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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS DE HUIT PAYS

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de l'Algérie (au nom du Groupe des 21 et en son nom propre), de la République tchèque (au nom de l'Union européenne et de plusieurs autres pays), du Brésil, du Pakistan, du Costa Rica, de l'Autriche, du Venezuela et de l'Australie.

Le Pakistan a rappelé que le désarmement nucléaire est la raison d'être de la Conférence et le Brésil a déclaré que le désarmement nucléaire reste le principal objectif des relations internationales.

L'Algérie a quant à elle fait part des souhaits du Groupe des 21 que soit notamment réaffirmé l'engagement sans équivoque pris par les États dotés d’armes nucléaires de parvenir à une élimination totale de leurs arsenaux nucléaires ; que soit négocié un instrument contraignant visant à garantir aux États non dotés d’armes nucléaires que les armes nucléaires ne seront pas utilisées ou menacées de l’être à leur encontre ; que soit négociée une convention sur l’élimination complète de l’utilisation ou de la menace d’utilisation des armes nucléaires ; et que soit négociée une convention sur les armes nucléaires interdisant le développement, la production, le stockage et l’utilisation des armes nucléaires et sur leur destruction.

La République tchèque a pour sa part rappelé que l’Union européenne accorde une priorité claire, au sein de la Conférence, à la négociation d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. Elle a en outre demandé à la communauté internationale d’œuvrer à la promotion des initiatives de désarmement proposées par l’Union européenne lors de la dernière session de l’Assemblée générale. D'autre part, l’Union européenne propose le lancement de consultations sur un traité interdisant les missiles terrestres à courte et moyenne portée. La République tchèque a par ailleurs présenté le projet de Code de conduite international pour les activités spatiales préparé par l'Union européenne.

Le Pakistan a déclaré qu'un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement assorti d'un solide régime de vérification et couvrant les stocks existants est essentiel pour la cessation de la course aux armements nucléaires. Un traité non vérifiable et purement «cut-off» (c'est-à-dire qui ne tiendrait pas compte des stocks) ne constituerait pas une mesure de désarmement et ne ferait en fait que geler le statu quo, a toutefois souligné ce pays. Les accords de coopération nucléaire récemment conclus dans notre voisinage sans garanties internationales adéquates ont le potentiel d'accroître les stocks de matières fissiles pouvant être détournés à des fins de production d'armement et c'est pour cela que les questions de la vérification et des stocks sont devenues vitales pour le Pakistan dans le contexte de toute négociation concernant un traité d'interdiction des matières fissiles, a expliqué le Pakistan. Il a en outre informé la Conférence qu'il avait ratifié le 19 janvier dernier le Protocole V sur les restes explosifs de guerre se rapportant à la Convention sur certaines armes classiques.

Ce matin, l’Union européenne a lancé un appel en faveur de la ratification universelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires – qui fut le dernier résultat concret en date de cette Conférence. À cet égard, elle s'est dite encouragée par les récents signes d’élan politique vers l’entrée en vigueur de ce Traité, les déclarations faites par la nouvelle administration des Etats-Unis permettant de nourrir, à cet égard, un certain optimisme en ce qui concerne la réalisation de cet objectif. Rappelant que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est attendue depuis longtemps, l'Autriche a elle aussi dit espérer que l'attitude positive de la nouvelle administration des États-Unis à l'égard de ce Traité permettra de donner un nouvel élan pour en accélérer l'entrée en vigueur.

L'Autriche, qui assure le Secrétariat exécutif du Code de conduite de La Haye contre la prolifération de missiles balistiques, a par ailleurs noté avec satisfaction que plus des deux tiers des membres des Nations Unies ont déjà souscrit au Code. Aussi, a-t-elle demandé à ces pays de respecter leurs obligations au titre du Code et encouragé ceux qui n'y ont pas encore souscrit à le faire bientôt. L'Autriche a par ailleurs estimé que le moment est venu d'élaborer un cadre qui restreigne à des installations sous contrôle multilatéral les technologies les plus dangereuses, l'enrichissement et le retraitement; l'un des projets les plus fiables à ce jour reste la mise sur pied d'une réserve de combustible nucléaire sous contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a-t-elle indiqué.

Le Costa Rica a souligné avoir demandé en vain, depuis 1994, son entrée dans la Conférence, ce qui témoigne de la paralysie de cette instance et de la crise structurelle à laquelle elle est confrontée. De l'avis du Costa Rica, cette crise trouve son origine dans le fait que les questions du désarmement sont abordées dans une perspective axée sur les armements au lieu de l'être dans une perspective humaniste.

Le Venezuela a admis qu'il est possible que les conditions géopolitiques ne soient pas réunies en ce moment pour parvenir à un consensus au sein de la Conférence; mais nous devons continuer de travailler à la recherche de ce résultat possible.

À l’ouverture de la séance, le Président de la Conférence, M. Le Hoai Trung, s’est dit profondément attristé par les importantes pertes en vies humaines et ravages provoqués par les incendies en Australie et a prié la délégation de ce pays de transmettre au Gouvernement et au peuple australiens les profonds regrets de la Conférence pour cette tragédie. L'Australie est intervenue pour remercier le Président et les membres de la Conférence pour leurs messages de sympathie dans le contexte de cette tragédie.

Alors que cette séance était la dernière séance plénière sous sa présidence, M. Le Hoai Trung a exprimé l'espoir que le récent discours énergique sur la promotion de politiques basées sur la sécurité de tous les États se transformera en conditions plus favorables au désarmement et donc à la Conférence.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 17 février, à 10 heures, en salle VII. À cette occasion, la Conférence entendra une déclaration du Vice-Ministre de la défense de la Norvège, M. Barth Eide.



Déclarations

M. IDRISS JAZAIRY (Algérie, au nom du Groupe des 21) a fait part de la préoccupation du Groupe des 21 face à la menace que constitue pour l’humanité l’existence continue des armes nucléaires et la possibilité de leur utilisation ou de la menace de leur utilisation. Il a rappelé les diverses contributions apportées par le Groupe des 21 aux délibérations sur le désarmement nucléaire au sein de la Conférence, la dernière en date étant le projet de décision et de mandat pour un comité spécial sur le désarmement nucléaire, soumis le 18 février 1999 et contenu dans le document CD/1571. Aussi, le Groupe des 21 réaffirme-t-il sa disposition à engager des négociations sur un programme graduel d’élimination complète des armes nucléaires assorti d’un calendrier spécifique, incluant une convention sur les armes nucléaires. Le Groupe tient à souligner que les principes fondamentaux de transparence, de vérification et d’irréversibilité doivent s’appliquer à toutes les mesures de désarmement nucléaire.

Suite à la récente escalade militaire dans la bande de Gaza, le Groupe des 21 exprime l’urgente nécessité de mettre en œuvre la résolution sur le Moyen-Orient adoptée lors de la Conférence d’examen et de prorogation du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 1995. En outre, les États du Groupe des 21 qui sont parties au TNP restent particulièrement préoccupés par le manque de progrès enregistré s’agissant de l’engagement sans équivoque pris par les États dotés d’armes nucléaires de parvenir à une élimination totale de leurs arsenaux nucléaires menant au désarmement nucléaire. Afin de promouvoir l’objectif de désarmement nucléaire, le Groupe des 21 suggère donc que soit réaffirmé cet engagement sans équivoque des États dotés d’armes nucléaires ; que soit éliminé le rôle des armes nucléaires dans les doctrines sécuritaires ; que soient adoptées, par les États dotés d’armes nucléaires, des mesures visant à réduire le danger nucléaire ; que soit négocié un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant visant à garantir aux États non dotés d’armes nucléaires que les armes nucléaires ne seront pas utilisées ou menacées de l’être à leur encontre ; que soit négociée une convention sur l’élimination complète de l’utilisation ou de la menace d’utilisation des armes nucléaires ; et que soit négociée une convention sur les armes nucléaires interdisant le développement, la production, le stockage et l’utilisation des armes nucléaires et sur leur destruction.

M. IVAN PINTER (République tchèque, au nom de l’Union européenne et de plusieurs autres pays) a rappelé que l’Union européenne accorde une priorité claire, au sein de la Conférence, à la négociation d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire – sujet auquel elle consacrera une déclaration distincte à un stade ultérieur. L’un des éléments clefs de la proposition actuelle de programme de travail pour la Conférence figurant dans le document CD/1840 vise à ce que la Conférence s’engage dans des discussions de fond sur le désarmement nucléaire et la prévention de la guerre nucléaire, a poursuivi M. Pinter. Aussi, a-t-il assuré que l’Union européenne est disposée à s’engager plus avant sur ces questions dès qu’un programme de travail aura été approuvé. En attendant, l’Union européenne continuera à participer de manière constructive aux discussions informelles sur ces questions que mèneront les coordonnateurs. M. Pinter a en outre demandé à la communauté internationale d’œuvrer à la promotion des initiatives de désarmement concrètes et réalistes proposées par l’Union européenne lors de la dernière session de l’Assemblée générale.

Outre la négociation d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire, l’Union européenne lance un appel en faveur de la ratification universelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires – traité qui fut le dernier résultat concret en date de cette Conférence. L’Union européenne est encouragée par les récents signes d’élan politique vers l’entrée en vigueur de ce Traité, les déclarations faites par la nouvelle administration des Etats-Unis permettant de nourrir, à cet égard, un certain optimisme en ce qui concerne la réalisation de cet objectif. Par ailleurs, l’Union européenne demande que progressent davantage les discussions actuelles entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie sur l’élaboration d’un accord post-START juridiquement contraignant et que progresse également davantage la réduction globale des stocks mondiaux d’armes nucléaires, conformément à l’article VI du TNP. L’Union européenne demande en outre que les États qui en possèdent incluent les armes nucléaires tactiques dans leur processus général de contrôle des armements et de désarmement, en vue de la réduction et de l’élimination de ces armes. Par ailleurs, l’Union européenne est favorable à la mise en place, par les puissances nucléaires, de mesures de transparence et d’établissement de la confiance. Enfin, l’Union européenne propose le lancement de consultations sur un traité interdisant les missiles terrestres à courte et moyenne portée.

Dans une seconde déclaration consacrée à la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, M. Pinter a rappelé que l’Union européenne accorde une grande importance aux accords pertinents existant dans ce domaine, notamment les traités de 1967 et de 1979 et la Convention d’enregistrement de 1975. Il a également insisté sur la pertinence du Code de conduite international de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques et sur la nécessité de l’universalisation de ce Code. M. Pinter a par ailleurs dit apprécier les efforts déployés par la Fédération de Russie et par la Chine qui ont présenté, l’an dernier, un projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace. Il a indiqué que si l’Union européenne s’identifie à l’objectif global de préserver l’espace en tant que zone exempte d’armes, elle estime néanmoins qu’une réflexion et des travaux sont nécessaires quant aux éléments d’un traité international effectif. Par exemple, a-t-il précisé, il reste difficile de parvenir à un consensus sur les définitions que requiert un instrument juridiquement contraignant. En outre, par principe, un système de vérification solide doit faire partie intégrante de tout futur traité concernant la sécurité spatiale et l’Union européenne considère qu’il n’est pas suffisant de renvoyer à un éventuel futur protocole additionnel. Un tel traité devrait en outre traiter clairement de la question des essais d’armes anti-satellites.

Comme chacun sait, a poursuivi M. Pinter, l’Union européenne a préparé un projet de Code de conduite international pour les activités spatiales, dont le but est d’accroître la sécurité dans l’espace. Le 8 décembre dernier, le Conseil de l’Union européenne a approuvé la première mouture de ce projet. Le projet de texte inclut des mesures de transparence et d’établissement de la confiance, a précisé M. Pinter. Il ne s’agit toutefois pas d’un instrument juridiquement contraignant, pas plus qu’il ne cherche à se substituer à des initiatives qui visent le même but, a-t-il ajouté. Ainsi, le principal objectif de ce projet est-il de renforcer les traités des Nations Unies, principes et autres arrangements existants et de les compléter en codifiant les nouvelles meilleures pratiques en termes d’opérations spatiales. L’Union européenne est en train de consulter d’autres nations spatiales sur ce projet afin de parvenir à un consensus sur un texte qui serait acceptable pour le plus grand nombre possible d’États. Il est prévu qu’à la fin de ce processus de consultations, une conférence ad hoc soit organisée afin de permettre aux États de souscrire au Code. Bien qu’il ne soit pas dans notre intention de négocier ce Code au sein de la Conférence, nous la tiendrons informée des progrès enregistrés s’agissant des travaux relatifs à ce Code, a indiqué M. Pinter.

M. LUIZ FELIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a souligné que le désarmement nucléaire reste le principal objectif des relations internationales, tant il est vrai que les armes nucléaires peuvent faire échouer toutes les autres aspirations, y compris le développement. Or, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés sur la voie du désarmement nucléaire ne sont pas les mêmes pour tous les États ; il n’est pas injuste ni superflu de rappeler qu’une responsabilité plus lourde pèse sur les États dotés d’armes nucléaires. Chacun des points de fond inscrits à l’ordre du jour de la Conférence est lié de manière essentielle à cet objectif global du désarmement nucléaire, a rappelé le représentant brésilien. Le sentiment d’insécurité est un terreau fertile non seulement pour rechigner à désarmer mais aussi pour ambitionner d’acquérir des armes nucléaires, a-t-il souligné. La seule manière de s’en sortir, face au défi du désarmement nucléaire, est de faire face avec détermination à l’obligation morale et politique de s’asseoir à la table de négociation, a-t-il déclaré, rappelant que son pays avait inscrit dans sa Constitution l'interdiction de posséder des armes nucléaires.

Il est probable que les barrières qui ont empêché le fonctionnement efficace de la Conférence sont sur le point d'être levées, a poursuivi le représentant brésilien. Nous devons donc nous préparer à nous engager dans des négociations significatives, a-t-il ajouté. L'adoption d'un programme de travail n'est pas une formalité mais bien un outil pour permettre à chaque membre de préparer efficacement sa participation, a-t-il également souligné. Après un intervalle regrettablement long, la Conférence devrait être prête à s'engager dans la négociation d'un traité sur les matières fissiles, a déclaré le représentant du Brésil. Chacun devrait s'abstenir de poser des conditions pour l'acceptation de telles négociations, a-t-il estimé, ajoutant que personne ne saurait imaginer un traité qui, dans sa forme finale, corresponde exactement à la position initiale d'une seule partie, quelle qu'elle soit. Un tel traité d'interdiction des matières fissiles pourrait être la portée d'entrée vers le désarmement nucléaire, a affirmé le représentant brésilien. Il a en outre plaidé en faveur de l'adoption rapide d'un instrument juridiquement contraignant garantissant les États non dotés d'armes nucléaires contre l'utilisation ou la menace d'utilisation de telles armes. Il a également déclaré que des mesures concertées visant la prévention d'une course aux armements dans l'espace sont indubitablement dans l'intérêt de chaque nation. Ces considérations montrent que le Brésil est désireux de commencer des négociations sur plus d'un point de l'ordre du jour, a conclu le représentant.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a souligné que les pays qui sont ici représentés ne participeront qu'à des négociations qui sont susceptibles de promouvoir et de protéger leur sécurité nationale. Il en découle que nous devons poursuivre des objectifs qui assurent une sécurité égale pour tous, a-t-il ajouté. La sécurité de certains ne saurait être construite sur l'insécurité d'autres, a-t-il insisté. Il existe une relation directe entre le désarmement et le respect de l'autodétermination et de l'indépendance nationale, tout comme entre le règlement pacifique des différends conformément à la Charte des Nations Unies et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales.

Il existe un consensus, au sein de la Conférence, pour reconnaître que les quatre questions principales (désarmement nucléaire, garanties négatives de sécurité, prévention d'une course aux armements dans l'espace et traité sur les matières fissiles) constituent un équilibre délicat. Aucune de ces questions n'est plus importante ou plus mûre pour la négociation que les autres, a déclaré M. Akram. Aussi, toute proposition de programme de travail pour la Conférence doit-elle maintenir cet équilibre délicat, tout en gardant à l'esprit que la Conférence n'est pas une société de débat mais une instance de négociations. L'objectif final de toute délibération au sein de la Conférence devrait être la négociation d'un traité juridiquement contraignant, a insisté M. Akram. Le désarmement nucléaire est la raison d'être de la Conférence, a-t-il rappelé; il s'agit de la question fondamentale autour de laquelle tournent toutes les autres questions. Aussi, la négociation immédiate d'un traité sur le désarmement complet et général sous contrôle international strict et effectif est-elle nécessaire pour créer un monde exempt d'armes nucléaires. Alors que la négociation d'une convention sur les armes nucléaires sera un processus long, les États dotés d'armes nucléaires ont une responsabilité majeure pour assurer ceux qui n'en sont pas dotés que ces armes ne seront pas utilisées à leur encontre, a poursuivi M. Akram. En tant qu'État nucléaire responsable, a-t-il rappelé, le Pakistan a toujours donné l'assurance que ses armes nucléaires ne seraient pas utilisées contre un État non nucléaire et il est disposé à transformer cet engagement en instrument juridiquement contraignant. Le moment est également venu pour des négociations sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace, a déclaré M. Akram. Par ailleurs, a-t-il indiqué, un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement assorti d'un solide régime de vérification et couvrant les stocks existants est essentiel pour la cessation de la course aux armements nucléaires. Un traité non vérifiable et purement «cut-off» (c'est-à-dire qui ne tiendrait pas compte des stocks) ne constituerait pas une mesure de désarmement et ne ferait en fait que geler le statu quo, a souligné le représentant pakistanais. Rappelant qu'en 1998, la Conférence avait mis en place un comité spécial et lancé des négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles sur la base du rapport Shannon et que ces négociations avaient déraillé lorsqu'une délégation avait changé d'avis sur la question de la vérification d'un tel traité, M. Akram a indiqué que le Pakistan continue de soutenir l'idée d'un traité vérifiable et reste disposé à reprendre les négociations sur la base du mandat Shannon. Les tentatives de certains États d'accuser le Pakistan de bloquer le soi-disant processus relatif au traité sur les matières fissiles sont destinées à détourner l'attention des véritables raisons de l'interruption des négociations sur cette question, a déclaré M. Akram.

Les accords de coopération nucléaire récemment conclus dans notre voisinage sans garanties internationales adéquates ont le potentiel d'accroître les stocks de matières fissiles pouvant être détournés à des fins de production d'armement et c'est pour cela que les questions de la vérification et des stocks sont devenues vitales pour le Pakistan dans le contexte de toute négociation concernant un traité d'interdiction des matières fissiles, a expliqué le représentant pakistanais. Le Pakistan n'a pas été le premier à introduire les armes nucléaires dans sa région, a-t-il rappelé, ajoutant que le pays a été contraint de s'en doter afin de parvenir à une dissuasion crédible permettant de garantir sa sécurité. Le programme nucléaire du Pakistan est purement défensif, a-t-il ajouté. Enfin, il a informé la Conférence que son pays avait ratifié le 19 janvier dernier le Protocole V sur les restes explosifs de guerre se rapportant à la Convention sur certaines armes classiques.

MME LAURA THOMPSON (Costa Rica) a souhaité intervenir devant la Conférence pour exprimer la grande préoccupation de son pays face à la situation de stagnation dans laquelle se trouve cette instance depuis plusieurs années et qui, malheureusement, n'a fait que s'accentuer ces derniers temps. Le Costa Rica souhaite lancer un cri d'alarme face à cette situation, en tant que premier pays du monde sans armée et donc unique pays ayant atteint l'objectif ultime de cette Conférence, à savoir le désarmement total. Au mois de décembre dernier, a insisté Mme Thompson, le Costa Rica a célébré le soixantième anniversaire de l'abolition de l'armée.

La représentante costa-ricienne a par ailleurs indiqué que son pays a demandé en vain, depuis 1994, son entrée dans la Conférence, ce qui témoigne de la paralysie de cette instance et de la crise structurelle à laquelle elle est confrontée. De l'avis du Costa Rica, cette crise trouve son origine dans le fait que les questions du désarmement sont abordées dans une perspective axée sur les armements au lieu de l'être dans une perspective humaniste. Mme Thompson a apporté son soutien aux initiatives lancées par les délégations autrichienne et norvégienne visant l'ouverture d'espaces pour la société civile. Il est important de rappeler que le désarmement n'est pas - et n'a jamais été - un thème réservé exclusivement aux pays qui possèdent des armes mais aussi - et à plus forte raison même - un thème qui intéresse et affecte les intérêts de tout pays et de toute population susceptibles d'être touchés par l'utilisation d'un type quelconque d'armes. Le moment est venu de réactiver cette Conférence, a conclu la représentante, après avoir rappelé les nombreuses initiatives lancées ou soutenues par son pays afin de progresser sur la voie du désarmement.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a indiqué, s'agissant de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, que l'Autriche estime que les codes de conduite contribuent de manière significative à améliorer la sécurité des activités spatiales ou à contenir les risques de prolifération. En tant que pays assurant le Secrétariat exécutif du Code de conduite de La Haye contre la prolifération de missiles balistiques, l'Autriche note avec satisfaction que plus des deux tiers des membres des Nations Unies ont déjà souscrit au Code. Aussi, l'Autriche demande-t-elle à ces pays de respecter leurs obligations au titre du Code et encourage-t-elle ceux qui n'y ont pas encore souscrit à le faire bientôt. Rappelant par ailleurs que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est attendue depuis longtemps, M. Strohal a dit espérer que l'attitude positive de la nouvelle administration des États-Unis à l'égard de ce Traité permettra de donner un nouvel élan pour accélérer l'entrée en vigueur du Traité.

Rappelant également que son pays contribue activement au débat sur la multilatéralisation du cycle du combustible nucléaire, le représentant autrichien a estimé que le moment est venu d'élaborer un cadre adapté aux réalités du XXIème siècle qui restreigne à des installations sous contrôle multilatéral les technologies les plus dangereuses, l'enrichissement et le retraitement. L'un des projets les plus fiables à ce jour reste la mise sur pied d'une réserve de combustible nucléaire sous contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique; l'Autriche et l'Union européenne soutiennent totalement ce projet, a souligné M. Strohal. Les efforts visant la multilatéralisation du cycle du combustible nucléaire sont étroitement liés à ceux qui visent l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement, a-t-il poursuivi. À cet égard, un traité «cut-off» sur les matières fissiles doit être la prochaine étape vers un désarmement nucléaire complet, a-t-il affirmé. Il va sans dire qu'un tel traité peut et doit être vérifié, a-t-il ajouté. Pour ce qui est de la question des stocks existants de matières fissiles, un éventuel traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement pourrait inclure des dispositions favorisant la transparence et la confiance, a indiqué le représentant autrichien.

M. GERMAN MUNDARAIN HERNANDEZ (Venezuela) a attiré l'attention sur les défis traditionnels et nouveaux que comporte la scène internationale actuelle. Il a notamment évoqué les menaces qui mettent en danger la paix et la sécurité internationales et souligné que nous traversons une période de changements, de crise économique, de crise sociale et éventuellement de crise politique - une période qui amènera sans aucun doute des difficultés pour parvenir aux consensus nécessaires. Tout ceci nous oblige à renforcer l'élan de l'an dernier et à redoubler d'efforts en faveur d'un accord sur un programme de travail qui réponde aux préoccupations légitimes de tous en matière de sécurité et puisse ainsi être approuvé par tous. Il est possible que les conditions géopolitiques ne soient pas réunies en ce moment pour parvenir à un consensus, mais nous ne saurions baisser les bras; nous devons continuer de travailler à la recherche de ce résultat possible que nous appelons tous de nos vœux, a conclu le représentant vénézuélien.

M. IDRISS JAZAIRY (Algérie) a, dans un premier temps au nom de son pays, commenté la déclaration faite ce matin par l’Union européenne au sujet de la prévention d’une course aux armements dans l’espace, en indiquant que l’Algérie aurait souhaité que soit indiqué comment le projet de code de conduite présenté par l’Union européenne se rapporte aux activités civiles aussi bien que militaires. Il s’agit là d’une question d’autant plus pertinente que la mise en œuvre d'un tel code aurait permis d’éviter la collision entre deux satellites qui s'est produite hier.

Au nom du Groupe des 21, M. Jazairy a ensuite exprimé sa profonde gratitude au Président de la Conférence, M. Le Hoai Trung, pour le travail qu’il a accompli durant cette première présidence de la session de 2009 – première présidence qui prend fin cette semaine. Il a en outre souhaité tout le succès à son successeur à la présidence de la Conférence, l'Ambassadeur du Zimbabwe.

MME CAROLINE MILLAR (Australie) a remercié le Président et les membres de la Conférence pour les messages de sympathie qu’ils ont exprimés suite aux incendies dont vient d'être victime l’Australie. Elle a en outre salué le professionnalisme avec lequel le Président de la Conférence s’est acquitté de sa tâche.

Concluant la séance - la dernière sous sa présidence - le Président de la Conférence, M. LE HOAI TRUNG, a rappelé que durant son mandat, la Conférence est parvenue à adopter son ordre du jour et le cadre organisationnel pour des débats thématiques informels sur chacun des points de cet ordre du jour. Il a en outre indiqué que durant sa présidence de la Conférence, sa délégation avait mené 23 consultations bilatérales, qui viennent s'ajouter à la soixantaine de consultations bilatérales que le Viet Nam avait déjà engagées durant les derniers mois de 2008, en prévision de ce mandat. Nous espérons tous que le récent discours énergique sur la promotion de politiques basées sur la sécurité de tous les États se transformera en conditions plus favorables au désarmement et donc à la Conférence, a poursuivi le Président.


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