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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU ET LES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA SUISSE ET DE L'ALGÉRIE

Compte rendu de séance
Elle est saisie d'un projet de décision pour l'établissement du programme de travail de la session de 2009

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, ainsi que les Ministres des affaires étrangères de la Suisse et de l'Algérie, et a été saisie d'un projet de décision pour l'établissement du programme de travail de la session de 2009.

Alors que la Conférence du désarmement reprend cette semaine les travaux de sa session de 2009, dont la deuxième partie se tient jusqu'au 3 juillet prochain, le Président de la Conférence, l'ambassadeur algérien Idriss Jazaïry, a exprimé sa profonde reconnaissance à ces trois éminentes personnalités pour leur appui «à ce stade crucial où nous tenons entre nos mains, semble-t-il, les éléments d'accord nécessaires pour mettre fin à la paralysie qui a frappé la Conférence du désarmement depuis 12 ans». Le Président a formellement soumis, au nom des six Présidents de la Conférence pour cette année («P6») le document CD/1863 intitulé «Projet de décision pour l'établissement du programme de travail de la session 2009». Après parachèvement des consultations, ce texte, tel qu'il sera adopté, «offrira je l'espère, au-delà de l'année en cours, un cadre pour nos délibérations futures qui nous évitera les aléas d'un passé récent», a déclaré M. Jazaïry.

Le Secrétaire général de l'ONU a estimé que la Conférence avait devant elle un document qui peut recueillir le consensus et traite de toutes les questions de fond et de procédure. L'un des éléments importants de cette proposition est qu'elle complète le mandat de négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles (ou traité cut-off) avec des dispositions pour une «vérification internationale effective». Il s'agit là d'un important pas en avant, a souligné M. Ban, qui s'est également réjoui de l'amélioration du climat international. Récemment, la troisième réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a achevé sa session sur une tonalité positive, marquant un changement net par rapport aux années précédentes, a-t-il souligné. Il existe désormais un certain nombre d'initiatives émanant d'États nucléaires et non nucléaires dont les effets conjugués produisent un nouvel élan en faveur du désarmement, a fait observer M. Ban. Ces indications d'une volonté politique accrue constituent une opportunité que nous ne pouvons nous permettre de manquer, a-t-il déclaré. Il a plaidé en faveur d'«un nouveau multilatéralisme où la coopération remplace la confrontation et où la créativité remplace l'immobilisme».

Mme Micheline Calmy-Rey, Cheffe du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a souligné que la communauté internationale vit aujourd'hui un moment fort à la Conférence du désarmement, car il semble que la percée tant attendue depuis plusieurs années approche. La situation internationale semble effectivement mûre pour que la Conférence du désarmement soit à nouveau en mesure de négocier, a-t-elle constaté. Elle a relevé l'importance de soutenir rapidement l'adoption d'un programme de travail à la Conférence du désarmement. La Conférence doit au plus vite être en mesure de commencer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires qui soit vérifiable, a-t-elle déclaré.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, M. Mourad Medelci, a souligné que la communauté internationale se rend compte aujourd'hui combien est illusoire la sécurité à l'abri des remparts de l'idéologie dogmatique ou du bouclier de la suprématie militaire; elle réalise que la véritable sécurité internationale ne peut résulter que d'un climat de confiance entre partenaires disposés à se mettre au service d'une approche multilatérale et solidaire du désarmement. Il a attiré l'attention sur les nombreuses prises de position régionales qui se sont prononcées en faveur de l'initiative du Président de la Conférence du 26 mars contenue dans un document non officiel «sur les éléments qui pourraient constituer un programme de travail». Félicitant les «P6» pour avoir fait leur cette proposition et décidé de la formaliser en tant que document officiel de la Conférence, il a souhaité que, sur cette base, les Présidents entameront le plus rapidement possible un nouveau cycle de consultations avec les États Membres pour sauvegarder et consolider les acquis obtenus, mais qui demeurent encore fragiles.

En fin de séance, la Conférence a accepté la demande du Liban de participer à ses travaux en tant qu'observateur.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le vendredi 22 mai, à 10 heures.


Déclarations

M. IDRISS JAZAÏRY, Président de la Conférence, a souhaité «une chaleureuse bienvenue à nos hôtes de marques d'aujourd'hui». Leur présence aujourd'hui parmi nous témoigne assurément de l'importance que ces éminentes personnalités accordent à la Conférence et de leur engagement résolu en faveur de la Conférence et de la non-prolifération et donne incontestablement une nouvelle dimension à nos efforts visant à obtenir au sein de la Conférence du désarmement des résultats concrets au stade crucial où nous sommes actuellement, a déclaré M. Jazaïry.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, s'est réjoui que cette séance se tienne dans un climat international amélioré. Récemment, la troisième réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a achevé sa session sur une tonalité positive, marquant un changement net par rapport aux années précédentes, a-t-il souligné. Je suis également encouragé par les récentes annonces du Président Obama des États-Unis et du Président Medvedev de la Fédération de Russie quant au lancement de pourparlers pour remplacer un traité de contrôle des armes nucléaires qui date de l'ère de la guerre froide et œuvrer à la réduction du nombre d'armes nucléaires dans le monde, a poursuivi le Secrétaire général. Aussi, a-t-il adressé ses meilleurs vœux aux deux pays pour les négociations de Moscou. Il existe désormais un certain nombre d'initiatives émanant d'États nucléaires et non nucléaires dont les effets conjugués produisent un nouvel élan en faveur du désarmement, a fait observer M. Ban. Ces initiatives montrent le chemin à suivre pour s'écarter des divisions et de la paralysie du passé et progresser vers un dialogue et des progrès véritables, a-t-il dit. Ces indications d'une volonté politique accrue constituent une opportunité que nous ne pouvons nous permettre de manquer, a déclaré M. Ban.

Nous vivons dans une ère d'interdépendance et les crises de l'année écoulée – crises alimentaire, énergétique et désormais économique – l'ont clairement montré, a poursuivi M. Ban. Les réponses devant être apportées à de telles crises – et à d'autres questions importantes comme le changement climatique, qui, je l'espère, sera traité de façon vigoureuse par les dirigeants du monde en décembre prochain – reposent sur un nouveau multilatéralisme, a déclaré le Secrétaire général. «Un nouveau multilatéralisme où la coopération remplace la confrontation et où la créativité remplace l'immobilisme», a-t-il précisé. Le besoin d'une telle approche multilatérale nouvelle se fait plus que jamais sentir dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il insisté. M. Ban a rappelé que l'an dernier, il avait présenté une proposition en cinq points afin de revitaliser l'ordre du jour du désarmement et s'est dit encouragé de constater que cette proposition avait été largement admise. Aussi, s'est-il réjoui des nombreuses évolutions, déclarations et initiatives récentes susceptibles d'aider à traduire ses propositions en progrès réel. Le Secrétaire général a toutefois tenu à souligner que les efforts bilatéraux auxquels nous assistons actuellement doivent s'inscrire dans un cadre multilatéral plus large. C'est le seul moyen de rendre le processus viable et durable, a-t-il déclaré. Le monde se tourne vers la Conférence du désarmement pour canaliser ces signes positifs au service d'une stratégie globale cohérente, a-t-il ajouté. Des différences persistent mais elles ne sont pas insurmontables, pas plus qu'il ne saurait y avoir d'excuses pour la paralysie, a insisté M. Ban.

La stabilité stratégique, la confiance entre les pays et le règlement des conflits régionaux détermineront, bien sûr, le rythme et l'étendue des progrès possibles, a poursuivi le Secrétaire général. Néanmoins, vous avez une opportunité de tirer parti des avancées déjà réalisées, de vous départir des positions arrêtées et de chercher à atteindre les objectifs partagés de paix et de développement, a-t-il indiqué à l'intention des membres de la Conférence. Le moment est venu de briser plus d'une décennie d'impasse, a déclaré M. Ban. Il a précisé que la Conférence a devant elle un document qui peut recueillir le consensus et traite de toutes les questions de fond et de procédure. L'un des éléments importants de cette proposition est qu'elle complète le mandat de négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles (traité cut-off) avec des dispositions pour une «vérification internationale effective». Il s'agit là d'un important pas en avant, a souligné M. Ban, tout comme la création de groupes de travail chargés de discuter de garanties négatives de sécurité effectives; des efforts progressifs et systématiques en vue de réduire les armes nucléaires; et de toutes les questions en rapport avec la prévention de la course aux armements dans l'espace.

La Conférence du désarmement peut contribuer de manière significative à la réalisation de l'objectif final de l'élimination complète des armes nucléaires, a poursuivi le Secrétaire général de l'ONU. Toutefois, cela ne sera possible que si tous les États, nucléaire comme non nucléaires, sont disposés à respecter leurs engagements en matière de désarmement et de non-prolifération et à contribuer à un environnement international propice au désarmement. L'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires revêt donc une importance cruciale, a souligné M. Ban. Une attention recentrée sur le désarmement et la non-prolifération bénéficiera à la sécurité et à la stabilité internationales et dégagerait des dividendes considérables pour la paix et le développement, a-t-il insisté, rappelant que le monde traverse une crise économique et financière profonde.

MME MICHELINE CALMY-REY, Cheffe du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a souligné que la communauté internationale vit aujourd'hui un moment fort à la Conférence du désarmement, car il semble que la percée tant attendue depuis plusieurs années approche. La ministre suisse des affaires étrangères a estimé que la situation internationale semble effectivement mûre pour que la Conférence du désarmement soit à nouveau en mesure de négocier. Elle a fait remarquer qu'il y a eu, ces dernières semaines, des signaux très encourageants, faisant notamment référence à la décision commune sur le désarmement nucléaire des présidents Obama et Medvedev. La volonté ainsi affirmée des États-Unis et de la Russie de relancer les négociations bilatérales sur une réduction de leurs armes nucléaires a une influence directe sur les autres enceintes du désarmement, a-t-elle souligné.

Mme Calmy-Rey a également attiré l'attention sur le changement d'atmosphère encourageant lors de la dernière réunion du Comité préparatoire pour la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Nous devons saisir l'opportunité qui s'ouvre et faire rebondir ici, à Genève, l'atmosphère constructive présente depuis le début de cette année, a-t-elle souligné. La vision d'un monde sans armes nucléaires est désormais relancée, a-t-elle insisté, précisant que son pays a l'intention d'apporter sa pleine contribution à la réalisation d'une telle vision; la Suisse prône le règlement pacifique des conflits et considère le désarmement et la non-prolifération comme des priorités.

Dans cette perspective, Mme Calmy-Rey a relevé l'importance de soutenir rapidement l'adoption d'un programme de travail à la Conférence du désarmement, arguant que la Conférence ne peut se permettre de laisser passer l'opportunité qui se présente aujourd'hui et qu'elle pourra, ainsi, renforcer sa crédibilité. La Conférence du désarmement doit au plus vite être en mesure de commencer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires qui soit vérifiable. Elle doit également continuer ses discussions substantielles sur les autres sujets prioritaires que sont le désarmement nucléaire, les assurances négatives de sécurité et la prévention d'une course à l'armement dans l'espace, a déclaré la ministre.

M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, s'est dit fortement encouragé par les propos tenus par le Secrétaire général de l'ONU sur les perspectives prometteuses des consultations destinées à relancer les processus de négociations d'un désarmement général et complet. Ces propos témoignent du fait que nous sommes arrivés à ce que les analystes appellent un point de basculement dans le cadre de la Conférence du désarmement, a-t-il souligné. C'est dire qu'il ne tient qu'à nous que les progrès que nous avons réalisés, dans le cadre de nos consultations, puissent ouvrir la voie à l'engagement constructif et finalement à une plate-forme d'entente pour la relance des travaux de la Conférence, a-t-il ajouté. La dynamique ainsi amorcée ne manquera certainement pas d'avoir un effet d'entraînement positif sur la prise en charge des questions apparentées ou connexes à travers tout le système des Nations Unies. M. Medelci a rendu hommage à la souplesse et l'esprit d'accommodement mutuel dont tous les représentants des États membres de la Conférence ont fait preuve sur des questions aussi sensibles que délicates, ce qui - a-t-il ajouté - augure bien d'une issue prochaine qui sera, à n'en pas douter, positive. Grâce aux efforts de tous, la Conférence sera bientôt à même de renouer avec sa vocation première en tant qu'enceinte privilégiée pour la promotion et la préservation de la sécurité internationale, a poursuivi le Ministre algérien des affaires étrangères.

La communauté internationale se rend compte aujourd'hui combien est illusoire la sécurité à l'abri des remparts de l'idéologie dogmatique ou du bouclier de la suprématie militaire; elle réalise que la véritable sécurité internationale ne peut résulter que d'un climat de confiance entre partenaires disposés à se mettre au service d'une approche multilatérale et solidaire du désarmement, a déclaré M. Medelci. Il a attiré l'attention sur les nombreuses prises de position régionales qui se sont prononcées en faveur de l'initiative du Président de la Conférence du 26 mars contenue dans un «non-paper sur les éléments qui pourraient constituer un programme de travail». Il y a lieu de souligner le soutien apporté à cette initiative par la récente Conférence ministérielle des pays non alignés de La Havane, des pays membres de l'Organisation de la Conférence islamique à Djeddah, ainsi que par le Groupe arabe à la troisième session du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du TNP, à New York, sans oublier les nombreuses expressions de soutien d'États membres des quatre groupes de la Conférence. «Je voudrais ici féliciter les P6 qui, répondant à ces échos favorables, ont fait leur cette proposition et ont décidé de la formaliser en tant que document officiel de la Conférence», a indiqué M. Medelci. «Nous souhaitons que, sur cette base, les P6 entament le plus rapidement possible, parce que la conjoncture y est favorable, un nouveau cycle de consultations avec les États Membres, pour sauvegarder et consolider les acquis obtenus, mais qui demeurent encore fragiles», a-t-il déclaré. «Il est à espérer que la Conférence ne laissera pas passer cette occasion propice à l'émergence d'un consensus inclusif». «Jamais les conditions n'y ont été aussi encourageantes», a ajouté le ministre algérien. Applicable à la seule année en cours, il faut espérer que le programme de travail qui sera approuvé offrira le cadre idoine pour la poursuite de négociations et discussions durant la période ultérieure, a conclu le Ministre algérien des affaires étrangères.

M. JAZAÏRY, Président de la Conférence, a exprimé sa profonde reconnaissance aux trois éminentes personnalités qui sont intervenues ce matin devant la Conférence pour leur appui «à ce stade crucial où nous tenons entre nos mains, semble-t-il, les éléments d'accord nécessaire pour mettre fin à la paralysie qui a frappé la Conférence du désarmement depuis 12 ans». À cet effet, M. Jazaïry a formellement soumis à la Conférence, au nom du «P.6» le document CD/1863 intitulé «Projet de décision pour l'établissement du programme de travail de la session 2009». «Après parachèvement des consultations, ce texte tel qu'il sera adopté offrira je l'espère, au-delà de l'année en cours, un cadre pour nos délibérations futures qui nous évitera les aléas d'un passé récent», a conclu le Président de la Conférence.


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