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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTAME SA SESSION EXTRAORDINAIRE
SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME À SRI LANKA

Compte rendu de séance
Il y a de fortes raisons de penser que «les deux parties» ont grossièrement bafoué le principe fondamental d'inviolabilité des civils, affirme Mme Pillay

Le Conseil des droits de l'homme a entamé, cet après-midi, sa onzième session extraordinaire consacrée à la situation des droits de l'homme à Sri Lanka. S'adressant au Conseil par vidéoconférence, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a déclaré qu'il y avait de fortes raisons de penser que «les deux parties» ont grossièrement bafoué le principe fondamental d'inviolabilité des civils. Aussi, une enquête internationale indépendante et crédible sur les récents événements devrait-elle être déployée afin de vérifier l'occurrence, la nature et l'ampleur des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire et définir les responsabilités spécifiques, a-t-elle ajouté.

Mme Pillay a rappelé que depuis le mois de décembre dernier, des dizaines de milliers de civils ont été tués, blessés ou déplacés et ont vu leurs propriétés et leurs moyens de subsistance saccagés. Il faut que des observateurs des droits de l'homme et des médias indépendants se voient accorder un accès sans restriction afin de vérifier les informations faisant état de graves violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international qui n'ont cessé de se produire durant les combats. En outre, le sort de milliers de civils dont on pense qu'ils se trouvaient dans la zone de conflit ou en transit vers les camps pour personnes déplacées reste inconnu, a souligné Mme Pillay. Étant donné que l'accès aux camps de personnes déplacées internes continue d'être entravé pour les Nations Unies et les organisations non gouvernementales, elle a demandé au Gouvernement sri-lankais d'assurer qu'une assistance sans entrave atteigne rapidement les survivants.

La délégation de Sri Lanka, par la voix du Ministre de la gestion des catastrophes et des droits de l'homme, M. Mahinda Samarasinghe, a indiqué que Sri Lanka continue d'accorder l'accès humanitaire aux partenaires du Gouvernement pour la prise en charge des personnes dans le besoin. Il a déploré que la Haut-Commissaire aux droits de l'homme n'ait pas mentionné le succès que constitue l'éradication d'un mouvement terroriste particulièrement violent ni la fin de la plus importante prise d'otages des temps modernes. L'objectif du Gouvernement est de réinstaller ses concitoyens dans leurs foyers, à brève échéance, a-t-il souligné. Le Gouvernement a toujours soutenu que la seule solution durable n'est pas d'ordre militaire mais bien politique et qu'elle doit impliquer tous les segments de la population sri-lankaise, y compris la diaspora, a poursuivi le Ministre. Sri Lanka espère pouvoir compter sur la collaboration de la communauté internationale; cependant, en tant qu'État souverain, elle doit avoir la possibilité de choisir les modalités d'aide qui lui conviennent, a-t-il souligné.

S'exprimant au nom de l'ensemble des titulaires de mandats des procédures spéciales du Conseil, Mme Magdalena Sepúlveda Carmona, experte indépendante sur la question des droits de l'homme et de l'extrême pauvreté, a souligné que les titulaires de mandats sont prêts a aider Sri Lanka et a invité son gouvernement à adresser des autorisations de visites à l'ensemble des titulaires de mandats qui souhaitent se rendre sur place. Elle a attiré l'attention sur les graves lacunes dans la protection des droits de l'homme sur l'ensemble du pays en raison de structures institutionnelles trop faibles qui assurent une impunité de fait.

À l'ouverture de la session, le Président du Conseil, M. Martin Ihoeghian Uhomoibhi du Nigéria, a dit partager l'avis du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies qui, au cours de sa récente visite à Sri Lanka, a déclaré qu'il est impératif à présent d'apporter une solution politique durable au conflit dans le pays.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: République tchèque (au nom de l'Union européenne), Cuba (au nom du Mouvement des pays non alignés et en son nom propre), Égypte (au nom du Groupe africain et en son nom propre), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Allemagne, Canada, Qatar, Chine, Inde, Fédération de Russie, Jordanie, Suisse, Chili, Brésil, Malaisie, Royaume-Uni, Philippines, Argentine, Indonésie, Slovénie, Japon, France, Mexique, Ghana, Italie, Nicaragua, Arabie saoudite et Afrique du Sud.

D'une manière générale, les délégations ont plaidé en faveur d'un soutien aux efforts du Gouvernement sri-lankais en cette période de reconstruction et de réconciliation. Un certain nombre d'entre elles ont toutefois précisé qu'elles étaient favorables à une enquête indépendante sur les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises durant le conflit. Nombre d'intervenants ont insisté sur la nécessité de prendre en charge les besoins des personnes déplacées et de bénéficier pour ce faire d'un accès sans entraves à ces personnes, ainsi que sur l'importance de d'assurer la réintégration effective des enfants soldats dans la société civile.

Certaines délégations, à l'instar de celle du Pakistan qui s'exprimait au nom de l'Organisation de la Conférence islamique, ont indiqué ne pas être convaincues de l'opportunité de la convocation d'une telle session extraordinaire sur la situation des droits de l'homme à Sri Lanka alors que s'ouvre dans quelques jours la session ordinaire du Conseil.


Le Conseil poursuivra demain matin, à 10 heures, les travaux de cette session extraordinaire consacrée à la situation à Sri Lanka.


Déclarations liminaires

M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHO, Président du Conseil des droits de l'homme, a ouvert la session extraordinaire en déplorant «la longueur du conflit inutile qui ravage la nation de Sri Lanka depuis plus de vingt-cinq ans», un conflit atroce qui a entraîné des milliers de morts et qui a suscité des souffrances indicibles pour des millions de personnes. Le Conseil partage la douleur de la population civile, et notamment celle des personnes les plus vulnérables, qui subissent de plein fouet les effets de la guerre. Heureusement, les armes se sont tues à Sri Lanka et on doit espérer que ces prochains jours et mois, la réhabilitation, la réconciliation et la reconstruction ouvriront le chemin du développement et d'une paix durables dans ce pays. On ne peut qu'être d'accord avec le Secrétaire général des Nations Unies qui, lors de sa visite récente à Sri Lanka, a jugé impérative la recherche d'une solution politique durable à la situation, compte pleinement tenu des aspirations de toutes les parties concernées. En se réunissant, le Conseil des droits de l'homme souhaite faire savoir au peuple et au Gouvernement de Sri Lanka sa volonté de collaborer avec eux pour relever les défis humanitaires et de droits de l'homme auxquels ils sont confrontés, a conclu M. Ihoeghian Uhomoibhi.

S'adressant au Conseil par vidéoconférence, Mme NAVI PILLAY, Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, actuellement en déplacement hors de Genève, a estimé approprié que le Conseil puisse traiter des tragiques conséquences sur le plan des droits de l'homme et sur le plan humanitaire du conflit dans ce pays. Les images de femmes, d'hommes et d'enfants terrifiés fuyant le champ de bataille doivent rester dans notre mémoire collective, a-t-elle déclaré; elles doivent nous pousser à l'action. Depuis le mois de décembre dernier, durant la toute dernière phase d'intenses combats, des dizaines de milliers de civils ont été tués, blessés ou déplacés et ont vu leurs propriétés et leurs moyens de subsistance saccagés.

Mme Pillay a souligné qu'il fallait que des observateurs des droits de l'homme et des médias indépendants se voient accorder un accès sans restriction afin de vérifier les informations faisant état de graves violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international qui n'ont cessé de se produire durant les combats. En outre, le sort de milliers de civils dont on pense qu'ils se trouvaient dans la zone de conflit ou en transit vers les camps pour personnes déplacées reste inconnu, a souligné la Haut-Commissaire. Il convient de se pencher de toute urgence sur la situation des personnes qui ont déjà atteint les camps, a-t-elle ajouté, précisant que ces personnes ont besoin de nourriture, d'eau, de soutien médical ou d'autres formes d'assistance de base et qu'une grave surpopulation cause de sérieux problèmes, notamment des maladies contagieuses qui ont déjà commencé à apparaître. Étant donné que l'accès aux camps de personnes déplacées continue d'être entravé pour les Nations Unies et pour les organisations non gouvernementales, Mme Pillay a demandé au Gouvernement sri-lankais d'assurer qu'une assistance sans entraves atteigne rapidement les survivants.

Le Gouvernement a proclamé la victoire militaire sur les Tigres tamouls du LTTE et annoncé la mort de leur chef historique, a poursuivi la Haut-Commissaire. Pendant de nombreuses années, la campagne de violence du LTTE a terrorisé la population sri-lankaise, toutes communautés ethniques confondues, a-t-elle rappelé. Tout en reconnaissant pleinement la responsabilité qui incombe au Gouvernement de protéger sa population contre les actes de ce type, elle a souligné que – comme dans toute situation comparable – les règles des droits de l'homme et du droit international humanitaire doivent être respectées en tous temps et en toutes circonstances. En aucun cas la fin ne saurait justifier les moyens, a rappelé Mme Pillay.

Il y a de fortes raisons de penser que les deux parties ont grossièrement bafoué le principe fondamental d'inviolabilité des civils, a par ailleurs affirmé la Haut-Commissaire. Aussi, une enquête internationale indépendante et crédible sur les récents événements devrait-elle être déployée afin de vérifier l'occurrence, la nature et l'ampleur des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire et définir les responsabilités spécifiques. Les allégations selon lesquelles le LTTE aurait empêché les civils de quitter la zone de conflit méritent toute l'attention. Il y aurait même eu des cas où le LTTE aurait tiré sur les civils qui tentaient de fuir. Pour sa part, le Gouvernement aurait utilisé l'artillerie lourde sur une zone de conflit densément peuplée, alors qu'il avait donné l'assurance de tout faire pour protéger les civils. L'établissement des faits est crucial, a insisté la Haut-Commissaire. Les victimes et les survivants ont droit à la justice et à des recours, a-t-elle ajouté. Elle a en outre rappelé que les amnisties qui empêcheraient que les individus susceptibles d'être responsables de crimes de guerre aient à rendre des comptes ne sont pas admissibles. Mme Pillay a souligné que les défis de la reconstruction et de la réconciliation vont au-delà des zones affectées par le conflit et touchent également la vie politique et institutionnelle de Sri Lanka. En conclusion, la Haut-Commissaire s'est dite convaincue que le Haut Commissariat aux droits de l'homme pourrait jouer un rôle important pour soutenir le Gouvernement et instaurer la confiance entre toutes les parties prenantes à la reconstruction de Sri Lanka. Aussi, Mme Pillay a-t-elle exhorté le Conseil à soutenir l'appel en faveur d'une aide de la communauté internationale dans cette étape cruciale pour Sri Lanka.

MME MAGDALENA SEPÚLVEDA CARMONA, experte indépendante sur la question des droits de l'homme et de l'extrême pauvreté, s'exprimant au nom des titulaires de mandats des procédures spéciales du Conseil, a dit la profonde inquiétude de ces experts des droits de l'homme devant la gravité de la situation à Sri Lanka en ce qui concerne la crise humanitaire persistante et la situation des droits de l'homme, le manque de transparence et de reddition de comptes sur le sort des civils pris au piège des combats entre l'armée sri-lankaise et les Tigres de libération de l'Elam Tamoul (LTTE) ou des personnes déplacées et internées dans des camps gérés par le Gouvernement.

Les lois internationales stipulent que les civils doivent être protégés par les belligérants et que les attaques ne doivent viser que des objectifs militaires, a rappelé la représentante des titulaires de mandats. À cet égard, il est évident que le LTTE a agi en violation flagrante de ces lois en utilisant les civils comme boucliers humains. Le Gouvernement de Sri Lanka, pour sa part, retient arbitrairement depuis plus de trois mois et pour des motifs de sécurité plus 300 000 hommes, femmes et enfants qui ont échappé aux combats. La fin des combats doit être suivie par une accélération du processus de filtrage dans les camps, la libération des personnes internées, à commencer par les plus vulnérables, et leur réintégration au sein de la société. L'experte s'est félicitée de la libération de 1535 personnes vulnérables annoncée dans le rapport du 18 mai 2009 mais a également déploré des décès dus à la malnutrition dans certains camps. La situation actuelle nécessite d'assurer les besoins élémentaires des populations, dont la fourniture est entravée par des procédures longues et complexes. Mme Sepúlveda a regretté que des personnels des Nations Unies se soient vu refuser dernièrement l'accès aux zones de conflit et aux points filtrage des personnes fuyant les combats. Une telle situation rend difficile la vérification des allégations de violations graves des droits de l'homme, notamment les disparitions forcées et les exécutions arbitraires. Les titulaires de mandats sont prêts à aider Sri Lanka et l'experte a invité le Gouvernement à étendre les autorisations de visites à l'ensemble des titulaires de mandats qui souhaitent se rendre sur place pour effectuer des visites de pays.

Mme Sepúlveda a en outre souligné les graves lacunes dans la protection des droits de l'homme dans l'ensemble du pays en raison de structures institutionnelles trop faibles qui assurent l'impunité de fait. Des rapports font toujours état d'actes de torture, de disparitions et d'exécutions sommaires. Les défenseurs des droits de l'homme sont toujours victimes d'arrestations arbitraires et de menaces et sont considérés comme des traîtres. À cet égard, il est nécessaire de créer un espace de un dialogue constructif propre aux sociétés démocratiques. L'experte a pressé le Gouvernement de Sri Lanka de prendre immédiatement des mesures en faveur des victimes de violations des droits de l'homme. Elle a aussi souligné que d'importantes réformes sont nécessaires pour mettre un terme à ces violations et engager un processus de réconciliation respectueux de l'état de droit et des principes d'égalité et de non-discrimination qui sont essentiels pour donner aux Tamouls et aux autres minorités du pays la place à laquelle ils ont droit en tant que citoyens de Sri Lanka. Pour mettre fin à l'impunité, Mme Sepúlveda recommande la mise en œuvre d'un mécanisme d'enquête impartial afin de bâtir une société pacifique et prospère sur la base des principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme.


Déclaration du pays concerné

M. MAHINDA SAMARASINGHE, Ministre de la gestion des catastrophes et des droits de l'homme de Sri Lanka, a déclaré que son pays continue d'accorder l'accès humanitaire aux partenaires du Gouvernement pour la prise en charge des personnes nécessiteuses. Alors que, au terme d'un long et coûteux conflit, de nouveaux défis se posent à Sri Lanka dans sa quête d'une paix durable, le Conseil doit trouver les moyens d'avancer. Malheureusement, la Haut-Commissaire n'a pas mentionné le succès que constitue l'éradication d'un mouvement terroriste particulièrement violent ni la fin de la plus importante prise d'otages des temps modernes: tels ont été les défis auxquels Sri Lanka a été confrontée. On a mentionné à tort le manque d'alimentation et la famine: les responsables du Gouvernement et leurs partenaires internationaux œuvrent en ce moment même au règlement de ces difficultés. Aucun observateur des Nations Unies n'a constaté de décès par inanition à Sri Lanka, 250 000 personnes sont au contraire dûment prises en charge en ce moment même.

L'objet du Gouvernement est de réinstaller ses concitoyens dans leurs foyers, à brève échéance. Le Gouvernement doit cependant veiller à ce que ces personnes aient la possibilité de choisir en toute connaissance de cause leur lieu de domicile. Il appartient à la communauté internationale d'aider les autorités à agir dans ce sens. Le Gouvernement est conscient des problèmes qui doivent être résolus pour garantir pour le rapatriement des personnes déplacées dans de bonnes conditions: déminage, rétablissement des infrastructures de base, dans le cadre d'une véritable stratégie qui permettra aux personnes concernées de prendre les bonnes décisions.

Neuf mille personnes s'étant rendues et d'autres recrues identifiées des Tigres de libération de l'Eelam tamoul participeront à un programme de réinsertion, a également indiqué le Ministre sri-lankais. Le Gouvernement travaille étroitement avec plusieurs institutions des Nations Unies à cette initiative. Un cadre national de réintégration est en préparation depuis de nombreux mois. Le Gouvernement poursuivra ses efforts dans ce type d'engagements, a assuré le Ministre. Le Gouvernement a toujours déclaré que la seule solution durable n'est pas d'ordre militaire mais bien politique, et doit impliquer tous les segments de la population sri-lankaise, y compris la diaspora. Tous ces interlocuteurs seront consultés pour la recherche d'une solution consensuelle et durable dans le cadre de la société multiculturelle, multireligieuse et démocratique que Sri Lanka n'a jamais cessée d'être, comme en témoigne sa ratification des treize instruments internationaux des droits de l'homme depuis quinze ans. Sri Lanka espère enfin pouvoir compter sur la collaboration de la communauté internationale à cet égard et son gouvernement poursuivra ses efforts pour faciliter la tâche de ses partenaires de coopération multilatéraux et bilatéraux. Cependant, Sri Lanka, en tant qu'État souverain, doit avoir la possibilité de choisir les modalités d'aide qui lui conviennent.


Débat général

M. TOMÁŠ HUSÁK (République tchèque au nom de l'Union européenne) a rappelé qu'au fil des ans, l'Union européenne n'a cessé de suivre avec une vive préoccupation le conflit qui ravageait le nord de Sri Lanka. L'apogée de ce conflit a vu des milliers de civils piégés dans la zone de conflit ou utilisés comme boucliers humains dans ce qui était auparavant désigné comme des zones de sécurité. L'Union européenne condamne les moyens violents et terroristes utilisés par les Tigres tamouls du LTTE et l'utilisation par ces derniers des civils comme boucliers humains. En même temps, l'Union européenne n'a eu de cesse de plaider, tout au long du conflit, auprès du Gouvernement sri-lankais afin qu'il prenne les mesures nécessaires pour empêcher les pertes de vies humaines parmi les civils et protéger les droits de l'homme de tous, y compris des personnes déplacées internes. Le manque de considération à l'égard des civils, en utilisant des armes lourdes dans une zone de conflit de taille réduite où étaient piégés des centaines de milliers de civils incapables de fuir était inacceptable, a souligné le représentant. Il s'est réjoui de la fin des combats récemment annoncée et a lancé un appel au Gouvernement sri-lankais afin qu'il engage un processus de paix politique global et totalement inclusif qui traite des questions relatives à la protection des personnes déplacées, au respect des droits de l'homme, à une enquête indépendante et impartiale sur toutes les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire et à l'obligation redditionnelle des personnes responsables de ces violations.

Le représentant de l'Union européenne a insisté pour que soit respectée la nature civile des camps de personnes déplacées internes et pour que soit assuré un accès sans restriction à ces camps. La fin du conflit doit en outre offrir l'occasion de revoir les questions de la liberté d'expression, de la participation à la vie politique et de la protection des droits de l'homme des défenseurs de ces droits et des journalistes. Le Conseil devrait parler d'une seule voix et envoyer un message clair de soutien à tous les efforts du Gouvernement sri-lankais pour améliorer la situation des droits de l'homme et parvenir à assurer la stabilité et la prospérité pour tous ses citoyens. Une enquête internationale indépendante sur toutes les violations des droits de l'homme ainsi qu'une assistance technique internationale constitueraient les moyens appropriés d'apporter un tel soutien, a conclu le représentant tchèque.

M. RESFEL PINO (Cuba au nom du Mouvement des pays non alignés) a salué la participation du Ministre sri-lankais à cette session extraordinaire, témoignant ainsi de l'engagement de Sri Lanka à l'égard du Conseil et de la promotion et la protection des droits de l'homme. Il a déclaré qu'à plusieurs reprises, des délégations sri-lankaises de haut niveau venues depuis Colombo ont fourni des informations au Conseil, aux groupes régionaux, aux délégations et à des représentants d'institutions des Nations Unies. Le Mouvement des non-alignés estime que ces occasions de dialogue sont très utiles. Le représentant des non-alignés a félicité Sri Lanka pour avoir mis fin à 25 années de conflit interne et souligné que son droit souverain à lutter contre le terrorisme et le séparatisme doit être respecté. Le Mouvement des non alignés souhaite que le Gouvernement et la population de Sri Lanka connaîtront le succès pour surmonter les conséquences du conflit et que les progrès économiques et sociaux permettront de promouvoir et de protéger les droits de l'homme pour tous. Il a invité la communauté internationale à coopérer avec Sri Lanka à cette fin. Relevant certaines attitudes contraires à la nouvelle culture de travail du Conseil dans le cadre de l'organisation de la présente session, l'intervenant a dit espérer qu'une telle situation ne se reproduira pas à l'avenir et que la transparence et le dialogue inclusif resteront prioritaires. En conclusion, les pays non alignés sont fermement convaincus que la défense des principes de non-sélectivité et la promotion d'une approche de coopération et de protection des droits de l'homme sont essentiels au succès du Conseil des droits de l'homme.

M. HISHAM BADR (Égypte au nom du Groupe africain) a souligné que le Groupe n'était pas favorable à la convocation de la session extraordinaire, estimant que le conflit avec le Tigres de libération de l'Eelam tamoul était de nature interne. Actuellement, l'accent doit être mis sur l'aide au Gouvernement pour le rétablissement, la reconstruction et la réconciliation. Le Groupe africain salue l'engagement manifeste du Gouvernement sri-lankais envers la réconciliation politique, et note que les États voisins de Sri Lanka ont indiqué leur soutien à cette démarche. De même, le Groupe africain salue l'attention accordée par le Gouvernement de Sri Lanka au problème des personnes déplacées. Il appelle la communauté internationale à renforcer son aide à Sri Lanka à cet égard.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a félicité le Gouvernement et le peuple du Sri Lanka pour leur victoire contre l'une des organisations terroristes les plus dangereuses et brutales, à savoir celle des LTTE. Ce succès a assuré la souveraineté et l'intégrité territoriale de Sri Lanka, a-t-il déclaré. Il a souhaité tout le succès au Gouvernement sri-lankais dans ses efforts d'aide, de réhabilitation, de réinstallation et de réconciliation. L'OCI se réjouit de l'engagement du Gouvernement sri-lankais de travailler en étroite coopération avec les Nations Unies, comme cela a été souligné lors de la récente visite du Secrétaire général de l'ONU à Sri Lanka. Le besoin est urgent, en cette période d'après conflit, de traiter des problèmes liés aux personnes déplacées, au déminage, aux besoins humanitaires et à la réhabilitation des enfants soldats recrutés par le LTTE, sans parler de la réintégration des anciens combattants. Aussi, la communauté internationale devrait-elle concentrer ses efforts sur l'aide à apporter à Sri Lanka pour relever les défis humanitaires qui se posent au pays. À quelques jours de l'ouverture de la session ordinaire du Conseil, la convocation de la présente session extraordinaire est une perte de temps, d'énergie et d'argent, a estimé le représentant pakistanais. Il a ajouté que Sri Lanka n'est pas un pays ayant un cadre consistant de violations massives et répandues des droits de l'homme, pas plus qu'il ne s'agit d'un pays qui occuperait un territoire étranger, comme cela est en revanche le cas dans certaines parties du monde, a fait observer le représentant. Aussi, a-t-il souhaité que le Conseil prenne aujourd'hui une décision basée sur les faits et non sur une fiction; une décision objective et non pas subjective. À cet égard, la résolution proposée par Sri Lanka, avec un certain nombre de co-parrains, reflète ces réalités et suggère la marche à suivre pour la communauté internationale. Il faut espérer que tous les États membres seront en mesure de soutenir ce texte.

M. KONRAD MAX SCHARINGER (Allemagne) a rappelé que les deux parties au conflit à Sri Lanka ont à plusieurs reprises ignoré les appels au cessez-le-feu et à la négociations lancés par la communauté internationale. De nombreux Tamouls qui ont survécu aux combats souffrent de traumatismes, de blessures, de la faim, des mauvais traitements reçus dans les camps et ont perdu leur logement. Il est maintenant important de donner un avenir à cette communauté, dans un État qui leur assure les mêmes droits qu'à la communauté majoritaire, y compris dans la vie politique. Après des décennies d'un conflit qui a entraîné des violations massives des droits de l'homme, il est impossible de reprendre une vie normale comme si de rien n'était. Il est nécessaire d'identifier les causes de cette tragédie, mener des enquêtes au sujet des violations des droits de l'homme et punir les responsables. Dans l'ensemble du pays, il faut assurer la liberté d'opinion. L'ensemble des communautés doivent pouvoir dire et écrire ce qu'elles veulent sans risque de représailles. Pour construire la paix et la réconciliation, toutes les parties prenantes doivent avoir leur mot à dire. La communauté internationale est prête à jouer son rôle en offrant un investissement et des conseils. L'Allemagne a accordé 10,2 millions d'euros cette année en aide humanitaire, nourriture et assistance aux réfugiés. Lorsque les conditions seront propices, une assistance sera également fournie pour assurer la reconstruction. Il faut ériger un système politique démocratique et tolérant auquel toutes les communautés puissent d'identifier et participer. C'est là la seule solution pour bâtir une paix durable et respectueuse des droits de l'homme. Le représentant allemand a enfin félicité la Haut-Commissaire pour son rapport très détaillé et clair.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a déclaré que son pays se réjouit de la fin des hostilités à Sri Lanka, lesquelles ont entraîné des souffrances indicibles au cours des vingt-sept dernières années. Le Canada comprend que le Gouvernement de Sri Lanka ait eu à combattre un ennemi brutal, n'hésitant pas à recruter des enfants soldats et à user de boucliers humains civils. Le Gouvernement du Canada a d'ailleurs insc