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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: LE MINISTRE RUSSE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SALUE LES DÉCLARATIONS DES ÉTATS-UNIS EN FAVEUR D'APPROCHES MULTILATÉRALES

Compte rendu de séance
La situation de blocage au sein de la Conférence du désarmement reflète une situation défavorable dans le domaine de la sécurité internationale

La Conférence du désarmement a entendu ce matin le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, qui a notamment salué les déclarations faites par la nouvelle administration des États-Unis en faveur de l'approche multilatérale pour le maintien de la sécurité internationale et le désarmement. «Nous sommes prêts, comme cela a été proposé par nos partenaires américains, à "redémarrer" nos relations», a dit M. Lavrov. Il a ajouté que la conclusion d'un nouveau traité russo-américain sur les armes stratégiques offensives pourrait devenir une priorité.

M. Lavrov a relevé que malgré les nombreux efforts ont été déployés depuis qu'il s'est adressé à la Conférence il y a plus d'un an, il n'a pas été possible de parvenir à un changement positif radical dans les travaux alors que l'on assiste à une aggravation du potentiel pour des conflits au niveau mondial, ce qui détourne la communauté internationale de la solution des problèmes urgents liés à la nécessité de renforcer la stabilité internationale et de créer un environnement propice à la cohérence des mesures dans le domaine du désarmement et de non-prolifération. «Il faut aujourd'hui reconnaître notre incapacité à surmonter une impasse dans le domaine du désarmement multilatéral», a dit le Ministre. La situation de blocage au sein de la Conférence du désarmement dure depuis plus de dix ans et reflète clairement une situation défavorable dans le domaine de la sécurité internationale. Malheureusement, la guerre froide a «institutionnalisé» la militarisation dans le domaine des relations internationales et il faut se débarrasser de ce «boulet», a souligné M. Lavrov.

S'agissant de la nécessité de conclure un nouveau traité russo-américain juridiquement contraignant sur les armes stratégiques offensives. M. Lavrov a donné lecture d'une déclaration du Président de la Fédération de Russie, dans laquelle M. Dmitri Medvedev rappelle que c'est le 5 décembre de cette année qu'expire le Traité sur la réduction et la limitation des armes stratégiques offensives (START 1), qui a joué un rôle historique pour assurer la stabilité stratégique et la sécurité ainsi que la réduction des arsenaux d'armes stratégiques offensives et dont la mise en œuvre a rendu le monde plus sûr. Le Président russe rappelle que son pays avait invité les États-Unis dès 2005 à conclure un nouvel accord pour succéder à START 1, qui devrait être tourné vers l'avenir et ne pas se contenter de limiter les ogives, mais également les vecteurs stratégiques, et devrait exclure la possibilité de déployer des armes stratégiques offensives en dehors des territoires nationaux. Le Président russe partage pleinement l'engagement du Président américain Barack Obama en faveur de la noble cause de sauver le monde de la menace nucléaire.

Le Ministre russe des affaires étrangères s'est félicité de l'objectif visé par de nombreuses initiatives internationales pour régler des questions de sécurité mondiale sur une base multilatérale et la Russie est disposée à contribuer positivement à leur examen. Toutefois, des progrès en direction de l'«option zéro» (global zéro) ne peuvent se réaliser sans un renforcement de la stabilité stratégique et le strict respect du principe de sécurité pour tous sur un pied d'égalité. M. Lavrov a souligné à cet égard que l'on ne saurait obtenir des progrès réels en matière de désarmement nucléaire dans une situation où les efforts unilatéraux sont menés pour mettre au point des systèmes antimissiles stratégiques, qui entraîne une érosion de la stabilité stratégique et un déséquilibre du système de contrôle et d'équilibre mondial. La Russie propose une alternative constructive aux plans unilatéraux dans ce domaine crucial, à savoir d'unir les efforts de tous les États intéressés pour lutter contre les menaces potentielles posées par les missiles.

M. Lavrov a également souligné l'importance, pour la sécurité mondiale, d'assurer de manière efficace et durable la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de veiller à son universalité. Il a précisé que le renforcement de la non-prolifération nucléaire internationale et du régime de limitation des armes nucléaires est inextricablement lié au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE); le moratoire sur les essais nucléaires, malgré son importance, ne saurait se substituer à des obligations juridiques et la Russie exhorte tous les États dont l'adhésion est nécessaire à l'entrée en vigueur du traité à le signer et le ratifier dès que possible. Il a noté à ce sujet des signaux positifs de Washington en ce qui concerne d'éventuels changements dans la position américaine sur le Traité. Il a aussi souligné l'urgence de la tâche de renforcer le régime de non-prolifération au Moyen-Orient.

Le Ministre russe des affaires étrangères a relevé l'intérêt croissant pour l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, qui est une tendance actuelle du développement économique. La sécurité énergétique et le climat sont nécessairement associés à des applications nucléaires pacifiques, qui devraient être plus largement exploitées en pleine conformité avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et offrent de nouvelles perspectives pour la coopération internationale. La Russie a proposé des efforts communs pour développer l'infrastructure mondiale de l'énergie nucléaire grâce à la création de centres multilatéraux pour la fourniture de services liés au cycle du combustible nucléaire. À cet égard, un Centre international d'enrichissement de l'uranium a déjà été mis en place en partenariat avec le Kazakhstan à l'usine d'enrichissement d'Angarsk, sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

M. Lavrov a réitéré l'attachement de la Russie à la revitalisation de la diplomatie multilatérale, principalement au sein de l'ONU et à la Conférence du désarmement, soulignant la grande contribution de la Conférence au renforcement de la sécurité internationale. Il a salué les efforts menés pour parvenir au consensus en ce qui concerne son programme de travail. Étant donné l'importance particulière de la prévention de la militarisation de l'espace parmi les questions de désarmement, il a rappelé que la Russie et la Chine ont présenté un projet de traité international sur la prévention du placement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique (PPWT) en a espéré que le document que les deux pays présenteront sous peu servira de contribution utile à de futures négociations. La Russie a aussi présenté un projet sur les éléments de base d'un accord juridique international sur l'élimination des missiles de portée intermédiaire et courte, dont l'idée a été reprise dans les propositions du Président français Nicolas Sarkozy, avec l'aval de l'Union européenne, en vue d'engager des négociations sur l'interdiction de missiles sol-sol de portée intermédiaire et courte. La Russie souhaite un dialogue constructif avec l'Union européenne et tous les autres partenaires sur les moyens de traiter ces questions en vue d'établir un régime universel de l'interdiction de ce type de missiles. La Russie est également prête à commencer les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires.

En conclusion, le Ministre russe des affaires étrangères a souligné que les efforts déployés pour harmoniser les points prioritaires de l'ordre du jour de la Conférence afin de reprendre les travaux de fond sont inextricablement liés à la recherche générale des moyens de surmonter les phénomènes actuels de crise, que ce soit dans les domaines financier et économique, militaire et politique, de l'environnement ou autres. Nous ne pouvons résoudre les problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés qu'à travers une action conjointe, par le rétablissement de la confiance dans la politique mondiale et en menant des efforts collectifs répondant aux intérêts de tous les États et de la communauté mondiale dans son ensemble. La Russie appelle de ses vœux un dialogue constructif et se tient prête à travailler conjointement avec ses partenaires. Le moment est venu aujourd'hui, pour la première fois après la fin de la guerre froide, de faire de réels progrès dans la reprise du processus de désarmement mondial selon un ordre du jour élargi. Il ne faut pas manquer cette occasion, a conclu M. Lavrov.

La prochaine réunion publique de la Conférence du désarmement aura lieu jeudi prochain, le 12 mars, à 10 heures.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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