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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE VICE-MINISTRE DE LA DÉFENSE DE LA NORVÈGE

Compte rendu de séance
Des déclarations sont faites également par le Zimbabwe, qui préside durant les quatre prochaines semaines, ainsi que par l'Égypte, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni

La Conférence du désarmement a entendu ce matin le Vice-Ministre de la défense de la Norvège, M. Espen Barth Eide. L'ambassadeur du Zimbabwe, M. Chitsaka Chipaziwa, qui assume cette semaine la présidence pour une période de quatre semaines, a également fait une déclaration, ainsi que les représentants de l'Égypte, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni.

M. Eide a estimé que l'on se trouvait à un moment crucial pour le désarmement, avec l'évolution remarquable de ces derniers mois qui a permis de remettre l'accent sur la coopération internationale en général et dans le domaine du désarmement en particulier. Les engagements exprimés par le nouveau Président des États-Unis pour rechercher des solutions multilatérales aux menaces communes ouvrent la voie à des progrès substantiels dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, notamment s'agissant de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires, de la volonté de négocier avec la Russie sur de nouvelles réductions des armes stratégiques. Il a aussi salué les évolutions en Russie et en Europe, qui sont autant de signes qui suggèrent qu'un nouveau climat de coopération s'est instauré. C'est pourquoi il est extrêmement important que la Conférence du désarmement tire pleinement parti de ce contexte. Il a plaidé pour la mise en place de solides mécanismes de vérification du désarmement nucléaire et a dit son attachement à la négociation d'un traité sur les matières fissiles. À un moment où elle doit s'attaquer à des problèmes allant de l'adaptation aux changements climatiques à la propagation de pandémies, aux effets de la crise financière mondiale et aux défis humanitaires et de développement, la communauté internationale ne peut se permettre le coût énorme qu'entraînent les armes nucléaires, a conclu le Vice-Ministre.

La Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont pris la parole pour réagir à l'intervention du Vice-Ministre norvégien de la défense.

L'Égypte a pour sa part déclaré que la cessation de la course aux armements nucléaires et le désarmement nucléaire devaient rester au premier rang des priorités de la Conférence. Elle a par ailleurs estimé que la Conférence devrait entamer des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires et saisir l'occasion qui lui est donnée de sortir de l'impasse.

Le Président de la Conférence, M. Chitsaka Chipaziwa, a déclaré que son pays est très honoré d'assumer la présidence de la Conférence du désarmement en soulignant que le Zimbabwe est fier d'appartenir à un continent exempt d'armes nucléaires, ce qui ne l'empêche pas de saluer l'utilisation civile de l'énergie nucléaire pour la production d'énergie et dans les sciences médicales. Abordant les travaux de la Conférence, le Président a rappelé qu'aucun résultat notable n'a été obtenu au cours de la dernière décennie et a souligné qu'il revient aux membres de la Conférence de changer ce statu quo, notant à cet égard que les débats informels sur les sept questions thématiques sont bien engagés.

La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra jeudi, le 19 février, à 10 heures.


Aperçu des débats

M. ESPEN BARTH EIDE, Vice-Ministre de la défense de la Norvège, a affirmé que l'on se trouvait à un moment crucial pour le désarmement; les dernières semaines et mois ont connu une remarquable évolution qui met à nouveau l'accent sur la coopération internationale en général et dans le domaine du désarmement en particulier. Les engagements exprimés par le Président Obama pour rechercher des solutions multilatérales aux menaces communes ouvrent la voie à des progrès substantiels dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Le Vice-Ministre norvégien a salué l'esprit réellement nouveau qui anime la nouvelle administration américaine. Il a aussi attiré l'attention sur les nouveaux engagements en faveur de négociations multilatérales sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, y compris en matière de vérification, les affirmations sur la volonté de ratifier le traité d'interdiction des essais nucléaires, la volonté de négocier avec la Russie sur de nouvelles réductions des armes stratégiques, la volonté d'étudier la possibilité de ne plus avoir d'armes nucléaires en état d'alerte, l'arrêt de la mise au point de nouvelles armes nucléaires et la recherche d'accords sur les armes antisatellite. M. Eide a aussi souligné l'annonce par le Président Medvedev de la suspension du déploiement de missiles à Kaliningrad et l'engagement de la Russie à coopérer avec l'administration Obama pour renforcer le régime de non-prolifération des armes de destruction massive. À cela s'ajoute le fait que de hauts responsables du Royaume-Uni, de l'Allemagne et d'autres pays de l'Union européenne se sont exprimés en faveur d'une élimination complète des arsenaux nucléaires. Ce sont autant de signes qui suggèrent qu'un nouveau climat de coopération s'est instauré et c'est pourquoi il est extrêmement important que la Conférence du désarmement tire pleinement parti de ce contexte.

La Conférence du désarmement, qui compte parmi ses membres tous les États nucléaires de fait, est de ce fait unique et dispose d'un grand potentiel pour faire progresser le désarmement et la non-prolifération, a souligné le Vice-Ministre norvégien. Il a aussi estimé que, pour assurer des progrès rapides, il faut associer la société civile aux travaux de la Conférence afin de lui permettre de contribuer à des approches novatrices et à mobiliser la volonté politique nécessaire pour aller de l'avant.

M. Eide a rappelé que le lancement mondial du processus Option zéro (Global Zero) en décembre dernier et les campagnes internationales pour sensibiliser le public et obtenir un soutien politique pour un traité sur les armes nucléaires fut le fait d'un groupe de haut niveau de responsables politiques et militaires, et du monde des affaires et de la religion. Ce type de processus est le même que celui qui a permis d'avancer sur d'autres questions dans le domaine du désarmement, comme dans les cas de la Convention sur l'interdiction des mines et de la Convention sur les armes à sous-munitions, où l'interaction entre les approches officielle et officieuse a conduit au succès. Il y a des parallèles et les leçons à tirer qui pourraient contribuer aux efforts de la Conférence dans en matière de désarmement et de non-prolifération. Elle devrait reconnaître les organisations non gouvernementales comme des partenaires précieux.

En outre, des mesures doivent être prises d'urgence pour renforcer le régime de non-prolifération nucléaire et faire de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires soit un succès. Il a ajouté à cet égard que l'accès à l'énergie et à la sécurité énergétique continuera d'être une partie essentielle de l'agenda du développement. Avec une demande en énergie nucléaire qui va certainement augmenter, il est essentiel de veiller à renforcer ce troisième pilier du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires - les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire. La Norvège estime en outre que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais est cruciale et elle invite les autres signataires, dont la ratification est nécessaire pour que le traité entre en vigueur, à le ratifier d'urgence.

Le moyen le plus efficace pour lutter contre le spectre du terrorisme nucléaire passe par la pleine mise en œuvre d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires effectivement vérifiable combiné avec le Traité d'interdiction complète des essais et assortie de solides mécanismes de vérification et vérifiables de désarmement nucléaire irréversible, a souligné M. Eide. Tous les membres de la Conférence se sont engagés pour la négociation d'un traité sur les matières fissiles et les débats récents à la Conférence ont montré qu'il était temps de faire en sorte de sortir de l'impasse. La Conférence dispose maintenant d'une occasion unique: soit elle «remet le génie nucléaire dans sa lampe» et met au point le mécanisme de contrôle et de vérification nécessaire à son utilisation à des fins pacifiques, ou elle continue sur la voie de l'autodestruction.

Le Vice-Ministre norvégien a souligné que des changements majeurs ont lieu dans le paysage géopolitique, de nouvelles puissances ont émergé et de nouveaux rapports de pouvoir sont apparus. La sécurité durable ne saurait être assurée grâce à l'acquisition d'armes nucléaires. À un moment où elle doit s'attaquer à des problèmes allant de l'adaptation aux changements climatiques à la propagation de pandémies, aux effets de la crise financière mondiale et aux défis humanitaires et de développement, la communauté internationale ne peut se permettre le coût énorme qu'entraînent les armes nucléaires.

Pour sa part, la Conférence du désarmement a un rôle vital à jouer pour faire de la vision d'un monde exempt d'armes nucléaires une réalité, a souligné M. Eide. Elle doit montrer sa capacité à fournir des résultats crédibles; si elle reste paralysée, des appels plus pressants se feront entendre pour demander d'autres moyens d'avancer sur ces questions.

M. DAN MACKAY (Nouvelle-Zélande) a salué la déclaration du Vice-Ministre norvégien de la défense qui contient un certain nombre d'éléments importants. Il a notamment attiré l'attention sur ce que la Conférence devait faire dans le contexte d'une situation stratégique dont les dimensions se sont nettement élargies. Il est très important de dépasser les débats étroits qui ont empêché tout progrès au sein de la Conférence et de relever les défis que pose la situation sécuritaire au sens large. S'agissant du rôle de la société civile, M. Mackay a abondé dans le sens du Vice-Ministre pour dire que les autres organismes opérant dans le domaine du désarmement et des droits de l'homme ont montré l'immense contribution qu'apporte la société civile aux débats.

M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a déclaré que c'est grâce à la participation de responsables politiques que la Conférence sera en mesure d'avancer dans ses travaux, pas seulement de la société civile. Il est également important de reconnaître que le monde a changé. La politique a commencé à évoluer vers un effort collectif. Les États sont désormais interconnectées, notamment comme le montrent les révolutions dans les communications et l'Internet, mais aussi à cause de l'impact de la crise économique actuelle.

M. CHITSAKA CHIPAZIWA, Président de la Conférence du désarmement, a remercié toutes les délégations pour leur précieuse collaboration et la sagesse qui a permis cette année au P-6 (les six présidents de la session de 2009) de guider les travaux de la Conférence jusqu'à présent. M. Chipaziwa a rappelé que le Zimbabwe est devenu membre de la Conférence peu après l'indépendance en 1980 et souligné que son pays prend très au sérieux son adhésion aux principes des Nations Unies et est attaché à sa propre indépendance, à la paix, à la coopération et à l'intégrité territoriale de tous les membres, indépendamment de leur taille. Le Zimbabwe a fait des contributions à la paix et la sécurité internationales sous la bannière des Nations Unies dans le cadre de plusieurs opérations de maintien de la paix dans le monde. Le pays est en paix avec tous ses voisins et il est fier d'appartenir à un continent exempt d'armes nucléaires, ce qui ne l'empêche pas de saluer l'utilisation civile de l'énergie nucléaire pour la production d'énergie et dans les sciences médicales, a déclaré M. Chipaziwa.

Le Président a rappelé que la Conférence n'a pas obtenu de résultats négociés notables au cours de la dernière décennie, et a souligné qu'il revient à ses membres de changer ce statu quo. M. Chipaziwa a noté que les débats informels sur les sept questions thématiques sont bien engagés et a indiqué qu'il était disposé à procéder à des consultations sur des questions spécifiques avec les délégations d'États membres et d'autres délégations qui le souhaiteraient. L'objectif immédiat auquel tous sont attachés demeure bien entendu de s'entendre sur un programme de travail.

M. HISHAM BADR (Égypte), a déclaré que la question de la cessation de la course aux armements nucléaires et du désarmement nucléaire devait rester au premier rang des priorités de la Conférence. Il a rappelé que la Cour internationale de justice avait, en 1996, conclu à l'obligation de poursuivre de bonne foi et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire dans tous ses aspects, sous contrôle international strict et efficace. Le désarmement nucléaire complet constitue pour l'Égypte la plus haute priorité; l'existence des armes nucléaires est une menace à la paix et de sécurité et leur élimination est une nécessité pour la survie même de l'humanité. Aussi, le désarmement nucléaire et la non-prolifération sont-ils étroitement liés. M. Badr a également déclaré que l'Égypte réaffirme son soutien à la création de zones exemptes d'armes nucléaires comme autant d'étapes importantes en vue de l'élimination des armes nucléaires. La Conférence est sans aucun doute l'instance appropriée pour négocier et conclure un traité de non-prolifération et il est impératif qu'elle agisse rapidement pour s'acquitter de son rôle.

Portant son attention sur la prévention de la guerre nucléaire, en particulier s'agissant du projet de traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, a estimé que cette question était la plus mûre pour des négociations. Deux des plus importantes propositions visant à revitaliser la Conférence par le biais de l'adoption d'un programme de travail au cours des dernières années prévoyaient toutes deux un mandat de négociation d'un tel traité. Il est également intéressant de noter que l'écrasante majorité des membres de la Conférence a soutenu - à un stade donné des discussions - la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. M. Badr a dit qu'il serait sage de ne pas perdre une telle occasion concrète de sortir la Conférence du bourbier dans lequel elle s'est enfoncée. La meilleure voie à suivre serait de favoriser un consensus autour de résultats allant fait l'objet d'accords préalables. Pour sa part, l'Égypte est disposée à soutenir pleinement et immédiatement un programme de travail qui prend en compte ces questions de manière efficace.


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