Aller au contenu principal

LE MINISTRE ALGÉRIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES S'ADRESSE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
L'Ukraine et la Pologne appellent à des négociations en vue de l'adoption d'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, M. Mourad Medelci, dont le pays préside à compter de cette semaine les travaux de la Conférence. Les délégations de l'Ukraine et la Pologne ont également fait des déclarations sur des questions de fond, alors que les représentants de la Tunisie, de l'Indonésie, de la Syrie, de l'Égypte et du Brésil sont intervenus pour apporter tout leur soutien au nouveau Président de la Conférence, l'Ambassadeur Idriss Jazaïry de l'Algérie, dans l'exercice de ses fonctions.

Le Ministre algérien des affaires étrangères a rappelé que c’est pour conjurer le danger nucléaire que l’Assemblée générale, le Mouvement des non-alignés ainsi que le Groupe des 21 n'ont cessé d'insister sur la nécessité d'engager des négociations dans le cadre d'un programme échelonné en vue de l'élimination complète des armes nucléaires selon un échéancier explicite, débouchant sur une convention sur les armes nucléaires. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a ajouté M. Medelci, formant le vœu que le processus d'examen du TNP actuellement en cours soit couronné, en 2010, par des résultats tangibles et équilibrés entre les trois piliers de ce Traité que sont le désarmement, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Il a en outre insisté sur l'importance que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires puisse enfin entrer en vigueur. La création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient est de nature à impulser le processus de paix et ne doit donc pas être subordonnée au parachèvement de ce dernier, a-t-il aussi déclaré.

Les perspectives de négociation d'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes ou autres explosifs nucléaires «sont devenues prometteuses avec la volonté politique affichée par certains partenaires-clés d'accepter des mesures de vérification», a par ailleurs déclaré le Ministre algérien des affaires étrangères.

À cet égard, l'Ukraine et la Pologne ont fait part de la priorité qu'elles accordent, au sein de la Conférence, au lancement, sans conditions préalables, des négociations en vue de l'adoption d'un tel traité d'interdiction des matières fissiles. La Pologne pense que le nouveau traité pourrait être assorti d'un mécanisme de vérification effectif une fois que l'expertise technologique le permettrait. Le pays a par ailleurs rendu compte des travaux de la Conférence que le Groupe de réflexion de Varsovie a tenue sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires, les 20 et 21 novembre 2008, dans la capitale polonaise.

En fin de séance, la Conférence a accepté la demande du Tadjikistan de participer à ses travaux en tant qu'observateur.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi 19 mars, à 10 heures.


Déclarations

M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, a exprimé «la foi de l'Algérie en l'action multilatérale entreprise dans cette enceinte pour la consolidation de la paix et la sécurité internationales». L'Algérie est intimement convaincue que la promotion de la coopération internationale en matière de désarmement est une condition essentielle pour l'élargissement des aires de sécurité et la propagation des espaces de prospérité, a-t-il ajouté. «L'engagement pris par mon pays en faveur du désarmement s'est manifesté concrètement par son acceptation de tous les instruments juridiques internationaux qui s'inscrivent dans cette perspective», a-t-il poursuivi, citant en particulier l'adhésion de l'Algérie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ainsi que l'application pleine et entière de l'Accord de garanties généralisées conclu avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les défis posés au régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires dans le contexte international actuel s'ajoutent à d'autres qui obèrent encore plus la sécurité du monde: les changements climatiques, le terrorisme international, la criminalité transnationale organisée, la crise alimentaire mondiale qui subsiste et qui est amplifiée par la crise financière et la récession économique, a fait observer M. Medelci. «Dans un tel contexte, il est plus important que jamais de veiller collectivement à ce que les ressources qui se raréfient soient affectées à la survie des peuples et non à leur destruction», a-t-il souligné.

La réalité internationale contemporaine nous rappelle qu'aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut sanctuariser son territoire ou préserver ses intérêts par la seule force des armes, a poursuivi le Ministre algérien des affaires étrangères. Le multilatéralisme demeure la voie la plus apte à parvenir à une compréhension partagée de la sécurité collective afin d'asseoir un ordre international plus stable et plus prévisible, a-t-il déclaré. Quand bien même le risque d'anéantissement mutuel aurait diminué à la faveur de la disparition de la bipolarité planétaire, la menace nucléaire subsiste, a fait observer M. Medelci. Cette menace se mesure au nombre d'ogives nucléaires qui avoisine le chiffre impressionnant de 27 000 têtes nucléaires; elle revêt une acuité croissante du fait de l'invocation de doctrines nucléaires abaissant le seuil de recours à ces armes, a-t-il précisé. Par ailleurs, la récente collision de satellites militaire et civil vaut rappel symbolique des dangers potentiels de militarisation de l'espace extra-atmosphérique, a-t-il ajouté.

Les États non dotés de l'arme nucléaire, dont l'Algérie, sont en droit de demander aux États nucléaires d'assumer la responsabilité particulière qui leur incombe de prendre des mesures concrètes en vue de progresser vers un réel désarmement nucléaire, a poursuivi le Ministre. C'est pour conjurer le danger nucléaire que l'Assemblée générale, le Mouvement des non-alignés ainsi que le Groupe des 21 ne cessent d'insister sur la nécessité d'engager des négociations dans le cadre d'un programme échelonné en vue de l'élimination complète des armes nucléaires selon un échéancier explicite, débouchant sur une convention sur les armes nucléaires, a rappelé M. Medelci. Le TNP demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a-t-il souligné. Il a formé le vœu que le processus d'examen du TNP actuellement en cours soit couronné, en 2010, par des résultats tangibles et équilibrés entre les trois piliers de ce Traité que sont le désarmement, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Se réjouissant que certaines régions se soient dotées de traités les rendant exemptes d'armes nucléaires, M. Medelci a fait observer que le Moyen-Orient – zone sous haute tension – demeure privé du bénéfice de ce régime. «La création d'une telle zone au Moyen-Orient est de nature à impulser le processus de paix et ne doit donc pas être subordonnée au parachèvement de ce dernier», a-t-il déclaré. L'AIEA demeure le cadre idoine pour s'assurer du caractère pacifique des programmes nucléaires, a-t-il par ailleurs affirmé.

Tout en se félicitant des déclarations des États-Unis et de la Fédération de Russie concernant le remplacement du Traité START de réduction des armes stratégiques qui expirera en décembre 2009 par un nouveau Traité START, M. Medelci a estimé que ces mesures, ainsi que celles prises par les autres puissances nucléaires unilatéralement, pour courageuses et importantes qu'elles soient, auraient plus d'effet si elles étaient accompagnées d'un processus de discussions multilatéral. Les perspectives de négociation d'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes ou autres explosifs nucléaires «sont devenues prometteuses avec la volonté politique affichée par certains partenaires-clés d'accepter des mesures de vérification», a par ailleurs déclaré le Ministre algérien des affaires étrangères. Il a en outre insisté sur l'importance que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires puisse enfin entrer en vigueur. «Nous nous félicitons de l'évolution positive annoncée à ce propos par certains États influents dont la position entraînera une dynamique de ratifications supplémentaires à même d'assurer l'entrée en vigueur de cet instrument important», a-t-il ajouté.

En prenant des mesures déclassant le rôle de l'arme nucléaire dans les politiques de sécurité, les puissances nucléaires donneraient l'indication qu'elles sont déterminées à aller de l'avant vers un désarmement nucléaire progressif en vue de l'élimination ultime de ces armes, a poursuivi le Ministre algérien. Le renoncement par les États non dotés de l'arme nucléaire à l'option militaire de l'atome appelle, à titre de contrepartie, des garanties contre l'emploi ou la menace d'emploi de ces armes contre eux, afin de pallier l'asymétrie sécuritaire induite par le caractère discrimination, normalement temporaire, du TNP, a-t-il souligné.

Le programme de travail qu'il nous revient ensemble d'arrêter n'est pas une fin en soi, a souligné M. Medelci à l'adresse des membres de la Conférence; il s'agit d'un cadre d'action collective et consensuelle constituant un point de départ évolutif avec des termes de référence à convenir ensemble, a-t-il conclu.

M. MYKOLA MAIMESKUL (Ukraine) a relevé que les travaux menés par les six Présidents de la Conférence de cette année prouvent que le mécanisme de coopération mis en place entre les Présidents est toujours viable et contribue à l'instauration d'un esprit de tolérance et de prise en compte des intérêts de chacun des membres de la Conférence. L'Ukraine, qui s'associe pleinement aux déclarations faites par la République tchèque au nom de l'Union européenne, espère fortement que la Conférence sera en mesure de faire face aux défis croissants, de parvenir à un accord sur son programme de travail et de traiter toutes les questions de fond y figurant.

Dans l'environnement sécuritaire mouvant que connaît actuellement le monde, le renforcement des normes et instruments juridiques internationaux et nationaux visant à prévenir la prolifération des armes de destruction massive reste une priorité essentielle, a poursuivi M. Maimeskul. Tout en reconnaissant les difficultés de mise en œuvre des traités internationaux existants, les difficultés d'entrée en vigueur de nouveaux traités ainsi que celles liées à l'impasse dans les négociations de désarmement, l'Ukraine réaffirme son engagement en faveur du maintien et du renforcement de la Conférence en tant que seule instance multilatérale dont dispose la communauté internationale pour les négociations dans le domaine du désarmement. L'Ukraine se réjouit d'un certain nombre d'importantes initiatives avancées récemment dans le domaine du désarmement, telles que la proposition en cinq points du Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, ou encore les propositions de l'Union européenne sur le désarmement nucléaire, sans parler d'un certain nombre de contributions de valeur émanant d'États dotés de l'arme nucléaire et de la société civile.

L'Ukraine considère le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme la pierre angulaire du régime global de non-prolifération nucléaire, a poursuivi M. Maimeskul, plaidant pour une accession universelle à ce Traité et demandant aux États qui n'y sont pas encore parties de s'y joindre. M. Maimeskul a également insisté sur l'importance que revêt une universalisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires dans le contexte du renforcement du régime du TNP. Par ailleurs, l'adoption d'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire permettrait de renforcer de manière significative le régime actuel du TNP, a poursuivi le représentant ukrainien. De l'avis de l'Ukraine, a-t-il précisé, le lancement de négociations sans conditions préalables sur un tel traité devrait être la priorité première de la Conférence. Cet engagement devrait ouvrir la voie à un accord sur un programme de travail pour la Conférence, a-t-il ajouté. Il ne saurait y avoir de progrès dans la lutte contre la prolifération nucléaire sans mesures tangibles dans le domaine du désarmement nucléaire, et vice-versa, a souligné le représentant ukrainien. L'Ukraine estime que des garanties de sécurité juridiquement contraignantes fournies par les États dotés de l'arme nucléaire aux États parties au TNP qui n'en sont pas dotés permettraient de renforcer de manière significative le régime de non-prolifération nucléaire en éliminant les incitations plausibles à la poursuite de capacités nucléaires. M. Maimeskul a enfin exhorté toutes les délégations à faire preuve de souplesse en rejoignant le consensus sur la proposition de programme de travail de la Conférence figurant dans le document CD/1840.

M. ANDRZEJ MISZTAL (Pologne) a assuré l'Ambassadeur de l'Algérie du plein soutien de la délégation polonaise dans les efforts que, conjointement avec les autres Présidents de la Conférence de cette année, il déploiera pour parvenir à un consensus sur un programme de travail et surmonter l'impasse frustrante dans laquelle se trouve cette instance. M. Misztal a rendu compte des travaux de la Conférence que le Groupe de réflexion de Varsovie a tenue sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires, les 20 et 21 novembre 2008, dans la capitale polonaise. Le rapport de cette Conférence de Varsovie est disponible à l'adresse internet ci-après: www.pism.pl/news/id/325

M. Misztal a par ailleurs salué l'annonce faite tout récemment à Genève par la Secrétaire d'État américaine Mme Hilary Clinton et le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, indiquant que la conclusion d'un nouvel accord de réduction des armements stratégiques d'ici la fin de cette année constitue la plus haute priorité dans les relations entre les États-Unis et la Fédération de Russie. Un tel accord aura incontestablement un impact positif sur le cours et les résultats de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010, s'agissant plus particulièrement de l'application de l'article VI du Traité, a souligné M. Misztal.

M. Misztal a rappelé que la Pologne présidera la session de 2009 de la Commission du désarmement des Nations Unies qui va s'ouvrir le 13 avril prochain à New York. L'atmosphère constructive de cette session et les résultats concrets qui en sont attendus devraient également contribuer à un résultat positif de la Conférence d'examen du TNP et aux discussions au sein de la Conférence du désarmement, a-t-il indiqué. Le lancement sans conditions préalables des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire constitue la priorité de la Pologne, a précisé M. Misztal. La Pologne pense que le nouveau traité pourrait être assorti d'un mécanisme de vérification effectif une fois que l'expertise technologique le permettrait.

M. ABDELWAHEB JEMAL (Tunisie) a exprimé tout le plaisir de son pays de voir l'Algérie accéder à la présidence de la Conférence du désarmement, après les présidences méritoires du Viet Nam et du Zimbabwe. Il s'est dit persuadé que la sagesse et le dévouement du Président actuel de la Conférence sont de bonne augure pour les futurs travaux de la Conférence. L'élan que la Conférence enregistre depuis deux ans a été marqué par une évolution de l'atmosphère favorisant les travaux de cette instance, a ajouté le représentant tunisien. Il a appelé de ses vœux la réalisation du consensus au sein de la Conférence.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), qui intervenait pour la première fois devant la Conférence en tant qu'Ambassadeur de son pays, a souhaité plein succès au Président de la Conférence, l'Ambassadeur Jazaïry de l'Algérie, dans l'accomplissement de sa tâche. Il a rappelé que l'Indonésie accorde beaucoup d'importance aux travaux de cette instance. Il faut travailler tous ensemble pour faire en sorte que le principe du multilatéralisme soit défendu au maximum, a-t-il insisté. Il a assuré le Président de la Conférence de tout le soutien de la délégation indonésienne.

M. ABDULMAOLA AL NUQARI (Syrie) s'est dit heureux de voir l'Algérie présider les travaux de la Conférence. Il s'est dit convaincu que la déclaration faite ce matin par le Ministre algérien des affaires étrangères, M. Medelci, témoigne de l'engagement de l'Algérie en faveur du désarmement et du multilatéralisme. Il ne fait aucun doute que cette déclaration sera source d'inspiration pour les travaux de la Conférence, a-t-il estimé. Le représentant de la Syrie a assuré le Président de la Conférence du plein soutien de sa délégation.

M. OBAIDA EL-DANDARAWY (Égypte) a exprimé les remerciements de sa délégation au Président de la Conférence et au Ministre algérien des affaires étrangères qui s'est exprimé ce matin. Il a assuré le Président du soutien de la délégation égyptienne, exprimant par ailleurs l'espoir que la Conférence sortira de l'impasse en parvenant à un consensus sur un programme de travail.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a affirmé que le début du mandat de M. Jazaïry à la présidence de la Conférence inspire toute confiance au Brésil, notamment eu égard à la clarté d'esprit de l'Ambassadeur de l'Algérie. Le Président de la Conférence peut compter sur le plein soutien du Groupe des 21 et du Brésil pour assurer le plein succès de sa présidence, a déclaré le représentant brésilien.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC09017F