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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME CONCLUT SON DIALOGUE INTERACTIF AVEC LA HAUT-COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a conclu, cet après-midi, le dialogue interactif entamé ce matin avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay. Au cours de la séance de cet après-midi a été évoqué plus particulièrement le développement de la présence sur le terrain du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, ainsi que les liens entre le Conseil et le Haut-Commissariat.

Certaines délégations ayant observé que la présence sur le terrain du Haut-Commissariat semblait trop centrée sur les pays du Sud, la Haut-Commissaire a répondu que 16 bureaux situés en Afrique avaient été ouverts dans des contextes de guerres suite à des décisions du Conseil de sécurité et non pas du Conseil des droits de l'homme. Une autre série de bureaux a été installée dans un large éventail de pays, Europe comprise, a-t-elle souligné, les bureaux étant établis sur la base d'accords bilatéraux. S'agissant des bureaux régionaux, ils sont mis sur pied après des consultations avec la majorité des pays concernés de la région et l'accord formel du pays d'accueil. D'une manière générale, pour Mme Pillay, la mise en place d'un bureau du Haut-Commissariat est à envisager comme une indication de l'ouverture d'un État et de sa volonté de coopérer avec le Haut-Commissariat. La Commission de l'Union africaine a indiqué qu'elle appréciait les visites effectuées sur le terrain par la Haut-Commissaire et encourage Mme Pillay à maintenir cette approche concrète dans la réalisation de sa mission en collaboration avec les États et les organisations régionales concernés.

D'autres délégations ont estimé que cette présence in situ était la plus efficace pour améliorer concrètement la situation des droits de l'homme. Plusieurs délégations se sont félicitées de la reconduction de l'accord passé par le Haut-Commissariat avec le Guatemala et la Colombie par exemple, certaines appelant le Cambodge, l'Ouganda et le Népal à faire de même. Pour sa part, Mme Pillay a indiqué qu'elle avait sollicité l'ouverture d'un bureau à Sri Lanka et qu'elle attendait une réponse de ce pays.

Les États-Unis, qui ont indiqué leur volonté de contribuer aux travaux du Conseil à titre d'observateurs, ont convenu avec Mme Pillay de l'importance du travail de terrain et se sont inquiétés à cet égard de la fermeture de certains bureaux. Le représentant américain a abordé par ailleurs le contentieux autour des questions de religion régnant au sein du Conseil, notant que plusieurs délégations continuaient de promouvoir des résolutions portant sur la diffamation des religions. Il a déclaré que ce concept était trop facilement utilisé par les États pour étouffer les critiques à l'égard des institutions politiques et pour empêcher un dialogue authentique sur les croyances religieuses et les restrictions à la liberté d'expression.

Du côté des critiques et des corrections à aborder au fonctionnement actuel du Haut-Commissariat, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que la coordination des activités avec les États était insuffisante et que le déséquilibre géographique dans la composition du personnel devrait être corrigé.

Les délégations suivantes ont participé cet après-midi au dialogue interactif avec la Haut-Commissaire: Allemagne, Indonésie, Italie, Royaume Uni, Japon, République de Corée, États-Unis, Népal, Canada, Tunisie, Fédération de Russie, Espagne, Guatemala, Norvège, Colombie, Mexique, Équateur, Sri Lanka, Bangladesh, Belgique, Autriche, Venezuela, Haïti, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Maroc, Nigéria, Thaïlande, Soudan et Iran. Se sont également exprimées l'Union africaine et les organisations non gouvernementales suivantes: Amnesty International; Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP); La fédération générale des femmes arabes; Human Rights Watch; Consejo Indio de Sudamérica; United Nations Watch; Commission internationale de juristes; Cairo Institute for Human Rights Studies; et le Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement.


Le Conseil tiendra demain matin, à partir de 10 heures, son débat interactif annuel, consacré cette année aux droits des personnes handicapées. Il doit en outre être saisi de rapports thématiques, notamment par ses Groupes de travail sur la détention arbitraire et sur l'utilisation de mercenaires.


Suite du dialogue interactif avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme

M. REINHARD SCHWEPPE (Allemagne) a demandé à la Haut-Commissaire quelle serait la manière la plus efficace d'aborder la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo. Le représentant s'est félicité du souhait exprimé par Mme Pillay d'informer régulièrement les délégations des travaux du Haut-Commissariat ainsi que de ses plans et orientations stratégiques. L'Allemagne considère les réunions organisées dans ce contexte stimuleront la coopération, sans pour autant constituer une forme de supervision des activités du Haut-Commissariat aux droits de l'homme par le Conseil ou par les États. D'autre part, l'Allemagne étudie en ce moment même des moyens de mettre des ressources à la disposition du nouvel expert indépendant sur les obligations en matière d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, dans l'esprit de la demande de la Haut-Commissaire d'un renforcement des moyens des procédures spéciales. Le représentant allemand a enfin demandé à Mme Pillay comment elle envisage une possible amélioration de son soutien au processus d'examen périodique universel.

M. HAFID ABBAS (Indonésie) s'est réjoui de pouvoir tenir un dialogue avec la Haut-Commissaire et évaluer les réussites, définir les priorités et envisager les progrès à effectuer pour l'année à venir. Il a précisé que son pays est fermement engagé en faveur de la protection des travailleurs migrants, contre la détention arbitraire et contre la traite des êtres humains. Il s'est félicité de l'initiative de la Haut-Commissaire d'organiser une semaine consacrée à la dignité et la justice pour les détenus. Le représentant indonésien a estimé, à l'instar de la Haut-Commissaire, que la discrimination raciale constitue une violation de droits de l'homme. En tant que telle, elle doit être combattue, a-t-il souligné. Il a à cet égard indiqué que son gouvernement a adopté en octobre dernier une loi condamnant la discrimination. Le délégué a également réaffirmé le soutien de son pays à la Conférence de suivi de la Conférence de Durban contre le racisme et la discrimination raciale qui se déroulera en avril prochain à Genève. Il a appelé les États à œuvrer pour une meilleure cohésion et dépasser leurs divergences, en vue d'une véritable mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Il a invité tous les participants à travailler dans un esprit de compromis, bonne volonté et consensus pour faire en sorte que cette Conférence soit un succès.

M. ROBERTO VELLANO (Italie) s'est félicité de la qualité du dialogue que son pays entretient depuis plusieurs années avec le Haut-Commissariat grâce au processus structuré des consultations annuelles. L'Italie se félicite en outre du rôle important et équilibré joué par le Haut-Commissariat au sujet de la peine de mort, en particulier en assurant le suivi des résolutions adoptées par l'Assemblée générale. Le représentant a demandé à Mme Pillay si elle jugeait utile d'envisager la création d'un mécanisme coordonné de suivi de l'Examen périodique universel, impliquant les États, les organes conventionnels, les procédures spéciales et les institutions nationales de droits de l'homme. Le représentant italien a également demandé des détails sur les mesures envisagées pour répondre aux attentes légitimes du peuple somalien en termes d'un renforcement de la présence du Haut-Commissariat sur le terrain, notamment sous la forme de la coopération technique.

M. PETER GOODERHAM (Royaume-Uni) a déclaré qu'il importe que le Haut-Commissariat puisse mener son action indépendamment de toute considération politique émanant du Conseil des droits de l'homme. La demande de Mme Pillay au sujet de la recherche d'approches plus créatives de la manière dont le Conseil se saisit des situations urgentes mérite toute l'attention de ses membres. Cependant, le Haut-Commissariat doit aussi se sentir libre d'intervenir directement, et de manière indépendante, pour répondre aux besoins des États ou des individus dans tous les cas où il l'estime nécessaire. Le Royaume-Uni juge par ailleurs inestimable l'aide apportée par le Haut-Commissariat aux activités du Conseil des droits de l'homme. Le Royaume-Uni espère en outre que le Haut-Commissariat continuera d'accorder la priorité au soutien des activités de l'Examen périodique universel et des organes conventionnels, y compris celles du Sous-Comité de prévention de la torture. Le Royaume-Uni se félicite enfin du lancement de la stratégie des Nations Unies contre la violence sexuelle à l'encontre des femmes dans l'est de la République démocratique du Congo. Le Royaume-Uni estime à cet égard que la communauté internationale ne doit pas accepter les prétextes sociaux, culturels ou religieux parfois mis en avant pour dénier aux femmes la jouissance de leurs droits humains.

Pour M. SHINICHI KITAJIMA (Japon), les mandats thématiques créés par la communauté internationale dans le cadre du système des procédures spéciales complètent utilement le mécanisme d'examen périodique universel. Le représentant s'est félicité ainsi de la nomination de 27 nouveaux titulaires de tels mandats au terme du processus de rationalisation engagé par le Conseil des droits de l'homme. Le représentant japonais a aussi observé que les mentions de situations de pays figurant dans le rapport annuel de la Haut-Commissaire ne constituent pas des critiques, mais qu'elles permettent plutôt de promouvoir le dialogue entre les pays concernés et le Conseil des droits de l'homme et, par extension, la communauté internationale. Dans le même temps, le Japon est conscient du fait que les mentions faites dans le rapport ne sont pas exhaustives: il attend d'ailleurs du Haut-Commissaire qu'il continue de se pencher sur les situations de graves violations des droits de l'homme partout dans le monde.

M. LEE SUNG-JOO (République de Corée) a d'abord rendu hommage au Haut-Commissariat aux droits de l'homme sans le soutien duquel le Conseil n'aurait pu mener à bien la mise en place de ces procédures et de sa nouvelle architecture et qui a fermement plaidé contre la discrimination, le génocide et l'impunité. La République de Corée a également de grandes attentes par rapport à la Conférence d'examen de Durban et remercie le Haut-Commissariat pour le travail qui a été fait sur la lutte contre les discriminations. Il a abondé dans le même sens que la Haut-Commissaire sur le rôle de système d'alerte précoce que pourraient jouer les procédures spéciales. Le représentant a toutefois tenu à ajouter que les titulaires de mandats relatifs à un pays spécifique restent les yeux et les oreilles irremplaçables du Conseil.

M. MARK C. STORELLA (États-Unis) a souligné que le soutien de son pays au Haut-Commissariat n'a jamais failli et qu'il continuera d'appuyer son indépendance. Il a fait remarquer que les services de conseils et d'assistance technique que le Haut-Commissariat fournit sur le terrain et grâce à ses experts en droits de l'homme doivent être soutenus par l'ensemble des États membres. Soulignant l'importance du travail effectué sur le terrain, le représentant américain s'est inquiété de la fermeture de certains bureaux. Il a souhaité connaître le point de vue de la Haut-Commissaire s'agissant du renforcement de la présence du Haut-Commissariat sur le terrain. Tout en respectant l'accent que la Haut-Commissaire a souhaité mettre sur la lutte contre la discrimination qui, a-t-il reconnu, est la cause de nombreuses violations des droits de l'homme, M. Storella a fait remarquer que la suppression de la liberté d'expression constitue également une grave violation des droits de l'homme. Il a noté que plusieurs délégations du Conseil continuent de promouvoir des résolutions portant sur la diffamation des religions et a fait observer que ce concept est trop facilement utilisé par les États pour restreindre les protestations émanant de la société civile, pour étouffer les critiques à l'égard des institutions politiques et pour empêcher un dialogue authentique sur les croyances religieuses et les restrictions à la liberté d'expression. Il s'est inquiété des tentatives de pousser le Haut-Commissariat à s'atteler aux moyens de limiter l'expression avant même que la communauté internationale se soit entendue sur la portée de la liberté d'expression.

M. K. RUDRA (Népal) a soutenu la position de la Haut-Commissaire s'agissant des liens entre vulnérabilité, discrimination et inégalités qui se trouvent au cœur des problèmes de droits de l'homme. Il a appuyé son engagement à combattre la discrimination sous toutes ses formes et toutes ses manifestations. En ce qui concerne l'examen périodique universel, le représentant népalais s'est dit d'avis que les meilleures pratiques qui ont émergé des différents examens devraient être utilisées pour renforcer l'efficacité de ce mécanisme. M. Bhattarai a par ailleurs tenu à féliciter la Haut-Commissaire pour son appel à mettre en place des fondements durables pour la réalisation de tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement. Il a fait observer que la pauvreté constitue l'une des principales menaces à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Il a souligné que seuls des programmes déployés sur le long terme et assortis de ressources suffisantes permettront de réaliser ces droits. Un véritable engagement en matière de ressources de la part de la communauté internationale fera toute la différence, a-t-il fait remarquer.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a encouragé le Haut-Commissariat à poursuivre son activité de mise en œuvre effective des droits de l'homme, en particulier par le biais du renforcement de sa présence sur le terrain: c'est ainsi qu'il sera en mesure d'améliorer concrètement la situation des droits de l'homme. Le Canada se félicite de la reconduction de l'accord passé entre le Guatemala et le Haut-Commissariat concernant les activités de son bureau dans ce pays. Le Canada encourage les autorités du Cambodge, de l'Ouganda et du Népal à conclure des accords similaires avec le Haut-Commissariat. Le Canada se félicite en outre de l'action du Haut-Commissariat en matière d'éradication de la violence à l'encontre des femmes, de prévention des génocides, de lutte contre l'impunité et de promotion de la liberté d'expression. Tout en respectant l'indépendance de la Haut-Commissaire et du Haut-Commissariat, le Canada se félicite aussi de l'engagement de Mme Pillay d'organiser des séances d'information à l'intention des États membres. Le représentant a enfin souligné l'importance pour le Haut-Commissaire de dénoncer les violations graves des droits de l'homme, comme il l'a déjà fait à des maintes reprises, notamment au Soudan, en République démocratique du Congo, en Somalie, en Birmanie, au Zimbabwe et à Sri Lanka.

M. ABDELWAHEB JEMAL (Tunisie) s'est félicité de l'intérêt exprimé par la Haut-Commissaire de renforcer le dialogue avec le Conseil, car un dialogue serein constitue les meilleur moyen de faire avancer et développer les droits de l'homme de par le monde. Il garantit une adhésion collective de toutes les parties prenantes au processus. Le représentant tunisien s'est aussi réjoui de l'engagement de la Haut-Commissaire dans les préparatifs de la Conférence d'examen de Durban, qui devrait être une priorité pour l'ensemble de la communauté internationale. Il convient à cet égard de montrer un esprit de consensus. Le représentant a enfin exhorté le Haut-Commissariat à redoubler d'efforts en vue d'apporter aide et assistance aux populations des territoires palestiniens occupés.

M. YURY BOICHENKO (Fédération de Russie) a déclaré que son pays accorde une grande importance aux activités du Haut-Commissariat. Il a estimé que toutes les activités du Haut-Commissariat devraient être imprégnées d'un esprit de dialogue et de coopération avec tous les États, seule garantie de succès. Il a souhaité que les documents préparés par le Haut-Commissariat pour l'examen périodique universel soient aussi objectifs que possible, s'appuient sur des informations fiables et reflètent la réalité du pays concerné. Le représentant russe a également remercié la Haut-Commissaire pour les travaux effectués dans le cadre des préparatifs de la Conférence de suivi de Durban. Les manifestations de racisme, de xénophobie et d'intolérance exigent l'attention aiguë de la part des États, a-t-il souligné. Et pour en finir avec ces phénomènes honteux, il faut coordonner les efforts aux niveaux national, régional et international, a ajouté le délégué. Parmi les faiblesses que le Haut-Commissariat devrait corriger, le représentant russe a notamment estimé que la coordination des activités avec les États est insuffisante et que le déséquilibre géographique dans la composition du personnel devrait être corrigé. Il a conclu son intervention en invitant la Haut-Commissaire à se rendre en Fédération de Russie.

M. JAVIER GARRIGUES (Espagne) a réaffirmé le soutien inconditionnel de son pays envers les activités du Haut-Commissariat et réitéré l'importance qu'elles soient menées en toute indépendance. Il s'est tout particulièrement félicité du travail effectué sur le terrain par les bureaux du Haut-Commissariat, notamment au Guatemala et en Colombie. En ce qui concerne ce dernier pays, il a souligné que les bons résultats obtenus sur le terrain n'auraient pas été possibles sans la collaboration du Gouvernement colombien. Le représentant espagnol a également salué la disponibilité et la collaboration dont le Haut-Commissariat fait preuve à l'égard des organes conventionnels et des procédures spéciales. Il s'est dit d'avis que le Haut-Commissariat peut contribuer à la transparence dans les relations qu'entretiennent avec la société civile les organes conventionnels et les titulaires de mandats du Conseil. Il a conclu son intervention en assurant à la Haut-Commissaire qu'elle pouvait compter l'Espagne parmi les alliés convaincus du rôle central que le Haut-Commissariat joue dans le système international de droits de l'homme.

M. CARLOS RAMIRO MARTÍNEZ ALVARADO (Guatemala) s souligné l'importance des questions thématiques abordées dans le rapport de la Haut Commissaire. Ainsi, la lutte contre la discrimination, la défense des droits des peuples autochtones et des minorités, les questions de genre et la promotion des droits de la femme, la lutte contre l'impunité et contre l'incitation à la haine raciale ou religieuse, les droits de l'homme des personnes migrantes, la liberté d'expression et le droit au développement sont des thèmes de première importance pour le Guatemala. Son représentant a en outre remercié la Haut-Commissaire adjointe de la visite qu'elle a réalisée dans son pays en septembre dernier, au cours de laquelle les autorités ont renouvelé, à leur demande, l'accord concernant les activités du bureau national du Haut-Commissariat et fait connaître leur appréciation pour l'action de la Haut-Commissaire.

MME NAVI PILLAY, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a répondu aux questions et observations des membres concernant les activités du Haut-Commissariat. La présence sur le terrain du Haut-Commissariat semble trop centrée sur les pays du Sud, ont observé certains membres: à cet égard, Mme Pillay a précisé que 16 bureaux sont situés en Afrique et ont été ouverts dans des contextes de guerres et suite à des décisions du Conseil de sécurité, indépendamment donc du Conseil des droits de l'homme. Une autre série de bureaux est installée dans un large éventail de pays, y compris en Europe. Les bureaux sont établis sur la base d'accords bilatéraux. Les bureaux régionaux, dont quatre en Afrique, sont ouverts après des consultations avec la majorité des pays concernés de la région et l'accord formel du pays d'accueil. Deux bureaux autonomes ont été créés en Ouganda et au Togo. L'ouverture de bureaux n'a certes pas valeur d'appréciation de la situation du pays concerné, mais est à envisager comme une indication de l'ouverture de cet État et de sa volonté de coopérer avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Ce dernier va ouvrir un bureau régional à Bruxelles - en sus des quinze autres présences onusiennes déjà sur place en Europe - pour engager un dialogue avec les pays européens, avec la société civile ainsi que les institutions communautaires. Le bureau régional abordera notamment les problèmes du racisme, de la discrimination à l'encontre des migrants, de la justice pénale et de la protection des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme sur le continent européen. Le recrutement aux postes d'administrateurs (niveau P3-P5) de ce bureau est en cours. L'élargissement de la présence du Haut-Commissariat sur le terrain est important, de même que la consolidation de cette présence, est convenue Mme Pillay. C'est également une demande du Comité consultatif des droits de l'homme. Les demandes affluent de la part d'États désireux d'accueillir cette présence, compte tenu de l'aide que le Haut-Commissariat peut leur apporter pour la rédaction des rapports qui doivent être présentés aux organes conventionnels, en particulier.

Au chapitre des actions pour promouvoir le rôle de la société civile, le Haut-Commissariat a publié un manuel à l'intention des organisations parties prenantes afin de faciliter leurs communications avec les différentes institutions des Nations Unies. Une équipe du Haut-Commissariat est spécialement chargée de l'assistance aux organisations qui ne sont pas représentées à Genève. Le Haut-Commissariat finance aussi le déplacement de certaines organisations qui souhaitent participer aux travaux de différentes réunions préparatoires. Le Haut-Commissariat est déterminé à réserver une place plus généreuse aux organisations non gouvernementales. Le service en charge de cette action sera renforcé au point de vue des effectifs.

Enfin, les conflits armés et les violences demeurent un immense obstacle à la réalisation des droits de l'homme, a poursuivi Mme Pillay. Dans ce contexte, des brochures ont été publiées par le Haut-Commissariat au sujet de thèmes aussi importants que la justice transitoire et la lutte contre l'impunité. Le Haut-Commissariat organise dans ce contexte des séminaires de formation sur le terrain.

MME BEATE STIRØ (Norvège) a demandé comment le Haut-Commissariat avait l'intention de procéder pour assister le Gouvernement et la société civile de Colombie pour mettre en œuvre les recommandations qui lui ont été faites lors de son examen périodique universel, plus particulièrement en ce qui concerne la protection des militants des droits de l'homme? Elle a dit partager les préoccupations de la Haut-Commissaire concernant la situation en Afghanistan, surtout s'agissant de la détérioration de la liberté d'expression. L'engagement de la société civile afghane semble une gageure et il aimerait aussi avoir son avis sur la manière dont les Nations Unies peuvent lui venir en appui pour l'aider à jouer un plus grand rôle, par exemple dans la mise en œuvre du plan d'action transitionnel pour la justice? La représentante norvégienne a conclu en exprimant l'engagement ferme de la Norvège envers la lutte contre les formes de discriminations anciennement installées à l'encontre des femmes et des groupes minoritaires et il aimerait savoir comment les États peuvent au mieux lui apporter leur soutien?

M. ANGELINO GARZON (Colombie) a fait part de la reconnaissance de son gouvernement, de l'État et de la société colombienne pour la visite effectuée par la Haut-Commissaire en octobre 2008, précisant qu'elle a permis de renforcer les liens de son pays avec le Haut-Commissariat. Il s'est tout particulièrement félicité de l'esprit constructif qui se reflète dans le rapport présenté cette année sur la situation des droits de l'homme en Colombie. Il a souligné que son pays l'accepte, dès lors, dans son intégralité. S'agissant de l'Examen périodique universel, le représentant colombien a indiqué que le Ministre des affaires étrangères et le programme présidentiel pour les droits de l'homme de son pays ont présenté hier, devant le corps diplomatique accrédité en Colombie, un rapport sur les actions conformément aux recommandations et aux 64 engagements volontaires du pays. Tout en reconnaissant que beaucoup reste à faire pour améliorer la situation des droits de l'homme en Colombie, son représentant a réaffirmé l'engagement du pays à faire des progrès dans ce domaine. Il a réitéré l'invitation lancée à toutes les organisations de la société civile colombienne pour qu'elles contribuent à la réalisation de cet objectif. Il a conclu son intervention en rappelant que son pays s'engage par ailleurs fermement à contribuer à la recherche de consensus et de propositions pour promouvoir la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a remercié le Haut-Commissariat pour son soutien au mécanisme de l'Examen périodique universel, soulignant en particulier le professionnalisme et l'objectivité avec lesquels il a préparé les rapports de base. Il s'est dit convaincu que le Haut-Commissariat, par l'indépendance et l'expertise qui le caractérise, doit jouer un rôle fondamental, non seulement dans la préparation des rapports, mais également en aidant les membres des troïkas des différents examens. De même, le Haut-Commissariat devrait aider et soutenir les États qui le désirent dans la mise en œuvre et le suivi des recommandations issues de l'examen. M. De Alba s'est d'autre part félicité du programme de travail que s'est fixé le Haut-Commissariat en matière de droits des personnes handicapées et de droits des femmes. Sur ce dernier point, il a souhaité savoir, de l'avis de la Haut-Commissaire, quels moyens le Conseil pourrait mettre en œuvre pour promouvoir l'égalité des femmes devant la loi. Le représentant mexicain a également invité la Haut-Commissaire à poursuivre ses travaux en faveur de la promotion et de la protection des droits des migrants. Il a par ailleurs suggéré que des efforts soient déployés pour promouvoir la reprise des travaux du Groupe de travail sur les migrations et de plaider pour que les discussions sur les migrations soient centrées sur les droits des migrants.

M. JUAN HOLGUÍN (Équateur) a lancé un appel aux pays qui ne sont pas encore partie à la Convention sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille de la signer dans les plus brefs délais. De nombreuses législations xénophobes sont malheureusement votées de par le monde ce qui place ces personnes dans une situation très difficile. Ces difficultés sont aggravées du fait de la crise économique et du fait que même lorsqu'une législation favorable aux droits des migrants est en place, celle-ci reste souvent lettre morte.

M. MOHAN PEIRIS (Sri Lanka) a déclaré que son pays avait fait la preuve son engagement en faveur des mécanismes des droits de l'homme, notamment en se portant volontaire pour faire partie des premiers pays soumis à l'Examen périodique universel et en invitant des rapporteur spéciaux à se rendre dans le pays, même dans les circonstances les plus difficiles. Il a déclaré que des progrès considérables ont été faits à Sri Lanka dans l'établissement des zones et passages sûrs avec l'aide du Comité international de la croix rouge et de Programme alimentaire mondial. Des camps de temporaires et des installations plus permanentes ont été créés et abritent actuellement 36 000 déplacés internes. Les civils innocents qui sont actuellement otages de Tigres tamouls pourront aussi prétendre à la même assistance, une fois relâchés. Le fait de prendre des otages parmi la population civile constitue une violation grave des droits de l'homme devant laquelle la communauté internationale ne peut garder le silence. Le représentant sri-lankais a affirmé que son gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la même protection juridique à tous les citoyens et qu'il dispose d'un corpus juridique solide. Sri Lanka ne tolère pas l'impunité et a lancé une série d'enquêtes sur des allégations de violations de droits de l'homme.

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a déclaré que son pays partage l'avis de la Haut-Commissaire selon laquelle la discrimination est la cause de nombre de violations des droits de l'homme et que la communauté internationale doit lutter contre toutes les manifestations de ce phénomène. Les migrants, en particulier, sont confrontés aux pires formes de discrimination et risquent d'être les premières victimes des politiques et pratiques discriminatoires adoptées dans le sillage de la crise économique actuelle. Les États devraient donc prendre des mesures adéquates pour protéger les droits de ces personnes, indépendamment de leur origine, de leur nationalité ou de leur statut juridique. Le représentant s'est félicité que le Haut-Commissariat ait choisi d'accorder une attention égale, dans le cadre de son action, aux droits économiques, sociaux et culturels et aux droits civils et politiques. Enfin, le Bangladesh souscrit pleinement à l'idée qu'il faut parvenir à un équilibre entre la liberté d'expression et la nécessité d'empêcher toute incitation à la haine contre les religions. Une telle démarche est indispensable pour susciter un climat de tolérance et de respect mutuel. Il convient à cet égard de mieux comprendre la portée des limitations permissibles à la liberté d'expression telle qu'elle est définie dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Bangladesh est prêt à accepter des critiques saines des religions, mais pas les attaques contre les symboles religieux en particulier.

M. HUGO BRAUWERS (Belgique) a déclaré que la Belgique considère que l'établissement des bureaux régionaux et nationaux est particulièrement important et se réjouit de l'ouverture d'un bureau à Bruxelles. La Belgique partage l'analyse que la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan, au Myanmar et au Zimbabwe reste préoccupante. Ces situations nécessitent une action et un suivi par le Conseil. La reconnaissance des problèmes constitue la première étape indispensable vers une solution, basées sur un dialogue interactif et l'assistance technique appropriée. Le représentant a ensuite affirmé que la Belgique est prête à poursuivre son engagement pour assurer le succès de la Conférence d'examen de Durban et a demandé à toutes les délégations de faire preuve de raison et de flexibilité pour assurer que le document final soit l'expression de l'ensemble de la communauté internationale.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a déclaré qu'il s'associait à la Haut-Commissaire s'agissant du rôle central qu'elle aimerait voir jouer par le Conseil au sein du système des Nations Unies. Le Conseil semble maintenant doté des mécanismes qui lui permettent de suivre à la fois des grandes thématiques et les violations de droits de l'homme qui ont lieu dans un pays spécifique. À ce propos, il y a lieu de surmonter les tensions qui se sont exprimés au sujet de la discussion sur les questions thématiques et spécifiques aux pays. Des violations des droits de l'homme font des victimes où qu'elles se produisent, et chaque pays devrait être prêt à se pencher sur toutes les formes de violation, pas uniquement celles qui le concernent directement. Il s'est aussi réjoui des propositions visant à rendre les déclarations plus précises et orientées vers des résultats concrets.

M. GERMÁN MUNDARAÍN HERNÁNDEZ (Venezuela) a salué l'approche fondée sur le dialogue adoptée par la Haut-Commissaire. Il a souhaité que les interactions entre le Haut-Commissariat et le Conseil se maintiennent et s'approfondissent. Ces interactions devraient se faire de bonne foi, dans le respect mutuel et dans le but de renforcer la complémentarité qui existe entre ces deux institutions. Le représentant du Venezuela a dit partager les préoccupations de nombreuses délégations à l'approche de la Conférence de suivi de Durban. Par conséquent, sa délégation apprécie l'importance que la Haut-Commissaire accorde à cette Conférence, ainsi que les efforts qu'elle a déployés pour favoriser son succès. Le délégué a par ailleurs fait remarquer que certaines questions méritent une attention particulière de la part du Haut-Commissariat, parmi lesquelles figurent notamment les questions qui ont été traitées dans le cadre des sessions extraordinaires du Conseil. Il a conclu son intervention en assurant la Haut-Commissaire de la volonté de son pays de collaborer pleinement avec le Haut-Commissariat.

M. JEAN-CLAUDE PIERRE (Haïti) a saisi l'occasion pour remercier la Haut-Commissaire de la visite qu'elle a effectuée en Haïti du 2 au 5 novembre 2008 afin d'encourager les autorités à poursuivre les réformes majeures dans les secteurs de la police, de la justice et du système carcéral. Elle s'est également entretenue avec les membres d'organisations de droits de l'homme et a visité «Cité Soleil», qui est le plus grand bidonville du pays. Elle a pu voir de ses propres yeux les dégâts causés par les crises alimentaire, économique et financière, de même que par quatre ouragans qui ont frappé l'île en moins de deux mois. Émue par le dénuement de la majorité des Haïtiens elle a déclaré que le pays devait faire face à une multitude d'enjeux. Les autorités haïtiennes partagent ses préoccupations sur la misère, le trafic des stupéfiants et bien autres problèmes, mais elles ont besoin d'énormes moyens financiers et humains pour aller plus vite en besogne.

M. PETER RIDER (Nouvelle-Zélande) a expliqué que l'assistance et l'expertise du Haut-Commissariat se sont avérées extrêmement profitables pour son pays, qui a organisé, le mois dernier, un séminaire pour préparer l'Examen périodique universel et réunissant des hauts fonctionnaires des gouvernements des îles du Pacifique. Il a précisé que les pays de la région du Pacifique ont apprécié le renforcement du Bureau du Haut-Commissariat qui se trouve à Fidji. Il a encouragé le personnel de ce bureau à voyager un maximum dans la région, en particulier dans les petits États insulaires, précisant que ces derniers tireraient de grands bénéfices des interactions avec des experts du Haut-Commissariat. Le représentant néo-zélandais a salué les progrès réalisés par la Haut-Commissaire pour améliorer la transparence des travaux de son Bureau, ainsi que pour assurer une meilleure représentation géographique au sein de son personnel. Enfin, il a souhaité connaître les initiatives et stratégies que le Haut-Commissariat compte développer l'année prochaine s'agissant de la lutte contre les violences sexuelles dans les situations de conflit.

M. JOHAN ARIFF ABDUL RAZAK (Malaisie) a déclaré que le mécanisme d'examen périodique universel est un excellent moyen de tenir un dialogue ouvert, constructif et sincère entre États, visant la promotion et la protection des droits de l'homme, tout en tenant compte des particularités des États examinés. La Malaisie note que les travaux de plusieurs titulaires de mandats de procédures spéciales seront examinés lors de la présente session du Conseil; dans ce cadre, elle exprime sa préoccupation devant une tendance, perceptible chez certains de ces titulaires, à s'exprimer sur des sujets qui ne ressortissent pas de leur mission. Cette tendance doit cesser, a demandé le représentant. Les États ont certes le droit de demander l'avis des titulaires de mandat, mais la Malaisie estime que ce droit ne doit pas cautionner l'idée que les titulaires puissent étendre de leur propre chef la portée du mandat qui leur a été assigné par le Conseil. Le représentant s'est par ailleurs dit satisfait de la convocation par le Conseil des droits de l'homme de deux sessions extraordinaires thématiques, espérant que le Conseil et le Haut-Commissariat continueront de réagir immédiatement aux situations urgentes des droits de l'homme qui compromettent la pleine réalisation des droits de l'homme. La Malaise se dit enfin encouragée par les efforts consentis par le Haut-Commissariat en vue de rapprocher les points de vue dans le cadre des préparatifs de la Conférence d'examen de Durban.

M. OMAR HILALE (Maroc) a salué les efforts fournis par le Haut-Commissariat dans l'accomplissement de son mandat, notamment par les différents fora qu'il a organisés, ainsi que les divers programmes d'assistance technique et de renforcement des capacités qu'il a mis en place. Il a souligné que son pays accorde une importance particulière au développement d'une interaction plus large, une concertation renforcée et davantage de consultation entre le Haut-Commissariat et le Conseil. S'intéressant ensuite à l'examen périodique universel, le représentant marocain a fait remarquer que ce mécanisme a permis une démocratisation au sein du Conseil en favorisant une soumission de tous les États à un examen de leur situation des droits de l'homme. Il a estimé qu'une évaluation complète et exhaustive de l'efficacité et de la crédibilité de cet examen ne peut, logiquement, se faire qu'au terme du deuxième cycle de ce processus. Il a en outre encouragé le Haut-Commissariat à continuer d'apporter un appui à ce processus. D'autre part, M. Hilale s'est félicité du rapport élaboré par la Haut-Commissaire sur le processus préparatoire de la Conférence d'examen de Durban, soulignant que ce rapport aborde la problématique du racisme avec une grande franchise. Par ce rapport, la Haut-Commissaire a apporté une valeur ajoutée indéniable au processus, a-t-il estimé, soulignant que les propositions et suggestions qu'il contient pourraient être utilement exploitées pour assurer la réussite de cette Conférence.

MME KHADIJA R. MASRI (Union africaine) a dit particulièrement apprécier les efforts déployés par le Haut-Commissariat dans le cadre de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement. La Commission de l'Union africaine appelle à la jouissance effective de ces droits de l'homme qui sont d'une importance capitale pour l'Afrique et les populations africaines sur un continent où la majorité des conflits armés et des défis à la sécurité sont reliés directement ou indirectement aux problèmes de développement. La Commission de l'Union africaine apprécie par ailleurs les visites sur le terrain que la Haut-Commissaire a effectuées dans plusieurs pays africains et se félicite de sa participation à son dernier sommet, qui a été l'occasion pour elle de s'entretenir directement avec les dirigeants de l'Afrique. L'Union africaine encourage Mme Pillay à maintenir cette approche concrète dans la réalisation de sa mission en collaboration avec les États concernés et les organisations régionales pertinentes.

M. I.E. NWOSU (Nigéria) a fait part de la vive préoccupation de son pays devant le problème de la pauvreté, qui affecte encore la majorité de l'humanité. La pauvreté doit être combattue à titre prioritaire. La prise en compte du droit au développement permettra de réaliser d'importants progrès à cet égard, a estimé le représentant. Le Nigéria est par ailleurs très engagé dans les préparatifs de la Conférence d'examen de Durban, espérant que le document final rendra compte en termes concrets des lacunes dans l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Le Nigéria appelle tous les États à s'engager avec sérieux dans ce processus et dans la lutte contre le racisme et la diffamation des religions et pour la liberté d'expression. Enfin, le Nigéria est d'avis que la situation au Soudan est délicate et qu'elle exige de la communauté internationale une prudence extrême. Le Nigéria est convaincu que le processus international doit viser à faciliter la résolution de ce problème, et non à le compliquer encore. Le Nigéria appuie l'action de l'Union africaine dans sa recherche d'une solution au problème qui se pose au Soudan.

M. VIJAVAT ISARABHAKDI (Thaïlande) a soulevé le problème de la discrimination à l'encontre des migrants, qui est une question complexe faisant intervenir des aspects économiques, politiques, sécuritaires, de développement et de droits de l'homme. Il s'agit d'un des problèmes principaux qui se posent dans la région de l'Asie du Sud-Est. M. Isarabhakdi a souligné qu'il était essentiel d'aborder ces questions au niveau international et régional, afin qu'il soit tenu compte de toutes ces préoccupations, sans négliger les aspects humanitaires. Par ailleurs, il a exprimé son appréciation pour le bon déroulement de l'Examen périodique universel, ainsi que pour l'engagement du Haut-Commissariat dans la préparation de la Conférence d'examen de Durban.

M. OMER DAHAB FADOL MOHAMED (Soudan) a déclaré que l'entrée en fonction de Mme Pillay a été une source de joies et d'espoirs pour beaucoup, dans un monde où les institutions internationales sont de plus en plus utilisées et manipulés par les puissants. Il a en effet précisé que beaucoup se sont réjouis de voir à la tête du Haut-Commissariat une femme qui a lutté contre l'apartheid. S'agissant des allégations sur un prétendu génocide qui aurait été commis au Darfour, le représentant soudanais a fustigé des «comptes-rendus déformés», déplorant une «initiative honteuse» de la part de certains pays et gouvernements et de haut fonctionnaires. Face à l'appel de la Haut-Commissaire à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI), le représentant soudanais a fait remarquer que cette juridiction pénale internationale fait l'objet de controverses et que sa crédibilité et son indépendance sont mises en doute. Il a à cet égard suggéré de comparer la Cour pénale internationale avec la Cour internationale de justice qui, a-t-il fait valoir, a, elle, des antécédents impeccables.

M. ALI BAHREYNI (Iran) a salué l'initiative de la Haut-Commissaire de convoquer des réunions régulières avec les délégations, de manière à partager les informations et échanger des points de vue sur les travaux du Haut-Commissariat. Il a estimé qu'il est vital pour le Haut-Commissariat d'explorer des voies et moyens de promouvoir et faciliter la coopération internationale en matière de promotion et de protection des droits de l'homme. Il a souhaité que Mme Pillay fasse part des idées qu'elle entend développer dans ce but. Le représentant iranien a, dans le même ordre d'idées, plaidé pour le renforcement du dialogue interculturel qui, a-t-il précisé, peut jouer un rôle fondamental dans la promotion des droits de l'homme. D'autre part, il a relevé l'importance d'assurer le succès de la Conférence de suivi de Durban, en vue d'une pleine mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban. Il a également plaidé pour une participation active et constructive des représentants de la société civile. Enfin, le représentant de l'Iran s'est félicité de l'accent que la Haut-Commissaire met sur les droits de l'homme dans le cadre des efforts de développement. Il s'est dit d'avis que les impacts des sanctions économiques sur la pleine réalisation des droits de l'homme méritent toute l'attention du Haut-Commissariat.

M. MOHAMMED KHADIRI (Comité international de coordination des institutions nationales des droits de l'homme) a souligné le rôle crucial joué par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme dans la création et le renforcement des institutions des droits de l'homme par le biais des Principes de Paris - un rôle également salué par l'Assemblée générale des Nations Unies dans une résolution adoptée récemment au sujet de ces institutions. Le Haut-Commissariat et les institutions nationales de droits de l'homme sont des partenaires complémentaires de toute approche des droits de l'homme à long terme dans un pays ou une région donnés. Le Comité international de coordination apprécie la priorité accordée par le Haut-Commissariat aux institutions nationales et à leur rôle dans les domaines de la prévention de la torture, de la détention et à de l'accès à la justice. En octobre dernier, les institutions nationales adoptaient la «Déclaration de Nairobi» dans laquelle elles définissaient un ensemble de lignes directrices relatives à l'administration de la justice et à la protection du principe de primauté du droit. Le représentant a notamment demandé à Mme Pillay dans quelle mesure le Haut-Commissariat pourrait aider les institutions nationales des droits de l'homme à mettre en œuvre les dispositions de la Déclaration de Nairobi et renforcer sa coopération avec ces institutions sur le terrain?

M. PETER SPLINTER (Amnesty International) a apporté son soutien à la proposition d'augmenter les ressources allouées aux procédures spéciales pour leur permettre de s'acquitter au mieux des tâches, toujours plus nombreuses, qui leur sont confiées. Il a aussi salué la tenue de la réunion d'expert au mois d'octobre dernier, portant sur le Pacte international sur les droits civils et politiques, qui apporte un fondement pour discuter des relations entre la liberté d'expression et la prévention de la haine religieuse. Quant à la situation à Sri Lanka, le représentant d'Amnesty international il a confirmé que les informations en provenance de ce pays indiquent que la situation s'y détériore fortement. Les restrictions d'accès aux zones de conflit empêchent en outre le Conseil de recevoir des évaluations indépendantes sur la situation.

M. GIANFRANCO FATTORINI (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - MRAP) a déclaré partager avec la Haut-Commissaire l'idée qu'une expertise indépendante est indispensable au renforcement du mécanisme d'examen périodique universel. Le MRAP encourage la Haut-Commissaire à poursuivre les efforts consentis pour le renforcement de la promotion et la protection des droits de l'homme au niveau national et de la coopération au sein du système des Nations Unies. Le représentant a demandé quel rôle entend jouer et quelles initiatives entend entreprendre le Haut-Commissariat pour assurer la jouissance effective du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le MRAP souhaite aussi connaître l'action que le Haut-Commissariat a entreprise ou entend entreprendre pour la promotion et la protection des droits de l'homme dans la région du Plateau tibétain qui connaît, depuis un an, de nombreuses manifestations réprimées par les autorités de la République populaire de Chine avec une force jugée excessive par de nombreux observateurs. Le représentant a salué l'effort consenti par le Haut-Commissariat en Bolivie dans le contexte difficile des changements promus par le président Morales. Il a par ailleurs attiré son attention sur les violations des droits fondamentaux du peuple Mapuche au Chili et en Argentine.

MME MANSOUKI WASSILA (La fédération générale des femmes arabes) a regretté que le rapport de la Haut-Commissaire ne fasse pas mention de la terrible situation des droits de l'homme qui prévaut en Iraq. Depuis 2003, a-t-elle souligné, le peuple iraquien a souffert de violations graves et systématiques des droits de l'homme et doit affronter des menaces quotidiennes à sa vie et sa sécurité, à cause de l'invasion et de l'occupation américaine. Elle a fait remarquer que les femmes ont subi de graves violations de leurs droits, nombre d'entre elles ayant été retenues en otage, torturées, violées et tuées. Mme Mansouri a également indiqué que les Iraquiens sont privés de leurs droits fondamentaux, que ce soit leur droit à la santé, leur droit à l'alimentation ou leur droit à l'éducation. Le Conseil des droits de l'homme ne peut plus rester silencieux face à cette tragédie, a-t-elle souligné.

MME JULIE DE RIVERO (Human Rights Watch) a rendu hommage à l'action de Mme Alison Des Forges, décédée récemment dans un accident d'avion, qui avait consacré sa vie à la recherche de la vérité et de la justice au Rwanda. Le lancement par la Cour pénale internationale d'un mandat d'arrêt à l'encontre du président du Soudan est une victoire pour les victimes du Darfour et un signal fort à l'intention de tous les responsables de violations des droits de l'homme, a aussi déclaré la représentante. Elle a enfin relevé que la poursuite des combats entre les forces armées sri-lankaises et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul font encore de nombreuses victimes civiles, deux mille morts ayant déjà été comptées depuis janvier 2009. Les deux belligérants ont fait preuve d'un mépris total pour les droits de l'homme dans ce conflit, a dénoncé la représentante, les populations civiles servant de boucliers humains aux Tigres et étant victimes de bombardements des forces gouvernementales dans les zones en principe protégées.

M. RONALD BARNES (Consejo Indio de Sudamérica) a déploré que les droits des peuples autochtones continuent d'être bafoués. L'apartheid n'est pas mort, a-t-il souligné. Il a déploré que le Conseil rechigne à entamer des études ou mettre en place des mécanismes pour améliorer la situation en ce qui concerne les droits des autochtones dans le monde. S'adressant à la Haut-Commissaire, il a souhaité savoir ce qu'elle pourrait faire pour lutter efficacement contre le racisme et la discrimination, y compris à l'encontre des peuples autochtones. D'autre part, le représentant a attiré l'attention sur les difficultés rencontrées par les organisations non gouvernementales pour organiser des événements parallèles, obtenir des visas, loger les experts et défenseurs des droits de l'homme qu'elles invitent à Genève. Il a regretté les difficultés rencontrées pour réserver des salles.

M. HILLEL NEUER (United Nations Watch) a exprimé sa préoccupation s'agissant de la situation des droits de l'homme au Darfour et a demandé que des actions soient entreprises d'urgence. Khartoum a déclaré, suite au mandat lancé à l'encontre du président Omar al-Bachir, que, non seulement il ne coopérera pas avec la Cour pénale internationale, mais que plusieurs grandes organisations non gouvernementales qui travaillent dans le Darfour seront priées de quitter le pays, sans tarder. Il a par ailleurs estimé qu'en disant que l'antisémitisme fait l'objet d'un lobbying sans précédant, la Haut-Commissaire confond peut être les victimes et les bourreaux.

M. LUKAS MACHON (Commission internationale de juristes) a déclaré appuyer la stratégie du Haut-Commissariat en matière d'assistance aux gouvernements dans leurs efforts de protection des droits de l'homme. Le Conseil doit prendre des mesures pour remédier à son incapacité d'empêcher les violations des droits de l'homme et d'améliorer la protection des populations civiles en cas d'urgence, comme c'est le cas en ce moment même à Sri Lanka, dans le corridor de Vanni. Le Conseil doit aussi prendre des mesures renforcées en Colombie, où la situation s'est détériorée au détriment des défenseurs des droits de l'homme et des membres de l'appareil judiciaire; au Zimbabwe, où l'aide du Haut-Commissariat permettrait aux autorités de remédier aux violations des droits de l'homme passées et présentes; au Népal, où il faut agir dans le domaine des disparitions forcées; ou encore en République démocratique du Congo, pour aider son Gouvernement à prévenir les violences à l'encontre des populations civiles.

M. JEREMIE SMITH (Cairo Institute for Human Rights Studies) a dit apprécier les activités déployées par le Haut-Commissariat pour combattre la discrimination, promouvoir l'ensemble des droits de l'homme ainsi que l'état de droit et la justice internationale. Il a tout particulièrement salué le soutien que la Haut-Commissaire accorde à la lutte contre l'impunité. D'autre part, il s'est inquiété, à l'instar de Mme Pillay, de la situation des droits de l'homme au Soudan. Il a également rappelé aux États qu'ils sont tenus de respecter les décisions émises par la Cour pénale internationale, y compris le mandat d'arrêt délivré récemment contre le Président soudanais. Il s'est dit très préoccupé par la réaction du gouvernement de ce pays, rapportant notamment que des menaces à la sécurité des travailleurs humanitaires et des civils ont été formulées. Enfin, M. Smith a félicité le Haut-Commissariat pour les efforts qu'il a déployés pour trouver un équilibre entre liberté d'expression et incitation à la haine religieuse. Un équilibre entre les deux doit être recherché au sein du cadre juridique international existant et non pas dans des concepts comme celui de la diffamation des religions qui manque de clarté et qui a souvent été utilisé par des gouvernements pour perpétrer des violations des droits de l'homme.

MME GIYOUN KIM (Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement) s'est réjoui de la création d'un organe sous-régional des droits de l'homme par l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) pour la promotion et la protection des droits de l'homme dans la sous-région. Il a, par ailleurs, fait siennes les préoccupations de la Haut-Commissaire concernant la détérioration des droits de l'homme à Sri Lanka. Le Haut-Commissariat devrait renforcer sa présence sur le terrain pour s'atteler à résoudre les problèmes dans le pays.

MME PILLAY, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a souligné l'importante contribution apportée par les procédures spéciales à l'Examen périodique universel. Ces procédures spéciales sont elles aussi tenues de rendre des comptes, a-t-elle ajouté. La Haut-Commissaire a toujours encouragé les États à lancer des invitations aux titulaires de mandates, a-t-elle rappelé. Un effort a été consenti par le Haut-Commissariat pour renforcer les droits économiques, sociaux et culturels, comme l'ont reconnu plusieurs délégations. Elle a ajouté que le Haut-Commissariat doit pouvoir disposer de davantage de ressources financières.

Mme Pillay a assuré accorder la plus grande attention à la situation dans les territoires palestiniens occupés, comme en témoigne sa déclaration lors de la session extraordinaire sur ce sujet. Le Haut-Commissariat a toujours fait valoir publiquement la nécessité de rendre compte des violations des droits de l'homme et d'en sanctionner les coupables. La Haut-Commissaire a fait des observations écrites au Gouvernement de Sri Lanka et continue d'étudier la manière de venir en aide aux populations civiles. Le Haut-Commissariat a demandé aux autorités l'autorisation d'ouvrir un bureau local dont le mandat serait de suivre la situation des populations civiles. Le Haut-Commissariat attend encore la réponse des autorités sri-lankaises. La Haut-Commissaire a dit avoir pris note des commentaires des représentants d'organisations non gouvernementales en matière d'accès des populations à l'assistance humanitaire.

En République démocratique du Congo, le bureau du Haut-Commissariat sur le terrain applique une stratégie générale de lutte contre la violence à l'encontre des femmes, axée notamment sur la prévention, la justice et les réparations, a souligné la Haut-Commissaire. De nombreux défis demeurent en Somalie, qu'il faudra relever par le biais de mesures spécifiques telles que la création de services sociaux et le renforcement des structures de gouvernance. La présence du Haut-Commissariat en Somalie est assurée par une cellule de quatre personnes; ce bureau a déjà effectué plusieurs missions à l'intérieur du pays. Il fournit une aide technique aux autorités. Une présence régionale est à l'étude.

Le processus de recrutement de la personne en charge du bureau du Haut-Commissariat en Colombie est terminé, le nouveau titulaire ayant pris ses fonctions le 2 mars dernier.

Les stratégies du Haut-Commissariat pour le renforcement des institutions en Afghanistan consistent notamment dans la réalisation d'études qui sont transmises au Conseil de sécurité par le biais du Secrétaire général des Nations Unies. Le Haut-Commissariat entretient des contacts étroits avec les autorités afghanes et l'institution nationale des droits de l'homme. Il conviendra de lancer maintenant une stratégie de justice transitoire, l'un des grands problèmes à ce niveau résidant dans la récolte des preuves dans un vaste pays soumis au conflit depuis trente ans.

Le Haut-Commissariat a enfin pris bonne note des commentaires des organisations non gouvernementales qui se sont exprimées cet après-midi, a assuré Mme Pillay, y compris au sujet des situations nationales précises qui ont été évoquées.


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