Aller au contenu principal

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT GÉNÉRAL
SUR LES SITUATIONS QUI REQUIÈRENT SON ATTENTION

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a entendu cet après-midi les délégations de plusieurs pays observateurs et organisations non gouvernementales dans le cadre du débat sur les situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent l'attention du Conseil.

À l'instar des interventions d'États membres ce matin, les situations dans certains pays ont particulièrement retenu l'attention, suscitant l'exercice du droit de réponse par Sri Lanka, le Myanmar, le Zimbabwe, la République populaire démocratique de Corée, l'Iran, la Syrie, Israël et la Chine. Le Japon est également intervenu dans le cadre de l'exercice du droit de réponse.

Au cours du débat, le représentant du Soudan a pour sa part déclaré que son gouvernement ne pouvait accepter la reconduction du mandat du Rapporteur spécial chargé de la situation des droits de l'homme dans son pays étant donné l'amélioration de la situation sécuritaire et le fait que l'appel à la reconduction du mandat est de nature manifestement politique.

Sont également intervenus les pays suivants: Israël, Émirats arabes Unis (au nom du Groupe des pays arabes), Suède, Australie, Irlande, Belgique, États-Unis et Libye.

Plusieurs organisations non gouvernementales se sont aussi exprimées au cours du débat de cet après-midi: Société pour les peuples en danger; Amnesty International; Union des juristes arabes; Helsinki Foundation for Human Rights; Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - MRAP (au nom également de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté; et le Centre Europe Tiers-Monde - CETIM); Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH); Human Rights Watch; Franciscain international (au nom également de Dominicains pour justice et paix); Fédération générale des femmes iraquiennes; France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand; Centre Europe Tiers-Monde - CETIM (au nom également du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples – MRAP); Asian Legal Resource Centre; International Human Rights Association of American Minorities; Cairo Institute for Human Rights Studies; et United Nations Watch.

À l'issue de la séance de cet après-midi, le Conseil a tenu une réunion à huis clos dans le cadre de sa procédure d'examen de plaintes pour violations des droits de l'homme.


Demain matin, le Conseil des droits de l'homme achèvera son débat général sur les situations relatives aux droits de l'homme requérant son attention avant d'entamer un débat sur les organismes et mécanismes de protection des droits de l'homme.


Suite du débat sur les situations relatives aux droits de l'homme qui requièrent l'attention du Conseil

Pays observateurs

M. WALID ABU-HAYA (Israël) a déclaré que les États dirigés par un parti, un clan ou un chef unique, comme c'est souvent le cas au Moyen Orient, ne disposent en fait pas de contrepouvoirs constitutionnels limitant les pouvoirs exécutifs. Il est fréquent que ces pays adoptent des lois d'exception et appliquent des sanctions excessives afin de garantir le maintien de leurs régimes. C'est ainsi que la Syrie viole les droits de l'homme de sa population en exerçant un contrôle sur la plupart des sources d'information et en persécutant certains groupes ciblés. Quant à l'Iran, ce pays continue de commettre de graves violations des droits de l'homme, sans susciter de réaction de la part de la communauté internationale. Au moins cinquante-deux personnes ont été exécutées dans ce pays pendant le seul mois de mai 2009. Comme l'a dit le Président Obama dans son discours du Caire, la liberté d'expression et la possibilité de contrôler ses gouvernants sont bel et bien des droits de l'homme.

M. OBAID SALEM SAEED AL ZAABI (Émirats arabes Unis au nom du Groupe des pays arabes) a déclaré que son Groupe a suivi avec beaucoup d'attention les évolutions positives au Soudan et s'est félicité des efforts déployés par le Gouvernement pour améliorer la situation des droits humains dans tout le pays, y compris au Darfour. Le pays a également souligné son engagement à participer à toutes les initiatives de paix et a fait la démonstration de son entière disposition à coopérer avec l'Organisation des Nations Unies et ses mécanismes. Le représentant a rappelé qu'il y avait actuellement plus de 80 observateurs au Soudan pour surveiller la situation des droits de l'homme, qui ont réaffirmé la bonne volonté du Soudan et les nombreuses mesures en vue de rétablir la paix qui ont permis une amélioration de la situation dans le pays. Le Conseil doit se conformer à l'accord de coopération avec le Soudan, et le Groupe arabe appelle à soutenir le Soudan dans les efforts.

M. CHRISTOFFER BERG (Suède) a évoqué la situation en République démocratique du Congo en notant que l'aspect le plus pressant en était la violence sexuelle généralisée envers les femmes et les enfants, qui va de pair avec une impunité quasi-totale. La Suède estime par ailleurs que le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan devait être renouvelé. Mais s'il y a eu des évolutions positives, il y a aussi de nombreux aspects troublants s'agissant de la situation prévalant dans ce pays. La Suède est aussi profondément préoccupée par la situation des droits de l'homme en Somalie. Elle se félicite de la fin du conflit à Sri Lanka, vieux de trois décennies. Mais pour que la paix l'emporte, il va falloir en finir avec la culture de l'impunité, a ajouté le représentant suédois. La gravité de la situation mérite une réponse forte du Conseil de sécurité, a-t-il estimé.

M. PHILIP KIMPTON (Australie) a déclaré que les pertes civiles pendant le conflit à Sri Lanka demeurent très préoccupantes. La paix dépend de la réconciliation. Les allégations de violations des droits de l'homme – notamment dans le contexte des combats récents – doivent être prises en compte. L'Australie demande que les médias de ce pays puissent fonctionner à nouveau librement. Le représentant a aussi appelé le Conseil des droits de l'homme à demander aux autorités de Fidji de lever l'état d'urgence imposé sans justification, à mettre un terme à la censure des médias, à rétablir le fonctionnement d'une justice indépendante et à assurer la liberté de la presse. L'Australie est également préoccupée par la répression politique systématique dont sont victimes les citoyens du Myanmar et par la situation des droits de l'homme en Iran, en particulier par les exécutions publiques de masse et par la lapidation.

M. MICHEÁL TIERNEY (Irlande) a exprimé sa préoccupation s'agissant de la situation au Myanmar et a lancé un appel à la libération des prisonniers politiques. En ce qui concerne la situation à Sri Lanka, le représentant a regretté que le Conseil des droits de l'homme ne soit pas parvenu à un résultat acceptable lors de la récente session extraordinaire. Il a lancé un appel à la restauration de l'état de droit au Zimbabwe, ce qui sous-entend la libération des prisonniers politiques et la fin des persécutions de ceux qui défendent les droits de l'homme. Il a aussi exprimé ses préoccupations s'agissant de la situation qui règne au Soudan et en République démocratique du Congo, où ont lieu de graves violations des droits de l'homme à l'encontre des populations civiles.

M. OMER DAHAB FADOL MOHAMED (Soudan) a indiqué que son pays avait coopéré et négocié avec des groupes armés, avec l'aide de pays amis en particulier. Les acteurs internationaux qui sont partenaires des accords de paix ont-ils respecté ces accords, a-t-il demandé, constatant que cela n'avait pas toujours été le cas, certains pays fournissant même des armes. Les armes ne viennent pas d'Afrique, a-t-il souligné. Le représentant soudanais a rappelé que la résolution 9/17 adoptée par le Conseil en décembre 2008 avait prorogé de six mois le mandat du Rapporteur spécial. Étant donné l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays, étant donné aussi que l'appel à la reconduction du mandat est de nature manifestement politique, le Gouvernement du Soudan ne peut l'accepter, a-t-il conclu.

MME LIESBETH GOOSSENS (Belgique) a fait part de la préoccupation du gouvernement et de l'opinion publique de son pays devant la dégradation de la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran. C'est avec une grande préoccupation que la Belgique a pris connaissance de récentes exécutions par lapidation. La Belgique juge que l'application de la peine de mort est irréconciliable avec le respect de la dignité humaine. La Belgique est convaincue que l'abolition ou, dans un premier temps, un moratoire sur la peine de mort, contribue au renforcement progressif des droits de l'homme. Dans ce contexte, la Belgique regrette qu'aux États-Unis, dans certains États, la peine de mort soit appliquée sans que les conditions fondamentales du procès équitable ne soient respectées. La Belgique attire par ailleurs l'attention sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo. La représentante belge a rappelé que la société civile joue un rôle clé dans la défense des droits de l'homme, comme un partenaire dans la promotion et la protection des droits de l'homme.

M. MARK STORELLA (États-Unis) a affirmé que le Conseil avait le devoir d'agir dans les cas de violations flagrantes des droits de l'homme et de dénoncer les violations qui se produisent. C'est pourquoi les États-Unis ont été déçus de la récente motion de non décision adoptée visant à mettre fin au débat lors de la session extraordinaire consacrée à Sri Lanka. Si le Conseil devait devenir un «organe de non décision», cela nuirait gravement à sa crédibilité et à son efficacité. Il a félicité le Conseil de se pencher sur la situation du Soudan, et a souhaité que le mandat du Rapporteur spécial sera prolongé d'un an. Le représentant américain a aussi exprimé sa préoccupation face aux tentatives du Gouvernement du Myanmar pour réduire Aung Sun Suu Kyi au silence et a réitéré que le Conseil doit respecter la diversité dans le monde tout en restant fidèle à son objectif de protéger les droits et libertés fondamentaux de tous.

MME HASNIA MARKUS (Libye) s'est félicitée de l'amélioration de la situation au Darfour, rappelant que les Nations Unies avaient reconnu la bonne coopération du Soudan et le fait qu'il ait mis en œuvre l'accord de paix global. La délégation libyenne est attachée à l'intégrité du Soudan et elle en appelle aux parties belligérantes à participer aux négociations afin de permettre un retour à la normale. Elle a rappelé son rôle de bons offices pour rapprocher les parties en organisant des pourparlers entre elles.

Déclarations d'organisations non gouvernementales

M. TENZIN KAYTA (Société pour les peuples en danger) a déclaré qu'un rapport récent recommande aux autorités de la Chine de remédier aux conditions d'éducation déficientes des enfants tibétains et à optimiser les structures universitaires dans cette province. Il faut s'intéresser en particulier au contenu de l'éducation professionnelle. Il semble par ailleurs que la Chine continue de priver les écoliers d'un enseignement spirituel, les incitant même à dénoncer leurs chefs religieux, en particulier le Dalaï Lama, a déploré le représentant.

M. PETER SPLINTER (Amnesty International) a évoqué la situation de droits de l'homme en Gambie, affirmant qu'elle se détériore rapidement, comme en témoignent les persécutions dont est victime l'opposition et les violations de droits de l'homme commises par l'armée, y compris les arrestations arbitraires, les actes de torture, les harcèlements à l'encontre de journalistes ou encore les assassinats, notamment d'étrangers. En juillet 2005, 50 étrangers auraient été tués par les forces de sécurité et il semble que le Gouvernement n'ait fait aucun effort pour mener une enquête sur ces crimes. En outre, des procès pour sorcellerie ont lieu dans ce pays et des personnes sont forcées à ingurgiter des produits hallucinogènes afin d'étayer ces accusations. Le représentant a en outre évoqué le sort des prisonniers politiques au Myanmar.

MME ASMA TOUNAKTI (Union des juristes arabes) a déclaré que la situation en Iraq méritait que le Conseil s'y arrête. Elle a rappelé que le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, M. Miguel d'Escoto Brockmann, avait évoqué les multiples violations des droits de l'homme dans ce pays, qui sont avérées par un grand nombre de rapports. Le Président de l'Assemblée générale a aussi attiré l'attention sur le fait qu'il n'existe pas de rapporteur spécial pour l'Iraq, a-t-elle ajouté. L'oratrice a souhaité qu'un résumé des rapports concernant l'Iraq soit compilé et soumis au Conseil des droits de l'homme.

MME DEKYI DOLKAR (Helsinki Foundation for Human Rights) a déploré que les autorités chinoises continuent de bafouer la liberté d'expression au Tibet. Un jeune Tibétain bien connu de plusieurs titulaires de mandat a ainsi été condamné à la prison simplement pour avoir écrit sur l'histoire et la culture tibétaines. Par ailleurs, le blog d'un écrivain tibétain, bien connu pour ses articles critiques, a été fermé par les autorités chinoises.

M. GIANFRANCO FATTORINI (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - MRAP, au nom également de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté; et le Centre Europe Tiers-Monde - CETIM) a attiré l'attention sur les mandats d'arrêt internationaux lancés à l'encontre de M. Remzi Khartal, ancien député de la Grande Assemblée de Turquie qui bénéficie d'un statut de réfugié, et de M. Eyyup Faruk Doru qui dispose également du statut de réfugié politique et qui a participé à plusieurs conférences organisées notamment à l'Assemblée nationale française. En dépit des conventions de l'ONU protégeant les réfugiés, les autorités espagnoles ont décidé d'engager les procédures d'extradition vers la Turquie de ces deux réfugiés qu'elles ont arrêtés.

MME JULIE GROMELLON (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH) a exprimé ses plus vifs regrets suite à l'adoption par le Conseil d'une résolution censée répondre à la crise à Sri Lanka et qui, en fait, ne répond ni aux normes internationales de droits de l'homme, ni au mandat de protection de toutes les victimes de violations graves des droits de l'homme qui incombe pourtant au Conseil. La FIDH est également préoccupée par les situations qui prévalent au Darfour, au Myanmar - avec notamment l'arrestation de Mme Aung San Suu Kyi et en Iran. Enfin, la FIDH est extrêmement préoccupée par la situation en Colombie où, au cours des trois derniers mois, neuf syndicalistes ont été assassinés. En 2008, 49 syndicalistes avaient été tués dans ce pays, a rappelé la représentante.

MME JULIE DE RIVERO (Human Rights Watch) a regretté que le Conseil des droits de l'homme n'ait réussi à adopter une résolution sur Sri Lanka qui fasse mention des civils; cet échec en dit long sur les limites de cet organe. Le chef de l'armée sri-lankaise a publiquement qualifié de traîtres tous ceux qui remettraient en cause les prises de position du Gouvernement. Or, une chasse aux sorcières est bien la dernière chose dont ait besoin Sri Lanka à ce stade, a souligné la représentante.

M. GOTZON ONANDIA-ZARRABE (Franciscain international, au nom également de Dominicains pour justice et paix) a lancé un appel pour que le Gouvernement de Sri Lanka se saisisse de la problématique des personnes déplacées. Il incombe au Gouvernement de ce pays de protéger les droits de l'homme de tous ses citoyens, a-t-il insisté. L'Indonésie, quant à elle, devrait prendre les mesures nécessaires pour empêcher que ne se reproduisent les violences, imputables aux forces de police, qui ont marqué la Papouasie occidentale lors des élections du mois d'octobre dernier. Les étudiants arrêtés lors de ces élections sont toujours détenus, a souligné le représentant; certains sont accusés de trahison, ce qui peut leur valoir la peine capitale, a-t-il ajouté.

MME ENTESOR ARIABAI (Fédération générale des femmes iraquiennes) a évoqué les violations des droits de l'homme qui sont de notoriété publique en Iraq depuis l'intervention des États-Unis. Elle s'est donc étonnée que le Conseil ne se soit pas saisi de la situation dans ce pays. Plus de trois millions de morts; des actes de tortures: est-ce que cela ne mérite pas l'attention du Conseil, a-t-elle demandé? Elle a demandé au Conseil de se saisir de la question iraquienne et de nommer un rapporteur spécial sur ce pays.

MME ORETTA BENDETTINI DI POGGIO (France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand) a déclaré que le Sahara occidental occupé par le Maroc depuis 1975 est un territoire non autonome qui relève de l'article 73 de la Charte des Nations Unies. Le Maroc ne saurait invoquer dans ce contexte une quelconque violation de son intégrité territoriale ou une quelconque violation des clauses constitutionnelles, alors que ce qu'il appelle les «provinces du Sud» est en fait un territoire où vit un peuple souverain. Le peuple sahraoui a le droit de choisir librement son destin ainsi que le droit de disposer librement de ses richesses et ressources.

M. MALIK ÖZDEN (Centre Europe Tiers-Monde - CETIM, au nom également du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples – MRAP) a déclaré que depuis deux mois les peuples autochtones de l'Amazonie péruvienne mènent une grève générale pacifique, en réaction à des accords de libre-échange avec les États-Unis préjudiciables à leurs droits. Une fois de plus, l'on trouve à l'origine de cette crise l'exploitation des ressources naturelles sans qu'il ne soit tenu compte des populations concernées. Aussi, le représentant du CETIM a-t-il exhorté le Gouvernement péruvien à annuler les décrets incriminés, qui sont favorables aux accords de libre-échange susmentionnés; à entamer le dialogue avec les représentants des peuples autochtones; et à renoncer à criminaliser le mouvement de protestation.

M. MICHAEL ANTHONY (Asian Legal Resource Centre) a regretté que les impératifs de temps privent les organisations non gouvernementales d'un temps de parole suffisant au titre de ce point. Sur le fond, l'ALRC est sérieusement préoccupée de ce que le Conseil sacrifie son mandat de protéger les droits individuels en omettant de combattre l'impunité. L'orateur a donné comme exemple celui de Sri Lanka, notant que toute voix critique du Gouvernement de ce pays s'élevant pour dénoncer des violations passées ou présentes des droits de l'homme était réduite au silence par un climat de peur et de menaces. Des émissions de radio ont ainsi qualifié de traîtres des militants des droits de l'homme ou des journalistes, a-t-il indiqué. Il a signalé que plusieurs milliers de cas de torture, d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions ont été relevés qui n'ont fait l'objet d'aucune enquête ni de poursuites judiciaires. Par ailleurs, l'ALRC est aussi gravement préoccupé par la situation au Pakistan.

M. SYED FAIZ NAQSHBANDI (International Human Rights Association of American Minorities) a dénoncé la campagne de répression systématique menée contre le peuple du Jammu-et-Cachemire, au prétexte de la lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, le Gouvernement de l'Inde a promulgué un ensemble de lois complices des violations des droits de l'homme et assurant l'impunité de leurs auteurs. Cette situation a entraîné une forte augmentation du nombre des violations des droits de l'homme dans la région. Le représentant a notamment cité à cet égard, outre des détentions illégales, le viol et l'assassinat récents de trente jeunes femmes par les forces indiennes. La Haut-Commissaire devra accorder une attention particulière à ce cas, a demandé le représentant.

MME DINA MANSOUR (Cairo Institute for Human Rights Studies) a attiré l'attention sur le fait que les minorités ethniques et religieuses souffrent toujours de discrimination dans de nombreux pays arabes, notamment en Égypte, au Soudan et en Arabie saoudite. Les personnes appartenant à des minorités n'on pas accès à des postes de responsabilités et sont régulièrement marginalisées. Les Kurdes sont victimes de procès injustes en Syrie. Dans de nombreux pays arabes, le fait de se convertir au christianisme est toujours considéré comme de l'apostasie, qui est un crime puni par la peine capitale. La représentante a soulevé le fait que les guerres civiles qui ont dévasté l'Iraq, le Soudan et le Yémen sont le résultat de la répression des minorités ethniques et religieuses.

M. HILLEL NEUER (United Nations Watch) a dénoncé l'inaction du Conseil concernant certains pays tels que l'Arabie saoudite, la Chine ou l'Iran. Évoquant le cas du Sri Lanka, il a demandé si le fait d'ignorer les milliers de civils qui moisissent dans les camps était dû au fait que certains préfèrent évoquer les torts passés d'anciennes puissances coloniales comme le Royaume Uni ou la France. Il s'est interrogé sur le fait que Cuba, «un État policier», puisse se permettre d'obtenir la suppression d'un projet de résolution traitant des victimes de son régime. Es-ce que cela est digne d'une institution chargée de défendre les droits de l'homme, a-t-il demandé. Les droits de l'homme constituent le berceau de l'humanité et ils doivent voir l'émergence d'un jour nouveau, a-t-il conclu.

Droit de réponse

M. MOHAN PEIRIS (Sri Lanka) a déploré les déclarations d'un petit nombre de pays souhaitant faire cavaliers seuls. Ces États doivent savoir que Sri Lanka est toujours prêt à œuvrer dans un esprit de partenariat. Les contours des champs de bataille sont mouvants, mais il est un fait que les forces sri-lankaises se sont comportées dans le respect de leurs obligations humanitaires. Sri Lanka est désormais engagé dans un processus politique de réconciliation, prévoyant en particulier la réintégration des populations déplacées dans leurs foyers d'origine. Il est regrettable que les processus intergouvernementaux de prise de décisions ne soient pas appréciés par toutes les délégations, encore observé le représentant.

M. KYAW MYO HTUT (Myanmar) a rappelé que la structure institutionnelle du Myanmar est fondée sur le modèle britannique, ce qui implique que le Gouvernement du pays ne peut s'ingérer dans les décisions des tribunaux. De même, le Conseil ne doit pas interférer dans les affaires intérieures du Myanmar. La communauté internationale devrait aider le pays à mettre en œuvre sa feuille de route en sept étapes, dont le but est d'instaurer une société démocratique, si elle tient réellement à porter assistance au pays.

M. ENOS MAFEMBA (Zimbabwe) a souligné que l'Accord politique global intervenu dans son pays relevait du Zimbabwe et de l'Union africaine, mais certainement pas de l'Union européenne ou du Canada. Pour quelles raisons ces pays s'occupent-ils de sujets qui ne les regardent pas, mais qui suscitent sans doute leur traditionnelle attitude paternaliste. On saura bientôt si ces pays sont sérieux sur leurs engagements lors des réunions de suivi de la Déclaration finale de la Conférence de Durban, a encore observé le représentant zimbabwéen. Peut-être, quitteront-ils alors la salle, a-t-il ironisé. Le Zimbabwe est disposé à discuter, en particulier avec le Royaume Uni, ayant toujours fait valoir son désir d'établir des passerelles et non pas de les brûler, a-t-il conclu.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les accusations du Royaume-Uni, ajoutant que ce pays est lui-même coupable de violations graves des droits de l'homme, tandis que le Japon, autre pays accusateur de la République populaire et démocratique de Corée, est coupable de crimes contre le peuple coréen. L'affaire des enlèvements a été résolue entre les deux pays et n'est utilisée que comme un prétexte par le Japon pour éviter de faire face à ses responsabilités historiques.

M. ASADOLLAH ESHRAGH JAHROMI (Iran) a réfuté les déclarations de plusieurs pays tels que l'Australie et la République tchèque au nom de l'Union européenne, déclarant ne pas vouloir gaspiller le temps du Conseil en répondant à des accusations aussi abjectes. Il a ensuite attiré l'attention sur le fait qu'en République tchèque, les minorités ethniques et religieuses, tels que la population Rom, font l'objet de discrimination, que l'exploitation sexuelle de femmes et d'enfants, l'exploitation des employés domestiques et la violence domestique atteignent des niveaux préoccupants dans ce pays. Ce n'est un secret pour personne. La crédibilité du Conseil risque d'être gravement mise en cause s'il se fait le relais de telles allégations, comme la Commission des droits de l'homme.

MME RANIA AL RIFAIY (Syrie) a fait part de son profond étonnement après les déclarations du représentant d'Israël qui est le pire pays en matière de violations des droits de l'homme de la région. Elle a attiré l'attention sur les enfants tués dans la bande de Gaza ou emprisonnés bien qu'il s'agisse de mineurs. La délégation israélienne peut prétendre ce qu'elle veut mais elle ne peut dissimuler ses violations barbares, a-t-elle ajouté. Les pratiques israéliennes vont au-delà du Moyen Orient et s'étendent à plusieurs parties du monde où Israël poursuit ceux qui dénoncent ses pratiques. La délégation israélienne aurait pu consacrer au moins une petite partie de son temps à proposer dans le cadre de son intervention au moins une amélioration en matière de droits de l'homme.

M. OSAMU YAMANAKA (Japon), en réponse à une déclaration République populaire et démocratique de Corée, a déclaré que la Constitution du Japon assure l'absence de discrimination dans le pays. Les consultations autour des enlèvements de citoyens japonais ont été marquées par les revirements de la République populaire et démocratique de Corée, a notamment observé le représentant japonais.

M. WALID ABU-HAYA (Israël) a déclaré que les droits de l'homme appartiennent à tous les hommes et à toutes les femmes, observant que les violations de ces droits se commettent tous les jours derrière le paravent de la souveraineté des États. La Syrie, gouvernée depuis des décennies par une même famille, connaît des violations systématiques des droits politiques et des personnes sont emprisonnées et torturées pour leurs opinions. En Iran, amputations et lapidation sont la réalité que vivent les défenseurs de la liberté religieuse, a dénoncé le représentant.

M. QIAN BO (Chine) a déclaré que les droits économiques, sociaux et culturels ont connu des progrès fulgurants ces dernières années en Chine et que le Gouvernement a pris de nombreuses mesures pour lutter contre la crise économique et ses conséquences pour la population. Ces progrès s'étendent aux compatriotes tibétains, qui ont connu de grands progrès dans l'accès à l'éducation et aux soins de santé ces dernières années.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que 200 000 femmes avaient servi de «femmes de réconfort» aux soldats japonais pendant la guerre. La réalité prouve que le Japon ne se préoccupe guère de personnes d'autres nationalités. La discrimination au quotidien est le lot des personnes d'origine coréenne qui vivent au japon aujourd'hui. Le Japon n'a toujours pas répondu de ses crimes qu'il réfute même, a-t-il ajouté, évoquant le Premier ministre Abe qui va jusqu'à démentir l'esclavage sexuel pratiqué pendant la Deuxième guerre mondiale. La République populaire démocratique de Corée appelle le Japon à enfin faire amende honorable.

MME RANIA AL RIFAIY (Syrie) a réfuté les argumentations d'Israël qui cherche ainsi à cacher ses violations. Pour se convaincre des intentions israéliennes, il suffit d'écouter les déclarations des autorités israéliennes appelant à expulser les Palestiniens, ou à détruire les infrastructures des pays voisins, a-t-elle ajouté. Depuis soixante ans, une guerre succède à l'autre, et Israël ne connaît rien d'autre que la force brutale, a-t-elle conclu.

M. ASADOLLAH ESHRAGH JAHROMI (Iran) a déclaré absurdes les déclarations d'Israël, observant que ce pays ne cesse de perpétrer des violations des droits de l'homme en dépit des nombreuses résolutions des Nations Unies adoptées. Cette attitude de défi permanent s'est manifestée de manière caractéristique lors de l'attaque contre Gaza.

M. OSAMU YAMANAKA (Japon) a fait savoir que son gouvernement est déterminé à poursuivre la normalisation de ses relations avec la République démocratique et populaire de Corée. Ce pays doit prendre en compte les préoccupations de la communauté internationale, notamment en apportant des réponses aux constatations contenues dans le dernier rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans ce pays.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC09077F