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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES APPELS À L'ADOPTION D'UNE PROPOSITION VISANT À SORTIR SES TRAVAUX DE L'IMPASSE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de l'Allemagne, du Brésil et du Canada, qui se sont prononcés en faveur du projet de décision présenté en plénière le 18 mars dernier par les six Présidents de la session de 2008 de la Conférence et visant à lui permettre d'entamer ses travaux de fond.

De l'avis de l'Allemagne, le projet de décision élaboré par les Présidents de la session de 2008 et qui figure au document CD/1840 tient compte de manière honnête, équitable, équilibrée et globale les intérêts de tous les membres. Elle souligne que les défis pour la sécurité auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui rend d'autant plus urgent pour la Conférence de remplir sa fonction en tant que seule instance multilatérale à la disposition de la communauté internationale pour les négociations sur le désarmement; l'adoption du projet de décision soulignerait la pertinence d'une approche multilatérale en matière de sécurité.

Le Brésil a pour sa part estimé que ce projet de décision comportait des éléments qui pourraient servir de base aux travaux au cours de la présente session, mais que son adoption ne doit pas faire obstacle à d'autres décisions concernant les activités de la Conférence ni préjuger des résultats des négociations. Le Brésil est en outre favorable à un traité sur les matières fissiles qui comprenne un mécanisme de vérification multilatéral et de contrôle des stocks.

Le Canada a également appuyé la poursuite des travaux au sein de la Conférence sur la base du document des Présidents. Il estime en outre que des débats officieux seraient plus efficaces pour permettre à la Conférence d'avancer dans ses travaux. Outre les négociations sur le traité d'interdiction sur les matières fissiles, le Canada souhaiterait que l'on avance aussi sur la question de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.

En fin de séance, le Président sortant, l'Ambassadeur Yevhen Bersheda d'Ukraine, a relevé que les déclarations faites devant la Conférence du désarmement au nom de plusieurs groupes permettent d'affirmer que le document CD/1840 jouit d'un large soutien. L'objectif commun est de parvenir à un climat constructif, de tolérance et de transparence, et à un engagement commun à parvenir au consensus afin d'intensifier les travaux de la Conférence.

Le projet de décision CD/1840 prévoit la désignation de membres de la Conférence pour organiser des discussions sur le désarmement nucléaire et la prévention de la guerre nucléaire; des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes; des discussions de fond sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace; et des discussions de fond sur des arrangements pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes.


La prochaine séance plénière de la Conférence, sous la présidence de l'Ambassadeur John Duncan du Royaume-Uni, se tiendra le lundi 26 mai.


Aperçu des déclarations

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne) a exprimé le plein appui de son pays aux efforts menés par les six Présidents de la session de 2008 de Conférence du désarmement (le «P6») pour leurs efforts visant à ramener la Conférence vers ses travaux de fond et ses tâches fondamentales. L'Allemagne est très encouragée par la dynamique engagée suite à l'initiative des six Présidents et qui conforte l'espoir qu'enfin, en 2008, les travaux de la Conférence pourront sortir de l'impasse. Elle salue la façon dont les six Présidents de cette année, en s'appuyant sur les travaux de leurs prédécesseurs de 2007, ont de nouveau rassemblé les vues des États membres et réussi à fusionner toutes ces vues dans une présentation cohérente pour les travaux de la Conférence. M. Brasack a aussi salué les efforts menés par les Présidents et d'autres pour aider tous les membres de la Conférence à se joindre au consensus.

De l'avis de l'Allemagne, le projet de décision soigneusement élaboré par les Présidents de 2008 et qui figure au document CD/1840 tient compte de manière honnête, équitable, équilibrée et globale les intérêts de tous les membres, qui sont en outre tous aussi mécontents les uns que les autres, comme le veut le principe du consensus. En conséquence, l'Allemagne se félicite vivement de ce projet de décision dont les éléments reflètent les décisions nécessaires sur lesquelles la Conférence devra se mettre d'accord pour se remettre au travail. L'Allemagne soutient pleinement et sans réserve le projet de décision tel qu'il figure dans le document CD/1840. Le représentant allemand a souligné que le contexte des défis pour la sécurité auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui rend d'autant plus urgent pour la Conférence de remplir sa fonction en tant que seule instance multilatérale à la disposition de la communauté internationale pour les négociations sur le désarmement. Les menaces pour notre sécurité sont plus variées, moins visibles et moins prévisibles. La non-prolifération, le désarmement et le contrôle des armements demeurent des éléments indispensables d'une sécurité mondiale basée sur la coopération entre les États et sont essentiels pour faire face efficacement à ces menaces. L'adoption du projet de décision soulignerait la pertinence d'une approche multilatérale en matière de sécurité et témoignerait de l'engagement de la Conférence en faveur d'un traité multilatéral, qui constitue la base juridique et normative de tous les efforts dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Le représentant allemand a vivement engagé la Conférence à adopter cette décision fondamentale pour se remettre au travail. Il n'y a pas d'alternative réaliste et viable à cette approche, a-t-il dit.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) s'est dit vivement préoccupé par le fait que le contexte sécuritaire international se soit nettement détérioré, avec des conséquences sur les perspectives tant politiques qu'économiques. L'absence de progrès en matière de désarmement nucléaire est à la base de l'insécurité générale, a estimé le représentant brésilien. Le nombre croissant de conflits locaux ou régionaux reçoivent davantage l'attention des médias, mais ce sont les armes nucléaires qui représentent le plus grand potentiel meurtrier. L'immobilité dans les négociations sur le désarmement sape les mécanismes multilatéraux mis en place à cet effet. Le système multilatéral dans son ensemble souffre de cette situation, alors que certains États se tiennent à l'écart ou, pire, tiennent farouchement à leurs arsenaux et s'attachent à améliorer leurs capacités technologiques. Le Brésil, qui a un engagement de longue date en faveur du désarmement, se sent concerné par cette situation et est engagé de bonne foi dans les travaux de la Conférence en vue de parvenir à ce que nous croyons être notre objectif commun, c'est-à - contribuer à l'édification d'un monde exempt d'armes nucléaires et autres armes de destruction massive, grâce à la négociation d'accords multilatéraux. Les questions relatives à la sécurité internationale ont un caractère universel et, par conséquent, exigent des réponses multilatérales dans un contexte de responsabilité collective. Afin d'atteindre des résultats stables et prévisibles, rien ne peut remplacer des accords multilatéralement négociés et juridiquement contraignants. C'est la raison pour laquelle le Brésil est engagé en faveur de la Conférence du désarmement en tant qu'unique instance multilatérale chargée de négocier les instruments de désarmement et qu'il est dévoué à la cause du désarmement général et complet, sous un contrôle international efficace.

Le projet de décision présenté le 13 mars (le 18 en plénière) dernier par les Présidents de la session dans le document CD/1840 contient les éléments qui pourraient servir de base aux travaux au cours de la présente session. Bien entendu, l'adoption de ce projet de décision ne doit pas faire obstacle à d'autres décisions concernant les activités de la Conférence ni préjuger des résultats des discussions et des négociations. Si le scénario envisagé dans le projet de décision est en deçà de ce que de nombreux États membres, y compris le Brésil, souhaiteraient en termes de négociation d'instruments juridiquement contraignants, il offre néanmoins à la Conférence un moyen de sortir de l'immobilisme actuel. Le Brésil est favorable à un traité sur les matières fissiles qui comprenne un mécanisme de vérification multilatéral et de contrôle des stocks. Par ailleurs, le Brésil accepte d'entamer des négociations sur un traité sur les matières fissiles sans «conditions préalables» et d'entamer des discussions de fond sur les autres points de l'ordre du jour, comme une contribution à un consensus et à la fin de l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis si longtemps. M. Soares a invité toutes les délégations à afficher la même souplesse et bonne volonté.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a repris à son compte les déclarations de l'Allemagne et du Brésil et appuyé la poursuite des travaux au sein de la Conférence sur la base du document CD/1840. Outre les négociations sur le traité d'interdiction de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires, le Canada souhaiterait que l'on avance aussi sur la question de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. M. Grinius a rappelé que la Conférence est dans l'impasse depuis 10 ans et s'est inquiété que le rapport de cette année risque d'être aussi succinct que ces dernières années. Il a suggéré que la Conférence procède à des discussions informelles pour connaître les préoccupations de chacun en matière de sécurité afin de permettre de comprendre ce qui entrave les progrès. Cette méthode, utilisée par le passé, serait plus efficace que des échanges officiels et le représentant canadien a incité les six Présidents à poursuivre leurs efforts dans un cadre officieux.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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