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CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: FIN DU DÉBAT SUR CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a conclu cet après-midi son débat sur l'impact de la crise économique et financière mondiale sur les droits de l'homme, en entendant des déclarations de nombreux États observateurs ainsi que de représentants d'institutions intergouvernementales et d'organisations non gouvernementales.

Dans leurs interventions, les représentants d'États ont insisté sur l'importance de ne pas diminuer l'aide publique au développement, relevant que l'ampleur de la crise financière ne saurait détourner l'attention des engagements pris envers les plus démunis. Plusieurs représentants ont déclaré que dans le contexte de crise financière et économique actuelle, la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels est compromise partout, mais en particulier sur le continent africain qui va devoir faire face à un important recul de sa croissance. Pour certains, la crise économique et financière appelle à revoir le partenariat entre pays en voie de développement et pays développés. La communauté internationale devrait en outre mettre en place des outils de réglementation des services financiers et des mesures visant à empêcher les déséquilibres existants. Il a été suggéré que les institutions de Bretton Woods ne participent pas au sauvetage de sociétés multinationales et financières sans consentir d'efforts en faveur des plus pauvres.

Le Conseil a entendu l'experte indépendante sur la question des droits de l'homme et de l'extrême pauvreté, Mme Magdalena Sepúlveda Carmona, qui a estimé que la crise est en train d'inverser les rares progrès enregistrés dans certaines régions sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire. La crise donne au Conseil des droits de l'homme une occasion sans pareille de mettre en œuvre concrètement les principes qu'elle défend, a-t-elle estimé, insistant sur la nécessité de passer de la parole à l'action.

M. Alexander-Linos Sicilianos, rapporteur du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, a pour sa part observé que la discrimination engendre la pauvreté, tandis que la pauvreté et l'exclusion sociale renforcent les attitudes discriminatoires. En situation de crise, cette situation se détériore et les États doivent affronter la crise de manière inclusive, en aidant les plus vulnérables.

Le Conseil a également entendu des représentants de l'Organisation internationale des migrations et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. L'OIM a constaté que lors des récentes crises financières, en Asie et en Argentine, la présence des travailleurs migrants, loin d'aggraver la crise, a au contraire contribué au redressement économique des pays dans lesquels ils ont choisi de rester; il importe donc de sensibiliser les pays hôtes à l'importance économique et sociale des migrants: «les migrants ne sont pas le problème, mais font partie de la solution». Pour la CNUCED, les États doivent mettre en place des politiques concertées pour faire face à la crise, notamment des mesures d'encouragement au commerce et le renforcement de l'aide publique au développement.

Les représentants d'organisations non gouvernementales ont déploré que les moyens utilisés pour sortir de la crise se limitent à socialiser les pertes en vue de sauver, sans réelle contrepartie, le système financier à l'origine du cataclysme actuel. Des représentants ont demandé que le système des Nations Unies soit au cœur de la réforme du système financier, le G20 n'étant pas, à leurs yeux, un forum légitime pour apporter des réponses adéquates à cette crise systémique.

Les représentants des États suivants ont fait des déclarations: Israël, Maroc, Algérie, Yémen, Émirats arabes unis, Venezuela, Panama, Singapour, Côte d'Ivoire, Botswana, Colombie, Koweït, Honduras, Tunisie, Turquie, Iran, Saint-Siège, Norvège, Islande, Soudan, Palestine, Guatemala, Équateur, Bhoutan, Bélarus, Kazakhstan et Népal. Un représentant de l'Union africaine est également intervenu, ainsi que des organisations non gouvernementales suivantes: Dominicains pour justice et paix (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1); Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (au nom également du Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies); Nord-Sud XXI; Centre Europe Tiers-Monde (CETIM); Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH); Mouvement indien «Tupaj Amaru»; Assemblée permanente pour les droits de l'homme; Commission arabe des droits de l'homme; et Consejo Indio de Sudamérica.


Le Conseil des droits de l'homme se réunira lundi 23 février à 10 heures pour se prononcer sur le projet de résolution dont il est saisi dans le cadre de cette session extraordinaire.


Fin du débat

Présentations d'experts

MME MAGDALENA SEPÚLVEDA CARMONA, experte indépendante sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, a estimé que cette session constituait l'occasion formelle de reconnaître les problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les femmes, les hommes et les enfants vivant dans l'extrême pauvreté. La crise est en train de renverser les rares progrès enregistrés dans certaines régions dans la réalisation des objectifs du Millénaire, a-t-elle déclaré. Évoquant les conséquences de la crise sur la jouissance des droits de l'homme, elle a fait mention du chômage croissant, qui met en danger la possibilité de vivre dans des conditions dignes. Le désespoir dû à la crise pourrait bien conduire à des troubles sociaux, a-t-elle fait valoir.

Tous les pays devront respecter et protéger tous les droits de l'homme, en dépit de la crise, a encore insisté l'experte indépendante, soulignant les difficultés particulières auxquelles devront faire face les pays en voie de développement. Dans ce contexte, il ne faut pas que les pays les plus développés remettent en question l'objectif visant à affecter 0,7% de leur PIB à l'aide au développement. La crise donne au Conseil des droits de l'homme une occasion sans pareille de mettre en œuvre concrètement les principes qu'elle défend, a finalement déclaré Mme Sepúlveda Carmona, insistant sur la nécessité de passer de la parole à l'action.

M. LINOS-ALEXANDRE SICLIANOS (Comité pour l'élimination de la discrimination raciale) a remercié le Conseil pour son invitation qui témoigne de sa volonté d'entendre les organes des traités et de coopérer avec eux. Il a déclaré que le thème abordé est non seulement d'une actualité brûlante mais aussi très complexe. Le projet de résolution présenté vient à point nommé pour alerter la Communauté internationale sur cette question qui nous concerne tous. Il réfère explicitement à la xénophobie et le racisme qui est la raison pour laquelle il a attiré l'attention sur la corrélation, voire du cercle vicieux, qu'il existe entre racisme et pauvreté. La discrimination engendre la pauvreté, tandis que la pauvreté et l'exclusion sociale renforcent les attitudes discriminatoires. Les groupes qui tombent sous le coup d'application de la Convention pour l'élimination de la discrimination raciale figurent parmi les plus défavorisés; Roms, minorités raciales, peuples autochtones, non-ressortissants et réfugiés.

La pauvreté engendre l'accentuation des attitudes discriminatoires, le chômage entraîne la petite délinquance, créant des préjugés qui conduisent au profilage racial et peuvent entraîner des arrestations arbitraires, a poursuivi M. Sicilianos. Ce cercle vicieux affecte grandement la jouissance les droits civils et politiques, ce qui se voit notamment dans la surreprésentation des groupes défavorisés dans les prisons. Il affecte aussi des droits économiques et sociaux, comme l'accès aux prestations sociales. En situation de crise, cette situation de détériore. Pour rompre ce cercle vicieux il faut, comme le demande le projet de résolution examiné par le Conseil, que les États affrontent la crise de manière inclusive, en assistant les plus vulnérables. M. Sicilianos a indiqué que le thème de l'impact de la crise est déjà abordé avec les États qui présentent leurs rapports périodiques au Comité pour l'élimination de la discrimination raciale. Le message du Conseil est donc déjà présent dans l'esprit du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale.

MME MICHELE KLEIN-SALOMON (Organisation internationale des migrations), a indiqué que la crise aura des effets sur les travailleurs migrants, aussi bien du fait des licenciements que par la diminution du montant des transferts financiers des travailleurs migrants vers leurs pays d'origine. Cet impact sera plus ou moins grave suivant les régions, les facteurs importants à cet égard étant la durée et l'intensité de la crise, la situation du marché du travail, les caractéristiques personnelles des migrants et leur pays d'origine. On a constaté l'adoption, lors des précédentes crises financières, de mesures correctives telles que ciblage de migrants en situation illégale, restrictions au recrutement de migrants, renforcement des contrôles aux frontières et promotion de l'immigration de travailleurs hautement qualifiés. Ces mesures ont eu des conséquences inattendues, en particulier le fait que nombre de migrants illégaux ne sont pas rentrés dans leur pays d'origine et qu'ils ont au contraire contribué au redressement économique des pays dans lesquels ils ont choisi de rester. Or, les migrants sont souvent accusés de voler le travail des populations locales, comme on le constate actuellement au Royaume-Uni et en Russie. Il importe donc de sensibiliser les pays hôtes à l'importance économique et sociale des migrants et de protéger les droits sociaux et économiques de ces personnes.

La crise économique actuelle ne modifie cependant en rien les tendances profondes s'agissant de la structure démographique du marché du travail, a observé Mme Klein-Salomon, évoquant le vieillissement des populations des pays industrialisés et la pénurie de compétences. La demande structurelle en migrants ne s'éteindra donc pas. Les migrants licenciés ne souhaitant pas rentrer dans leurs pays d'origine devront bénéficier d'une aide ciblée, afin que leur retour ne bouleverse pas les conditions locales. Enfin, les États ne doivent pas perdre du vue que l'émigration et le développement sont deux notions intimement liées et que «les migrants ne sont pas le problème, mais font partie de la solution».

M. ALFREDO CALCAGNO (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), a noté que si toute la mesure de la crise n'est pas encore connue, on sait d'ores et déjà qu'il s'agit de la plus importante crise économique que le monde ait connu. L'origine de la crise se trouve dans les pays développés, a-t-il fait remarquer, et s'est propagée dans l'ensemble du monde avec pour conséquence, notamment, une détérioration importante du secteur de l'emploi. Elle a une incidence directe sur l'éducation, la santé et le logement, a-t-il souligné. Il est important que les États mettent en place des politiques concertées pour faire face à la crise, a dit le représentant de la CNUCED, recommandant notamment la mise en œuvre de mesures d'encouragement au commerce et le renforcement de l'aide publique au développement. Il est aussi important de créer des postes de travail, de faciliter l'accès au crédit et de recourir à l'agriculture biologique, a-t-il ajouté. La gravité de la crise peut être limitée grâce à de bonnes politiques publiques qui doivent avoir un effet sur la distribution des ressources et du patrimoine, a-t-il encore affirmé. Il s'est finalement dit convaincu que les décisions prises aujourd'hui, dans le feu de la crise, auront des répercussions à long terme sur la jouissance des droits de l'homme dans le monde.

Pays observateurs

MME AMANDA M. GRUNDINSKAS (Israël) a déclaré que son pays comprend très bien les inquiétudes devant l'aggravation de la crise économique et financière et ses conséquences sur le respect des droits de l'homme. Israël appelle les États à œuvrer pour le respect des droits économiques, sociaux et culturels des populations et à collaborer avec la société civile pour faire appliquer les droits fondamentaux au logement et à l'eau. Israël a pris position face à la crise en adoptant des mesures locales pour le renforcement des communautés agricoles en particulier. La représentante a appelé les États à renforcer leur coopération pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

M. OMAR HILLALE (Maroc) a déclaré que dans le contexte de la situation alarmante actuelle, qui renvoie à des interrogations légitimes, il est d'autant plus regrettable de constater que la faillite d'une banque émeut plus que la tragédie des 10 000 enfants de moins de 10 ans qui meurent chaque jour de malnutrition et que la plan de sauvetage de 123 milliards de dollars représente deux fois le montant nécessaire pour atteindre les objectifs de la Déclaration du millénaire. Les conséquences désastreuses de la crise sur les droits fondamentaux rendent plus inaccessibles les droits essentiels énoncés par les Pactes internationaux. Les incidences sont visibles désormais dans des sociétés déjà lourdement éprouvées par la crise alimentaire. Le droit au développement se trouve compromis à fur et à mesure que les fonds se raréfient. La recrudescence d'attaques contre des travailleurs migrants et leurs familles et la compression des effectifs constituent un autre motif de préoccupation. Pour les pays ayant une communauté à l'étranger. L'implication des pays en développement dans la recherche d'une solution à la crise est d'autant plus importante qu'ils en sont les victimes sans être responsables de son déclenchement. Une approche holistique des politiques économiques financières et du droit au développement est nécessaire et les pays en développement devraient être une partie prenante dans l'établissement des bases d'un nouvel ordre économique, basé sur le développement durable, la moralisation et régulation des marchés financiers et la prise en compte de la jouissance des droits de l'homme. Le Maroc a réitéré sa résolution de poursuivre sa stratégie de protection des droits de l'homme et de son engagement dans la coopération sud-sud, visant surtout la mise en œuvre de projets socio-économiques, qui aideront les plus pauvres à surmonter la crise.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a fustigé les comportements antinomiques avec les principes des droits de l'homme - dans des pays qui s'en réclament les champions - qui sont la cause de la crise actuelle. Il a rappelé que le Conseil est réuni aujourd'hui pour se pencher sur la vie des personnes vulnérables à travers le monde. Le Conseil des droits de l'homme doit aujourd'hui protéger ces personnes à risque, a-t-il dit. Les effets de la crise se manifestent par une exacerbation de la pauvreté et la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels devient un objectif de plus en plus difficilement réalisable dans certains pays, a souligné M. Jazaïry. Les droits de l'homme violés par la crise ne sont pas l'apanage du G20 mais du G192, a-t-il affirmé. Notant que la crise appelle à renforcement de la solidarité nationale, régionale et internationale, l'Algérie a appelé les pays industrialisés à respecter leurs engagements dans le domaine de l'aide au développement. L'ambassadeur a aussi invité les pays d'immigration à respecter les droits civils des migrants. Une action rapide et coordonnée est impérative est indispensable pour que la crise ne dégénère pas en crise sociale et politique et ne menace pas, de ce fait, la paix mondiale, a-t-il conclu.

M. IBRAHIM SAIED MOHAMED AL-ADOOFI (Yémen) a déclaré que l'impact de la crise financière occulte d'autres événements internationaux et a observé que nombre de pays pauvres sont impuissants devant ses effets, notamment la perte de revenus. Le Conseil des droits de l'homme doit alerter le monde des conséquences catastrophiques de cette crise sur les pays les moins avancés, affectant les droits économiques, sociaux et culturels des populations et occasionnant une détérioration des conditions de vie. Une collaboration internationale est indispensable pour contrecarrer ces effets, de même qu'un effort renouvelé pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Les pays pauvres sont victimes d'une crise qu'ils n'ont pas causée et doivent donc être aidés à faire face à ses conséquences.

M. OBAID SALEM SAEED AL ZAABI (Émirats arabes unis) a déclaré que si tous les pays sont touchés par la crise financière, les pays pauvres souffrent plus que les autres et que tous doivent collaborer pour en sortir. Les Émirats contribuent à toutes les initiatives pour rétablir la stabilité financière. Le partenariat est nécessaire et il faut tenir compte des aspects humanitaires et sociaux sans lesquelles aucune stabilité véritable ne pourra être instaurée.

M. GERMÁN MUNDARAÍN HERNÁNDEZ (Venezuela) a estimé que tous ceux qui ont voulu implanter le néo-libéralisme et stimuler la spéculation sont responsables de la crise, et parmi eux, en particulier, les organisation de contrôle bancaire, les auditeurs et les organisations internationales de régulation financière. Tous ceux-là doivent répondre de leurs crimes, a-t-il estimé, en fustigeant l'impunité dont bénéficient les responsables. Le représentant du Venezuela a invité, à cet égard, la communauté internationale à mettre en place des outils de réglementation des services financiers et des mesures visant à empêcher les déséquilibres existants.

MME UNA ALFU DE REYES (Panama) a déclaré que l'ampleur de la crise financière ne saurait détourner l'attention des engagements pris envers les plus démunis. L'aggravation de la situation économique rend plus urgente encore l'action contre le chômage et le dérèglement climatique. Le Panama est convaincu que la lutte contre la crise passe par une action renforcée et soutenue dans le développement humain et économique. Le Panama a adopté un programme de stabilisation de son économie et de son secteur de l'emploi, visant à accorder des chances égales à toutes et à tous. Il faut chercher, sous l'égide des Nations Unies, des solutions mondiales à la crise et œuvrer sans relâche à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

M. TAN YORK CHOR (Singapour) a souligné que son pays n'a ni agriculture, ni ressource naturelle autre que sa population. Le pays est par conséquent très dépendant de l'économie mondiale et les projections officielles prévoient une baisse de PNB de l'ordre de 10% en 2009. Depuis longtemps, Singapour a appris de mettre des réserves de côté pour contrer les mauvaises années, une telle année est arrivée ce qui oblige les autorités publiques de puiser dans ses réservés: Son budget comportera des plan pour soutenir les entreprises et les prêts bancaires, l'éducation et le système de santé de même que des mesures sociales couvrant les denrées de base des familles nécessiteuses et pour soutenir le formation professionnelle. Bien que le pays traverse la pire récession qu'il ait connue depuis son indépendance, Singapour continuera à honorer ses engagements internationaux, y compris la coopération technique avec les autres pays en développement.

M. BAKARY JUNIOR BAMBA (Côte d'Ivoire) a déclaré que dans le contexte actuel de crise financière et économique, la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels est compromise partout, mais en particulier sur le continent africain qui va devoir faire face à un important recul de sa croissance. Évoquant le risque d'une explosion sociale, la Côte d'Ivoire en a appelé à la solidarité internationale et a proposé la constitution, au sein du Conseil des droits de l'homme, d'une commission ad hoc chargée de suivre l'évolution de la situation et de faire des propositions.

M. O. RHEE HETANANG (Botswana) a estimé que la crise financière et économique appelle des mesures universelles pour réexaminer le partenariat entre pays en voie de développement et pays développés. Le Botswana est très préoccupé par le risque de réduction à néant des efforts accomplis jusqu'ici en faveur du développement, notamment dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement. La solution de la crise dépend en partie de la création d'un système commercial multilatéral, ouvert et non discriminatoire. On ne saurait d'autre part nier l'importance de la dimension des droits de l'homme et de la coopération et de l'action collective au plan international.

M. ANGELINO GARZÓN (Colombie) a souligné que son pays subit de plein fouet les conséquences de la crise économique et financière et fait sienne les intentions de refondre le système économique mondial afin qu'il soit juste et équilibré tel qu'exprimé par le groupe de Rio en novembre 2008. La démocratie n'a de sens que si la primauté est donnée aux êtres humains et surtout aux enfants. Les réflexions en cours au sein des organisations qui regroupent la communauté internationale sont de la plus haute importances et permettront de mettre en place un système économique plus juste et responsable.

M. YAKDHAN EL HABI (Union africaine) a fait état de diverses initiatives prises au niveau des pays africains pour atténuer les effets contagieux de la crise. Il a appelé les institutions financières internationales à jouer un rôle anticyclique, contrairement à ce qu'elles font d'habitude. L'Union africaine a aussi invité les institutions de contrôle financier à adopter une approche plus inclusive. Il a, enfin, recommandé que dans le présent contexte, l'aide au développement ne soit pas réduit et réaffirmé la nécessité de clore le Cycle de développement de Doha.

M. SADIQ M.S. MARAFI (Koweït) a souligné que la crise actuelle est sans précédent par son échelle et par les dommages qu'elle cause, notamment l'accroissement brutal du chômage et du nombre des personnes vivant dans la pauvreté. La crise a frappé les partenaires économiques du Koweït, ce qui n'empêche pas ce pays de prendre des mesures de relance économique résolues dans le cadre d'une initiative panarabe. Le moment est venu pour la communauté internationale d'agir de concert, dans un esprit de solidarité, sous peine de subir les conséquences de troubles sociaux dramatiques.
M. J. DELMER URBIZO (Honduras) a déclaré que le temps est venu pour les pays en développement de se montrer plus agressifs à l'égard du monde riche qui a engouffré des milliards de dollars en pure perte et qui a déclenché la crise. Les pays en développement doivent se mettre d'accord pour éviter que les institutions de Bretton Woods participent au sauvetage de multinationales et institutions financières. Il est inadmissible que tous les efforts déployés soient faits pour les sauver tandis que peu ou rien n'est fait pour sauver les pauvres. Lorsque le Titanic a sombré, la majorité des gens resacpés étaient des passagers de première classe. Les pays pauvres doivent faire attention de ne pas se trouver dans la situation du personnage de Leonardo di Caprio qui se sacrifie et meurt noyé.

M. ALI CHÉRIF (Tunisie) indiqué que les pays en voie de développement sont particulièrement touchés par la crise économique qui frappe la communauté internationale. Dans ce climat de morosité économique et financière, la pleine jouissance des droits de l'homme pourrait se trouver entravée par une sombre conjoncture internationale, a-t-il regretté. Dans ce contexte, la montée des intolérances, du racisme, de la discrimination et de l'exclusion se font de plus en plus visibles. Cette crise de nantis ne devrait pas affecter les efforts des pays en développement pour améliorer les conditions de vie de leurs populations, a-t-il souligné, recommandant à la communauté internationale de maintenir le cap en vue de réaliser les objectifs du Millénaire et invitant les pays donateurs à poursuivre leur objectif d'affecter 0,7% de leur PIB à l'aide au développement.

MME ASLIGÜL ÜĞDÜL (Turquie) a estimé que la communauté internationale doit dans un premier temps traiter les causes macroéconomiques de la crise et aborder les aspects sociaux et droits de l'homme dans le cadre d'une réflexion sur les moyen et long termes. La crise est d'ampleur mondiale. Les mesures unilatérales et protectionnistes, séduisantes au niveau national, semblent insuffisantes, voire nuisibles au plan international. En outre, la diminution de l'aide au développement risque de causer des difficultés à long terme pour le monde entier. Tout retard apporté à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement ne pourrait que nuire aux intérêts de la communauté internationale dans son ensemble. Le Conseil des droits de l'homme doit, au cours de cette session, convaincre de sa ferme détermination à prendre en compte les droits de l'homme dans ce contexte de crise. Les mécanismes existants peuvent jouer un rôle important à cet égard.

M. ALIREZA MOAIYERI (Iran) a exprimé son inquiétude devant les impacts possibles de la crise sur les droits économiques, sociaux et culturels et pour le droit au développement, tels que pauvreté, marginalisation, illettrisme et malnutrition. Sans nier l'importance de pallier les impacts de la crise, il ne faudrait pas ignorer ses causes profondes et les obligations et responsabilités des pays développés, la crise financière résultant d'un manque de régulation et de supervision de la part des grands pays développés. Les profits sont privés et les pertes sont publiques. Tant qu'aucun système financier viable n'est en place, les objectifs de la Déclaration du millénaire resteront un vœu pieux. Le système financier international devrait être conçu de manière à fournir un environnement propice à l'instauration véritable des droits de l'homme.

M. SILVANO M. TOMASI (Saint-Siège) a appelé la communauté internationale à s'interroger sur les causes de la crise qui touche le monde entier et à en tirer des leçons. Suggérant qu'une partie des problèmes pouvait trouver son origine dans une distribution inégale des ressources, il a souligné la nécessité d'intégrer une approche morale à la recherche de solutions. Il a encore fait valoir que les périodes de difficultés coïncident généralement avec une augmentation du pouvoir de gouvernements peu attachés à la démocratie et noté que ceci constitue un autre défi pour le Conseil des droits de l'homme. Le représentant du Saint-Siège a enfin fustigé un fonctionnement social fondé sur la cupidité et la recherche de profits.

M. VEBJØRN HEINES (Norvège) a déclaré que la crise frappera avant tout les plus faibles et qu'elle compromet la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Le droit à la santé, notamment, doit être défendu afin de garantir un développement sain. Ce thème sera développé lors de la conférence sur les conséquences de la crise qui sera organisée par l'Assemblée générale en juin prochain. Le contexte de crise rend également indispensable de prendre en compte de manière plus sérieuse la question de la parité entre les sexes. Enfin, il importe d'assurer une participation très large des pays en voie de développement dans la prise de décision au niveau international. La Norvège a porté son aide directe au développement à 1% de son PIB cette année, a précisé le représentant.

M. VETURLIDI THÓR STEFÁNSSON (Islande) a déclaré que si l'étendue de la crise actuelle n'est pas encore connue, il est prévu qu'elle frappera particulièrement les femmes et les enfants des pays développés comme en développement. Il est par conséquent important de tenir compte des aspects sexospécifiques dans toutes mesures prises. C'est en temps de crise que les sociétés font leurs preuves. Le degré de promotion et de protection des droits de l'homme sera un indicateur important de la capacité de nos sociétés à faire face à la crise, de même que le respect de l'état de droit et de la démocratie. L'Islande était parmi les premiers pays à être touchés par la crise financière qui a mené à un effondrement du système bancaire national et a amené le pays à demander l'appui du Fond monétaire international. Le pays a la chance d'avoir des infrastructures solides, des institutions démocratiques, y compris la liberté d'expression et d'organisation. Dans une telle situation, il est en outre important de disposer d'un système de protection sociale afin de protéger les plus vulnérables. Une bonne réglementation du commerce international est indispensable pour parvenir à la prospérité et il est important d'éviter tout protectionnisme. L'Islande est convaincue qu'il est nécessaire de disposer de systèmes financiers et commerciaux fiables et transparents pour parvenir à un développement durable pour tous. Cependant, ces débats doivent avoir lieu dans les enceintes mandatées pour le mener. Le Conseil doit se concentrer sur les thèmes de droits de l'homme, qui doivent constituer une partie intégrante des solutions à court et long terme à la crise.

M. JOHN UKEC LUETH UKEC (Soudan) a estimé que la convocation de cette session extraordinaire s'intéresse de manière équilibrée et objective aux problèmes qui affectent la jouissance des droits de l'homme. Il a déclaré que des erreurs fatales commises dans les pays industrialisés ont aggravé l'état de marginalisation et d'inégalité de l'ordre économique mondial. Le représentant du Soudan a affirmé encore qu'il était décourageant de noter qu'il y a une évidente mauvaise volonté à donner priorité à la réalisation des objectifs du Millénaire. Il a, finalement, fait état de la réalisation par le Gouvernement soudanais, du barrage de Merawy qui permettra d'améliorer drastiquement la production alimentaire dans la région.

M. IMAD ZUHAIRI (Palestine) a déclaré que la crise financière et son cortège de faillites va bouleverser la vie économique mondiale, nécessitant l'adoption de mesures collectives déterminées de concert entre pays en voie de développement et pays industrialisés. La crise a des répercussions d'ores et déjà inquiétantes sur le droit à l'alimentation, au logement et au travail a observé le représentant palestinien, relevant en particulier l'impact pour la Palestine de la diminution du volume des transferts de fonds en provenance des migrants et des financements internationaux d'aide au développement.

MME ANGELA MARÍA CHÁVEZ BIETTI (Guatemala) a déclaré que la responsabilité pour trouver une solution à la crise ne repose pas sur les épaules d'un seul acteur mais est partagée par de nombreux acteurs de la société civile comme institutionnels ou individuels. Il s'agit également d'une occasion de renforcer les liens entre les différentes entités et différents groupes. Pour parvenir à cet objectif, les États doivent tenir présent à l'esprit leurs obligations à promouvoir et protéger les droits de l'homme. Le Guatemala est quant à lui convaincu de sortir renforcé de cette épreuve.

M. JUAN HOLGUÍN (Équateur) a souligné que la dimension humaine ne saurait être absente dans la résolution des problèmes économiques et financiers. Il s'est dit inquiet de voir qu'en raison de cette crise, des mesures perverses sont prises par certains pays, notamment à l'encontre des travailleurs migrants. Le Gouvernement de l'Équateur a décidé de donner une priorité budgétaire aux programmes sociaux, a-t-il déclaré, ajoutant que la conjoncture internationale et la lourde dette extérieure empêchent malheureusement le pays de réaliser ses objectifs.

MME DOMA TSHERING (Bhoutan) a déclaré que son pays est préoccupé par le risque que la crise fait courir sur les acquis collectifs en matière de développement et pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Ce sont les secteurs les plus vulnérables des sociétés qui sont frappés par cette crise, et le Bhoutan n'a pas échappé à ses répercussions: son service de la dette, sa balance de paiements sont affectés, avec des conséquences pour ses efforts de développement du «bonheur national brut». D'une manière générale, la capacité d'action des pays les moins avancés. Cependant, on peut se féliciter de l'engagement pris par certains États de mettre l'accent sur la notion de progrès social et de prendre en compte des modèles alternatifs de développement durable.

M. EVGENY LAZAREV (Bélarus) a déclaré que cette crise systémique constitue un grave défi. Il est réconfortant de constater que les organisations internationales prennent la crise au sérieux et se montrent très réactifs. Il est remarquable qu'il existe un lien direct entre le niveau de protection social et de capacité des États à faire face pour pallier les effets de la crise. Il faudra construire un mécanisme juridique qui garantisse le droit au développement. Et il faudra accorder davantage d'attention aux efforts fournis par les États pour protéger les droits économiques et sociaux.

M. ABZAL SAPARBEKULY (Kazakhstan) a exprimé le souhait de partager avec les membres du Conseil l'expérience de son pays. Il a indiqué que le Kazakhstan a créé un fonds de réserve spécial pour faire à des crises éventuelles. À l'heure actuelle, a-t-il dit, ce fonds fonctionne pleinement et permet d'apporter une aide à des programmes sociaux et économiques. Le Kazakhstan a aussi agi pour faire baisser les intérêts des crédits à la consommation. Il a souligné que la crise risque d'aggraver les crises interethniques et religieuses, ce qui appelle à une action rapide et concrète de la part des gouvernements. Il a encore appelé l'attention du Conseil sur le rôle des médias qui, a-t-il estimé, doivent enseigner aux populations à faire face à la crise. Dans ce contexte de crise, a-t-il conclu, il est plus important que jamais d'assurer un équilibre entre toutes les catégories de citoyens.

M. DINESH BHATTARAI (Népal) a déploré que la crise financière menace le droit à l'éducation, au travail, à la santé et au logement. La crise aggrave la vulnérabilité et la marginalisation des plus pauvres, affaiblissant le tissu social et menaçant la stabilité politique et sociale des pays. La communauté internationale doit concentrer son attention en faveur des personnes les plus touchées par cette crise afin d'éviter le risque de plonger les États dans l'instabilité. Les pays riches doivent notamment donner suite à leurs promesses d'annulation de dettes. La crise ne doit pas servir de prétexte à une dilution de l'aide internationale au développement ni à un retour au protectionnisme, a aussi plaidé le représentant.

Organisations non gouvernementales

M. OLIVIER POQUILLON (Dominicains pour justice et paix, au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1) a déclaré que si la crise est d'ampleur planétaire, ses effets touchent d'abord des individus, des personnes humaines, et se traduit par la perte du logement, d'un emploi et un accès plus difficile aux soins de santé et à l'alimentation. La paupérisation est un terrain idéal pour les pratiques d'exclusion, et les réductions budgétaires peuvent conduire les États à se désengager des programmes d'éducation, d'aide sociale ou d'aide au développement. Le caractère mondial de la crise appelle une réponse concertée afin de protéger les plus pauvres et de lutter contre les phénomènes d'intolérance. Il a conclu a citant la Déclaration finale du Sommet social de Copenhague qui stipule que «la personne humaine sera placée au centre du développement et les économies orientées de façon à mieux satisfaire les besoins des populations».

M. BIRO DIAWARA (Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme, au nom également du Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies) a rappelé que la convocation de cette session extraordinaire du Conseil coïncide avec la célébration de la journée de la Justice sociale. Il est essentiel de promouvoir un développement économique à visage humain, a-t-il dit, pour corriger les effets pervers de la mondialisation. Le représentant a estimé que la crise actuelle est notamment une conséquence de la surconsommation, de la pollution et des inégalités sociales. Il a appelé le Conseil à la mise en œuvre d'urgence de politiques économiques et sociales pour protéger les plus vulnérables.

MME LILY AUROVILLIAN (Nord-Sud XXI) a constaté que tandis que des milliards sont consacrés au sauvetage de banques, rien n'est fait en direction des populations les plus vulnérables. Les pays et les individus qui se sont octroyés la part du lion en période d'abondance doivent désormais être confrontés. Seules des réformes profondes pourront assurer le respect des droits fondamentaux de tous les êtres humains.

M. MALIK ÖZDEN (Centre Europe Tiers-Monde - CETIM) a déploré que les moyens utilisés pour sortir de la crise se limitent à socialiser les pertes en vue de sauver, sans réelle contrepartie, le système financier à l'origine du cataclysme actuel. Où sont les moyens pour les populations victimes de la crise, a demandé le représentant, estimant que le monde n'a pas seulement besoin de réglementation, mais d'un nouveau paradigme qui ramène la sphère financière au service d'un nouveau système démocratique fondé sur la satisfaction de tous les droits humains; le travail décent, la souveraineté alimentaire et une nouvelle conception de la richesse. C'est pourquoi le CETIM demande, notamment, que les Nations Unies soient mises au cœur de la réforme du système financier - car le G20 n'est pas un forum légitime pour apporter des réponses adéquates à cette crise systémique - et que des mécanismes internationaux permanents et contraignants de contrôle des mouvements de capitaux soient établis.

MME JULIE GROMELLON (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH) a déclaré que la mondialisation a souvent été accusée de générer des inégalités. Il faut se pencher sur le causes de la crise afin de la comprendre et y répondre de manière adéquate: il faut assurer que les entreprises n'agissent pas de façon à violer les droits de l'homme: elle en a appelé aux membres du Conseil pour qu'ils s'engagent à respecter les droits économiques, sociaux et culturels en ratifiant notamment le protocole facultatif au Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels, qu'ils remplissent leurs devoirs de protéger les droits de l'homme, qu'ils veillent à ce que les acteurs économiques soient mis devant leur responsabilités et qu'ils s'assurent que leurs politiques financières et commerciales n'aient pas de conséquences néfastes pour les droits de l'homme à l'étranger.

M. LAZARO PARY (Mouvement indien «Tupaj Amaru») a estimé que l'ampleur de la crise exige des économistes une analyse rigoureuse sur les causes de ce désastre. La catastrophe financière n'est pas seulement une question de liquidités, a-t-il dit, mais relève d'un phénomène plus complexe. On ne peut pas maîtriser la spéculation sans aller à l'encontre de sa nature intrinsèque, a-t-il ajouté, en dénonçant l'accumulation de capitaux énormes qui conduisent fatalement à des crises cycliques. Il est impératif de transformer profondément l'ordre économique mondial qui est raciste et immoral, a conclu le représentant.

MME ALICIA GERSHANIK (Assemblée permanente pour les droits de l'homme) a fait part de son inquiétude devant les conséquences de la crise sur la jouissance des droits de l'homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels. Il est indéniable que toutes les régions du monde sont atteintes par cette crise originaire des États-Unis. Tout doit donc être mis en œuvre pour préserver les plus vulnérables de ses conséquences. Il convient en particulier d'appliquer les dispositions du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et de garantir le droit au travail, à un niveau de vie digne, à l'alimentation et l'éducation.

M. ABDEL WAHAB HANI (Commission arabe des droits de l'homme) a déclaré que les répercussions de la crise ne se limitent pas à la violation des droits économiques et sociaux mais aussi des droits politiques. Des migrants sont ainsi les premières victimes des difficultés économiques, les politiques d'immigration ont été durcies, des défenseurs des droits de l'homme ont été attaqués et les droits d'organisation et d'expressions sont menacés dans bien des endroits. Le représentant du Brésil a rappelé que la crise des années 30 a abouti à une guerre mondiale; on ne peut donc prendre la présente crise à la légère.

M. RONALD BARNES (Consejo Indio de Sudamérica) rappelant les difficultés auxquelles font face les peuples autochtones, a demandé ce que signifie réellement les droits des peuples autochtones pour les pays qui continuent à exploiter leurs ressources. Il a recommandé que le processus de l'examen périodique universel cesse de faire des recommandations qui soient en deçà de celles des organes conventionnels et a demandé que les peuples autochtones soient considérés comme des partenaires dans les efforts pour surmonter la crise financière.

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1Déclaration conjointe: Dominicains pour justice et paix; Association Points-Cœur; Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement (OIDEL); Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale; et Bureau international catholique de l'enfance)


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