Aller au contenu principal

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME OUVRE SA SESSION PRINCIPALE DE 2009 ET ENTAME SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a ouvert ce matin sa principale session annuelle, qui se tient au Palais des Nations à Genève jusqu'au 27 mars. Le Conseil a entendu les déclarations de son Président et de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme avant d'ouvrir son débat de haut niveau, auquel participeront des hauts dignitaires de près de 70 pays.

Dans sa déclaration d'ouverture, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a rappelé que la présente session du Conseil précédait une manifestation majeure, la Conférence d'examen consacrée à la lutte contre le racisme qui se tiendra le mois prochain à Genève pour évaluer la mise en œuvre des engagements pris par les gouvernements il y a huit ans en matière de lutte contre le racisme. Elle a déploré que la prochaine conférence soit d'ores et déjà la cible d'une campagne médiatique et de lobby méprisante de la part de ceux qui craignent une répétition des manifestations antisémites qui ont eu lieu à Durban en 2001, ajoutant que cela était injustifié. Elle a mis en garde contre un échec de la Conférence qui aurait, selon elle, des conséquences pour les droits de l'homme dans leur ensemble.

Le Président du Conseil, M. Martin Ihoeghian Uhomoibhi, a pour sa part fait observer que cette session devrait contribuer à consolider les progrès réalisés au cours de ses deux premières années d'existence. Les défenseurs des droits de l'homme et les victimes de violations des droits de l'homme dans le monde attendent du Conseil qu'il réponde de manière rapide et efficace, a souligné le Président. Les temps ont changé: dans la nouvelle ère qui s'est ouverte, nous devons travailler ensemble et joindre nos forces pour une réalisation effective de tous les droits de l'homme, ce qui fondamentalement suppose coopération et dialogue, a-t-il dit.

Parmi les hauts dignitaires qui se sont exprimés lors de cette séance inaugurale, le Conseil a notamment entendu le Vice-Président de la Colombie, qui a souligné les progrès accomplis par son pays ces dernières années, notamment la forte diminution des enlèvements et des meurtres. À l'instar de plusieurs autres intervenants, il a exprimé sa confiance dans le mécanisme de l'Examen périodique universel, qui permet de suivre les progrès accomplis dans chaque pays dans le domaine des droits de l'homme. Cet examen a démontré, selon lui, que la Colombie ne se contentait pas de combattre l'insécurité, mais aussi la pauvreté et l'exclusion et qu'il luttait activement pour la démocratisation de la société. Le Ministre des affaires étrangères de Bosnie-Herzégovine, a pour sa part affirmé que son pays était décidé à contribuer au développement de l'Examen périodique universel, un mécanisme coopératif permettant aux États de démontrer leur bonne volonté.

Le Vice-Président des Maldives a attiré l'attention sur l'évolution de la situation dans son pays, rappelant la tenue en novembre dernier des premières élections pluralistes du pays qui ont mis un terme à 30 ans de dictature, ajoutant que son gouvernement mettait un point d'honneur à suivre une voie fondée sur les droits dans le renforcement de la démocratie. Le Vice-Président maldivien a aussi attiré l'attention sur les changements climatiques et leurs conséquences sur la réalisation des droits de l'homme. Le Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka a lui aussi évoqué longuement la situation intérieure de son pays, faisant principalement porter le blâme des violations des droits de l'homme sur le mouvement rebelle des Tigres tamouls (LTTE).

Le Ministre de la justice du Maroc a souligné l'engagement concret de son pays en faveur de la promotion des droits de l'homme en général et de ceux des femmes en particulier. Le Ministre des droits de l'homme du Brésil a notamment évoqué la crise économique et financière internationale, soulignant qu'il fallait éviter qu'elle se traduise en crise politique aiguë; avec l'augmentation du chômage apparaissent non seulement des pertes matérielles mais aussi des défis sociaux et le risque de voir se développer l'intolérance et la discrimination.


Le Conseil poursuit cet après-midi son débat de haut niveau. Il doit entendre de hauts dignitaires du Gabon, de l'Iran, de la Slovaquie, du Yémen, de l'Arabie saoudite, de l'Égypte, de la Mauritanie, du Chili, de l'Iraq, de la France et de la Norvège.


Déclarations d'ouverture

M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHI, Président du Conseil des droits de l'homme, a fait observer que cette session du Conseil revêtait une importance toute particulière, puisqu'elle devrait contribuer à consolider les progrès réalisés par le Conseil au cours de ses deux premières années et assurer un débat sans exclusive sur toutes les questions touchant aux droits de l'homme. Il a souligné qu'une des tâches essentielles attendant le Conseil était de garantir que la mise en œuvre des mécanismes prévus par ses statuts se fasse dans une atmosphère de respect et d'ordre, en particulier dans le respect des points de vue de chacun. Le Président a fait remarquer que le Conseil avait fait des progrès considérables en matière d'évaluation, de rationalisation et d'amélioration des mandats, des fonctions et responsabilités héritées de l'ancienne Commission des droits de l'homme. Il a aussi réalisé les travaux préparatoires pour la tenue de la Conférence d'examen du processus de Durban, et poursuit les négociations sur le document final de cette réunion sur la lutte contre le racisme et la discrimination raciale qui se tiendra à Genève en avril prochain.

Le Président a rappelé que, par le biais de l'Examen périodique universel, le Conseil a examiné la situation de 64 pays, soit près d'un tiers des membres des Nations Unies, a précisé M. Uhomoibhi. Le Président a également fait remarquer que plusieurs membres avaient déjà entrepris la mise en œuvre des recommandations formulées lors de l'Examen périodique universel, tandis que d'autres avaient adopté de nouveaux programmes et des politiques destinés à améliorer la situation des droits de l'homme.

Les défenseurs des droits de l'homme et les victimes de violations des droits de l'homme dans le monde attendent du Conseil qu'il réponde de manière rapide et efficace, a poursuivi le Président. Les temps ont changé, a-t-il souligné. Et dans cette nouvelle ère, nous devons travailler ensemble et unir nos forces pour une réalisation effective de tous les droits de l'homme, a-t-il insisté. M. Uhomoibhi a précisé que la coopération et le dialogue demeuraient cruciaux à cet égard. La tolérance et le respect des différents points de vue ne dilueront pas l'intensité de notre engagement en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme, a-t-il souligné, précisant que le dialogue et le respect mutuel contribuaient à la coopération internationale, au progrès et au développement.

MME NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que les nombreux défis touchant aux droits de l'homme recensés dans le rapport qu'elle présentera au cours de cette session constituaient autant de préoccupations pour le Haut-Commissariat. Mme Pillay a rappelé que la pauvreté, l'impunité, les conflits armés et l'autoritarisme ne cessaient de compromettre le bien-être et les droits d'innombrables victimes. Par ailleurs, les impératifs d'une gestion équitable des migrations et de la lutte contre le terrorisme dans le cadre des droits de l'homme et dans le respect de la légalité apparaissent comme des objectifs tout aussi fondamentaux. Ces facteurs constituent un défi pour la communauté internationale quant à sa capacité d'assumer ses responsabilités dans un environnement marqué en outre par l'apparition de nouvelles menaces: changement climatique, crise alimentaire et crise économique – autant de problèmes que le Conseil des droits de l'homme a analysés dans le cadre de séances extraordinaires thématiques. Il importe de reconnaître que les causes des crises actuelles ne pourront être traitées que par l'adoption de politiques et stratégies participatives. Celles-ci doivent tenir compte des inégalités et des discriminations existantes et permettre la mise en place de mécanismes assurant que les responsabilités de chacun soient assumées. Il s'agit là des principes de base de toute approche fondée sur les droits de l'homme.

La vulnérabilité est presque toujours liée à la discrimination et aux inégalités, a encore observé Mme Pillay, ajoutant que la lutte contre ces deux phénomènes restait une priorité pour le Haut-Commissariat. Dans ce contexte, la présente session du Conseil des droits de l'homme précède une manifestation de la plus haute importance, a relevé le Haut-Commissaire, à savoir la Conférence d'examen de Durban consacrée à la lutte contre le racisme qui se tiendra en avril prochain à Genève. La Conférence évaluera la mise en œuvre des engagements pris par les gouvernements il y a huit ans en matière de lutte contre l'intolérance, la haine raciale et la discrimination, des problèmes affectant tous les pays. La Haut-Commissaire a ainsi appelé tous les États à participer activement à ce processus d'examen. Elle s'est déclarée pleinement consciente des dérapages antisémites de la part d'organisations non gouvernementales survenus en marge de la Conférence de Durban en 2001. Elle a toutefois déploré que la prochaine conférence soit d'ores et déjà la cible d'une campagne médiatique et de lobby méprisante de la part de ceux qui craignent une répétition des manifestations antisémites. Cette crainte est infondée, a assuré le Haut-Commissaire. En tant que Secrétaire général de cette conférence, elle a dit n'avoir épargné aucun effort pour attirer l'attention sur le fait que la Déclaration et le Plan d'action de Durban dépassaient les approches intolérantes et conflictuelles.

On ne saurait assez insister sur la responsabilité incombant aux États, indépendamment de leurs systèmes culturel, politique ou social, a souligné la Haut-Commissaire. Cette responsabilité consiste à promouvoir et à protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales, de même qu'à éradiquer les inégalités et la discrimination, a rappelé Mme Pillay. La réussite de la Conférence d'examen dépend de la volonté des États de parvenir à un consensus, les intérêts étroits et les réflexes partisans devant être mis de côté au nom de la recherche du bien commun. Aussi faut-il faut éviter que l'amertume ne fasse obstacle à la lutte contre l'intolérance. Un échec de la Conférence aurait des conséquences pour l'ensemble des droits de l'homme et de leurs mécanismes de protection.

L'histoire nous enseigne que la multiplicité de traditions, des perspectives et des considérations géopolitiques n'ont pas empêché la progression des droits de l'homme. La valeur intrinsèque et l'attrait universel des normes de droits de l'homme leur ont ainsi permis de s'enraciner dans de nombreux pays et leur diffusion se poursuit, en dépit de reculs regrettables, a conclu Mme Pillay. Les progrès doivent être bien gérés afin que les droits de l'homme deviennent, à terme, les droits de tous grâce à la collaboration de toutes les parties concernées.


Débat de haut niveau

M. FRANCISCO SANTOS CALDERÓN, Vice-Président de Colombie, a exprimé sa confiance dans le mécanisme de l'Examen périodique universel, qui permet de suivre les progrès accomplis dans chaque pays dans le domaine des droits de l'homme et permet à chaque État de se comparer aux autres. L'État et la société colombiens nourrissent l'espoir que l'examen de la Colombie a permis de fournir la preuve que le pays est fermement engagé sur la voie d'une politique de sécurité propice au respect des droits de l'homme, en toute transparence. Il démontre que le pays ne se contente pas de combattre l'insécurité, mais aussi la pauvreté et l'exclusion et qu'il lutte activement pour la démocratisation de la société. Des enquêtes sont menées actuellement sur des allégations de violation des droits de l'homme, tels que des écoutes illégales de magistrats et journalistes. Depuis la dernière session du Conseil, 21 personnes séquestrées par les FARC ont été libérées, dont 15 grâce à une brillante opération des forces de l'ordre colombiennes, qui n'a pas fait de victimes. Malheureusement, des centaines d'autres restent prisonnières des FARC.

Au mois de novembre prochain, la deuxième conférence de révision de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel se déroula à Carthagène, ce qui est d'autant plus important pour le pays que de nombreuses personnes perdent la vie ou sont blessées en Colombie à cause des mines antipersonnel; ainsi, en 2008 146 personnes ont perdu la vie tandis que 563 ont été blessées, dont de nombreux enfants. Des actes barbares continuent certes à être perpétués; en février un nombre indéterminé de personnes de la communauté Awa ont été assassinées par les FARC. Or, les communautés autochtones doivent, elles aussi, jouir de la sécurité et de leurs droits tel que l'accès à l'éducation. La visite de Mme Pillay en Colombie au mois de septembre a insufflé un souffle nouveau au combat pour la protection et promotion des droits de l'homme. De grands progrès ont en effet été accomplis en matière de protection et le nombre de séquestrés et de meurtres, notamment de syndicalistes ou défenseurs des droits de l'homme, a fortement diminué au cours des six dernières années. Il n'y ainsi a pas eu un seul cas d'assassinat de journaliste en 2008. La Colombie fournit ainsi la preuve qu'il est possible de faire des progrès considérables, au milieu d'une situation de violence généralisée amenée par les groupes de narcotrafiquants et des groupes armés illégaux.

M. MOHAMED WAHEED, Vice-Président des Maldives, a rappelé que son pays avait tenu ses premières élections pluralistes en novembre 2008, qui ont mis un terme à 30 ans de dictature. Il a tenu à remercier la communauté internationale d'avoir, ces trois dernières années, poussé la dictature à autoriser la formation de partis politiques, à accepter la légitimité de la Charte internationale des droits de l'homme, à ratifier une Constitution progressiste et à permettre la première élection présidentielle multipartite dans l'archipel. Ce qui nous a soutenu face à l'adversité et motivés dans cette longue lutte pour la démocratie, a poursuivi M. Waheed, c'est la conviction que les droits de l'homme appartenaient à tous et constituaient un poison fatal pour tout système dictatorial. Le Vice-Président des Maldives a assuré que son gouvernement mettait un point d'honneur à suivre une voie fondée sur les droits dans le renforcement de la démocratie. Il a dit que le défi majeur attendant son gouvernement était de faire en sorte que les fruits de la démocratie profitent aux générations à venir. Il a souhaité que la communauté internationale soutienne son pays dans cette tâche ardue. Parmi les autres défis attendant son gouvernement, le Vice-Président a notamment souligné qu'il importait aujourd'hui de mettre l'accent sur les droits de l'homme au sein du système de gouvernance, de renforcer les compétences judiciaires après des décennies d'absence de justice, d'assurer que le système de sécurité veille à protéger plutôt qu'à contrôler et que la police renonce aux méthodes d'intimidation visant à faire régner la peur.

M. Waheed a indiqué que le nouveau gouvernement avait récemment publié les recommandations adressées au pays par le Sous-Comité pour la prévention de la torture, afin qu'elles servent de document de base pour les réformes urgentes à venir. Il a précisé que le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression se trouvait actuellement aux Maldives, que la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable venait d'y conclure une visite le mois dernier et que le Gouvernement se réjouissait d'accueillir en fin d'année la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes. Il a en outre souligné que le nouveau gouvernement entendait soutenir le rôle du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et qu'il souhaiterait accueillir un atelier sur les droits de l'homme. Avant de conclure, le Vice-Président a attiré l'attention sur les changements climatiques qui constituent une menace grandissante pour les archipels. Il a rappelé qu'un récent rapport de la Haut-Commissaire reconnaissait que les changements climatiques avaient des incidences négatives sur la réalisation des droits de l'homme aux Maldives comme dans les autres petits États insulaires.

PAULO DE TARSO VANNUCHI, Secrétaire spécial aux droits de l'homme de la présidence de la République du Brésil, s'est dit conscient des défis colossaux devant encore être relevés pour appliquer les trente articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme au niveau mondial. Il a évoqué un contexte international marqué d'une part par les élections présidentielles aux États-Unis qui sont porteuses d'espoir et, d'autre part, par l'indignation devant l'explosion de violence à Gaza. Les crises ne sauraient cependant briser l'élan actuel pour l'instauration d'un monde plus juste, a estimé M. Vannuchi. Concernant le Conseil des droits de l'homme, on peut ainsi se féliciter en particulier du fonctionnement du mécanisme d'examen périodique universel, qui permet une évaluation équilibrée et non sélective, en partenariat avec les organisations de la société civile. Cette évaluation est source de progrès en matière de protection et de respect des droits de l'homme, s'est félicité M. Vannuchi.

Le Brésil considère que la communauté internationale doit focaliser son énergie sur l'application des droits de l'homme garantis par les nombreux traités et instruments internationaux, leurs lacunes devant être comblées. C'est ainsi que le Brésil a participé à un vaste débat sur l'utilité de mettre au point une nouvelle convention internationale sur la protection des droits des personnes âgées, sur le modèle de l'instrument consacré aux personnes handicapées. La Convention des droits de l'enfant aura 20 ans en 2009, a rappelé M. Vannuchi, indiquant que son pays venait d'accueillir une conférence internationale sur la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants et des adolescents qui a réuni plus de 3500 personnes. D'autre part, le Brésil est favorable à la reconduction du mandat du Rapporteur spécial sur le droit à la santé, considérant prioritaire la promotion de la santé pour tous en tant que droit fondamental. Il faut éviter que la crise économique et financière se traduise en crise politique aiguë; avec l'augmentation du chômage apparaissent non seulement des pertes matérielles mais aussi des défis sociaux liés au respect des droits civils et politiques. Dans les contextes de crise, on constate historiquement la croissance de l'intolérance et de la discrimination. En matière de droit au travail, le Brésil, qui est concerné par le phénomène de la migration, est très préoccupé par la situation des travailleurs migrants dans le contexte actuel de crise économique et financière. Pour les pays en voie de développement, et notamment les pays les moins avancés, l'interruption des flux de financement aurait des conséquences catastrophiques. Les impacts de la crise doivent être gérés par une action coordonnée de la communauté internationale permettant de garantir la protection de tous les droits de l'homme. Enfin, le Brésil estime que la démocratie est incompatible avec le racisme, de même que les droits de l'homme sont incompatibles avec la xénophobie. Dans ce contexte, le nécessaire succès de la Conférence d'examen de Durban passe par une participation de tous les États à la lutte contre la haine et la discrimination.

M. ABDELWAHAD RADI, Ministre de la justice du Maroc, a déclaré que le Maroc est engagé en faveur du renforcement des instruments internationaux et pour l'harmonisation de sa législation nationale avec ces normes. Le pays a ainsi levé ses réserves sur la Convention de l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et ratifié la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées à l'occasion de la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le Maroc poursuit sa coopération et le dialogue constructif avec les instances internationales, telle que le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, et le pays s'acquitte de ses obligations, notamment s'agissant des recommandations émises lors de l'Examen périodique universel. Le royaume, qui accorde une attention particulière à la situation de l'enfant, a entrepris une multitude de mesures pour assurer sa protection. Ainsi, l'âge de la majorité pénale et celui de l'accès au monde du travail ont été relevés. Dans le même esprit, des politiques et programmes du Gouvernement concrétisent la volonté de garantir au mieux à la femme la pleine jouissance de ses droits et sa pleine participation à la société.

Conscient du fait que l'édiction de lois et la création d'institutions ne constitue pas un gage suffisant pour l'enracinement et l'appropriation de la culture de droits de l'homme, le Maroc a mis en place des plans stratégiques pour l'éducation et de sensibilisation en la matière, soit un Plan d'action national pour la démocratie et les droits de l'homme, auquel différentes ONG nationales participent activement. Le Ministre marocain de la justice a souligné que l'annonce par le roi Mohammed VI, le 6 novembre 2008, d'un projet de réforme pour la régionalisation, englobant toutes les régions du Maroc avec à leur tête le Sahara marocain, s'inscrit dans le cadre d'une approche démocratique et participative, basée sur le principe de la bonne gouvernance. Il conforte l'engagement du pays dans un projet d'initiative pour la négociation d'un statut d'autonomie de la région du Sahara. Ce projet se présente comme une solution réaliste et définitive, bénéficiant d'un large soutien de la communauté internationale. Il consacre la volonté ferme de clore définitivement ce dossier, ce qui favorisera le développement du Maghreb, facteur indispensable à l'épanouissement de la culture des droits de l'homme dans la région. Le Ministre a conclu en rappelant les évènements tragiques qu'a connu récemment la bande de Gaza et en se félicitant que le Conseil des droits de l'homme y ait consacré une session extraordinaire.

M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de Bosnie-Herzégovine, a fait remarquer que le travail du Conseil était de garantir au sein des Nations Unies un système des droits de l'homme crédible et efficace. Il s'est dit préoccupé par les divergences d'opinion qui entraînent des décisions par mise aux voix. Il faut déployer les efforts nécessaires pour parvenir à des solutions satisfaisantes pour tous, grâce au débat interactif, a-t-il souligné. Le Ministre a ensuite attiré l'attention sur l'importance que revêt l'Examen périodique universel. Il a précisé que son pays était décidé à contribuer au développement de ce mécanisme coopératif qui permet aux États de démontrer leur bonne volonté. M. Alkalaj a indiqué que son pays s'était engagé à réaliser les droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques de sa population. Le principe du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, le dialogue multiculturel, le respect des diversités, ainsi que la suppression de toutes les formes de discrimination figurent parmi les priorités majeures de la Bosnie-Herzégovine, a-t-il assuré. Il a précisé que son pays entendait mettre en place un système durable de promotion et de protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales. M. Alkalaj a également rappelé que son pays coopérait pleinement avec les procédures spéciales du système des Nations Unies. Cette année, la Bosnie-Herzégovine a invité le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a-t-il fait valoir.

Le Ministre bosniaque des affaires étrangères a mentionné d'autres mesures mises en œuvre par son gouvernement pour assurer la mise en œuvre pleine et effective des droits de l'homme. Il a notamment fait part de la ratification du Protocole facultatif de la Convention contre la torture en octobre 2008. La Bosnie-Herzégovine prépare par ailleurs la présentation de son rapport initial relatif à la mise en œuvre de la Convention sur les travailleurs migrants, prévue pour avril 2009. Les autorités compétentes du pays veillent au respect de la liberté de religion et à la protection des autres droits de l'homme, qu'ils soient individuels ou collectifs. Des actions sont prises pour assurer qu'aucune discrimination ou incitation à la haine et à la violence ne soit véhiculée par les médias. La liberté d'expression et d'information a été considérablement renforcée, notamment par l'adoption d'une loi sur la liberté de l'accès à l'information. Par ailleurs, la Bosnie-Herzégovine lutte avec volontarisme contre la traite des êtres humains. Un Bureau du coordonnateur d'État a ainsi été créé pour prévenir la traite des êtres humains, a encore souligné le Ministre. Pour conclure, il s'est félicité que le Conseil des droits de l'homme ait considérablement progressé dans la mise en œuvre d'un système de droits de l'homme efficace.

M. MAHINDA SAMARASINGHE, Ministre des droits de l'homme et de la gestion des catastrophes de Sri Lanka, a déclaré que le terrorisme est le problème le plus grave auquel Sri Lanka ait été confronté. Le Ministre est convenu qu'il aurait fallu agir plus tôt pour résoudre, par des moyens politiques, un problème de nature politique. Mais malgré les efforts engagés dans ce sens en 1987, la radicalisation de l'un des groupes dissidents a entraîné la crise actuelle et empêché toute résolution pacifique. Ce n'est ainsi qu'aujourd'hui que le Gouvernement est en mesure d'éradiquer le fléau terroriste de son territoire. Les progrès des forces armées sont lents, compte tenu de la nécessité de protéger les populations civiles, otages des terroristes jusque dans les zones de sécurité décrétées par le Gouvernement. La prise d'otages lors de conflit est une violation du droit international humanitaire, a observé le Ministre, appelant la communauté internationale à faire pression sur les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) afin qu'ils libèrent les civils qu'ils retiennent encore par l'intimidation et la violence. Grâce à la présence du CICR et de l'ONU, le Gouvernement n'a cessé de prodiguer des soins et des aliments à la population prise dans le conflit: plus de 55 000 tonnes de fournitures ont ainsi été livrées en treize mois.

Cependant, malgré ces efforts, la propagande des LTTE ne cesse de livrer à l'opinion et aux médias internationaux des mensonges qui sont repris tels quels dans les médias sans faire référence aux mesures humanitaires mise en œuvre par le Gouvernement. Par ailleurs, plus de 36 000 Sri-lankais pris au piège des LTTE ont réussi à échapper à leur surveillance. Ces personnes déplacées doivent maintenant bénéficier des services publics, en particulier dans le domaine médical et en matière de réinsertion. Le Gouvernement travaille avec les organisations spécialisées des Nations Unies et ses partenaires internationaux pour garantir la sécurité des personnes déplacées installées dans des villages, l'objectif étant leur retour au foyer dans des conditions de paix, une fois la menace terroriste éradiquée. Le Gouvernement de Sri Lanka s'efforce dans ce contexte de trouver une solution politique à long terme, visant en particulier à faire participer les citoyens aux prises de décisions politiques. Les autorités bénéficient pour ce faire de l'aide technique des mécanismes des Nations Unies, sur la base des engagements pris par le pays lors de son passage devant la procédure d'examen périodique universel. La lutte contre l'engagement d'enfants soldats est une priorité pour les autorités, compte tenu de la prédilection des terroristes pour cette forme criminelle de recrutement. Sri Lanka profitera de la présente session du Conseil des droits de l'homme pour prendre contact avec ses partenaires multilatéraux et bilatéraux et pour réitérer son engagement en manière de promotion et de protection des droits de l'homme.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC09013F