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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE VICE-MINISTRE DE L'INTÉRIEUR ET DE LA SÉCURITÉ DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Compte rendu de séance
Plusieurs membres de la Conférence réclament la participation de la société civile aux débats

La Conférence du désarmement a entendu ce matin le Vice-Ministre de l'intérieur et de la sécurité de la République démocratique du Congo, M. Zéphyrin Mungongo, ainsi que le représentant de l'Égypte. Elle a en outre entendu une déclaration de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté à l'occasion de la Journée internationale de la femme, dont la lecture par le Président de la Conférence a été suivie de plusieurs interventions.

M. Mungongo a brossé un tableau général des traités internationaux en matière de contrôle des armements auxquels la République démocratique du Congo a adhéré et a fait valoir que son pays avait activement participé à la rédaction de la Convention interdisant la production, l'utilisation, le stockage ainsi que le transfert des bombes ou armes à sous munitions, que le pays devrait signer prochainement à New York. Il a lancé «un vibrant appel» à la communauté internationale afin qu'elle apporte à son pays un appui significatif pour lutter contre ce fléau.

Le représentant de l'Égypte s'est pour sa part exprimé sur l'urgence de la prévention de la course aux armements dans l'espace et sur la nécessité de négocier un instrument juridique contraignant contre l'utilisation d'armes nucléaires par une puissance nucléaire contre un État non nucléaire.

À la suite de la lecture par le Président de la Conférence de déclaration de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, la Norvège, le Mexique, l'Afrique du Sud et la République arabe syrienne sont intervenues pour demander que la société civile puisse participer directement aux débats de la Conférence en accordant un accès aux organisations non gouvernementales. Ils ont regretté le blocage prévalant sur cette question depuis plusieurs années, la représentante du Mexique affirmant que la société civile était susceptible d'apporter de «l'oxygène» à une instance «dont l'immobilisme menace de se muer en inanition».

Enfin, la Conférence a accepté par consensus la demande de l'Angola de participer à ses travaux en tant qu'observateur.


La prochaine réunion de la Conférence du désarmement aura lieu samedi 7 mars à 10h30 dans la salle du Conseil pour entendre le ministre russe des affaires étrangères, M. Sergei Lavrov.


Déclarations

M. ZEPHYRIN MUNGONGO, Vice-Ministre de l'intérieur et de la sécurité de la République démocratique du Congo, a constaté que, depuis la fin du siècle dernier, les conflits armés avaient «mis en veilleuse la pratique des négociations et de la coopération» en matière de désarmement. Il a rappelé les développements survenus depuis une quarantaine d'années, en particulier la création de la Commission spéciale de l'ONU ou la signature en 1972 des traités sur la limitation des systèmes des missiles antimissiles. Il a rappelé que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale consacrée à cette question, avait mené à bien les négociations relatives à la Convention sur les armes chimiques, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. «L'un des moyens les plus efficaces de décourager l'emploi ou la menace de l'emploi des armes de destruction massive par les terroristes est de renforcer les systèmes multilatéraux déjà mis en place pour interdire ces armes et empêcher leur prolifération», a-t-il souligné.

M. Mungongo a rappelé que son pays avait adhéré à de nombreux accords, conventions et traités, aussi bien aux niveaux international que régional. Il a par ailleurs indiqué que son pays avait fait «des avancées significatives» pour la mise en œuvre du Programme d'action des Nations Unies de 2001 pour lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (APLC). La Commission nationale congolaise de lutte contre la prolifération des APLC et de réduction de violences armées a été mise en place l'an dernier, a-t-il fait valoir. En outre, une proposition de loi sur ces armes est actuellement à l'étude au Parlement.

Concernant les mines antipersonnelles, M. Mungongo a assuré la Conférence que les autorités de son pays ne ménagent aucun effort pour protéger la population, précisant qu'une commission de lutte contre les mines antipersonnel avait été créée. La République démocratique du Congo a également participé activement aux diverses rencontres ayant eu lieu en vue de la signature de la Convention interdisant la production, l'utilisation, le stockage ainsi que le transfert des bombes ou armes à sous munitions. Elle doit signer ce traité prochainement à New York et le Parlement devrait le ratifier rapidement, a-t-il assuré. Le Vice-Ministre a souligné que son pays lançait «une fois de plus un vibrant appel à la communauté internationale pour lui apporter un appui significatif pour lutter contre ce fléau qui est en train de dévaster l'humanité dans son ensemble».

En conclusion, le Vice-Ministre de l'intérieur et de la sécurité de la République démocratique du Congo a indiqué que son pays souhaitait que la Conférence «puisse permettre aux pays membres de se mettre d'accord sur l'ordre du jour afin que commencent les débats sur le désarmement nucléaire».

M. CHITSAKA CHIPAZIWA, Président de la Conférence du désarmement, a lu une déclaration adressée à la Conférence par la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté au nom des participants du Séminaire sur le désarmement à l'occasion de la Journée internationale des femmes 2009 et de sa session sur la stratégie des organisations non gouvernementales. Ce séminaire, dont le thème cette année était la paix au Moyen-Orient, s'est tenu hier, le 4 mars, au Palais des Nations à Genève. Les participants au séminaire ont souligné qu'aucun État ne pouvait espérer la sécurité pour lui-même si ses efforts dans ce domaine visaient à diminuer ou à miner la sécurité d'autres États. Le désarmement est un outil pour améliorer la sécurité de tous. Les armes de destruction massive ne constituent pas une solution et ne font qu'accroître les vulnérabilités, environnementales et économiques, ainsi qu'en matière de droit international, constatent les participants.

Concernant plus spécifiquement le Moyen-Orient, l'objectif d'en faire une zone libre d'armes de destruction massive a été réitéré à diverses reprises par tous les États concernés ainsi que par la communauté internationale, rappelle la déclaration. La consolidation de la paix dans cette région exige un progrès sur trois axes parallèles. Deux sont évidents, la voie politique, dans laquelle s'inscrit l'Initiative de paix arabe, et la voie du désarmement. Ces deux voies n'étant pas suffisantes par elles mêmes, un troisième axe s'avère indispensable, celui en vertu duquel les États de la région démontrent leur capacité à faire face à leurs problèmes internes et à satisfaire les besoins et les espoirs de leurs peuples. Cette voie supplémentaire suppose l'engagement actif de la société civile, et particulièrement des femmes.

Le texte note par ailleurs que la seconde partie du séminaire a été consacrée aux questions de stratégie auxquelles sont confrontées les organisations non gouvernementales. Elle a réuni des femmes et des hommes venus de plus d'une trentaine de pays, qui ont débattu des moyens de changer la culture de la peur afin de créer une culture durable de la paix. Il ne s'agissait pas de dessiner une nouvelle feuille de route mais plutôt d'envisager la manière de commencer à l'emprunter. Enfin, la déclaration soulève la question de la participation des organisations non gouvernementales à des forums tels que la Conférence du désarmement, ainsi que celle des femmes aux organes décisionnels. Il ne sert à rien en effet de célébrer la Journée internationale des femmes si l'on ne cherche pas dans le même temps à accroître cette participation.

MME HILDE SKORPEN (Norvège) a évoqué le séminaire de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté en exprimant l'espoir que d'autres colloques similaires aient lieu et soulignant l'importance du rôle des organisations non gouvernementales pour faire progresser le débat et dont le rôle, par conséquent devrait être accru.

MME MABEL GÓMEZ (Mexique) a indiqué que sa délégation se félicitait des actions entreprises par la RDC pour avancer sur la voie du désarmement, félicitant ce pays pour sa décision de signer la Convention sur les sous munitions.

Par ailleurs, a poursuivi la représentante mexicaine, plutôt que de lire le message de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, il eut été plus approprié qu'une représentante de cette organisation non gouvernementale puisse intervenir directement. Le Mexique ne comprend pas que la Conférence ne fasse pas preuve d'une plus grande souplesse pour entendre des représentants de la société civile. L'intégration de celle-ci dans les débats des Nations Unies est essentielle, a-t-elle souligné. Nous estimons que la société civile a un droit légitime à exprimer ses préoccupations, voire ses désaccords avec les gouvernements représentés à la Conférence. Certains travaux d'ONG sont d'une très grande qualité et ils sont donc susceptibles d'alimenter notre réflexion, a noté la représentante du Mexique. «Il ne fait aucun doute que la possibilité de pouvoir compter sur des idées fraîches et novatrices apporteraient de l'oxygène et une nourriture d'une valeur inestimable à cet organe, dont l'immobilisme menace de se muer en inanition», a lancé Mme Gomez. Elle a regretté que la Conférence n'ait pas profité de l'occasion de la Journée internationale des femmes pour accueillir dans son enceinte la Ligue internationale des femmes.

M. HISHAM BADR (Égypte) a déclaré, s'agissant de la question de la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique que son pays juge essentiel de travailler de concert pour que l'espace ne soit utilisé qu'à des fins pacifiques et ce avant qu'il ne soit trop tard. Le Traité sur l'espace de 1967 ne peut plus être considéré comme suffisant aujourd'hui, estime l'Égypte. La transparence et les mesures de confiance sont des éléments particulièrement importants et il faut absolument arriver à la conclusion d'instruments juridiquement contraignants. L'Égypte et Sri Lanka présentent chaque année une résolution visant à prévenir une course aux armements dans l'espace, a rappelé l'orateur. Il a aussi rappelé les efforts conjoints de la Chine et de la Russie pour empêcher la militarisation de l'espace. L'Égypte estime qu'il s'agit d'initiatives importantes.

S'agissant des garanties négatives de sécurité, le représentant de l'Égypte a rappelé la création de plusieurs zones dénucléarisées ces dernières années. Toutefois, toutes positives que soient ces initiatives, elles restent incomplètes et n'offrent pas de garantie aux États non nucléaires. C'est la raison pour laquelle l'Égypte appelle à la dénucléarisation du Moyen-Orient. De nouvelles mesures doivent être envisagées pour que les États non nucléaires membres du Traité de non prolifération (TNP) tels que l'Égypte aient des garanties de non utilisation de ces armes par l'adoption d'un instrument international contraignant. En attendant la réalisation de cet objectif, l'Égypte estime que les États ayant renoncé à obtenir l'arme nucléaire doivent recevoir des garanties.

M. JOHAN KELLERMAN (Afrique du Sud), en écho aux représentants du Mexique et de la Norvège, a jugé regrettable qu'une fois encore la Conférence n'ait pas réussi à se mettre d'accord pour que la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté puisse prendre la parole directement devant l'assemblée. La même situation se reproduit chaque année, a-t-il constaté, et a émis l'espoir qu'un accord soit enfin trouvé, non seulement concernant cette organisation non gouvernementale mais aussi la participation de la société civile d'une manière plus générale. La Conférence, a-t-il conclu, devrait prendre le temps nécessaire pour régler enfin cette question.

M. ABDULMOLA AL-NUQARI (République arabe syrienne) a rappelé que sa délégation s'était exprimée en faveur de la possibilité pour les organisations non gouvernementales de s'exprimer et il a jugé regrettable que la Conférence se soit montrée incapable à ce jour de régler cette question. Il s'est félicité des propositions audacieuses de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Il a émis l'espoir que les représentants des organisations non gouvernementales pourront être entendus «de vive voix» l'an prochain.


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