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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE SUR L'INTERDICTION DES MINES ANTIPERSONNEL

Compte rendu de séance
La Bulgarie et le Canada font des déclarations sur les difficultés rencontrées par la Conférence pour commencer ses travaux sur les questions de fond

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration de la Suisse qui intervenait à titre d'actuel Président de la Conférence des États Parties à la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel. Le Canada a pour sa part présenté deux documents de réflexion, l'un sur la sécurité spatiale et l'autre intitulé «Pour un retour au travail de fond à la Conférence du désarmement: Matière à penser». La Bulgarie a également abordé la question des difficultés rencontrées par la Conférence pour se remettre au travail sur les questions de fond.

À l'occasion du dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, le Président de la Conférence des États Parties à la Convention, M. Jürg Streuli, a souligné que cet instrument a contribué à libérer le monde des souffrances que causent les mines antipersonnel et que des progrès considérables et quantifiables ont été réalisés dans les domaines de la destruction des stocks, du déminage et de l'assistance aux victimes. Il a attiré l'attention sur le Sommet de Cartagena pour un monde sans mines qui se tiendra du 30 novembre au 4 décembre 2009 en Colombie et a espéré qu'à cette occasion, de nouveaux pays auront signé et ratifié la Convention d'Ottawa.

Le Canada a pour sa part abordé la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique en attirant l'attention sur un document de travail portant sur «Les avantages de certaines propositions de mesures propres à promouvoir la transparence et à renforcer la confiance et de traités portant sur la sécurité spatiale» en exprimant l'espoir que ce document favorisera les discussions sur la façon dont la Conférence devrait résoudre le plus tôt possible les problèmes de sécurité dans l'espace. Le Canada a aussi présenté un texte dont il espère qu'il contribuera à une amélioration de la compréhension et du dialogue entre les membres de la Conférence en vue de sortir la Conférence de l'impasse actuelle.

La question des difficultés rencontrées par la Conférence du désarmement depuis plusieurs années a également été abordée par l'ambassadeur Petko Draganov de Bulgarie dans une déclaration d'adieu à la Conférence. Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Idriss Jazaïry de l'Algérie, a salué à l'ouverture de la séance l'importante contribution de M. Draganov aux travaux de la Conférence et à la cause du désarmement depuis de longues années.


La Conférence du désarmement conclut cette semaine la première partie de sa session de 2009, qui reprendra le 18 mai. La prochaine séance plénière de la Conférence doit se tenir le mardi 19 mai, à 10 heures.

Déclarations

M. JÜRG STREULI (Suisse), intervenant à titre de Président de la Conférence des États Parties à la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, a attiré l'attention sur la célébration, le 1er mars dernier, du dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction par les 156 États parties, ainsi que sur la Journée internationale pour la sensibilisation aux mines et l'assistance à la lutte antimines, le 4 avril prochain. Ces deux événements sont, pour nous, une opportunité de faire le point et de voir où en est la réalisation de notre promesse d'un monde sans mines, a dit M. Streuli, qui a fait valoir qu'au cours des dix années écoulées, la Convention a contribué à libérer le monde des souffrances que causent les mines antipersonnel; des progrès considérables et quantifiables ont été réalisés dans les domaines de la destruction des stocks, du déminage et de l'assistance aux victimes. Les États Parties ont détruit plus de 41 millions de mines antipersonnel, de vastes zones ont été déminées et rendues aux populations et le nombre annuel des victimes est tombé de 20 000 en 1997 à 6 000 en 2007. Il a aussi souligné qu'il est reconnu, aujourd'hui, que l'assistance aux victimes ne se réduit pas à une aide d'urgence mais doit être un processus inclusif refusant la discrimination des victimes et comprenant leur réinsertion socio-économique. Mais il reste encore beaucoup à faire; l'un des défis actuels est le déminage, car un certain nombre d'États n'ont pas achevé de déminer l'ensemble de leur territoire dans les 10 ans qui leur étaient impartis aux termes de la Convention. La destruction des stocks est un autre des défis qu'il nous faut relever, tout comme celui de l'universalisation.

Le Président de la Conférence des États Parties à la Convention d'Ottawa a souligné que l'adoption de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel marque un tournant dans l'attitude de la communauté internationale face à la sécurité humaine et au contrôle des armes. Les gouvernements ont œuvré main dans la main avec la société civile, loin des enceintes internationales, et ils sont finalement convenus d'interdire toute une catégorie d'armes. Le traité sur l'interdiction des mines antipersonnel a effectivement fait la preuve que son autorité morale dépasse le cadre de la Convention; en effet, de nombreux États, qui préfèrent encore ne pas adhérer à la Convention, partagent la conviction humanitaire que personne ne devrait vivre sous la menace e de ces armes inhumaines et non discriminantes que sont les mines antipersonnel. M. Streuli a enfin attiré l'attention sur le Sommet de Cartagena pour un monde sans mines qui se tiendra du 30 novembre au 4 décembre 2009 en Colombie. En conclusion, il a appelé de ses vœux un consensus à l'Assemblée générale des Nations Unies pour l'adoption de la résolution relative à l'application de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, démontrant que les gouvernements acceptent les principes moraux et les objectifs humanitaires de la Convention. Il a aussi souhaité que les États non membres participent au Sommet de Cartagena en tant qu'observateurs et que de nouveaux pays signent et ratifient la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

M. PETKO DRAGANOV (Bulgarie), dans une déclaration d'adieu à la Conférence, a fait valoir que son pays a toujours été une voix constructive à la Conférence en apportant son appui à toutes les grandes initiatives visant à surmonter les difficultés rencontrées par la Conférence du désarmement et à le remettre sur la voie d'un travail de fond. Il a convenu qu'il n'était pas parvenu à réaliser autant qu'il aurait souhaité. Néanmoins, les trois dernières années ont été une source d'encouragement et ont donné des signes d'espoir pour un avenir meilleur. Il demeure que les faits parlent d'eux-mêmes: les dépenses militaires dans le monde ne cessent d'augmenter à un taux supérieur à la croissance économique mondiale, s'établissant aujourd'hui autour de 1,3 milliard de dollars par an. Si 10% de ce montant était consacré aux objectifs du Millénaire, leur réalisation pourrait être entièrement financée.

M. Draganov a souligné que les problèmes fondamentaux auxquels la Conférence du désarmement est confrontée ne peuvent pas être résolus au sein de la Conférence, car ils sont de nature politique et relèvent de l'interaction complexe entre les conceptions et perceptions de la sécurité nationale et mondiale de chaque État. Malgré la créativité des membres de la Conférence pour parvenir à l'élaboration d'un programme de travail parfaitement équilibré, en dernière analyse, ce ne sont pas eux qui décident. M. Draganov a exprimé l'espoir que la crise économique à laquelle est confrontée aujourd'hui la communauté internationale sera l'occasion de redevenir lucides et d'éviter des conséquences similaires à celles qui ont suivi la dernière grande dépression. Le représentant bulgare s'est dit convaincu que la Conférence du désarmement sera en mesure de reprendre une activité utile.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a pour sa part abordé la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique en attirant l'attention sur un document de travail portant sur «Les avantages de certaines propositions de mesures propres à promouvoir la transparence et à renforcer la confiance et de traités portant sur la sécurité spatiale». Ce document met en évidence le fait que des mesures vigoureuses propres à promouvoir la transparence et à renforcer la confiance peuvent servir d'instruments à part entière, de même que des éléments qui mèneront éventuellement à la négociation d'un traité. Il suggère que la Conférence devrait envisager d'adopter une déclaration de principes juridiques, un code de conduite ou un traité qui interdirait le déploiement d'armes dans l'espace, l'essai ou l'utilisation d'armes contre les satellites en vue de les endommager ou de les détruire et l'essai ou l'utilisation de satellites comme armes. La conclusion d'une entente sur des garanties de sécurité vigoureuses permettrait de poser les jalons pour la mise en place de dispositifs de protection juridique pour l'avenir. Le Canada exprime l'espoir que ce document favorisera les discussions sur la façon dont la Conférence devrait résoudre le plus tôt possible les problèmes de sécurité dans l'espace extra-atmosphérique.

S'agissant de la question de l'impasse dans laquelle se trouvent les travaux de la Conférence du désarmement, le représentant canadien a présenté un autre document, intitulé «Pour un retour au travail de fond à la Conférence du désarmement: Matière à penser», dans l'espoir que ce texte offrira aux délégations l'occasion de réfléchir sur la question durant la pause printanière et qu'il contribuera à une amélioration de la compréhension et du dialogue parmi les membres de la Conférence et l'aidera à trouver la voie menant vers une sortie progressive et positive de l'impasse actuelle et un retour au travail de fond.



Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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