Aller au contenu principal

CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: LES DIGNITAIRES DE DOUZE GOUVERNEMENTS ÉVOQUENT LEURS PRIORITÉS NATIONALES EN MATIÈRE DE DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau en entendant douze personnalités : le Ministre de la coopération et du développement international de l'Australie; les Ministres des affaires étrangères de Bahreïn et de la Hongrie; le Ministre de la justice de la Tunisie; le Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo; le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Roumanie; les Vice-Ministres des affaires étrangères de la Palestine, de la République de Corée, de Chypre, du Monténégro et du Mozambique; et le Vice-Ministre de la justice de la Zambie.

Les intervenants ont notamment tenu le Conseil informé des progrès réalisés dans leurs pays respectifs, ainsi que des grandes orientations que leurs gouvernements entendent donner à leurs politiques en matière de droits de l'homme. Ils ont aussi attiré l'attention du Conseil sur les défis qui entravent, au sein de leurs pays comme ailleurs, la pleine réalisation des droits de l'homme.

Plusieurs dignitaires ont assuré que leur gouvernement œuvrait à la mise en œuvre des recommandations issues de l'Examen périodique universel, nouveau mécanisme du Conseil qui a été maintes fois salué. La plupart des intervenants a en outre réaffirmé l'importance d'assurer un suivi de cet examen, faute de quoi il ne saurait être pleinement efficace. Pour certains, le Conseil devrait en effet envisager la possibilité de compléter et renforcer le processus en mettant en place, par exemple, des mécanismes de suivi ou en veillant à inclure une participation constructive de la société civile.

D'une manière générale, les délégations se sont réjouies de la forte participation à ce débat de haut niveau, arguant qu'elle témoigne de l'importance que tous accordent aux travaux du Conseil, en particulier, et aux questions de droits de l'homme, en général. Certains orateurs ont plaidé pour un renouvellement de l'engagement de tous en faveur de l'universalité des droits de l'homme et pour demander que les considérations politiques ne viennent pas nuire aux travaux du Conseil.

En fin de séance, la République populaire démocratique de Corée a exercé son droit de réponse.


Le Conseil doit terminer demain son débat de haut niveau. Il devrait ensuite, dans l'après-midi, tenir son débat général.


Suite du débat de haut niveau

M. BOB McMULLAN, Ministre de la coopération et du développement international de l'Australie, a déclaré que la protection des droits de l'homme est au cœur de l'action de la démocratie australienne. Les Australiens souhaitent promouvoir et protéger les droits de l'homme chez eux et à l'étranger, a-t-il affirmé. Au niveau national, a-t-il indiqué, le Gouvernement a lancé une consultation générale autour de la meilleure manière de défendre des droits de l'homme. Le Gouvernement australien prend très au sérieux ses responsabilités dans ce domaine, en particulier pour ce qui est du sort réservé aux Australiens autochtones. Le Premier Ministre a ainsi présenté des excuses nationales pour les errements antérieurs ayant entraîné douleur, souffrances et dépossession chez les Australiens autochtones, a rappelé M. McMullan. Au cœur de la stratégie nationale en faveur de ces citoyens résident six objectifs ambitieux visant notamment la réduction des écarts en matière d'espérance de vie et la diminution de moitié du taux de mortalité des enfants autochtones âgés de moins de cinq ans. D'autres cibles concernent l'accès des très jeunes enfants autochtones aux services parascolaires, ainsi que la réduction de moitié des écarts en matière d'éducation et d'emploi. Atteindre ces objectifs ne sera pas facile, a admis le Ministre; aussi, le Gouvernement australien a-t-il dégagé un budget de 4,6 milliards de dollars pour y parvenir. Par ailleurs, le Gouvernement australien, fermement décidé à reconnaître les droits des personnes handicapées, a lancé une stratégie explicite dans ce domaine, qui jouera un rôle important pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement liés à l'éradication de la pauvreté.

L'Australie a adopté d'autres mesures en faveur de la promotion des mécanismes de droits de l'homme et du respect des droits de l'homme, a poursuivi M. Mc Mullan. Elle a notamment lancé des invitations ouvertes à toutes les procédures spéciales des Nations Unies et accédé au Protocole facultatif relatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Le Gouvernement s'est aussi engagé à accéder aux Protocoles facultatifs se rapportant à la Convention contre la torture et à la Convention internationale sur les droits des personnes handicapées. Enfin, l'Australie soutient l'action du Haut Commissariat aux droits de l'homme, notamment dans la région Asie-Pacifique, en augmentant sa contribution de près de 60%. Une part importante de ces fonds est d'affectation libre, pour permettre au Haut Commissariat de réagir à temps aux défis à mesure qu'ils se présentent.

M. NEZAR SADEQ AL BAHARNA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a souligné que le Conseil des droits de l'homme est la pierre angulaire de la protection internationale des droits de l'homme. L'Examen périodique universel associé au Conseil vise l'évaluation de la situation qui règne dans tous les pays. En un an, 64 pays ont été examinés en vertu de ce mécanisme qui s'avère être un exercice très riche en enseignements.

Suite à son examen au titre de ce mécanisme, Bahreïn a pris des engagements volontaires, a rappelé le Ministre bahreïnien des affaires étrangères . La réforme lancée par le chef de l'État, le Roi de Bahreïn, couvre plusieurs domaines économiques et sociaux, qui sont tous considérés comme importants et doivent se développer en parallèle. Les femmes se voient accorder toute l'attention voulue et sont en voie d'acquérir leur autonomie, a notamment indiqué M. Al Baharna. Il a par ailleurs indiqué que Bahreïn se félicite de la tenue à Genève, le mois prochain, de la Conférence d'examen de Durban et espère que la participation à cette Conférence sera à la hauteur des espérances et attentes qu'elle nourrit. À ce propos, il a rappelé la nécessité de faire respecter les signes, symboles et croyances religieux, comme le prophète Mohammed. Les droits de l'homme sont un pilier pour tous les hommes et doivent être respectés, a-t-il poursuivi. Il faut aider les peuples qui n'en ont pas encore bénéficié, comme le peuple palestinien, à obtenir leur autodétermination, a conclu le Ministre.

M. UPIO KAKURA WAPO, Ministre des droits de l'homme de la République démocratique du Congo, a présenté ses remerciements pour l'intérêt et l'attention que la communauté internationale accorde à son pays afin que les droits de l'homme y soient de mieux en mieux garantis et protégés. Il a estimé que l'évolution récente de la situation augure des lendemains meilleurs, alors que l'action politique, diplomatique et militaire initiée par le Président de la République démocratique du Congo vient de jeter les bases d'une paix durable à l'Est du pays et, partant, d'offrir d'heureuses perspectives pour la protection des droits de l'homme. Le Ministre a souligné que son gouvernement a incorporé dans son programme d'action la recherche de voies et moyens pour sauvegarder les droits de l'homme. Le Gouvernement est engagé dans la lutte contre l'impunité et la corruption, a-t-il ajouté; le Ministère de la justice est chargé d'appliquer une politique pénale assurant que les personnes reconnues coupables de graves violations des droits de l'homme répondent effectivement de leurs actes devant les juridictions compétentes. C'est dans ce contexte que s'inscrivent la collaboration de la République démocratique du Congo avec la Cour pénale internationale et l'adoption imminente de la loi de mise en œuvre du Statut de Rome de ladite Cour, a précisé M. Wapo. Le Ministre a assuré que son gouvernement ne ménage aucun effort pour s'acquitter de ses obligations en matière de défense des droits des enfants, des femmes et des personnes vivant avec un handicap. À cet égard, a été adoptée le 10 janvier dernier une loi portant protection de l'enfant et venant renforcer les dispositions constitutionnelles qui interdisent l'enrôlement et l'utilisation d'enfants dans les groupes armés. Le Gouvernement a également décidé de la création d'une agence de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en tant que mécanisme supplémentaire de mise en œuvre des lois réprimant les violences sexuelles.

Afin d'assurer la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, a poursuivi le Ministre, le Gouvernement s'attelle à l'exécution des «cinq chantiers de la République» - un programme basé sur l'amélioration de l'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau, à l'électricité et à l'alimentation. En outre, le Parlement congolais entend bientôt autoriser la ratification de la Convention sur les droits des personnes handicapées et voter la loi portant organisation et fonctionnement de la Commission nationale des droits de l'homme. M. Wapo a toutefois reconnu que des défis majeurs doivent encore être relevés; dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à aider son gouvernement à réaliser son vaste programme de promotion et de protection des droits de l'homme. Aussi, a-t-il rappelé l'impérieuse nécessité que l'assistance technique et financière énoncée par le Conseil des droits de l'homme, dans le cadre de sa résolution adoptée en mars 2008, soit effectivement assurée et suffisamment accrue. Le Ministre a conclu son intervention en indiquant que son pays continuerait sa collaboration avec la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo, ainsi qu'avec les procédures spéciales.

MME KINGA GÖNCZ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a déclaré qu'en ces temps marqués, entre autres, par les maladies, le changement climatique et le terrorisme, il importe plus que jamais de ne pas renoncer à l'engagement en faveur de l'universalité des droits de l'homme, dans la mesure où un tel engagement peut orienter le chemin à suivre vers la convalescence. La communauté internationale doit faire preuve d'empathie envers les pays qui seront les plus durement touchés par les difficultés sociales et économiques, a-t-elle ajouté. Ce n'est pas en les ignorant que l'on remédiera aux violations des droits de l'homme, a souligné Mme Göncz, ajoutant que la critique doit toujours être basée sur des faits bien établis et s'accompagner de la volonté de venir en aide. Les manquements (au respect des droits de l'homme) doivent être prétexte à coopération et assistance et non au conflit politique, a-t-elle insisté. Dans ce contexte, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est plus importante que jamais, a-t-elle indiqué. Tout au long de son histoire, la Hongrie s'est battue pour la liberté, a rappelé la Ministre. La Hongrie joue un rôle actif au sein des Nations Unies en tant qu'État membre et titulaire de mandats dans de nombreux organes de l'Organisation. Aussi, la Hongrie considèrerait-elle comme un privilège d'être admise, pour la période 2009-2012, au nombre des membres du prestigieux Conseil des droits de l'homme, a fait savoir Mme Göncz.

Ces vingt dernières années, la Hongrie a consenti d'importants efforts aux fins de la restauration de la liberté et de l'égalité des chances pour tous ses citoyens, réalisant ainsi de significatifs progrès en matière d'application des droits de l'homme. Le Ministère des affaires étrangères a récemment adopté un concept de droits de l'homme en phase avec la nouvelle stratégie de politique étrangère hongroise, a par ailleurs indiqué Mme Göncz. La visibilité de cette initiative a été renforcée par la désignation d'un Ambassadeur aux droits de l'homme et par l'organisation à Budapest d'une série de conférences sur ce thème (notamment le Forum de Budapest sur les droits de l'homme, en 2008). D'autre part, la Hongrie a lancé une étude de faisabilité concernant l'ouverture d'un centre international de prévention des génocides qui se situerait à Budapest. Ce centre aurait des relations étroites avec d'autres organisations régionales et internationales, des organisations non gouvernementales et des acteurs non étatiques actifs dans ce domaine. Il aurait notamment pour fonction d'alerter la communauté internationale de l'imminence d'une situation de génocide. La Hongrie se félicite du lancement, en décembre dernier, des travaux du Forum sur les questions relatives aux minorités, estimant très important que les organisations non gouvernementales soient, elles aussi, autorisées à y participer, a ajouté la Ministre des affaires étrangères. La Hongrie est convaincue que l'action de ce Forum complètera utilement le mandat de l'expert indépendant sur les questions relatives aux minorités, a conclu Mme Göncz.

M. BÉCHIR TEKARI , Ministre de la justice et des droits de l'homme de la Tunisie, a affirmé que la forte participation au Conseil reflète parfaitement l'intérêt que suscitent les droits de l'homme. La Tunisie salue les efforts et les progrès réalisés ces dernières années pour renforcer les mécanismes de droits de l'homme dans le monde, a-t-il poursuivi. La Tunisie s'est engagée fermement sur cette voie, sans discriminer entre les différents droits, a-t-il ajouté. Les individus, les groupes et les peuples ont tous des droits, a-t-il rappelé. Évoquant l'agression récente dans les Territoires arabes occupés, il a salué l'initiative du Conseil des droits de l'homme d'envoyer une mission sur le terrain et de tenir une session extraordinaire consacrée aux violations de droits de l'homme qui se sont produits lors de cette agression.

La Tunisie figure parmi les premiers pays à s'être soumis à l'Examen périodique universel, a par ailleurs rappelé le Ministre. Cet exercice incite à faire davantage pour les droits de l'homme, a-t-il commenté. Après cet exercice, il importe de s'engager dans la mise en œuvre des recommandations qui en découlent, a-t-il souligné. Dans le cas de la Tunisie, cela signifie signature de conventions, comme la Convention sur les droits des personnes handicapées, et modifications apportées à la législation et à l'appareil judiciaire. En outre, l'extension de la garde à vue a été réduite et des lieux de détention réservés aux femmes enceintes ou allaitant ont été construits. Des représentants des droits de l'homme africains ont été reçus et un accord de principe a été donné pour recevoir le Rapporteur spécial des Nations unies sur la protection et la promotion des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme. Des discussions sont également en cours avec l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch afin de lui permettre de visiter les lieux de détention. Bien des défis se posent à notre monde, depuis la lutte contre la pauvreté jusqu'à la montée de l'intolérance, a poursuivi le Ministre. Il a rappelé qu'un Fonds de lutte contre la pauvreté a été créé, mesure qui était d'autant plus urgente que la crise économique et financière fait sentir ses effets. Il est par ailleurs nécessaire de renforcer le dialogue entre les différentes cultures et religions afin d'éviter la montée de l'intolérance, a ajouté M. Tekari; c'est dans cet esprit que la Tunisie salue la tenue, le mois prochain à Genève, de la Conférence d'examen de Durban.

M. AHMAD SOBOH, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Palestine, a souligné que grâce au travail inlassable de ses membres, le Conseil a pu faire des progrès remarquables dans le renforcement de ses structures et institutions; il a également su renforcer son prestige parmi les institutions du système des Nations Unies.

Le Vice-Ministre palestinien a ensuite attiré l'attention sur l'importance de garantir les droits légitimes et inaliénables du peuple palestinien, de mettre fin à l'occupation, de créer un État palestinien et d'assurer le retour des réfugiés. Il a rappelé que le blocus imposé au peuple palestinien est inacceptable. Il a dénoncé la récente agression contre la bande de Gaza, l'entrave à l'acheminement de l'assistance humanitaire, l'expansion coloniale, la construction du mur de séparation, la «judéisation de la ville de Jérusalem», les arrestations, les barrages militaires et les entraves à la liberté de circulation. Tout en reconnaissant les efforts déployés par la communauté internationale pour promouvoir la paix, le Vice-Ministre a regretté que ces efforts continuent de se heurter à la politique de force appliquée par la puissance occupante. Il a demandé à la communauté internationale d'intervenir pour mettre fin à ces pratiques, afin que l'Autorité palestinienne puisse répondre aux besoins du peuple palestinien et lui insuffler de l'espoir. M. Soboh a par ailleurs déploré le refus de la puissance occupante de coopérer avec les procédures spéciales. Il a dit apprécier la réponse du Conseil, notamment à travers la tenue d'une session extraordinaire consacrée aux violations des droits de l'homme causées par la dernière agression contre la bande de Gaza. Il a invité la communauté internationale à faire pression sur la puissance occupante pour qu'elle respecte les résolutions adoptées par le Conseil. Avant de conclure, le Vice-Ministre a rappelé l'importance de parvenir à une solution politique juste et durable, qui vise la création de deux États, basés sur les frontières de 1967 et avec Jérusalem pour capitale, précisant qu'il s'agit de la seule voie qui puisse rendre ses droits au peuple palestinien.

M. SHIN KAK-SOO, Vice-ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a relevé qu'à ce stade, l'Examen périodique universel a fourni l'occasion d'évaluer la situation au regard des droits de l'homme dans soixante-quatre États, y compris son propre pays. Pour ce qui est de la République de Corée, a-t-il indiqué, le dialogue interactif engagé à cette occasion s'est révélé fructueux et important, reflétant les hautes attentes de la communauté internationale vis-à-vis du respect des droits de l'homme par le pays. La République de Corée se joint aux efforts de la communauté internationale visant à renforcer le mécanisme d'Examen périodique universel aux fins d'une meilleure promotion et d'une meilleure protection des droits de l'homme. Il importe que le Conseil envisage la possibilité de compléter le processus en s'appuyant sur certains éléments tels des délibérations efficaces, des mécanismes de suivi, la participation constructive de la société civile et d'autres parties concernées. La République de Corée est convaincue qu'aux côtés de l'Examen périodique universel, les procédures spéciales par pays devraient rester l'un des principaux moyens d'action du Conseil. Ces deux mécanismes se complètent et se renforcent mutuellement, a déclaré le Vice-ministre: compte tenu de leurs états de services très favorables, les titulaires de mandats par pays devraient pouvoir continuer à jouer leur rôle, qui est d'être «les yeux et les oreilles» du Conseil des droits de l'homme. D'autre part, la République de Corée est d'avis que des invitations ouvertes permanentes devraient être adressées à tous les titulaires de mandats thématiques, en tant que baromètre de la volonté des États de collaborer avec le système des procédures spéciales des Nations Unies.

D'autre part, la République de Corée se déclare encouragée par l'amélioration générale de la situation des droits de l'homme perceptible depuis plusieurs décennies, a poursuivi le Vice-Ministre. Cependant, a-t-il ajouté, les violations flagrantes des droits de l'homme perpétrées dans le contexte de conflits ou dues à la discrimination, à la répression politique et à la pauvreté indiquent la longueur du chemin qui reste à parcourir avant que l'on puisse parler d'universalité des droits de l'homme. À cet égard, la République de Corée est particulièrement inquiète de la persistance de violations graves et systématiques des droits de l'homme dans certaines régions du monde, estimant que le Conseil et la communauté internationale doivent intervenir pour y mettre un terme. Enfin, la crise économique qui secoue la planète met en relief l'importance des États en tant que responsables de la protection des parties les plus vulnérables de la société. Elle montre aussi, parallèlement, le rôle que la communauté internationale ne doit pas hésiter à assumer pour soutenir les sociétés victimes de la crise.

M. BOGDAN AURESCU, Secrétaire d'état du Ministère des affaires étrangères de la Roumanie, a rappelé que si aucun État ne peut prétendre être irréprochable en termes de droits de l'homme, l'engagement véritable dans ce domaine se mesure à l'aune de la volonté dont chacun fait preuve pour protéger et promouvoir les droits de l'homme et les libertés fondamentales. En ce moment même, des violations graves ont lieu dans le monde entier; il est d'autant plus important que les États respectent leurs engagements. En ces temps de mondialisation et de dépendance mutuelle qui en découle, il est évident que les droits de l'homme sont aussi universels, a poursuivi M. Aurescu. En tant que forum de réflexion et de dialogue constructif, le Conseil se doit de refléter la diversité culturelle, religieuse et culturelle du monde, a-t-il ajouté. La Roumanie reste pleinement engagée pour renforcer les mécanismes des droits de l'homme ainsi que la fonction d'alerte rapide du Conseil en cas de violations graves. Le Conseil demeure l'institution adéquate pour donner une réponse prompte et collective de rétablissement les droits, a insisté le Secrétaire d'État. Pour rester crédible, il doit faire preuve de rapidité et d'engagement véritable. Dans ce sens, il convient pour lui d'adopter davantage de résolutions orientées vers l'action.

L'existence du mécanisme d'Examen périodique universel ne doit pas empêcher le Conseil de se pencher sur des cas de violations qui sont particulièrement urgents ou graves, a par ailleurs affirmé M. Aurescu. Il a rappelé que son pays, la Roumanie, a déjà fait l'expérience de cet exercice. La préparation du rapport en vue de cet Examen a amené la Roumanie à organiser, avec différentes institutions et avec la société civile, une série de consultations qui, en elles-mêmes, se sont avérées riches d'enseignements et ont amené toute les parties prenantes à réfléchir sur les points forts et les points faibles: il s'agit là d'un bon point de départ pour trouver ensuite des solutions. Après que le pays eut été soumis à l'Examen périodique universel, un séminaire a été organisé par le Ministère des affaires étrangères pour permettre à ces parties prenantes de débattre de la mise en œuvre des recommandations issues de ce processus. L'exercice prend en effet tout son sens lorsqu'il devient le point de départ d'un travail à long terme et en toute bonne foi, basé sur les recommandations présentées. M. Aurescu a par ailleurs rappelé que la lutte contre le racisme et la discrimination constitue une des questions de droits de l'homme les plus brûlantes, insistant dans ce contexte sur l'importance que revêt la Conférence d'examen de Durban qui se tiendra le mois prochain à Genève. Il en a appelé à tous les pays membres afin qu'ils contribuent aux travaux de cette Conférence d'examen dans un esprit de coopération, dans le but d'atteindre un résultat consensuel et positif.

M. NICHOLAS EMILIOU, Vice-Ministre des affaires étrangères de Chypre, a fait remarquer qu'un travail collectif est essentiel pour que le Conseil devienne un organe de droits de l'homme crédible. Maintenir les droits de l'homme hors du domaine politique sera déterminant pour l'efficacité de l'institution, a-t-il déclaré. Le Vice-Ministre a affirmé que l'Examen périodique universel est une réussite majeure et constitue un outil innovant pour la promotion et la protection des droits de l'homme. Il a préconisé la vigilance face aux difficultés qui pourraient survenir à ce stade initial du processus. La réussite de ce processus d'Examen périodique universel passe par une adhésion universelle à ce nouveau mécanisme et par l'application de normes et procédures qui soient les mêmes pour tous. M. Emiliou a assuré que son pays accorde une grande importance à l'Examen périodique universel - exercice auquel il doit se soumettre à la fin de l'année. Il a ajouté que son gouvernement s'engage à œuvrer à une pleine mise en œuvre de ses obligations et responsabilités internationales. Il a toutefois regretté que son gouvernement ne soit toutefois pas en mesure d'assurer la pleine réalisation de toutes ses obligations; en effet, a-t-il fait remarquer, depuis l'invasion de 1974, le Gouvernement n'a pas été en mesure d'exercer un contrôle effectif sur la partie de son territoire qui demeure sous occupation étrangère.

M. Emiliou a par ailleurs indiqué que Chypre, en tant que pays confronté à la problématique des personnes déplacées, se réjouit du rapport que le Représentant du Secrétaire général pour les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays présentera au cours de la présente session. Il a souhaité que les recommandations formulées dans ce rapport soient dûment prises en considération par tous les acteurs concernés. Parmi les autres thèmes que le Vice-Ministre a également mis en évidence, figurait notamment la question des personnes disparues. À cet égard, M. Emiliou a estimé que la résolution sur cette question adoptée par le Conseil à sa neuvième session a permis de souligner l'importance d'œuvrer collectivement et de prendre des mesures rapides et efficaces pour faire en sorte que les affaires non résolues fassent l'objet d'investigations. Il a également encouragé tous les États à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, ainsi qu'à accepter la juridiction de la Cour pénale internationale.

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Ministre adjoint des affaires étrangères du Monténégro, s'est félicité de l'évaluation positive de son pays lors de son passage à l'Examen périodique universel, en décembre dernier. Soucieux de se conformer à ses obligations découlant de son adhésion aux différents instruments internationaux auxquels il est partie, le Monténégro, en novembre dernier, a présenté son rapport devant le Comité contre la torture - Comité dont les membres ont exprimé leur appréciation des efforts déployés par le Monténégro pour améliorer l'application de la Convention contre la torture. Le Monténégro vient en outre, hier et ce matin, de voir son rapport initial examiné par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, a ajouté le Vice-Ministre.

Par ailleurs, a poursuivi le Vice-Ministre des affaires étrangères, le Monténégro est satisfait de la communication établie avec les différents rapporteurs spéciaux, qui constitue une autre preuve de son attitude responsable concernant le respect des ses obligations internationales. Ouvert à la coopération avec les procédures spéciales des Nations Unies, le Monténégro prend également des mesures au plan interne en faveur de l'universalité et de l'indivisibilité des droits de l'homme, a insisté le Ministre adjoint. Le Monténégro soutient toutes les initiatives visant à favoriser et améliorer le dialogue entre les groupes ethniques et religieux; il croit en la possibilité de résoudre tous les problèmes en suspens par la voie du dialogue et du compromis. À cet égard, le Monténégro espère que la prochaine Conférence d'examen de Durban, qui se tiendra à Genève le mois prochain, permettra des échanges d'opinions constructifs au sujet des difficultés rencontrées dans l'application de la Déclaration et du Plan d'action adoptés en 2001 à Durban (Afrique du Sud).

M. TODD STEWART CHILEMBO, Vice-Ministre de la justice de la Zambie, a déclaré souscrire aux travaux de renforcement des instruments des droits de l'homme et aux activités du Conseil, auquel le pays prend une part active. La Zambie a passé son examen périodique universel en mai 2008, ce qui a été un grand succès. Un dialogue interactif s'est instauré à cette occasion. Le pays s'attache maintenant à la mise en œuvre des recommandations et est pleinement engagé dans la réalisation des droits de l'homme. Le Gouvernement prend très au sérieux ce travail et a élaboré un cinquième plan de développement qui accorde une large part à la protection et à la promotion des droits de l'homme. Ainsi, un audit législatif est actuellement en cours dans le pays.

Le Vice-Ministre zambien a fait valoir que la Zambie compte parmi les quelques pays qui sont à jour dans la présentation de ses rapports devant les instances internationales est régionales, ce qui lui sert également pour identifier ses points forts et ses points faibles. Le pays travaille actuellement à la préparation de rapports en vertu de la Convention relative aux droits de l'enfant et sur la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a signé le Protocole facultatif se rapportant à la Convention de l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Zambie s'est fermement engagée dans la lutte contre la violence contre les femmes et a signé en septembre 2008 le Protocole de la Communauté de l'Afrique australe sur le genre et le développement. Dans le cadre de ses efforts pour protéger les groupes les plus vulnérables, la Zambie a aussi signé les Conventions sur les droits des personnes handicapées, les Protocoles facultatifs sur les enfants engagés dans des conflits armées et sur la vente, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants. Le pays connaît des problèmes, tels que la surpopulation carcérale, la pauvreté et des maladies telles que le paludisme et le VIH-sida qui constituent de véritables fléaux et grève une grande partie des ressources financières du pays. La Zambie doit reconnaître qu'il lui sera matériellement impossible de suivre l'ensemble des recommandations faites lors de son examen périodique universel, mais cet examen a fourni une excellente occasion de faire le point et la Zambie s'engage à faire prochainement des pas décisifs dans la bonne direction.

M. EDUARDO JOSÉ BACIÃO KOLOMA, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a rappelé que de grandes espérances ont été placées dans le Conseil, il y a trois ans, au moment de sa création. Jusqu'à aujourd'hui, ses membres n'ont ménagé aucun effort pour relever les défis en matière de respect de la dignité des êtres humains et de promotion et protection des droits de l'homme, a-t-il estimé. Il a précisé que l'examen périodique universel constitue l'une des réalisations majeures du nouveau Conseil. Il a souligné que ce processus, qui consiste en un examen global, objectif et transparent de la situation des droits de l'homme de chaque pays, s'est avéré positif et a permis un échange de vues constructif entre les États sur les droits de l'homme et les bonnes pratiques.

S'intéressant plus précisément à son pays, le Vice-Ministre a indiqué que la constitution du Mozambique assure le respect et la protection des droits de l'homme et garantit l'égalité de tous les citoyens. Conformément à ses engagements en matière de promotion des droits de l'homme, le pays a mis en œuvre toute une série de mesures législatives et administratives destinées à renforcer la réalisation des droits de l'homme pour tous, a souligné M. Koloma. Plus précisément, il a expliqué que son pays a ratifié, entre autres, la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Convention relative aux droits de l'enfant. Par ailleurs, le Gouvernement a récemment approuvé la loi établissant une Commission nationale des droits de l'homme. En outre, des lois relatives à la violence familiale, au travail, à la protection des enfants et à la lutte contre la traite des êtres humains ont été adoptées, a précisé le Vice-Ministre. Avant de conclure, le Vice-Ministre mozambicain a attiré l'attention sur les progrès très relatifs effectués au plan international en matière de lutte contre le racisme, déplorant la persistance d'actes racistes, xénophobes et discriminatoires dans le monde. Il a dans ce contexte fait remarquer que la Conférence de Durban, qui se tiendra dans un mois, offre l'occasion de renforcer l'engagement de tous dans la lutte contre ces fléaux. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer, a-t-il averti, estimant qu'aucun argument ne saurait justifier un report de cette Conférence.


Droit de réponse

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée), s'exprimant au sujet de la déclaration faite ce matin par la République tchèque au nom de l'Union européenne, a déclaré que sa délégation rejette la prolongation du mandat concernant la République populaire démocratique de Corée. Ce mandat, qui n'a d'autre fin que polémique, est en effet motivé par des objectifs étrangers aux droits de l'homme. Le représentant s'est étonné que l'Union européenne ne mentionne pas la situation des droits de l'homme sur son propre territoire, ni la mort de civils après l'invasion de l'Iraq par les États-Unis, ou la situation en Palestine. Par ailleurs, les déclarations de la République de Corée sapent tous les efforts de réconciliation nationale, a ajouté le représentant. Les autorités de ce pays seront comptables des conséquences de leurs propos, notamment ceux tenus aujourd'hui. La République de Corée doit abolir sa loi de sécurité nationale, qui est attentatoire aux droits de l'homme, a dit le représentant de la République populaire démocratique de Corée.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC09016F