central où les États peuvent discuter du désarmement, a-t-il rappelé, attirant l'attention sur le rôle unique de la Conférence du désarmement à cet égard.

En ce qui concerne les progrès réalisés au niveau international, le Haut-Représentant a fait remarquer que les présidents des États-Unis et de la Fédération de Russie ont maintes fois répété leur engagement en faveur d'un monde sans armes nucléaires. Tout indique que ces deux pays concluront prochainement un nouveau traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START), a-t-il ajouté. Beaucoup souhaitent que la Conférence du désarmement progresse, a-t-il insisté. Après une décennie d'impasse, la Conférence est parvenue à s'entendre sur un programme de travail, en mai dernier. Et même si elle n'est pas parvenue à consolider cet acquis, M. Duarte s'est dit persuadé que la volonté des États n'en demeure pas moins ferme. Il a également rappelé que l'Assemblée générale a adopté une résolution sur la Conférence du désarmement et le traité d'interdiction des matières fissiles, par lequel elle priait tous les membres de coopérer avec la Présidence dans les efforts déployés pour démarrer rapidement les négociations. Le traité est un objectif qui figure le programme du Secrétaire général, a souligné le Haut-Représentant. Il s'est dit persuadé que les membres de la Conférence redoubleront d'efforts pour se mettre d'accord sur un programme de travail et entameront les négociations tant attendues.


Autres déclarations

M. RI JANG-GON (République populaire démocratique de Corée) a félicité le Bangladesh pour son accession à la première présidence de 2010 et a assuré que son pays coopèrera avec la présidence et restera fermement engagé en faveur des travaux de la Conférence.

M. AKIO SUDA (Japon) a souligné que l'adoption du programme de travail en mai dernier a été célébrée à juste titre par la Conférence du désarmement. Toutefois, la Conférence n'a pas su mettre en œuvre ce programme, le premier auquel elle soit parvenue depuis onze ans. Des discussions approfondies sur les points de l'ordre du jour et, plus important encore, les négociations sur le traité d'interdiction des matières fissiles n'ont pas pu être entamées en raison de préoccupations soulevées par certains États membres. Cette situation, a précisé le représentant japonais, est difficile à expliquer, étant donné que tous les membres s'étaient entendus sur le programme de travail.

Pour M. Suda, la Conférence du désarmement a, depuis sa création, joué un rôle essentiel en tant qu'unique instance de négociations sur le désarmement. Il a estimé que la Conférence se trouve aujourd'hui à un moment critique: le monde attend beaucoup des activités de la Conférence. Il est de notre devoir de répondre à ces attentes, en entamant des discussions de fond et les négociations sur le désarmement, a souligné le représentant. Pour ce faire, la délégation japonaise estime que la Conférence devrait respecter et admettre les progrès notables réalisés l'an dernier, et s'atteler à corriger les problèmes causés avant tout par un manque de dialogue entre les États membres, non seulement à Genève mais aussi dans d'autres lieux. Pour que la Conférence du désarmement ait une session productive, le nouveau programme de travail devrait se fonder sur les résultats de l'an dernier. Les six Présidents de la session de 2010 (le «P6») doivent procéder à des consultations larges, inclusives et transparentes en tenant compte des intérêts et des préoccupations de tous les États membres. Les États membres, pour leur part, devraient faire preuve de la plus grande souplesse. Sur ce point, le représentant japonais a rappelé que les préoccupations sécuritaires et d'autres inquiétudes peuvent tout à fait être soulevées et discutées alors que les travaux de fond ont déjà commencé. Enfin, alors que la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est prévue pour le moi de mai, il a appelé toutes les délégations à rester en étroite communication avec leurs capitales respectives et à les encourager au dialogue.

M. GAROLD LARSON (États-Unis) a déclaré que, conscients de leur obligation, en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), de poursuivre les négociations sur des mesures relatives à la cessation de course aux armements nucléaires et au désarmement nucléaire, les États-Unis réaffirment leur plein soutien à la Conférence du désarmement et l'exhortent à assumer rapidement son rôle de première instance multilatérale de négociations en matière de désarmement. Au mois de septembre dernier, a rappelé M. Larson, le Président Barack Obama, en tant que Président du Conseil de sécurité des Nations Unies, a souligné qu'«au mois de janvier, nous appellerions les pays à engager des négociations sur un traité visant à mettre un terme à la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire». Il convient en outre de rappeler le soutien unanime de la communauté internationale qu'a reçu la résolution 64/29 (2009) de l'Assemblée générale qui prie instamment la Conférence de se mettre d'accord, dès le début de 2010, sur un programme de travail incluant le lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production future de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire.

Les États-Unis tiennent à réaffirmer leur soutien au programme de travail adopté par la Conférence du désarmement en 2009 tel qu'il figure dans le document CD/1864, qui contenait la négociation d'un tel traité, a insisté M. Larson. Il est impératif que les membres de la Conférence du désarmement œuvrent de concert et commencent les travaux de fond le plus tôt possible en 2010, a-t-il souligné. La Conférence devrait s'appuyer sur les fondations mises en place par le programme de travail adopté par consensus en 2009, a-t-il ajouté. Les États-Unis partagent l'avis de ceux qui exhortent la Conférence à rétablir le groupe de travail dont parle la résolution 64/29 de l'Assemblée générale afin de négocier un traité sur la production future de matières fissiles (cut-off) et à rétablir aussi trois groupes de travail additionnels afin d'engager des discussions de fond sur les autres éléments essentiels de l'ordre du jour de la Conférence, a indiqué M. Larson. Il a conclu en soulignant que le moment est venu pour la Conférence de montrer qu'elle reste un instrument efficace de maintien de la paix et de la sécurité.

M. IBRAHIM ALDREDI (Jamahiriya arabe libyenne) a souhaité que la paix et la sécurité règnent dans le monde. Il a fait remarquer qu'il sera impossible d'y parvenir en bâtissant des arsenaux d'armes nucléaires et d'armes de destruction massive qui génèrent la peur, la terreur et la destruction. Il s'est dit d'avis que les ressources consacrées à ces armes par les pays riches devraient plutôt être dédiées au développement et à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Le 19 décembre 2003, la Jamahiriya arabe libyenne a lancé une initiative courageuse par laquelle elle a renoncé à tous les programmes et équipements susceptibles de créer des armes interdites, a rappelé M. Aldredi. Le pays espère que ceux qui possèdent des armes de destruction massive suivront cet exemple pour débarrasser le monde de ce cauchemar terrible. Le représentant libyen a également souligné que son pays, par le biais de l'Union africaine dont il assure actuellement la présidence, n'a épargné aucun effort pour promouvoir la paix en Afrique. Enfin, il a espéré que la Conférence discutera de la possibilité d'élargir le nombre de ses membres, afin de permettre à plus de 24 pays de contribuer utilement au succès des négociations et aux efforts de désarmement. Il a rappelé que son pays est depuis longtemps candidat. L'augmentation du nombre de membres viendra incontestablement enrichir les discussions de la Conférence, a-t-il estimé. Enfin, M. Aldredi a souhaité un Moyen-Orient exempt d'armes de destruction massive. Il a conclu son intervention en rappelant le droit de tous à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a relevé les progrès enregistrés par le traité sur la réduction des armes nucléaires entre les États-Unis et la Fédération de Russie. Dans ce contexte, la Conférence du désarmement ne saurait décevoir les espoirs soulevés par l'adoption de son programme de travail en 2009. L'Algérie est convaincue que la promotion des objectifs du désarmement nécessite la collaboration de tous. C'est la «beauté» de la Conférence qu'il n'y ait pas de grands et de petits États. Comme l'a souligné le Secrétaire général dans son message à la Conférence, 2010 pourrait être une année historique. L'Algérie se réjouit de l'adoption, aujourd'hui, de l'ordre du jour de la Conférence; elle tient à remercier ceux qui ont pu apporter la contribution attendue pour que l'on parvienne à cet objectif prometteur. Cet ordre du jour assorti de la déclaration présidentielle telle que présenté ce matin est suffisamment souple pour pouvoir aborder toute question qui pourrait être appelée à l'être au sein de la Conférence, a estimé le représentant algérien. Il a relevé que l'acuité des préoccupations légitimes de sécurité pousse à régler des points cruciaux avant même d'engager la négociation; aussi, serait-il judicieux d'ouvrir la négociation dans le cadre d'un nouveau programme de travail en reconnaissant l'existence de mécanismes de stabilisation dans le cadre de cette négociation qui garantisse les intérêts de sécurité de tous.

Par ailleurs, la situation actuelle où un État non membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dispose de l'arme nucléaire créée un déséquilibre dans une région qui intéresse tous les États, a poursuivi M. Jazaïry, en référence au Moyen-Orient. Il faut donc assurer l'élimination des armes nucléaires qui existent actuellement au vu et au su de tous, a-t-il déclaré.

M. AHMET ÜZÜMCÜ (Turquie) a rappelé qu'un élan considérable a été généré ces dernières années au sein de la Conférence afin de surmonter le blocage qui a duré plus d'une décennie. À cet égard, l'adoption du programme de travail CD/1864, l'an dernier, a constitué un tournant. Pour autant, nous n'avons pas été capable de traduire cette décision en action concrète, a-t-il regretté. Bien entendu, nous souhaiterions engager un travail de fond immédiatement après l'adoption du programme de travail, a-t-il ajouté. La crédibilité de la Conférence est en jeu, a poursuivi M. Üzümcü. Il a estimé que la reprise du travail de fond au sein de la Conférence pourrait donner un élan positif à l'ordre du jour global en matière de désarmement et de non-prolifération. Cela inclut la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui se tiendra dans quelques mois seulement, a-t-il précisé. La Turquie pense que la Conférence d'examen du TNP doit revitaliser et consolider les conclusions (des conférences d'examen) de 1995 et de 2000. Entamer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes ne constituerait pas seulement l'accomplissement de l'une des tâches non remplies du TNP; cela constituerait également un jalon de taille pour les efforts systématiques et progressifs en vue du désarmement nucléaire. La Turquie se réjouit que la Conférence ait aujourd'hui adopté son ordre du jour, qui est suffisamment souple et complet pour permettre de traiter toutes les questions dans le domaine du contrôle des armements et du désarmement. La prochaine étape pour nous doit être de nous mettre d'accord sur un programme de travail, ce qui nous permettra non seulement d'engager des négociations sur un traité sur les matières fissiles mais aussi de réaliser des progrès concrets parallèles sur les autres questions de l'ordre du jour, a souligné M. Üzümcü.

M. MICHIEL COMBRINK (Afrique du Sud) a fait observer que l'enthousiasme avec lequel la Conférence avait entamé ses travaux l'an dernier s'est traduit dans l'adoption d'un Programme de travail, un rebondissement dont tous les membres se sont félicités. Il est regrettable que cette décision n'ait pu être mise en œuvre, a-t-il souligné. La délégation sud-africaine est profondément engagée en faveur d'un monde libre de toute arme nucléaire. Il a fait valoir que, d'une manière générale, l'Afrique du Sud attend énormément de 2010, année où le pays accueille, pour la première fois sur le continent africain, la Coupe du monde de football. Il a espéré que 2010 lancera une ère de coopération et d'amitié au sein de la communauté des nations. L'Afrique du Sud attend également beaucoup dans le domaine du désarmement. Il a espéré que la conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 donnera un contenu réel à la vision du monde, défendue aujourd'hui par les dirigeants du monde, d'une nouvelle ère de coopération, de paix et de prospérité. La Conférence doit saisir l'occasion pour construire sur les acquis de l'année dernière, a insisté le représentant. Tout en partageant la conviction que la Conférence doit agir en stricte conformité avec ses règles de procédure et qu'elle n'est pas automatiquement liée aux décisions prises à la précédente session, il s'est dit d'avis que les décisions antérieures sont des étapes importantes à partir desquelles progresser.

La délégation sud-africaine s'est également félicitée de l'adoption de l'ordre du jour et a souhaité que la Conférence s'accorde sur un programme de travail qui lui permette de s'atteler à ses travaux de fond rapidement. M. Combrink a estimé que des garanties adéquates existent pour protéger les intérêts sécuritaires de chacun des États membres tout en leur permettant de s'atteler à leurs préoccupations sécuritaires collectives. L'Afrique du Sud ne propose pas de progresser à n'importe quel prix, a-t-il précisé, mais de dépasser le paradigme étroit de la sécurité nationale qui a marqué la guerre froide. Il faut progresser pour rattraper le coût lié à l'inaction de la communauté internationale dans ce domaine.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) s'est félicité que l'ordre du jour ait été adopté par la Conférence et a souligné qu'il convient désormais pour ses membres de se mettre d'accord sur un programme de travail. Il a rappelé que 2009 avait marqué une percée, en ce sens que tous les membres de la Conférence avait accepté d'engager des négociations en son sein. Aussi, a-t-il exprimé l'espoir que l'on pourrait s'appuyer sur ce qui a été réalisé l'an dernier et mettre en œuvre ce que deux résolutions de l'Assemblée générale ont demandé à la Conférence de faire, à savoir adopter un programme de travail dès le début de cette année et engager un travail de fond, y compris des négociations. Le document CD/1864 (contenant le programme de travail adopté en 2009), qui est le résultat de longues consultations, constitue le moyen le plus approprié d'avancer, a déclaré M. Lauber. Il a exprimé l'espoir que les six Présidents de la Conférence de cette année («P6») seraient en mesure de présenter rapidement aux délégations un projet de décision mis à jour à examiner. Dans le cadre de ce processus, nous sommes certains que toutes les délégations garderont à l'esprit que dans le monde interdépendant qui est le nôtre aujourd'hui, la sécurité est un défi trans-régional et global, a poursuivi le représentant suisse. Nous espérons que les membres de la Conférence ne choisiront pas de continuer à menacer la pertinence et la crédibilité de cette instance alors que se manifestent des signes clairs d'un engagement renouvelé à l'égard du désarmement nucléaire. Une Conférence ne fonctionnant pas et un mécanisme de désarmement déficient ne serviraient les intérêts de personne, a insisté le représentant suisse. Il s'est en outre dit persuadé que les discussions au sein de la Conférence ne pourraient que bénéficier d'un engagement plus direct de la société civile.

M. Lauber a par ailleurs indiqué que son pays soutenait l'approche graduelle prônée par la Commission internationale sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires (fruit d'une initiative conjointe du Japon et de l'Australie) consistant à «délégitimiser» dans un premier temps les armes nucléaires avant de réduire leur rôle et, finalement, de les déclarer illégales. Tous les efforts existants dans ce sens doivent être renforcés, a-t-il affirmé. Une première étape logique vers cet objectif serait d'engager des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, a poursuivi le représentant suisse. À cet égard, a-t-il ajouté, se concentrer exclusivement sur la production future de matières fissiles ne constituerait pas une évaluation honnête de la situation; les excédents et les stocks civils sont énormes et font certainement partie du problème. Aussi, la Suisse estime-t-elle que la portée d'un tel traité doit être suffisamment large. Pour le moment, nous ne sommes pas convaincus que des mesures volontaires pourraient faire l'affaire et seraient appropriées pour créer les conditions propices au désarmement nucléaire, a déclaré M. Lauber. Un autre domaine dans lequel la Suisse souhaite voir des progrès est celui des garanties négatives de sécurité, a-t-il poursuivi, faisant remarquer que les garanties existantes à cet égard ne sont pas juridiquement contraignantes ni inconditionnelles. Il est difficile d'accepter que des décennies après avoir abandonné à jamais l'option d'acquérir des armes nucléaires, les États non dotés de telles armes qui respectent pleinement tous les articles du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui ont accepté la prorogation indéfinie de ce Traité et qui en ont accepté le Protocole additionnel n'aient toujours pas reçu des garanties de sécurité inconditionnelles et juridiquement contraignantes, a rappelé M. Lauber. En conclusion, il a fait remarquer que, dernièrement, certains développements très encourageants ont été observés; aussi, la Suisse espère-t-elle que le nouvel élan dans le domaine du désarmement permettra de jeter des ponts et de surmonter les difficultés existantes. Une action concrète est nécessaire, rapidement, a déclaré le représentant suisse.

MME VALERIE GREY (Australie) a souligné que sa délégation se réjouit de travailler de manière constructive et collégiale avec les six présidents pour rendre cette année de travaux aussi productive que possible. Elle a à cet égard réitéré l'appui de son pays à cette plateforme de P6 qui, a-t-elle précisé, a contribué à faciliter le fonctionnement de la Conférence. La représentante s'est également félicitée de l'adoption de l'ordre du jour, aujourd'hui. L'agenda du désarmement est devenu plus actif et plus engagé, a-t-elle poursuivi. Des engagements réels et tangibles en faveur du désarmement ont été pris, a-t-elle noté, saluant l'atmosphère positive des négociations menées entre les États-Unis et la Fédération de Russie en vue de la réduction de leur arsenal nucléaire respectif.

Se félicitant du succès de la session 2009 de la Conférence, concrétisé dans l'adoption du programme de travail, elle a fait valoir qu'un tel succès a été possible grâce aux consultations élargies menées entre les membres. Il s'agit d'une bonne base pour aller de l'avant. L'Australie ne sous-estime pas les défis et les éluder ne résout rien, a poursuivi Mme Grey. La priorité pour l'Australie est de prendre des mesures rapides, dès le début 2010, pour s'accorder sur un programme de travail permettant d'entamer les négociations en vue d'un traité d'interdiction des matières fissiles. Ce traité est prioritaire pour le désarmement nucléaire, a-t-elle rappelé. Elle a souhaité que 2010 soit l'année où la Conférence prendra des mesures pratiques en vue d'un traité d'interdiction des matières fissiles, un engagement qu'elle a pris de longue date. Elle a estimé que le document CD/1864 est une bonne base sur laquelle travailler. La représentante australienne a conclu son intervention en réitérant l'engagement de son pays en faveur du désarmement. Elle a rappelé que les Premiers Ministres australien et japonais ont créé, en 2008, la Commission internationale sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Elle a attiré l'attention sur le rapport rédigé par la Commission estimant que ce document constituera une contribution importante au débat sur le désarmement.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) s'est réjoui que la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh ait ce matin déclaré qu'un traité d'interdiction des matières fissiles doit aussi tenir compte de la question des stocks – point de vue que partage le Pakistan. Commentant l'adoption, ce matin, de l'ordre du jour de la Conférence, il a remercié le Président actuel de la Conférence pour son rôle et a rappelé, comme l'a souligné M. Hannan, que le règlement intérieur est suffisamment complet pour permettre à chacun d'exprimer sa position, ce qu'a précisément fait le Pakistan la semaine dernière en proposant l'inclusion de deux questions supplémentaires dans l'ordre du jour (question de la maîtrise des armes classiques au niveau régional et question des missiles). M. Akram a par ailleurs regretté la tendance de certains des ses collègues à se précipiter vers les médias pour présenter la position du Pakistan comme ayant créé un obstacle à l'adoption de l'ordre du jour, alors que tel n'était pas l'objectif du Pakistan.

M. MOHAMED BEL KEFI (Tunisie) a pris note de la déclaration de la Jamahiriya arabe libyenne, dont le représentant a réitéré la demande d'admission de son pays à la Conférence. Il a estimé que l'atmosphère positive dans laquelle se sont déroulés les travaux de la Conférence l'an dernier est de nature à encourager ses membres à aller de l'avant et à poursuivre les efforts pour envisager, au moment venu, l'examen d'admission des pays candidats pour le démarrage des travaux de fond.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a remercié le Président de la Conférence pour les efforts qu'il a déployés afin de surmonter «cette difficulté quelque peu inattendue à laquelle la Conférence s'est heurtée» au sujet de son ordre du jour. En une semaine, la présidence de la Conférence est parvenue à trouver une solution, ce qui nous place dans la bonne perspective pour nous atteler au travail de fond, s'est-il réjoui. Il a exprimé l'espoir que puisse maintenant être adopté un programme de travail aussi rapidement qu'a pu être adopté l'ordre du jour et a ajouté qu'il ne faudrait pas attendre trop de temps non plus pour engager la mise en œuvre concrète d'un tel programme de travail.


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DC10/003F