Fil d'Ariane
CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: OUVERTRURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE
Le Conseil des droits de l'homme a ouvert aujourd'hui sa septième session extraordinaire, consacrée à l'examen de «l'impact négatif sur la réalisation du droit à l'alimentation de la crise alimentaire mondiale résultant, entre autres, de l'explosion des prix des denrées alimentaires». Il a dans ce cadre entendu des déclarations de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Louise Arbour; du nouveau Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, M. Olivier de Schutter; de M. Eibe Riedel, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels; ainsi que de nombreux États membres du Conseil.
À l'ouverture de la séance, le Président du Conseil, l'Ambassadeur Doru Costea de la Roumanie, a rappelé que cette session a été convoquée à la demande de Cuba au nom du Mouvement des pays non-alignés, soutenue par plusieurs membres du Conseil. Les principaux auteurs de la demande ont soumis un projet de résolution, dont une nouvelle version, résultant de consultations menées ces derniers jours, est désormais disponible sur le site extranet du Haut Commissariat aux droits de l'homme (document A/HRC/S-7/L.1/Rev.1).
Dans une déclaration liminaire, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme a souligné que les causes sous-jacentes et les manifestations actuelles de la crise alimentaire mondiale menacent le bien-être et les droits d'un très grand nombre de personnes. S'il est impératif d'y répondre de toute urgence par le déploiement d'une aide humanitaire, un accent particulier doit être mis sur les droits de l'homme pour contribuer à rendre les solutions plus durables et équitables à moyen et long terme. La crise alimentaire actuelle résulte de la convergence de plusieurs facteurs, a poursuivi Mme Arbour, citant les distorsions entre l'offre et la demande, les pratiques commerciales inéquitables et les politiques qui reposent sur les incitations et les subventions. Mais le cœur de cette crise est le manque d'accès à l'alimentation, un droit reconnu par le droit international.
Le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, qui avait invité le Conseil dès le 2 mai à tenir cette session extraordinaire, a pour sa part souligné que les catastrophes naturelles ne sont pas des violations des droits de l'homme, à moins que les États en situation d'aider les victimes restent passifs et ne viennent pas en aide aux populations touchées. L'augmentation du prix des aliments est une catastrophe causée par l'homme, ses causes sont identifiables. Il a notamment souligné que les États doivent revoir leurs objectifs en matière de production de carburants d'origine agricole et a proposé un gel des investissements et subventions favorisant la production de carburant à partir de cultures occupant des terres arables qui pourraient être consacrées à des cultures vivrières. Enfin, l'aide alimentaire internationale ne doit pas être imposée aux États mais s'inscrire dans une stratégie nationale de sécurité alimentaire, a souligné M. de Schutter. Les donateurs doivent utiliser les circuits commerciaux et les marchés locaux et s'intéresser aux groupes les plus vulnérables.
Au cours du débat de ce matin, nombre d'intervenants ont salué la convocation de cette session extraordinaire, la première que le Conseil consacre à une question thématique. Il a maintes fois été souligné que la flambée des prix des denrées alimentaires affecte en premier lieu les personnes les plus vulnérables à travers le monde. Plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité de s'attaquer aux causes structurelles de la crise alimentaire mondiale actuelle associée à la hausse constante des prix des denrées alimentaires de base. Afin de résoudre cette crise, il est important d'assurer une cohérence et une coordination des actions menées aux niveaux national, régional et international. Certains intervenants ont clairement appelé à la cessation de la production de biocarburants. Plusieurs orateurs ont dénoncé, au nombre des facteurs ayant engendré la présente crise alimentaire dans le monde, les subventions agricoles accordées par les pays riches à leurs agriculteurs, rendant non viable l'agriculture dans la plupart des pays en développement et provoquant une flambée des prix.
Nous sommes convaincus que le monde dispose de suffisamment de ressources et de capacités pour faire face à cette crise, a déclaré le représentant de l'Inde, avant d'appeler à un accord mondial afin de stabiliser les prix des denrées alimentaires, fruit d'un nouveau partenariat entre pays développés et en développement.
Les pays suivants ont fait des déclarations: Cuba, Égypte (au nom du Groupe africain et en son nom propre), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Slovénie (au nom de l'Union européenne), Japon, Guatemala, Malaisie, Pays-Bas, Indonésie, Bangladesh, Sénégal, Maurice, Madagascar, Brésil, Inde, Azerbaïdjan, Mexique, Canada, Philippines, Nicaragua, Nigéria, France, Angola, Chine, Pérou, Afrique du Sud, Sri Lanka, Allemagne et Arabie saoudite. L'Observateur de la Palestine est intervenu au nom du Groupe arabe.
Le Conseil poursuivra cet après-midi, à 15 heures, les travaux de sa session extraordinaire, qui doit se clore par l'adoption d'un projet de résolution (rappelons que le Conseil est saisi à cet égard du document A/HRC/S-7/L.1/Rev.1).
Déclarations liminaires
MME LOUISE ARBOUR, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a souligné que les causes sous-jacentes et les manifestations actuelles de la crise alimentaire mondiale menacent le bien-être et les droits d'un très grand nombre de personnes. Elle s'est dite d'avis que s'il est impératif d'y répondre de toute urgence par le déploiement d'une aide humanitaire, un accent particulier doit être mis sur les droits de l'homme pour contribuer à rendre les solutions plus durables et équitables à moyen et long terme. Une telle approche permet d'analyser l'impact de la crise sur les populations; elle permet également de clarifier les déséquilibres existant dans la société et qui déclenchent et aggravent la crise alimentaire; et elle offre un cadre légal qui rappelle les obligations des États tout en se concentrant sur l'importance d'assurer la participation des groupes les plus marginalisés, a souligné Mme Arbour. Elle a insisté sur l'importance de permettre à ces groupes, ainsi qu'aux institutions nationales des droits de l'homme, aux organisations de la société civile et aux mécanismes internationaux de participer à l'évaluation de la situation et d'y répondre.
La crise alimentaire actuelle résulte de la convergence de plusieurs facteurs, a poursuivi la Haut-Commissaire, citant notamment les distorsions entre l'offre et la demande, les pratiques commerciales inéquitables et les politiques qui reposent sur les incitations et les subventions. Mais le cœur de cette crise est le manque d'accès à l'alimentation, a-t-elle souligné. Or cet accès est un droit, un droit protégé par le droit international. Mme Arbour a également insisté sur la nécessité d'examiner les répercussions de la crise sur les membres de la société qui sont déjà marginalisées - comme les femmes, les enfants, les minorités et les handicapés - et de trouver les moyens d'y remédier. Il s'agit également d'éradiquer les causes profondes de discrimination et d'exclusion, comme le manque d'accès aux terres, a-t-elle ajouté, avant d'attirer l'attention sur le risque que cette crise mette en péril d'autres droits comme le droit à la santé ou le droit à l'éducation.
Les États, individuellement et collectivement, ont l'obligation - en vertu du droit international - de remédier à cette situation et d'assurer un accès à l'alimentation sans discrimination, a insisté Mme Arbour. Le respect de cette obligation passe également par l'adoption de stratégies nationales destinées à assurer la sécurité alimentaire. La Haut-Commissaire a souligné qu'un système efficace de responsabilisation est essentiel pour contrôler les causes internes qui provoquent la montée des prix des denrées alimentaires. Un tel système, a-t-elle précisé, doit reposer sur un cadre national légal qui permette de traduire le droit à l'alimentation en une norme nationale réelle et mesurable. La Haut-Commissaire a également souligné l'importance d'offrir un recours lorsque des abus se produisent. En outre, elle a fait remarquer que les acteurs privés ont la responsabilité d'adopter un comportement qui n'entrave pas la réalisation du droit à l'alimentation. La nature de cette crise dépasse les frontières nationales, et les États doivent coopérer avec les autres États qui ont besoin d'assistance.
Donner aux individus la possibilité d'assurer leur sécurité alimentaire pour eux et pour leur famille est un moyen durable de contourner la crise alimentaire, a-t-elle souligné. Et dans la recherche de réponses efficaces et viables, la pleine participation des personnes les plus touchées est une condition indispensable, a-t-elle martelé. Elle s'est également dite d'avis que le Conseil peut, par le biais de l'examen périodique universel, stimuler et évaluer au fil du temps les réponses apportées à la crise. Les détenteurs de mandats du Conseil, comme le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, ainsi que les organes conventionnels peuvent également surveiller et évaluer la réalisation du droit à l'alimentation. Le système des Nations Unies en entier doit faire face aux aspects humanitaires, scientifiques, économiques et politiques de la crise alimentaire, a-t-elle conclu.
M. OLIVIER DE SCHUTTER, Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, a déclaré que le Conseil des droits de l'homme, en convoquant cette session extraordinaire, fait passer trois messages à la communauté internationale. D'abord, celui de l'équivalence des droits économiques, sociaux et culturels avec les autres droits couverts par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Puis le fait que la session, thématique et non centrée sur un pays ou une région, souligne la nécessité de concevoir les droits de l'homme non seulement comme une seule obligation des États, mais encore comme devant être réalisés grâce à la coopération et au dialogue internationaux – une coopération qui doit concerner en particulier les pays exportateurs et importateurs de produits alimentaires. Enfin et surtout, le fait que la crise alimentaire mondiale n'est pas traitée comme une catastrophe naturelle, mais bien comme une menace particulièrement grave sur le droit à l'alimentation de millions de personnes. Les catastrophes naturelles ne sont pas des violations des droits de l'homme, à moins que les États en situation d'aider les victimes restent passifs et ne viennent pas en aide aux populations touchées, a précisé M. de Schutter. L'augmentation du prix des aliments est une catastrophe causée par l'homme, aux causes identifiables.
Détaillant ses activités et les nombreux contacts qu'il a pris en tant que tout nouveau Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, M. de Schutter s'est félicité de l'action des grandes institutions internationales, notamment le Programme alimentaire mondial. Le Rapporteur spécial a cependant observé que les approches de ces institutions ne sont pas axées sur la perspective des droits de l'homme. Il a précisé les implications du droit à une alimentation adéquate sur plusieurs des aspects de la crise actuelle. Ainsi, le droit à l'alimentation doit orienter les mesures prises pour répondre à la nécessité urgente de nourrir ceux qui ont faim. Dans ce cadre, l'aide alimentaire internationale ne doit pas être imposée aux États mais s'inscrire dans une stratégie nationale de sécurité alimentaire. L'aide doit être liée à une véritable «stratégie de sortie» et ne doit pas entraîner de dépendance. Les donateurs doivent utiliser les circuits commerciaux et marchés locaux et s'intéresser aux groupes les plus vulnérables.
Par ailleurs, la coopération internationale est un facteur crucial de la réalisation du droit à une alimentation adéquate, a souligné le Rapporteur spécial. Les États sont tenus de demander l'aide internationale dans la mesure où ils ne peuvent garantir seuls la disponibilité et l'accès à l'alimentation. Le fait de ne pas réclamer cette aide, ou d'empêcher les agences internationales chargées de cette aide, constitue une violation grave du droit à l'alimentation. Au-delà des situations d'urgence, les obligations des États supposent la création d'un cadre international susceptible d'interagir avec les stratégies nationales. Par exemple, les producteurs agricoles doivent avoir un accès facilité aux intrants (semences, etc.) afin d'avoir une chance de préparer d'ici au mois d'août, la prochaine récolte. Autre exemple, il est patent que le secteur privé ne pourra répondre à tous les besoins en infrastructures: le Rapporteur spécial a appelé la communauté internationale à respecter l'objectif d'aide directe au développement de 0,7% du PIB. Les États doivent en outre prendre des mesures pour assurer la stabilité des prix et réviser leurs objectifs en matière de production de carburants d'origine agricole. Il a proposé un gel des investissements et subventions favorisant la production de carburant à partir de cultures occupant des terres arables qui pourraient être consacrées à des cultures vivrières.
M. de Schutter a également fait valoir la nécessité d'appliquer des stratégies de long terme pour le renforcement de la productivité du secteur agricole, y compris du bétail, de la sylviculture et de la pêche, grâce à des stratégies ciblant les petits producteurs et les agriculteurs traditionnels. Parmi les mesures envisageables, le Rapporteur spécial a cité le découplage des coûts de la production agricole et du prix de l'énergie, la prise en compte des nombreuses autres fonctions de l'agriculture (cohésion sociale et préservation de l'environnement) et le passage à un modèle de production plus durable, compte tenu en particulier des conséquences du changement climatique. Enfin, le Rapporteur spécial a rappelé que les implications normatives du droit à l'alimentation ont déjà été précisées par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Le Comité a insisté sur la nécessaire prise en compte de toutes les dimensions – acceptabilité, adéquation, disponibilité et accessibilité matérielle et économique – pour l'évaluation de l'impact de certaines politiques sur le droit à l'alimentation.
Les politiques agricoles, le régime du commerce international, les changements climatiques, l'aide alimentaire: tous ces éléments doivent être abordés dans l'optique du droit à l'alimentation et les États ne doivent pas faire abstraction de cette dimension «droits de l'homme» dans leurs négociations. Les causes des violations du droit à l'alimentation sont connues et il est de la responsabilité du Conseil des droits de l'homme de dénoncer l'inaction ou le manque de progrès, a conclu M. de Schutter.
Dans une note d'information préparée le 2 mai dernier et dans laquelle il présentait son analyse de la crise alimentaire mondiale, le Rapporteur spécial invitait déjà le Conseil des droits de l'homme à convoquer une session extraordinaire afin d'étudier les mesures qui devraient être prises pour réagir à la situation actuelle résultant de cette crise, compte tenu du droit à une alimentation suffisante. Dans sa note, le Rapporteur spécial souligne qu'il assume ses nouvelles fonctions alors que ce droit est menacé à une échelle sans précédent. Il précise que les catastrophes naturelles ne constituent pas des violations des droits de l'homme, à moins que les États en mesure d'aider les victimes n'en fassent rien. La catastrophe résultant de l'augmentation des prix mondiaux de produits alimentaires est d'une autre nature. Il s'agit d'une catastrophe créée par l'homme et ses causes sont identifiables. Des solutions immédiates et à moyen terme peuvent être trouvées. Cela impose à tous les États une obligation d'agir, et d'agir sans retard. Il est estimé que plus de 100 millions de personnes seront dans une situation d'insécurité alimentaire suite à la crise actuelle sur le marché mondial des produits de base. Ces personnes doivent recevoir la même attention que s'ils étaient arbitrairement détenus par un gouvernement autoritaire, ou si elles étaient victimes de violences policières. Le Conseil des droits de l'homme a été créé en tant qu'organe permanent en mesure de répondre aux cas d'urgence. C'est le cas aujourd'hui et le Conseil ne doit pas garder le silence.
M. EIBE RIEDEL, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, a rappelé que vendredi dernier, le Comité a adopté par consensus une déclaration sur la crise alimentaire mondiale (E/C.12/2008/1, disponible en anglais seulement). La crise alimentaire actuelle doit être considérée sous l'angle de ses liens étroits avec les droits de l'homme, a-t-il précisé. La crise alimentaire mondiale ne fait que souligner des causes structurelles qui étaient en action depuis plusieurs années, a-t-il souligné. Il convient de prendre des mesures urgentes, tant au niveau individuel que par le biais de l'aide internationale, pour mettre chacun à l'abri de la faim et apporter une aide alimentaire à ceux qui en ont besoin. À chaque fois que cela est possible, les aliments doivent être achetés au niveau local, a par ailleurs souligné M. Riedel. La flambée des prix des denrées alimentaires est une question qu'il convient d'aborder en priorité, a-t-il souligné. Des mesures doivent notamment être prises face à la spéculation dont font l'objet les produits de base de l'alimentation et s'agissant également de la question des biocarburants. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels propose pour sa part que soit mis en place un mécanisme international de coordination pour surveiller et coordonner l'action en rapport avec la crise alimentaire mondiale. De l'avis du Comité, le Conseil des droits de l'homme doit se pencher sur les causes structurelles de cette crise et notamment revoir la politique commerciale agricole mondiale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), afin de promouvoir un commerce agricole propice à l'élimination de la faim dans le monde.
Débat
M. JUAN ANTONIO FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a fait remarquer que cette session extraordinaire offre une occasion sans précédent au Conseil d'analyser un thème d'une importance cruciale pour des dizaines de millions de personnes. Le Conseil des droits de l'homme a réagi de façon rapide et efficace, s'est-il réjoui. Il a notamment tenu à saluer le rôle joué par le nouveau Rapporteur spécial qui a su, dans le cadre de cette session extraordinaire, faire preuve d'un grand dynamisme. Les peuples ont faim, a poursuivi le représentant. Il a déploré que la faim ait cependant disparu de la conscience de la communauté internationale en tant que problème, pour être remplacée par le terrorisme et les changements climatiques. Il a rappelé que la montée des prix des denrées alimentaires a plongé dans la pauvreté et la précarité des millions de personnes dans les pays en développement. Attirant l'attention sur les causes de ce phénomène, il a fustigé la répartition injuste et inéquitable des richesses au niveau mondial et le modèle économique néo-libéral. Il s'agit d'un problème structurel, a-t-il insisté, et non une crise conjoncturelle. Cuba préfère que la communauté internationale élabore des stratégies globales plutôt que des projets d'aide ponctuelle. L'expression «du pain aujourd'hui et la faim pour demain» ne doit pas sous-tendre l'action de la communauté internationale aujourd'hui, a-t-il insisté.
M. Fernández a fait remarquer que ceux qui meurent de faim en ont assez que le monde riche dépense 8000 millions de dollars par année en cosmétiques et 17 000 millions pour nourrir leurs animaux domestiques. Ceux qui meurent de faim en ont assez du budget mondial pour la guerre; ils ne supportent plus l'idée que les problèmes du monde peuvent se régler par la guerre, a-t-il ajouté. Le représentant cubain a enfin souligné que les solutions sont à la portée de la communauté internationale. Un monde sans faim est possible, un monde juste est possible, a-t-il souligné citant Fidel Castro.
M. SAMEH SHOUKRY (Égypte, au nom du Groupe africain) a fait observer que la crise alimentaire mondiale due à la flambée des prix a un impact disproportionné sur les pays africains. Le continent a d'ores et déjà pris des mesures effectives pour faire face à cette montée des prix, a-t-il ajouté. Face à cette situation, il convient de promouvoir une cohérence entre les politiques nationales et internationales afin de faire prévaloir le droit à l'alimentation, a souligné le représentant du Groupe africain. Il a rappelé l'obligation principale des États de soulager la faim. La crise actuelle est le résultat de facteurs internationaux, a-t-il poursuivi. Cette crise a été aggravée par les subventions au profit de sources alternatives d'énergie, en particulier les biocarburants, a par ailleurs fait observer le représentant. Il a dénoncé les mesures et politiques qui entraînent une violation du droit à l'alimentation et a plaidé en faveur d'une approche coordonnée face à cette crise. Il convient de trouver des solutions à long terme à la crise alimentaire mondiale en traitant les problèmes essentiels qui la sous-tendent, a insisté le représentant. La situation actuelle est inacceptable et elle continue de menacer la sécurité régionale et internationale, souligne le Groupe africain.
M. MASOOD KHAN (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a déclaré que plus de 82 pays sont dans une situation d'urgence alimentaire et plus de 850 millions de personnes vivent dans l'insécurité alimentaire. Les stocks de céréales ont fortement diminué. L'augmentation des prix entraîne faim et insécurité partout dans le monde. Le Conseil des droits de l'homme n'est pas une institution spécialisée mais peut définir des mesures pour le respect du droit à l'alimentation, toute inaction ou passivité serait une violation de ce droit. À long et moyen terme, il faudra régler les problèmes que sont les interdictions d'exportation de produits agricoles, la généralisation des biocarburants et les changements climatiques, notamment. Dans l'immédiat, la crise actuelle remet en question tous les progrès enregistrés à ce jour dans le domaine de la lutte contre la faim et la pauvreté extrême, a déploré le représentant, appelant au renforcement de l'aide aux petits producteurs et à l'amélioration des systèmes de distribution. Il faut également répondre sans délai à l'appel lancé par les agences internationales en faveur des populations les plus vulnérables, a déclaré le représentant pakistanais. Quant au Conseil des droits de l'homme, il devrait apporter son soutien à l'équipe spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la crise alimentaire mondiale dans ses efforts de mobilisation d'une aide financière d'urgence et de renforcement des capacités d'action des autorités locales et nationales.
M. ANDREJ LOGAR (Slovénie, au nom de l'Union européenne) s'est félicité de l'appui général dont les États ont témoigné pour la convocation de cette session extraordinaire. Il s'est dit persuadé que le Conseil des droits de l'homme peut jouer un rôle fondamental pour répondre aux aspects relatifs aux droits de l'homme de cette crise. Il a fait observer que les nombreuses causes de cette crise ne relèvent pas du mandat du Conseil et qu'il n'appartient pas à ce dernier d'en discuter. D'autres organes des Nations Unies travaillent actuellement sur une stratégie pour aider les pays en développement à faire face à cette crise alimentaire. Les États ont toutefois l'obligation de prendre des mesures pour assurer besoins fondamentaux de leurs populations. Une bonne gouvernance et l'exercice de tous les droits civils et politiques et les droits économiques sociaux et culturels sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire, a-t-il souligné. De même, la liberté d'expression et l'état de droit constituent des instruments puissants pour éradiquer la faim et la pauvreté. Il faut œuvrer ensemble pour assurer la réalisation et le plein respect du droit à l'alimentation. Le représentant de l'Union européenne a souligné l'importance d'accorder une attention particulière aux groupes vulnérables. Parmi les mesures à mettre en œuvre, il a estimé nécessaire de veiller à augmenter la production et la productivité dans les pays en développement, avec un accent tout particulier sur l'amélioration des capacités de l'agriculture à petite échelle. Il a d'autre part souligné que les États doivent assurer un accès entier à l'assistance humanitaire. À cet égard, il s'est dit choqué par les conséquences du cyclone Nargis et souligné que la communauté internationale doit faire tout son possible pour assurer que l'assistance humanitaire parvienne à la population. L'aide alimentaire d'urgence peut apporter une contribution importante à la réduction de la crise actuelle, a souligné le représentant, qui a fait valoir que l'Union européenne a augmenté sensiblement son financement à l'aide alimentaire en 2008. Mais l'aide alimentaire répond à un besoin à court terme, c'est pourquoi il est important d'assurer une augmentation de la production locale.
M. MOHAMMAD ABU-KOASH (Palestine, au nom du Groupe arabe) a souligné que le Conseil se doit de faire face à la crise alimentaire mondiale, eu égard à ses compétences et à sa spécialisation dans le domaine des droits de l'homme. Il a souligné que la présente session extraordinaire doit se solder par l'adoption d'une résolution par consensus, afin d'envoyer un message sans équivoque à tous ceux qui souffrent de la faim dans le monde, leur indiquant que nous ne sommes pas de simples spectateurs de leurs souffrances. La crise alimentaire actuelle n'a rien à voir avec une quelconque théorie malthusienne; elle est due à l'homme et il ne s'agit pas d'une crise «naturelle». Il faut que les institutions spécialisées s'attachent à faire face aux facteurs qui sont la cause de cette crise. Certains parlent de l'offre, d'autres de la demande, mais en fait, cette crise doit nous amener à remettre en cause toutes les théories et leur mise en œuvre. Tout le monde est aujourd'hui d'accord pour qu'une initiative soit prise afin d'assurer la production de denrées alimentaires. Dans des circonstances normales, le Soudan, par exemple, pourrait nourrir non seulement sa propre population mais aussi d'autres populations.
M. SHINICHI KITAJIMA (Japon) a souligné que tous les peuples ont le droit fondamental d'être à l'abri de la faim. La flambée des prix alimentaires pose des problèmes graves et laissent planer la menace de la malnutrition, avec des impacts négatifs sur la jouissance des droits de l'homme. Les prix alimentaires mondiaux influencent égalent les prix au Japon, qui est fortement dépendant de l'approvisionnement sur le marché international. Le Japon estime que le problème des prix alimentaires doit être traité dans le cadre des prochaines réunions du G8 et qu'il doit être mis à l'ordre du jour d'autres instances internationales. Dans le cadre de la coopération internationale, le Japon a déjà annoncé un plan d'aide alimentaire d'urgence d'un montant de 100 millions de dollars d'ici à juillet 2008. Cinquante millions de dollars ont déjà été versés au Programme alimentaire mondial et cinquante autres millions seront consacrés à l'aide aux petits paysans. À long terme, il conviendra de réfléchir aux moyens d'augmenter la production et la productivité agricoles dans le contexte des changements climatiques. Quant à la promotion des biocarburants, elle doit tenir compte de la nécessité d'équilibrer les exigences de la lutte contre le réchauffement climatique et de la réalisation du droit à l'alimentation, a souligné le représentant du Japon.
M. CARLOS RAMIRO MARTÍNEZ ALVARADO (Guatemala) a estimé que cette session extraordinaire est particulièrement opportune et a tenu à remercier les États qui l'ont convoquée. Il a ensuite expliqué que l'ancien Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, M. Jean Ziegler, s'est rendu au Guatemala en 2005 et a reconnu que le Gouvernement faisait des efforts face à ce problème. Pour mettre un terme à la faim et la malnutrition, une stratégie intégrale de développement acceptée par tous les secteurs a été mise en place. Des mécanismes institutionnels et légaux ont été mise ne œuvre et une politique nationale de sécurité alimentaire a été élaborée, a-t-il indiqué. Il a également souligné que ces efforts nationaux ont été complétés par l'aide bilatérale et multilatérale de la coopération internationale. Toutefois, a-t-il fait remarquer, la crise actuelle entrave la capacité des pays en développement de faire face et compromet à moyen terme les possibilités pour ces États de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. Les causes de la crise ne sont pas nouvelles et touchent en particulier les populations des pays en développement et les secteurs les plus vulnérables de ces pays. Le représentant du Guatemala a souligné que la crise résulte é la fois des distorsions du commerce international, des inégalités entre les différents pays et du changement climatique. Les efforts déployés par les pays en développement ne suffisent pas à régler cette crise.
M. AMRAN MOHAMED ZIN (Malaisie) a déclaré que son pays est particulièrement préoccupé par le fait que la crise alimentaire actuelle met à l'épreuve de très nombreux pays en développement qui n'ont pas les moyens de s'adapter face à cette crise. Le risque d'instabilité politique induit par cette crise est énorme, a-t-il ajouté. L'objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici 2015 est gravement menacé par la présente crise alimentaire mondiale. Pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, il faut des mesures concertées au niveau interne associées à un partenariat international, a souligné le représentant malaisien. Il faut incontestablement une réaction mondiale à cette crise, a-t-il insisté. Le représentant malaisien a indiqué attendre avec impatience les résultats de la conférence de haut niveau qui va se tenir à Rome, sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), au début du mois prochain. La crise actuelle doit être appréhendée dans le cadre beaucoup plus large du développement durable, a conclu le représentant.
M. BOUDEWIJN J. VAN EENENNAAM (Pays-Bas) a engagé le Conseil des droits de l'homme à se pencher sur la manière dont les gouvernements peuvent garantir, à court terme, l'accès de leurs citoyens à une nourriture adéquate. À titre de filet de sécurité, les États devraient notamment prévoir des transferts directs d'argent ou, à défaut, un approvisionnement ciblé en produits alimentaires. Les quotas à l'exportation de produits agricoles devraient être supprimés, a aussi préconisé le représentant, et l'action à moyen terme porter sur le développement du secteur agricole, grâce notamment à des investissements dans les infrastructures. Toutes ces mesures ont un coût, a admis le représentant, et les pays concernés doivent faire appel à l'aide internationale s'ils n'ont pas les moyens de l'assumer. Les Pays-Bas sont de leur côté prêts à assumer leurs responsabilités financières. Le représentant néerlandais a ainsi fait valoir que son pays a déjà dégagé plus de 70 millions de dollars au titre de l'aide alimentaire d'urgence et, à terme, consacrera 400 millions de dollars par an au développement agricole durable.
M. JOSE A. MORATO TAVARES (Indonésie) a fait remarquer que la crise actuelle, résultat de l'augmentation des prix des denrées alimentaires, a souligné que l'objectif aujourd'hui est de pousser les États à agir, notamment en mettant en place un régime mondial de gouvernance alimentaire qui aurait dû voir le jour depuis longtemps. Le droit à l'alimentation est un droit fondamental, a rappelé le représentant. Il ne peut être réalisé qu'en assurant un accès universel à l'alimentation. Le représentant indonésien a également fait remarquer qu'alors que l'on fête le soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, le droit à l'alimentation fondamental reste inaccessible pour 854 millions de personnes. Cette session extraordinaire est essentielle pour appeler les États à l'action et leur rappeler leurs obligations, et notamment celle de protéger contre la faim. Les gouvernements et les acteurs mondiaux sont invités à évaluer et à chercher à améliorer les mécanismes de la production alimentaire, ainsi que l'offre et la demande, a-t-il ajouté. Il a rappelé que l'ancien Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, M. Jean Ziegler, avait mis en lumière les inégalités profondes qui perdurent dans le monde s'agissant de l'accès à l'alimentation. Il faut créer les conditions nécessaires à la promotion de la dignité humaine et donner aux plus pauvres les moyens de réaliser leur droit à l'alimentation, a-t-il insisté. Il a réitéré l'importance de revoir les mécanismes de production alimentaire et du commerce. Il faut trouver de nouveaux modes de fonctionnement pour assurer que la situation soit plus équitable, a-t-il conclu.
M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA (Bangladesh) a relevé que pour la première fois, une session extraordinaire sur une question thématique a été convoquée. Selon les estimations, près de 900 millions de personnes dans le monde ont régulièrement faim et sont sous-alimentées. En outre, près de 40 000 enfants meurent de faim et de maladies évitables dans le monde chaque jour. La faim, la malnutrition et la pauvreté dans les pays les plus touchés par ces phénomènes sont considérablement aggravées par la hausse des prix des denrées alimentaires. En outre, des phénomènes tels que la sécheresse, la demande accrue de biocarburants et la demande accrue des consommateurs dans les grands pays ne font qu'aggraver cette situation mondiale. Or, il semble que la flambée des prix ne soit pas sur le point de s'inverser, a déploré le représentant. Il devient dès lors capital de trouver des solutions pour aider les pays importateurs nets de denrées alimentaires. Dans ce contexte, il convient d'entendre l'appel de fonds lancé par le Programme alimentaire mondial à hauteur de 750 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents. Par ailleurs, la production de biocarburants doit cesser, a estimé le représentant du Bangladesh. Il s'est dit confiant que le prochain sommet sur cette question qui se tiendra à Rome au début du mois prochain traitera les problèmes urgents de faim et d'alimentation et traitera également le problème urgent de la sécurité alimentaire.
M. BABACAR CARLOS MBAYE (Sénégal) a déclaré que la manière dont l'appel à la tenue d'une session extraordinaire s'est concrétisé témoigne d'une conscience collective de l'urgence de la crise actuelle et de la volonté d'intégrer les droits de l'homme à la recherche de solutions durables au problème de la faim dans la monde. La situation alimentaire mondiale est d'une nature si complexe que ses causes interpellent et engagent tous les intervenants concernés par le droit à l'alimentation. Il incombe, certes, aux États de réaliser ce droit. Mais la collaboration étroite des Nations Unies et des organisations internationales concernées, des secteurs privé et public, est aussi indispensable, les efforts nationaux devant être complétés par une aide technique et par le développement du secteur agricole. C'est dans cet esprit que le Gouvernement du Sénégal a pris une série de mesures pour faire de l'agriculture le moteur du développement du pays.
M. SAMEH SHOUKRY (Égypte) s'est félicité de la tenue de cette session extraordinaire et s'est dit d'avis que cette session engage la crédibilité du Conseil. Nous sommes à un moment important dans l'histoire de ce Conseil; l'opinion publique observe la capacité du Conseil à adresser un message uni et solidaire face à la crise alimentaire. Le représentant égyptien a expliqué que la crise alimentaire et la flambée des prix des denrées alimentaires découlent de nombreux facteurs, et notamment des politiques prônées par certaines organisations internationales financières et spécialisées qui ont mené à une baisse des fonds investis dans l'agriculture et à des changements dans les cultures. Ces répercussions ont été aggravées par les déformations commerciales qui sont le fait des subventions accordées par les pays riches à leurs agriculteurs. Les changements climatiques, la hausse des prix de l'énergie, la spéculation sur les marchés internationaux et les productions excessives de biocarburants à l'heure où des millions de personnes souffrent de la faim contribuent également au phénomène. Le représentant a appelé les États à évaluer les différents facteurs qui ont mené à cette crise et à revoir les politiques nationales qui pourraient avoir contribué à cette situation. Rappelant que certains États ont invoqué les principes de responsabilité de protéger et de sécurité humaine pour intégrer la dimension des droits de l'homme dans les politiques de développement, il a dit s'attendre à ce que ces mêmes États élèvent leurs voix pour insister sur l'importance de répondre à cette crise d'un point de vue des droits de l'homme. L'éradication de la pauvreté, de la faim et de la maladie et la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement représentent une obligation morale, politique et éthique, ainsi qu'une responsabilité partagée, a conclu le représentant égyptien.
M. SHREE BABOO CHEKITAN SERVANSING (Maurice) s'est réjoui que la présente session extraordinaire du Conseil permette de procéder à une analyse approfondie des liens entre insécurité alimentaire, vulnérabilité et droit à l'alimentation. Il est impossible de faire prévaloir les droits civils et politiques si l'on ne cherche pas à promouvoir le droit à l'alimentation, a-t-il souligné, mettant l'accent sur l'indivisibilité de tous les droits de l'homme. La crise alimentaire actuelle est plus durement ressentie par les États les plus vulnérables, au nombre desquels les petits insulaires en développement, a-t-il poursuivi. En tant que pays importateur net de produits alimentaires, Maurice est préoccupé que de nombreux pays exportateurs aient pris des mesures strictes en matière commerciale, au nombre desquelles des restrictions à l'exportation voire carrément des mesures d'interdiction pour certains produits de base; pour légitimes et compréhensibles qu'elles soient, de telles mesures ont des conséquences néfastes sur l'accès à l'alimentation, du fait de la hausse des prix des denrées qu'elles provoquent. La crise actuelle requiert une coopération et une solidarité internationale pour y faire face, a conclu le représentant mauricien.
MME CLARAH ANDRIANJAKA (Madagascar) a déclaré que l'appui par plus de 82 États membres des Nations Unies, dont le sien, pour la tenue de cette session extraordinaire, démontre la détermination de la communauté internationale à chercher une solution nécessaire au plein respect du droit à l'alimentation. Plus de 850 millions de personnes se trouvent dans une situation d'insécurité alimentaire, a rappelé la représentante, et deux milliards souffrent de malnutrition. L'Afrique subsaharienne est l'une des régions du monde les plus touchées par ce fléau. Cette situation requiert non seulement une action énergique au niveau national mais aussi des efforts accrus et un engagement collectif de la communauté internationale, en vertu de l'obligation pour tous les États de garantir le droit à une alimentation adéquate, une obligation que les pays les moins avancés ne peuvent assumer à eux seuls. Le respect du droit à l'alimentation incombe au premier chef aux États et un plan d'action nationale approprié pour faire face à la crise alimentaire doit être mis en place dans l'urgence. De telles mesures devraient être prises également au niveau régional et international; l'Union africaine dispose pour sa part déjà d'un mécanisme afférent, a observé la représentante malgache. Le rôle du Conseil des droits de l'homme est de déployer tous ses efforts pour faciliter les échanges de vues et d'expériences entre les États, les parties prenantes et les organisations internationales pour éradiquer la crise alimentaire mondiale.
M. SÉRGIO ABREU E LIMA FLORÊNCIO (Brésil) a regretté qu'après des années de dévouement à cette question, la communauté internationale doive encore faire face à des problèmes dans la réalisation du droit à l'alimentation. Il a espéré que cette session extraordinaire permettra d'adopter une perspective axée sur les droits de l'homme dans le cadre de la crise alimentaire actuelle. Il a félicité le Secrétaire général d'avoir pris l'initiative de créer une cellule de crise sur la question. La lutte contre la faim est une priorité pour le Brésil, a-t-il poursuivi, faisant notamment référence à la politique brésilienne de «faim zéro». Il a fait remarquer que la communauté internationale ne fait pas uniquement face au manque de produits alimentaires et agricoles mais aussi à une distribution et une capacité d'achat inégales. Citant le Président Lula, il a souligné que la crise actuelle est une combinaison de multiples facteurs, comme la flambée des prix du pétrole, les spéculations sur les marchés financiers internationaux et l'accumulation des denrées alimentaires dans certains pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Il a plaidé en faveur de la mise en place de solutions d'urgence, mais également de plans sur le long terme. Il a ensuite estimé que les allégations qui lient la montée actuelle des prix à la production de bioéthanol ne sont pas fondées. Il s'est inscrit en faux face aux propos de M. Jean Ziegler, l'ancien Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, qui proposait de considérer la production de biocarburants comme un «crime contre l'humanité». Pour surmonter la crise actuelle, le succès du Cycle de négociations de Doha est nécessaire, a-t-il insisté. Nous devons contribuer tous ensemble à cet objectif, a-t-il conclu.
M. SWASHPAWAN SINGH (Inde) a jugé impératif que le Conseil et d'autres institutions internationales réagissent à la crise alimentaire mondiale actuelle en toute sincérité et que tous les pays, développés comme en développement, joignent leurs efforts pour résoudre cette crise. La crise alimentaire mondiale et la hausse des prix alimentaires exacerbent les inégalités mondiales et les différences de revenus et de richesses. Les énormes subventions agricoles accordées par les pays développés à leurs agriculteurs, qui déversent alors leurs produits dans les pays en développement, a rendu non viable l'agriculture dans la plupart des pays en développement et provoqué une flambée des prix, a souligné le représentant indien. Une utilisation de plus en plus fréquente des céréales disponibles aux fins de production de biocarburants n'a fait qu'aggraver le problème, a-t-il ajouté. le représentant indien a affirmé que les pays en développement, pour accroître leur production, ont besoin d'un transfert de technologiques modernes, de semences résistant aux pesticides, de systèmes d'irrigation performants et d'engrais améliorés. L'un des progrès les plus notables enregistrés en Inde s'est fait dans le domaine de la sécurité alimentaire, a par ailleurs souligné le représentant indien, tout en reconnaissant que le pays doit encore faire davantage pour améliorer les niveaux nutritionnels. Nous sommes convaincus que le monde dispose de suffisamment de ressources et de capacités pour faire face à cette crise, a-t-il conclu, appelant à un accord mondial afin de stabiliser les prix des denrées alimentaires, fruit d'un nouveau partenariat entre pays développés et en développement.
M. ELCHIN AMIRBAYOV (Azerbaïdjan) a dit la vive préoccupation de son pays devant le sort de millions d'individus privés du droit à l'alimentation. Cette insécurité exacerbe la situation dans les pays pauvres et entrave leurs efforts de développement; elle engendre manifestations, troubles civils et déplacements massifs de populations. Les États doivent donc redoubler d'effort pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations. S'ils n'y parviennent pas seuls, ils doivent pouvoir compter sur l'aide internationale. Par ailleurs, la communauté internationale doit se préoccuper des effets destructeurs du changement climatique et de la désertification. Le représentant azerbaïdjanais a observé que certains groupes paraétatiques empêchent la distribution d'aide alimentaire et a dénoncé l'utilisation de la famine comme arme de guerre.
M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a estimé que la convocation de cette session extraordinaire constitue un précédent très important et a exprimé l'espoir que le Conseil emploiera tous les moyens dont il dispose pour mettre en lumière les aspects de la crise alimentaire actuelle qui relèvent des droits de l'homme. L'ampleur de la crise est particulièrement alarmante. Parmi les différents facteurs qui ont mené à cette crise, le représentant a souligné l'augmentation de la demande d'aliments, les changements climatiques, la diminution des réserves, les barrières aux exportations et les subventions à la production agricole, l'augmentation de la demande de céréales pour la production de biocarburants et la spéculation financière. Tous ces facteurs mettent en lumière la complexité du problème et l'urgence de mettre en œuvre des mesures à court, moyen et long terme. Il a ainsi lancé un appel aux États, aux organisations internationales et à tous les acteurs intéressés, pour qu'ils gardent à l'esprit la nécessité d'agir de manière coordonnée et solidaire. Dans la définition des stratégies à mettre sur pied pour faire face à la crise, il est essentiel d'insister sur l'élément «droits de l'homme», a-t-il martelé. Il faut que la personne soit au centre de la stratégie. Il faut également tenir compte des questions sexospécifiques et garantir l'accès à l'alimentation pour les femmes et pour d'autres groupes vulnérables, a-t-il préconisé. Il a également relevé l'importance d'assurer la participation de la société civile. Le Conseil des droits de l'homme et tous les autres mécanismes ont l'occasion de collaborer pour trouver des solutions efficaces à cette crise, a-t-il conclu.
M. MARIUS GRINIUS (Canada) a déclaré que, dans le contexte de la crise alimentaire mondiale actuelle, la contribution du Conseil doit se concentrer sur les droits de l'homme et les aspects humanitaires de cette crise et apporter un soutien pratique aux principales instances chargées d'y répondre. Rappelant que la crise a des effets disproportionnés sur les personnes les plus vulnérables, le représentant canadien a demandé à tous les États d'assurer un accès égal pour tous aux services humanitaires. La crise alimentaire est particulièrement grave pour les personnes qui vivent dans des pays où l'accès humanitaire sans entrave n'est pas assuré, lorsqu'il n'est pas tout simplement refusé, comme cela est le cas au Myanmar, en Birmanie, au Zimbabwe, en République populaire démocratique de Corée, en Somalie et au Soudan. Le représentant canadien a par ailleurs souligné que le Canada alloue cette année 230 millions de dollars à l'aide alimentaire, soit une hausse de 50 millions de dollars par rapport à l'année dernière.
MME ERLINDA F. BASILIO (Philippines) a qualifié d'occasion historique cette première session thématique du Conseil des droits de l'homme. Compte tenu de l'urgence de la crise, les Philippines estiment que le Conseil doit jouer un rôle pour améliorer la situation des droits de l'homme des personnes touchées par la crise actuelle. Les familles les plus pauvres sont les plus sensibles à la flambée des prix et ne peuvent même plus toujours accéder à un bol de riz quotidien, a déploré la représentante. Le Gouvernement des Philippines a procédé à une réévaluation immédiate des revenus des familles les plus démunies. Il a plaidé pour une meilleure coopération régionale dans le domaine de la recherche de méthodes de production plus efficaces. La communauté internationale peut et doit faire face globalement à une série de défis tels que les changements climatiques et le développement inégal. Le respect des obligations internationales en matière de droits de l'homme doit être au centre des activités de la communauté internationale, c'est pourquoi les Philippines appellent le Conseil des droits de l'homme à assumer un rôle constructif à cet égard.
M. CARLOS ROBELO RAFFONE (Nicaragua) a fait observer qu'il est inacceptable que 880 millions de personnes survivent avec moins d'un dollar par jour, alors que le monde est plus riche que jamais. Il a également déploré que des millions de dollars soient dépensés chaque jour pour financer des guerres. Les inégalités oppriment les plus pauvres et les plus marginalisés. Il faut réunir des fonds pour nourrir les plus pauvres et il faut donner des ressources pour développer les capacités productives de nos pays, a préconisé le représentant nicaraguayen. Les États sont aujourd'hui réunis pour évaluer ensemble les causes de cette crise alimentaire et son impact sur le droit à l'alimentation. Le représentant a souligné que le Nicaragua s'est appauvri à cause des politiques néolibérales imposées par le système capitaliste et souligné que les denrées alimentaires ne doivent pas faire l'objet du «marché libre». Il a regretté que les pays riches conservent leur système de subventions à leurs agriculteurs; ces pratiques déforment le commerce international. Il a ensuite estimé indispensable de garantir une production fiable de denrées alimentaire, ainsi que la sécurité alimentaire pour tous. La réalisation du droit à l'alimentation sera possible lorsque le monde sera moins inégal, a souligné le représentant.
M. MOHAMMED I. HAIDARA (Nigéria) a fait part de sa profonde préoccupation face à la crise alimentaire actuelle qui menace les vies de plus de 800 millions de personnes et constitue incontestablement une menace pour l'humanité. Face à cette crise, la pire depuis 45 ans, il convient d'agir sans plus tarder et de manière globale. Il faut agir ici et maintenant, a insisté le représentant nigérian. Il faudrait que le Conseil appelle les institutions financières internationales et les institutions spécialisées, dans leurs domaines de compétences, à fournir des solutions pratiques à court, moyen et long terme à la crise alimentaire persistante et aux défis que lance la hausse continue des prix des denrées alimentaires. Le Nigéria exhorte toutes les parties prenantes à prendre les mesures nécessaires afin d'assurer que l'organisation des marchés des produits alimentaires au niveau mondial soit compatible avec le droit à l'alimentation.
M. JEAN-BAPTISTE MATTEI (France) a notamment déclaré que son pays est fortement préoccupé par la gravité de la crise alimentaire mondiale, entraînée par la hausse continue des prix des denrées alimentaires, compte tenu des tensions qu'elle provoque au détriment des populations et de son impact sur la poursuite des objectifs du Millénaire pour le développement. La France a immédiatement réagi à la situation d'insécurité alimentaire actuelle en décidant de doubler son enveloppe d'aide au Programme alimentaire mondial, à l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation, aux organisation non gouvernementale et aux États. Le Président français a également proposé la mise en place d'un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture, permettant de mieux coordonner les interventions des Nations Unies, des institutions financières internationales, des États, du secteur privé et des organisations non gouvernementales. Des réponses durables sont aussi nécessaires, c'est pourquoi la France a mis en place un groupe de travail interministériel. Des organisations non gouvernementales sont associées à ses travaux. Par ailleurs, la France inscrira la résolution de cette crise parmi les priorités de sa présidence de l'Union européenne au second semestre 2008. À plus long terme, la crise alimentaire ne peut être résolue qu'en redynamisant l'agriculture mondiale. Ceci passe notamment par une augmentation de la productivité dans les régions du monde où les gains potentiels sont les plus importants, et par un renforcement des stocks alimentaires nationaux et des infrastructures.
M. ARCANJO MARIA DO NASCIMENTO (Angola) a déclaré que son pays suit avec grande appréhension les évènements sociaux enregistrés dans plusieurs pays, surtout africains, suite à la flambée des prix des denrées alimentaires. Cette situation, a-t-il averti, pourrait jeter dans une plus grande pauvreté encore plus de 100 millions de personnes. Il a fait remarquer que des mesures urgentes sont nécessaires pour s'assurer que les conséquences négatives de cette crise n'affectent pas, de façon encore plus alarmante, les pauvres. Le délégué a expliqué que son pays regrette l'ordre économique actuel qui marginalise le continent africain et qui entrave le développement. Certaines institutions internationales ont poussé les pays africains à développer des cultures d'exportation et d'ouverture des marchés sans se soucier de l'élaboration des stratégies qui pourraient améliorer la compétitivité agricole et l'autosuffisance des pays en développement. Les fortes subventions dont bénéficient les agriculteurs des pays riches ont particulièrement affaibli l'Afrique, entraînant une baisse des cours mondiaux du coton, du sucre et d'autres produits agricoles africains destinés à l'exportation, a souligné le représentant angolais. Il a également fait observer que les conditions imposées par certains organismes de financement extérieurs ne sont pas favorables aux politiques agricoles des pays en développement et que les producteurs agricoles les plus pauvres n'en bénéficient pas. Rappelant que la Déclaration universelle des droits de l'homme indique que tout le monde a le droit à un logement adéquat, aux soins de santé, au bien-être familial et à une alimentation saine, il a souligné qu'il importe de favoriser un climat de paix et de stabilité et un environnement politique, social et économique normal pouvant contribuer à la capacité de l'État de donner la priorité nécessaire à la sécurité alimentaire et à l'éradication de la pauvreté. Dans cette perspective, l'Angola attache beaucoup d'importance à ce que les politiques de développement agricole, commercial et des investissements aux niveaux national et international correspondent aux objectifs de la réalisation du droit à l'alimentation.
M. LI BAODONG (Chine) a souligné que la flambée mondiale des prix alimentaires sape les efforts déployés par la communauté internationale pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. Cette crise menace la stabilité et la sécurité du monde, a-t-il ajouté. La question est non seulement liée au développement et à la sécurité, mais aussi aux droits de l'homme fondamentaux, au nombre desquels figure le droit de chacun d'être à l'abri de la faim, a souligné le représentant chinois, rappelant la responsabilité particulière du Conseil des droits de l'homme à cet égard. Pour faire face à cette crise alimentaire, il convient de coopérer, ensemble, au sein de la communauté internationale. Il faut prendre des mesures pour prévenir la spéculation sur les denrées de première nécessité, a notamment souligné le représentant chinois. Par ailleurs, il faut aider les pays en développement à renforcer leurs capacités de production alimentaire et leur fournir à cette fin une assistance technique. La Chine, pour sa part, figure parmi les premiers pays à avoir réalisé l'objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim, a fait valoir le représentant.
M. CARLOS ALBERTO CHOCANO BURGA (Pérou) a déclaré que le Conseil des droits de l'homme doit jouer un rôle important dans la crise actuelle qui précarise des populations déjà fragilisées. Dans ce contexte, les efforts de la communauté internationale doivent intégrer une perspective des droits de l'homme, particulièrement le droit à l'alimentation, un droit reconnu par la Déclaration universelle des droits de l'homme aussi bien que par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Il est de fait que cette situation découle d'un ensemble de facteurs, au cœur desquels l'action humaine, a observé le représentant. C'est pour cette raison que les mesures à prendre doivent concerner les raisons structurelles de la crise actuelle. Les chefs d'États de l'Amérique latine se sont penchés sur ces problèmes lors de leur réunion à Lima du 15 au 18 mai, et sont convenus d'adopter des mesures immédiates d'aide en faveur des populations touchées. Ils ont en outre invité la communauté internationale à adopter, à plus long terme, des mesures concertées pour renforcer les capacités agricoles et le développement rural, afin d'assurer une réponse à la demande en nourriture.
MME GLAUDINE MITSHALI (Afrique du Sud) a fait remarquer qu'aborder la question de la crise alimentaire dans le cadre du Conseil met en lumière les aspects relatifs aux droits de l'homme de la crise alimentaire actuelle. Elle s'est dite profondément préoccupée que la récente flambée des prix des denrées alimentaires ait mené à une crise touchant les plus vulnérables. La menace de la malnutrition et de la faim continue de toucher les plus pauvres, a-t-elle poursuivi. Le risque d'instabilité politique est extrêmement élevé dans les pays qui sortent d'un conflit, a-t-elle ajouté. S'agissant des causes de cette crise, elle a blâmé le manque d'investissement dans le secteur agricole, les distorsions créées par les subventions, la dégradation de l'environnement, la production de biocarburants et le manque de ressources alimentaires. Elle a ainsi relevé l'importance de fournir un soutien aux agriculteurs des pays en développement pour éviter d'aggraver la pénurie des denrées alimentaires et limiter l'impact de la crise. D'un point de vue régional, elle a souligné que le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique a examiné la façon dont les réserves pourraient être mieux utilisées. Elle s'est dite encouragée par la récente réunion d'un groupe de pays africains lors de laquelle ces pays ont consenti à créer un fonds d'environ 500 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents de leurs populations. Elle a d'ailleurs souligné qu'une réunion est prévue aujourd'hui à Johannesburg sur la question de la crise alimentaire. Pour conclure, Mme Mitshali a souligné que la crise alimentaire entrave sérieusement la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et a plaidé pour une meilleure coordination face à ce nouveau défi.
MME R. ARIYARATNE (Sri Lanka) a affirmé que le monde se trouve à un moment crucial de la crise alimentaire mondiale résultant de la flambée des prix des denrées alimentaires et du pétrole, ainsi qu'à la pénurie alimentaire. Importatrice nette de produits alimentaires et préoccupée par l'impact de la crise alimentaire actuelle sur son économie et sa population, Sri Lanka fait en outre face aux défis d'un conflit qui dure depuis deux décennies et des perspectives de reconstruction. Aussi, les pressions exercées par cette hausse des prix agricoles et du pétrole ont-elles des conséquences extrêmement lourdes pour le pays. Parallèlement, Sri Lanka doit assurer la sécurité d'une grande proportion de sa population dont les moyens de subsistance dépendent de l'agriculture. Cette crise mondiale nous rappelle que nous nous trouvons dans un monde mondialisé, a poursuivi la représentante sri-lankaise. Les décisions d'individus, d'entreprises et, surtout, de pays qui cherchent à protéger leurs propres intérêts ont toutes contribué à aggraver la hausse des prix alimentaires et la pénurie alimentaire, lesquels menacent maintenant le droit le plus fondamental de tous, à savoir le droit à l'alimentation et le droit de chacun d'être à l'abri de la faim. Il faut se pencher sur les questions du recours à des politiques restrictives en matière d'exportation; des subventions qui détériorent les termes de l'échange commercial; et du détournement de la production alimentaire des principales semences. Sri Lanka se joint donc à l'appel en faveur d'une réponse internationale concertée face à cette crise. Bien que les réponses à court terme soient importantes, la réponde globale doit également traiter des problèmes à long terme de l'insuffisance de la production alimentaires, de la demande croissante de nourriture, de la nécessité d'une distribution équitable des denrées alimentaires et des politiques restrictives qui contribuent à aggraver la crise.
M. REINHARDT SCHWEPPE (Allemagne) s'est félicité de l'initiative de Cuba de convoquer cette session extraordinaire, compte tenu des incidences de la crise actuelle sur les populations les plus démunies. À long terme, l'objectif doit être le développement de la production agricole grâce à l'action des États en faveur d'un environnement propice à la réalisation du droit à l'alimentation, y compris en assurant le passage de l'aide humanitaire et alimentaire internationale sur leur territoire. À cet égard, un échec de la conférence de Rangoon, la semaine prochaine, devrait entraîner une réaction du Conseil des droits de l'homme, a estimé le représentant allemand. Il a aussi demandé à la communauté internationale d'œuvrer à l'instauration progressive des conditions susceptibles de garantir l'application universelle du droit à l'alimentation. L'Allemagne aurait souhaité qu'un message plus fort soit adressé aux États, leur rappelant l'obligation d'assurer la sécurité alimentaire de leurs populations, a conclu son représentant.
M. ABDULWAHAB ABDULSALAM ATTAR (Arabie saoudite) a remercié la délégation cubaine pour ses efforts dans la préparation de cette session extraordinaire. Il a rappelé qu'à l'occasion du sommet mondial de 2000, les Nations Unies se sont engagées à réduire le nombre de personnes qui souffrent de la faim. Or, le fléau perdure. Il a également fait remarquer que le monde produit suffisamment de denrées pour nourrir 12 milliards d'être humains. Le représentant saoudien a par conséquent relevé l'importance d'assurer la sécurité alimentaire pour tous et de supprimer les entraves qui empêchent la réalisation du droit à l'alimentation. Il a également plaidé en faveur d'une coopération constructive entre les États. Il faut tenir compte des facteurs qui ont une incidence négative sur la réalisation de ce droit, a-t-il insisté. Il a appelé de ses vœux une plus grande solidarité internationale. D'autre part, il a remercié l'ancien Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, M. Jean Ziegler, pour ses travaux et son engagement. Il a espéré que le Conseil ne se contentera pas de lancer un appel mais que cette réunion se soldera par un véritable engagement de la communauté internationale en faveur du droit à l'alimentation.
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