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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES ÉTATS-UNIS, LE BANGLADESH ET L'IRAN

Compte rendu de séance
Les États-Unis soulignent l'importance de la coopération internationale dans l'espace après la collision de deux satellites, russe et américain

La Conférence du désarmement a entendu ce matin les déclarations des États-Unis, du Bangladesh au nom du Groupe des 21 et de la République islamique d'Iran sur les questions relatives, notamment à l'espace extra-atmosphérique.

Les États-Unis ont attiré l'attention sur la collision, la semaine dernière, entre un satellite privé de communications et un satellite inactif russe, qui a montré à quel point l'environnement spatial est de plus en plus encombré et souligné l'importance vitale de la coopération internationale entre les gouvernements et l'industrie. Les États-Unis appellent de leurs vœux la poursuite de discussions fructueuses au sein de la Conférence dans ce domaine.

Intervenant au nom du Groupe des 21 (pays en développement membres de la Conférence), le Bangladesh a souligné l'urgence de prévenir une course aux armements dans l'espace et a dit son groupe profondément préoccupé par les incidences négatives de la mise au point et du déploiement de missiles antimissiles balistiques et de la poursuite de technologies militaires de pointe pouvant être déployées dans l'espace. Le Groupe estime qu'il est temps d'entamer des négociations à la Conférence du désarmement sur les questions liées à la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Le Groupe des 21 réaffirme par ailleurs l'urgente nécessité de parvenir rapidement à un accord sur un traité pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de l'utilisation des armes nucléaires.

L'Iran a pour sa part rappelé que la Conférence du désarmement s'est accordée pour faire avancer quatre questions fondamentales, à savoir, le désarmement nucléaire, la négociation d'un traité sur les garanties de sécurité pour les États non dotés d'armes nucléaires, la recherche de mesures pour empêcher une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, et la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Ces quatre questions fondamentales sont d'égale importance, a souligné l'Iran, qui regrette que le document soumis l'an dernier concernant le programme de travail (CD/1840) ne maintienne pas l'équilibre entre ces questions. Il espère qu'avec un programme de travail équilibré la Conférence pourra commencer ses travaux de fond.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra jeudi prochain, le 26 février, à 10 heures.



Aperçu des débats

M. GAROLD N. LARSON (États-Unis) a rappelé que la communauté internationale a constaté avec préoccupation la collision, la semaine dernière, entre un satellite privé de communications Iridium et un satellite inactif russe Cosmos. Les États-Unis sont en communication avec la Fédération de Russie à ce sujet, et les discussions ont commencé immédiatement après la collision, ce qui est en soi une excellente mesure de transparence et de confiance. Le Ministère américain de la défense est en train d'évaluer les événements qui ont conduit à cette collision, mais aura besoin de davantage de temps pour parvenir à des conclusions définitives - peut-être plusieurs semaines.

Étant donné son rôle de premier plan dans le domaine spatial, le Gouvernement des États-Unis prend ces questions très au sérieux, a affirmé M. Larson. Il a souligné que son pays poursuit des efforts pour identifier les dangers potentiels et prend des mesures pour préserver la sécurité des vols dans l'environnement complexe de l'espace extra-atmosphérique. La collision de la semaine dernière témoigne d'un environnement spatial de plus en plus encombré et souligne l'importance vitale de la coopération internationale entre les gouvernements et l'industrie, ce qui est essentiel à l'avenir pour améliorer la sécurité de l'espace. Il a espéré la poursuite de discussions fructueuses au sein de la Conférence dans le domaine de l'espace extra-atmosphérique.

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh au nom du Groupe des 21) a souligné l'omniprésence des technologies spatiales dans notre quotidien. Jamais l'information, les communications, la banque, les transactions économiques, la navigation et même la politique et la prise de décisions stratégiques n'ont autant dépendu des technologies spatiales. L'espace extra-atmosphérique et les autres corps célestes sont le patrimoine commun de l'humanité et devraient être utilisés, explorés et utilisés pour le bénéfice et l'intérêt de l'humanité tout entière, dans un esprit de coopération et à des fins pacifiques. L'utilisation croissante de l'espace extra-atmosphérique rend nécessaire une plus grande transparence, des mesures de confiance et une meilleure information. Tous les États dotés de capacités spatiales importantes ont une responsabilité particulière de contribuer activement à l'objectif de l'utilisation pacifique de l'espace et de s'abstenir de toute action contraire à cet objectif. Le Groupe des 21 souligne l'importance et l'urgence de prévenir une course aux armements dans l'espace et est profondément préoccupée par les incidences négatives de la mise au point et du déploiement de missiles antimissiles balistiques de systèmes de défense et de la poursuite de technologies militaires de pointe capables d'être déployées dans l'espace. M. Rahman a ajouté que les régimes juridiques applicables à l'espace ne garantissent pas en eux-mêmes la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Le Groupe des 21 estime qu'il est temps d'entamer des négociations à la Conférence du désarmement sur les questions liées à la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Il se félicite par ailleurs de la l'initiative russo-chinoise pour un projet de traité sur la prévention du placement d'armes dans l'espace et la menace ou l'emploi de la force contre des objets spatiaux, présentée l'année dernière. Cette initiative est une contribution constructive aux travaux de la Conférence et une bonne base de discussion en vue d'adopter un instrument international contraignant.

Intervenant sur la question du désarmement nucléaire, M. Rahman a réaffirmé que l'élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l'utilisation ou la menace de l'utilisation des armes nucléaires. En attendant la réalisation de l'élimination complète des armes nucléaires, le Groupe des 21 réaffirme l'urgente nécessité de parvenir rapidement à un accord sur un traité universel, inconditionnel et juridiquement contraignant pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de l'utilisation des armes nucléaires. Les efforts visant à conclure un instrument universel et juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité pour les États dotés d'armes nucléaires devaient être poursuivis, a dit M. Rahman. La conclusion d'un tel instrument serait un pas important vers la réalisation des objectifs de contrôle des armements, du désarmement nucléaire et la de non-prolifération.

M. ALIREZA MOAIYERI (Iran) a souligné que le multilatéralisme est un élément clé de la politique étrangère de la République islamique d'Iran, qui attache une grande importance aux travaux de la Conférence du désarmement en tant qu'unique instance multilatérale de négociation sur le désarmement. Il a estimé à cet égard que la Conférence doit s'acquitter de ses responsabilités de manière à répondre aux préoccupations de sécurité de tous les États. M. Moayeri a souligné que le but premier de la Conférence doit être de supprimer la source d'insécurité que représente l'existence même d'armes nucléaires et d'œuvrer à créer un monde exempt d'armes nucléaires. Or, l'évolution de la situation dans le domaine du désarmement nucléaire n'a pas été encourageante et l'incapacité à réaliser l'objectif du désarmement nucléaire complet continue de menacer la paix et la sécurité. Il faut assurer le succès de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et il faut que les États dotés d'armes nucléaires soient prêt à s'acquitter de leurs engagements en matière de désarmement nucléaire. En attendant l'élimination totale des armes nucléaires, les efforts pour la conclusion d'un traité universel, inconditionnel et juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité pour les États non dotés d'armes nucléaires devraient être poursuivis à titre prioritaire au sein de la Conférence du désarmement, et l'Iran demande la création d'un comité spécial en vue de négocier un instrument juridiquement contraignant dans ce domaine.

La République islamique d'Iran estime en outre que l'espace extra-atmosphérique est le patrimoine commun de l'humanité et doit être utilisé, exploré et utilisé à des fins pacifiques et pour le bénéfice et l'intérêt de toute l'humanité dans un esprit de coopération et sans discrimination. Le régime juridique actuel s'avère insuffisant pour empêcher une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et la Conférence est également l'instance appropriée pour travailler dans ce domaine. À cet égard, le projet de traité présenté à la Conférence par la Chine et la Russie l'année dernière est un pas dans la bonne direction qui mérite un examen plus approfondi. Enfin, un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires devrait contribuer à la réalisation des objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération sous tous ses aspects. L'Iran préconise un traité qui soit global, non discriminatoire et vérifiable. La production passée et des stocks existants ainsi que la production future de matières fissiles pour des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires doivent être couverts dans le champ d'application du traité.

Ces quatre questions fondamentales (relatives au désarmement nucléaire, aux garanties négatives de sécurité, à l'espace extra-atmosphérique et aux matières fissiles) sont d'égale importance. La Conférence ne doit pas accorder la priorité à une question aux dépens des autres et toute proposition pour le programme de travail doit maintenir l'équilibre entre ces quatre questions fondamentales. Or, le document CD/1840 proposé l'an dernier pour le programme de travail ne maintient pas l'équilibre entre ces questions. M. Moayeri a appelé tous les membres à la souplesse et à l'esprit de compromis et de s'appuyer sur une approche réaliste. Avec un programme de travail complet et équilibré répondant aux quatre questions fondamentales, nous espérons que la Conférence pourra commencer ses travaux de fond, a-t-il conclu.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel


DC09009F